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Mercredi 8 octobre 2025, retrouvez Boutros Thiery (Directeur des investissements, Mercer France) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.

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Transcription
00:00Musique
00:00Le dernier quart d'heure de Smartbourg chaque soir, c'est le quart d'heure thématique
00:13et ce soir à nouveau nous faisons un pas de côté par rapport au marché liquide
00:18pour nous intéresser aux enjeux du non-coté, notamment l'enjeu de la professionnalisation
00:23dans un univers non-coté dont la croissance repose de plus en plus sur le retail,
00:30les clients et les investisseurs privés par rapport aux investisseurs institutionnels
00:34qui ont fait la croissance de cette industrie au cours des cycles précédents.
00:37Nous en parlons avec Boutros Thierry, le directeur des investissements de Mercer France
00:40qui est à mes côtés en plateau. Bonsoir Boutros.
00:42Bonsoir Grégoire.
00:43Merci beaucoup de venir nous donner un petit peu les vues de Mercer sur cette industrie du non-coté.
00:50Alors Mercer qui a une vue à la fois très large et très profonde de ce qui se passe sur l'ensemble des marchés
00:55mais notamment dans cet univers du non-coté des actifs privés Boutros
01:00et puis des équipes Mercer j'imagine qui étaient présentes à tous les grands rendez-vous de rentrée
01:07qui rassemblent cette industrie que ce soit à Berlin avec le Super Return
01:10ou à l'IPEM encore ces derniers jours ou ces dernières semaines à Paris
01:14qui sont toujours des moments de rencontre un peu clé entre les GPs, les gestionnaires de fonds
01:19et les LPs, leurs investisseurs partenaires.
01:23Qu'est-ce que vous retenez de ces rencontres de cette rentrée 2025
01:27et de l'ambiance justement et du rapport de force entre GPs et LPs aujourd'hui ?
01:32Alors c'est toujours des moments intéressants.
01:35On a des rendez-vous toute l'année, souvent privés avec les GPs et les LPs.
01:40On avait plus de 6 000 participants à cet événement.
01:45Le Super Return et d'autres événements attirent aussi beaucoup de monde.
01:49C'est un bon moyen pour sentir un peu le pouls du marché,
01:53voir aussi quels sont les rapports de force, comme vous le disiez, entre GPs et LP.
01:57Et puis après dans cet écosystème, il y a aussi beaucoup d'autres acteurs,
02:00il y a des avocats et d'autres acteurs qui interviennent dans cet écosystème-là.
02:06On a ressenti, j'allais dire un peu plus de sincérité,
02:10c'est un peu méchant du point de vue des GPs,
02:14mais on ne peut plus se cacher maintenant par rapport à l'état du marché.
02:19Il n'y a pas de péril, nous, dans les études que l'on fait,
02:23dans nos propres visions, on n'a pas une vision qui est négative
02:27ou qui est de dire que les marchés non cotés ne fonctionneront plus.
02:31En revanche, il y a une nécessaire prise de conscience
02:34sur l'état du marché et on sent que les GPs enfin prennent conscience de ça.
02:40De toute façon, ils ont maintenant un discours qui est plus de vérité avec les LP
02:44puisque pour certains, ils n'ont pas pu distribuer ce qu'ils avaient prévu.
02:48Donc la grande question a été celle de la liquidité,
02:50qui était déjà une question l'année dernière,
02:52mais ça se poursuit avec un retour fébrile de certaines transactions,
02:57mais on voit bien qu'il y a une dichotomie entre les gérants
03:00qui arrivent à sourcer, mais aussi à faire des exits
03:02et donc à servir les investisseurs et tenir leurs promesses en quelques mois.
03:06Exercice de vérité ou de sincérité, qu'est-ce que ça veut dire concrètement ?
03:09Ça veut dire que, par exemple, dans les books,
03:11il y a des valeurs encore un peu trop costaudes,
03:14un peu trop ambitieuses par rapport à la réalité du terrain.
03:18On m'expliquait hier à cette même antenne,
03:20Eric Bismuth, le président de Montefiore, que je salue au passage,
03:23c'est compliqué de trop rabaisser les valorisations de ces books
03:27quand on est en levée de fonds, par exemple,
03:29parce que si je baisse trop mes valos,
03:31je me dis que je vais avoir du mal à lever des fonds derrière.
03:34Bref, il y a un côté un peu cercle vicieux quand même.
03:37Il y a un cercle vicieux sur cet aspect-là,
03:40mais le sujet est complexe et en fait la transformation de valeur
03:43ne dépend pas que des valorisations, c'est un des effets.
03:46Bien entendu, il y avait les effets de levier,
03:48qui a été un gros sujet depuis 2022 avec la remontée des taux.
03:52Et ce n'est pas seulement une problématique de valorisation,
03:55et ce n'est pas seulement une problématique d'actifs
03:57qui reste collé dans les books,
03:58parce qu'il y a aussi des très bons actifs
04:00que les JP ne souhaitent pas vendre,
04:02d'où le développement des fonds de continuation,
04:05et donc l'explosion du secondaire,
04:07qui alimente d'ailleurs d'autres parties du marché.
04:08C'est aussi pour ne pas lâcher des entreprises en portefeuille
04:12dont on considère qu'on n'est pas allé au bout de la création de valeur.
04:14Bien sûr, et nous on a des équipes qui sont spécialisées là-dessus
04:17et qui sont des spécialistes des transactions,
04:20qui analysent deal par deal pour voir sur les propositions
04:24de fonds de continuation, soit monoactifs, soit multiactifs,
04:28quelles sont les bonnes propositions.
04:30Est-ce que c'est simplement pour gagner du temps
04:32parce qu'on n'a pas envie de vendre à la casse,
04:35ou est-ce que c'est parce qu'on ne veut pas vendre à d'autres
04:36un actif qu'on considère intéressant et qui a encore de la valeur.
04:40Oui, oui, rémunérateur dans l'avenir.
04:41Exactement.
04:41Bien sûr.
04:42Donc je pense par rapport à votre question sur le pouls du marché,
04:46il faut toujours faire attention aux généralités.
04:47En tout cas, il y a une prise de conscience et il y a une dichotomie
04:50qui va se faire entre des acteurs qui ont réellement des problèmes
04:53et d'autres acteurs qui réagissent bien et ont les moyens de bien réagir
04:58à cette situation.
04:59Ça, c'est côté GP.
05:00Et puis côté LP, il y a aussi une digestion nécessaire.
05:04Et donc certains LP, c'est pas qu'ils n'ont pas forcément envie
05:06d'investir sur de nos côtés, mais tant qu'ils n'ont pas de distribution,
05:09notamment pour le private equity,
05:11ils ne réinvestissent pas, ou en tout cas moins qu'auparavant.
05:14D'où ce gap ? Alors c'est le chiffre de Bain Capital, là c'est ça ?
05:17Pour 3 dollars demandés par les JPs dans les levées de fonds prévues cette année,
05:22les LPs ne veulent ou ne peuvent plus en n'apporter qu'un ?
05:26Oui, alors le ratio de 3 pour 1, il est dû à cette indigestion.
05:29Et quand on regarde l'évolution des marchés depuis 20 ans,
05:32il y a eu un x2 en gros entre 2012 et 2019, Covid.
05:37Covid, effet d'accélérateur sur la tech, avec encore un x1, 8 x2 jusqu'à 2022.
05:44Et là, un phénomène d'indigestion, de remise en question avec la hausse des taux.
05:48Et les chiffres, on a commencé à les voir en 2024,
05:52qui se sont un peu tassés parce qu'il y avait beaucoup de poudre sèche.
05:55Donc il y a un effet retard, de toute façon, dans les marchés d'un côté.
05:58Donc c'est seulement en 2024 qu'on voit un tassement,
06:00et puis la prise de relais du retail.
06:02Donc en fait, 3 pour 1, oui, ça doit être ce ratio-là,
06:06qui est dû au fait d'une prise de recul des DLP,
06:09de manque de distribution, donc de peu de réinvestissement,
06:13et une industrie qui se transforme et qui doit encore se transformer dans les prochaines années.
06:18On va parler évidemment du relais du retail, du wealth, etc.
06:23Tout dépend quel segment on choisit dans l'univers des investisseurs privés particuliers, Boutros.
06:30Mais encore un moment de ce moment darwinien, peut-être, qui guette l'industrie.
06:34Alors là, c'est un chiffre, c'est une étude que vous avez menée avec Olivier Weyman, c'est ça ?
06:39Qui montre que 20% des gestionnaires d'actifs privés risquent de disparaître dans les 5 prochaines années.
06:46Ce n'est pas non plus une hécatombe, c'est peut-être un mouvement assez naturel.
06:50Et puis sous forme d'anecdotes, c'est le chiffre que je cite depuis quelques jours,
06:53qui a été mis en avant par le management de KKR,
06:55pour 19 000 fonds de private equity aux Etats-Unis, il y a seulement 14 000 McDo.
07:00Il y a plus de fonds de private equity que de McDo aux Etats-Unis.
07:03Cherchez l'erreur, entre guillemets.
07:04Oui, l'erreur ou le succès d'une industrie qui a été très florissante ces dernières années.
07:10De nouveau, il y a deux façons de regarder ces chiffres-là.
07:13Outre, je ne commenterai pas le nombre de McDonald's aux Etats-Unis, je ne suis pas un expert.
07:17Il n'y en a peut-être pas assez.
07:17Il n'y en a peut-être pas assez.
07:19Non, pour ce chiffre de 19 000 fonds, si on le regarde sur l'évolution,
07:25quand on a dit x2, x4 en 10-15 ans sur les marchés,
07:29ce n'est pas seulement en volume, bien sûr en volume, mais aussi en nombre de gérants.
07:32Il y a aussi beaucoup de nouveaux acteurs.
07:34Mais aussi, 19 000 fonds, si vous prenez le nombre de sociétés non cotées aux Etats-Unis,
07:40ce n'est pas si énorme que ça.
07:41Il y a à peu près 500 000 sociétés non cotées.
07:43On le sait qu'il y a de moins en moins de sociétés cotées.
07:46En fait, la capitalisation boursière des Etats-Unis, au niveau global, qui a explosé,
07:50s'est faite avec une réduction du nombre de sociétés cotées par deux.
07:55Donc, en fait, il y a 4 000 sociétés aux Etats-Unis
07:57qui ont pris une grosse partie de la capitalisation boursière.
08:00Donc, ça fait courir des risques de valo ou de volatilité.
08:04Sur la partie non cotée, il y a encore beaucoup de sociétés à financer.
08:08Et donc, 500 000 sociétés, 19 000 fonds, ça fait à peu près 20-26 sociétés par fond.
08:12Bien entendu, le calcul ne se fait pas en un pour un,
08:15mais il y a de la matière et il y a de quoi aller investir.
08:18On met en perspective ce chiffre.
08:19Et ça, c'est pour le private equity.
08:21Les autres classes d'actifs, qui disent dette privée et infrastructure,
08:24ont des besoins de financement.
08:26La dette privée, pour prendre le relais des banques, qui se désengage,
08:29et l'infrastructure, pour ne citer que cet autre secteur,
08:31il y a des besoins de macro de financement qui se chiffrent en milliards d'euros.
08:35Donc, il y a un besoin de financement.
08:37C'est juste qu'il y aura une modification de la façon dont l'industrie se compose
08:41et un phénomène darnouinien, certainement, sur les sociétés de gestion.
08:45Et une grande polarisation ?
08:47J'imagine que les grandes firmes, les plus grandes firmes mondiales,
08:51américaines ou anglo-saxonnes, elles, continueront de dérouler leur...
08:55Ou françaises ?
08:55Ou françaises, bien sûr.
08:58En termes de taille d'encours, effectivement, c'est quand même plutôt,
09:01j'imagine, chez les Américains et les anglo-saxons,
09:02mais il y a des très belles firmes françaises et européennes,
09:04mais continueront de dérouler leur plan de marche.
09:06Quels sont ceux qui vont souffrir ?
09:08Quels sont ceux qui vont disparaître ?
09:09C'est quoi l'acteur moyen qui n'a pas vocation à survivre
09:13dans les cinq prochaines années ?
09:14Alors, nous, on savait que ça allait être dur en 2022,
09:17mais simplement sur la dichotomie entre les performances des gérants,
09:20ceux qui arrivent à sourcer, ceux qui arrivent à sortir.
09:21C'était les éléments techniques sur la stratégie en elle-même.
09:25Et c'est vrai qu'il y a un phénomène encore plus large
09:27sur des sociétés de gestion qui ne pourront plus opérer
09:30telles qu'elles le font.
09:32Donc, soit elles vont disparaître, soit elles vont fusionner avec d'autres.
09:35Mais c'est vrai qu'il y a une prime aujourd'hui aux gros acteurs,
09:38ou en tout cas aux acteurs qui ont les épaules,
09:40pour modifier leur stratégie, plateformiser leur produit
09:46pour avoir plus de types de stratégies en fonction des configurations de marché
09:50et réussir les défis du retail qui nécessitent des gros investissements
09:55qui mettent du temps à payer, en fait.
09:58Bon, allons-y sur le retail.
10:00De quoi on parle ?
10:01En termes de masse et de projection,
10:04qu'est-ce que cette source de revenus,
10:07d'argent nouveau pour l'industrie et pour les GPs,
10:10qu'est-ce que ça va représenter dans les prochaines années ?
10:13Et qu'est-ce que vous observez, encore une fois,
10:14de votre poste d'observation privilégié ?
10:17Des bonnes pratiques qu'il y a dans cette industrie
10:21vis-à-vis d'une nouvelle clientèle,
10:24d'un nouveau segment de clientèle,
10:26et peut-être des moins bonnes pratiques,
10:28ou en tout cas d'une tentation d'aller peut-être un peu trop vite
10:31avec une offre mal ficelée
10:34et des prix et une tarification pas adaptée à une clientèle
10:40et aux besoins d'une clientèle différente de la clientèle institutionnelle.
10:43C'est clairement le nouveau relais de croissance.
10:45Pas qu'il n'y aura plus de croissance sur l'institutionnel,
10:47mais il sera certainement un peu plus faible,
10:49ou en tout cas diverse,
10:50un peu moins sur le private equity,
10:51plus sur d'autres classes d'actifs.
10:52Le relais de croissance retail est identifié par tout le monde,
10:56et c'est pour ça que, malgré ce tassement des distributions
11:00et cet environnement beaucoup plus complexe,
11:05on a de nouveaux fonds qui se créent,
11:06notamment des fonds evergreen.
11:07C'est aussi un thème de l'industrie sur les fonds evergreen ou semi-liquides.
11:11Il y a autant de noms que...
11:13Donc on peut régulièrement faire des dépôts,
11:15et régulièrement avec des fenêtres de tir, des conditions, etc.
11:18Théoriquement, quand tout va bien.
11:19Tout est donc théoriquement, alors ?
11:21Théoriquement, bien sûr,
11:22parce qu'on a des actifs qui sont illiquides,
11:24et donc il y a beaucoup de communication qui a été faite
11:27pour aller chercher ces relais de croissance.
11:29C'est des acteurs qui l'ont fait de manière très agressive ou rapide,
11:34et on voit bien qu'il y a déjà des remontrances
11:36qui sont faites notamment par l'AMF sur certains acteurs,
11:39soit sur la communication marketing,
11:41soit sur la structure de frais.
11:43Pour ce qui est des performances, c'est un peu trop tôt,
11:46parce que ces fonds-là ont été créés à 3-4 ans,
11:48pour la plupart, ça fait 10-15 ans que nous on suit des fonds evergreen,
11:51mais il y a eu un afflux très important en France, en Europe, dans le monde entier.
11:55Et c'est seulement dans 3-5 ans qu'on verra réellement
11:58quelle sera la différence entre les fonds.
12:00Mais on peut les percevoir dès aujourd'hui,
12:01parce qu'on voit qu'il y a des problématiques de frais
12:03et de structures qui ne sont pas adaptées
12:06à ce que peuvent délivrer les marchés non-cotés,
12:08notamment en termes de liquidité.
12:09Donc, il y a une grosse crainte.
12:12On travaille avec beaucoup de banques privées
12:14qui sentent le besoin de leurs clients,
12:18mais qui aussi, suivant nos conseils et ceux d'autres,
12:22temporisent pour ne pas aller trop vite sur ce marché-là.
12:25Donc, ce qu'on conseille et ce que l'on fait nous-mêmes,
12:28parce qu'on a des fonds aussi semi-liquides,
12:30c'est faire les choses bien,
12:32prendre le temps de le faire sur le long terme,
12:34en éduquant les clients,
12:36pour ne pas leur faire croire que c'est une manne facile à accéder
12:40et qu'elle viendra remplacer d'autres classes d'actifs
12:43qui sont beaucoup plus simples à investir.
12:45Oui, c'est ça.
12:46On ne joue pas avec la confiance future
12:48de nouveaux clients ou d'épargnants privés
12:50qui seraient intéressés.
12:50Oui, il faut préserver l'industrie,
12:52préserver les investisseurs.
12:54Ce n'est pas seulement l'industrie,
12:55parce qu'investir sur du long côté,
12:56il y a des fondamentaux de long terme qui sont intéressants.
12:59mais il faut le faire bien
13:01et les régulateurs l'ont compris
13:03et donc mettre beaucoup de temps,
13:06de ressources pour réguler ça
13:09et elles-mêmes en ayant leur propre marge d'expérience.
13:15Oui, leur courbe d'expérience aussi
13:17vis-à-vis de ces nouveaux produits
13:20et cette nouvelle clientèle.
13:22Merci beaucoup Boutros d'être venu nous raconter
13:24cette aventure du long côté
13:26qui continue évidemment Boutros-Tierry.
13:28Le directeur des investissements de Mercer France
13:30était l'invité de ce dernier quart d'heure
13:31de Smart Bourse ce soir.
13:32Sous-titrage Société Radio-Canada
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