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  • il y a 2 mois
🎙️ Quel rapport les journalistes et producteurs de Radio France entretiennent-ils avec la langue française ? Guillaume Battin, Journaliste à la direction des sports sur franceinfo , nous parle de son rapport à la langue.

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Transcription
00:00Ça nous permet de réfléchir, de prendre un peu de distance après,
00:02de voir quelles ont été les critiques des auditeurs et de se dire
00:05« est-ce que la prochaine fois, s'il y a une prochaine fois,
00:08est-ce qu'on traitera cette actualité de la même manière ? »
00:15Les messages des auditeurs qu'on reçoit via la ménatrice de Radio France
00:21sont évidemment inspirants, ça nous permet de réfléchir
00:24à la manière dont on a traité une actualité,
00:26est-ce qu'on en a trop fait, pas assez fait, est-ce qu'on a bien fait ?
00:28Je prends l'exemple de la victoire du Paris Saint-Germain en Ligue des Champions,
00:31on a été quasiment spécial pendant deux jours,
00:34je sais que pour certains qui n'aiment pas forcément le sport ou le football
00:36ou le Paris Saint-Germain, on en a trop fait,
00:39ça nous permet de réfléchir, de prendre un peu de distance après,
00:42de voir quelles ont été les critiques des auditeurs et de se dire
00:44« est-ce que la prochaine fois, s'il y a une prochaine fois,
00:47est-ce qu'on traitera cette actualité de la même manière ? »
00:53La devise de Radio France, c'est « éduquer, informer, divertir ».
00:57Et donc dans « éduquer », évidemment, il y a cette notion de respect de la langue française.
01:01Alors on fait du langage parlé, on n'est pas des académiciens,
01:04on n'écrit pas des livres.
01:05Il y a tellement d'heures d'antenne sur les chaînes de Radio France
01:07que ça arrive qu'on fasse des petites erreurs
01:09et on vous demande par avance un petit peu d'indulgence.
01:11Je ne m'interdis pas grand-chose, mais c'est vrai qu'il y a des expressions
01:17que j'entends souvent qui reviennent.
01:19Je pense à une expression qui revient dans la bouche des journalistes politiques
01:23et des hommes et des femmes politiques, et l'expression « au fond »,
01:26qui est parfois un gimmick pour essayer de conclure une démonstration
01:31qui n'est pas toujours bien nourrie.
01:32Dans le sport, il y a le mot « voilà » qui revient souvent,
01:35parce qu'il faut trouver un mot qui va remplacer un blanc, un « e »,
01:38permettre de réfléchir.
01:40Il y en a plein tout le temps.
01:42J'essaie de ne pas en avoir à l'antenne
01:44et de faire quelque chose de fluide et qui soit facile à comprendre.
01:49J'ai eu un type de langage, je parlais de ce mot « voilà ».
01:52Je l'ai eu quand j'étais jeune journaliste
01:54et puis ma rédactrice en chef de l'époque, Isabelle Delaud,
01:56me l'a fait remarquer et je ne l'ai plus trop redit de manière aussi répétitive.
02:00J'ai tendance, non pas à avoir un type de langage aujourd'hui,
02:02mais je pense à un type de prononciation.
02:04Ça s'entend j'accentulaire.
02:07C'est typique des gens du Sud-Ouest, du Pays Basque, de Bordeaux, etc.
02:11Au-delà de ce régionalisme, c'est aussi dans le souci de bien articuler,
02:15d'être bien compris, de ne pas glisser sur les mots.
02:18On en a tous des types de langage et on se les dit entre nous.
02:23On se fait écouter nos reportages,
02:25on écoute les reportages des uns des autres
02:27et on joue un peu le rôle de ces auditeurs
02:30qui écrivent à la médiatrice de temps en temps
02:32pour avoir déjà un premier filtre.
02:34On est 800 journalistes, c'est la différence qu'on a, nous, à Radio France
02:37par rapport à un influenceur qui est tout seul, qui fait de l'actualité chez lui.
02:40Nous, on s'auto-contrôle et on s'auto-surveille tous en permanence.
02:47Mon mot préféré, c'est le mot, c'est un peu cuculapraline,
02:49mais c'est le mot amour.
02:50Parce que je trouve que quand on aime,
02:53on est capable de se transcender,
02:55de faire des choses extraordinaires dans la vie privée
02:57et que ça manque beaucoup dans l'actualité.
03:01On le voit encore aujourd'hui,
03:03l'amour est peu présent.
03:04C'est très tendu, c'est très dur et très violent,
03:08l'actualité qu'on diffuse dans nos informations,
03:10dans nos journaux, sur les chaînes de Radio France.
03:12Voilà, c'est le mot que j'ai choisi,
03:13le mot amour que j'aime.
03:15Les anglicismes, ils sont très fréquents dans notre vie quotidienne.
03:22C'est la langue du monde aujourd'hui, l'anglais.
03:24Et dans le monde du sport, il y en a énormément.
03:26Les anglais ont inventé beaucoup de disciplines,
03:29donc il y a beaucoup de mots qui reviennent qui sont anglais.
03:31Je prends l'exemple à Roland-Garros,
03:32il y a des mots qu'on ne peut pas éviter.
03:33On peut dire une manche au lieu d'un set,
03:35mais un tie-break, comment on dit, un jeu de fin de manche.
03:38Il y a quelques années, un ancien footballeur
03:41qui était devenu commentateur, Jean-Michel Larquet,
03:43commentait le foot sur TF1.
03:45Il disait le coup de pied de coin au lieu du corner.
03:48Alors, est-ce que c'est ridicule ?
03:49Est-ce que c'est bien de faire ce genre de traduction systématique ?
03:52Il faut y faire attention.
03:53Il y a des choses qui sont gratuites
03:54quand on utilise les anglicismes et qu'on pourrait éviter,
03:57mais dans le sport, c'est très compliqué.
04:00Le mot radio, ça évoque évidemment pour moi le mot voyage.
04:04D'abord parce que quand on est jeune journaliste,
04:06je ne le suis plus trop, mais on rêve de grands reportages.
04:09Et le mot « grands reportages » veut dire
04:10voyager à travers le monde pour raconter l'actualité du monde.
04:13Le son permet de voyager.
04:15On ferme les yeux et c'est comme un bon bouquin
04:17qui est bien écrit avec des mots, des adjectifs qui décrivent.
04:20Et on doit donner, nous, en permanence,
04:24le décor dans lequel on est.
04:25Nous, journalistes, nos yeux, ce sont les yeux des auditeurs.
04:28Et à travers les mots et les sons,
04:29on permet aux gens de voyager.
04:32Et je trouve que c'est l'un des éléments assez dingues
04:34et assez géniaux de la radio par rapport à la télévision.
04:36Il y a un nom de radio que je retiens.
04:40C'est celui que j'entendais tous les matins dans la voiture de mon père
04:44quand il nous amenait à l'école avec mes soeurs.
04:46À 8h, France Inter, c'était Gérard Courchel.
04:49Sa voix m'a bercé pendant des années.
04:51Et je trouve qu'il arrivait à faire passer les mauvaises nouvelles
04:56avec sa belle voix, très douce,
04:59beaucoup mieux que quelqu'un d'autre.
05:00Et puis, il y a une autre voix, c'est celle de Laurent Vallière
05:02qui fait les chroniques séries
05:05et puis aussi parfois sur France Info, le Rendez-vous Média.
05:07Il a un cheveu sur la langue, il zozote.
05:10Et je trouve que ça lui donne une identité propre.
05:13Moi, en tout cas, quand je l'écoute,
05:15je l'écoute plus et mieux qu'un d'autre
05:17parce qu'il a ce petit zozotement.
05:19Je trouve qu'il n'y a pas assez de différence
05:20dans nos tons, nos voix.
05:22La mienne, elle est un peu comme celle de plein de présentateurs
05:24et plein de reporters à Radio France.
05:26Il n'y a pas accès d'accent sur les chaînes de Radio France.
05:28On n'entend pas d'accent corse, pas d'accent du snorne,
05:32etc. Antillais, j'aimerais bien qu'il y en ait plus.

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