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Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote
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00:00Quasiment 19h sur CNews, merci d'être avec nous pour face à Mathieu Bocoté.
00:04Mathieu, bonsoir.
00:05Bonsoir.
00:06Heureux de vous retrouver, Arthur de Vatrigan, ravi de vous retrouver également.
00:10Regardez à la une de l'Incorrect, c'est un hors-série.
00:13Oui, uniquement sur commande.
00:15Uniquement sur commande, l'art d'être français, 15 siècles d'un génie qui dure encore.
00:22Il est bon d'être français quand on lit l'Incorrect.
00:25Le point sur l'information, c'est avec Noémie Hardy.
00:27Bonsoir Noémie.
00:28Bonsoir Elliot, bonsoir à tous.
00:31Israël et le Hamas entameront des négociations indirectes au Caire, demain et après-demain.
00:37Un peu plus tôt dans la journée, Donald Trump a mis la pression au Hamas.
00:40Il a prévenu le mouvement terroriste qu'il ne toléra aucun retard dans l'application de son plan.
00:46Un accord de paix qui avait été approuvé par Israël et plusieurs pays arabes.
00:50Hier, le Hamas a déclaré être disposé à libérer tous les otages retenus dans la bande de Gaza.
00:56La tempête Amy a fait deux morts.
00:59Un homme de 48 ans en Seine-Maritime et un jeune de 25 ans dans l'Aisne.
01:04Pour rappel, plusieurs départements sont en vigilance orange dans les Hauts-de-France.
01:09Le Nord, le Pas-de-Calais, la Somme, l'Aisne et l'Oise ainsi que la Seine-Maritime.
01:13De fortes rafales de vent ont eu lieu cet après-midi en lien avec la tempête Amy.
01:18Et puis, une soixantaine de CRS ont été déployées en renfort à Nice.
01:23Une décision qui intervient au lendemain de la fusillade dans le quartier des Moulins.
01:27Une attaque qui a fait deux morts et cinq blessés.
01:30Concernant les victimes blessées, plus aucune à ce stade n'a un pronostic vital engagé selon le procureur.
01:35Merci Noémie pour le point sur l'information.
01:38A la une, de face à Mathieu Bock-Côté, Emmanuel Macron, invité en Allemagne, lance l'alerte.
01:43Les réseaux sociaux représentent une menace existentielle pour les démocraties européennes.
01:48Haine, fausse information, ingérence étrangère.
01:51Il faut plus de contrôle pour le bien de la société.
01:55Les mêmes qui ont perdu tout contact avec la volonté populaire
01:58sont-ils ceux qui entendent mieux contrôler l'agora ?
02:01Décryptage de Mathieu Bock-Côté dans un instant.
02:04A la une, également Barbara Butch, DJ au cœur de la scène polémique lors de la cérémonie des Jeux Olympiques,
02:11sera la directrice artistique de la Nuit Blanche à Paris.
02:14La mairie de Paris en fait un symbole, mais symbole de quoi ?
02:17Réponse de Mathieu dans cette émission.
02:19Enfin, le Québec est à l'honneur ce soir avec votre invité Étienne-Alexandre Beauregard,
02:27essayiste et politique, auteur d'Anti-Civilisation.
02:30C'est un entretien à suivre à 19h30.
02:34Je vous vois sourire, cher Mathieu, puisque vous avez bien compris que c'est un deuxième Québécois qui sera autour de ce plateau.
02:40Mais bien sûr, il y aura deux Québécois et deux Français sur le plateau.
02:43Mais puisque de Gaulle disait que nous sommes des Français de part et d'autre de l'Atlantique,
02:47nous sommes tous du même peuple à notre manière.
02:48Mais quand vous avez deux Français et deux étrangers, ça ne fait toujours plus de Français.
02:52Sachez-le, Mathieu Bocoté.
02:56Je vous préviens, cher Mathieu, d'un instant à l'autre, Benjamin Netanyahou va prendre la parole.
03:03Donc l'émission pourrait être bousculée pour cette intervention dans un contexte, vous le savez, au fond, important.
03:09C'est important puisque l'ultimatum fixé par Donald Trump dure encore quelques heures.
03:16Il a remis la pression à masse pour signer cet accord de paix sous condition.
03:21Mathieu, invité par Frédéric Mers à tenir un discours dans le cadre d'un événement célébrant les 35 ans de la réunification allemande,
03:28Emmanuel Macron a livré un long discours.
03:31Il a notamment plaidé pour un meilleur contrôle des réseaux sociaux.
03:35Plus largement, on parle de plus en plus d'un bouclier démocratique européen. De quoi parlons-nous exactement?
03:41Alors, c'est un discours, effectivement, dont on parle beaucoup depuis hier, qui a fait réagir peu à peu et qui fait réagir énormément maintenant.
03:48Alors, Emmanuel Macron livre une analyse et un plaidoyer tout à la fois sur l'état de nos démocraties
03:55et de quelle manière sauver nos démocraties de ce qu'il est menace.
03:59Et notamment, il cible particulièrement les réseaux sociaux en disant qu'il déstabiliserait fondamentalement notre espace public,
04:06notre manière de vivre collectivement.
04:09Il dit, comme argument, il dit, aujourd'hui, notre espace public est contrôlé par des entreprises chinoises,
04:14par des entrepreneurs américains, les Européens sont dépossédés de leur destin
04:19et la vie démocratique serait abîmée par les réseaux sociaux.
04:22Et il donne une série d'exemples.
04:23Par exemple, il nous dit qu'il y a une perte de confiance en la science aujourd'hui.
04:27Et il dit, d'ailleurs, on sera tous demain un continent complotiste si ça continue.
04:32Mais le problème, on pourrait demander, je réponds presque à chaque argument un par un,
04:36est-ce que la perte de confiance en la science vient véritablement des seuls méchants réseaux sociaux
04:40ou est-ce qu'elle ne vient pas du fait que depuis plusieurs années,
04:43les sciences sociales, par exemple à l'université, sont véritablement victimes de corruption idéologique?
04:48Les sciences sociales, aujourd'hui, sont dans un effondrement intellectuel total.
04:53On nous expliquera, par exemple, en sociologie, que le concept de racisme anti-blanc
04:56n'existe pas, la science l'a dit apparemment.
04:59Est-ce qu'au moment de la pandémie, on n'a pas vu une justification de mille et une directives contradictoires
05:05au nom de la science, encore une fois?
05:07Autrement dit, est-ce que les institutions qui se réclament de la science dans les faits
05:11ne sont pas toujours à la hauteur de leur propre idéal?
05:13Est-ce qu'on doit vraiment blâmer les réseaux sociaux
05:15ou est-ce qu'on ne doit pas critiquer plus largement l'université?
05:18Emmanuel Macron dit, à cause des réseaux sociaux, la haine se normalise et se banalise.
05:23Mais est-ce qu'on ne pourrait pas répondre que lorsqu'on décide d'assimiler près de 60%
05:27de la population aux extrêmes, extrêmes qu'on doit garder à tout prix à l'extérieur
05:30du jeu politique, quand on mobilise sans arrêt la mémoire du fascisme et du nazisme
05:35pour dénoncer ce qu'ils appellent l'extrême droite, comme si on était devant toujours
05:39des revenants fascisants et hitlérisants et ainsi de suite, est-ce que véritablement
05:44on n'est pas en train d'alimenter la haine contre une partie importante de la population?
05:48Emmanuel Macron dit, l'État de droit est remis en question. Mais quand l'État de droit
05:53aujourd'hui correspond trop souvent, non seulement au gouvernement des juges, mais presque à
05:56la dictature des juges, un État de droit qui, dans les faits, dit qu'on n'a pas le
05:59droit de critiquer, par exemple, les décisions de justice, donc c'est le seul pouvoir sans
06:03contre-pouvoir, est-ce que la faiblesse de l'État de droit ne vient pas de là?
06:07Quand on parle plus largement d'une perte de maîtrise du débat public, de l'espace
06:11démocratique, parce que les extrêmes et tout ça, est-ce que dans les faits, ce qu'on condamne,
06:15ce n'est pas le fait qu'aujourd'hui, le système médiatique officiel ne contrôle
06:19plus tous les faits qui s'erjustent dans l'espace public? Est-ce que les réseaux sociaux
06:22n'ont pas permis, justement, à plusieurs faits, des éléments qui étaient autrefois
06:26laissés de côté, invisibilisés, chassés du récit public? Est-ce qu'une part du réel
06:31ne surgit pas dans l'espace public grâce aux réseaux sociaux? Et de ce point de vue,
06:35c'est les faits qui troublent, qui remettent en question le récit de la diversité heureuse.
06:38Est-ce que ces faits, on ne voudrait pas, encore une fois, les chasser de la vie publique?
06:41Alors, moi, ce que je note, finalement, c'est qu'il y a une vaste offensive en Europe
06:45aujourd'hui, de la part des élites européistes, pour reprendre le contrôle de l'espace public,
06:49parce qu'ils sont convaincus, généralement, que s'ils perdent les élections de plus en
06:53plus, si le monde leur échappe de plus en plus, c'est parce que des voix non autorisées
06:58ont accès à l'espace public aujourd'hui. Il pouvait s'agir autrefois, rappelez-vous,
07:02d'un seul chroniqueur, Éric Zemmour, lorsqu'il était dans le rôle de chroniqueur,
07:05on disait « Zemmour déstabilise la vie politique française ». Mais il faut vraiment être
07:09dans une situation où on doit tout contrôler, les leviers de la vie publique, pour qu'une
07:13seule voix puisse troubler la vie civique française.
07:16Autre élément dans cette idée d'un contrôle de l'espace public qui est de plus en plus
07:20revendiqué, il y a le projet Chat Control, dont on parle insuffisamment et dont on devrait
07:25parler. Le projet Chat Control, c'est au nom de la lutte contre la pédocriminalité,
07:29qui est une lutte absolument essentielle, ça va de soi.
07:32C'est une idée de surveiller, de contrôler, de scanner, si vous le souhaitez, les conversations
07:38privées sur les messageries pour s'assurer. Mais vos conversations privées, je vous envoie
07:42quelque chose sur WhatsApp, vous me répondez sur WhatsApp ou sur Signal ou Telegram, Instagram,
07:47tout ça. Les conversations privées seraient scannées au nom de la lutte contre la pédopornographie.
07:52Alors, on comprend bien que l'objectif et la dérive, c'est que c'est une société de
07:55surveillance intégrale de nos conversations. Et ce projet sera débattu cette semaine dans
08:01le cadre des institutions européennes. Et l'Allemagne semble favorable désormais
08:04à ce projet alors qu'elle s'y opposait auparavant. Donc, l'idée d'une surveillance intégrale
08:08de vos conversations, personnellement, je trouve ça un peu inquiétant. On nous dira,
08:11ceux qui n'ont rien à cacher ne devraient pas s'inquiéter, mais le pouvoir trouve toujours
08:14des raisons de nous inquiéter. Dans le même état d'esprit, Mme von der Leyen parle depuis
08:192024 d'un bouclier démocratique européen. L'objectif, c'est de lutter contre l'ingérence
08:24étrangère en Europe, contre la désinformation qui frapperait l'Europe. Le problème, c'est que
08:30l'ingérence étrangère, je ne sais plus exactement quelle définition en avoir. Quand, par exemple,
08:33Mme von der Leyen se mêle d'une élection italienne, est-ce que c'est de l'ingérence
08:36étrangère? Quand les Russes se mêlent d'une élection en Moldavie, c'est de l'ingérence
08:39étrangère, je suis d'accord. Mais quand les puissances européennes se mêlent d'une
08:43élection en Moldavie, est-ce que c'est de l'ingérence étrangère ou non? Donc, le
08:46problème, c'est qu'au nom de l'ingérence étrangère, on est en train de dire tout ce qui
08:50se passe mal dans nos pays, chaque fois qu'on échappe le débat, c'est la faute des Russes.
08:53Alors, moi, je suis le premier à me méfier de l'impérialisme russe. Mais je constate
08:57qu'aujourd'hui, le prétexte russe est utilisé en toutes circonstances pour réduire les
09:01libertés. Nathalie Loiseau, cette semaine, a dit
09:04« En 2027, attendez-vous à ce que les Russes fassent une très, très grande ingérence
09:07étrangère dans la présidentielle française. Autrement dit, si les partis du Bloc
09:11central perdent l'élection, c'est de la faute de Moscou. De ce point de vue, l'instrumentalisation
09:15de l'ingérence étrangère dans le débat public sert à restreindre, encore une fois,
09:19le périmètre de la pensée autorisée. »
09:23Une sorte de mue post-démocratique.
09:25Alors, je dirais presque même anti-démocratique. C'est-à-dire, l'Union européenne, telle
09:29qu'on la connaît aujourd'hui, elle n'a jamais été très démocratique, l'Union européenne,
09:33on s'entend. Quand les peuples votaient contre l'Union européenne, on les faisait
09:36revoter, revoter, penser aux Danois, en d'autres temps, pour les forcer, en fait, à adhérer
09:42à l'Union européenne. Ce qu'on voit aujourd'hui à l'échelle de l'Europe, c'est que l'Europe
09:45est devenue, on en a souvent parlé ici, une forme politique impériale. Et les nations
09:50qui constituent l'Union européenne sont traitées comme des nations résiduelles, des provinces
09:55rebelles qu'il faut mater lorsqu'ils votent mal. Et ce qu'on voit, c'est que le contrôle
10:00du vocabulaire public, la production de normes européennes qui viennent chaque fois limiter
10:06la souveraineté des nations, tout cela mis ensemble, ça fait que l'Europe, dans les faits,
10:10tolère de moins en moins la vie politique nationale, la souveraineté nationale. Alors,
10:14on a laissé les partis dits populistes s'exprimer pendant des années, tant qu'ils
10:18ne menaçaient pas le système, tant qu'ils étaient enfermés dans la fonction tribunicienne,
10:22mais dès lors, dès lors qu'ils ont cette capacité de l'emporter, comme on l'a vu
10:26avec Trump aux États-Unis, comme on l'a vu avec le Brexit, et ainsi de suite, dès lors
10:29qu'on est dans cette situation, eh bien, il y a une crise de panique. Et là, on se dit
10:33qu'est-ce qu'on peut faire pour que ces partis ne soient plus en capacité de prendre
10:36le pouvoir de main et de dérégler la belle construction européenne, et surtout, tous les intérêts
10:42qui convergent, parce que n'oublions pas qu'il n'y a pas que des idées là-dedans,
10:45il y a des intérêts qui convergent, il y a une classe bureaucratique, il y a une nomenclatura
10:48bureaucratique, il y a une intelligentsia, il y a une oligarchie, et ces gens-là veulent
10:52conserver non seulement leur idéologie, mais leur poste, leur place et les institutions
10:55qu'ils contrôlent.
10:56Mathieu Pouss, en plus loin, la démocratie, à vous entendre, n'est-elle pas tout simplement
10:59en train de mourir en Occident ?
11:02C'est ce que je redoute, c'est ce que je crains, c'est ce que je pleure, cette démocratie
11:06qui nous échappe de plus en plus, parce que vous savez, dans une démocratie, il y a un principe
11:09de base, c'est que ce qui a été choisi par le peuple peut être renversé par le
11:13peuple.
11:13On débat, on prend une décision, on en change, on en prend une autre, et ainsi de suite,
11:17c'est le jeu démocratique.
11:18Qu'est-ce qu'on voit depuis, je dirais, une vingtaine d'années ? L'adversaire est
11:22délégitimé.
11:23Quand ceux que vous appelez les populistes, vous les réduisez à l'extrême-droite,
11:26au fascisme, au nazisme, et ainsi de suite, quand vous êtes dans cette logique-là,
11:29vous chassez du champ de la légitimité démocratique tous ceux qui pensent mal, tous ceux
11:33qui ne sont pas d'accord avec l'idéologie du moment.
11:35Et de ce point de vue, ce qu'on a appelé le droit de l'homisme, pas les droits de l'homme,
11:39pas les libertés publiques, mais le droit de l'homisme qui s'imposait à partir des
11:42années 80-90, peut-être était-ce la première étape de la déconstruction contemporaine
11:46de la démocratie, parce qu'on disait ça, vous ne pouvez pas en parler, c'est un droit
11:49de l'homme, ça, vous ne pouvez pas le remettre en question, c'est un droit de l'homme.
11:52Et qu'est-ce qu'on a vu à travers tout ça ? S'étendre le périmètre du gouvernement
11:55des juges.
11:56J'ai vu Raphaël Glucksmann cette semaine dire sur France Inter, la démocratie, ce ne sont pas
12:01que des élections.
12:02Je suis d'accord.
12:03Mais quand j'entends cela, j'ai l'impression qu'on nous dit que la démocratie, ce n'est
12:06surtout pas des élections aujourd'hui.
12:08On voudrait définir la démocratie en l'éloignant le plus possible des élections, parce qu'on
12:13se méfie d'un peuple qu'on bestialise, en le présentant comme une collection, comme
12:16un troupeau malheureux, animé par des phobies et des passions tristes, qu'on devrait tenir
12:21le plus éloigné possible du pouvoir.
12:23Je m'inquiète de ces pseudo-démocrates qui se méfient finalement des élections et du peuple.
12:27Alors justement, est-ce que c'est pour plus de démocratie qu'on essaye de contrôler,
12:32notamment les réseaux sociaux ou la parole publique ? Ou alors, c'est l'inverse, c'est
12:37ceux qui se présentent comme des grands démocrates qui sont en train de mettre à mal la démocratie.
12:42Il y a une permanence dans l'oligarchie, c'est celle de changer les règles lorsqu'elles
12:47ne vont plus dans le sens, dans leur sens en tout cas.
12:49Donc les moyens apportent peu, ce qui compte c'est les résultats.
12:51Et s'il faut supprimer la démocratie pour repousser la plèbe qui conteste l'autorité
12:55de l'oligarchie, alors ils vont le faire mais sans pudeur.
12:58Alors ils sont quand même assez malins parce qu'ils enrobent le truc, le discours de
13:01Mme Vordelayenne en début septembre était intéressant, parce qu'elle s'appropriait
13:05toute la sémantique qu'elle dénonçait un peu avant.
13:08Elle a parlé d'autonomie, de patriotisme, alors bon, ça décharge, c'est un peu la mode
13:13en ce moment, depuis la guerre en Ukraine on découvre des mondialistes qui s'amouragent
13:16des frontières et des nationalistes qui s'assoient dessus.
13:18Donc c'est pas la cohérence qui étouffe notre époque.
13:21Mais Mathieu a mille fois raison de dire que le droit de l'homisme est la première sortie
13:24de la démocratie parce que le droit de l'homisme en fait c'est la primauté de la liberté
13:27individuelle sur le collectif.
13:29Et donc c'est ce qu'analysait parfaitement Marcel Gaucher dans son dernier essai, c'est
13:32une démocratie qui est anti-majoritaire.
13:34Une démocratie anti-majoritaire c'est une non-démocratie.
13:37Et quelle est la loi qui prime dans une non-démocratie ? C'est la loi du plus fort, alors on n'est
13:41plus à l'âge de Cro-Magnon, aussi le plus grand et le plus bara qui va taper, c'est
13:45celui qui a le plus de pouvoir.
13:45Donc l'oligarchie, les réseaux associatifs qui vont à chaque fois faire des requêtes
13:49auprès des instances illégitimes, cour européenne, conseil constitutionnel, cour d'état,
13:54et donc demander à des juges de décider et donc de gouverner.
13:58Autre sujet à présent, vous souhaitez nous parler de Barbara Butch, cher Mathieu Bocoté.
14:05Je ne suis pas sûr que le grand public la connaisse, mais elle a été connue pendant
14:09les Jeux Olympiques pour son rôle dans la représentation de la dernière scène.
14:13Elle sera la directrice artistique de la Nuit Blanche parisienne de 2026 pour les 25 ans
14:19de la Nuit Blanche.
14:19La mairie de Paris la présente comme un symbole.
14:22Alors de quoi est-elle le symbole, cher Mathieu ?
14:25Alors, je pense que nous sommes devant un événement beaucoup plus important qu'il
14:28n'y paraît.
14:29On a la mairie, donc on se souvient des JO, on se souvient de cette scène qui a choqué,
14:34qui a beaucoup choqué la dernière scène, qui cherchait à transférer, en fait, à caricaturer
14:40de la manière la plus moqueuse et insultante qui soit, une scène particulière pour non seulement
14:45les catholiques, mais l'ensemble des chrétiens.
14:47Or, elle nous est présentée aujourd'hui comme la nouvelle figure, l'icône en fait
14:52de la Nuit Blanche de Paris, la Nuit Blanche parisienne de 2026, elle sera directrice artistique.
14:59Comment le magazine Beaux-Arts présente la chose ?
15:02Une décision, je cite, qui réaffirme le caractère populaire, festif et inclusif de
15:07cet événement culturel créé en 2002.
15:10On ajoute, et ça c'est important, activiste Barbara Butch lutte contre toutes les formes
15:15de discrimination, notamment le sexisme et l'homophobie.
15:19Elle a entre autres posé nue en 2020 en une du numéro de Télérama dédié au fléau de
15:24la grossophobie.
15:25Elle a joué dans un court-métrage à ce sujet et travaillé comme coordinatrice du pôle
15:30LGBTQIA+, du bureau d'accueil et d'accompagnement des migrants.
15:35Alors en fait, on doit comprendre, elle est choisie pour les causes qu'elle embrasse.
15:39Elle est choisie pour les... c'est des engagements nombreux sous le signe de ce que j'appelle
15:44moi la religion diversitaire, l'idéologie diversitaire, la déconstruction à tout prix
15:48de toutes les normes qui sont généralement acceptées dans une société.
15:51Donc là, cette fois-là, on ajoute même au nom de la lutte contre la grossophobie.
15:55Elle s'est engagée dans la lutte contre la grossophobie.
15:57Moi, je confesse que dans notre société, je ne sais pas si le problème central, c'est
16:01la grossophobie ou ce n'est pas plutôt le drame de l'obésité qui frappe les jeunes
16:05générations aux États-Unis, de notre côté de l'Atlantique.
16:08On le voit partout.
16:09Donc présenter l'inquiétude pour l'épidémie d'obésité comme un signe de grossophobie,
16:14je trouve ça quelque peu inquiétant dans la vie publique.
16:16Je croyais, on parlait de la science il y a un instant.
16:18Si vous expliquez que l'inquiétude pour l'obésité, c'est l'autre nom de la grossophobie,
16:22vous êtes dans un discours radicalement anti-scientifique.
16:25Mais pourquoi j'y reviens?
16:26Parce qu'elle a été choisie pour des causes qu'elle porte, des causes multiculturalistes,
16:30des causes diversitaires, la cause de la sacralisation de ce qu'on appelle les migrants.
16:34Et à travers cela, on nous dit que telle est l'identité de la ville de Paris.
16:38Mathieu Bocoté, on poursuit la discussion bien évidemment autour de Barbara Butch.
16:44Et je le disais, c'est vrai que ce n'est pas forcément quelqu'un qui est connu du très,
16:48très grand public.
16:50Mathieu Bocoté, à vous entendre.
16:53Eh bien, écoutez, justement, j'essaye de comprendre.
16:56J'ai perdu la deuxième question, Mathieu.
16:59Je suis avec vous.
17:00La question de rapport étant politique et esthétique.
17:02Je pense que c'est fondamental.
17:04Anne Hidalgo nous dit, je sais qu'elle apportera à la nuit blanche toute son énergie,
17:09sa générosité et sa créativité.
17:11Elle portera haut nos valeurs partout dans la ville.
17:14Barbara Butch, c'est un choix qui ressemble à Paris.
17:17Alors là, on s'est dit, quel est le lien entre esthétique et politique?
17:20Tout régime, je dirais, tout régime politique, quel qu'il soit,
17:22a une certaine conception de l'esthétique, une certaine conception du beau.
17:26Pensez au régime socialiste, il y avait le réalisme socialiste.
17:29Aujourd'hui, il y a le réalisme diversitaire, on pourrait appeler ça.
17:32Donc, une certaine esthétique qui est portée par le régime.
17:35Eh bien, aujourd'hui, rappelez-vous, au moment où vous dites qu'elle n'est pas très connue par le public,
17:39elle est connue par des centaines de millions d'êtres humains.
17:41Ceux qui ont vu la cérémonie des Jeux olympiques, on a tous vu la même scène.
17:45Elle est passée, à ce moment-là, d'un anonymat relatif à une visibilité mondiale.
17:50Et de ce point de vue, c'est en tant que symbole de cette visibilité mondiale,
17:53de la cause des drag queens, notamment.
17:55Rappelez-vous, au moment des JO, on a cherché à faire des drag queens
17:56le nouveau symbole de la féminité à la française.
17:59Donc, cette idée d'une déconstruction de tous les rôles sociaux traditionnels
18:02en matière du masculin et du féminin s'est portée comme telle.
18:05Notez qu'aux États-Unis, il y a la même chose qui se passe, mais en sens inverse.
18:07Vous avez peut-être noté cette polémique cet été autour de Sydney Sweeney.
18:11Sydney Sweeney, qui était au cœur d'une publicité,
18:13donc qui est une femme qui avait une autre apparence dans les circonstances.
18:17Et là, on disait que c'était absolument scandaleux
18:19qu'elle soit associée à la promotion d'une marque de jeans en des vêtements
18:21parce qu'on disait que c'est une promotion de la suprématie blanche,
18:26du racisme, d'une forme d'esthétique trumpienne absolument condamnable.
18:30Et à ce moment-là, on condamnait Sydney Sweeney en disant
18:33« Regardez, regardez à quel point c'est odieux le type de symbole qu'on met de l'avant. »
18:36Alors moi, ce que je note, c'est que la mairie de Paris décide de mettre,
18:39c'est son droit, Barbara Bouch comme symbole qui incarne aujourd'hui l'identité de Paris.
18:44Et ça, tout le monde célèbre.
18:46Et Sydney Sweeney, on la mettait de l'avant cet été,
18:48on disait « C'est scandaleux, c'est du racisme, c'est de la suprématie blanche. »
18:51De ce point de vue, encore une fois, l'esthétique,
18:53quelles que soient nos préférences, est profondément politique.
18:56Est-ce que l'esthétique est politique, Arthur de Vatrigan ?
18:59La réponse est peut-être dans la question.
19:02Paris, c'était le pont neuf de Renoir.
19:05C'était le post-impressionnisme de Lautrec.
19:08C'était Godard qui filmait Sieberg et Bebel sur les Champs-Elysées.
19:12C'était Cartier-Bresson qui immortalisait la rue Mouffetard.
19:15C'était l'aube chantée par Art Dutronc.
19:16Et aujourd'hui, Madame Hinalgaud nous dit « Paris, c'est Barbara Gouch ».
19:20La chute est un peu rude quand même.
19:22Alors Hidalgo, on le sait, c'est l'enfant gâté
19:23à qui on a refilé un Renoir pour son anniversaire
19:26et qui va le défigurer avec la fierté d'un has-been.
19:30Donc Mathieu a refait le CV de Madame Butch,
19:32qu'on ne connaissait pas très bien.
19:33Alors il faut avouer quand même qu'il est assez maigre
19:35et que DJ, c'est sympa.
19:37Mais faire l'école du Louvre, ça offre quand même
19:38quelques garanties généralement pour organiser
19:41ou mettre en place une direction artistique
19:42pour représenter une ville comme Paris.
19:45Alors évidemment, on l'a compris, c'est que l'œuvre importe peu.
19:47Ce qui compte, c'est l'incarnation, c'est la représentation.
19:50Donc qu'incarne Madame Butch ?
19:51Alors il faut l'écouter, à part elle,
19:54elle n'incarne personne d'autre.
19:56Et il faut reconnaître que c'est aussi passionnant
19:58qu'un bouquin de Christine Angot.
19:59Mais bon, l'époque est au règne du mois,
20:02à la célébration du nombril.
20:03D'ailleurs, je rappelle qu'on lui a nommé
20:06chevalier ou chevalière, on dit maintenant,
20:07de l'ordre des lettres, des arts et des lettres.
20:10Merci Rachida Dati.
20:11Pour un fait d'armes, c'est celui d'avoir participé
20:13en effet à la fameuse scène dans les JO.
20:17Une scène qui, à mon sens,
20:19c'était bien plus d'une ringardise olympique
20:22qu'un blasphème, mais c'est pas grave.
20:24Et le problème aujourd'hui, si vous voulez,
20:25c'est que la cour des miracles est montée sur le trône.
20:27Et donc le bouchon, il n'ose plus, il questionne plus,
20:30il recrache, il anonne un catéchisme un peu bas de gamme.
20:32Et quand vous avez les subventions qui pleuvent
20:34et les médias qui se transforment en groupis petits bourgeois,
20:37forcément, le punk et la création,
20:39ils en prennent un sacré coup.
20:40Alors, on n'avente plus, on vomit,
20:42on dévoile pas, on déchire.
20:43Et avec toute la vacuité de la gauche culturelle,
20:46qui, lorsqu'il s'agit de créer ou de provoquer
20:48un nouvel élan, ça tombe à plat.
20:50C'est-à-dire que même un tuberculeux a plus de souffle.
20:52Donc, Butch, en fait, si vous voulez,
20:53c'est l'enfant de Anne Hidalgo et de Jack Lang.
20:55Donc, il ne faut pas trop lui en vouloir.
20:57Son père lui a expliqué que rien n'était culture
20:59puisque tout l'était.
21:00Et sa mère lui a vendu l'inclusion
21:01pour essuyer sur tout le monde et sur tous les gueux.
21:03Donc, voilà le monde qui l'est.
21:05C'est une planète des hérités,
21:07si remplie de lait d'air que même aujourd'hui,
21:09la tour Montparnasse semblerait presque belle.
21:11Mathieu Bocoté, avant qu'on fasse une courte pause,
21:14vous avez un anniversaire à souhaiter.
21:16Oui, parce qu'Alain Finkielkraut,
21:18que nous admirons,
21:18que j'admire énormément,
21:20à mon avis, les philosophes français
21:21les plus importants aujourd'hui,
21:23anime depuis 40 ans,
21:2440 ans sur le service public,
21:25une des meilleures émissions en France,
21:27Réplique,
21:28où il met à l'honneur chaque semaine
21:30une conversation de qualité
21:31avec des invités,
21:33des historiens,
21:34des essayistes,
21:35des écrivains,
21:35des philosophes.
21:36Et il célébrait le 40e anniversaire
21:38de cette émission
21:39il y a quelques jours,
21:41je crois,
21:41il y a une semaine.
21:42Et je me suis dit
21:43que c'était la moindre des choses
21:44de rappeler justement
21:45cette aventure intellectuelle
21:46sous le signe
21:47de la conversation,
21:48de l'échange,
21:49du dialogue
21:50avec Alain Finkielkraut,
21:51qu'on a eu le privilège
21:52de recevoir ici à quelques reprises.
21:53Et je lui souhaite,
21:54nous lui souhaitons
21:55encore 40 ans
21:56au service public
21:57à animer cette très belle émission
21:58qui est réplique
21:59et qui est fidèle
22:00à la plus grande tradition
22:01intellectuelle française.
22:02Salutons Alain Finkielkraut
22:03qu'on retrouvera peut-être
22:04dans les prochaines semaines.
22:04Mais assurément,
22:05Alain Finkielkraut
22:06est toujours invité à cette émission
22:07lorsqu'il le souhaite
22:07et je serai très heureux
22:09de le recevoir à nouveau.
22:09Vous imaginez 40 ans
22:11de face à Mathieu Boccoté.
22:13Ah bon,
22:13c'est pas mal quand même,
22:14j'en serais bien heureux.
22:15Bon,
22:16on se retrouve dans un instant,
22:17messieurs,
22:18et on va parler
22:19doublement québécois
22:20parce que vous allez recevoir
22:21Étienne-Alexandre Beauregard,
22:23politologue et essayiste
22:24pour son livre
22:25anti-civilisation
22:26et vous le voyez apparaître évidemment,
22:28c'est ce que je dis depuis 19h,
22:30ça a un peu de retard.
22:31L'émission pourrait être bousculée
22:33en cas de prise de parole
22:34du Premier ministre israélien,
22:36Benjamin Netanyahou.
22:37Restez avec nous sur CNews.
22:42Il est quasiment 19h30
22:43sur CNews
22:44et on poursuit
22:45face à Mathieu Boccoté.
22:47Vraiment,
22:47vous avez un sourire Mathieu,
22:48j'ai l'impression
22:48que c'est quasiment
22:49votre anniversaire.
22:50Vous retrouvez
22:51un ami québécois
22:52sur le plateau
22:53de face à Mathieu Boccoté
22:54et je ne vous ai jamais
22:55vu aussi heureux.
22:56Oh,
22:57je suis heureux
22:58en toutes circonstances,
22:59vous le savez.
23:00Mais cela dit,
23:01oui,
23:01je reçois ce soir
23:02Étienne-Alexandre Beauregard
23:03pour son livre
23:04Anti-civilisation
23:05sous titre
23:06Pourquoi nos sociétés
23:07s'effondrent de l'intérieur.
23:09Alors,
23:10ce livre,
23:10je prends la peine de le dire,
23:11pourquoi recevoir
23:12Étienne-Alexandre Beauregard.
23:13Premier élément,
23:14je pense qu'il s'agit
23:15d'un des livres
23:15les plus importants
23:18parus
23:18ces dernières années
23:20pour comprendre
23:21la dynamique
23:21de décomposition intérieure
23:23de nos sociétés.
23:24C'est-à-dire
23:24pourquoi on a l'impression
23:24que nos sociétés
23:25séparent pays,
23:26se décomposent,
23:27régressent.
23:28Et par ailleurs,
23:28ce livre est aussi
23:29un manifeste,
23:30je crois,
23:31de la jeune génération
23:31intellectuelle conservatrice,
23:33peut-être le manifeste
23:34d'une génération
23:34pour comprendre
23:35ce désir de conservatisme
23:37qui existe
23:37chez les plus jeunes.
23:38Et vous l'avez dit par ailleurs,
23:39c'est un compatriote,
23:40donc je demande
23:41à notre public
23:41d'être clément.
23:42Vous entendrez ce soir
23:43deux accents québécois
23:44plutôt qu'un
23:44sur le plateau.
23:45Étienne-Alexandre Beauregard,
23:46bonsoir.
23:46Bonsoir Mathieu.
23:48Alors,
23:48première question,
23:49vous commencez
23:50votre ouvrage
23:50en nous disant
23:51la question de la décadence
23:53et de retour
23:54dans nos sociétés.
23:55Alors,
23:55les générations
23:56conservatrices précédentes
23:57étaient hantées
23:57par la question
23:58de la liberté,
23:59du totalitarisme,
24:00de l'identité.
24:01Vous nous dites
24:02une question nouvelle apparaît,
24:03la question de la décadence,
24:05pourquoi?
24:05Je crois que,
24:06comme vous l'avez mentionné,
24:07il y a certainement
24:08une expérience générationnelle
24:09qui est à la source de cela
24:10dans l'expérience
24:11que justement
24:11la génération Z,
24:12celle dont je suis issu,
24:13ceux qui sont nés
24:14entre 1995 et 2012,
24:16grosso modo,
24:17le rapport
24:18qu'ils vont avoir
24:19à la civilisation.
24:20C'est-à-dire qu'on est
24:21en quelque sorte
24:21les héritiers
24:22de la déconstruction
24:23parce qu'on a fait
24:23ce choix
24:24dont on a parlé
24:25abondamment
24:25dans les années 60-70
24:27avec mai 68,
24:28vous savez,
24:28de couper
24:28le fil de la transmission
24:30et ces choses-là
24:31prennent du temps
24:32pour se sédimenter
24:33et je crois
24:33qu'on arrive
24:34au moment
24:34où les jeunes
24:35qui, comme moi,
24:36entrent dans la vingtaine
24:37se posent la question
24:38mais à quoi
24:39est-ce qu'on peut
24:39se rattacher,
24:40à quelle tradition
24:40est-ce qu'on peut
24:41se rattacher
24:41et on sent en fait
24:42une forme de vide
24:43qui,
24:45d'une certaine manière,
24:45mine aussi nos libertés
24:46parce qu'on a peut-être
24:48cru que le libéralisme,
24:49que la liberté
24:50pouvait se soutenir
24:51sans cet arrière-plan
24:52civilisationnel,
24:53culturel,
24:54moral aussi,
24:55j'oserais dire,
24:56qui permettait
24:56l'exercice des libertés
24:58et donc la question,
24:59je crois,
25:00qu'on doit se poser
25:00aujourd'hui
25:01quand on est conservateur,
25:02c'est dire
25:02comment est-ce qu'on est
25:03capable de reconstruire
25:04cette base de civilisation
25:05dont on a besoin
25:06pour s'épanouir au final.
25:07Alors, je pose la question,
25:08à quoi ressemble
25:09la société
25:10pour un jeune homme
25:11de votre âge
25:11qui se dit conservateur,
25:13est-ce qu'elle se présente
25:14à vous comme
25:14un champ de ruines ?
25:16Vous nous dites dans le livre,
25:17la liberté poussée
25:19jusqu'à son extrême,
25:21jusqu'à sa folie,
25:22c'est la liberté
25:22quelquefois de faire violence.
25:24C'est une liberté
25:25de soumettre l'autre.
25:26Vous donnez des exemples
25:27quelquefois loufoques.
25:28Donc, la question que je pose,
25:29à quoi ressemble
25:30la société pour vous
25:31lorsque vous y entrez
25:32à votre âge ?
25:32Comme un champ de ruines ?
25:33Bien, c'est certain
25:34que je crois
25:35que la doxa,
25:36si on peut dire,
25:37la pensée la plus admise
25:38qui est une forme de vulgate,
25:39en fait,
25:40ce que les gens vont répéter
25:40sans même l'intellectualiser,
25:42c'est cette idée
25:43qu'il y a une espèce
25:43de, justement, liberté
25:44qui devrait prédominer
25:45sur le reste,
25:46qui devrait prédominer aussi
25:47sur les structures héritées
25:48dont on fait partie.
25:49Donc, la famille,
25:50la nation,
25:52les communautés spontanées
25:54et qu'en quelque sorte,
25:55il y aurait quelque chose
25:56de positif
25:57à exercer sa liberté
25:58de manière négative
25:59contre ces institutions-là
26:00pour se sortir, en fait,
26:01de ces héritages
26:02qui pourtant nous forment,
26:04qui nous donnent
26:04des balises,
26:05des repères
26:05qui sont pourtant essentiels
26:06pour s'orienter.
26:07Et donc, quand on a
26:08un peu cet arrière-plan
26:10libéral aujourd'hui
26:11qu'on nous dit,
26:12par exemple,
26:12à l'école,
26:13dans l'éducation nationale,
26:14soyez vous-même,
26:15soyez libre,
26:15vous pouvez faire
26:16tout ce que vous voulez,
26:17mais qu'on n'a pas eu
26:17le fondement,
26:18qu'on n'a pas eu
26:19la richesse
26:19qui nous permet
26:20de nous orienter
26:21pour savoir quoi choisir,
26:22on se trouve un peu
26:23désemparé,
26:24on se trouve démuni
26:24pour faire ces choix-là.
26:25Alors, vous nous dites
26:26dans l'ouvrage
26:27qu'on est presque
26:28dans une logique
26:28de production d'antinormes.
26:30C'est-à-dire, autrefois,
26:31il y avait une forme
26:32de pression conformiste
26:33dans le bon sens du terme,
26:34c'est-à-dire,
26:35voilà la norme sociale
26:36à suivre.
26:42le plus excentrique possible
26:43jusqu'à l'extrême,
26:44jusqu'à vous donner
26:45l'exemple, par exemple,
26:46du culte du BDSM
26:47et ainsi de suite.
26:48Bien, c'est juste
26:49parce que la question
26:50qu'on pose aujourd'hui
26:51quand on parle justement
26:52de la liberté
26:52par rapport aux institutions,
26:54on peut se demander
26:55est-ce qu'on peut
26:55librement choisir
26:56la tradition?
26:57Moi, je crois que oui,
26:58je crois que des jeunes
26:58plus conservateurs
26:59comme moi font ce choix-là,
27:01mais il y a quand même
27:01un arrière-plan de soupçons
27:03face à ceux qui font ça
27:04en disant, au final,
27:05vous n'êtes que des aliénés.
27:07Si vous croyez encore
27:08en la famille aujourd'hui,
27:09si vous croyez encore
27:10en la nation,
27:11si vous croyez encore
27:12dans ces institutions
27:12qui vous encadrent,
27:13peut-être n'êtes-vous
27:14pas vraiment libres.
27:15Et là, bon, vous savez,
27:16le slogan révolutionnaire,
27:17on les forcera à être libres
27:18et ça pose une question
27:19de savoir est-ce que
27:20c'est vraiment la liberté
27:21qu'on nous vend
27:21ou est-ce que c'est
27:22une espèce de projet atomiste
27:24où, justement,
27:26on perd ces ancrages
27:27qui font qui on est
27:27et qui va, au final,
27:28nous rendre un peu appauvris.
27:30Sur la question de l'exentricité,
27:31je crois que c'est un peu pareil.
27:32Vous savez, il y a une époque
27:33où l'intégration culturelle,
27:35l'assimilation à la française,
27:36comme on dit ici,
27:37était pratiquement obligatoire
27:39tout simplement
27:39parce que c'était
27:40socialement valorisé.
27:42Quand on arrivait
27:42dans un pays,
27:43on souhaitait s'y intégrer
27:44parce qu'on voyait
27:45que c'était la norme
27:46qui était positive.
27:47Mais désormais,
27:48quand on voit, par exemple,
27:48le genre de discours
27:49qu'on entend sur les gens ordinaires,
27:52quand on parle, par exemple,
27:53des boffs ici,
27:54des chaves au Royaume-Uni,
27:56vous savez,
27:56la fameuse expression
27:57de Hillary Clinton
27:58sur les baskets of deplorables,
28:00bien, je pense qu'il y a
28:01un message aussi
28:01qui est assez implicite
28:03que beaucoup de gens comprennent
28:04en disant
28:04s'intégrer aux classes populaires,
28:06aux classes moyennes nationales,
28:07ce n'est pas vraiment attirant
28:08parce que de toute façon,
28:08ce sont des ploucs.
28:09Donc, guétoisez-vous,
28:12faites-les là, justement,
28:13de l'exentricité,
28:14valorisez-vous à travers ça
28:15et c'est comme ça
28:15que vous allez monter
28:16en société.
28:17Donc, je pense qu'on a,
28:18justement,
28:18un message de fond
28:19qui favorise
28:20la distension des liens
28:22entre les individus,
28:23la distension des cultures
28:24qui nous amènent ensemble
28:26et donc certainement
28:27que ce n'est pas positif
28:28pour une forme de cohésion.
28:29Arthur Matrigan.
28:30Il y a un exemple
28:31de cette anti-civilisation
28:33que vous décrivez,
28:34il y en a beaucoup,
28:34il y a beaucoup de processus,
28:35mais un exemple,
28:36justement,
28:36parce que vous parliez
28:37d'éloge,
28:38c'est l'éloge de la victime.
28:40En quoi l'idéologie,
28:41justement, victimaire
28:42est-elle un symptôme
28:43de cette déconstruction,
28:44de cette rupture,
28:45d'ailleurs,
28:46avec la tradition?
28:48Oui.
28:48D'abord,
28:49sur la question des victimes,
28:49je crois qu'il y a quand même
28:50un ressort profond
28:52dans la culture occidentale
28:53qui est naturellement favorable
28:54aux plus vulnérables.
28:55Ça, c'est en soi très noble,
28:57mais comme disait Chesterton,
28:58il y a parfois
28:58des idées chrétiennes devenues folles
29:00qui ont des impacts
29:02un peu négatifs
29:02et à ce moment-là,
29:03effectivement,
29:04si on suppose
29:06que la norme,
29:07par défaut,
29:08est mauvaise
29:08et qu'on commence
29:09à faire un éloge
29:10débridé des marges
29:12par principe
29:12plutôt que par volonté
29:14de leur donner
29:14la place qui leur revient,
29:15la place respectueuse
29:16qu'ils méritent
29:16dans la cité,
29:17eh bien,
29:17on peut avoir
29:18une forme d'exagération
29:20à ce niveau.
29:21Il suffit de regarder,
29:22par exemple,
29:23ceux qui,
29:24chez moi,
29:25en Amérique du Nord,
29:26font semblant
29:27d'être des Amérindiens,
29:29des ressortissants
29:29de populations autochtones
29:30pour accéder,
29:31par exemple,
29:32à une forme de discrimination
29:32positive
29:33et donc se valoriser
29:34à travers la marginalité
29:35lorsqu'ils ne la possèdent
29:37parfois même pas.
29:38Et donc,
29:38si c'était vraiment
29:39dévalorisant,
29:40si on ne voulait
29:41vraiment pas appartenir
29:42à ces groupes-là,
29:43eh bien,
29:44je crois que les gens
29:45ne feraient pas exprès
29:46de s'identifier,
29:47n'est-ce pas?
29:48Mais je vous retiendrai ça
29:49de manière contradictoire.
29:50Aujourd'hui,
29:51il y a des normes.
29:51Par exemple,
29:52pour la jeune génération,
29:53on va pousser
29:54la jeune génération
29:54à s'identifier
29:55aux normes binaires.
29:56Si vous êtes masculin-masculin
29:58ou féminin-féminin,
29:59vous êtes aliéné,
30:00mais il y a une norme nouvelle.
30:01On pousse, par exemple,
30:02à la non-binarité.
30:03Donc, est-ce qu'on peut dire
30:04que le problème aujourd'hui,
30:05dans votre logique,
30:06est-ce que le moment
30:08du relativisme
30:09n'est pas déjà derrière nous?
30:10Est-ce qu'on n'est pas
30:10simplement devant
30:11des normes nouvelles,
30:12la norme à la non-binarité,
30:13la norme au nomadisme,
30:15la norme au déracinement?
30:16Est-ce qu'il n'y a pas
30:16un nouveau système
30:17de normes qui s'est imposé?
30:18Bien, je crois
30:19qu'on peut dire ça,
30:21mais de la manière
30:21dont je les présente
30:22dans l'ouvrage,
30:23pour moi,
30:23ce sont des anti-normes
30:24parce qu'elles ne défendent pas
30:25justement quelque chose
30:26de positif,
30:27quelque chose de rassembleur
30:28auquel la majorité des gens
30:29peuvent spontanément
30:30s'identifier.
30:31Et d'ailleurs,
30:31c'est pour ça que
30:32j'identifie un peu à gauche
30:33une forme d'exclusion
30:34du domaine des exclus
30:35quand on cherche justement
30:37la course à la marginalité maximale
30:38qui fait que, par exemple,
30:40par valorisation
30:41de la soi-disant
30:43diversité sexuelle,
30:44on en vient à exclure
30:45beaucoup de femmes
30:46de l'espace public aussi,
30:48de la respectabilité.
30:49C'est pour ça que quelqu'un
30:50comme J.K. Rowling,
30:51par exemple,
30:52qui n'était pas du tout...
30:52J.K. Rowling,
30:53qui est l'auteur d'Harry Potter.
30:54Bien sûr,
30:54qui n'était pas du tout à droite.
30:56Maintenant,
30:57face aux excès
30:58du militantisme pro-trans
31:00qui, à son avis,
31:01met en danger des femmes,
31:02par exemple,
31:02dans des situations
31:03comme les vestiaires,
31:04elle a reviré sa veste
31:06et maintenant appartient
31:08à un certain mouvement
31:08conservateur au Royaume-Uni.
31:10Donc, je crois
31:10qu'il y a quand même
31:11un impensé à ce niveau-là
31:12dans la mesure où,
31:13quand on court toujours
31:14après la prochaine marginalité,
31:15on finit, en fait,
31:16par créer davantage d'exclus.
31:18Mais nos sociétés réagissent
31:19au mouvement dont vous parlez.
31:20Nos sociétés réagissent
31:21notamment par un mouvement
31:22dont on parle souvent,
31:23c'est le populisme.
31:24Le populisme
31:25qui est une protestation
31:26des gens ordinaires
31:27dont vous parlez.
31:28Votre ouvrage commence
31:28par une référence aux gens ordinaires.
31:30Donc, une protestation
31:31du commun et mortel.
31:32Et pourtant,
31:33le populisme,
31:34vous semblez avoir
31:35quelques réserves
31:36à son endroit.
31:37Vous semblez sceptique.
31:38Vous ne semblez pas croire
31:39que le populisme
31:39soit peut-être la réponse.
31:41Pour moi,
31:41le populisme n'est pas
31:42une fin en soi.
31:43Après, mon chapitre
31:44s'appelle
31:44« Vices et vertus du populisme ».
31:45Donc, il y a les deux.
31:46La principale vertu,
31:48c'est que le populisme
31:48a enfin contraint
31:50les partis de droite
31:51à s'intéresser aux gens ordinaires
31:53parce que ce n'était pas
31:53leur sociologie naturelle.
31:55Vous savez,
31:55quand on était encore
31:56dans le vieux modèle
31:57de la révolte des masses
31:59où on craignait,
32:00en fait,
32:00une reprise de la révolution
32:02de 1917,
32:03on pensait qu'il fallait
32:03justement un peu
32:04protéger le tsar
32:05contre le peuple en furie.
32:07Mais on voit maintenant
32:08que les défenseurs,
32:09les plus grands défenseurs
32:10des valeurs conservatrices,
32:12que ce soit sur les questions
32:12familiales, culturelles,
32:14ce sont bien davantage
32:15les classes ouvrières
32:16et les classes moyennes.
32:17Et donc, à ce moment-là,
32:18il y a certainement
32:19une reconfiguration
32:20de l'échiquier qu'on observe
32:21et je crois que par manque
32:24de lucidité,
32:26les partis traditionnels
32:27ont peut-être été
32:27trop tardifs à le constater
32:29et c'est là, par exemple,
32:30que le populisme
32:30a permis de s'en emparer.
32:32Néanmoins,
32:32je crois qu'aujourd'hui,
32:33alors qu'on doit se poser
32:34la question de la reconstruction,
32:36on ne peut pas demeurer
32:37pour toujours
32:38dans une logique d'affrontement.
32:39Et malheureusement,
32:40dans le discours populiste,
32:41il y a quand même toujours
32:42cette idée d'une opposition
32:43entre le peuple
32:44et les élites,
32:45mais dans une société
32:46comme la nôtre
32:47où on a une démocratie
32:49représentative,
32:50par exemple,
32:50ça veut dire que forcément,
32:51il y aura toujours
32:51des représentants
32:52et des représentés.
32:54Donc, personnellement,
32:55ce que je souhaiterais
32:55voir arriver,
32:56c'est une forme de conservatisme
32:57qui comprend que l'objectif,
32:58c'est d'abord le bien commun,
32:59ce qui est capable
33:00de rassembler
33:00toutes ces différentes classes
33:01et au final que les élites
33:03comprennent que leur devoir,
33:04c'est d'abord et avant tout
33:05d'être redevable
33:06envers le peuple
33:06et le peuple qui comprenne
33:08justement qu'il a besoin
33:09des élites aussi
33:10pour se gouverner,
33:11pour diriger la société.
33:12Arthur de Matrigan.
33:13Vous dites également
33:14que la lutte des classes
33:15n'a pas disparu
33:16et qu'elle s'est renversée
33:17par le truchement
33:18de la question identitaire.
33:20Est-ce qu'il faut nous décrire
33:21un peu votre processus
33:22de pensée sur cette analyse?
33:23Oui, bien sûr.
33:24En fait, on revient
33:25au basculement dont on a discuté
33:27des classes populaires
33:27et des élites respectivement
33:28à partir du moment
33:29où la question culturelle,
33:31qu'on peut appeler
33:32la question identitaire aussi,
33:33les enjeux comme la laïcité,
33:34l'immigration,
33:35viennent au cœur du jeu politique,
33:37eh bien, on constate
33:38que le clivage n'est plus le même.
33:39On n'est pas à l'époque
33:40de la lutte des classes
33:42au sens marxiste du terme
33:43où on avait les bourgeois
33:44et les prolétaires.
33:45Aujourd'hui,
33:46la plupart des sondeurs,
33:47dont Jérôme Fourquet en France,
33:48vous dirait que la ligne de crête
33:49qui sépare la plupart du temps
33:51les électeurs conservateurs
33:53ou progressistes,
33:54c'est bien davantage le fait
33:55d'avoir un diplôme universitaire
33:56ou non.
33:57Et donc, quand on constate
33:58que cette nouvelle lutte des classes,
33:59en fait, se fait plus souvent
34:00qu'autrement entre le quart
34:02ou le tiers de personnes
34:03qui ont ce diplôme
34:04qui leur permettent
34:05d'entrer dans des sphères d'élite,
34:06que ce soit les médias,
34:08l'université
34:08et de plus en plus
34:09de l'élection au Parlement même
34:10contre ces classes populaires
34:13qui donc n'ont pas accès
34:14à ces institutions
34:15de représentation,
34:16mais ont des valeurs
34:17justement très différentes
34:18de celles que l'on va apprendre
34:19à l'université,
34:20qui est quand même
34:20un milieu de socialisation
34:22assez particulier.
34:23Donc, on ne peut pas dire
34:24que le clivage culturel
34:26aujourd'hui soit absolument
34:27sans aucun rattachement
34:30à la condition de classe
34:31parce que c'est ces rapports-là
34:32qu'on voit s'évoluer aujourd'hui.
34:33Et d'ailleurs, ça explique, je crois,
34:34pourquoi, par exemple,
34:35la droite est devenue
34:36beaucoup plus sociale
34:37qu'elle pouvait l'être
34:38par le passé
34:38parce qu'elle constate
34:39que ce sont ses nouveaux électeurs
34:40et, à l'inverse,
34:41comment la gauche politique
34:43peut devenir un peu,
34:44comme on dit,
34:45libérale-libertaire
34:46au sens où peut-être
34:48que l'intérêt
34:50qu'elle avait jadis
34:50pour la solidarité sociale
34:52n'est pas le même
34:52qu'elle pouvait avoir
34:53par le passé
34:53parce que ce ne sont plus
34:54ses électeurs non plus.
34:55Alors, allons plus loin.
34:56Vous nous dites
34:56qu'il faut un conservatisme
34:57du bien commun
34:58pour reconstruire.
34:59Mais est-ce que vous ne cherchez pas
35:00à évacuer la question du conflit,
35:02tout simplement?
35:03Parce que vous vous présentez
35:05comme l'homme du conservatisme
35:06du bien commun.
35:07Je mets dans la tête
35:08des journalistes de gauche
35:09du service public.
35:11Ils diront extrême droite.
35:12Ils diront réactionnaire.
35:14Ils diront tentation fascisante.
35:16Ils diront retour à la tradition
35:18dans ce qu'il y a
35:18de plus aliénant.
35:19Donc, est-ce que,
35:20de ce point de vue,
35:21vous ne cherchez pas
35:21à fuir le conflit
35:22lorsque vous parlez
35:23d'un conservatisme
35:24du bien commun
35:25sans parler de ce choc
35:26inévitable?
35:27Bien, je ne crois pas
35:28qu'il faille fuir le conflit.
35:29Je pense que la politique,
35:30foncièrement,
35:31demeurera toujours un conflit,
35:32ne serait-ce parce qu'on a
35:32le choix entre plusieurs options.
35:34C'est tout à fait sain.
35:35Néanmoins,
35:36est-ce qu'une option politique
35:37qui aspire à gouverner,
35:38qui aspire à changer le pays,
35:40la civilisation positivement,
35:41peut vraiment faire
35:42l'abstraction d'un message
35:43qui va tenter au moins
35:44de rassembler l'ensemble
35:45du corps électoral
35:46plutôt qu'une dynamique
35:47d'affrontement
35:48qui va justement privilégier
35:49un peu ce cycle néfaste
35:51où on va avoir,
35:52d'une certaine manière,
35:52des élites qui seraient
35:53toujours plus condescendantes,
35:55un peuple qui serait
35:55toujours plus insatisfait?
35:56Je ne pense pas
35:57que c'est ça qu'on souhaite.
35:59Néanmoins,
36:00sur cette question aussi,
36:02il faut dire que,
36:03comment dire,
36:04la droite peut avoir
36:05ce message
36:06qui, au-delà d'être
36:08celui du père fouettard,
36:10celui des élites
36:11contre le peuple,
36:11celui de la réaction,
36:12c'est aussi de rappeler
36:13ce constat essentiel,
36:15c'est-à-dire que les normes
36:16protègent les plus faibles.
36:17C'est un des accents forts
36:18du livre,
36:19un des axes forts,
36:19de dire que,
36:20en fait,
36:21d'avoir une famille forte,
36:22d'avoir des institutions
36:24qui vont limiter,
36:25par exemple,
36:25certaines choses comme
36:26la pollution de la police
36:27ou la légalisation des drogues,
36:29ça va faire en sorte
36:29que les plus vulnérables
36:30de nos sociétés
36:31vont avoir
36:32un certain filet
36:33de sécurité sociétale,
36:34si on peut dire,
36:35qui va leur permettre
36:36de mener une existence
36:36plus épanouie.
36:37Arthur Levatrigan,
36:38et ensuite,
36:39on revient sur la question
36:39de la famille
36:40et peut-être même de la foi.
36:41Mais je continue
36:42sur le bien commun,
36:43qui va peut-être avoir
36:43le lien avec la famille.
36:44Vous écrivez
36:45pour construire le bien commun,
36:46on a compris
36:47qu'il a été disparu,
36:48en tout cas,
36:49arraché par les héritiers
36:51de 68,
36:52il faut mettre de côté
36:54des conceptions
36:55de droits individuels.
36:57Alors,
36:57c'est vrai que ça,
36:58aujourd'hui,
36:58on est dans
36:59une espèce
37:00d'opposition
37:01où Mathieu décrivait
37:02les droits de l'homme
37:03comme l'alpha
37:04et l'oméga de tout,
37:05et en même temps,
37:05dès que Mathieu,
37:06pareil,
37:07dès que sa liberté
37:08est contestée,
37:09il met en avance
37:09sa liberté.
37:10Alors,
37:10est-ce que c'est le retour
37:11aux limites
37:12que vous nommez,
37:13un peu comme à la Scroton,
37:14c'est quelles limites
37:16vont se construire
37:16ce bien commun
37:17ou en tout cas,
37:17dans quelles limites
37:18vont se heurter
37:18les libertés individuelles?
37:20Certainement que Scroton
37:21est une influence majeure
37:22dans mon cas
37:22et, en fait,
37:24je propose une manière
37:25de voir l'individualité.
37:26Scroton, je précise,
37:27Roger Scroton,
37:27le philosophe conservateur
37:28britannique.
37:29Bien sûr.
37:30Donc,
37:31je pense que
37:31la tradition conservatrice
37:32à laquelle il appartient
37:33propose, en fait,
37:34une anthropologie
37:35qui est plus complète
37:36pour concevoir l'individu
37:37parce que le problème,
37:38aujourd'hui,
37:38d'une certaine rhétorique
37:39droit de l'homiste,
37:39comme vous disiez
37:40plus tôt dans l'émission,
37:41c'est de voir, en fait,
37:42l'individu comme un atome
37:44qui est séparé
37:44de tout le reste
37:45de la société
37:45et qui, pour s'épanouir,
37:47doit entamer
37:48la déconstruction
37:49des lois,
37:50des normes
37:50et de la culture
37:51qui est autour de lui.
37:52Le gouvernement des juges
37:53s'en est l'exemple
37:53institutionnel aujourd'hui
37:54où on donne, en fait,
37:56une licence
37:56à tous les particularismes,
37:58à tous les individus
37:58qui se sentent lésés
37:59de poursuivre l'État
38:00pour, en fait,
38:01amenuiser ce socle
38:02qui nous maintient.
38:04Néanmoins,
38:04sur la question
38:05de la liberté,
38:06ce n'est pas de dire
38:06que la liberté est mauvaise,
38:07mais plutôt de dire
38:08que les individus,
38:09pour avoir un sens,
38:10pour avoir une existence
38:11qui est complète,
38:12ça prend aussi
38:13une part de responsabilité,
38:14cette responsabilité
38:15que l'on apprend
38:15dans des institutions
38:17qui nous forment
38:17autant qu'on les forme
38:18nous-mêmes.
38:19Je pensais à la famille,
38:21je pensais à la nation,
38:22mais aussi les associations
38:23volontaires dont Tocqueville parlait.
38:25Et tout ça,
38:25ce sont des associations
38:26qui sont plus importantes
38:28que la somme
38:29de leur parti.
38:30Alors, je me mets
38:31dans la peau du libéral
38:32que je suis,
38:33libéral-conservateur,
38:34mais libéral néanmoins.
38:35Et moi,
38:36quand j'entends dire
38:36qu'il faut,
38:37parce que vous lisant,
38:39j'ai l'impression
38:39quelquefois que la morale
38:40doit étendre son domaine
38:41jusque dans la vie privée
38:42et jusqu'à l'intime.
38:44Certains vous diront
38:44qu'on a gagné
38:45dans nos sociétés
38:46un espace de liberté
38:47dans l'intime
38:47où la collectivité
38:48ne doit pas mettre son nez.
38:51Ça ne regarde pas
38:51la société,
38:52ce que je fais
38:52dans ma vie privée,
38:54dans ma maison,
38:54dans mes relations personnelles.
38:56Que répondez-vous
38:56à ceux qui s'inquiéteraient
38:58de vous voir
38:59quelqu'un qui veut
39:00coloniser par la morale
39:02le domaine de l'intime?
39:03D'abord,
39:04moi,
39:04je suis d'accord avec vous
39:05qu'il doit y avoir
39:06une limite
39:06entre la sphère publique
39:07et la sphère privée.
39:08Je crois que ce serait
39:09en fait le signe
39:09du totalitarisme
39:10s'il n'existait plus.
39:11Néanmoins,
39:12on peut se poser,
39:12par exemple,
39:13sur la question
39:13des identités aujourd'hui.
39:15Est-ce que ce principe
39:16qu'il y aurait une séparation
39:17dans les particularismes
39:18entre la sphère publique
39:19et la sphère privée
39:20se manifeste encore
39:21à l'époque où,
39:22au contraire,
39:22on est à l'époque
39:23de l'ostentation,
39:24de la revendication
39:25presque prédatrice
39:27à l'endroit du commun
39:28au nom de certaines identités
39:29et, à l'inverse,
39:30vous remarquerez
39:31les exemples
39:31que je vous ai donnés,
39:33que ce soit
39:33les drogues, par exemple.
39:35Pour moi,
39:35c'est un exemple fondamental
39:37qui infirme, en fait,
39:38cette idée libérale
39:39qu'il y aurait vraiment
39:40seulement le principe
39:42de non-nuisance.
39:43Soyons concrets.
39:45Légaliser la cocaïne,
39:46légaliser l'héroïne.
39:47Certains vous disent
39:47si je veux prendre la cocaïne,
39:48j'ai le droit.
39:49Vous répondez.
39:50Je réponds que ça prouve
39:51tout à fait
39:51que le principe
39:52de dire que ma liberté
39:53s'arrête là où celle
39:54de quelqu'un d'autre
39:54commence est faux
39:55parce que je peux me faire
39:56mal à moi-même,
39:57par exemple,
39:57si je deviens accro
39:58à une drogue dure
39:58et si je suis accro,
40:00par exemple,
40:00je ne suis plus libre,
40:01je suis esclave de cette passion
40:02et je ne crois pas
40:03qu'on encourage
40:04une société épanouie
40:05et même des individus épanouis
40:06si on les encourage
40:08notamment à l'aide de l'État,
40:09s'ils commencent justement
40:10à encourager cela,
40:11par exemple,
40:12avec des centres d'injection
40:12supervisée
40:13ou encore avec de la drogue
40:14produite par l'État
40:15comme c'est le cas
40:15chez certains qui parlent
40:16d'un aménagement
40:17plus sécuritaire.
40:18Je ne crois pas
40:18qu'on sert le bien commun
40:19et je ne crois pas
40:20qu'on sert l'individu
40:21avec cette vision.
40:22Alors, parlons
40:23de la question fondamentale,
40:24celle de la nation.
40:25Vous parlez de la question
40:26de l'immigration,
40:26vous parlez de la question
40:27de la nation.
40:28Est-ce que votre bien commun
40:29est possible
40:30sans une identité nationale forte
40:31et est-ce qu'une identité nationale
40:32forte est possible
40:33dans un contexte
40:34d'immigration massive?
40:36Je crois que c'est un peu
40:36la question à laquelle
40:38tous les peuples occidentaux
40:39tentent de répondre aujourd'hui
40:40et vous faites bien de dire
40:41parce que c'est une passion
40:42que nous avons en commun,
40:43celle de la nation.
40:44C'est une question
40:47que le bien commun en Occident
40:48s'incarne à travers
40:49la figure de la nation,
40:51s'incarne aussi à travers
40:52naturellement une réduction
40:54des flux migratoires
40:55parce qu'à peu près partout
40:56en Occident aujourd'hui
40:57on est au point de rupture
40:58et aussi à partir
40:59d'une gestion différente
41:00des particularismes en Occident
41:01parce que ce qui gêne aujourd'hui
41:03c'est effectivement
41:04le nombre qui est devenu
41:06trop important
41:07pour que nos sociétés
41:08sachent les intégrer
41:09de manière harmonieuse
41:09mais c'est aussi le rapport
41:11qu'on a au particularisme
41:12parce qu'il y a une époque
41:13pas si lointaine
41:14où quand on arrivait
41:15il était admis
41:16que l'on s'intégrait
41:17justement parce que
41:17la figure de l'homme ordinaire
41:18la figure de la patrie
41:19était valorisée
41:21Vous dites même par exemple
41:22en France
41:22certaines figures
41:23très connues de la culture
41:24puis Yves Montand
41:25d'autres ont changé
41:26de prénom, de nom
41:27pour être capables
41:28de s'intégrer à la France
41:29Bien sûr
41:29c'était le cas par exemple
41:31de Charles Aznavour
41:31Chano Aznavourian
41:32et ils ne l'ont pas fait
41:33sous la contrainte
41:34ils l'ont fait
41:35parce que c'était attirant
41:36ils désiraient être français
41:37ils y voyaient une manière
41:39de s'élever dans l'échelle sociale
41:40pour eux c'était positif
41:41est-ce qu'on ne pourrait pas
41:42culturellement au moins
41:43revenir à ce moment
41:44aujourd'hui
41:44et certainement
41:45que ça réglerait au moins
41:46en partie
41:47l'enjeu de l'intégration
41:48Arthur Dematrigan
41:49Vous êtes optimiste
41:51parce que vous pensez
41:51qu'il y a une porte de sortie
41:53et cette porte de sortie
41:54serait la génération Z
41:56donc la vôtre
41:56pourtant vous affirmez
41:58quelques pages plus tôt
41:59que cette génération
41:59a été atomisée
42:00par le fruit
42:02parce qu'ils ont récolté
42:03le fruit semé
42:04par les boomers
42:05donc une jeunesse déshéritée
42:06déracinée, isolée
42:08comment une jeunesse
42:09déshéritée, déracinée, isolée
42:11peut remettre le bien commun
42:12au centre du jeu
42:13et refaire une civilisation
42:15comme avant
42:15Peut-être que cette jeunesse
42:17en fait est un peu
42:17le miroir inversé
42:18de la génération
42:19qui a lancé la déconstruction
42:20celle qui a pris pour acquis
42:22toutes les normes
42:23tout l'héritage culturel
42:24toutes les traditions
42:24dont elle était héritière
42:26et s'est dit parfait
42:27à partir de maintenant
42:27nous pouvons être libres
42:28sans avoir le souci
42:29de le transmettre
42:30moi ce que je vois en ce moment
42:31c'est une forme en fait
42:32de consensus
42:32chez les jeunes qui ont mon âge
42:34qu'ils soient de gauche
42:35ou de droite par ailleurs
42:36ils ont en commun
42:37cette insatisfaction
42:39par rapport au vide libéral
42:40qu'on leur propose
42:41ils désirent quelque chose
42:43de plus fort
42:43un endroit auquel
42:45se rattacher
42:46désirent justement
42:47ses racines
42:47pour les orienter
42:48à un moment
42:49où ils ont besoin
42:50de repères dans leur vie
42:51et donc je crois que
42:52paradoxalement
42:53on désire toujours
42:54ce que l'on n'a pas
42:54et donc peut-être
42:55qu'un retour de balancier
42:56serait possible
42:57à partir de ce constat
42:58il nous reste moins d'une minute
42:59mais je vous pose
42:59d'ailleurs moins la question
43:00tout cela est politique
43:01tout cela est collectif
43:02sur le plan individuel
43:03vous dites que les jeunes hommes
43:05comme vous
43:05les jeunes femmes
43:05de votre âge
43:06sont en recherche finalement
43:07de liens familiaux
43:08de la foi peut-être
43:10est-ce que tout ça
43:12s'ancre dans une éthique
43:13de vie au quotidien ?
43:14je crois que pour retrouver
43:16le sens de la grande patrie
43:17la nation dont on parlait
43:18tout à l'heure
43:18c'est bon de commencer
43:19par la plus petite patrie aussi
43:21et c'est pour ça d'ailleurs
43:22que le livre se termine
43:23sur un éloge de la famille
43:24qui est à mon sens
43:25la dernière institution holistique
43:27qui résiste
43:28cette dernière école
43:29de la vertu
43:30où on apprend justement
43:31que l'on dépend des autres
43:32que les autres dépendent de nous
43:34et qui vient un peu infirmer
43:36par son existence même
43:37cette vision très très atomisée
43:39cette vision très libérale
43:40qui nous dit
43:40qu'au final
43:41on n'a pas besoin
43:41les uns des autres
43:42et qu'on serait
43:43dans une course à l'autonomie
43:44et donc effectivement
43:45d'ailleurs peut-être
43:46que la hausse des baptêmes
43:47qu'on voit en France
43:47mais qu'on voit aussi au Québec
43:48contribue comme vous le disiez
43:50à cette volonté
43:51de se rattacher
43:51à quelque chose de plus fort
43:52à cette volonté
43:52de faire communauté
43:53Un grand merci
43:54Étienne-Alexandre Beauregard
43:55politologue essayiste
43:57on a senti que le Québec
43:58était présent sur ce plateau
43:59Ah bien sûr
44:00Libre
44:00Libre bien sûr
44:02Merci à tous les trois
44:03dans un instant
44:04c'est l'heure des pros
44:04et nous aurons
44:06très probablement
44:07la prise de parole
44:09de Benjamin Netanyahou
44:10donc dans le contexte
44:11qu'on connaît
44:12à savoir cet ultimatum
44:14qui a été posé
44:15par Donald Trump
44:16au Hamas
44:17il leur reste quelques heures
44:19avant d'accepter
44:19sinon ce sera
44:21c'était l'expression d'hier
44:22c'était la paix ou l'enfer
44:24disait Donald Trump
44:25restez avec nous
44:26et on a senti
44:27un petit peu
44:28à la fin
44:29de la paix ou l'enferme
44:29de la paix ou l'enferme
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