- il y a 3 mois
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00:00Bonjour Marie-Estelle Dupont, pour cette première émission de la saison sur Europe 1,
00:04vous souhaitiez revenir sur le décès d'un streamer après 12 jours de live,
00:09d'émissions en direct sur internet, un marathon qui s'est avéré être mortel.
00:15Et oui, vous avez certainement vu la semaine dernière, chers auditeurs d'Europe 1,
00:19l'histoire tragique de cet homme de 46 ans mort en direct après 12 jours de mauvais traitements,
00:25filmé, diffusé sur les réseaux.
00:26C'est le choc, la stupeur, la sidération, quand la réalité dépasse la fiction la plus glauque,
00:33on se rend compte que l'on a tendance à nier, pour s'en protéger, la banalité du mal.
00:38Humiliation, emprise, appât du gain, tout ce qu'il y a de plus sombre dans l'âme humaine semble ici réuni.
00:44Mais ce que nous dit, je crois, cette histoire, c'est que notre époque s'est fourvoyée dans une immense illusion,
00:50celle que la technologie allait lisser la société et ferait œuvre civilisatrice,
00:54que le sacré de la vie renaîtrait par le progrès technologique.
00:59On voit ici qu'il n'en est rien, et je pense, comme vous, chers auditeurs d'Europe 1,
01:03que le mal a toujours existé, que la haine est mimétique, comme le désir,
01:07mais je pense aussi que notre société a non seulement détruit les cadres
01:11qui permettaient de sublimer les pulsions de destruction,
01:14mais aussi mis en avant des outils qui amplifient, libéralisent, banalisent, reproduisent
01:19toutes les formes de perversité.
01:21Quand des jeunes paient pour qu'autrui frappe à leur place un homme affaibli,
01:25la meute est là, mue, possédée par le vertige de la destruction,
01:29avec tous les éléments de la perversion, la fabrique du consentement,
01:34l'absence de remords et de culpabilité, l'humiliation,
01:38la victimisation du coupable que vous avez certainement reconnu,
01:41et qui trouve une sorte de caution morale dans la demande de ceux qui paient,
01:44et l'acceptation de celui qui subit.
01:48Chers auditeurs d'Europe 1, j'ai frissonné comme vous,
01:50et il me semble important aujourd'hui de revenir sur cette affaire
01:53et ce qu'elle dit de notre société,
01:55on ne nous a jamais autant parlé de vivre ensemble,
01:58et pourtant la barbarie semble être devenue un banal bien de consommation.
02:03Merci Marie-Estelle, voilà votre édito,
02:05comme tous les jours, au début de l'émission,
02:08il y aura votre édito, votre point de vue,
02:10votre regard de psychologue clinicienne et de psychothérapeute.
02:15Énormément de questions, énormément d'émotions,
02:17vous l'avez rappelé dès le début de l'émission,
02:18Marie-Estelle Dupont,
02:19énormément d'émotions après la mort de Jean Portmanov,
02:22qui avait 46 ans, influenceur français,
02:25bon le mot est un peu galvaudé,
02:27il était victime surtout, il était souffre-douleur,
02:30sur ce réseau internet, sur ce live,
02:33sur cette chaîne en direct,
02:35voilà, sur la plateforme Kik.
02:37Énormément de questions, je lance cet appel à tous les auditeurs d'Europe 1,
02:4101-80-20-39-21,
02:44pour poser des questions à Marie-Estelle Dupont,
02:46comment en est-on arrivés là,
02:48quel est l'impact de ces images violentes,
02:52sur la psychologie des jeunes,
02:55et puis des adultes également,
02:57qui regardent ça.
02:5901-80-20-39-21,
03:02cette émission,
03:03et si on en parlait sur Europe 1 tous les jours,
03:05de 15h à 16h,
03:05cette émission c'est la vôtre.
03:07Comment a-t-on pu arriver à une telle barbarie,
03:12Marie-Estelle Dupont ?
03:14Eh bien, c'est toujours la question qu'on se pose,
03:17quand le mal fait effraction,
03:18quand le mal surgit,
03:19quand la barbarie se rappelle à nous,
03:20on se demande toujours comment on a pu en arriver là,
03:22et en réalité,
03:24on n'a pas toujours la consolation de la psychiatrie,
03:26pour expliquer le mal.
03:27Le mal existe,
03:28et quand il surgit,
03:29il nous sidère,
03:30parce que c'est aussi un mécanisme de défense,
03:32on a tendance à minimiser l'existence du mal,
03:34et pourtant,
03:35il est là,
03:36j'allais dire à chaque coin de rue,
03:37mais surtout à chaque coin de plateforme
03:39et dans l'univers numérique.
03:41Alors,
03:42dans l'Antiquité,
03:42on avait les jeux du cirque,
03:43on avait ce voyeurisme sadique
03:45qui consistait à aller voir des gens
03:47se faire dévorer par les lions.
03:48Donc,
03:48je crois que ce voyeurisme sadique,
03:50il n'est pas nouveau,
03:51la nature humaine,
03:52elle n'a pas changé.
03:53En revanche,
03:54ce qui est vrai,
03:55c'est que depuis 40 ans,
03:56on a quand même détruit
03:57un certain nombre de cadres et de supports
03:58qui permettaient à la pulsion de destruction
04:00de se sublimer.
04:03Et si le mal et la perversion
04:04ont toujours existé,
04:06néanmoins,
04:06aujourd'hui,
04:07je crois que notre société
04:08s'est fourvoyée
04:09dans l'idée que la technologie
04:10allait faire œuvre,
04:12comme je le disais,
04:13civilisatrice.
04:14Au contraire,
04:14la technologie semble mettre
04:15des moyens d'amplification du mal
04:17à notre portée.
04:19Et c'est vrai que
04:20le mal qui est commis sur cet homme
04:22a ceci de particulièrement sidérant
04:25qu'on nous fait croire
04:27à un consentement
04:28alors que,
04:28comme vous l'avez rappelé,
04:29Romain,
04:29il était bien évidemment sous emprise,
04:31et on expliquera un peu plus tard
04:32dans l'émission,
04:33comment quelqu'un en arrive
04:34à accepter de tels sévices.
04:36Mais je crois qu'ici,
04:37tous les éléments de la perversion
04:38sont réunis,
04:38et notamment l'humiliation,
04:39c'est-à-dire la jouissance
04:40à voir une personne plus faible
04:42souffrir.
04:44Parce qu'il n'arrêtait pas
04:45de lui taper dessus,
04:46il le maltraitait.
04:47Quand vous avez probablement vu
04:49Marie-Estelle Dupont,
04:51les images sur les réseaux sociaux,
04:52une partie des images,
04:54qu'est-ce qu'elles vous ont
04:55tout simplement inspiré,
04:56ces images,
04:56quand vous voyez ça ?
04:57Je crois que ça nous inspire
04:58de l'effroi,
04:59ça nous inspire
05:00un profond dégoût,
05:01et l'effroi,
05:03le dégoût et l'effroi
05:05sont liés au fait
05:06qu'on se représente
05:07que dans la psyché
05:08de certains,
05:09de gens qui ont des profils
05:10pervers ou psychopathes,
05:12il y a une totale
05:12absence d'empathie,
05:13il y a une incapacité totale
05:14à s'identifier
05:15à la souffrance de l'autre,
05:16parce qu'en réalité,
05:17cet homme aurait plutôt
05:19dû susciter
05:20un instinct de protection.
05:21Il était très amaigri,
05:22très affaibli,
05:23il était probablement
05:24toxicomane,
05:24on a plutôt envie
05:25de lui venir en aide
05:26quand on le voit,
05:27et là,
05:28on voit qu'une partie
05:30des harceleurs
05:31se dédouanent en disant
05:32mais ce n'est pas nous
05:32qui portons les coups,
05:34on se contente de payer,
05:35et les deux influenceurs
05:37se victimisent en disant
05:38mais attendez,
05:39nous on n'a rien fait de mal,
05:40il y avait une demande,
05:41comme si le fait
05:42qu'il y ait une demande de mal
05:44rendait le mal bon.
05:47Donc ça m'a inspiré du dégoût,
05:48ça m'a inspiré évidemment
05:49de l'effroi,
05:50ça m'a inspiré aussi
05:52un sentiment d'urgence
05:53par rapport à la prise
05:54de conscience
05:55que l'univers numérique
05:56n'est certainement pas
05:59ce que le pessimisme,
06:00l'optimisme technologique
06:02des années 90
06:03voulait nous faire croire
06:03un lieu plus sûr que la rue
06:05et je crois qu'il est
06:06particulièrement urgent
06:08d'aider les parents,
06:10que les pouvoirs publics
06:11aident les parents
06:12à protéger les mineurs
06:14de ce genre de contenu
06:15parce que ce genre de contenu
06:16attire des sadiques,
06:16des psychopathes
06:17et des pervers
06:17mais il attire aussi
06:18d'anciennes victimes de violence
06:19qui ont une sorte de fascination
06:21et qui vont aller voir ces images
06:22pour essayer de comprendre
06:23ce qu'ils ont vécu eux-mêmes
06:24quand ils étaient victimes
06:25et s'identifier à l'agresseur
06:27c'est-à-dire devenir eux-mêmes
06:28des bourreaux
06:28pour ne plus jamais être victime.
06:30Donc il faut vraiment
06:31se poser des questions
06:33sur comment se fait-il
06:34qu'on arrive à supprimer
06:35ou suspendre un compte Twitter
06:36pour des raisons idéologiques
06:38et pourquoi on n'arrive pas
06:39à légiférer
06:39sur ce type de plateformes
06:41qui sont évidemment cachées
06:42à l'étranger en général.
06:43Marie-Estelle Dupont
06:44et si on en parlait
06:46tous les jours sur Europe 1
06:47entre 15h et 16h
06:48ce qui frappe également
06:49avec cette affaire,
06:52ce drame,
06:52appelons ça plutôt un drame,
06:54c'est que la barbarie
06:56c'est devenu un véritable
06:57bien de consommation.
06:58On achète des minutes,
07:00je ne sais pas précisément
07:01comment fonctionnent
07:02ces plateformes
07:03n'étant pas client moi-même,
07:04mais on achète
07:05quelques minutes
07:06pour voir effectivement
07:08de la barbarie
07:09quelqu'un taper sur un autre.
07:10Mais ce n'est pas du cinéma,
07:11on pouvait aller voir
07:11des films violents,
07:12là ce n'est pas du cinéma,
07:13c'est la réalité.
07:14Oui, alors la particularité
07:16de la technologie,
07:16c'est que comme ça se passe
07:17derrière un écran
07:18et dans la réalité
07:19soi-disant virtuelle,
07:20on pense que ce qui se passe
07:22n'est pas pour de faux.
07:23Et c'est là
07:23où la technologie
07:24vient rendre encore plus floue
07:26la frontière
07:26entre la réalité
07:27et l'imaginaire.
07:29Mais je pense aussi
07:31qu'il y a une appétence
07:32pour ces contenus
07:32parce qu'aujourd'hui
07:33il y a quand même
07:33un vide intellectuel
07:34et spirituel
07:35absolument abyssal
07:37chez certains jeunes
07:39qui vont donc combler
07:41ce vide imaginaire
07:43par un besoin
07:44de contenu extrêmement violent
07:45qui procure aussi
07:46des sensations fortes.
07:47Et quand je disais
07:48que la barbarie
07:49était un bien de consommation,
07:50c'est effectivement ça
07:51qui est nouveau,
07:52c'est-à-dire qu'on va
07:53payer pour de l'humiliation
07:54dans une mesure
08:00qui n'était pas
08:00peut-être le cas avant
08:01où on avait encore
08:02une vague notion
08:03du bien et du mal.
08:04Je crois qu'aujourd'hui
08:04on a tellement dévalorisé,
08:07désacralisé la vie
08:08et tellement
08:08abolissent cette différence
08:10entre le réel
08:11et l'imaginaire
08:11mais aussi entre le bien et le mal
08:12que ça ne semble pas
08:14problématique
08:15d'humilier un homme
08:16puisque cet homme
08:17aurait dit oui.
08:18Et là je crois
08:19qu'on arrive à un problème
08:20à la fois psychologique
08:21et juridique
08:22qui touche aux deux disciplines
08:23qui est la question
08:23du consentement.
08:24On voit bien la fragilité
08:25du consentement.
08:26Est-ce que Jean Pormanoff
08:27était en état de donner
08:28un consentement
08:28ou est-ce qu'on confond
08:29le consentement et l'acceptation ?
08:31Ce n'est pas parce qu'il a accepté
08:31qu'il était consentant.
08:32C'est-à-dire que je pense
08:33que quand un être humain
08:34perd à ce point
08:35la notion de sa dignité
08:37et de son intégrité
08:38c'est qu'il est dans
08:39un état psychologique
08:39de fragilité
08:40et de vulnérabilité
08:41tel que la morale voudrait
08:43qu'on ne lui demande pas
08:45son consentement
08:45qu'on s'interdise
08:46de commettre
08:47ce type d'acte.
08:48Ah la morale oui
08:49la morale oui
08:50la morale oui
08:51la morale sur ce type
08:53de plateforme
08:54visiblement effectivement
08:55visiblement effectivement non.
08:58Une question
08:59Marie-Astelle Dupont
09:00peut-être que les auditeurs
09:01se la posent cette question
09:02est-ce qu'on est tous
09:03susceptibles
09:04si c'est la nature humaine
09:05en réalité
09:06est-ce qu'on est tous
09:07susceptibles d'être client
09:08de ce type de vidéos ?
09:10Alors après il y a des barrières
09:11parce qu'en fait
09:11on a une éducation
09:12on a comme vous dites
09:13une morale
09:13on peut avoir une religion
09:15qui ne va pas nous l'interdire
09:17mais qui fait qu'on a
09:18certaines valeurs
09:19mais est-ce qu'au fond de nous
09:22on n'est pas tous
09:22des animaux
09:23est-ce qu'on n'a pas
09:24tous cette appétence
09:25pour ce type de spectacle ?
09:27Alors on a tous
09:28la potentialité du mal
09:30en nous
09:31en revanche
09:32on a des traits
09:33de personnalité
09:34qui nous protègent
09:35de certains passages
09:37à l'acte
09:37ou de certains plaisirs
09:38c'est-à-dire que
09:39pour un certain nombre
09:41d'entre nous
09:42le visionnage par exemple
09:43de films d'horreur
09:43ne procure aucun plaisir
09:45mais plutôt un sentiment
09:47d'angoisse
09:47et une envie
09:48de s'enfuir
09:48c'est-à-dire qu'en fonction
09:49de vos capacités d'empathie
09:51d'identification
09:52à la souffrance de l'autre
09:53ça va ou non
09:54vous procurer
09:55de la jouissance
09:56donc la grande différence
09:57elle est dans cette capacité
09:58d'empathie
09:59et puis
09:59dans cette conscience morale
10:01dans ce sentiment
10:02de culpabilité
10:03et de responsabilité
10:04qui est accessible
10:05à certains
10:06c'est en partie
10:07le fruit de l'éducation
10:07ça n'est pas que
10:08le fruit de l'éducation
10:09mais c'est en grande partie
10:10évidemment
10:10le rôle de l'éducation
10:12de donner cette colonne
10:13vertébrale psychique
10:14à l'individu
10:14et puis
10:15les profils pervers
10:16les profils psychopathiques
10:17ont inversé les valeurs
10:19c'est-à-dire qu'eux
10:20ils jouissent de voir
10:20l'autre souffrir
10:21c'est-à-dire qu'ils sont
10:22dans un rapport
10:22de pure domination
10:23et de pure destructivité
10:24Alors justement
10:25tiens Audrey
10:26nous appelle
10:27beaucoup d'appels
10:27au standard Europe 1
10:2801 80 20
10:3039 21
10:31pour parler avec vous
10:32sur Europe 1
10:33dans
10:33Et si on en parlait
10:34Marie-Astelle Dupont
10:35on accueille Audrey
10:36Bonjour Audrey
10:37Bonjour
10:38Bonjour à tous
10:39Bonjour Audrey
10:39Vous nous appelez d'où Audrey ?
10:41Je vous appelle de Lyon
10:42et je voulais
10:44féliciter toute la ligne éditoriale
10:47d'Europe 1
10:47qui est comme d'habitude
10:48extraordinaire
10:49mais alors
10:49Marie-Astelle Dupont
10:50c'est une pépite
10:51Merci Audrey
10:52c'est vraiment adorable
10:53pour la rentrée
10:54c'est le cadeau
10:54Alors ça vous avez
10:55mille fois raison Audrey
10:56Écoutez moi je voulais
10:59réagir sur ce qui s'est passé
11:01déjà je crois que
11:03l'information a été relayée
11:06mais la première chose
11:09c'est imaginer l'état
11:10de sa pauvre maman
11:11qui pour dernière image
11:13a l'humiliation de son fils
11:15qui demande à ce que ça s'arrête
11:16et aujourd'hui
11:19c'était quelque chose
11:20qui était assez connu
11:21je crois sur le dark web
11:22c'est-à-dire qu'il y a des gens
11:23qui payaient pour cela
11:23mais on avait l'impression
11:24que c'était détaché
11:25de la société
11:26c'est-à-dire que c'était
11:27vraiment des profils sociopathes
11:29qui allaient lâcher
11:30j'imagine leur passion
11:32voilà
11:34mais on avait l'impression
11:34qu'on en était protégé
11:36et là finalement
11:36le fait que ce soit
11:37des réseaux sociaux
11:38qui soient entre guillemets
11:41non cachés
11:42on se dit déjà
11:43c'est-à-dire qu'il n'y a plus de honte
11:47banalisation du mal
11:48vous en avez parlé
11:49et puis de toute façon
11:52on voit bien que
11:53de plus en plus
11:54de personnes sont vulnérables
11:56il y a toujours
11:57la personne vulnérable
11:58et les personnes
11:58qui essayent d'en
11:59d'en abuser
12:02puisqu'on le voit aussi
12:02avec les dérives sectaires
12:05qui pullulent
12:06ces réseaux sociaux
12:07mais là en plus
12:07il y a une forme de
12:09c'est débridé
12:11c'est-à-dire que là
12:12il n'y a plus de honte
12:15on ne se cache plus
12:16non il y a presque
12:17une revendication
12:18c'est-à-dire
12:19ça fait un peu penser
12:19au possédé de Dostoyevsky
12:20on dirait que c'est un groupe
12:21qui est plus uni par le mal
12:23commun que par le bien commun
12:25et il partage cette excitation
12:26commune devant l'humiliation
12:27ce qui prouve à quel point
12:29ils sont dangereux
12:29mais je suis d'accord avec vous
12:30ça nous a montré
12:30qu'il y a des verrous
12:31qui ont sauté
12:32et que finalement
12:33il y a une banalité
12:34et qu'un petit peu d'ailleurs
12:35dans un autre domaine
12:35comme le procès de Gisèle Pellicot
12:37a montré que
12:37finalement
12:38ça était des profils
12:39de monsieur et madame
12:40tout le monde
12:40qui pouvaient pasculer
12:42dans cette jouissance sadique
12:44et ça nous montre aussi
12:46que finalement
12:46l'injonction à jouir
12:47sans entrave
12:48de mai 68
12:48quand la technologie
12:50lui apporte
12:50certains outils
12:52finalement ça peut basculer
12:54dans cette levée
12:55de la honte
12:55qui est
12:56la honte
12:57c'est quand même
12:58le tabou social
12:58qui fait qu'on va s'empêcher
12:59de faire certaines choses
13:00au moins pour sauver l'honneur
13:02si on n'a pas d'empathie
13:04le manque de
13:06l'empathie
13:08qui vient aussi
13:09avec le manque
13:09de spiritualité
13:10je trouve
13:11dans une société
13:11de plus en plus matérialiste
13:12et qui prend plaisir
13:13dans des choses sadiques
13:15finalement
13:15bien sûr
13:17Audrey vous avez vu
13:18les images
13:18vous sur les réseaux sociaux
13:19je les ai vues
13:21mais floutées
13:21moi je ne supporte pas
13:22et comme disait
13:22Marie-Estelle Dufon
13:23je fais partie de ces gens
13:24qui ne supportent pas
13:25les films d'horreur
13:25ou les films d'angoisse
13:26ah oui
13:27oui donc effectivement
13:28là il ne faut pas
13:28effectivement pas regarder
13:30quand vous avez
13:31entendu parler
13:32de la mort
13:33de Jean Portmanov
13:34vous êtes dit quoi
13:35vous connaissiez déjà
13:36ces vidéos vous ?
13:37non mais vous savez
13:38c'est live
13:39c'est émissions en direct
13:40sur internet
13:41non mais je suis sûre
13:43que ça reste démocratisé
13:44parce que ça me fait penser
13:45à ces jeunes enfants
13:46qui se sont harcelés
13:47en fait à l'école
13:48et j'ai l'impression
13:48que c'est un peu
13:49le même phénomène
13:50qui se passe
13:50c'est à dire
13:51un petit peu
13:52la victime commune
13:53pour se narcissiser
13:54et sans se rendre compte
13:57il y a un côté
13:58très immature
13:58je vous le dis
13:59détaché
14:00de l'empathie
14:03on voit
14:05comment ça se passe
14:06de plus en plus
14:06dans la rue
14:07dans l'école
14:07on se fait agresser
14:08pour rien
14:08en plus on nous parle
14:10de la violente
14:12de la société
14:13mais regardez
14:14ce qui nous est proposé
14:15sur les contenus
14:16des réseaux sociaux
14:17et ce qui bosse d'ailleurs
14:17et que fait l'ARCOM
14:19parce que l'ARCOM
14:19elle est très contente
14:21de faire supprimer
14:22la première chaîne
14:22de la TNT
14:23elle est très agissante
14:25sur certaines choses
14:26mais on l'attend
14:27sur je ne sais pas moi
14:28les dérives sectaires
14:29le harcèlement
14:30la forme débridée
14:34de violences
14:34qui se passent
14:35sur internet
14:35et là on ne la voit pas
14:36merci beaucoup Audrey
14:38merci
14:38merci de nous avoir appelé
14:40depuis Lyon
14:4101
14:4280
14:4220
14:4339
14:4321
14:43Marie-Estelle Dupont
14:45et si on en parlait
14:46tous les jours
14:46votre nouvelle émission
14:4715h-16h
14:48sur Europe 1
14:49puis sur le podcast
14:49bien sûr
14:50et sur l'application
14:51Europe 1
14:52Audrey nous en parlait
14:53à l'instant
14:53la maman
14:54de Jean Portmanov
14:55bien qu'il ait fini
14:57par confier à sa mère
14:58son épuisement
14:59Jean Portmanov
14:59est consenti
15:00à l'origine
15:01à ce dispositif
15:02il avait dit oui
15:03ça pose la question
15:05de la manière
15:05dont les plateformes numériques
15:06tirent profit
15:06de la souffrance psychique
15:08et ce que vous nous dites
15:11c'est que l'être humain
15:12est habité
15:12par un désir de reconnaissance
15:14c'est ça qui a pu
15:15motiver Jean Portmanov
15:16alors non
15:16je n'en parlais pas
15:17dans ma tribune
15:18je ne parlais pas
15:18du désir de reconnaissance
15:19de Jean Portmanov
15:20mais des bourreaux
15:21et alors je fais une parenthèse
15:23pour ensuite vous répondre
15:24et rebondir sur ce que
15:25disait Audrey
15:25je crois qu'effectivement
15:26dans une société
15:27strictement matérialiste
15:28qui ne définit l'homme
15:29que par son coût
15:31et sa rentabilité
15:32dans la mesure
15:33où on oublie
15:33le sacré de la vie
15:34tout est permis
15:35et si tout est permis
15:36abuser d'autrui
15:38n'est pas un problème
15:39dès lors qu'on fabrique
15:40le consentement d'autrui
15:41et il y a bien
15:41une fabrique du consentement
15:42il l'avait accepté
15:43et c'est là que
15:45quand on voit
15:46le SMS qu'il a envoyé
15:47à sa mère
15:47on frissonne
15:48puisqu'il lui dit
15:49ça va trop loin
15:49il me séquestre
15:50on voit bien
15:51qu'il y a une fabrique
15:52du consentement
15:53c'est-à-dire que cet homme
15:54qui certainement
15:55avait eu des antécédents
15:57de grandes souffrances
15:58psychiques dans sa vie
15:59qui va entre guillemets
16:01accepter pour 6000 euros
16:02de se faire lyncher
16:03à la vue
16:04et au sud de tous
16:05n'a pas mesuré
16:08l'engrenage
16:08dans lequel il entrait
16:09en disant oui
16:10et le propre de la perversion
16:11c'est d'avancer masqué
16:13les auditeurs d'Europe 1
16:15le savent
16:15on n'attire pas
16:16les mouches
16:16avec du vinaigre
16:17donc un pervers
16:18va vous dire
16:18va vous présenter les choses
16:20d'une manière
16:20qui vous semble
16:21à votre avantage
16:22et ensuite vous enfermer
16:23dans une boucle
16:23dont vous ne pouvez plus sortir
16:24et Jean Portmanov
16:25en est un tragique exemple
16:27donc son discernement
16:28son estime de soi
16:29tous ces éléments
16:30concouraient
16:31à ce qu'il n'ait pas
16:32les capacités
16:33de donner son consentement
16:34c'est comme quand on dit
16:34qu'un enfant de 6 ans
16:35serait d'accord
16:36pour qu'on mette des photos
16:37lui sur les réseaux sociaux
16:38c'est faux
16:39peut-être qu'il accepte
16:40en disant oui
16:40mais il ne consent pas
16:41dans la mesure
16:42où il n'est pas en mesure
16:43d'évaluer
16:45ce que ça représente
16:46donc je pense que
16:47de la même manière
16:47on doit bien avoir à l'esprit
16:49quand on parle de consentement
16:50de faire rentrer le consentement
16:51dans la loi etc
16:51que qui dit consentement
16:52dit chez les pervers
16:54fabrique du consentement
16:54c'est à dire
16:55qu'une personne vulnérable
16:56traumatisée, malade, diminuée
16:57elle peut demander
16:59elle peut accepter
17:00elle peut réclamer
17:01des pratiques
17:02sans qu'on puisse dire
17:03que son consentement
17:04est total
17:04parce qu'elle est vulnérable
17:06et c'était véritablement
17:07le cas de cet homme
17:08qui s'est retrouvé
17:08dans un ingrenage
17:09diabolique
17:10disons-le
17:11vous le rappeliez
17:13à l'instant
17:13les gens qui regardent
17:15cette vidéo
17:15payent
17:16c'est pas gratuit
17:17ils payent
17:17pour regarder cette vidéo
17:19pour regarder les victimes
17:20se faire taper dessus
17:22se faire violenter
17:23se faire humilier
17:24là ça s'est terminé
17:25de façon tragique
17:27quel est le profil
17:28de ceux qui consomment
17:29ce genre de contenu
17:31qu'est-ce qu'on va regarder
17:32qui est une petite curiosité
17:34pour regarder 10 secondes
17:35d'une vidéo
17:35sur le réseau X
17:39vous voyez là
17:39il y a eu des petites vidéos
17:40pour voir de quoi on parle
17:41mais là
17:42ce sont des gens
17:42qui regardent
17:43des heures entières
17:44quel est le profil ?
17:46non seulement
17:46qui regardent
17:47et qui ont une
17:48double jouissance sadique
17:50de faire taper l'autre
17:52par procuration
17:53donc de se dédouaner
17:54d'avoir porté le coup
17:55mais de payer
17:56pour que quelqu'un d'autre
17:57porte le coup
17:58et là on voit vraiment
17:59le côté sombre
18:00de la lune humaine
18:01et je pense que c'est
18:01le fait qu'ils payent
18:02et c'est peut-être
18:03ce qui choque le plus
18:04les auditeurs d'Europe 1
18:05c'est-à-dire qu'on voit bien
18:05comme ces profils-là
18:06partagent une excitation commune
18:08devant l'humiliation
18:09un vertige de toute puissance
18:12alors est-ce que certains
18:14comme je le disais
18:15ont été victimes
18:16précédemment
18:18et reprennent le dessus
18:20sur leur trauma
18:21en devenant des bourreaux
18:22c'est un triste destin
18:23d'un certain nombre
18:23de victimes de violences
18:24mais il y a aussi
18:26je pense
18:26de parfaits pervers
18:28qui
18:29parce qu'ils ont encore
18:30un vernis social
18:31ou éducatif suffisant
18:32se disent que
18:32s'ils passent à l'acte
18:33ils vont être punis
18:34alors que s'ils payent
18:35et qu'ils sont chez eux
18:36ils vont pas se faire prendre
18:37en tout cas
18:38leur penchant
18:38pour la souffrance d'autrui
18:39les rend effectivement
18:41très dangereux
18:41parce que je pense que
18:42ces gens-là
18:43peuvent facilement glisser
18:44et que
18:45ces gens qui jouissent
18:47de payer
18:47pour faire tabasser quelqu'un
18:49ne sont pas à l'abri
18:50un jour
18:50de porter le coup eux-mêmes
18:52ah oui
18:52c'est-à-dire
18:53de passer de la virtualité
18:55entre guillemets
18:56parce que c'est
18:56entre guillemets
18:57virtuel
18:58ça va dépendre
18:59si ce sont des pervers
19:00impulsifs
19:01ou si ce sont des pervers
19:02un peu plus cortiqués
19:03qui vont toujours
19:04payer les autres
19:04pour porter le coup
19:05ou s'ils sont impulsifs
19:06et un jour
19:07ils vont pas réussir
19:07à se retenir
19:08les deux influenceurs
19:10à l'origine des humiliations
19:11Owen
19:12Senna Zandotti
19:13alias Naruto
19:14et Safin Amadi
19:16alias Safin
19:16se sont lamentés
19:18sur les réseaux sociaux
19:19de ce drame lugubre
19:20qu'ils ont pourtant
19:22provoqué
19:22ils ont dit
19:24regretter
19:24mais que vous inspire
19:25leur attitude
19:26Marie-Estelle Dupont
19:27le dégoût
19:28que m'inspirent
19:29toujours les pervers
19:30c'est-à-dire
19:30cette capacité
19:31qu'ils ont
19:31une fois qu'ils sont
19:32démasqués
19:34et les auditeurs
19:35d'Europe 1
19:35doivent penser
19:36à des cas
19:37qu'ils ont rencontrés
19:38dans leur travail
19:38ou dans leur vie privée
19:39à devenir immédiatement
19:41la victime
19:41il y a cette inversion
19:42victimaire
19:42mais c'est pas de ma faute
19:43on m'avait demandé
19:44mais c'est lui
19:45qui a réclamé
19:46mais il y a des gens
19:46qui ont payé
19:47donc évidemment
19:48jamais de remords
19:49jamais de culpabilité
19:51jamais de
19:52ce sentiment
19:53la plupart d'entre nous
19:56quand on fait du mal
19:56à quelqu'un
19:57la première chose
19:58qui nous meut
20:00c'est le désir
20:00de réparer
20:02de s'excuser
20:03et si possible
20:03de réparer
20:04le mal qu'on a commis
20:05le pervers
20:05il se fait toujours
20:05passer pour victime
20:06c'est toujours
20:07de la faute de l'autre
20:07s'il a fait du mal
20:09et d'ailleurs
20:09il n'a pas fait du mal
20:10c'était pour le bien
20:11de l'autre
20:11donc il ne regrette pas
20:13à l'inverse
20:14quelqu'un qui est doté
20:15d'un sur moi
20:15va ressentir de la culpabilité
20:17donc ces excuses
20:18de façade
20:18et cette indignation
20:19hypocrite
20:19moi
20:20m'écoeure
20:21je pense
20:21comme beaucoup
20:22d'auditeurs d'Europe 1
20:23et l'idée
20:24que ces influenceurs
20:25se fassent ainsi
20:25de la publicité
20:26m'inquiète
20:26c'est à dire
20:27que c'est à la fois
20:28important de parler
20:28de cette barbarie
20:29qui est devenue
20:29un bien de consommation
20:30et en même temps
20:31je n'ai pas du tout
20:31envie qu'on fasse
20:32de la publicité
20:32qui donnerait envie
20:33à d'autres
20:33de faire de même
20:34pour qu'on parle d'eux
20:35à travers des agir
20:37aussi sordides
20:37ils vont chercher
20:38de la célébrité
20:39dans le mal
20:40parce qu'ils ne sont pas
20:41capables de créer
20:42de construire quelque chose
20:43de bon
20:43jamais de remords
20:44d'où ça vient
20:45ça vient de l'éducation
20:46ça vient de la morale
20:47comment ça
20:49comment on en vient
20:50à devenir
20:51un tel personnage
20:52je pense que le mal
20:53est un mystère
20:54de l'existence humaine
20:55et qu'il a une part d'inné
20:56et une part d'acquis
20:58c'est à dire
20:58que l'éducation
20:59l'éducation familiale
21:00et puis les cadres symboliques
21:02dans la société
21:03l'importance du sacré
21:04ou pas dans une société
21:05on voit bien comment
21:05la société moderne
21:07a mis à bas
21:08tous ses cadres
21:08va aider la destructivité
21:10naturelle
21:11chez l'être humain
21:11à se sublimer
21:13à se déplacer
21:14à se transformer
21:15peut-être en sketch
21:16en jeu
21:16en pour de faux
21:17dans un autre domaine
21:18Maurice Berger
21:20en parle sur l'hyperviolence
21:20des mineurs
21:21c'est des enfants
21:21qui n'ont pas appris
21:22à casser pour de faux
21:23le pédopsychiatre
21:24qui nous dit
21:25ce sont des enfants
21:25qui n'ont pas appris
21:26à faire du mal pour de faux
21:27donc ils font du mal pour de vrai
21:28donc il y a des éléments
21:30éducatifs
21:31il y a des éléments
21:32qui sont innés
21:33mais normalement
21:34quand on est parent
21:34on sent la nature
21:35de ces différents enfants
21:36et on sent que
21:37parfois on a un enfant
21:37qui va avoir besoin
21:38peut-être qu'on serre
21:39un petit peu plus la vis
21:40parce qu'il pourrait être
21:41enclin à faire le mal
21:41alors qu'un autre
21:42n'a pas du tout
21:44de plaisir
21:45à voir l'autre souffrir
21:46donc c'est en grande partie
21:48l'éducation qui réprime
21:49cette pulsion de destructivité
21:50qui permet de la sublimer
21:51Il est 15h26
21:52et si on en parlait
21:54sur Europe 1
21:55votre nouveau rendez-vous
21:56sur Europe 1
21:57avec Marie-Estelle Dupont
21:58psychologue clinicienne
22:00psychothérapeute
22:01on décrypte l'actualité
22:03c'est Marie-Estelle Dupont
22:04qui la décrypte d'ailleurs
Recommandations
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