- il y a 4 mois
Conan-livre audio. Suivez les aventures du plus grand barbare de tous les temps !
Si vous souhaitez m'aider à prolonger cette aventure et à améliorer la qualité de ma chaîne, vous pouvez vous rendre sur ma page tipeee : https://fr.tipeee.com/taherl-berolson/ et me laisser un ( petit ) tip. Merci d'avance pour votre contribution !
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AmusantTranscription
00:00:00Le rendez-vous des bandits
00:00:02Ayant quelque peu perdu l'illusion de pouvoir éviter les obstacles surnaturels dans la quête de sa vocation,
00:00:10Conan quitte la Némédie, devenue beaucoup trop dangereuse pour lui, et se remet en route vers le sud.
00:00:15Il parvient en Corinthie, et, dans l'une des petites villes états qui constituent ce pays,
00:00:21s'adonne de nouveau à ses activités de voleur professionnel.
00:00:24Âgé à présent d'environ 19 ans, il est plus endurci et plus expérimenté,
00:00:30sinon plus enclin à une prudence inutile que lors de sa première apparition dans les royaumes méridionaux.
00:00:38L'un s'enfuit, l'autre oxy, le troisième dort dans son lit.
00:00:42Vieille continue.
00:00:45Partie 1
00:00:46La fête battait son plein à la cour.
00:00:49Nabonidus, le prêtre rouge, maître officieux de la cité,
00:00:54toucha courtoisement le bras du jeune aristocrate Murillo.
00:00:58Celui-ci tourna la tête, ses yeux croisèrent le regard du prêtre rouge,
00:01:02et il se demanda quelles pensées secrètes pouvaient bien se cacher dans le regard énigmatique de Nabonidus.
00:01:07Ils n'échangèrent pas un mot,
00:01:09mais Nabonidus se pencha vers Murillo,
00:01:12et lui tendit un petit baril d'or.
00:01:15Le jeune gentilhomme, qui savait que Nabonidus ne faisait rien sans raison,
00:01:20aussitôt qu'il en eut l'occasion,
00:01:21s'excusa et regagna sa chambre en toute hâte.
00:01:24Ayant ouvert le tonnelet, il y trouva une oreille humaine,
00:01:28qu'il put reconnaître à une cicatrice caractéristique.
00:01:31Il se mit à transpirer abondamment et ne douta pas,
00:01:34un seul instant, de ce qu'avait voulu dire le regard du prêtre rouge.
00:01:37Mais malgré ses boucles noires et parfumées, et son élégance de dandy,
00:01:43Murillo n'était pas faible au point de s'offrir aux gourous sans combattre.
00:01:47Il ignorait si Nabonidus se divertissait simplement à ses dépens,
00:01:51ou s'il lui laissait une chance de s'exiler volontairement.
00:01:54Mais le fait qu'il était encore en vie et en liberté,
00:01:57prouvait qu'on lui accordait au moins quelques heures, sans doute pour méditer.
00:01:59Cependant, il n'avait nul besoin de méditer pour prendre son parti.
00:02:06Ce qu'il lui fallait, c'était un instrument.
00:02:09Et cet instrument lui fut fourni par le destin,
00:02:12qui, à l'heure où avec angoisse le jeune gentilhomme réfléchissait
00:02:15dans le quartier occupé par les palais de pourpre, de marbre et d'ivoire de l'aristocratie,
00:02:20travaillait de son côté dans les tripots et les bouges des quartiers misérables.
00:02:26Il était un prêtre d'Anu,
00:02:27dont le temple, érigé à la lisière de la zone des taudis,
00:02:31n'était pas uniquement un lieu de dévotion.
00:02:34Le prêtre, gras et bien nourri,
00:02:36était également receleur d'objets volés et indicateur de police.
00:02:41Ses affaires étaient prospères dans ces deux branches d'activité,
00:02:44car le temple jouxtait le dénal,
00:02:47en chevêtrement bourbeux, de ruelles sinueuses et de coupe-gorge sordides,
00:02:51fréquentés par les plus hardis voleurs du royaume.
00:02:54Hardy parmi tous était un gundeur,
00:02:56déserteur des mercenaires,
00:02:59et un cimérien barbare.
00:03:01Par la faute du prêtre d'Anu,
00:03:03le gundeur fut arrêté et pendu sur la place du marché.
00:03:07Mais le cimérien prit la fuite,
00:03:10ayant appris la trahison du prélat par des voies détournées,
00:03:13pénétra de nuit dans le temple d'Anu
00:03:15et trancha la tête du délateur.
00:03:16Il s'ensuivit un grand reménage dans la ville,
00:03:20mais la recherche du meurtrier s'avère infructueuse,
00:03:23jusqu'au jour où une femme le dénonça aux autorités,
00:03:25et conduisit un capitaine de la garde et son escorte
00:03:28à la chambre cachée où le barbare gisait dans les vapeurs de l'alcool.
00:03:31Se sentant saisi,
00:03:34le cimérien revint à la vie,
00:03:36stupéfait, mais néanmoins féroce.
00:03:38Il éventra le capitaine,
00:03:40se frayant un passage à travers ses assaillants,
00:03:43et serait parvenu à prendre le large,
00:03:44sans le nuage d'alcool qui embuie encore ses esprits.
00:03:47Ahuri et à moitié aveugle,
00:03:49il manqua la porte ouverte,
00:03:51et se précipita tête baissée contre le mur de pierre
00:03:53avec une telle violence qu'il tomba évanoui.
00:03:55Lorsqu'il reprit connaissance,
00:03:58il se trouvait dans le plus obscur cachot de la ville,
00:04:01enchaîné au mur par des fers
00:04:03que même ses muscles de barbare
00:04:04étaient incapables de briser.
00:04:07Dans cette cellule surgit Murilo,
00:04:10masqué et drapé dans un ample manteau noir.
00:04:13Le cimérien le considéra avec intérêt,
00:04:15le prenant pour le bourreau
00:04:16chargé de l'expédier dans l'autre monde.
00:04:20Murilo rajusta ses chaînes
00:04:21et l'examina avec non moins d'intérêt.
00:04:23Malgré la pénombre du cachot
00:04:25et les fers qui entravaient ses membres,
00:04:27la puissance primitive de cet homme était manifeste.
00:04:30Son corps vigoureux et ses muscles massifs
00:04:32alliaient la force de l'ours gris
00:04:34à la rapidité de la panthère.
00:04:37Sous sa crinière noire et éboriffée,
00:04:39ses yeux bleus brillaient d'une insatiable sauvagerie.
00:04:43Cela te dirait-il de vivre,
00:04:44sans qui Murilo ?
00:04:46Le barbare émit un grognement
00:04:48et ses yeux luisirent d'un nouvel intérêt.
00:04:50« Si j'organise ton évasion,
00:04:53me rendras-tu un service ? »
00:04:55demanda l'aristocrate.
00:04:57Le cimérien ne dit mot,
00:04:59mais l'intensité de son regard répondit pour lui.
00:05:01« Je veux que tu tues un homme pour moi. »
00:05:04« Qui ? »
00:05:06La voix de Murilo ne fut plus qu'un murmure.
00:05:07« Nabonidus, le prêtre du roi. »
00:05:12Le cimérien ne montra aucun signe d'étonnement
00:05:14ou de trouble.
00:05:16Il n'avait pas la crainte déférente
00:05:17pour l'autorité que la civilisation inculque aux hommes.
00:05:20Roi ou mendiant,
00:05:21c'était pour lui du pareil au même.
00:05:23Il ne demanda pas non plus à Murilo
00:05:24pourquoi il avait choisi de s'adresser à lui,
00:05:27qu'il anguissait dans un cachot,
00:05:28alors que le coin était rempli
00:05:29de coupes jarrets en liberté.
00:05:31« Quand dois-je m'évader ? »
00:05:33demanda-t-il.
00:05:34« Dans l'heure qui vient. »
00:05:36Il n'y a qu'un seul gardien,
00:05:37la nuit,
00:05:38dans cette partie de la prison.
00:05:40Il peut être soudoyé.
00:05:41Il est déjà soudoyé.
00:05:42« Voici les clés de tes fers.
00:05:45Je vais te les ôter.
00:05:47Et une heure après mon départ,
00:05:48le gardien,
00:05:49Atticus,
00:05:50déverrouillera la porte de ton cachot.
00:05:53Tu le ligoteras avec des bandes d'étoffes
00:05:54arrachées à ta tunique,
00:05:56afin qu'en le trouvant,
00:05:57l'esdorité croie que tu as été secouru de l'extérieur
00:05:59et ne porte pas le soupçon sur lui.
00:06:02Va droit à la maison du prêtre rouge
00:06:03et tue-le.
00:06:05Rends-toi ensuite au tripot du rat.
00:06:07Quelqu'un t'attendra avec une bourse pleine d'or
00:06:08et un cheval,
00:06:09qui te permettront de t'enfuir de la ville
00:06:11et de sortir du pays.
00:06:13« Enlève-moi ces maudites chaînes tout de suite ! »
00:06:15demanda le cimérien.
00:06:16« Et dis au gardien de m'apporter à manger.
00:06:19Par crôme !
00:06:20Je vis d'eau et de pain rassis depuis ce matin
00:06:22et je me sens prêt à les faillir. »
00:06:25« C'est entendu.
00:06:26Mais n'oublie pas.
00:06:27Tu ne dois pas t'évader
00:06:28avant que je n'ai eu le temps de rentrer chez moi. »
00:06:31Libéré de ses chaînes,
00:06:33le barbare se mit debout
00:06:34et énorme dans l'obscurité du cachot
00:06:36et tira ses bras robustes.
00:06:38Murillo eut de nouveau le sentiment
00:06:40que si un seul homme au monde
00:06:42était capable de mener à bien la tâche
00:06:43qu'il avait prémédité,
00:06:45c'était ceci mais rien.
00:06:47Ayant répété ses instructions une dernière fois,
00:06:49il quitta la prison,
00:06:51après avoir prié à Tycus
00:06:52d'apporter au prisonnier
00:06:53une platée de bœuf
00:06:54et de la bière.
00:06:56Il savait qu'il pouvait faire confiance au gardien,
00:06:59non seulement à cause de l'argent
00:07:00qu'il lui avait donné,
00:07:01mais aussi parce qu'il détenait
00:07:02certains renseignements sur son compte.
00:07:03Lorsqu'il regagna sa chambre,
00:07:07Murillo était parfaitement maître
00:07:08de ses appréhensions.
00:07:10Nabonidus frapperait par l'intermédiaire du roi,
00:07:13de cela il était certain.
00:07:15Et puisque l'égard de royaux
00:07:16ne cognait pas à sa porte,
00:07:18il était également certain
00:07:19que le prêtre n'avait encore rien dit au roi.
00:07:21Demain,
00:07:22il lui parlerait sans aucun doute,
00:07:24s'il vivait assez longtemps pour cela.
00:07:27Murillo pensait que le cimérien
00:07:29tiendrait sa parole à son égard.
00:07:31Rester à savoir s'il parviendrait
00:07:32à tuer le prêtre rouge.
00:07:35On avait déjà essayé
00:07:35de tuer Nabonidus,
00:07:37et les coupables avaient connu
00:07:38des morts hideuses et sans nom.
00:07:41Mais ces hommes étaient
00:07:41les produits des villes humaines.
00:07:43Ils n'avaient pas les instincts
00:07:44de loup du barbare.
00:07:46Dès l'instant où Murillo,
00:07:48roulant dans ses mains
00:07:49le tonnel d'or et l'oreille mutilée,
00:07:50avait appris par des voies secrètes
00:07:52la capture du cimérien,
00:07:53il avait entrevu une solution
00:07:54à son problème.
00:07:57Toujours dans sa chambre,
00:07:58il but un verre
00:07:59à la santé de l'homme
00:08:00nommé Conan
00:08:00et de son succès cette nuit-là.
00:08:03Et tandis qu'il buvait,
00:08:05l'un de ses espions
00:08:05lui apporta la nouvelle
00:08:06qu'Athicus avait été arrêté
00:08:07et jeté en prison.
00:08:09Le cimérien ne s'était pas évadé.
00:08:11Le sang de Murillo
00:08:12se figea de nouveau
00:08:13dans ses veines.
00:08:14Il ne pouvait voir
00:08:15dans ce revers de fortune
00:08:16que la main funeste
00:08:17de Nabonidus
00:08:18et sentit grandir en lui
00:08:19l'idée terrifiante,
00:08:21obsédante et surnaturelle
00:08:22que le prêtre rouge
00:08:23n'était pas un humain ordinaire,
00:08:25mais un sorcier
00:08:26qui lisait dans l'esprit
00:08:27de ses victimes
00:08:28et les faisait danser
00:08:29comme des marionnettes
00:08:30en tirant des ficelles.
00:08:32L'accablement
00:08:33fit place au désespoir.
00:08:35Saignant une épée
00:08:36sous son manteau noir,
00:08:38il sortit de chez lui
00:08:38par une porte dérobée
00:08:39et s'engagea
00:08:41à grands pas
00:08:41dans les rues désertes.
00:08:43Minuit sonnait
00:08:44lorsqu'il parvint
00:08:45à la maison
00:08:45de Nabonidus.
00:08:47Sa silhouette estompée
00:08:48longea le mur
00:08:49des jardins,
00:08:50séparant la propriété
00:08:51du prêtre
00:08:51des domaines avoisinants.
00:08:52Le mur,
00:08:54quoique haut,
00:08:55n'était pas infranchissable.
00:08:58Nabonidus
00:08:58ne faisait pas confiance
00:08:59à de simples barrières
00:09:00de pierre.
00:09:02C'était ce qui se trouvait
00:09:03de l'autre côté
00:09:03qu'il fallait redouter.
00:09:05Ce que la seule pouvait être,
00:09:07Murillo ne le savait pas
00:09:08avec précision.
00:09:10Il savait
00:09:10qu'il y avait au moins
00:09:11un énorme chien féroce
00:09:12qui parcourait le jardin
00:09:13et avait une fois
00:09:14mis en pièce
00:09:15un intrus
00:09:16comme des lévriers
00:09:17d'échiquette à un lapin.
00:09:19Murillo n'osait imaginer
00:09:20ce qu'il pouvait y avoir d'autre.
00:09:22Ceux qui avaient eu l'occasion
00:09:23de pénétrer dans la maison
00:09:24par des voies légitimes
00:09:25pour de courtes visites d'affaires
00:09:27en avaient rapporté
00:09:28que Nabonidus
00:09:29vivait dans un cadre luxueux,
00:09:31mais simplement,
00:09:33servi par un nombre
00:09:33étonnamment faible
00:09:34de domestiques.
00:09:36A la vérité,
00:09:37il n'avait fait état
00:09:37que d'un seul serviteur visible,
00:09:40un homme grand
00:09:40et silencieux
00:09:41nommé Joka.
00:09:43Quelqu'un d'autre,
00:09:44un esclave sans doute,
00:09:46avait été entendu
00:09:47se déplaçant
00:09:47dans les coins reculés
00:09:48de la maison,
00:09:49mais personne ne l'avait
00:09:50jamais entrevu.
00:09:52Le plus grand mystère
00:09:53de cette mystérieuse maison
00:09:54était Nabonidus lui-même,
00:09:56dont la faculté d'intrigue
00:09:57et d'influence internationale
00:09:59en avaient fait
00:10:00le plus puissant politique
00:10:01du royaume.
00:10:02Le peuple,
00:10:03le chancelier
00:10:04et le roi
00:10:04s'agitaient comme des marionnettes
00:10:06au bout des ficelles
00:10:07qu'ils tiraient.
00:10:08Murillo escalada le mur
00:10:09et se laissa retomber
00:10:10dans le jardin.
00:10:11Celui-ci formait
00:10:12une étendue sombre,
00:10:13obscurçue par des bouquets
00:10:14d'arbres
00:10:15aux feuillages ondoyants.
00:10:17Aucune lumière
00:10:17ne brillait aux fenêtres
00:10:18de la maison,
00:10:19dont la forme noire
00:10:20se dressait
00:10:20parmi les arbres.
00:10:22Le jeune gentilhomme
00:10:23se fofula
00:10:23d'un pas furtif,
00:10:25mais preste
00:10:25parmi les arbustes.
00:10:28Il s'attendit
00:10:28un instant
00:10:29à entendre
00:10:29l'aboiement
00:10:29du grand chien
00:10:30et dans les ténèbres
00:10:31à voir son gigantesque corps
00:10:33s'élancer sur lui.
00:10:35Bien qu'il doutât
00:10:36de l'efficacité
00:10:37de son épée
00:10:38contre une attaque
00:10:38de ce genre,
00:10:39il n'hésita pas.
00:10:41Autant mourir
00:10:42sous les coups
00:10:42d'une bête
00:10:42que sous la hache
00:10:43du bourreau.
00:10:44Il trébucha
00:10:45contre un obstacle
00:10:46volumineux et mou.
00:10:46Se penchant,
00:10:49il discerna,
00:10:50dans la pâle clarté
00:10:50des étoiles,
00:10:52un corps affaissé
00:10:52sur le sol.
00:10:54C'était le chien,
00:10:55gardien des jardins,
00:10:57et il était mort.
00:10:58Son cou,
00:10:59broyé,
00:11:00portait ce qui ressemblait
00:11:01à la marque
00:11:01de grand croc.
00:11:03Murillo sentit
00:11:04que ceci n'était pas
00:11:04l'œuvre d'un être humain.
00:11:06La bête avait rencontré
00:11:07un monstre
00:11:07plus féroce qu'elle-même.
00:11:09Murillo regarda
00:11:10nerveusement
00:11:11les mystérieux muissons
00:11:12et les bousquets d'arbustes.
00:11:13Puis,
00:11:15haussant les épaules,
00:11:16il s'approcha
00:11:17de la maison silencieuse.
00:11:19La première porte
00:11:20qu'il essaya
00:11:20n'était pas fermée
00:11:21à clé.
00:11:23Il entra prudemment,
00:11:24larme au point,
00:11:25et se trouva
00:11:25dans un long vestibule
00:11:26obscur,
00:11:27vaguement éclairé
00:11:28par une lumière
00:11:29qui,
00:11:29à l'autre extrémité,
00:11:31filtrait à travers
00:11:32des tentures.
00:11:34Un silence absolu
00:11:34régnait
00:11:35sur toute la maison.
00:11:37Murillo traversa
00:11:38le vestibule
00:11:38sur la pointe des pieds
00:11:40et fit halte
00:11:40pour passer un œil
00:11:41entre les tentures.
00:11:42Son regard plongea
00:11:44dans une pièce éclairée
00:11:45dont les fenêtres
00:11:46étaient hermétiquement
00:11:47fermées
00:11:47par des rideaux
00:11:48de velours
00:11:48qui ne laissaient
00:11:49passer aucun rayon
00:11:50de lumière.
00:11:51La pièce était vide,
00:11:53de vie humaine
00:11:53tout au moins,
00:11:54mais elle avait
00:11:55néanmoins
00:11:55un sinistre occupant.
00:11:57Au milieu
00:11:57d'un fouillis
00:11:58de meubles
00:11:58et de tentures
00:11:59déchirées
00:11:59qui révélaient
00:12:00une lutte effroyable,
00:12:02gisait le corps
00:12:02d'un homme.
00:12:04Celui-ci était
00:12:04couché sur le ventre,
00:12:05mais sa tête
00:12:06était tordue
00:12:06au point que son menton
00:12:07reposait derrière
00:12:08son épaule.
00:12:09Le visage,
00:12:11crispé en une grimace
00:12:12épouvantable,
00:12:13semblait narguer
00:12:13le gentil homme horrifié.
00:12:16Pour la première fois
00:12:17de la nuit,
00:12:18la résolution
00:12:18de Murillo
00:12:19chancela.
00:12:20Il jeta un regard
00:12:21hésitant
00:12:21vers la porte
00:12:22par laquelle
00:12:22il était entré,
00:12:24mais le souvenir
00:12:25de la potence
00:12:25et de la hache
00:12:26du bourreau
00:12:27l'arma de nouveau
00:12:28de courage
00:12:28et il traversa
00:12:29la pièce.
00:12:30Il contena
00:12:33le monstre grimaçant
00:12:34vautré en son milieu.
00:12:36Bien qu'il ne l'eût
00:12:36jamais vu auparavant,
00:12:38il reconnut
00:12:38par les descriptions
00:12:39qu'on lui en avait
00:12:40faites Joka,
00:12:41le serviteur saturnien
00:12:42de Nabonidus.
00:12:44À travers
00:12:45les rideaux
00:12:45d'une porte,
00:12:46il aperçut
00:12:47une haute
00:12:47et vaste salle
00:12:48circulaire,
00:12:49au sol poli,
00:12:50entourée à mi-hauteur
00:12:51par une galerie.
00:12:53La salle était
00:12:53meublée royalement.
00:12:55En son milieu
00:12:56se trouvait
00:12:57une table
00:12:57d'acajou
00:12:58ornementée,
00:12:59chargée de carafes
00:13:00de vin
00:13:00et de médélicats.
00:13:02Et Murillo
00:13:03se rédit.
00:13:04Dans un grand fauteuil
00:13:05dont le large dos
00:13:06était tourné vers lui,
00:13:07il entrevut une silhouette
00:13:08dont les vêtements
00:13:09lui étaient familiers.
00:13:10Un bras,
00:13:11drapé dans une manche rouge,
00:13:13reposait sur un appui
00:13:14du fauteuil.
00:13:15La tête,
00:13:16coiffée du capuchon
00:13:17qu'il connaissait bien,
00:13:18était inclinée en avant
00:13:19et semblait méditer.
00:13:21C'était exactement
00:13:22la position
00:13:22dans laquelle
00:13:23cent fois
00:13:23Murillo avait vu
00:13:24Nabonidus
00:13:25siéger à la cour royale.
00:13:26Maudissant
00:13:28les battements
00:13:28précipités
00:13:29de son cœur,
00:13:30le jeune aristocrate
00:13:31traversa lestement
00:13:32la salle,
00:13:33brandissant son épée
00:13:34prêt à l'attaque.
00:13:37Sa proie
00:13:37ne bougea pas
00:13:38et ne sembla même
00:13:38pas entendre
00:13:39son avance
00:13:40circonspect.
00:13:41Le prêtre rouge
00:13:42était-il endormi ?
00:13:44Ou était-ce
00:13:45un cadavre
00:13:45qui visait
00:13:46affaler
00:13:46dans ce grand fauteuil
00:13:47sous les yeux
00:13:48de Murillo ?
00:13:50Celui-ci n'était
00:13:50plus qu'à un pas
00:13:51de son ennemi
00:13:51lorsque soudain,
00:13:53l'homme se leva
00:13:54du fauteuil
00:13:54et le fit face.
00:13:56Le sang
00:13:57déserta tout à coup
00:13:58le visage
00:13:58de Murillo.
00:14:00Son épée
00:14:00le glissa des doigts
00:14:01et tomba
00:14:02sur le sol poli
00:14:03avec un teintement.
00:14:04Ses lèvres livides
00:14:05laissèrent échapper
00:14:06à un cri terrible
00:14:07qui fut suivi
00:14:08par la chute
00:14:08d'un corps.
00:14:09Puis le silence
00:14:10régna de nouveau
00:14:11sur la maison
00:14:12du prêtre rouge.
00:14:14Partie 2
00:14:15Quelques temps
00:14:17après que Murillo
00:14:18eut quitté
00:14:18le cachot
00:14:19où est enfermé
00:14:20Conan le cimérien,
00:14:21Atticus apporta
00:14:22au prisonnier
00:14:22un plateau
00:14:23de nourriture
00:14:23comportant,
00:14:24entre autres choses,
00:14:25un énorme rôti
00:14:26de bœuf
00:14:26et un pot de bière.
00:14:28Conan
00:14:28se jeta voracement
00:14:29sur sa pittance
00:14:30et Atticus
00:14:31fit une dernière
00:14:32inspection des cellules
00:14:33pour s'assurer
00:14:33que tout était en ordre
00:14:35et que personne
00:14:35ne pourrait être témoin
00:14:36de la prétendue évasion.
00:14:39Tandis qu'il se livrait
00:14:39à cette occupation,
00:14:41une escouade de garde
00:14:42fit éruption
00:14:42dans la prison
00:14:43et le mit aux arrêts.
00:14:43Murillo se trompait
00:14:45en croyant
00:14:45que cette arrestation
00:14:46signifiait
00:14:47qu'on avait découvert
00:14:47le projet
00:14:48de l'évasion de Conan.
00:14:49L'arrestation
00:14:50de gardien
00:14:50avait une autre raison.
00:14:53Atticus
00:14:53était devenu négligent
00:14:54dans ses affaires
00:14:55avec la pègre
00:14:55et un de ses anciens péchés
00:14:57avait fini par le rattraper.
00:14:59Un autre geôlier
00:15:00le remplaça,
00:15:01un individu
00:15:02flegmatique
00:15:03et digne de confiance
00:15:04qu'aucune libéralité
00:15:05n'eût pu détourner
00:15:06de son devoir.
00:15:07Il n'avait
00:15:08aucune imagination
00:15:08mais,
00:15:10par contre,
00:15:11avait une idée exaltée
00:15:12de l'importance
00:15:12de sa fonction.
00:15:14Lorsqu'on lui emmenait
00:15:15Atticus
00:15:16pour le faire
00:15:16comparaitre
00:15:17officiellement
00:15:17devant un magistrat,
00:15:19ce geôlier fit,
00:15:20par routine,
00:15:21l'inspection
00:15:21des cellules.
00:15:23Quand il passa
00:15:24devant celle de Conan,
00:15:25son sens des usages
00:15:26fut profondément outré
00:15:27à la vue de ce prisonnier
00:15:28libéré de ses chaînes,
00:15:30occupé à ronger
00:15:31les derniers filaments
00:15:31de viande
00:15:32d'un énorme os de bœuf.
00:15:34Le geôlier
00:15:35fut si bouleversé
00:15:36par ce spectacle
00:15:36qu'il commit l'erreur
00:15:38d'entrer seul
00:15:38dans la cellule,
00:15:39sans appeler
00:15:40d'autres gardiens
00:15:40de la prison.
00:15:42Ce fut sa première
00:15:43et dernière faute
00:15:44professionnelle.
00:15:45Conan l'assomma
00:15:46avec l'os de bœuf,
00:15:47le prit son poignard
00:15:48et ses clés
00:15:49et quitta les lieux
00:15:50sans se presser.
00:15:52Comme l'avait dit
00:15:52Murillo,
00:15:53un seul gardien
00:15:54était en service
00:15:54dans cette partie
00:15:55de la prison
00:15:55pendant la nuit.
00:15:56Le cimérien franchit
00:15:58les murs
00:15:58grâce aux clés
00:15:59qu'ils s'étaient appropriées
00:16:00et parvint bientôt
00:16:01aux grands terres,
00:16:02aussi libres
00:16:02que si le plan
00:16:03de Murillo
00:16:03eut réussi.
00:16:05Dans l'ombre
00:16:06des murs de la prison,
00:16:07Conan resta un moment
00:16:08avant de décider
00:16:09ce qu'il fallait faire.
00:16:11Il pensa un instant
00:16:12qu'étant donné
00:16:12qu'ils étaient enfuis
00:16:13par ses propres moyens,
00:16:14il ne devait rien
00:16:15à Murillo.
00:16:17C'était cependant
00:16:17le jeune gentilhomme
00:16:18qui lui avait ôté
00:16:19ses chaînes
00:16:19et lui a fait envoyer
00:16:21de la nourriture,
00:16:22de service
00:16:22sans lesquels
00:16:23son évasion
00:16:23eût été impossible.
00:16:24Conan décida
00:16:26en conséquence
00:16:27qu'il avait une dette
00:16:28envers Murillo
00:16:28et comme il était
00:16:29de ceux
00:16:30qui finissent toujours
00:16:31par s'acquitter
00:16:31de leurs obligations,
00:16:33il résolut
00:16:33de tenir sa promesse
00:16:34envers le jeune aristocrate
00:16:35mais auparavant,
00:16:37il avait une affaire
00:16:38personnelle à régler.
00:16:41S'étant débarrassé
00:16:42de sa tunique en loque,
00:16:43il s'énoya dans la nuit
00:16:44sans autre vêtement
00:16:45que son pagne.
00:16:46Tout en marchant,
00:16:48il tâta le poignard
00:16:49dont il s'était emparé,
00:16:51une arme meurtrière
00:16:52munie d'une lame
00:16:53à deux tranchants
00:16:54de 19 pouces de long.
00:16:56Il traversa sans bruit
00:16:57des ruelles
00:16:58et des places obscures
00:16:59et parvint enfin
00:17:00à sa destination,
00:17:01le dédale.
00:17:03Il s'engagea
00:17:04dans les rues labyrinthiques
00:17:05de ce quartier
00:17:06avec l'assurance
00:17:07d'un homme
00:17:07en terre inconnue.
00:17:09En effet,
00:17:10c'était bien
00:17:10un dédale
00:17:11de noirs venelles,
00:17:12de courts ceinturés
00:17:12de murs
00:17:13et d'allées tortueuses,
00:17:14de sons furtifs
00:17:15et d'odeurs méphitiques.
00:17:17Les rues n'étaient pas pavées.
00:17:19La boue et la crasse
00:17:20se mêlaient
00:17:20en un magma répugnant.
00:17:21Ce quartier ignorait
00:17:23les égouts.
00:17:24Les ordures,
00:17:25jetées à même
00:17:26les ruelles,
00:17:27jongeaient celles-ci
00:17:28de tas et de mâres fétides.
00:17:30Faute de précaution,
00:17:31un passant
00:17:32eut à coup sûr
00:17:33plongé jusqu'à la ceinture
00:17:34dans quelques flaques
00:17:34nausées à brondes.
00:17:36Il n'était pas rare
00:17:37non plus
00:17:37de trébucher
00:17:38sur un cadavre
00:17:39étendu dans la boue,
00:17:40la gorge ouverte
00:17:40ou le crâne fracassé.
00:17:42Les gens comme il faut
00:17:43avaient de bonnes raisons
00:17:44d'éviter le dédale.
00:17:47Conan atteignit
00:17:47sa destination
00:17:48sans se faire voir.
00:17:49Au moment précis
00:17:50où en sortait quelqu'un
00:17:51qu'il souhaitait
00:17:52ardemment rencontrer.
00:17:54Le cimérien
00:17:54se dissimula
00:17:55dans la cour
00:17:55du rez-de-chaussée
00:17:56tandis que,
00:17:57dans une chambre
00:17:58du premier étage,
00:17:59celle qu'il avait vendue
00:18:00à la police
00:18:01prenait congé
00:18:01de son nouvel amant.
00:18:03Une fois la porte
00:18:04refermée derrière lui,
00:18:06le jeune bandit
00:18:06descendit à tâtons
00:18:07l'escalier
00:18:07qui craquait sous ses pas,
00:18:09plongé dans des pensées
00:18:10qui,
00:18:11comme celle de la plupart
00:18:11des habitants du dédale,
00:18:13touchaient à l'appropriation
00:18:14illégitime
00:18:15des biens d'autrui.
00:18:15Parvenu à mi-étage,
00:18:18il fit halte
00:18:18tout un coup
00:18:18et ses cheveux
00:18:20se dressèrent sur sa tête.
00:18:21Une masse indistincte
00:18:22était tapie dans l'ombre
00:18:23devant lui,
00:18:24une perdue luisant
00:18:25comme ceux
00:18:25d'une bête aux aguets.
00:18:27Un grognement animal
00:18:28fut la dernière chose
00:18:29qu'il entendit
00:18:29dans sa vie,
00:18:30car le monstre
00:18:31se précipita sur lui
00:18:32et une lame aiguisée
00:18:33se plongea
00:18:34dans son ventre.
00:18:35Il poussa un cri
00:18:36étranglé
00:18:37et s'écroula mollement
00:18:38dans l'escalier.
00:18:40Le barbare
00:18:40le considéra à l'instant
00:18:41comme un vampire,
00:18:43ses yeux étincelants
00:18:44dans les ténèbres.
00:18:45Il savait
00:18:46qu'on l'avait entendu,
00:18:47mais les habitants
00:18:48du dédale
00:18:48évitait soigneusement
00:18:50de se mêler
00:18:50de ce qu'il ne regardait pas.
00:18:52Un cri de mort
00:18:53dans un escalier obscur
00:18:54n'avait rien d'extraordinaire.
00:18:56Plus tard,
00:18:57quelqu'un se risquerait
00:18:58à venir jeter
00:18:58un coup d'œil,
00:19:00mais seulement
00:19:00au bout d'un laps
00:19:00de temps raisonnable.
00:19:02Conan monta l'escalier
00:19:04et fit halte
00:19:04devant une porte
00:19:05qu'il connaissait
00:19:06depuis longtemps.
00:19:07Celle-ci était fermée
00:19:08de l'intérieur,
00:19:09mais il put introduire
00:19:10sa lame entre le bâton
00:19:11et le chambranle
00:19:12et levait ainsi
00:19:13le verrou.
00:19:15Il entra,
00:19:16referma la porte
00:19:16derrière lui
00:19:17et se trouva face à face
00:19:18avec celle
00:19:19qu'il avait livrée
00:19:19à la police.
00:19:22Elle était assise
00:19:22en chemise
00:19:23sur son lit défait,
00:19:24les jambes croisées.
00:19:26Elle blémit
00:19:26et le regarda
00:19:27comme s'il eût été
00:19:28un fantôme.
00:19:29Elle avait entendu
00:19:30le cri dans l'escalier
00:19:31et voyait les taches rouges
00:19:32sur le poignard
00:19:33qu'il serrait dans sa main,
00:19:34mais elle était trop pleine
00:19:35d'épouvante
00:19:35à l'idée de ce qu'elle attendait
00:19:36pour gaspiller l'énergie
00:19:37à se lamenter
00:19:38sur le sort évident
00:19:38de son amant.
00:19:40Elle se mit
00:19:40à supplier Conan
00:19:41de lui laisser la vie sauve
00:19:42en phrase décousue
00:19:44et terrorisée.
00:19:45Conan ne répondit pas.
00:19:47Il demeurait
00:19:48simplement debout
00:19:48à la considérer
00:19:49de ses yeux ardents,
00:19:51vérifiant de son pouce
00:19:52caleux
00:19:52le fil de son poignard.
00:19:54Il traversa
00:19:54enfin la chambre
00:19:55tandis qu'elle se
00:19:56tenait peureusement
00:19:57contre le mur,
00:19:58sanglotant de toute son âme
00:19:59en implorant sa pitié.
00:20:01L'empoignant
00:20:02par ses boucles jaunes,
00:20:03d'une main rien moins
00:20:04qu'affectueuse,
00:20:04il la tira du lit.
00:20:06Puis,
00:20:07en regalant son poignard,
00:20:09il serra
00:20:09sous son bras gauche
00:20:10sa prisonnière
00:20:10qui poussait
00:20:11des crises tridents
00:20:11et se dirigea
00:20:13vers la fenêtre.
00:20:14Comme la plupart
00:20:15des maisons de ce genre,
00:20:17chaque étage
00:20:17était formé
00:20:17par une saillie
00:20:18formée par l'alignement
00:20:19des rebords de fenêtre.
00:20:21Conan ouvrit
00:20:21la fenêtre
00:20:22d'un coup de pied
00:20:22et sortit
00:20:23sur cette étroite bande
00:20:24de pierre.
00:20:26Si quelqu'un
00:20:26se fut trouvé
00:20:27à proximité
00:20:28et réveillé,
00:20:29il eut assisté
00:20:29au spectacle insolide
00:20:30d'un homme
00:20:31se déplaçant
00:20:32avec précaution
00:20:32le long du rebord,
00:20:34tenant sous son bras
00:20:34une fille à demi-nue
00:20:35qui gigotait
00:20:36en tous sens.
00:20:38Cet éventuel témoin
00:20:39n'eut pas été
00:20:40moins inquiet
00:20:40que la jeune personne
00:20:41ainsi transportée.
00:20:43Lorsqu'il eut atteint
00:20:44son but,
00:20:45Conan fit halte
00:20:46en se retenant
00:20:46au mur de la main libre.
00:20:48De l'intérieur
00:20:48de l'immeuble
00:20:49sortit une clameur soudaine
00:20:50attestant
00:20:51que le corps
00:20:51venait enfin
00:20:52d'être découvert.
00:20:54Sa prisonnière
00:20:55pleurnichait
00:20:55et se tortillait,
00:20:56recommençant
00:20:57ses supplications.
00:20:59Conan baissa
00:20:59les yeux
00:21:00vers la boue
00:21:00et la crasse
00:21:01des ruelles.
00:21:02Il écouta
00:21:03un instant
00:21:03les cris à l'intérieur
00:21:04et les prières
00:21:05de la fille.
00:21:06Puis il laissa
00:21:06chouard celle-ci
00:21:07avec une extrême
00:21:08précision
00:21:09dans une fausse
00:21:10d'aisance.
00:21:11Pendant quelques secondes,
00:21:13il la regarda
00:21:14avec plaisir
00:21:14se débattre
00:21:15et s'agiter,
00:21:16hurlant
00:21:16à un chapelet
00:21:17de blasphème
00:21:18et s'offrit même
00:21:19la liberté
00:21:19d'un ricanement sourd.
00:21:22Il releva alors
00:21:23la tête,
00:21:24écouta le tumulte
00:21:24croissant
00:21:25à l'intérieur
00:21:25de la maison
00:21:26et décida
00:21:26qu'il était temps
00:21:27pour lui
00:21:27d'aller tuer
00:21:28Nabonidus.
00:21:31Partie 3
00:21:32Murillo fut éveillé
00:21:34par un clitide métal.
00:21:36L'air ébété,
00:21:37il se mit péniblement
00:21:38sur son séant
00:21:39en grognant.
00:21:40Autour de lui
00:21:41régnaient le silence
00:21:42et l'obscurité
00:21:42et il fut saisi
00:21:43à l'instant
00:21:44de la crainte
00:21:44d'être aveugle.
00:21:46Il se souvint alors
00:21:47de ce qui s'était passé
00:21:48et il en eut
00:21:48la chair de poule.
00:21:50Tâtonnant autour de lui,
00:21:52il constata
00:21:52qu'il était étendu
00:21:53sur un dallage
00:21:54de pierre uniforme.
00:21:55Poursuivant
00:21:56son inspection,
00:21:57il découvrit
00:21:58un mur
00:21:58fait du même matériau.
00:22:00S'étant mis debout,
00:22:00il s'y appuya,
00:22:02tâchant vainement
00:22:03de s'orienter.
00:22:04De toute évidence,
00:22:05il se trouvait
00:22:06dans quelques prisons,
00:22:07mais où
00:22:08et depuis quand
00:22:08il ne pouvait le deviner.
00:22:11Il se souvint vaguement
00:22:12d'un bruit métallique
00:22:13et se demanda
00:22:14s'il avait été produit
00:22:15par la porte de fer
00:22:15de son cachot
00:22:16se refermant sur lui
00:22:17ou bien s'il annonçait
00:22:19l'entrée d'un bourreau.
00:22:21À cette idée,
00:22:22il fut parcouru
00:22:22d'un frisson
00:22:23et entrepuit de suivre
00:22:24le mur à tâtons.
00:22:26Il s'attendit
00:22:27tout d'abord
00:22:27à rencontrer
00:22:28les limites de sa prison,
00:22:29mais au bout d'un moment,
00:22:31il parvint à la conclusion
00:22:32qu'il déambulait
00:22:33le long d'un corridor.
00:22:34Il demeurait
00:22:35contre le mur
00:22:35par crainte
00:22:36de fausses
00:22:36ou d'autres trappes
00:22:38et eut bientôt
00:22:38conscience
00:22:39de la présence
00:22:40de quelque chose
00:22:40près de lui,
00:22:41dans le noir.
00:22:42Il ne pouvait rien voir,
00:22:44mais ses oreilles
00:22:44avaient dû percevoir
00:22:45un son furtif,
00:22:46à moins qu'il ne fût alerté
00:22:47par quelque sixième sens
00:22:49de son subconscient.
00:22:50Il s'arrêta net,
00:22:51les cheveux dressés
00:22:52sur la tête.
00:22:53Aussi sûr
00:22:54qu'il était en vie,
00:22:55il sentait la présence
00:22:55d'un être vivant
00:22:56dans l'ombre
00:22:57devant lui.
00:22:59Il crut que son cœur
00:22:59allait s'arrêter
00:23:00de battre
00:23:00quand il entendit
00:23:01une voix chuchotée
00:23:02avec un accent barbare.
00:23:03« Murillo,
00:23:04est-ce toi ?
00:23:05Conan ! »
00:23:07Anéanti par l'émotion,
00:23:09le jeune gentilhomme
00:23:10sonda l'obscurité
00:23:11et ses mains rencontrèrent
00:23:12une paire
00:23:12de grandes épaules nues.
00:23:14« Heureusement
00:23:14que je t'ai reconnu,
00:23:16ronda le barbare.
00:23:17J'allais te transpercer
00:23:18comme un cochon gavé.
00:23:20Où sommes-nous
00:23:21au nom de Mitra ? »
00:23:23« Dans les sous-sols
00:23:24de la maison du prêtre rouge.
00:23:26Mais pourquoi ?
00:23:27Quelle heure est-il ? »
00:23:29« Peu après minuit. »
00:23:31Murillo secoua la tête,
00:23:32s'efforçant de rassembler
00:23:33ses esprits dispersés.
00:23:35« Que fais-tu ici ? »
00:23:37« Je suis venu tuer Nabonidus.
00:23:39J'ai appris qu'on avait
00:23:40changé le geôlier
00:23:40de ta prison. »
00:23:42« On l'a changé,
00:23:42en effet, »
00:23:43grombla Conan.
00:23:44« J'ai fracassé
00:23:45le crâne
00:23:46du nouveau geôlier
00:23:46et je suis sorti.
00:23:49J'aurais été issu
00:23:49depuis plusieurs heures
00:23:50si je n'avais eu
00:23:51une affaire personnelle
00:23:51à régler.
00:23:52Eh bien,
00:23:54irons-nous à la recherche
00:23:54de Nabonidus ? »
00:23:56Murillo tressaillit.
00:23:58« Conan !
00:23:59Nous sommes dans
00:23:59la maison d'un démon.
00:24:01Je suis venu chercher
00:24:02un ennemi humain.
00:24:03J'ai trouvé un diable
00:24:04hirsute sorti de l'enfer. »
00:24:06Conan,
00:24:07mal à l'aise,
00:24:08émit un grognement.
00:24:10Sans plus de frayeur
00:24:11qu'un tigre blessé
00:24:11tant qu'il affrontait
00:24:12des adversaires humains,
00:24:14il avait toutes les terreurs
00:24:14superstitieuses
00:24:15de l'homme primitif.
00:24:17« Je me suis introduit
00:24:18dans la maison, »
00:24:19murmura Murillo,
00:24:20comme si les ténèbres
00:24:21eusses étaient peuplées
00:24:21d'oreilles attentives.
00:24:23« Dehors,
00:24:23dans le jardin,
00:24:25j'ai trouvé le chien
00:24:25de Nabonidus,
00:24:26mort assommé.
00:24:28À l'intérieur de la maison,
00:24:30j'ai trouvé Joka,
00:24:31le domestique.
00:24:32On lui avait rompu le cou.
00:24:34Et puis,
00:24:34j'ai vu Nabonidus lui-même,
00:24:36assis sur son fauteuil,
00:24:37vêtu de son accoutrement
00:24:38habituel.
00:24:39J'ai d'abord pensé
00:24:40que lui aussi était mort.
00:24:41Je me suis approché,
00:24:42tout doucement,
00:24:43pour le frapper,
00:24:44mais il s'est levé
00:24:45et s'est tourné vers moi.
00:24:46Oh Dieu ! »
00:24:49À l'image de ce souvenir atroce,
00:24:51le jeune aristocrate
00:24:51perdit un instant
00:24:52l'usage de la parole
00:24:53et revécu cet instant
00:24:54d'horreur.
00:24:55« Conan, »
00:24:56murmura-t-il,
00:24:57« ce n'était pas un homme
00:24:58que j'avais devant moi. »
00:24:59Son corps et son attitude
00:25:00semblaient humains,
00:25:02mais sous le capuchon écarlate
00:25:03grimassaient un visage
00:25:04de démence et de cauchemar.
00:25:06Parmi les poils noirs
00:25:08qui couvraient sa face,
00:25:09deux petits yeux porcins
00:25:10luisaient d'un éclat rouge.
00:25:13Son nez aplati
00:25:14était percé
00:25:14de grosses narines dilatées.
00:25:17Ses lèvres molles
00:25:18se retroussaient
00:25:19sur d'énormes gros jaunes,
00:25:21semblables à des dents de chien.
00:25:23Les mains qui dépassaient
00:25:24des manches écarlates
00:25:25étaient difformes
00:25:26et elles aussi
00:25:27couvertes de poils noirs.
00:25:29« J'ai vu tout cela
00:25:30d'un seul coup au deuil.
00:25:32Puis j'étais envahi par l'horreur.
00:25:34Mes sens m'ont fait défaut
00:25:35et je me suis évanoui. »
00:25:37« Que s'est-il passé alors ? »
00:25:38Gromlal s'y m'est rien tendu.
00:25:40« Je n'ai repris connaissance
00:25:41qu'il y a un court instant.
00:25:43Le monstre a dû me jeter
00:25:44dans ses sous-sols.
00:25:46Conan,
00:25:47je soupçonnais Nabonidus
00:25:49de n'être pas complètement humain.
00:25:51C'est un démon,
00:25:52un être d'outre-tombe.
00:25:54Le jour,
00:25:54il se met à l'humanité
00:25:55sous un déguisement humain
00:25:56et la nuit,
00:25:57il reprend son véritable aspect.
00:25:58« Cela semble clair, »
00:26:00répondit Conan.
00:26:02« Chacun sait qu'il y a des hommes
00:26:03qui se changent en loups à volonté. »
00:26:05« Mais pourquoi a-t-il tué ses serviteurs ? »
00:26:07« Qui peut pénétrer
00:26:08l'esprit d'un démon ? »
00:26:10répondit Murillo.
00:26:11« Notre premier souci
00:26:12est de sortir d'ici.
00:26:14Les armes humaines sont impuissantes
00:26:15contre un homme de l'au-delà.
00:26:17Comment es-tu arrivé jusqu'ici ? »
00:26:19Par l'égout.
00:26:20J'avais pensé
00:26:21que les jardins seraient gardés.
00:26:23Les égouts communiquent
00:26:24avec un tunnel
00:26:25qui débouche dans ses sous-sols.
00:26:26J'espérais trouver une porte
00:26:28non verrouillée
00:26:29qui conduirait à la maison.
00:26:30« Sauvons-nous donc par là ! »
00:26:32s'écria Murillo.
00:26:34« Au diable de l'histoire !
00:26:35Une fois sorti de cette fosse
00:26:36un serpent,
00:26:37nous essaierons
00:26:38de nous enfuir de la ville
00:26:39au risque de nous faire arrêter
00:26:40par les gardes du roi.
00:26:41Je te suis ! »
00:26:42« Inutile ! »
00:26:43rogna le cimérien.
00:26:45« Le chemin des égouts est bloqué.
00:26:48Lorsque je suis entré
00:26:49dans le tunnel,
00:26:50une grille de fer
00:26:50a dégringolé du toit.
00:26:52Si je n'avais pas bondi,
00:26:53plus vite que l'éclair,
00:26:55ses pointes m'auraient épinglé
00:26:56au sol comme un verre.
00:26:58Quand j'ai essayé
00:26:58de la soulever,
00:26:59elle n'a pas bougé.
00:27:00Un éléphant ne pourrait
00:27:01pas la déplacer.
00:27:03Et aucun être plus épais
00:27:04qu'un lapin
00:27:04ne pourrait se faufiler
00:27:05entre ses barreaux. »
00:27:08Murillo lâcha un juron
00:27:09tandis qu'une main de glace
00:27:10lui parcourait
00:27:11la colonne vertébrale.
00:27:13Il eût dû se douter
00:27:14que Nabonidus
00:27:14ne laisserait pas
00:27:15sans surveillance
00:27:16l'accès de sa maison.
00:27:18Si Conan avait eu
00:27:18la rapidité sauvage
00:27:19d'un ressort d'acier,
00:27:21cette herse
00:27:22l'aurait embrochée
00:27:22dans sa chute.
00:27:24Sans aucun doute,
00:27:25Conan avait,
00:27:26en passant dans le tunnel,
00:27:28mis en branle
00:27:28quelques mécanismes cachés
00:27:29qui avaient fait tomber
00:27:30la grille du toit.
00:27:32À présent,
00:27:33tous deux se trouvaient
00:27:33pris au piège.
00:27:35« Il ne nous reste plus
00:27:36qu'une chose à faire, »
00:27:38dit Murillo
00:27:38qui transpirait abondamment.
00:27:39« Cherchez une autre issue.
00:27:42Tout dissimule certainement
00:27:43des pièges,
00:27:43mais nous n'avons pas le choix. »
00:27:46Le cimmerien acquiesça
00:27:47d'un grognement
00:27:47et les deux compagnons
00:27:49se mirent à suivre
00:27:49le corridor à l'aveuglette.
00:27:51Mais en cet instant,
00:27:53une question
00:27:53vint tout à coup
00:27:54à l'esprit de Murillo.
00:27:55« Comment m'as-tu reconnu
00:27:56dans cette obscurité ? »
00:27:57demanda-t-il.
00:27:58« Lorsque tu es venu me voir
00:28:00dans ma cellule,
00:28:01j'ai respiré le parfum
00:28:02que tu te mets dans les cheveux,
00:28:03répondit Conan.
00:28:05De nouveau,
00:28:06je l'ai senti tout à l'heure,
00:28:07alors que tapis dans le couloir,
00:28:08je m'apprêtais
00:28:09à t'ouvrir le ventre. »
00:28:11Murillo appliqua
00:28:11contre ses narines
00:28:12une mèche de ses cheveux noirs,
00:28:13mais même ainsi,
00:28:15ses sens civilisés
00:28:16en percevaient à peine l'odeur.
00:28:18Il comprit que
00:28:18l'essence du barbare
00:28:19devait être
00:28:20d'une finesse prodigieuse.
00:28:22Instinctivement,
00:28:24Murillo porta la main
00:28:25à son fourreau
00:28:25tandis qu'il avançait à tâtons
00:28:26et poussa un juron
00:28:28en le trouvant vide.
00:28:30À cet instant,
00:28:32ils aperçurent devant eux
00:28:32une faible lueur
00:28:33et parvirent bientôt
00:28:34un coude du couloir
00:28:35où filtraient une lumière grise.
00:28:38Ensemble,
00:28:39ils passèrent la tête
00:28:40de l'autre côté
00:28:40et Murillo,
00:28:42qui s'appuyait
00:28:42contre son compagnon,
00:28:44sentit se réduire
00:28:45son énorme charpente.
00:28:47Le jeune aristocrate
00:28:48avait vu,
00:28:48lui aussi,
00:28:50le corps d'un homme
00:28:51à moitié nu
00:28:52qui gisait affalé
00:28:53dans le couloir
00:28:54de l'autre côté du coude
00:28:55vaguement éclairé
00:28:56par un rayonnement
00:28:56qui semblait émaner
00:28:57d'un large disque d'argent
00:28:59pendu au mur du fond.
00:29:01Une curieuse impression
00:29:02de déjà-vu
00:29:02emplit Murillo
00:29:03d'inesplicables conjectures
00:29:04à la vue de la forme
00:29:06étendue face contre terre.
00:29:08Faisant signe
00:29:09au cimérien
00:29:10de le suivre,
00:29:11il s'approcha
00:29:11et se pencha
00:29:13au-dessus du corps.
00:29:15Surmontant sa répulsion,
00:29:16il le saisit
00:29:17et le retourna
00:29:18sur le dos.
00:29:19Un juron
00:29:19d'incrédulité
00:29:20lui échappa.
00:29:22Le cimérien
00:29:22fut retentir
00:29:23à un grognement sonore.
00:29:24« Nabonidus,
00:29:26le prêtre rouge ! »
00:29:27s'exclama Murillo
00:29:28d'un stupeur
00:29:28envahissant son cerveau
00:29:29au prix de vertige.
00:29:30« Mais alors qui ?
00:29:32Qui est-ce qui ? »
00:29:34Le prêtre remua
00:29:35et gémit.
00:29:36Avec une rapidité féline,
00:29:38Conan se pencha sur lui
00:29:39et poita son poignard
00:29:40vers son cœur.
00:29:42Murillo lui saisit le poignet.
00:29:44« Attends,
00:29:44ne le tue pas encore ! »
00:29:46« Pourquoi ? »
00:29:47demanda le cimérien.
00:29:47« Il s'est débarrassé
00:29:49de son aspect surnaturel
00:29:50et il dort.
00:29:51Vas-tu l'éveiller
00:29:52pour qu'il nous mette en pièce ?
00:29:53Non, attends ! »
00:29:55insista Murillo,
00:29:56s'efforçant de rassembler
00:29:57ses esprits confus.
00:29:58« Regarde,
00:29:59il ne dort pas.
00:30:01Tu vois cette grande marque bleue
00:30:02sur sa tempe ?
00:30:03Il a été assommé.
00:30:05Il est peut-être couché ici
00:30:06depuis des heures. »
00:30:08« Je croyais t'avoir entendu jurer
00:30:09l'avoir vu sous une forme animale
00:30:11dans la maison là-haut, »
00:30:12dit Conan.
00:30:13« Je l'ai vu ! »
00:30:15« Ou bien... »
00:30:16« Il revient à lui. »
00:30:18« Retiens ton arme, Conan. »
00:30:19« Il y a ici un mystère
00:30:20encore plus obscur
00:30:21que je ne croyais. »
00:30:23« Je dois m'entretenir
00:30:23avec ce prêtre
00:30:24avant que nous le tuions. »
00:30:26L'abonidus leva une main
00:30:27malassurée
00:30:28à sa tempe contusionnée,
00:30:30prononça
00:30:30quelques paroles inarticulées
00:30:31puis ouvrit les yeux.
00:30:33Ceux-ci demeurèrent
00:30:34un instant agar
00:30:35et vides d'intelligence.
00:30:36Puis la vie
00:30:37revint d'un seul coup
00:30:38et il se mit
00:30:38sur son séant,
00:30:40regardant avec stupéfaction
00:30:41les deux compagnons.
00:30:42Quel que eut été
00:30:43le choc terrible
00:30:43qui avait momentanément
00:30:44embrouillé la acuité
00:30:45de son cerveau ?
00:30:46Celui-ci fonctionnait
00:30:47de nouveau
00:30:47avec sa vigueur habituelle.
00:30:48Il jeta lentement
00:30:50un coup d'œil circulaire
00:30:51puis arrêta son hangar
00:30:52sur le visage
00:30:53de Murillo.
00:30:54« Tu honores
00:30:55ma pauvre maison,
00:30:56jeune homme, »
00:30:57dit-il avec un rire glacial,
00:30:58tournant les yeux
00:30:59vers la grande silhouette
00:31:00qui se dressait
00:31:00derrière l'épaule
00:31:01du jeune gentilhomme.
00:31:02« Tu t'es muni
00:31:03d'un spadassin,
00:31:04je vois.
00:31:05Ton épée
00:31:06ne suffisait-elle pas
00:31:07à ravir la vie
00:31:08de mon humble personne ? »
00:31:09« Assez ! »
00:31:10répliqua Murillo
00:31:11avec impatience.
00:31:12« Depuis combien de temps
00:31:13es-tu ici ? »
00:31:15« Voilà une drôle de question
00:31:16à poser à un homme
00:31:17qui vient à peine
00:31:18de recouvrer ses esprits, »
00:31:19répondit le prêtre.
00:31:20« Je ne sais pas
00:31:21quelle heure il est,
00:31:22mais il était environ
00:31:23onze heures
00:31:24lorsque j'ai été assailli. »
00:31:26« En ce cas,
00:31:27qui est l'individu
00:31:28affulé de ta robe
00:31:28là-haut,
00:31:29dans ta maison ? »
00:31:30demanda Murillo.
00:31:32« Ça doit être
00:31:33tac, »
00:31:34répondit Nabonidus,
00:31:35palpant lugubrement
00:31:36ses équimauses.
00:31:37« Oui,
00:31:38ça doit être tac.
00:31:40Et dans ma robe,
00:31:41le chien ! »
00:31:43Conan,
00:31:44auquel tout ceci échappait,
00:31:45commença à s'agiter
00:31:46nerveusement
00:31:47et grombla quelque chose
00:31:48dans sa propre langue.
00:31:50Nabonidus lui lança
00:31:50un coup d'œil intrigué.
00:31:52« Le couteau de ton nervis
00:31:53s'impatiente après mon cœur,
00:31:54Murillo, »
00:31:55dit-il.
00:31:56« Je croyais que tu aurais
00:31:58la sagesse d'écouter
00:31:58mon avertissement
00:31:59et de quitter la ville. »
00:32:01« Comment pouvais-je savoir
00:32:02qu'on me laisserait le faire ? »
00:32:03appliqua Murillo.
00:32:04« De toute façon,
00:32:06c'est ici que j'ai fait ma vie.
00:32:07Tu es bien assorti
00:32:08à ce coupe-jarret, »
00:32:09murmura Nabonidus.
00:32:11« Je te soupçonnais
00:32:12depuis quelque temps déjà.
00:32:13« C'est pourquoi
00:32:15j'ai fait disparaître
00:32:15cet insignifiant ministre
00:32:16de la cour.
00:32:18Avant de mourir,
00:32:19il m'a révélé
00:32:19beaucoup de choses,
00:32:20parmi lesquelles
00:32:21le nom du jeune aristocrate
00:32:22qui l'avait payé
00:32:23pour voler des secrets d'État,
00:32:25que le jeune homme
00:32:26céda à son tour
00:32:26à des puissances rivales.
00:32:28N'as-tu pas honte de toi,
00:32:29Murillo,
00:32:30voleur aux blanches mains ? »
00:32:32« Je n'ai pas plus de raison
00:32:33d'avoir honte que toi-même,
00:32:35pillard au cœur de vautour, »
00:32:36répondit vivement Murillo.
00:32:38« Tu exploites tout un royaume,
00:32:40et cela pour satisfaire
00:32:41ta cupidité personnelle,
00:32:43et sous le couvert
00:32:43de ta fonction d'État
00:32:44désintéressée,
00:32:46tu filoutes le roi,
00:32:47réduis les riches
00:32:48à la mendicité,
00:32:49opprimes les pauvres,
00:32:50et sacrifies tout
00:32:51l'avenir d'une nation
00:32:51à ton impitoyable ambition.
00:32:53Tu n'es qu'un gros pourceau
00:32:55au groin plongé
00:32:55dans son auge.
00:32:57Tu es un plus grand voleur
00:32:58que moins.
00:33:00Ce Cimérien
00:33:00est le plus honnête
00:33:01de nous trois,
00:33:02car il vole
00:33:03et assassine au grand jour. »
00:33:05« Ainsi donc,
00:33:06nous sommes entre coquins, »
00:33:07acquiesce à Nabolidus
00:33:08d'une voix égale.
00:33:09« Que veux-tu de moi maintenant,
00:33:11ma vie ? »
00:33:12« Lorsque j'ai vu
00:33:13l'oreille du ministre disparu,
00:33:15j'ai su que j'étais condamné, »
00:33:17dit sèchement Murillo.
00:33:18« Et j'ai pensé
00:33:19que tu invoquerais
00:33:19l'autorité du roi.
00:33:21Avais-je raison ? »
00:33:22« Tout à fait, »
00:33:23répondit le prêtre.
00:33:24« Il est facile
00:33:25de se débarrasser
00:33:26d'un ministre de cour,
00:33:28mais toi,
00:33:28tu es un peu trop en vue.
00:33:30J'avais l'intention
00:33:31de raconter au roi
00:33:32une plaisanterie
00:33:33sur ton compte,
00:33:33demain matin. »
00:33:35« Une plaisanterie
00:33:36qui m'aurait coûté la tête, »
00:33:37murmura Murillo.
00:33:38« Ainsi,
00:33:39le roi n'est pas au courant
00:33:40de mes intrigues
00:33:41avec l'étranger. »
00:33:42« Pas encore, »
00:33:43soupira Nabolidus.
00:33:45« Et maintenant,
00:33:46comme je vois
00:33:47que ton compagnon
00:33:47brandit son couteau,
00:33:49j'ai bien peur
00:33:49que cette plaisanterie
00:33:50ne soit jamais racontée. »
00:33:53« Tu dois savoir
00:33:53comment sortir
00:33:54de ce trou à ras, »
00:33:55dit Murillo.
00:33:56« Supposons que j'accepte
00:33:58de te laisser
00:33:58la vie sauve.
00:34:00Nous aideras-tu
00:34:00à nous enfuir ?
00:34:01Et promettras-tu
00:34:02de ne pas divulguer
00:34:03le vol que j'ai commis ? »
00:34:05« Quand a-t-on jamais vu
00:34:05un prêtre tenir sa parole ? »
00:34:07protesta Conan,
00:34:09qui avait saisi
00:34:09le sang général
00:34:10de la conversation.
00:34:12« Laisse-moi
00:34:12lui couper la gorge.
00:34:13Je veux voir
00:34:14de quelle couleur
00:34:15est son sang.
00:34:16On dit dans le dédale
00:34:16que son cœur est noir,
00:34:18alors son sang
00:34:18doit être noir lui aussi. »
00:34:20« Tais-toi ! »
00:34:21lui dit Murillo
00:34:22à voix basse.
00:34:23« S'il ne nous montre pas
00:34:24comment sortir
00:34:24de ses sous-sols,
00:34:26nous risquons
00:34:26d'y finir nos jours. »
00:34:28« Eh bien,
00:34:29Nabolidus,
00:34:29qu'en dis-tu ? »
00:34:31« Que fait un loup
00:34:32dont la pâte
00:34:32est prise dans un piège ? »
00:34:34dit le prêtre
00:34:34en riant.
00:34:35« Je suis en ton pouvoir
00:34:36et si nous devons
00:34:37nous échapper,
00:34:39il faut nous entraîner.
00:34:40Je jure que
00:34:41si nous survivons
00:34:42à cette aventure,
00:34:43j'oublierai
00:34:44toutes tes entreprises
00:34:45malhonnêtes.
00:34:45Je le jure
00:34:46sur l'âme de Mitra. »
00:34:48« Je suis satisfait, »
00:34:49murmura Murillo.
00:34:51« Même le prêtre rouge
00:34:52ne voudrait pas
00:34:52briser ce serment. »
00:34:54« Maintenant,
00:34:55sortons d'ici. »
00:34:57« Mon ami que voici
00:34:57est entré par un tunnel,
00:34:59mais une grille
00:34:59est tombée derrière lui,
00:35:01bloquant le passage.
00:35:02Peux-tu la faire remonter ? »
00:35:04« Pas de ces sous-sols, »
00:35:05répondit le prêtre.
00:35:07« Le levier de commande
00:35:08se trouve dans la chambre
00:35:09au-dessus du tunnel.
00:35:10Il n'y a qu'une seule autre issue
00:35:11que je vais vous indiquer.
00:35:13Mais dis-moi,
00:35:14comment es-tu toi-même
00:35:15arrivé jusqu'ici ? »
00:35:17Murillo lui compta en quelques mots
00:35:19et Nabonidus
00:35:20hocha la tête
00:35:21et se redressa
00:35:22avec difficulté.
00:35:23En boitant,
00:35:25il suivit le corridor
00:35:26qui s'élargissait
00:35:26en une sorte de vaste salle
00:35:28et s'approcha
00:35:29du disque d'argent
00:35:30qu'ils avaient aperçu au loin.
00:35:32À mesure qu'ils avançaient,
00:35:34la lumière devint plus vive,
00:35:35sans jamais excéder toutefois
00:35:37à un vague rayonnement obscur.
00:35:39Près du disque,
00:35:40ils aperçurent
00:35:41un étroi d'escalier
00:35:42qui s'élevait vers la maison.
00:35:43« Voici la seconde issue, »
00:35:47dit Nabonidus.
00:35:48« Et je doute fortement
00:35:49que la porte en haut
00:35:50soit fermée au verrou.
00:35:51Mais j'ai idée
00:35:52que celui qui passerait cette porte
00:35:53aurait mieux fait au préalable
00:35:54de se trancher la gorge lui-même.
00:35:56Regarde dans le disque. »
00:35:59Ce qui avait l'air
00:35:59d'une plaque d'argent
00:36:00était en réalité
00:36:01un grand miroir
00:36:02accroché au mur.
00:36:03De la paroi,
00:36:04au-dessus du miroir,
00:36:05sortait un système complexe
00:36:07de tubes
00:36:07en une sorte de cuivre
00:36:08incurvé vers le disque
00:36:10à angle droit.
00:36:11En regardant dans ces tubes,
00:36:13Murillo entrevit
00:36:14un stupifiant assortiment
00:36:15de miroirs plus petits.
00:36:17Il tourna les yeux
00:36:17vers le plus grand miroir
00:36:19sur le mur
00:36:19et poussa un cri de surprise.
00:36:22Conan,
00:36:23qui l'orgnait
00:36:23par-dessus son épaule,
00:36:24émit un grognement.
00:36:26Il leur semblait
00:36:27regarder par une vaste fenêtre
00:36:28à l'intérieur
00:36:28d'une salle bien éclairée.
00:36:30De larges miroirs,
00:36:32séparés par des tentures
00:36:32de velours,
00:36:33étaient accrochés au mur.
00:36:35Il y avait des divans de soie,
00:36:37des chaises d'ébène
00:36:37et d'ivoire
00:36:38et des portes fermées
00:36:39par des rideaux
00:36:40donnant sur l'extérieur.
00:36:41Et devant l'une de ses portes,
00:36:44dont le rideau
00:36:44n'était pas tiré,
00:36:46était assis un objet
00:36:47volumineux et noir
00:36:48qui contrastait
00:36:49de façon grotesque
00:36:50avec la somptuosité
00:36:51de la pièce.
00:36:53Murillo sentit son sang
00:36:54se figer de nouveau
00:36:55lorsque son hangar
00:36:56se posa sur le monstre,
00:36:57dont les yeux
00:36:58semblaient braquer
00:36:59sur les siens.
00:37:01Il recula involontairement
00:37:02pour s'éloigner du miroir,
00:37:04tandis que Conan
00:37:04avançait la tête
00:37:05d'un air féroce,
00:37:06ses mâchoires touchant
00:37:07presque la surface du disque,
00:37:08et grommelait
00:37:09quelques menaces
00:37:10ou défis
00:37:10dans sa langue barbare.
00:37:12« Au nom de Mitra,
00:37:13d'Ambolidus ! »
00:37:14dit Murillo,
00:37:15dans un souffle,
00:37:16ébranlé par l'émotion.
00:37:18« Qu'est-ce que c'est
00:37:18que cela ? »
00:37:20« C'est Tac ! »
00:37:21répondit le prêtre
00:37:22en se caressant la tempe.
00:37:23« Certains l'appelleraient
00:37:25un singe,
00:37:26mais il est presque
00:37:27aussi différent
00:37:27d'un véritable singe
00:37:28qu'il l'est
00:37:29d'un véritable humain.
00:37:30Son peuple vit loin
00:37:32vers l'est,
00:37:33dans les montagnes
00:37:33qui longent
00:37:34des frontières orientales
00:37:35de la Zamora.
00:37:36Ils ne sont pas nombreux,
00:37:38mais s'ils ne sont pas
00:37:39exterminés,
00:37:40je crois qu'ils deviendront
00:37:41des êtres humains
00:37:42d'ici peut-être
00:37:43un millénaire.
00:37:44Ils en sont
00:37:45au stade formatif.
00:37:46Ils ne sont ni des singes
00:37:47comme l'étaient
00:37:48leurs lointains ancêtres,
00:37:49ni des hommes
00:37:50comme le seront
00:37:51leurs lointains descendants.
00:37:53Ils vivent
00:37:53dans les rochers
00:37:53escarpés
00:37:54de montagnes
00:37:55quasiment inaccessibles,
00:37:56ignorant tout
00:37:57du feu,
00:37:58de la fabrication
00:37:58d'abris ou de vêtements
00:37:59et de l'usage
00:38:00des armes.
00:38:01Ils ont pourtant
00:38:02une sorte de langage
00:38:03composé essentiellement
00:38:04de grognement
00:38:05et de clapement.
00:38:07J'ai adopté
00:38:08Tak lorsqu'il était
00:38:09encore enfant
00:38:09et il a appris
00:38:10ce que je lui ai enseigné
00:38:11bien plus vite
00:38:12et plus aisément
00:38:12que ne l'aurait pu
00:38:13faire un animal véritable.
00:38:15Il était tout à la fois
00:38:16mon garde du corps
00:38:17et mon domestique.
00:38:19Mais j'ai oublié
00:38:20qu'étant partiellement humain,
00:38:21il ne pouvait pas
00:38:22être modelé
00:38:23en une simple ombre
00:38:23de moi-même
00:38:24comme un vrai animal.
00:38:26Apparemment,
00:38:27son semi-cerveau
00:38:28a conservé
00:38:29des impressions de haine,
00:38:30de rancune
00:38:30et une espèce
00:38:31d'ambition bestiale
00:38:32qui lui est propre.
00:38:33En tout cas,
00:38:35il a frappé
00:38:36au moment
00:38:36où je m'y attendais
00:38:37le moins.
00:38:38Hier soir,
00:38:38tout un coup,
00:38:39il a semblé
00:38:40devenir fou.
00:38:41Ses actes
00:38:42avaient tout l'aspect
00:38:42de la démence bestiale
00:38:44et pourtant,
00:38:45je sais qu'ils ont
00:38:46dû être le résultat
00:38:46d'un plan
00:38:47longuement
00:38:47et soigneusement
00:38:48élaboré.
00:38:50J'ai entendu
00:38:50un bruit de lutte
00:38:51dans le jardin
00:38:51et y tant
00:38:52à aller voir,
00:38:53car je croyais
00:38:54que c'était toi
00:38:54traîné par mon chêne-garde,
00:38:56j'ai vu Tak
00:38:57sortir d'un buisson
00:38:58tout ruisselant
00:38:59de sang.
00:39:00Sans me laisser
00:39:01le temps de deviner
00:39:01ses intentions,
00:39:02il a bondi sur moi
00:39:03en poussant un horrible cri
00:39:04et il m'a assommé.
00:39:06Bien que je ne me souvienne
00:39:07de rien d'autre,
00:39:08je peux supposer
00:39:09que,
00:39:10obéissant à un caprice
00:39:11de son cerveau
00:39:11semé humain,
00:39:12il m'a dépouillé
00:39:13de ma robe
00:39:14et m'a jeté
00:39:14encore vivant
00:39:15dans les sous-sols.
00:39:16Pour quelle raison ?
00:39:17Seuls les dieux
00:39:18pourront le découvrir.
00:39:20Il a dû tuer le chien
00:39:21en revenant du jardin,
00:39:22puis,
00:39:22après m'avoir assommé,
00:39:24il a de toute évidence
00:39:25tué Joka
00:39:26puisque tu as vu celui-ci
00:39:27gisant mort
00:39:27dans la maison.
00:39:29Joka serait venu
00:39:30à mon secours,
00:39:31même contre Tak
00:39:32qu'il a toujours détesté.
00:39:34Murillo regarda
00:39:34dans le miroir
00:39:35l'être qui veillait
00:39:35avec cette patience
00:39:36monstrueuse
00:39:37devant la porte fermée.
00:39:38Il tressaillit
00:39:39à la vue
00:39:39des énormes mains noires
00:39:40couvertes d'une épaisse toison
00:39:41de poils semblables
00:39:42à une fourrure.
00:39:44Le corps était ramassé,
00:39:45large et voûté.
00:39:47Les épaules,
00:39:48d'une carrure extraordinaire,
00:39:49avaient fait éclater
00:39:50la robe écarlate,
00:39:51découvrant à Murillo
00:39:52la même épaisse toison
00:39:53de poils noirs.
00:39:55Le visage,
00:39:55encadré par le capuchon rouge,
00:39:57était purement bestial.
00:39:59Pourtant,
00:40:00Murillo se rendit compte
00:40:01que Navonidus disait vrai
00:40:02en affirmant que Tak
00:40:03n'était pas entièrement animal.
00:40:05Il y avait,
00:40:06dans les yeux,
00:40:06d'un rouge sombre,
00:40:08dans la posture gauche
00:40:08de cette créature,
00:40:10dans tout son aspect,
00:40:11quelque chose
00:40:12qui la différenciait
00:40:13de l'animal véritable.
00:40:15Ce corps monstrueux
00:40:16abritait un cerveau
00:40:17et une âme
00:40:17qui, atrocement,
00:40:19commençaient seulement
00:40:19à s'épanouir
00:40:20en quelque chose
00:40:21de vaguement humain.
00:40:23Murillo demeura interdit
00:40:24en décelant
00:40:25une confuse,
00:40:25hideuse ressemblance
00:40:26entre sa race
00:40:27et ce monstre trapu.
00:40:28Et il fut pris de nausée
00:40:30en saisissant
00:40:31en un éclair
00:40:32les abîmes
00:40:33de bestialité hurlante
00:40:34que l'humanité
00:40:34avait dû laborieusement traverser.
00:40:37« Il nous voit
00:40:37sans aucun doute,
00:40:38murmura Conan.
00:40:40Pourquoi ne nous attaque-t-il pas ?
00:40:42Il pourrait aisément
00:40:43briser cette fenêtre. »
00:40:45Murillo comprit
00:40:45que Conan prenait le miroir
00:40:46pour une fenêtre
00:40:47ouverte devant eux.
00:40:48« Il ne nous voit pas,
00:40:50répondit le prêtre.
00:40:51Ce que nous voyons
00:40:52est la salle
00:40:52au-dessus de nous.
00:40:54La porte gardée par Tak
00:40:55est celle
00:40:55à laquelle aboutit
00:40:56cet escalier.
00:40:56C'est simplement
00:40:58un jeu de glace.
00:40:59Tu vois ces miroirs
00:41:00sur les murs ?
00:41:02Ils réfléchissent
00:41:02l'image de la pièce
00:41:03à l'intérieur
00:41:04de ces tubes
00:41:04ou elle est propagée
00:41:06par d'autres miroirs
00:41:07qui la réfléchissent
00:41:07enfin sur une plus grande échelle
00:41:09dans le vaste miroir
00:41:10que voici. »
00:41:12Murillo se rendit compte
00:41:13que le prêtre
00:41:14devait avoir plusieurs siècles
00:41:14d'avance sur sa génération
00:41:16pour avoir mis au point
00:41:17une invention
00:41:17de cette complexité.
00:41:19Mais Conan
00:41:20attribua celle-ci
00:41:20à la sorcellerie
00:41:21et ne vosa plus de questions
00:41:22à ce sujet.
00:41:22« J'ai fait construire
00:41:24ces sous-sols
00:41:25pour servir d'abri
00:41:26aussi bien que de cachot »
00:41:27disait le prêtre.
00:41:28« Il m'est arrivé
00:41:29de me réfugier ici
00:41:30pour assister
00:41:30à travers ces miroirs
00:41:31aux derniers instants
00:41:32de ceux
00:41:32qui me voulaient du mal. »
00:41:35« Mais pourquoi Tak
00:41:35surveille-t-il cette porte ? »
00:41:37demanda Murillo.
00:41:39« Il doit avoir entendu
00:41:40la grille tomber
00:41:41dans le tunnel. »
00:41:42« Cette grille déclenche
00:41:43une sonnerie
00:41:44dans les appartements
00:41:44au-dessus. »
00:41:46« Il sait qu'il y a
00:41:47quelqu'un dans les sous-sols
00:41:48et il attend
00:41:48qu'il monte l'escalier. »
00:41:50« Oh !
00:41:50Il a bien appris
00:41:51les leçons
00:41:51que je lui ai enseignées. »
00:41:53« Il a vu
00:41:53ce qui arrivait
00:41:54à ceux
00:41:54qui franchissaient
00:41:55cette porte
00:41:55lorsque je tirais
00:41:56la corde
00:41:57qui pend sur le mur
00:41:57là-bas
00:41:58et il attend
00:41:59de pouvoir m'imiter. »
00:42:01« Et pendant
00:42:01qu'il attend,
00:42:02qu'allons-nous faire ? »
00:42:03demanda Murillo.
00:42:04« Il n'y a rien
00:42:05que nous puissions faire
00:42:06hormis de garder
00:42:07l'œil sur Tak.
00:42:08Tant qu'il sera
00:42:09dans cette pièce,
00:42:10nous ne pouvons risquer
00:42:11de monter l'escalier.
00:42:13Il a la force
00:42:13d'un véritable gorille
00:42:14et pourrait facilement
00:42:16nous mettre
00:42:16tous trois en pièce.
00:42:18Mais il n'a pas besoin
00:42:18de faire usage
00:42:19de ses muscles.
00:42:20Si nous aurons cette porte,
00:42:21il n'a qu'à tirer
00:42:22cette corde
00:42:22pour nous expilier
00:42:23dans l'autre monde.
00:42:24Comment cela ? »
00:42:26« Le marché
00:42:26que nous avons conclu
00:42:27prévoit que je vous aide
00:42:28à vous échapper, »
00:42:29répondit le prêtre.
00:42:30« Donc je vous livre
00:42:31mes secrets. »
00:42:33Murillo ouvrit la bouche
00:42:34pour répondre,
00:42:35mais se raidit
00:42:35tout à coup.
00:42:37Une main furtive
00:42:38avait écarté
00:42:38les rideaux
00:42:39de l'une des portes.
00:42:40Entre les pans,
00:42:41apparut un visage sombre
00:42:42dont les yeux brillants
00:42:43se fixèrent
00:42:44d'un air menaçant
00:42:45sur la forme ramassée
00:42:46affublée
00:42:46de la robe écarlate.
00:42:48« Petreus ! »
00:42:49sifflat à Bolidus.
00:42:50« Par Mitra !
00:42:52Quel ramassi de rapace
00:42:53aura vu cette nuit ? »
00:42:55Le visage resta
00:42:56dans l'encadrement
00:42:56des rideaux.
00:42:58Au-dessus de l'épaule
00:42:59de l'intrus,
00:42:59apparurent d'autres visages
00:43:00sombres, maigres,
00:43:02luisants d'une fièvre lugubre.
00:43:03« Que font-ils ici ? »
00:43:05murmura Murillo,
00:43:07baissant la voix
00:43:07malgré lui,
00:43:08tout en sachant
00:43:09qu'il ne pouvait l'entendre.
00:43:11« Mais que pourraient faire
00:43:12Petreus
00:43:12et ces ardents
00:43:13jeunes nationalistes
00:43:14dans la maison
00:43:14du prêtre rouge ? »
00:43:16dit l'abonné
00:43:16du sang riant.
00:43:18« Regardez avec
00:43:18quelle attention
00:43:19ils observent la silhouette
00:43:20qu'ils prennent
00:43:20pour leur ennemi mortel.
00:43:22Ils sont tombés
00:43:23dans la même erreur
00:43:23que toi.
00:43:25Il ne sera pas
00:43:25dénué d'intérêt
00:43:26de voir la tête
00:43:27qu'ils feront
00:43:28lorsqu'ils auront
00:43:28été le tromper. »
00:43:31Murillo ne répondit pas.
00:43:33Toute cette affaire
00:43:34baignait
00:43:35dans une atmosphère
00:43:35décidément irréelle.
00:43:37Il avait l'impression
00:43:38d'assister
00:43:38à un spectacle
00:43:39de marionnettes
00:43:40ou d'être lui-même
00:43:41un fantôme désincarné,
00:43:42témoin personnel
00:43:43des actes des vivants,
00:43:45ceux-ci
00:43:45ne pouvant pas
00:43:46soupçonner sa présence.
00:43:49Il vit Petreus
00:43:50porter le doigt
00:43:50à ses lèvres
00:43:51en guise d'avertissement
00:43:52et faire un signe
00:43:53de tête
00:43:53aux autres conspirateurs.
00:43:55Le jeune aristocrate
00:43:56ne pouvait déterminer
00:43:57si Tac était conscient
00:43:58de la présence
00:43:59des intrus.
00:44:00La position
00:44:01de l'homme singe
00:44:02n'avait pas changé
00:44:02et il demeurait assis,
00:44:04le dos tourné
00:44:05à la porte
00:44:05par laquelle
00:44:06se faufilaient
00:44:06les hommes.
00:44:08« Ils ont eu
00:44:08la même idée
00:44:09que toi ! »
00:44:09murmurait
00:44:10Navolidus
00:44:10à son oreille,
00:44:11sauf que leur mobile
00:44:12était patriotique
00:44:13et non égoïste.
00:44:15« Facile d'accéder
00:44:15à ma maison,
00:44:16à présent que le chien
00:44:17est mort.
00:44:18Oh !
00:44:19Quelle chance
00:44:19de me débarrasser
00:44:20de leur menace
00:44:21une bonne fois pour toutes !
00:44:22Si c'était moi
00:44:23qui étais assis
00:44:24à la place de Tac,
00:44:25un saut vers le mur,
00:44:26un coup sur la corde ! »
00:44:28Sans bruit,
00:44:30Petreus avait enjambé
00:44:31le seuil de la pièce.
00:44:33Ses compagnons
00:44:33étaient sur ses talons,
00:44:34leur poignard luisant
00:44:35d'un reflet terme.
00:44:37Soudain,
00:44:38Tac se mit debout
00:44:39et fit volte-face.
00:44:40L'horreur inattendue
00:44:41de son aspect,
00:44:43au lieu de l'apparence haïe
00:44:44mais familière
00:44:44de Navolidus
00:44:45qu'ils avaient cru trouver,
00:44:47porta un coup terrible
00:44:48à leurs nerfs,
00:44:49comme l'avaient branlé
00:44:50ceux de Murilo.
00:44:52Petreus recula
00:44:52en poussant un cri,
00:44:54entraînant ses compagnons
00:44:55dans sa retraite.
00:44:56Tandis qu'ils se précipitaient
00:44:57les uns contre les autres,
00:44:59Tac,
00:44:59couvrant d'un bond
00:45:00grotesque et prodigieux
00:45:01la distance
00:45:01qu'ils en séparaient,
00:45:03se saisit
00:45:03d'un gros cordon
00:45:04de velours
00:45:04qui pendait près de la porte
00:45:06et le secoua énergiquement.
00:45:08Aussitôt,
00:45:09les rideaux s'écartèrent,
00:45:10dégageant la porte
00:45:11et du haut de celle-ci
00:45:12glissa quelque chose
00:45:13de brillant,
00:45:14d'une curieuse teinte
00:45:15argentée,
00:45:16légèrement voilée.
00:45:17« Il s'est souvenu ! »
00:45:18exulta Navolidus.
00:45:20« La bête
00:45:21est à moitié humaine !
00:45:22Il m'avait vu
00:45:23accomplir le geste fatal
00:45:24et il s'en est souvenu !
00:45:25Regarde maintenant !
00:45:26Regarde !
00:45:27Regarde ! »
00:45:28Murilo constata
00:45:29que ce qui était tombé
00:45:30en travers d'ouverture
00:45:31était un lourd panneau de verre.
00:45:33À travers celui-ci,
00:45:34il apercevait
00:45:35les visages blêmes
00:45:36des conspirateurs.
00:45:37Petreus,
00:45:38tendant les bras en avant
00:45:39comme pour se protéger
00:45:40d'un assaut de tac,
00:45:41rencontra la barrière transparente
00:45:43et,
00:45:43en croire ses gestes,
00:45:45dit quelque chose
00:45:45à ses compagnons.
00:45:47À présent,
00:45:48que les rideaux
00:45:48étaient ouverts,
00:45:49les trois témoins
00:45:50pouvaient de leur sous-sol
00:45:50voir tout ce qui se passait
00:45:51dans la pièce
00:45:52où se trouvaient
00:45:53les nationalistes.
00:45:55Complètement démontés,
00:45:56ceux-ci s'élançaient
00:45:57en courant vers la porte
00:45:58par laquelle
00:45:58ils avaient dû entrer,
00:46:00mais s'y arrêtaient brusquement,
00:46:01comme stoppés
00:46:02par un mur invisible.
00:46:04« La secousse du cordon
00:46:05a amuré cette pièce, »
00:46:06dit Nabony du sang-ricanant.
00:46:08« C'est bien simple.
00:46:09Les panneaux de verre
00:46:10sont logés
00:46:10dans les interstices
00:46:11des montants des portes.
00:46:12En tirant le cordon,
00:46:14on fait jouer le ressort
00:46:15qui les retient.
00:46:16Ils glissent
00:46:16et ferment la pièce
00:46:17et ne peuvent être remontés
00:46:18que de l'extérieur.
00:46:20Le verre est incassable,
00:46:21un homme muni
00:46:22d'un maillet
00:46:22ne pourrait pas le briser.
00:46:25Les prisonniers
00:46:25étaient fous de terreur.
00:46:26Ils couraient éperdument
00:46:28d'une porte à l'autre,
00:46:29frappant en vain
00:46:30les parois de cristal,
00:46:31agitant furieusement
00:46:32leurs poings
00:46:32vers la forme noire
00:46:33et implacable
00:46:34qui était tapie
00:46:34de l'autre côté.
00:46:36Soudain,
00:46:37l'un d'eux
00:46:38renversa la tête en arrière
00:46:39et,
00:46:39regardant en l'air,
00:46:40se mit à crier
00:46:41en croire les mouvements
00:46:42de ses lèvres,
00:46:43en montrant du doigt
00:46:44le plafond.
00:46:45« La chute des panneaux
00:46:46a libéré
00:46:47les nuages de mort, »
00:46:48dit le prêtre rouge
00:46:49avec un rire féroce.
00:46:50« La poussière
00:46:51du lotus gris
00:46:52qui pousse
00:46:53dans les marais des morts
00:46:54par-delà le pays du Kitai. »
00:46:57Au centre du plafond,
00:46:59pendait une grappe
00:46:59de boutons d'or.
00:47:01Ceux-ci s'étaient ouverts
00:47:02comme les pétales
00:47:03d'une grande rose sculptée
00:47:04et dispersaient maintenant
00:47:05une brume grise
00:47:06qui emplit doucement
00:47:07la pièce.
00:47:09Aussitôt,
00:47:10la scène d'hystérie
00:47:11se mua en un spectacle
00:47:12de folie et d'horreur.
00:47:13Les prisonniers
00:47:14se mirent à tituber,
00:47:15à courir en cercle
00:47:16comme des hommes ivres.
00:47:18Leurs lèvres écumantes
00:47:19se tordaient
00:47:19comme dans un rire atroce.
00:47:22Prit de fureur,
00:47:23ils se précipitèrent
00:47:24les uns sur les autres,
00:47:25sortant leurs poignards
00:47:26et leurs dents,
00:47:27taillant,
00:47:27déchirant,
00:47:28tuant,
00:47:29dans un holocauste dément.
00:47:31À cette vue,
00:47:32Murillo fut pris de nausée
00:47:33et fut heureux
00:47:34de ne pouvoir entendre
00:47:35les cris et les hurlements
00:47:36qui devaient résonner
00:47:37dans cette funeste sale.
00:47:39Comme des images
00:47:40sur un écran,
00:47:41la scène était muette.
00:47:43À l'extérieur
00:47:44de la pièce tragique,
00:47:45Tac sautait sur place
00:47:46avec une joie de brut,
00:47:48agitant ses longs bras velus.
00:47:50Derrière l'épaule
00:47:51de Murillo,
00:47:52Davolidus riait
00:47:52comme un dément.
00:47:54Ah !
00:47:54Bien joué,
00:47:55Petreus !
00:47:56Tu l'as bien éventré !
00:47:57Un pour toi maintenant,
00:47:58mon cher patriote !
00:48:00Voilà !
00:48:00Ils sont tous à terre
00:48:01et les vivants
00:48:03lacèrent la chair des morts
00:48:04avec leurs dents bavantes !
00:48:07Murillo frissonna.
00:48:09Derrière lui,
00:48:09le cimérien jura
00:48:10sourdement
00:48:11dans sa langue bizarre.
00:48:12On ne voyait plus
00:48:13que la mort dans la pièce
00:48:14emplie de vapeur grise.
00:48:16Déchiquetés,
00:48:17éventrés,
00:48:18mutilés,
00:48:20les conspirateurs
00:48:20gisaient en monçon rouge,
00:48:22leurs bouches
00:48:23larges ouvertes
00:48:23et leurs visages
00:48:24souillés de sang,
00:48:25fixant derrière une terre
00:48:26de le plafond
00:48:26à travers les lents
00:48:27tourbillons gris.
00:48:29Tac !
00:48:30Les épaules voûtées
00:48:30tel un gnome géant
00:48:31s'approcha du mur
00:48:33où pendait le cordon
00:48:34et imprima à ce dernier
00:48:35une curieuse secousse latérale.
00:48:36« Il ouvre la porte du fond ! »
00:48:39dit Nabonidus.
00:48:40« Par Mitra ! »
00:48:41« Il est plus humain
00:48:42que moi-même ne l'avais cru.
00:48:44Regarde ! »
00:48:45La vapeur s'échappe
00:48:46de la pièce
00:48:46et se dissipe.
00:48:47Il attend
00:48:48pour ne courir aucun risque.
00:48:50Maintenant,
00:48:51il lève l'autre panneau.
00:48:52Il est prudent.
00:48:53Il connaît
00:48:54la vertu funeste
00:48:55du lotus gris
00:48:55qui provoque la folie
00:48:57et la mort.
00:48:58« Par Mitra ! »
00:48:59La puissance électrique
00:49:00de cette exclamation
00:49:01fit tressaillir Murillo.
00:49:02« Notre seule chance ! »
00:49:04s'écria Nabonidus.
00:49:05« S'il sort de la pièce
00:49:06pour quelques minutes ?
00:49:08Nous pourrons nous risquer
00:49:08à grimper cet escalier
00:49:09en toute hâte ! »
00:49:11Tendus par l'angoisse,
00:49:12ils suivirent
00:49:13le monstre des yeux.
00:49:14Celui-ci sortit
00:49:15de la pièce
00:49:15en se dandinant
00:49:16et disparut.
00:49:18En remontant,
00:49:19le panneau de verre
00:49:19avait fait retomber
00:49:20les rideaux
00:49:21qui dissimulaient
00:49:21à présent
00:49:22la chambre fatale.
00:49:23« Nous devons
00:49:23courir le risque ! »
00:49:25souffla Nabonidus.
00:49:26Et Murillo
00:49:27vit la sueur perlée
00:49:28sur son visage.
00:49:29« Vite !
00:49:29Suivez-moi ! »
00:49:31Il courut
00:49:31vers les marches
00:49:32et gravit l'escalier
00:49:33avec une agilité
00:49:33qui stuifia Murillo.
00:49:35Le jeune aristocrate
00:49:37et le barbare,
00:49:37sur ses talons,
00:49:39entendirent pousser
00:49:39un grand soupir
00:49:40de soulagement
00:49:40en rouvant la porte
00:49:41au sommet d'escalier.
00:49:43Ils s'engouffrèrent
00:49:44dans la pièce
00:49:44dont ils avaient contemplé
00:49:45l'image dans le miroir.
00:49:47Tac n'était pas en vue.
00:49:48« Il est à côté
00:49:49avec les cadavres ! »
00:49:50s'écria Murillo.
00:49:51« Pourquoi ne pas
00:49:51l'y enfermer ?
00:49:52Comme il l'a fait pour eux ! »
00:49:54« Non, non ! »
00:49:55dit Nabonidus,
00:49:56dont le visage
00:49:57se décollera
00:49:57de façon insolite.
00:49:58« Nous ne savons pas
00:49:59s'il est dans cette pièce.
00:50:01De toute façon,
00:50:02il pourrait surgir
00:50:02avant que nous ayons
00:50:03le temps d'atteindre le cordon.
00:50:05Suivez-moi dans la galerie.
00:50:06Il faut gagner ma chambre
00:50:07pour me procurer
00:50:08des armes
00:50:08qu'ils détruiront.
00:50:10De tous les corridors
00:50:10qui mènent à cette pièce,
00:50:12celui-ci est le seul
00:50:13qui ne soit pas piégé
00:50:13d'une façon ou d'une autre. »
00:50:16Ils lui emboîtèrent
00:50:16le pas prestement,
00:50:17franchirent à sa suite
00:50:18une porte fermée
00:50:19par un rideau
00:50:19qui faisait face
00:50:20à la chambre de mort
00:50:21et se retrouvèrent
00:50:23dans un couloir
00:50:23sur lequel donnaient
00:50:24plusieurs pièces.
00:50:26Nabonidus
00:50:27essaya fabrilement
00:50:27les portes latérales
00:50:29qui étaient fermées à clé,
00:50:30ainsi que celles du fond.
00:50:31« Mon Dieu ! »
00:50:32Le prêtre rouge
00:50:33s'appuya au mur,
00:50:34pâle comme la mort.
00:50:35« Les portes sont fermées à clé.
00:50:37Et Tac m'a pris mon trousseau.
00:50:39Nous sommes quand même prisonniers. »
00:50:42Urilo considéra
00:50:42d'un des répouvantés
00:50:43cet homme pris de panique.
00:50:45Nabonidus
00:50:45serait saisi avec effort.
00:50:47« Cette bête me terrifie ! »
00:50:49dit-il.
00:50:50« Si vous l'aviez vu
00:50:51comme moi
00:50:51réduire des hommes en charpie ! »
00:50:54« Enfin !
00:50:55Que Mitra nous vienne en aide ! »
00:50:57« Mais il nous faut maintenant
00:50:57l'affronter
00:50:58avec ce que les dieux
00:50:58nous ont donné.
00:50:59Venez ! »
00:51:01Revenant à la porte
00:51:02fermée par la rideau,
00:51:03il jeta un coup d'œil
00:51:04dans la pièce.
00:51:05Au même instant,
00:51:06Tac y faisait son entrée
00:51:07par le côté opposé.
00:51:09L'homme bête
00:51:10avait visiblement
00:51:10flairé quelque chose
00:51:11de suspect.
00:51:12Dressant ses petites oreilles
00:51:14plaquées contre son crâne,
00:51:15il lança autour de lui
00:51:16des coups d'œil furibonds.
00:51:18Puis,
00:51:19s'approchant de la porte
00:51:20la plus proche,
00:51:21il en écarta rageusement
00:51:22les rideaux
00:51:22pour savoir
00:51:23ce qu'il y avait derrière.
00:51:25Nabonidus recula,
00:51:26tremblant comme une feuille.
00:51:28Il saisit Conan
00:51:29par l'épaule.
00:51:30« Toi, l'ami,
00:51:31oserais-tu
00:51:31l'affronter
00:51:32ses crocs
00:51:32avec ton couteau ? »
00:51:34Les yeux du cimérien
00:51:35étincelèrent
00:51:35en guise de réponse.
00:51:37« Vite ! »
00:51:37murmura le prêtre rouge
00:51:38qui poussa Conan
00:51:40derrière le rideau,
00:51:41tout contre le mur.
00:51:41« Lorsqu'il nous découvrira,
00:51:43ce qui ne saurait tarder,
00:51:45nous l'attirerons vers nous.
00:51:46Quand il passera devant toi,
00:51:48poignarde-le dans le dos
00:51:49si tu le peux.
00:51:50Toi, Murillo,
00:51:51montre-toi
00:51:51et prends la fuite
00:51:52dans le couloir. »
00:51:54« Mitra sait que nous n'avons
00:51:55aucune chance contre lui
00:51:56dans un combat singulier,
00:51:57mais de toute façon,
00:51:58nous sommes perdus
00:51:59s'il nous trouve. »
00:52:01Murillo sentit son sang
00:52:02se figer dans ses veines,
00:52:03mais il se maîtrisa
00:52:04et franchit la porte.
00:52:06Aussitôt,
00:52:07Tac,
00:52:07qui se trouvait
00:52:08à l'autre bout
00:52:08de la pièce,
00:52:09fit volte-face,
00:52:10le considère à l'instant,
00:52:12puis chargea
00:52:12en poussant
00:52:13un formidable rugissement.
00:52:15Son capuchon écarlate
00:52:16avait glissé,
00:52:18dénudant sa tête noire
00:52:19et difforme.
00:52:20Ses mains noires
00:52:21et sa robe rouge
00:52:22étaient claboussées
00:52:22d'un rouge plus vif.
00:52:24Tel un cauchemar
00:52:25pourpre et noir,
00:52:26il s'élança
00:52:27à travers la pièce
00:52:28en découvrant ses crocs,
00:52:30déplaçant son énorme corps
00:52:31sur ses jambes torses
00:52:32à une allure vertigineuse.
00:52:34Murillo fit demi-tour
00:52:35et se mit à courir
00:52:36dans le couloir.
00:52:38Mais si rapide qu'il fut,
00:52:39le monstre velu
00:52:40était presque sur ses talons.
00:52:42Soudain,
00:52:42comme la bête
00:52:43passait devant les rideaux,
00:52:44une grande forme
00:52:45jaillit de ceux-ci
00:52:46et asséna à l'homme singe
00:52:47un coup vigoureux
00:52:48entre les épaules,
00:52:49enfonçant un poignard
00:52:50dans le dos de la brute.
00:52:52Le choc fit vaciller
00:52:53de tac,
00:52:54qui poussa
00:52:54un cri horrible.
00:52:56Les combattants
00:52:56s'abattirent ensemble
00:52:57sur le sol
00:52:58et s'engagèrent aussitôt
00:52:59dans un corps-à-corps
00:52:59endiablé,
00:53:01leurs membres enchevêtrés,
00:53:02se lacérant avec frénésie.
00:53:04Murillo,
00:53:04vu que le barbare
00:53:05avait enserré de ses jambes
00:53:06le torse de l'homme singe
00:53:07et s'efforçait
00:53:07de se maintenir
00:53:08sur le dos du monstre
00:53:09qu'il charcutait
00:53:10à grands coups de poignard.
00:53:11Tac,
00:53:12de son côté,
00:53:13tâchait de se débarrasser
00:53:14de l'adversaire
00:53:15qui le paralysait
00:53:16pour l'attirer
00:53:17à portée
00:53:17de ses gigantesques crocs
00:53:18tout écumant
00:53:19de convoitise.
00:53:21Dans un tourbillon
00:53:21de coups
00:53:22et de lambeaux
00:53:22de chair sanglants,
00:53:24ils roulèrent
00:53:24dans le couloir
00:53:25à une telle vitesse
00:53:26que Murillo n'osait
00:53:27se servir de la chaise
00:53:28dont il s'était emparé,
00:53:30de peur d'en frapper
00:53:30le cimérien.
00:53:32Malgré le handicap
00:53:33de la première prise
00:53:34de Conan,
00:53:35et bien que l'homme singe
00:53:36fût gêné dans ses mouvements
00:53:37par la volumineuse robe
00:53:38qui entravait ses membres,
00:53:40la force phénoménale
00:53:41de Tac
00:53:42eut bientôt le dessus.
00:53:43Il traînait inexorablement
00:53:45le cimérien vers son visage.
00:53:47Les blessures
00:53:48infligées à l'homme singe
00:53:49suffisaient déjà
00:53:50à lui faire expier
00:53:50une bonne douzaine de meurtres.
00:53:52Conan avait
00:53:53à maintes reprises
00:53:54plongé son poignard
00:53:55dans son torse,
00:53:56ses épaules
00:53:56et son coude au taureau.
00:53:58Le sang ruisselait
00:53:59d'une vingtaine
00:53:59de plaies béantes,
00:54:01mais,
00:54:01à moins que la lame
00:54:02y atténit rapidement
00:54:03quelques points absolument vitales,
00:54:05l'énergie numaine de Tac
00:54:06ne tarderait pas
00:54:06à venir à bout de Conan,
00:54:08puis de ses compagnons.
00:54:10Conan se battait lui-même
00:54:11comme une bête sauvage,
00:54:13sans autre bruit
00:54:13que ses allaitements désespérés.
00:54:16Les cerneurs du monstre
00:54:17et la trosse étreinte
00:54:18de ses mains difformes
00:54:19lacéraient sa peau.
00:54:20Les mâchoires grimaçantes
00:54:21s'ouvraient vers sa gorge.
00:54:23Soudain,
00:54:24Murillo,
00:54:25apercevant une brèche,
00:54:26y précipita sa chaise
00:54:28de toutes ses forces,
00:54:29avec une violence capable
00:54:30d'esserveler un être humain.
00:54:32La chaise rebondit
00:54:33sur le crâne noir
00:54:34et fuyant de Tac.
00:54:36Abruti par le choc,
00:54:37le monstre relâcha
00:54:38momentanément
00:54:39son étreinte déchirante,
00:54:40et Conan,
00:54:41hors d'haleine
00:54:42et inondé de sang,
00:54:44se rua sur son adversaire
00:54:45et plongea son poignard
00:54:46jusqu'à la garde
00:54:46dans le cœur de l'homme singe.
00:54:49Avec un sursaut compulsif,
00:54:51l'homme-bête fixa
00:54:52son ennemi
00:54:52d'un œil agar,
00:54:53puis s'affaissa
00:54:54mollement sur le dos.
00:54:56Ses yeux féroces
00:54:57se ternirent
00:54:58et se figèrent,
00:54:59ses gros membres
00:55:00tressaillirent,
00:55:01puis se rédirent.
00:55:02Conan,
00:55:03étourdi,
00:55:04se mit debout
00:55:05en vacillant,
00:55:06épongeant la sueur
00:55:07et le sang
00:55:08qui obstruaient sa vue.
00:55:10Le sang dégoûtait
00:55:11de son poignard
00:55:12et de ses doigts,
00:55:13et ruisselait,
00:55:14enfilait sur ses cuisses,
00:55:15ses bras
00:55:16et sa poitrine.
00:55:18Murillo fit signe
00:55:19de le soutenir,
00:55:20mais le barbare
00:55:20se dégagea
00:55:21avec impatience.
00:55:22« Quand je ne pourrai
00:55:23plus me tenir debout
00:55:24tout seul,
00:55:25il sera temps
00:55:25que je meurs, »
00:55:26marmonna-t-il
00:55:27à travers ses lèvres
00:55:27tuméfiés.
00:55:28« Mais j'aimerais bien
00:55:29un pichet de vin. »
00:55:31L'abonidus considéra
00:55:32avec stupeur
00:55:33le corps immobile,
00:55:34comme s'il n'eût pu
00:55:35en croire
00:55:35ses propres yeux.
00:55:37Le monstre gisait,
00:55:38noir,
00:55:39velu,
00:55:39horrible,
00:55:40grotesque
00:55:41dans les hauts
00:55:41de la robe écarlate,
00:55:42et pourtant,
00:55:44même mort,
00:55:45il était plus humain
00:55:46que bestial.
00:55:47Son aspect avait même
00:55:48quelque chose
00:55:48de vaguement pathétique.
00:55:50« Même le cimérien
00:55:51ressentit cela,
00:55:52car il haleta.
00:55:54Ce n'est pas une bête,
00:55:55mais un homme
00:55:56que j'ai tué cette nuit.
00:55:57Je le contrais
00:55:58au nombre des chefs
00:55:59dont j'expédiais
00:56:00les âmes dans les ténèbres,
00:56:01et mes femmes
00:56:01chanteront sa mémoire. »
00:56:03L'abonidus se pencha
00:56:04pour ramasser
00:56:05un trousseau de clé
00:56:06accroché à une chaîne dorée,
00:56:07qui, pendant la lutte,
00:56:08était tombée
00:56:09de la ceinture
00:56:09de l'homme-singe.
00:56:11Faisant signe
00:56:11aux deux autres
00:56:12de le suivre,
00:56:13il les conduisit
00:56:14jusqu'à une porte,
00:56:15tourna une clé
00:56:15dans la serrure
00:56:16et les fit pénétrer
00:56:17dans une pièce,
00:56:18éclairée comme les autres.
00:56:20Le prêtre rouge
00:56:21prit sur une table
00:56:22une carafe de vin
00:56:22et emplit
00:56:23des coupes de cristal.
00:56:25Tandis que ses compagnons
00:56:26buvaient avidement,
00:56:27il murmura
00:56:27« Quelle nuit !
00:56:30Il fait presque jour,
00:56:31maintenant !
00:56:32Qu'allez-vous faire,
00:56:33mes amis ? »
00:56:35« Je vais penser
00:56:36les plaies de Conan,
00:56:37si tu veux aller
00:56:37me chercher des mandages, »
00:56:38dit Murillo.
00:56:40L'abonidus
00:56:41acquiesça de la tête
00:56:41et se dirigea
00:56:42vers la porte
00:56:43dedans sur le couloir.
00:56:45Un petit quelque chose
00:56:46dans l'inclinaison
00:56:46de sa tête
00:56:47incita Murillo
00:56:47à l'observer
00:56:48attentivement.
00:56:48Parvenu à la porte,
00:56:51le prêtre rouge
00:56:52fit soudain
00:56:52volte-face.
00:56:53Son visage
00:56:54s'était métamorphosé.
00:56:56Ses yeux brillaient
00:56:56de leurs anciennes flammes.
00:56:59Ses lèvres laissèrent
00:56:59échapper
00:57:00un rire silencieux.
00:57:01« Trois coquins réunis ! »
00:57:03dit-il
00:57:03de sa voix moqueuse
00:57:04habituelle.
00:57:05« Mais pas trois imbéciles ! »
00:57:07« C'est toi l'imbécile,
00:57:08Murillo ! »
00:57:10« Que veux-tu dire ? »
00:57:11Le jeune gentilhomme
00:57:12fit un pas en avant.
00:57:12« Arrière ! »
00:57:14cria Namonidus
00:57:15d'une voix cinglante.
00:57:16« Un pas de plus
00:57:17et je te fais sauter
00:57:18la cervelle ! »
00:57:20Murillo sentit son sang
00:57:21se figer dans ses veines.
00:57:22Lorsqu'il vit que
00:57:23le prêtre rouge
00:57:23serrait dans sa main
00:57:24un gros cordon de velours
00:57:26qui pendait
00:57:26avec les rideaux
00:57:27devant la porte.
00:57:28« Quelle est cette perfidie ? »
00:57:29s'écria Murillo.
00:57:30« Tu as juré ! »
00:57:32« J'ai juré
00:57:33que je ne raconterai pas
00:57:34au roi de plaisanterie
00:57:34sur ton compte.
00:57:36Je n'ai pas juré
00:57:37de ne pas prendre
00:57:37l'affaire en main
00:57:38moi-même
00:57:38si j'en avais la possibilité.
00:57:41Penses-tu
00:57:41que je laisserai passer
00:57:42une telle occasion ?
00:57:44Dans des circonstances
00:57:45ordinaires,
00:57:45je n'oserai pas te tuer
00:57:46de mes mains
00:57:47de peur d'encourir
00:57:48une sanction royale.
00:57:49Mais à présent,
00:57:51nul ne saura jamais.
00:57:52Tu iras rejoindre
00:57:53TAC et ses imbéciles
00:57:54de nationalistes
00:57:55dans les cuves d'acide
00:57:56à l'insu de tout le monde.
00:57:58Quelle nuit
00:57:58s'aura été pour moi ?
00:58:00J'ai perdu
00:58:00de précieux serviteurs
00:58:02mais je me suis débarrassé
00:58:03de plusieurs dangereux ennemis.
00:58:05Arrière !
00:58:06Je suis de l'autre côté
00:58:06du seuil
00:58:07et il était impossible
00:58:08de m'atteindre
00:58:09avant que je tire cette corde
00:58:10pour t'envoyer en enfer.
00:58:12Pas de lotus gris
00:58:13cette fois
00:58:13mais quelque chose
00:58:15de tout aussi efficace.
00:58:17Presque toutes les pièces
00:58:18de ma maison
00:58:18sont des traquenards.
00:58:20Ainsi,
00:58:21Murilo,
00:58:22imbécile que tu es !
00:58:24Plus rapide que l'éclair,
00:58:26Colin attrapa
00:58:27un tabouret
00:58:27et le lança
00:58:28de toutes ses forces.
00:58:30Dabolidus leva
00:58:31instinctivement le bras
00:58:32en poussant un cri
00:58:32mais trop tard.
00:58:34Le projectile
00:58:35alla s'écraser
00:58:36contre sa tête.
00:58:38Le prêtre rouge
00:58:38chancela
00:58:39puis s'écroula
00:58:39face contre terre
00:58:40dans une mare
00:58:41de pourpres sombres
00:58:42qui s'élargissaient lentement
00:58:43autour de lui.
00:58:45Son sang est rouge
00:58:46malgré tout,
00:58:47grogna Conan.
00:58:49Murilo repoussa
00:58:50d'une main tremblante
00:58:50ses cheveux empoissés
00:58:51de sueur
00:58:51et s'appuya
00:58:52contre la table
00:58:53affaibli
00:58:53sous le coup
00:58:54du soulagement brutal.
00:58:56Voici l'aube,
00:58:57dit-il.
00:58:58S'entendent ici
00:58:59avant de nous heurter
00:58:59à quelques nouvelles calamités.
00:59:02Si nous pouvons
00:59:02escalader le mur du jardin
00:59:03sans nous faire voir,
00:59:04on ne nous associera pas
00:59:06aux exploits de cette nuit.
00:59:07Laissons à la garde
00:59:08le soin de rédiger
00:59:09sa propre explication.
00:59:10Il regarda le corps
00:59:12du prêtre rouge
00:59:13qui visait
00:59:13dans un bain vermeil
00:59:14et haussa les épaules.
00:59:17C'était lui
00:59:17l'imbécile après tout.
00:59:18S'il ne s'était pas
00:59:19arrêté pour se gosser
00:59:20de nous,
00:59:21il nous aurait facilement
00:59:22pris au piège.
00:59:24Enfin,
00:59:24dit tranquillement
00:59:25le cimérien,
00:59:26il a pris la route
00:59:27que tout bandit
00:59:28finit par prendre
00:59:28un jour ou l'autre.
00:59:30J'aimerais bien piller
00:59:31la maison,
00:59:32mais je suppose
00:59:32qu'il vaudrait mieux
00:59:33nous en aller.
00:59:35Lorsqu'ils émergèrent
00:59:35de la pénombre du jardin
00:59:36blanchi par l'aube,
00:59:38Murilo dit
00:59:38« Le prêtre rouge
00:59:41s'est évanoui
00:59:41dans les ténèbres,
00:59:42ma route est donc
00:59:42libre en ville
00:59:43et je n'ai plus
00:59:44rien à craindre.
00:59:45Mais toi,
00:59:46l'affaire de ce prêtre
00:59:47du dédale
00:59:47n'est toujours pas réglée
00:59:48et j'en ai assez
00:59:50de cette ville
00:59:50de toute façon. »
00:59:51Puis le cimérien
00:59:52en découvrant les dents.
00:59:54« Tu as parlé
00:59:54d'un cheval
00:59:55qui m'attendait
00:59:56au tripot du rat.
00:59:57Je suis curieux
00:59:58de voir à quelle vitesse
00:59:59il pourra me transporter
01:00:00dans un autre royaume.
01:00:02J'ai encore bien
01:00:03des chemins à parcourir
01:00:04avant de m'engager
01:00:05sur celui
01:00:06que Naboninus
01:00:07a pris cette nuit. »
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