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  • il y a 7 semaines
Sixte de Vauplane, CEO de Animaj, était l'invité de Sandra Gandoin dans French Tech, ce mercredi 20 août. Il est revenu sur leur travail visant à améliorer et produire des contenus adaptés aux nouveaux usages des enfants sur les plateformes, dans Good Morning Business. Retrouvez l'émission du lundi au vendredi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:00C'est Six de Beauplane qui est avec nous, fondateur et PDG de Animage, fondé en 2022.
00:05Merci d'être en direct ce matin dans la matinale de l'économie avec Anthony Morel.
00:10Vous nous rappelez ce que c'est qu'Animage ?
00:12Oui, alors Animage c'est parti d'un constat très simple au départ qui est que les enfants ne regardent plus la télé.
00:18Quand nous on était enfants, on attendait le samedi matin à 8h, peut-être même parfois avant 8h,
00:23pour aller dans le salon et regarder nos programmes jeunesse préférés.
00:25Ce n'est plus le cas aujourd'hui.
00:26Ils sont sur Youtube, ils sont sur TikTok, ils sont sur Roblox, ils sont sur Spotify ou Disney+.
00:31Et c'est une manière de consommer qui a plus grand-chose à voir avec la manière dont consommait la génération Y ou même la génération Z.
00:39Et donc ça suppose un modèle différent pour produire les contenus pour enfants.
00:43Et c'est vraiment ça l'objectif d'Animage.
00:46On a vocation à bâtir les prochaines grosses franchises, les héros qui vont inspirer les générations de demain,
00:52mais avec une approche radicalement différente, pensée pour le digital, en combinant à la fois le meilleur du créatif,
00:59on a un pool de talent créatif formidable en Europe, et la puissance de l'intelligence artificielle.
01:04Et on a développé lors des deux dernières années un outil d'intelligence artificielle
01:10qui permet de réduire les délais de production et de fabrication de dessins animés de 85%,
01:15ce qui nous permet de produire plus de contenus, plus rapidement, et surtout dédié pour chacune des plateformes.
01:21Alors du coup, comment ça se concrétise cette utilisation de l'intelligence artificielle dans le processus créatif ?
01:25Parce que vous savez bien ce qu'on va vous dire, c'est attendez, vous allez supprimer les emplois,
01:29des illustrateurs, des animateurs, tous ces beaux métiers artistiques.
01:33Vous, comment vous vous en servez pour justement accélérer la production ?
01:36Non, c'est un très bon point parce que je pense qu'il y a deux écoles.
01:38Il y a l'école qui indique que l'intelligence artificielle va tout remplacer.
01:43Moi, je n'y crois pas, en fait. Je pense que l'intelligence artificielle n'est pas bon pour créer à la fin.
01:47Il doit y avoir une touche créative, il doit y avoir une inspiration, une vision créative
01:50qui doit être à l'initiative du projet.
01:52Et donc, toutes les tâches créatives, l'histoire, ce qu'on appelle le storyboard
01:57qui permet de donner une direction créative et artistique au show,
02:01restent intimement liées à nos talents créatifs.
02:06Et c'est à partir du dessin, donc d'un petit sketch qu'on va être capable de faire,
02:09qu'on va générer l'animation en 3D.
02:11Parce que c'est ça qui coûte le plus cher dans l'animation aujourd'hui.
02:15Si vous prenez un film comme Pixar ou comme Disney,
02:18on parle de 1,5 million la minute de production.
02:211,5 million. 85% de ces coûts résident après le petit dessin et après le script.
02:27Ce n'est pas la partie créative qui coûte cher, c'est la partie fabrication qui coûte cher.
02:31Et donc, nous, on a un modèle qu'on appelle le sketch to motion,
02:33qui génère cette animation-là et qui permet du coup d'avoir du créatif
02:38et un contrôle créatif au démarrage, d'avoir un contrôle créatif à la fin de la production
02:42et de s'assurer qu'on a à la fois le meilleur des deux mondes,
02:46c'est-à-dire une vision créative qui soit respectée, qui soit contrôlée,
02:49qui soit consistante, mais qui permette d'être dans une économie de coûts
02:53qui fonctionne dans le digital.
02:54On va revenir sur la technologie en elle-même.
02:57Quand vous parliez tout à l'heure de nouveaux contenus, pour ces nouvelles générations,
03:01on parle de quoi précisément ?
03:02De quelle différence avec ce que nous, on a eu quand on était gamins
03:05ou même nos enfants il y a 10-15 ans ?
03:08C'est quoi ? C'est une question de format ? C'est une question de contenu ?
03:11Qu'est-ce qui change réellement ?
03:12Déjà, c'est une question de plateforme.
03:14YouTube est devenue la plateforme dominante dans le marché du Kids.
03:16On parle de 450 millions de spectateurs uniques tous les mois qui regardent YouTube Kids.
03:22C'est énorme.
03:22On n'a jamais connu dans l'histoire de l'animation une plateforme aussi importante que YouTube.
03:28Et donc, ça rabat complètement les cartes.
03:29Ça veut dire que d'un point de vue monétisation,
03:32on ne peut plus se passer de YouTube si on est un producteur de contenu.
03:35La deuxième chose, c'est effectivement les formats.
03:36On est sur des formats qui vont être plus dynamiques, qui vont être plus courts.
03:39On parle de 3-5 minutes, alors qu'on était sur des formats de 11-20 minutes avant à la télévision.
03:45Et avec un arc narratif qui va être différent.
03:48On a l'habitude d'avoir un arc narratif qui soit assez lent
03:50et avec ce qu'on appelait le climax qui est arrivé à la fin ou à la 15e minute.
03:55Là, on commence rapidement avec le problème à résoudre.
03:59Et donc, on renverse complètement le storytelling.
04:01Et c'est pour ça que nous, chez Animage,
04:03on pense que plutôt que de créer un contenu qui va à la fois fonctionner
04:06pour les plateformes de streaming et pour YouTube,
04:09on va avoir du contenu dédié pour les plateformes de streaming et les chaînes de télévision
04:12et du contenu dédié pour les plateformes comme YouTube et les réseaux sociaux.
04:16Je donne les chiffres quand même, parce que vous avez 22 milliards de vues par an sur YouTube.
04:20C'est quand même des chiffres énormes.
04:22Et 242 millions d'utilisateurs par mois.
04:24Mais alors, vous, votre stratégie, c'est d'acheter des franchises qui existent déjà
04:28et ensuite de les remodeler en utilisant l'intelligence artificielle.
04:31Ou alors, vous créez aussi vos propres franchises.
04:33Alors, jusqu'à présent, on était effectivement très concentré sur le rachat de licences existantes.
04:37Je trouve que...
04:39Une star, c'est Pocoyo.
04:40C'est effectivement Pocoyo que vous pouvez voir à l'écran.
04:43Pocoyo, c'est une star inconsidérable en Espagne.
04:48Tout le monde connaît Pocoyo aujourd'hui en Espagne, dans le pays hispanophone.
04:51Mais c'était une marque qui était un peu perdue, bloquée dans l'ancien modèle.
04:55C'est-à-dire qu'ils étaient beaucoup trop dépendants de la télévision.
04:58Ils avaient du mal à s'adapter à cette nouvelle dynamique, à ces nouveaux moyens de consommation.
05:02Et donc, on a racheté Pocoyo, la licence Pocoyo et tous les droits qui sont associés
05:06pour pouvoir réinventer la marque pour la nouvelle génération.
05:09Et donc, on n'est pas simplement là pour pouvoir rééditer ou retransformer les anciennes saisons.
05:13Mais on construit et on fabrique et on crée des nouvelles saisons et des nouveaux contenus Pocoyo.
05:18On a créé une saison 5 de Pocoyo.
05:20On crée toutes les semaines des nouveaux épisodes de Pocoyo.
05:22Et on est en train de développer un long métrage de Pocoyo qui va sortir en salle.
05:25Vous évoquiez tout à l'heure, vous ne le disiez pas comme ça, mais vous êtes un peu l'anti-Disney.
05:29C'est-à-dire Disney ou Big Pixar, c'est effectivement des coûts de production qui sont absolument massifs,
05:33des temps de développement qui sont absolument énormes aussi.
05:37Et pourtant, vous avez eu un coup de fil de la part de Disney qui veut travailler avec vous d'une certaine ère.
05:43Déjà, comment ça se passe quand on a un coup de fil de Disney ?
05:45Ça doit être un truc de fou.
05:48Je viens de la génération de Pixar.
05:51C'est-à-dire que le premier film que j'ai vu au cinéma, c'est Toy Story 2.
05:54Donc Andy, Woody, ces héros de Pixar, ça a marqué ma vie et ça a marqué toute cette génération-là.
05:59Et tu dis qu'on est l'anti-Pixar ou l'anti-Disney, mais en fait, on ne se compare pas par rapport à ces studios.
06:04Je pense qu'on a une approche qui est différente.
06:06À la fin, si on peut avoir un impact sur cette nouvelle génération aussi forte que Pixar n'a eu pour ma génération,
06:14on aura gagné notre pari.
06:15En revanche...
06:16Mais qu'est-ce qui les intéresse ?
06:17C'est qu'on a une approche qui est radicalement différente.
06:19C'est-à-dire qu'on a une approche qui est pensée pour le digital.
06:21Aujourd'hui, ce changement dans la consommation des médias est probablement le changement le plus brutal qu'a connu Hollywood sur les dernières années.
06:31C'est un changement radical, à la fois pour le cinéma et à la fois pour la télévision.
06:35Tu rajoutes à ça l'intelligence artificielle qui crée des frictions énormes sur le marché,
06:41tu te retrouves avec des acteurs traditionnels qui ont du mal à s'adapter avec la nouvelle économie qui est en train de se profiler.
06:47Aujourd'hui, Animage a été designée et a été pensée pour l'ère du digital et a été pensée pour l'ère de l'intelligence artificielle.
06:54Vous avez levé 75 millions d'euros pour mettre justement l'IA au service de ces nouveaux contenus.
07:01Vous allez en faire quoi concrètement de cette somme ?
07:03On va continuer d'abord tout ce qu'on a fait sur les trois dernières années.
07:06Donc on va continuer à investir dans nos technologies d'intelligence artificielle.
07:10C'est un sujet qui est majeur pour nous.
07:12On voit beaucoup de technos d'IA qui sont disponibles sur le marché mais qui n'ont pas été pensées pour les créateurs de contenu.
07:17Ils n'ont pas été pensées notamment pour les créateurs professionnels de contenu.
07:20Nous, on crée un outil qui a été pensé par les créateurs pour les créateurs de contenu
07:24et donc qui permet de résoudre les problématiques de consistance, les problématiques de contrôlabilité artistique
07:28et les problématiques de copyright dont on sait que c'est un sujet majeur sur ces modèles d'intelligence artificielle.
07:33Le deuxième sujet, c'est de continuer à développer nos marques.
07:36On parlait de Pocoyo, de Hey Kids, de KidIbli.
07:38Et on veut continuer à les développer en franchise à travers des produits dérivés, des films,
07:43à travers de la musique, des jeux vidéo et des expériences interactives.
07:46Et on va racheter d'autres licences qu'on devrait annoncer dans les prochaines semaines.
07:49Et si on se projette encore un petit peu plus loin en termes de consommation de contenu
07:52et d'utilisation de l'intelligence artificielle,
07:54je me suis beaucoup intéressé, je prépare une chronique là-dessus sur A Show Runner que vous devez connaître.
07:57C'est cette plateforme qui a été lancée aux Etats-Unis
07:59qui permet en fait à l'utilisateur lui-même de créer des épisodes de sa série ou de son dessin animé.
08:05Est-ce qu'on peut imaginer aller à ce niveau-là de personnalisation ?
08:07Pour moi, c'est clairement le futur de l'animation et le futur de l'entertainment.
08:11C'est quand tu arrives à fusionner le gaming et on va dire le contenu linéaire.
08:18Et donc ce contenu interactif, c'est le summum de la personnalisation qu'on peut apporter aux audiences.
08:24Nous, on travaille aujourd'hui là-dessus.
08:25La technologie n'est pas encore suffisamment mature pour pouvoir apporter cette consistance
08:29et cette qualité artistique qu'on voudrait.
08:32Mais je pense que c'est une histoire de mois ou en tout cas de quelques années avant d'y arriver.
08:35Ça s'appelle Animage, c'est français.
08:37Merci Six de Beaupel d'être venu nous voir, fondateur et PDG de Animage dans cette émission.

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