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  • il y a 7 semaines
Mercredi 27 août 2025, retrouvez Ana Boata (Directrice de la recherche, Allianz Trade) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.

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Transcription
00:00Smart Bourse, édition spéciale depuis la REF pour prendre la température du monde économique en cette rentrée un peu chahutée sur le plan de la politique française.
00:19Vous suivez ça comme nous évidemment, mais on va s'éloigner un petit peu de ces enjeux pour prendre la température du commerce mondial.
00:24Après une série de compromis commerciaux signés entre les Etats-Unis et leurs partenaires au cours de l'été et notamment un compromis qui concerne l'Union Européenne.
00:33Pour en parler à mes côtés, Anna Boata qui est directrice de la recherche économique d'Allianz Trade.
00:38Bonjour Anna, merci beaucoup d'être avec nous.
00:42Allianz Trade qui est la filiale d'assurance crédit du grand assureur allemand Allianz.
00:46Vous avez un regard avisé sur les flux commerciaux et ce qui est en train de refaçonner les échanges mondiaux.
00:54Revenons sur cette série de compromis commerciaux, j'ai du mal à dire accord commercial, compromis commerciaux qui mettent fin à une période de guerre commerciale initiée par l'administration Trump.
01:04Ces compromis ont été signés au cours de l'été.
01:08Qu'est-ce que vous en retenez globalement et est-ce que cette série de compromis, on pourra rentrer dans le détail,
01:12permet de faire baisser ce niveau d'incertitude commerciale qui a pénalisé beaucoup d'entreprises et d'acteurs économiques au cours des six premiers mois de l'année, Anna ?
01:21Oui, on peut dire qu'on a évité le pire. Effectivement, quand on pense à l'Union européenne, on est passé de 20% qui était le Liberation Day, le tarif, à peut-être 50% qui était le pire.
01:33Donc là, on est à 15% qui est potentiellement plus que ça.
01:37Donc en fait, effectivement, c'est un scénario qui se rapproche d'un scénario central, mais qui est pire que le scénario central et qui évite une prévision de récession, par exemple pour la zone euro.
01:47Néanmoins, il faut faire attention dans les détails, puisque pour l'instant, l'accord, il est en train d'être signé.
01:53Si on prend, par exemple, l'automobile, certes, c'est un des gagnants, puisqu'il était surtaxé à 25%, mais il l'est encore.
02:01Parce qu'en fait, les 15% de tarifs qui doivent être implémentés sont quand même dépendants de certains tarifs douaniers que l'Union européenne doit enlever sur des produits américains.
02:10Donc, ce n'est pas encore fait. Effectivement, en théorie, on est peut-être plus compétitif que d'autres sur l'automobile, mais on l'est moins par rapport aux Anglais, par exemple.
02:19Eux, ils ont 10%. Donc, c'est vrai que quand on regarde en détail, il y a aussi les sémiconducteurs.
02:24On sait que les sémiconducteurs, pour l'instant, ils sont un petit peu en investigation, mais on sait que l'Union européenne a déjà 15%.
02:30Et on est d'ailleurs forcé par les États-Unis d'importer 40 milliards de dollars de chips, de produits électroniques qui, jusqu'à là, n'étaient pas forcément dans les plans.
02:42Et au-delà de ces 40 milliards, en fait, il faut faire le point sur les engagements de l'Union européenne sur les investissements à venir en provenance ou aux États-Unis.
02:51Donc, on a quand même fait des engagements de 1,4 trillion. Quand on pense aux importations de gaz liquéfiés, quand on pense aux importations d'équipements militaires de la Défense,
03:02quand on pense aux investissements, on additionne tout, on est à 1,4 trillion. Donc, je trouve que la contrepartie est quand même très, très grande.
03:10Certes, c'est d'ici 2028. Donc, reste à voir si tout ça se mettra en œuvre. Mais je pense que c'est quand même un accord qui va nuire à la croissance européenne.
03:19Par rapport à l'antérieur, par rapport à l'existence, c'est forcément moins bien que ce qu'on avait auparavant ?
03:25L'antérieur, juste avant l'accord, on était à 10%. Mais avec des exceptions qui étaient en place, par exemple, la pharma, qui aujourd'hui sera aussi taxée à 15%.
03:33Les sémiconducteurs, on était en fait en dessous de 9%. Mais avant l'administration Trump, on était à 1,5%.
03:39Donc, effectivement, passer de 1,5% à 15% ou plus, parce qu'on sait que les règles peuvent changer.
03:44Si, par exemple, les États-Unis décident d'appliquer des barrières douanières sur des pays avec lesquels on n'a pas un accord commercial,
03:53comme l'Union européenne, les fameuses « most favored nation tarifs », qui aujourd'hui peuvent attendre 30%, 40%, le 15% se transforme en 30%.
04:02Donc, ce n'est pas encore le mot final de cet accord. Certes, pour le moment, on peut dire qu'on a plus de visibilité,
04:11mais ça renchérit forcément les coûts des produits européens qui sont importés aux États-Unis,
04:16en plus, effectivement, de cette appréciation de l'euro qui rend aussi les exportations moins compétitives.
04:24L'euro n'a pas permis d'absorber le choc. On va y revenir, mais sur la valeur juridique de ces accords et de ces engagements,
04:31et c'est une question qui se posera pour tous les compromis commerciaux qui ont été signés par l'administration Trump, j'imagine.
04:36Il y a quelque chose de solide derrière ? Ou quand vous dites que c'est engageant, c'est engageant uniquement tant que l'administration Trump est en place aux États-Unis, Anna ?
04:47Tout accord peut changer du jour au lendemain, et on a vu quand même pendant l'administration Biden que ce que la première administration Trump a fait n'a pas forcément été défait.
04:57Donc, ce sont peut-être des conditions du commerce mondial et du commerce Europe aux États-Unis qui vont rester durables,
05:05mais certes, ces engagements d'investissement sont dépendants de l'administration Trump.
05:09Et en fait, il faut se rappeler que pendant le premier mandat, il y a beaucoup d'entreprises, par exemple, qui se sont engagées, comme cette fois-ci, à peu près 3 trillions,
05:17d'engagement, d'investissement aux États-Unis dans les années à venir.
05:20Et en fait, finalement, ils ne les ont pas faits. Ils ont fait à peu près un tiers.
05:23Il y a eu la pandémie, il y a eu d'autres choses qui ont fait qu'on peut justifier le fait de ne pas avoir investi.
05:29Mais aujourd'hui, par exemple, quand on regarde les tarifs sur la pharma européenne,
05:32en fait, c'est un levier pour obliger les entreprises européennes de la pharma d'investir plus aux États-Unis.
05:38C'est le couteau suisse des tarifs. Ça sert à peu près à tout dans l'esprit et dans la philosophie de l'administration Trump aujourd'hui.
05:45Oui, et un petit peu à tort dans le sens où il n'y a pas de vraie stratégie derrière.
05:51Aujourd'hui, l'Union européenne, c'est le premier marché à l'importation aux États-Unis.
05:55Certes, les dépendances critiques sont plus élevées par rapport à la Chine,
05:58mais en montant, ils importent le plus de l'Union européenne.
06:01Et aujourd'hui, il y a ce 15% un petit peu plafond pour l'instant,
06:05mais c'est un niveau quand même très élevé auquel, encore une fois, se rajoute l'appréciation de l'euro,
06:10qui depuis de l'année, c'est à peu près 10%.
06:12Donc, on peut parler effectivement de 25% de tarifs théoriques, pas effectifs,
06:18parce que les entreprises s'adaptent, on en parlera.
06:21Mais finalement, ce n'est pas parce que l'environnement change
06:24qu'une entreprise elle-même ne s'adapte pas pour se protéger et protéger ses coûts.
06:29Sur le plan macroéconomique, vous le disiez, le choc est quand même significatif,
06:34mais ne va pas amener nos économies européennes en récession.
06:39Malgré l'appréciation de l'euro, plus les nouvelles barrières douanières,
06:43ça reste, alors comment vous le voyez, un choc de demande pour nos entreprises exportatrices,
06:48c'est comme ça qu'il faut le voir essentiellement, Anna,
06:50et ça reste un choc absorbable, y compris pour des secteurs
06:54qui sont peut-être les plus en ligne, sur le front, sur cette question tarifaire ?
06:59Je pense qu'en net, effectivement, c'est une perte qui est absorbable,
07:03puisqu'elle est chiffrée aujourd'hui à un petit peu plus que 50 milliards,
07:07qui est à peu près 0,3 point de croissance pour l'Europe.
07:10Donc, ce n'est pas rien, mais c'est absorbable.
07:13Après, effectivement, l'appréciation de l'euro peut rajouter 0,2 point,
07:17donc on arrive à ce demi-point de croissance.
07:20Mais après, il faut aussi regarder l'environnement dans son ensemble.
07:23C'est vrai que c'est un choc de demande,
07:25mais en attendant, les États-Unis implémentent aussi des mesures budgétaires
07:29qui soutiennent certains secteurs.
07:31Si on se rappelle le Big Beautiful Bill,
07:34dans ce bill, en fait, il y a des mesures qui peuvent soutenir les secteurs européens,
07:38tels que machine-outils, les robotiques, l'automotive dans une certaine mesure.
07:43Donc, il y a quand même des secteurs qui peuvent bénéficier d'une demande additionnelle des États-Unis,
07:47malgré les tarifs, puisqu'en fait, il y a cette...
07:50C'est subvention.
07:53C'est subvention et cette suramortisation à 100% de tous les investissements des États-Unis,
07:57des entreprises aux États-Unis sur les équipements.
08:01Donc, par exemple, ça, ça peut être un secteur gagnant.
08:03Mais dans l'ensemble, effectivement, c'est une perte à l'exportation.
08:07Et ça peut ne pas être une perte sèche si on arrive à diversifier sur d'autres marchés.
08:12Qu'est-ce que ça veut dire, ça, Anna ?
08:13Et vous avez une granularité avec les données d'entreprise que vous accompagnez
08:17dans le monde de l'assurance-crédit.
08:20Qu'est-ce que ça veut dire, se diversifier ?
08:22Enfin, quelles ont été les grandes stratégies déployées par les entreprises mondialisées
08:25pour essayer d'amortir au maximum, et je dirais même peut-être essayer de contourner
08:30ces nouvelles barrières tarifaires sur le marché américain ?
08:34Premièrement, rien que quand on pense au commerce intra-Europe.
08:38Pour annuler ces 50 milliards de pertes, on pourrait augmenter de moins de 1%
08:43les échanges intra-Europe.
08:45Pour ça, ça veut dire faire tomber des barrières intra-européennes ?
08:49Oui, parce qu'en fait, en Europe, on a des barrières non tarifaires
08:52qui sont liées à la bureaucratie.
08:54D'ailleurs, un point important de cet accord entre les États-Unis et l'Europe,
08:58au-delà des tarifs, ce sont ces barrières non tarifaires
09:01qui aujourd'hui sont estimées à 20% dans un tarif équivalent, comme on dit.
09:06Et on sait qu'il y a un engagement des deux côtés pour travailler,
09:08pour aligner un peu plus, par exemple, tout ce qui est sanitaire,
09:13tout ce qui peut toucher les exportations d'agriculture.
09:15Donc, il y a quand même des choses qui vont être faites.
09:17Mais certes, en Europe, on a encore des barrières,
09:19malgré l'Union européenne, on a encore des barrières non tarifaires.
09:23Donc ça, c'est une première forme de réponse ? Possible ?
09:25Possible. Après, effectivement, il y a les marchés émergents
09:28qui, aujourd'hui, se portent quand même mieux.
09:30Donc, on a aussi des marchés émergents qui peuvent baisser les taux,
09:32qui peuvent stimuler la demande domestique
09:34et qui peuvent, en conséquence, importer plus.
09:36Donc ça, effectivement, ça peut…
09:38Mais c'est difficile de croire qu'on va y arriver,
09:40entre Europe et marchés émergents, à combler toute cette perte.
09:44Et c'est pour ça que les entreprises, in fine,
09:46elles vont diversifier non seulement le marché,
09:49elles vont essayer de diversifier les marchés à l'exportation,
09:52mais aussi les fournisseurs,
09:54puisque c'est quelque chose qu'ils ont déjà commencé à faire depuis 2017.
09:58Et en fait, pendant ces années,
10:00ils ont déjà diversifié les routes de commerce
10:02et on sait qu'il y avait un poids quand même très important
10:05des pays de l'Asie du Sud-Est ou de l'Inde.
10:08Bon, moins aujourd'hui,
10:10parce qu'en Inde, elle est surtaxée à 50%,
10:12mais les pays de l'Asie du Sud-Est
10:15ont repris de terrain pour ce reroutage.
10:18Par exemple, nous, on regarde un petit peu chaque mois
10:20combien les entreprises américaines
10:22arrivent à faire du reroutage.
10:24On était à 30% en avril et mai.
10:27Aujourd'hui, en juin, juillet, on arrive à 60%.
10:29Donc, c'est pour ça qu'in fine, pour l'instant,
10:32les impacts sont limités,
10:33puisque ce n'est pas parce qu'on a un tarif théorique
10:37qui devrait être implémenté qu'il est en effet appliqué.
10:40Parce qu'il y a beaucoup d'entreprises
10:41qui, du coup, essayent de contourner ces tarifs.
10:44Et aussi, il ne faut pas oublier,
10:45c'est quand même lourd à la douane.
10:47Les procédures sont longues,
10:49l'application des tarifs est quand même lourde.
10:53Et on sait que, d'ailleurs, l'administration 30
10:55travaille pour améliorer ces systèmes à la douane.
10:57On va rendre la situation un peu plus fluide de ce point de vue-là.
11:00Mais ce que vous décrivez, Anna,
11:01finalement, ça ne veut pas dire forcément
11:02moins de commerce, moins d'échanges,
11:05mais une manière différente
11:06et des routes commerciales différentes, c'est ça ?
11:09Oui, ce sont des routes commerciales
11:10qui commencent à se développer.
11:12Et en fait, on a regardé
11:13ce qu'on peut appeler les nouveaux champions
11:15des routes commerciales.
11:17Parce qu'en fait, in fine,
11:18il y a des pays émergents qui ont la main-d'oeuvre,
11:20qui ont un coût de travail attractif,
11:23qui ont quand même une monnaie
11:24qui est relativement stable,
11:26voire qui se déprécie,
11:27donc qui donne de la compétitivité,
11:28qui ont aussi des accès sur des ports,
11:31des ports qui, aujourd'hui, se développent,
11:33puisqu'il y a de plus en plus d'investissements
11:35pour augmenter les capacités portuaires
11:37et qui ont une base manufacturière.
11:39Alors, on parle de qui,
11:40de ces nouveaux champions du commerce mondial ?
11:42Du coup, l'Asie du Sud-Est,
11:43mais aussi les Émirats arabes unis,
11:45l'Arabie saudite,
11:46en Europe, la Pologne,
11:48la Hongrie, la Roumanie.
11:49Donc, il y a quand même le Maroc,
11:50si on parle un petit peu de l'Afrique du Nord.
11:53Donc, il y a quand même une vingtaine de pays
11:55qui, aujourd'hui, se développent dans ce sens-là.
11:57Et en fait, si on suit
11:59et que les flux s'accélèrent,
12:01on peut même imaginer
12:02que dans cinq ans,
12:03ces pays vont absorber 25 % du commerce mondial.
12:06Puisqu'en fait, on sait que les entreprises
12:08vont vouloir dérisquer.
12:10Elles ne vont pas rester les bras croisés
12:12et être exposées à la Chine.
12:14Elles vont diversifier.
12:15Elles ne vont pas forcément relocaliser
12:17parce qu'on connaît tous des problèmes
12:19du coût de travail,
12:21du coût de l'énergie.
12:22Mais elles vont diversifier
12:23et vont encourager le développement
12:25de ces nouvelles routes commerciales.
12:27Du point de vue américain
12:28et de l'économie américaine,
12:30quels sont les impacts déjà visibles
12:34de cette nouvelle grille tarifaire
12:36et quels sont les impacts
12:37qu'on peut encore anticiper ?
12:39Évidemment, dès que les tarifs
12:41ont été préannoncés,
12:42même durant la campagne de Donald Trump,
12:44tous les économistes nous ont alertés
12:45sur l'effet inflationniste des tarifs.
12:47L'effet inflationniste,
12:49le gros de l'effet inflationniste,
12:50c'est encore à venir.
12:51Il y a une forme de diffusion lente,
12:52j'appelle ça le poison lent des tarifs.
12:54Une diffusion peut-être beaucoup plus lente
12:56que ce qu'on imaginait
12:57à travers les chaînes de valeur
12:58qui va prendre plus de temps.
13:00Est-ce que ça permet quand même
13:00d'atténuer à l'arrivée
13:02le choc inflationniste, Anna ?
13:04Je pense qu'effectivement,
13:06on oublie souvent quand il y a un choc
13:08que les entreprises sont en première ligne.
13:11Donc elles savent gérer des chocs.
13:13Elles ont parcouru quand même
13:14beaucoup d'épisodes de crise
13:16depuis la Covid.
13:17Et en fait, il y a eu beaucoup de préparatifs
13:19puisqu'on savait que les tarifs vont arriver.
13:21On n'imaginait pas en avril
13:23qu'ils vont être à deux chiffres.
13:25On imaginait plutôt un niveau à 6%.
13:26Aujourd'hui, en moyenne,
13:28on devrait être à 16, 16 ou 17.
13:30Donc certes, on savait qu'il y aura quelque chose.
13:33Donc on s'est préparé.
13:34Et donc il y a eu ces importations
13:35de précautions aux États-Unis
13:37qui d'ailleurs ont stimulé le commerce
13:39et les exportations européennes
13:40au premier trimestre,
13:42mais qui nous ont fait gagner
13:43à environ un trimestre.
13:44Aujourd'hui, quand on regarde
13:45les derniers chiffres d'importations
13:47aux États-Unis,
13:48ils ont commencé à importer
13:49moins que la consommation.
13:50Donc ça veut dire qu'ils commencent déjà
13:52à piocher dans leur réserve
13:54de ces stocks de précautions.
13:55Et c'est ce qui nous a fait gagner du temps.
13:57Je pense qu'on a encore du temps
13:58avant qu'ils doivent importer
14:00à des niveaux plus élevés tarifaires.
14:03Et on le voit d'ailleurs,
14:04puisqu'ils ne se sont pas dépêchés
14:05et ils se sont préparés en amont,
14:07aujourd'hui, le tarif effectif calculé,
14:09il est à 9%.
14:10Il n'est pas du tout à 16 ou 17.
14:12Donc on a, comme tu dis,
14:13encore du temps
14:14avant de voir les tarifs augmenter.
14:16Et d'ailleurs, même le consommateur américain
14:18lui-même s'est préparé.
14:20Puisque quand on regarde un peu la consommation,
14:22on s'est dit,
14:22bon, il y aura peut-être un effet
14:24un petit peu accélération pour se préparer.
14:27Ils l'ont fait au mois d'avril.
14:28Maintenant, ça commence à se calmer.
14:30Et c'est pour ça que le premier impact,
14:32c'est effectivement une économie américaine
14:34qui ralentit.
14:36Donc à la place d'augmenter à 2%,
14:38qui est un peu la croissance potentielle au-dessus,
14:40on est plutôt à 1,5.
14:42Et certes, ce qui va venir à l'avenir,
14:44c'est surtout, ce qui est clé de mon point de vue,
14:46l'implémentation de ce stimulus budgétaire.
14:49Puisqu'il faut se rappeler 2022,
14:51il ne faut pas oublier 2022.
14:52Aujourd'hui, on dit que c'est un choc de prix
14:53qui est temporaire.
14:54Et ce n'est pas un choc inflationniste.
14:56Certes, mais si les entreprises
14:58vont de plus en plus commencer
15:00à faire passer ces hausses de tarifs
15:02et de prix entrant aux consommateurs,
15:05puisqu'ils se disent,
15:06de toute façon, il y a quelqu'un
15:07qui est l'État qui va compenser
15:09pour faire résister ce pouvoir d'achat,
15:11si là, on peut avoir un choc inflationniste.
15:14Et nous, on a une prévision
15:15qui atteint un pic de 3,4 % en novembre
15:20et qui va rester aux alentours de 3
15:22pour quelques mois avant de ralentir.
15:25Puisque pour l'instant,
15:26il y a cet effet budgétaire
15:28qu'on a eu jusqu'à maintenant
15:29qui fausse la donnée finalement.
15:32Situation inconfortable, j'imagine,
15:34pour une banque centrale
15:34comme la Réserve fédérale américaine
15:36avec en plus un degré de politisation
15:38ou une tentative de politisation
15:40assez agressive de la part
15:42de l'administration Trump.
15:43Ça veut dire quoi en termes
15:44de marge de manœuvre ?
15:45Oui, on peut imaginer
15:47que la banque centrale américaine
15:49ajuste le réglage de sa politique monétaire
15:53qui est encore jugée modérément restrictive.
15:55Mais ça ne peut pas aller
15:56beaucoup plus loin, Anna ?
15:58C'est effectivement la nouveauté de la rentrée.
16:01C'est ce discours de Powell
16:03qui dit qu'ils envisageraient peut-être
16:06de faire baisser les taux en septembre.
16:07Nous, on avait une baisse en décembre
16:09puisqu'on attendait que le pic d'inflation
16:10soit derrière nous.
16:12Certes, ils sont un petit peu sous pression,
16:14mais je pense qu'au-delà de la pression politique
16:16parce qu'ils veulent garder leur indépendance
16:18et d'ailleurs c'est critique pour le dollar,
16:19pour la confiance,
16:21il y a effectivement cet aspect
16:24de marché de travail qui se détériore.
16:26Mais à mon avis, pas si fort
16:29pour justifier une baisse des taux dès septembre.
16:32Donc ça, c'est un petit peu le dilemme
16:34parce que quand on regarde le choc de prix,
16:36on sait, on le dit, ils le disent,
16:38que c'est à venir.
16:40Et le marché de travail,
16:40il n'est pour l'instant probablement
16:42pas encore au niveau où ça demande une baisse de taux.
16:47Et en plus, le choc inflationniste
16:49n'est pas seulement tarifaire,
16:50il est aussi dû à la pénurie de main-d'oeuvre.
16:53Donc on commence de plus en plus à le voir.
16:54L'immigration s'est arrêtée là aux Etats-Unis.
16:57Les flux se sont arrêtés quand même.
17:00Les flux se sont arrêtés
17:01et en plus, il y a aussi un problème de stock
17:03puisque certains sont renvoyés.
17:05Donc clairement, on aura de plus en plus de données
17:08qui vont montrer qu'il y a plus de pression sur les salaires.
17:10Et donc dans ce contexte-là,
17:12oui, est-ce que ce sera une erreur de politique monétaire ?
17:15Nous, on avait un taux terminal,
17:17comme on dit, terminal rate en fin 2026,
17:20de 3,5%.
17:21Donc je pense qu'il est encore probable.
17:25Comment on y arrive ?
17:26C'est un petit peu la question.
17:28Surtout que, bon,
17:29on comptait sur les Etats-Unis
17:31pour justement avoir un différentiel de taux
17:33avec l'Europe
17:34qui puisse faire apprécier un petit peu plus de dollars.
17:38Aujourd'hui, on voit que ça ne va pas dans ce sens-là.
17:41et clairement, les jeux politiques derrière la fête
17:44sont très importants
17:45et c'est loin d'être fini.
17:48Et clairement, c'est un risque majeur
17:51sur la confiance
17:52et sur ces sorties de capitaux
17:53qu'on a pu voir au mois de mai,
17:56par exemple, aux Etats-Unis.
17:57Du risque commercial au risque pesant
18:00sur l'indépendance des banques centrales
18:01et de la réserve fédérale américaine en premier lieu.
18:03Merci beaucoup, Anna.
18:04Merci d'être passée par le stand de Bsmart for Change
18:06à l'occasion de la REF édition spéciale
18:09pour la grille de Bsmart.
18:11Aujourd'hui et demain,
18:12ravi de vous retrouver dans Smart Bourse.
18:14Anna Boata, directrice de la recherche d'Allianz Thread
18:16et je le rappelle également,
18:17membre du think tank BSI Economics.
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