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  • il y a 2 jours
Vendredi 5 septembre 2025, retrouvez Nikolay Marinov (Gérant et analyste financier, Clartan) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.

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Transcription
00:00Pour ce dernier quart d'heure de SmartBourse, on file sur le tunnel sous la manche,
00:15par contre je vais y arriver, on est en compagnie de Nikolai Marinov.
00:18Bonsoir Nikolai.
00:19Bonsoir.
00:20Vous êtes gérant chez Clartan et avec vous on va s'intéresser au cas Getlink, ça s'appelait
00:26auparavant Eurotunnel, alors ça c'est pour les anciens actionnaires.
00:30Qui ont été souvent déçus par ce parcours.
00:32Qu'en est-il aujourd'hui ? On va d'abord s'intéresser justement à la société, l'entreprise.
00:38Est-ce que vous pouvez nous décrire ces activités en particulier ?
00:41Oui, donc le cœur du métier de Getlink c'est l'exploitation de tunnels sous la manche, inauguré
00:49en 1994, mais la société elle-même a coûté en bourse depuis 1987 afin d'apporter les
00:57capitaux nécessaires aux travaux de construction.
01:01Effectivement, Eurotunnel est un mauvais souvenir pour les épargnants en France puisque les
01:07premiers apporteurs du capitaux ont perdu énormément car les coûts de construction se sont avérés
01:13beaucoup plus élevés que le budget.
01:15Et puis, le trafic n'était pas également à la hauteur des attentes.
01:20Oui, on était très jeunes évidemment à l'époque, peut-être pas nés encore, mais
01:23c'est vrai qu'il y a eu un extraordinaire engouement.
01:26Les gens s'étaient précipités parce que c'était quand même un des grands ouvrages,
01:29en tout cas de la fin du XXe siècle.
01:31Et c'est vrai qu'il y a eu une déception parce que comme vous l'avez dit, les coûts
01:35souvent dans ces grands travaux avaient complètement dérapé.
01:37il a fallu recapitaliser et à ce moment-là, effectivement, il y avait une dilution des
01:42petits porteurs, des actionnaires de la première heure.
01:45Oui, en effet, la dernière récapitalisation et restructuration de la dette date de 2007.
01:53Donc depuis, la société a allégé son bilan et puis la visibilité sur les revenus est
01:59beaucoup plus agrandie.
02:02Oui, on a une prime de risque aujourd'hui qui est bien inférieure à ce que c'était
02:07au début du siècle.
02:09Donc aujourd'hui, la moitié du chiffre d'affaires est générée par l'exploitation
02:14d'une navette ferroviaire pour transporter des camions.
02:19C'est un quart du fret entre l'Europe et le Réunion passe par le tunnel et puis
02:25également de deux voitures.
02:27Un quart des revenus, c'est les redevances qui sont versées par Eurostar pour les passagers
02:36de la ligne Paris-Londres.
02:41Et depuis trois ans, le changement dans le groupe, c'est qu'ils ont également inauguré
02:47un câble d'interconnexion électrique qui permet d'échanger d'électricité entre
02:53la France et l'Albion et donc ils perçoivent des redevances.
02:57Donc c'est le troisième câble d'interconnexion entre la France et le Royaume.
03:04Donc ceci représente entre 15 et 40 % des profits selon les années.
03:09D'accord, c'est énorme effectivement.
03:10Et quand on parlait d'Eurotunnel, c'est vrai qu'à l'occasion, je ne sais pas si c'était
03:13en 2007 ou un petit peu après, c'est là où finalement la nouvelle marque est apparue,
03:17Gatling, qui a fait, comme souvent, on fait passer une ancienne, des mauvais souvenirs,
03:23on efface l'ardoise et puis on donne un nouveau nom et on espère une nouvelle histoire boursière.
03:29Alors c'est vrai que ça a plutôt bien fonctionné, en tout cas ça continue à être un succès commercial.
03:35Si on regarde justement depuis le Brexit, Nicolas, qu'est-ce qui s'est passé ?
03:40Est-ce que ça a changé la donne, le fait que les Anglais ou le Royaume-Uni se séparent
03:45définitivement de l'Union européenne ?
03:48Oui, en effet, le Brexit a constitué un bouleversement pour le groupe,
03:52puisque c'était la fin du libre-échange entre l'Europe et le Royaume-Uni.
03:59Et donc, par conséquent, le groupe a dû s'adapter, notamment en permettant aux clients
04:09de numériser leurs formalités de passage.
04:13Donc cela a été un facteur d'augmentation des coûts, puisqu'il y a des formalités
04:18et des contrôles qu'il faut respecter, notamment pour les poids lourds,
04:22mais également pour les passagers dans les voitures.
04:27Et surtout, l'effet, c'est la baisse du trafic, puisque le pic du trafic a eu lieu en 2018,
04:34donc depuis non seulement le Brexit en 2021, mais aussi le Covid.
04:38Et donc, nous sommes encore très en deçà du pic pour les camions,
04:42nous sommes à 25% en dessous, pour les voitures c'est 15%.
04:46On est aujourd'hui à un peu plus de 2 millions de voitures et plus d'un million de camions.
04:53Et nous considérons que, logiquement, dans l'avenir,
04:58les échanges économiques devraient plutôt être facilités.
05:03Et donc, le Brexit, c'est plutôt le passé.
05:06D'accord. Donc, si je résume, ça veut dire que ce Brexit a mis un coup d'arrêt
05:10ou du moins a compliqué le passage entre le Royaume-Uni et le continent,
05:14mais qu'on a bon espoir que ça s'améliore et que ça se fluidifie,
05:19même si, effectivement, je le dis pour ceux qui veulent aller en Angleterre,
05:22désormais, il faut un visa de nouveau, il faut acheter un visa à 16 pounds.
05:27Ce n'est pas donné.
05:28Pourquoi c'est un bon placement aujourd'hui ?
05:30Est-ce qu'on revient sur Getlink ?
05:31Pour ceux qui ont oublié la parenthèse de Rothschild,
05:34ou peut-être, on l'espère, on n'a jamais investi dedans.
05:36Est-ce que Getlink, c'est un bon placement aujourd'hui ?
05:39Oui, nous considérons qu'il y a quatre raisons principales.
05:43D'abord, c'est une infrastructure qui présente énormément d'avantages
05:49par rapport à leurs concurrents, qui sont les ferries,
05:53notamment sur le détroit du Pas-de-Calais,
05:55donc c'est beaucoup plus rapide, il y a plus de fréquences,
05:59et par conséquent, ils ont un pouvoir de prix qui est supérieur,
06:04et qui devrait s'améliorer prochainement,
06:08puisque leurs concurrents, c'est-à-dire les bateaux,
06:11font objet de plus de contrôle sur le respect des minimas sociaux de leurs salariés.
06:18En plus, ils doivent investir dans la décarbonation de leur flotte,
06:24et par conséquent, Getlink devrait augmenter sa part de marché,
06:28ce qui est le cas déjà en 2025.
06:30Ensuite, le cadre réglementaire est assez favorable,
06:38puisque leur concession expire en 2046,
06:41c'est-à-dire 100 ans après la cotation.
06:46Donc il y a une grande visibilité sur le cadre,
06:48et le cadre est d'ailleurs dirigé par un traité entre la France et le Royaume-Uni.
06:53Et ensuite, le catalyseur que nous considérons à court et moyen terme,
07:03c'est surtout l'augmentation du nombre de passagers
07:06entre Londres et le continent,
07:10notamment dans les 30 grandes vitesses,
07:12puisque la demande aujourd'hui est très supérieure à l'offre.
07:17C'est l'Eurostar toujours qui est l'unique utilisateur,
07:21ou il pourrait y avoir de la concurrence demain ?
07:22Oui, aujourd'hui, l'Eurostar est l'unique opérateur.
07:27Et ils s'apprêtent,
07:29et donc ils ont passé une commande de 50 nouveaux trains
07:31pour la ligne Paris-Londres,
07:34mais également pour relier Londres à d'autres villes
07:37comme Francfort, Genève ou Amsterdam.
07:40Et bientôt, nous aurons également d'autres opérateurs
07:43qui intégreront cette ligne,
07:46notamment Train Italia, Virgin déclarés.
07:52Il y a aussi des startups.
07:54En plus de cela,
07:55les gares comme Saint-Pancras et Paris-Nord
08:00sont en train d'augmenter leurs capacités d'accueil.
08:02Donc l'écosystème se met en place
08:04pour accueillir plus de passagers.
08:07Et aujourd'hui, nous sommes sur 11 millions de passagers par an.
08:11Et à moyen terme, nous devrons s'approcher des 20 millions.
08:18Et cela devrait contribuer
08:20à autour de 200 millions d'euros de plus
08:23de chiffre d'affaires pour le groupe,
08:25sachant que les coûts marginaux pour Getlink
08:27associés à ce chiffre d'affaires
08:30sont assez faibles.
08:31Donc c'est quasiment de pur profit.
08:33Voilà, qu'il y ait finalement 50 ou 100 trains qui passent.
08:35Bon, il y aura un petit peu plus d'entretien.
08:36Mais voilà, l'environnement est déjà là.
08:40Il faut préciser, excusez-moi Nicolas,
08:42que c'est vrai que c'est une clientèle essentiellement business
08:45quand on va dans les Eurostars.
08:46Évidemment, on peut s'en servir en tant que particulier.
08:49Mais c'est surtout, ils font beaucoup de marge
08:51sur cette fréquentation des businessmen
08:55finalement entre Paris et Londres
08:56et même demain à Francfort ou Genève.
08:58Puisqu'en plus, on sait qu'avec la RSE,
09:00c'est de plus en plus important d'éviter l'avion
09:01et de prendre peut-être le ferroviaire.
09:03Oui, en effet.
09:04D'ailleurs, le ferroviaire est aujourd'hui très dominant
09:08notamment sur Paris-Londres
09:09puisque c'est presque 80% du volume de passagers.
09:15Et finalement, un dernier catalyseur,
09:18c'est l'octroi par les deux régulateurs électriques
09:22de la France et du Royaume-Uni
09:24pour la construction d'un quatrième câble d'interconnexion
09:28qui devrait également être déployé dans le tunnel.
09:34Mais c'est plutôt une construction
09:37qui va durer plusieurs années.
09:39Donc, c'est plutôt des flux
09:42qui vont être générés plus tard.
09:45D'accord.
09:46Donc, Getlink,
09:48est-ce que vous avez un objectif
09:51ou un horizon
09:51au niveau du montant du cours ?
09:54Qu'est-ce que ça pourrait atteindre ?
09:56Ou des prévisions de bénéfices ?
09:57Oui, nous considérons que
09:59serait-ce que sur l'expansion
10:02du nombre de passagers
10:03d'ici 10 ans,
10:08cela devrait apporter
10:093 euros au cours de bourse
10:12de plus.
10:14Donc, nous avons un objectif
10:16d'entre 19 et 20 euros
10:18contre 15,5
10:21en comptation actuellement.
10:24Oui.
10:24D'ailleurs, il était tout proche
10:25des 20 euros,
10:26même un petit peu plus
10:27en milieu d'année.
10:28C'est vrai que ça avait bien progressé.
10:29Et puis, il y a eu des mauvaises nouvelles.
10:31Pourquoi ?
10:31Comment on explique
10:32cette baisse du titre
10:34assez soudaine
10:35qui a perdu 15, 20 % ?
10:37Oui, c'est un titre
10:39qui est un opérateur
10:41d'infrastructures.
10:44Le cours de bourse
10:46de ces entreprises
10:47est assez corrélé
10:48au taux d'intérêt.
10:50Donc, à ce moment,
10:52il y a des tensions
10:53sur les taux d'intérêt
10:54long terme,
10:56notamment les taux souverains.
10:57Et le cours en a été pénalisé.
11:02Nous considérons
11:03que leur cadre juridique
11:06étant très stable
11:07avec la forte visibilité,
11:10les fondamentaux
11:11devraient contribuer
11:13à ce que le cours
11:15se révalorise.
11:17D'accord.
11:17Voilà une bonne nouvelle.
11:18En tout cas,
11:18ça donne envie
11:19avec vous,
11:21Nicolas et Marinoff,
11:22pourquoi pas
11:23d'investir sur Getlink
11:24et en tout cas
11:25de repartir du côté
11:26du Réunion de milieu,
11:27reprendre pourquoi pas
11:28l'Eurostar.
11:29Merci Nicolas.
11:30Je rappelle que vous êtes
11:31gérant chez Clartan.
11:33Merci pour cette analyse.
11:34Smart Bourse,
11:36cette édition touche
11:37à sa fin.
11:38On se retrouve
11:38dès lundi
11:40à 17h en direct
11:40pour une nouvelle
11:42semaine boursière,
11:44semaine à haut risque
11:44avec peut-être
11:46la chute du gouvernement
11:47en Bérou.
11:47On étudiera évidemment
11:48ce qui se passe,
11:49non du côté politique
11:50mais du côté économique.
11:51En attendant,
11:52vous souhaitez
11:52un excellent week-end.
11:54N'hésitez pas
11:54à nous réécouter
11:55en podcast
11:56ou à regarder
11:56en replay
11:57sur YouTube.
11:58N'hésitez pas à commenter
11:59ou à nous donner
12:00une note.
12:01et on vous dit
12:02un très bon week-end
12:04et à la semaine prochaine.
12:05Bonne soirée à tous.
12:05Sous-titrage Société Radio-Canada

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