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  • il y a 3 semaines
Ce vendredi 12 septembre, Christopher Dembik a reçu Anthony Morlet-Lavidalie, économiste chez Rexecode. Ils se sont intéressés au Trésor américain qui a fait un rachat de dette de 10 milliards de dollars sur les trois dernières semaines, dans l'émission Tout pour investir, la masterclass, sur BFM Business. Retrouvez l'émission tous les vendredis à 11h.

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Transcription
00:00Tout pour investir, la masterclass, les signaux faibles.
00:08Mais avant d'entrer dans le détail, on va d'abord s'intéresser à quelques indicateurs
00:11qui ont été extrêmement importants au cours des derniers jours
00:14et finalement qui sont passés complètement inaperçus.
00:17Et je vous le donne en mille, c'est d'abord 10 milliards de dollars.
00:2010 milliards de dollars c'est quoi ?
00:21C'est tout simplement le montant qui a été racheté par le Trésor américain
00:25sur les trois dernières semaines.
00:26Alors c'est un montant qui est extrêmement important pour essayer de passer dans le cadre actuel.
00:31On le voit, on a une tendance à la hausse sur les coûts d'emprunt.
00:34On en parle bien sûr pour la France, le fait que la France a des difficultés
00:37à emprunter sur les marchés, en tout cas des taux qui sont relativement bas.
00:40C'est un phénomène qui concerne tous les pays.
00:42On va aussi bien pour les Etats-Unis ou encore le Japon.
00:46Le Royaume-Uni est également dans la même situation.
00:49Et qu'est-ce qui se passe ?
00:50C'est qu'on constate finalement qu'on a les autorités,
00:52que ce soit les banques centrales, dans le cas américain, notamment le Trésor,
00:57les cavalants du ministère des Finances,
00:58qui interviennent directement sur le marché pour acheter leurs propres dettes.
01:02Alors officiellement, l'idée derrière cela, c'est tout simplement de dire
01:05qu'on va essayer d'apporter de la liquidité au marché.
01:08Et quand on dit cela, ça veut dire qu'on va essayer que ça fonctionne plutôt bien,
01:11qu'il n'y ait pas d'à-coups, qu'il y ait suffisamment d'offres et de demandes.
01:14Mais dans les faits, on peut quand même s'interroger pour savoir
01:17si ce type de mesures, qui sont de plus en plus fréquentes,
01:19on l'a vu notamment au cours du printemps, n'ont pas vocation à limiter
01:23d'une certaine manière les coûts d'emprunt sur le marché obligataire.
01:27Et tout simplement, est-ce qu'on ne pourrait pas parler de nationalisation
01:30du marché de la dette, notamment dans les pays développés ?
01:33Ce qui ferait que finalement, un centre d'été, ce n'est pas vraiment un problème.
01:37On va en discuter avec mon invité, qui est en visioconférence,
01:41Anthony Morley-Lavidali, qui nous rejoint de Rexecode.
01:44Et notamment, on va essayer de voir ensemble,
01:46bonjour Anthony, on va essayer de voir ensemble quel est l'impact
01:49sur du moyen-long terme qu'on peut attendre.
01:51Alors, vous l'avez vu, on a eu la réunion de la Banque Centrale Européenne hier,
01:55avec potentiellement une porte ouverte à nouvelle baisse des taux,
01:58on pourra y revenir.
01:59Mais j'aimerais voir d'abord votre sentiment sur le fait qu'on a finalement
02:02ces banques centrales, le Trésor américain, qui intervient sur le marché.
02:06Et est-ce que, selon vous, c'est juste pour apporter des mesures de liquidité,
02:09ou finalement, on est dans une situation qu'on appelle en économie
02:12un peu de domination budgétaire, à savoir finalement, les banques centrales,
02:16dans tous les cas, jouent le rôle de pompiers
02:18quand on est à des niveaux d'endettement public extrêmement élevés ?
02:22Je crois que vous avez raison, c'est-à-dire qu'on a toujours
02:24des banques centrales qui continuent d'être présentes,
02:28et même si elles ont mis fin au quantitative easing,
02:31et qu'elles ont commencé à se désengager
02:33des tensions de dette souveraines,
02:35elles ne le font que très progressivement.
02:37Dans le cas de la France, on voit que la Banque de France, par exemple,
02:41détient toujours à peu près 20% de la dette française.
02:44C'est un peu moins aux États-Unis,
02:46la Fed en détient une part plus faible,
02:48et ça monte à 30% pour l'Italie en zone euro, par exemple.
02:50Mais effectivement, on sent bien que c'est très difficile
02:53pour les banques centrales de relâcher davantage
02:55de dette sur le marché, en tout cas de ne pas reconduire,
02:58de racheter de la dette une fois qu'elle arrive à échéance.
03:01Et au fond, on se dit, si vraiment on avait de nouveau
03:04des tensions très fortes sur les dettes publiques,
03:07on a toujours la Banque centrale qui,
03:10de part sa politique non conventionnelle,
03:12est capable d'intervenir précisément à piser les tensions,
03:15surtout qu'on a une BCE qui a montré
03:17qu'elle pouvait même modifier sa clé de répartition
03:20à acheter plus d'un pays ou d'un autre.
03:23Donc on a quand même le sentiment qu'elles sont toujours derrière,
03:26et elles surveillent de très près les marchés.
03:28On l'a bien sur la pièce française, par exemple,
03:30avec la garde qui nous dit qu'elles surveillent
03:32les spread de toute la France, qui n'est quand même pas habituelle,
03:34mais donc ça montre bien qu'elles sont vigilantes
03:36aux risques et de liquidités,
03:39mais même plus largement de solvabilité
03:40ou de soutenir la dette sur le long terme.
03:43Et finalement, quand on regarde,
03:44et justement vous mentionnez,
03:45parce que Christine Lagarde a été aussi attentive
03:47lorsque le gouvernement barouin a été censuré,
03:50on avait dans la foulée automatiquement
03:52eu une détention sur le marché obligataire,
03:55mais finalement on s'était rendu compte
03:56que la BCE était intervenue,
03:58notamment au mois de décembre et au mois de janvier,
04:00ce qui avait un peu permis de limiter les tensions.
04:01D'une certaine manière, finalement,
04:03on a un peu l'impression que le niveau de dette publique
04:06est bien sûr négatif à un certain stade,
04:08parce que bien sûr vous avez moins de capacités
04:09à investir où vous le souhaitez,
04:11parce que ça peut créer aussi des entreprises zombies,
04:13on a toutes ces thématiques
04:14qui sont finalement bien identifiées,
04:16mais fondamentalement,
04:18est-ce que justement le psychodrame français
04:19qu'on a un peu autour de la dette,
04:22qui est abordé de différentes manières d'ailleurs
04:23en fonction des parties,
04:24est-ce que finalement ça fait sens ?
04:26Parce que moi j'ai le sentiment,
04:26quand je discute avec notamment des responsables politiques,
04:29tous bords confondus,
04:30ils ont bien compris qu'il y avait la BCE
04:32qui veillait au grain.
04:33Donc finalement, il y a un aléa moral qui est créé
04:36et ça désincite la nécessité
04:38de faire de la baisse des dépenses publiques
04:41et de renouer avec une trajectoire budgétaire
04:42qui soit un peu crédible.
04:43Est-ce qu'on est dans cette situation
04:45où finalement vous pensez qu'on va renouer
04:47avec des banques centrales
04:48qui sont un peu plus en retrait ?
04:50Je pense que vous avez raison,
04:51c'est-à-dire que finalement,
04:53la banque centrale et la BCE monétaire,
04:55c'est un peu comme l'euro.
04:56Ça nous a permis d'être plus confortables
05:00sur nos trajectoires de défis publics
05:02parce qu'on mutualise en quelque sorte le risque.
05:05Mais quand on s'appelle la France,
05:07malheureusement, ça signifie qu'on fait moins d'efforts.
05:08On ne parvient pas à rester dans les clous
05:11des règles qui sont fixées
05:12puisque ça nous laisse des largesses
05:14en quelque sorte pour être moins regardants.
05:17On prend même des limites à cela,
05:18mais il est vrai que la banque centrale européenne
05:20et même la FED et les grandes banques centrales occidentales
05:23ont montré sur le passé récent
05:24qu'elle ne laissait pas déraper les situations
05:27et qu'elle parvenait à justifier souvent
05:29en disant « ça nuit à la transmission
05:31de ma politique monétaire,
05:33donc il est légitime que j'interviens ».
05:35Là où il y a quand même probablement une limite,
05:38c'est qu'on voit bien que la banque centrale
05:39n'est quand même pas engagée
05:41dans un mouvement d'expansion de son bilan
05:43et que si on a des taux d'endettement public
05:46qui continuent de croître
05:48de manière quasiment explosif,
05:50on voit mal quand même
05:51comment la banque centrale,
05:52donc la BCE qui est à la Banque de France,
05:54pourrait absorber l'entièreté
05:56ou l'offre excédentaire
05:58qui sera mise sur le marché par la France.
06:00Donc il y a un moment donné
06:01où quand même ça peut traduire,
06:02semblablement on y est presque.
06:04On a des traîtes de taux
06:05qui sont réellement à ce qu'on observe
06:07avec l'Italie.
06:09On va être dans un moment
06:10d'étranglement progressif.
06:11Pas forcément de crise de la dette
06:13ou de crise sur les taux,
06:15mais plutôt de lente montée
06:17où vraiment on devient
06:18un pays périphérique de la zone euro
06:19avec des taux qui sont quand même
06:20anormalement élevés
06:21pour un pays comme la France.
06:24Juste une petite dernière question.
06:27Permettez-moi d'être peut-être
06:28un peu taquin,
06:29mais finalement ce qui se passe
06:30au Royaume-Uni,
06:31où on a une banque centrale
06:32qui vend en net les actifs,
06:34qui finalement n'intervient pas
06:35sur le marché pour limiter
06:37la très forte hausse
06:38des coûts d'emprunt
06:39de l'État britannique,
06:40est-ce que finalement
06:41la France n'a pas vocation
06:43à un certain stade
06:44à connaître la même situation
06:46que le Royaume-Uni,
06:48avec finalement une BCE
06:49qui peut intervenir
06:50mais qui ne va pas jouer
06:51le rôle de pompier
06:52systématiquement
06:52et qui considérera
06:54que comme les autres États
06:54ont fait le travail,
06:55elle n'a pas vocation
06:57à ce que la France
06:57soit systématiquement
06:58le passager clandestin
06:59de la zone euro.
07:01Donc finalement,
07:01la difficulté budgétaire
07:03que connaît le Royaume-Uni
07:04déjà depuis quelques années,
07:06est-ce que finalement
07:06ce n'est pas ce qui va arriver
07:07dans la France,
07:08peu importe d'ailleurs
07:09le budget 2026
07:10qui sera adopté ?
07:12C'est précisément le risque
07:13parce que quand tous les pays
07:14de la zone euro
07:15vont mal,
07:15un peu comme ce qu'on a connu
07:16lors de la crise
07:17des aides souveraines
07:17en 2011-2012,
07:20il est légitime
07:20pour la BCE
07:21d'intervenir
07:21parce que tout le monde
07:22n'allait pas très bien
07:23donc en relatif,
07:24il n'y a pas un pays
07:25qui sort,
07:26qui apparaissait
07:27comme allant plus mal
07:28que les autres.
07:28Là, la France
07:29elle est vraiment
07:29à contre-courant.
07:30Il y a des efforts
07:31qui sont faits partout
07:32quasiment dans la zone euro
07:33et nous,
07:34on a eu un défi public
07:35qui a continué
07:35de se détériorer
07:36en 2023-2024
07:38et les autres ont fait
07:38des efforts
07:39vraiment très conséquents.
07:41C'est vrai
07:41qu'il serait difficilement
07:42justifiable pour la BCE
07:43d'intervenir sur un pays
07:45en particulier
07:45dont les problèmes
07:46sont quand même
07:47purement domestiques.
07:48Ce n'est pas un choc externe
07:49et ça revient
07:51au gouvernement français
07:52de prendre les mesures
07:53qu'il faut.
07:54Donc il est vrai
07:54que dans une situation
07:55on se dit
07:56est-ce que vraiment
07:57la Banque centrale
07:57serait l'équime
07:58ou trouver un motif
07:59légitime pour intervenir.
08:00Donc au fond,
08:01il est possible
08:01qu'à un moment donné
08:02on se rend compte
08:03que peut-être
08:04que la BCE
08:04n'est pas éternellement
08:05de la Banque centrale
08:06et pas éternellement
08:07de la banque centrale.
08:08Merci beaucoup
08:09Anthony de Rex & Code.
08:11On se retrouvera
08:11j'espère prochainement.
08:12Merci d'avoir accepté
08:13cette première invitation
08:14et pour ces éléments-là.

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