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REDIFF - Ted Kaczynski détestait la société de consommation, la course au progrès et à la haute technologie. Il en voulait à tous ceux qui saccagent la nature et conduisent l'humanité à sa perte. C'était au début des années 70 et le jeune et brillant mathématicien s'est alors transformé en un criminel ingénieux, insaisissable, déroutant baptisé par les autorités américaines Unabomber. Des bombes explosant à la figure de leurs destinataires: trois morts et 23 blessés.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.

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Transcription
00:00C'est l'heure du crime sur RTL, avec Jean-Alphonse Richard.
00:07S'agit-il d'un fou ou bien d'un monstre surdoué, animé par une haine profonde pour la société moderne ?
00:13Pendant près de 20 ans, Theodor Kaczynski, cet ermite, a fabriqué des bombes qu'il expédiait aux quatre coins des Etats-Unis.
00:2116 bombes qui ont fait 3 morts et une vingtaine de blessés.
00:25On lui avait trouvé un surnom, Youna Bomber.
00:27Bonjour, Ted Kaczynski détestait la société de consommation, la course au progrès, la haute technologie.
00:36Il en voulait à tous ceux qui saccagent la nature et conduisent l'humanité à sa perte.
00:41C'était au début des années 70, le jeune et brillant mathématicien allait se transformer en un criminel ingénieux, insaisissable, déroutant,
00:49baptisé par les autorités américaines Una Bomber.
00:52Trois morts, 23 blessés, le FBI va avoir du mal à remonter la piste de ce terroriste domestique.
01:00Aucune empreinte, aucune piste, aucun témoignage.
01:03Il faudra un incroyable concours de circonstances pour qu'il soit arrêté au fin fond du Montana, dans une forêt profonde.
01:12Kaczynski est mort en prison il y a très exactement deux ans.
01:15Étonnamment, il continue à inspirer une frange de la jeunesse américaine partie en croisade contre la société industrielle.
01:23Comment cet homme seul a-t-il pu défier aussi longtemps les Etats-Unis ?
01:27L'une des questions posées aux invités de l'heure du crime.
01:30La seule émission radio 100% fait d'hiver.
01:32Ted Kaczynski, Una Bomber, l'ermite de la forêt de Lincoln.
01:37C'est tout de suite sur RTL.
01:3925 mai 1978, Buckley Christ, professeur en ingénierie mécanique à la Northwestern University à Evanston, près de Chicago,
01:56est prévenu qu'un colis à son nom lui a été retourné.
01:59Il doit venir le chercher.
02:00L'enseignant est étonné, il demande à la sécurité de l'ouvrir.
02:04A peine l'agent Terry Marker a déchiré le paquet que celui-ci lui explose dans les mains.
02:10Il n'a que de petites blessures.
02:11La police retrouve un dispositif de mise à feu artisanal, mais très bien pensé.
02:15Le professeur Christ n'a reçu aucune menace.
02:18Il ignore qui voulait lui faire du mal.
02:21Vérification qu'ils ne vont pas plus loin.
02:22Un an plus tard, 9 mai 1979,
02:25toujours sur le campus de la Northwestern University,
02:29John Harris, étudiant à l'Institut de Technologie, reçoit une boîte à cigares.
02:35Il ouvre, aussitôt aveuglé par une intense lueur, il est légèrement brûlé.
02:39La police relie les incidents, mais pense à un mauvais plaisant.
02:4315 novembre, les passagers d'un vol American Airlines, Chicago, Washington,
02:47sont incommodés en plein vol par une fumée acre qui s'échappe de la climatisation.
02:5212 passagers font des malaises.
02:53L'avion doit se poser en urgence.
02:56Une boîte en bois, remplie d'explosifs, est retrouvée dans la soute.
02:59Par chance, le système de mise à feu était défectueux.
03:02Mais il y avait assez de poudre pour faire un trou dans la carlingue.
03:07Quelques mois plus tard, le PDG d'une autre compagnie, United Airlines,
03:11est sérieusement brûlé chez lui, au visage et au cou.
03:14La bombe était dissimulée dans un livre intitulé Ice Brothers, un récit de guerre.
03:19Le FBI s'intéresse à cette série d'explosions.
03:23Les cibles paraissent disparates, mais la construction des engins est l'œuvre d'un même individu.
03:28Les bombes sont simples, mais ce qui frappe les enquêteurs,
03:32c'est que tout a été pensé pour qu'on ne détecte aucune trace
03:35permettant de remonter à celui qui les a construites.
03:38Les coffrets sont deux fabrications maison en bois de noyé, tout comme certains mécanismes.
03:43La colle utilisée n'est pas vendue dans le commerce.
03:46Elle est élaborée à partir de sabots bouillis de cerfs.
03:50Les experts du FBI sont convaincus que le terroriste a une grande connaissance de la nature,
03:55des animaux, des essences de bois.
03:57L'homme prend un soin maladif à ne laisser aucune empreinte.
04:00Il va jusqu'à effacer les numéros de série des piles électriques
04:03afin qu'on ne sache pas où a été vendue telle ou telle l'eau seule.
04:08Certaines pièces de métal sont volontairement signées,
04:11estampillées au poinçon de deux lettres, F, C,
04:15dont la signification va s'avérer être le Freedom Club,
04:19le club de la liberté.
04:21De 1980 à 1985, les attaques se multiplient.
04:25Le FBI surnomme le criminel Una Bomber.
04:28U et N pour université, le A pour aviation, des cibles privilégiées.
04:33Une secrétaire de l'université Vanderbilt à Nashville
04:36est ainsi sévèrement brûlée, lacérée au visage et aux mains.
04:39La bombe était bourrée d'éclats de métal.
04:41L'université de Berkeley est également visée.
04:44L'étudiant John Hauser, capitaine de la US Air Force
04:47et futur astronaute, a quatre doigts arrachés,
04:50l'artère du bras droit sectionnée.
04:52Il perd l'usage de son œil gauche.
04:54Le terroriste monte en puissance.
04:56Ses engins sont toujours plus sophistiqués et plus puissants.
04:5911 décembre 1985, Hugh Scruton, 38 ans,
05:03gérant d'un magasin d'informatique à Sacramento,
05:06est tué en ouvrant un colis piégé.
05:08Il allait se marier dans quelques jours.
05:10Jonah Bomber vient de faire son premier mort.
05:12Le FBI redouble de vigilance, multiplie les surveillances
05:15pour coincer cet homme sans empreinte
05:17qui évite même de coller ses timbres postaux avec sa salive,
05:21informé sans doute de l'émergence d'une toute nouvelle science,
05:25l'ADN.
05:26Un criminel invisible jusqu'au 20 février 1987 à Salt Lake City.
05:31Une explosion blesse.
05:32Un vendeur d'ordinateur, une femme, a vu un homme déposer le colis.
05:36Entre 25 et 30 ans, autour d'un mètre 80, blond, petite moustache,
05:40sweatshirt gris à capuche, lunettes au verre fumé.
05:43C'est le Youna Bomber.
05:46Et il s'est enfui.
05:48Portrait robot qui dès lors va être affiché dans tous les postes de police aux Etats-Unis.
05:52Circulé dans les journaux, un dessin qui va devenir très célèbre.
05:56C'est la seule description disponible de ce Youna Bomber qui échappe aux équipes les plus aguerries du FBI.
06:02Mais peu à peu, on va remonter sa piste et il va d'ailleurs, sans le faire exprès, se dévoiler.
06:07On va raconter tout ça dans la suite de l'heure du crime.
06:10On va rester au tout début de cette histoire, à la fin de ces années 70,
06:15avec ses premières bombes.
06:17Et on commence tout de suite avec notre premier invité, c'est Stéphane Bertomé.
06:20Bonjour Stéphane.
06:21Bonjour.
06:22Merci infiniment d'être au téléphone de l'heure du crime depuis le Canada où vous vivez.
06:26Vous êtes ancien policier, puis vous produisez, vous créez des podcasts.
06:30Je signale le dernier, le clan Dubois,
06:32qui raconte l'histoire d'une des plus importantes familles criminelles du Québec dans les années 70.
06:37Ce sont des podcasts évidemment à écouter parce qu'ils sont passionnants et très bien écrits.
06:42Stéphane Bertomé, vous connaissez parfaitement bien ce dossier.
06:46Il y a ses premières bombes.
06:48Au début, on a un peu de mal à saisir cette démarche.
06:51On pense tout simplement que c'est un dingo qui produit comme ça des engins explosifs
06:55et qui se balade dans tous les Etats-Unis.
06:57Oui, parce que dans un premier temps, si les cibles ne sont pas précisées par des revendications,
07:03la nature des personnes qui sont touchées est tellement diverse.
07:07Il y a tellement de personnes différentes qui sont touchées par ces attaques
07:11qu'on a bien du mal à comprendre effectivement quel est l'objectif derrière ça.
07:16Et vous savez que pour les policiers, l'important c'est de cibler qu'est-ce qu'on veut, que veut le criminel.
07:21Et là, dans un premier temps, c'est assez difficile parce que les cibles sont très différentes.
07:26Il n'y a pas de revendication très claire qui est faite.
07:29Et ça, ça pose un vrai problème de compréhension.
07:31Alors, il y a tout de même un fil rouge, Stéphane Bertomé.
07:34Et là, les enquêteurs du FBI qui ont quand même l'habitude et qui travaillent beaucoup
07:37et qui sont en général nombreux et bien équipés, ils ont repéré ça.
07:41Ils ont repéré que quand même les cibles, c'était des universitaires, des chercheurs, des techniciens.
07:45Il y a l'aviation qui est visée.
07:46C'est pour ça d'ailleurs qu'on le se nomme Una Bomber.
07:50Ce sont les cibles potentielles.
07:52Mais c'est assez vague quand même parce que là, c'est le monde du progrès qui est attaqué.
07:55Oui, c'est le monde du progrès.
07:57Et là aussi, qui attaque le monde du progrès ?
08:01Pourquoi on s'en prend à des gens qui...
08:03C'est difficile à comprendre, à mettre de la consistance là-dessus.
08:06Pourquoi on s'attaque à des gens qui sont soit des universitaires.
08:10D'ailleurs, il y a un étudiant qui est blessé.
08:12Il y a des gens qui n'ont quasiment rien à voir avec des gens qui travaillent dans les forêts.
08:17Il y a un lobbyiste des forêts du milieu forestier.
08:22Il y a vraiment une difficulté des policiers, surtout à l'époque.
08:27Il faut se replacer quand même à l'époque.
08:29Ça commence très tôt.
08:30On parle des années 78, la première attentat en 78.
08:34Donc, il y a une difficulté à bien comprendre l'objectif.
08:38D'autant plus qu'aujourd'hui, cet objectif, on le comprend.
08:40Évidemment, avec l'éco-terrorisme, comme on l'appelle parfois.
08:42Mais à l'époque, c'est complètement nouveau.
08:44Ça n'existe pas.
08:45Les gens qui se battent contre le progrès, contre les fusées, contre les voitures qui polluent, ça n'existe pas.
08:50Bonjour Philippe Coste.
08:52Merci infiniment d'être en direct avec nous depuis les Etats-Unis.
08:55Vous êtes journaliste correspondant aux Etats-Unis pour plusieurs médias.
08:58Et auteur du livre, je le cite, « Etats-Unis, quand la justice dérape » qui est parue aux éditions de l'Express.
09:03Il y a quelque chose qui frappe dans ce Youna Bomber, Philippe Coste.
09:07C'est qu'il est vraiment très méticuleux, prudent.
09:10Il est incroyablement...
09:12Il fait très attention à ce qu'il fait.
09:13Il n'y a pas d'empreinte, aucune ?
09:15Non, aucune.
09:16Et c'est d'ailleurs ce qui crée toutes ces conjectures dans la police.
09:21À un moment, il y a deux écoles au FBI à cette époque.
09:25L'une pense que c'est un...
09:27Les nouveaux profilers, c'est une nouvelle profession.
09:30Les gens qui s'occupent des profils des criminels commencent à travailler dans la police américaine.
09:36Et il y a un grand débat, voire même un affrontement entre deux visions.
09:42L'une pense que, vu la méticulosité, vu le travail, vu les cibles, vu, je dirais, l'intelligence et la tactique,
09:51ce serait un universitaire, un intellectuel, quelqu'un qui connaît ce milieu et autres.
09:55Et très vite, enfin, au bout d'un moment, ce profil est abandonné par les anciens du FBI
10:04qui méprisent la fonction de profiler, justement.
10:07Puisque, ben oui, non, c'est tout simplement un technicien,
10:11quelqu'un qui est un technicien, sans doute dans l'aéronautique.
10:14Et on abandonne complètement cette piste.
10:16Ce qui fait que, pendant très longtemps, la police ne va pas chercher là où il faut.
10:21Elle ne va pas chercher dans les bons milieux.
10:23Quand même, Philippe Coste, il y a une impression, une image qui s'impose,
10:27c'est que c'est un homme seul.
10:29On exclut une bande.
10:31Oui, oui, oui.
10:32Dès le départ, on pense à une...
10:35Il y a une grande crainte d'un réseau terroriste.
10:40C'est l'époque où la crainte d'action terroriste est en train de monter aux Etats-Unis.
10:46On exclut ça.
10:47On pense plutôt qu'il y a une telle similitude,
10:50aussi, une telle diversité dans les cibles aussi,
10:55qu'on pense que c'est vraiment l'action d'une lubie,
10:58l'action d'une personne en particulier,
11:01une vengeance,
11:02mais on ne voit pas un réseau organisé.
11:05On pense que, d'ailleurs, ces colis ont été postés tous de la même manière.
11:09Il y a une telle similitude entre les actions, les attaques,
11:12que l'idée de plusieurs auteurs est vite exclue.
11:18La traque va s'intensifier.
11:20Le suspect à la capuche va enfin sortir de sa réserve.
11:24Younabomber, Ted Kaczynski, l'ermite de la forêt de Lincoln.
11:28Afin que notre message passe, nous avons dû tuer des gens.
11:32L'enquête de l'heure du crime, je vous retrouve dans un instant sur RTL.
11:3514h-15h, c'est l'heure du crime sur RTL.
11:41L'heure du crime, jusqu'à 15h sur RTL.
11:45Au programme aujourd'hui de l'heure du crime, l'affaire Younabomber.
11:48Dans les années 80-90, un mystérieux terroriste distribue dans tout le pays des colis piégés.
11:54Il s'en prend à la technologie, au progrès des blessés.
11:57Un premier mort en 1987, il va encore tuer.
12:0122 juin 1993, après 7 ans d'inactivité, le Younabomber est de retour.
12:08Un généticien de l'université de Californie a 3 doigts arrachés en ouvrant un paquet postal dans sa cuisine.
12:15C'est un penson déchiré.
12:16Deux jours plus tard, explosion chez un informaticien de l'université de Yale.
12:21David Gelamter perd l'usage de sa main droite et en partie celui d'un oeil.
12:25Deux ans plus tard, Gelamter reçoit une lettre d'insulte du poseur de bombes.
12:31Les gens diplômés comme vous ne sont pas aussi intelligents que l'on croit.
12:35Si vous aviez un cerveau, vous sauriez qu'il y a plein de gens qui ne veulent pas que la technique change le monde.
12:41Décembre 1994, avril 1995, deux morts.
12:45Le premier est un publicitaire, le deuxième le président d'une puissante compagnie forestière.
12:50Ce dernier est si mutilé que la famille ne sera autorisée qu'à voir le haut de son corps.
12:55En 17 ans, Younabomber a fabriqué 16 engins explosifs, fait 3 morts et une vingtaine de blessés.
13:02Après le troisième meurtre, le terroriste sort de son silence.
13:05Il écrit aux journaux.
13:07Il propose l'arrêt des attentats en échange de la publication de son manifeste intitulé
13:12« La société industrielle et son futur ».
13:1535 000 mots.
13:17Une critique des politiciens, bureaucrates, techniciens qui s'octroient le droit de vie et de mort sur les citoyens.
13:23« Il vaut mieux jeter ce système pourri pour en tirer les conséquences », c'est-il écrit.
13:27Le FBI pousse à la publication ces choses faites.
13:30Le 22 septembre 1995, dans le New York Times et le Washington Post.
13:34« Si nous n'avions pas été violents, personne n'aurait publié cela.
13:38Afin que notre message passe, nous avons dû tuer », écrit le Younabomber.
13:43Les experts du FBI analysent chaque mot, chaque virgule du manifeste.
13:48Dans la petite ville de Shenegh Dati, dans l'état de New York, un homme relie lui aussi le manifeste.
13:55David Kaczynski est travailleur social.
13:57Son épouse, Linda Patrick, lui a fait remarquer que cette prose ressemble étrangement aux longues lettres décousues
14:05que leur écrivait à une époque Ted, Ted Kaczynski, le frère aîné de David.
14:10De nombreuses expressions, comme « logisticien » au cerveau glacé, sont identiques, tout comme des tournures de phrases.
14:17Tous les lieux où les bombes ont explosé ont été fréquentés par Ted.
14:20David Kaczynski se retrouve face à un dilemme.
14:23« Ne rien faire et courir le risque que Ted tue à nouveau, ou le dénoncer et accepter l'idée qu'il puisse être exécuté », dira-t-il.
14:31David se résout finalement à alerter les autorités en marcher et passer,
14:35pour que Ted, s'il est bien le Younabomber, ne soit pas exécuté.
14:39Pendant six mois, le FBI se penche sur l'avis de Ted Kaczynski, 53 ans.
14:45Un homme qui semble avoir toujours vécu depuis l'enfance une existence solitaire, ni ami, ni petit ami, ni relation.
14:51Étudiant brillant, considéré comme un génie des mathématiques.
14:54À 25 ans, il obtient son doctorat à l'université du Michigan, publie ses travaux dans des revues spécialisées.
15:01Devient professeur assistant à l'université de Berkeley.
15:03Deux ans plus tard, il claque la porte, sans raison apparente.
15:07Il n'a jamais manifesté à propos du Vietnam, mais il annonce à ses parents qu'il ne veut pas faire partie de la machine de guerre.
15:14Avec son frère David, il achète un bout de terrain dans un coin perdu et hostile du Montana, près de Lincoln.
15:201017 habitants au pied des montagnes.
15:23Il y érige en pleine forêt une cabane en bois que lui seul va habiter.
15:28Il porte une longue barbe, se déplace à bicyclette, chasse, pêche, jardine.
15:32Il fait parfois quelques courses à Lincoln, mais personne ne sait qui il est, si ce n'est un ermite qui ne prononce pas un mot.
15:39Dans sa cabane, il dort sans aucun matelas pour que le corps ne s'amollisse pas, dira-t-il à son frère.
15:47Et voilà comment le piège semble s'être refermé sur Una Bomber, Ted Kaczynski.
15:53Tout semble correspondre au poseur de bombes, une vie en marge dans une cabane qui va bientôt être prise d'assaut par le FBI.
16:00Comment et que va-t-il se passer ?
16:02On va le voir dans la suite de l'heure du crime.
16:04Interessons-nous tout de suite à ce tournant dans la trajectoire d'Una Bomber.
16:08Stéphane Bertomé, vous êtes aujourd'hui l'un de nos invités dans l'heure du crime en direct depuis le Canada.
16:13Ancien policier et vous connaissez bien cette affaire.
16:16Vous avez travaillé dessus.
16:18Sait-on pourquoi, alors il y a un mystère, sait-on pourquoi d'un seul coup il se manifeste Kaczynski ?
16:23Quel besoin il a de sortir de ce silence et de sa réserve où il était préservé jusque-là ?
16:28Vous l'avez dit, c'est difficile à comprendre.
16:32Ça tient essentiellement à sa personnalité.
16:34Manifestement, il avait besoin d'exprimer la mission qui s'était donnée.
16:40C'est-à-dire de lutter contre toute forme de modernité, contre la société de consommation.
16:47Il est en croisade.
16:48Il est en croisade.
16:49Il est en croisade et en même temps, je pense que dans un premier temps, il commence à se lancer dans justement ses envois d'explosifs, etc.
16:58de systèmes explosifs et petit à petit, tout ça prend forme et il faut qu'il exprime le fond de sa pensée.
17:05On a l'impression que c'est quelque chose qui le brûle de voir justement s'exprimer.
17:09Alors on ne va pas rentrer avec vous Stéphane Bertomé, d'ailleurs avec aucun de nos invités,
17:13dans les 35 000 mots du manifeste de Kaczynski, parce que c'est parfois très obscur et très filandreux.
17:19Il faut bien le reconnaître.
17:21Alors, en quelques mots, c'est sa pensée à Kaczynski.
17:26Lui, il dit que la modernité, c'est mal, que le progrès, ce n'est pas terrible.
17:30La technologie, il faut détruire tout ça pour que l'homme puisse survivre.
17:34C'est ça un petit peu son fil conducteur.
17:36Oui, c'est ça.
17:37Puis on a mis des mots dessus plus tard.
17:39C'est l'anarcho-primitivisme.
17:43Le retour à la société primitive.
17:45Exact, c'est le refus de toute forme de modernité.
17:48Le fait qu'on considère que la révolution industrielle, finalement, c'est la source de tous nos malheurs.
17:55Et en cela, Kaczynski va se trouver d'ailleurs plus tard des fans, des gens qui vont adhérer à cette vision-là,
18:02qui n'est pas complètement farfelue.
18:04C'est-à-dire que, bien sûr, on sait que la société moderne apporte son lot de malheurs.
18:08Et lui, il est vraiment dans cette théorisation-là du mal tel qu'il est apporté par la société moderne.
18:16Et puis, il vit en même temps une forme de survivalisme.
18:19Vous l'avez expliqué, il vit seul, reclus, en autarcie.
18:24C'est tout un schéma de pensée qui, manifestement, s'est mis en place dans sa tête.
18:28Philippe Coste, journaliste, on vous retrouve.
18:30Vous êtes, vous, en direct depuis les États-Unis.
18:33Et cette affaire, vous également, vous la connaissez parfaitement.
18:36Elle a fait d'ailleurs tellement de bruit aux États-Unis et continue à en faire
18:39qu'il y a eu des livres, des dizaines, des milliers de pages écrits sur cette affaire.
18:44Alors, il y a quelque chose d'extraordinaire dans cette histoire.
18:47C'est qu'on n'arrive pas à le trouver.
18:49Et finalement, c'est son frère qui va le dénoncer, non sans mal d'ailleurs,
18:53mais c'est grâce à son frère qu'il va reconnaître son écriture, ses expressions.
18:58Oui, d'ailleurs, le frère, il y a un tel débordement, un tel afflux de dénonciation
19:03au FBI, à la police à l'époque, que le frère a d'ailleurs beaucoup de mal
19:09à avoir un interlocuteur dans l'institution.
19:12Il organise presque sa propre enquête, d'une certaine manière.
19:15Il demande à un moment un détective privé de vérifier un peu la vie de son frère.
19:23Il essaie d'en savoir plus sur sa vie dans la forêt.
19:29Il essaie de comprendre un petit peu la situation pour avoir au moins quelques éléments de certitude
19:35avant justement de pousser plus avant et d'insister auprès du FBI.
19:40Il a un mal fou à faire passer le message que c'est son frère.
19:44Mais oui, et puis il est déchiré aussi, Philippe.
19:46Il faut bien quand même le reconnaître, c'est son frère.
19:47Il a vraiment besoin d'avoir un interlocuteur fiable dans la police et dans le système judiciaire
19:55pour s'assurer que si un accord est passé sur l'absence de peine de mort en particulier
20:00lors d'un jugement éventuel.
20:03Bref, il y a un grand désarroi de la part de l'institution policière aussi
20:07qui visiblement est dans le flou, est assez paniquée,
20:12n'arrive pas à donner des informations précises aux frères non plus.
20:17et qu'ils prennent beaucoup de temps avant d'avoir un accord
20:20justement qui conditionnera la dénonciation de Ted.
20:25Stéphane Bertomé, alors il y a Ted Kaczynski effectivement qui est là,
20:31qui est lui le Youna Bomber.
20:34Un mot sur les recherches du FBI parce que le frère a reconnu l'écriture
20:37mais pendant six mois le FBI va beaucoup travailler sur cette copie.
20:41Ils vont peu à peu le cerner et cerner le personnage.
20:43Oui, en fait on a tendance à oublier dans les enquêtes criminelles
20:48que la revendication, les textes qui accompagnent les actes criminels
20:53surtout en matière de terrorisme évidemment
20:55sont un outil de travail pour les policiers
20:57qui font des analyses à différents niveaux
21:00sur le matériel en tant que tel, les documents s'il y en a,
21:05sur la validité des informations qui sont transmises,
21:08sur la façon dont elles sont transmises,
21:10sur le profil psychologique ou en tout cas ce qu'on peut déduire
21:13de la structure des textes etc.
21:16Et là en l'occurrence il ne manque pas de matière
21:19et justement ça permet de dresser un profil psychologique
21:25ou en tout cas de se faire une idée beaucoup plus précise
21:27de qui est l'auteur de cette vague d'attentats
21:31et de commencer à le cerner et après ça on se retrouve
21:35dans la phase plus pratico-pratique d'une enquête criminelle
21:38avec des recherches basiques sur l'individu.
21:42Et une interpellation évidemment qui va survenir.
21:44Le suspect accusé de trois meurtres s'est beaucoup méfié jusque-là.
21:49Il va être pris par la ruse.
21:50Unabomber Ted Kaczynski, l'ermite de la forêt de Lincoln.
21:56Dans la cabane des boîtes de poudre étiquetées,
21:58une bombe en état de marche.
22:00L'enquête de l'heure du crime,
22:01à quoi ressemble l'homme qui détestait ce monde moderne ?
22:05C'est à suivre dans un court instant sur RTL.
22:0814h15, c'est l'heure du crime sur RTL.
22:12Avec Jean-Alphonse Richard.
22:1414h15, c'est l'heure du crime sur RTL.
22:17Avec Jean-Alphonse Richard.
22:19Quand je suis entré dans le parking,
22:24j'ai remarqué un paquet posé par terre.
22:27Je me suis penché.
22:30Je l'ai touché.
22:31Et immédiatement, il y a eu une grosse explosion
22:33et j'ai été projeté 6 mètres plus loin.
22:38L'heure du crime consacrée aujourd'hui à l'affaire Unabomber Ted Kaczynski.
22:42Pendant 18 ans, il a semé la terreur avec ses bombes artisanales.
22:463 morts, 23 blessés, en croisade contre la société industrielle.
22:50Printemps 1996, les enquêteurs viennent l'interpeller dans un coin perdu du Montana.
22:563 avril 1996, une cinquantaine d'agents du FBI sont à l'entrée de Stample Pass Road,
23:04une piste forestière boueuse qui disparaît sous les arbres.
23:08Depuis 18 jours, certains de ces hommes camouflés dans la végétation armés d'appareils photos et de micros
23:13ont planqué devant une petite cabane en bois, en haut toit, en tissu goudronné.
23:19Avec l'espoir d'apercevoir Ted Kaczynski, le Unabomber.
23:22Mais l'homme, 53 ans, ne s'est pas montré.
23:25Impossible d'apercevoir quoi que ce soit dans l'habitation,
23:28pourvu seulement de deux petites fenêtres très haut placées.
23:32La police craint que le logement soit piégé.
23:34Ils optent donc pour une ruse.
23:36Un habitant du coin, Butch, Gehring et un ranger sont envoyés pour attirer l'attention.
23:42Ted Kaczynski, barbe et cheveux épais et grisonnants, sort fugitivement sur le seuil.
23:48Aussitôt saisis par les policiers qui cernaient la cabane.
23:51A l'intérieur, des mineurs experts entrent les uns après les autres.
23:54Le logis est des plus spartiates.
23:56On y trouve l'original du manifeste adressé aux journaux, des lettres,
24:00des boîtes de poudre étiquetées, des tubes d'aluminium,
24:02identiques à ceux utilisés pour fabriquer des agents mortels.
24:05Mais aussi une bombe en état de marche, prête à être activée.
24:114 avril, Ted Kaczynski, silhouette fragile, flottant dans une combinaison orange de prisonniers.
24:17L'air abattu, comparé devant le tribunal d'Helena, la petite capitale du Montana.
24:22Il est poursuivi dans un premier temps pour possession illégale d'armes et d'explosifs.
24:27Il le sera bientôt pour ses attaques meurtrières.
24:29Il ne conteste pas son arrestation.
24:32Il indique simplement n'avoir pas d'argent pour payer un avocat.
24:35Le FBI met un point final à 18 ans d'enquête et de traque.
24:40La plus chère de l'histoire du service.
24:42Pas moins de 50 millions de dollars dépensés pour aller chercher le Yuna Bomber
24:47dans l'un des coins les plus retirés des Etats-Unis.
24:50Cette cabane où étaient élaborées toutes les attaques.
24:54Et on va revenir sur cette interpellation avec nos invités aujourd'hui de l'heure du crime.
25:02Philippe Coste, on vous retrouve, vous êtes correspondant aux Etats-Unis pour divers médias,
25:06journaliste.
25:07Vous connaissez très bien les Etats-Unis, vous y vivez.
25:10A quoi ressemble ce lieu retiré, le Montana ?
25:13On a l'impression d'être hors du monde.
25:15Comme dans le film « Des livrances » d'ailleurs, je crois que ça se passe là-bas.
25:17C'est un peu, oui, c'est dans les mythologies, je dirais, libertariennes américaines.
25:26C'est typiquement des milliers.
25:28Enfin, aux Etats-Unis, des milliers de gens à cette époque vivaient aussi,
25:32avaient choisi de vivre dans ces conditions, de se retirer de la société,
25:37de vivre au milieu, sans lien avec la civilisation, au milieu des forêts.
25:44Et ce qui est très frappant d'ailleurs, c'est que la police, moi je m'en souviens à l'époque,
25:49avait hésité pendant très très longtemps, parce que le profil, je dirais, d'ermite,
25:53de Ted Kaczynski était assez banal, je dirais, à l'époque.
25:58Beaucoup de gens vivaient, la police avait une grande peur de se tromper.
26:04Jusqu'à la dernière minute, ils avaient une grande peur,
26:07c'est pour ça d'ailleurs qu'ils ont planqué pendant si longtemps,
26:10qu'ils évitaient, ils avaient la crainte justement de provoquer un affrontement inutile ou injustifié
26:17avec une personne dont le seul crime serait d'être un ermite.
26:21Il ne faut pas oublier qu'il y avait eu déjà les attaques contre Waco, au Texas,
26:27qu'il y avait eu aussi les attaques contre Roubillet, et autres.
26:30La grande crainte de la police était de créer un nouvel affrontement
26:34avec des représentants de cette société, je dirais, insulaire, isolée et autres,
26:41sans être sûr qu'il s'agissait bien du criminel.
26:45Jusqu'à la dernière minute, ils en ont douté.
26:46Ils en ont douté, alors oui, effectivement, vous avez bien raison de le souligner,
26:49on sort de Waco, c'est une histoire, un siège qui a duré des semaines
26:53et qui a marqué les esprits avec beaucoup de morts,
26:55et c'est un échec pour le FBI, donc effectivement, il ne fallait pas reproduire cette catastrophe.
26:59Stéphane Bertomé, vous, vous êtes ancien policier, vous êtes installé au Canada
27:03et vous êtes en direct dans l'heure du crime, vous connaissez bien ce sujet, cette affaire.
27:07Alors, il y a cette interpellation de Kaczynski,
27:10c'est un homme qui a fait régner la terreur pendant 18 ans,
27:12on a l'impression qu'on a fabriqué un monstre,
27:14il y avait ce portrait robot qui avait été tiré de lui,
27:17avec cette capuche sur la tête, ses lunettes noires,
27:19il paraissait effrayant, et là, pas du tout.
27:21On trouve un petit bonhomme, tout maigre, barbu,
27:23une espèce de hippie, un peu illuminé, illuminé.
27:25Oui, mais c'est un peu le lot de la lutte antiterroriste,
27:31c'est-à-dire qu'on a tendance à imaginer souvent des personnages maléfiques,
27:37surpuissants, qui vont faire régner la terreur par une intelligence supérieure,
27:43ce qui est le cas d'ailleurs pour Kaczynski,
27:46parce que c'est clairement quelqu'un qui est très au-dessus de la moyenne,
27:50mais on n'est pas dans le personnage qui fait peur, etc.
27:54En fait, ce qui est intéressant dans son cas,
27:56c'est que c'est un mélange de très bonne technologie
28:00et d'un comportement isolationniste qui l'a protégé pendant des années.
28:07Il a commencé ses attentats en 78 jusqu'en 95,
28:10c'est quand même très très long,
28:123 morts, 23 blessés, il a envoyé 16 bombes.
28:15C'est une campagne d'attentat qui dure 18 ans,
28:18qui est menée par un seul homme.
28:19D'une certaine façon, c'est remarquable,
28:21et c'est vrai que ça a de quoi interpeller les policiers.
28:24Mais il y a toute une convergence d'éléments
28:26qui ont certainement contribué à ça.
28:28Un défi pour la police,
28:29la police la plus puissante du monde, le FBI.
28:32Le poseur de bombes a frappé dans plusieurs états,
28:34mais c'est devant un seul tribunal qu'il va être jugé.
28:37Una Bomber, Ted Kaczynski,
28:39l'ermite de la forêt de Lincoln.
28:41Il a explosé en morceaux.
28:43J'ai jamais ressenti un truc pareil.
28:45L'enquête de l'heure du crime.
28:46On se retrouve dans un instant sur RTL.
28:4714h15, c'est l'heure du crime sur RTL.
28:52L'heure du crime, présentée par Jean-Alphonse Richard, sur RTL.
28:57L'heure du crime, nous revenons aujourd'hui sur l'affaire Una Bomber,
29:00Ted Kaczynski.
29:01Pendant presque 20 ans, cet homme a fait régner la terreur aux Etats-Unis
29:05avec ses colis piégés, 3 morts, 23 blessés.
29:08Il avait la haine du progrès et de la technologie.
29:11Arrêté en 1996, il est jugé deux ans plus tard.
29:1523 janvier 1998,
29:17Ted Kaczynski, 55 ans,
29:19est devant le tribunal de Sacramento, en Californie,
29:23tenu orange de prisonnier,
29:24cheveux plus courts et barbe mieux taillée que lors de son arrestation.
29:28Il plaide coupable pour 16 attentats.
29:30Il reconnaît qu'il voulait tuer,
29:32qu'il est bien le Una Bomber.
29:34Il révèle qu'il a posé ou envoyé par la Poste
29:3611 autres engins explosifs qui n'ont pas explosé.
29:40Il dit avoir la rage contre cette société
29:43qui fait mourir le monde à petit feu et tue la nature.
29:46Trois psychiatres décrivent Kaczynski
29:48comme un individu délirant,
29:50en plein déni, paranoïde et schizophrène.
29:53Des pages de ses journées intimes sont lues à l'audience.
29:56En 1985,
29:57il se réjouit de la mort du marchand d'informatique
30:00Hugh Scruton.
30:02Il a explosé en morceaux.
30:05Excellente façon d'éliminer quelqu'un,
30:07écrit-il.
30:08J'ai jamais ressenti un truc pareil.
30:12Comprenez-vous que vous allez passer le reste de votre vie en prison ?
30:16lui demande le juge.
30:18Oui, votre honneur, répond clairement l'accusé.
30:205 mai 1998,
30:22Ted Kaczynski est condamné quatre fois à la prison à vie
30:25avec impossibilité d'être un jour libérée.
30:28Les nombreuses victimes et les familles de victimes
30:31présentes au procès sont rassurées.
30:33« Je te souhaite une mort à l'image de ta vie,
30:36solitaire, sans compassion ni amour,
30:39lui lance une femme. »
30:40Suzanne Mosseur, dont le mari est mort déchiqueté,
30:43s'exclame.
30:44« Enfermez-le le plus loin possible
30:46pour qu'il soit plus proche de l'enfer
30:48quand il mourra. »
30:50La carrière du Yuna Bomber est terminée,
30:53indique le procureur.
30:56Et procès qui révèle la face la plus sombre de Yuna Bomber.
31:01Philippe Coste, vous êtes en ligne dans l'ordre du crime
31:03depuis les Etats-Unis, vous êtes journaliste,
31:05vous connaissez bien cette histoire.
31:08Il dit joyeux dans ses écrits,
31:10il ne le dit pas à l'audience,
31:11parce qu'à l'audience, il n'a pas à s'exprimer
31:13et il est plutôt profil bas.
31:15Mais dans ses écrits qui sont lus à l'audience,
31:16il dit qu'il est joyeux d'avoir tué,
31:19il est heureux d'avoir tué trois personnes.
31:22Oui, alors c'est toute l'ambiguïté justement de ce procès.
31:27Alors d'une part, on a exclu la peine de mort
31:30par un accord avec le dénonciateur,
31:34mais surtout, toute la lutte de la défense
31:39sera de tenter de démontrer l'irresponsabilité,
31:44peut-être qu'il dit qu'il est carrément fou,
31:46il est fou à un noyak, irresponsable,
31:50et d'obtenir justement tout un système de sanctions
31:56qui n'aurait rien à voir avec les sanctions
31:58qu'il va encourer.
31:59Mais le problème, c'est que peut-être Kaczynski
32:01commence une tactique, lui,
32:04une réponse complètement autodestructrice,
32:07puisqu'il refuse d'être considéré comme fou.
32:09Et c'est lui qui va à l'encontre de ses avocats,
32:12qui les repousse d'ailleurs, qui les répudie,
32:16parce qu'il veut absolument montrer
32:19que toute cette carrière de terroriste ermite
32:23était nécessaire pour montrer la véracité
32:27de ses propos et de ses mises en garde
32:30contre la société de transformation
32:31et la société technologique.
32:33Et il s'enferme lui-même,
32:35il se condamne lui-même.
32:36Il se condamne lui-même ?
32:38Mais Philippe, aujourd'hui, on dirait
32:40que c'est un lanceur d'alerte, finalement.
32:42Il va dire ça, il est comme ça,
32:43même si c'est extrême dans son cas.
32:46Oui, ses propos paraissent maintenant
32:47d'une grande banalité.
32:48D'ailleurs, Elon Musk,
32:50le patron de Twitter, de Tesla et de SpaceX,
32:53vient de dire sur Twitter d'ailleurs
32:57que ses propos étaient finalement
32:58tout à fait compréhensibles.
33:00Incroyable.
33:01Oui, ses propos sont maintenant
33:05d'une grande banalité.
33:07Mais à l'époque, justement,
33:09d'un isolement mental et physique,
33:13il pense être, je dirais, un génie,
33:16être à l'origine de révélations,
33:18côté messianique vis-à-vis de la société.
33:21Oui, et d'ailleurs, même physiquement,
33:24il ressemble un petit peu
33:24à une espèce de messie, de prophète.
33:27Comme ça, il a cette allure,
33:29cet homme des bois qui sort de cette cabane.
33:31Stéphane Bertomé, vous êtes, vous,
33:34en ligne depuis le Canada et vous aussi,
33:35vous avez beaucoup lu de choses là-dessus,
33:39sur ce dossier.
33:40Il y a ce procès.
33:42Les victimes sont très présentes
33:43et on ne lui fait pas de cadeau à Kaczynski.
33:46Oui, je précise que je me suis beaucoup documenté
33:48sur le dossier, mais je n'ai pas travaillé
33:50sur l'affaire en question.
33:51Oui, les victimes sont très présentes,
33:53d'abord parce qu'elles sont nombreuses.
33:54On rappelle quand même qu'il y a beaucoup de victimes,
33:57beaucoup de blessés, trois morts.
33:59C'est évidemment un constat terrible
34:04et il y a une vraie réaction, évidemment.
34:09C'est aussi, je pense, le fait qu'il revendique
34:11de façon extrêmement froide tous ces meurtres,
34:15qu'il considère que, d'ailleurs,
34:17il l'a dit dans ses écrits,
34:19ces bombes sont comme une catharsis.
34:21Ça, je pense que ça a évidemment motivé
34:24les victimes ou les familles des victimes
34:27à être très présentes et à poursuivre
34:28de très près les choses.
34:31Un condamné qui va devenir l'un des prisonniers
34:33les plus surveillés des Etats-Unis.
34:36Una Bomber, Ted Kaczynski,
34:38l'ermite de la forêt de Lincoln,
34:40tous ces avions, cette classe de techniciens,
34:43je dois me venger.
34:44L'enquête de l'heure du crime,
34:46je vous retrouve tout de suite sur RTL.
34:48Jean-Alphonse Richard, sur RTL.
34:50L'heure du crime, jusqu'à 15h.
34:5314h15, c'est l'heure du crime, sur RTL.
34:56Avec Jean-Alphonse Richard.
34:58Dans l'heure du crime, aujourd'hui,
34:59l'affaire du Una Bomber, Ted Kaczynski,
35:02un homme qui, entre 1978 et 1995,
35:06a défié les Etats-Unis,
35:08blessant et tuant pour assouvir sa haine
35:10contre le monde moderne et la technologie,
35:12mort derrière les barreaux
35:13après 25 ans de détention.
35:1510 juin 2023, peu après minuit,
35:19Ted Kaczynski, 81 ans,
35:21est retrouvé sans vie dans sa cellule
35:22de la prison de très haute sécurité,
35:24Supermax, dans le Colorado.
35:27Il était atteint d'un cancer,
35:28il laisse derrière lui des milliers de notes,
35:30journaux intimes, souvent confus,
35:32mais qui expriment son dégoût obsessionnel
35:34pour ce qu'il appelle la classe des techniciens.
35:36À un moment, il écrit,
35:39« Je dois me venger. »
35:41Au procès de Sacramento,
35:43le frère de Una Bomber,
35:45David Kaczynski,
35:47et sa mère, Wanda,
35:48ont répété leur tristesse
35:50et leur remords.
35:52« Au nom de ma mère, Wanda,
35:53et de toute ma famille,
35:58nous sommes soulagés
35:59que Ted ait accepté
36:01de plaider coupable.
36:02C'était la bonne décision
36:05vu son état mental.
36:07Ma mère et moi,
36:09nous répétons aux survivants
36:10notre profonde tristesse
36:12et nos regrets. »
36:13Stéphane Bertomé,
36:17vous êtes l'un de nos invités
36:18aujourd'hui dans L'Ordre du Crime.
36:19On vous retrouve,
36:20je rappelle que vous êtes créateur
36:21et producteur de podcasts
36:23dans le dernier,
36:24Le Clan Dubois.
36:25Et puis, je cite votre livre,
36:27Dupont, l'incorruptible.
36:28C'est un livre qu'il faut lire
36:29parce que c'est une affaire criminelle
36:30qui captive le Québec
36:32depuis 50 ans.
36:33C'est publié chez Edito.
36:35Stéphane Bertomé,
36:37il est mort un peu
36:38comme il a vécu finalement
36:39Kaczynski,
36:40le Youna Bomber.
36:41Il était malade,
36:42mais il était tout seul.
36:43Il a toujours vécu tout seul.
36:44On dit qu'il s'est suicidé.
36:46Est-ce qu'on le sait ?
36:46Il était très malade.
36:48Alors, on sait qu'il était malade.
36:50Ça, c'est une source validée.
36:53Il y a effectivement
36:54plusieurs personnes
36:54qui ont déclaré
36:55qu'il se serait suicidé,
36:57comme on dit,
36:58des personnes proches du dossier.
37:00Alors, évidemment,
37:01ça pose des questions là-dessus.
37:03Évidemment, cette solitude,
37:05oui, cette solitude,
37:06elle est frappante.
37:06Elle est un peu le reflet
37:07de son message,
37:09c'est-à-dire de rejeter
37:10toute forme d'évolution,
37:12toute société moderne,
37:13etc.
37:15Il ne faut pas oublier
37:16qu'il était dans une des prisons
37:17à la fois les plus surveillées
37:19et dans lesquelles
37:20on se retrouve le plus
37:21en isolement.
37:21ADX Florence,
37:23où on trouve notamment
37:24Joachim Guzman,
37:25El Chapo,
37:27Zacharias Moukama,
37:28Moussaoui,
37:28le terroriste des attentats
37:29du 11 septembre,
37:30etc.
37:30Donc, oui,
37:31il était extrêmement isolé
37:32durant les dernières années
37:34de sa vie.
37:34C'est un pénitencier,
37:35effectivement,
37:35qui est en plein désert
37:36et d'où on ne s'échappe pas.
37:38C'est absolument impossible.
37:40Stéphane Bertomé,
37:42alors,
37:42peut-être qu'Aksinski,
37:43il est devenu presque
37:44à la mode,
37:45j'ai envie de dire.
37:46Il est très fêté
37:47par les mouvements anarchistes,
37:48etc.
37:48Vous avez dit tout à l'heure,
37:50il a ses fans,
37:51etc.
37:51On peut le considérer,
37:52aujourd'hui,
37:53comme le premier,
37:54entre guillemets,
37:54éco-terroriste ?
37:56Et c'est toujours difficile
37:57de dire qui est le premier
37:59dans un univers
38:00aussi vaste
38:01et aussi éclaté
38:02que celui du monde criminel.
38:04Très certainement,
38:05il a tracé
38:06une forme
38:07de voie,
38:09effectivement,
38:10pour ceux qui,
38:10derrière,
38:11ont repris ses propos.
38:13On se souvient
38:13qu'Anders Breivik,
38:15le norvégien,
38:17qui a tué
38:18des dizaines de personnes
38:19en 2011,
38:20avait repris
38:21une partie
38:21du manifeste
38:22de Kaczynski.
38:23Il est devenu
38:25aussi une légende
38:26parce que,
38:27évidemment,
38:27Netflix est emparé
38:28de son histoire.
38:29Il y a deux documentaires
38:30sur lui,
38:30il y a des séries télé.
38:32Et oui,
38:33d'une certaine façon,
38:35il est représentatif
38:37d'un mouvement
38:38beaucoup plus large
38:40que lui
38:40et dont certains
38:41sont évidemment
38:42moins violents que lui.
38:44Donc oui,
38:44il représente certainement
38:45quelque part
38:46quelque chose
38:47qui va être durable
38:48dans l'imaginaire collectif.
38:50Philippe Coste,
38:51vous êtes aux Etats-Unis
38:52et en direct
38:52depuis New York
38:54dans cette heure du crime,
38:55vous êtes journaliste,
38:56vous connaissez parfaitement
38:57ce pays,
38:58les Etats-Unis,
38:58ce très grand pays
38:59où vous vivez
38:59depuis des années.
39:01C'est une espèce
39:01de légende criminelle
39:02aujourd'hui,
39:03ce Yuna Bomber
39:04parce que ce portrait,
39:05je le dis toujours,
39:06mais avec sa capuche,
39:07ses lunettes,
39:07etc.,
39:08il est sur des t-shirts,
39:09il est sur des affiches,
39:11on le trouve partout.
39:14Oui,
39:15d'une part,
39:16et aussi,
39:16je crois qu'on a,
39:18comme on le dit très bien,
39:21qu'il y a eu énormément
39:21de films,
39:23de livres,
39:25d'analyses
39:27sur le personnage,
39:28il en reste quand même
39:29un personnage contrasté
39:30parce qu'il y a à la fois
39:31la personne
39:32dont on salue
39:34entre guillemets
39:35les écrits
39:36parce qu'ils sont,
39:37je dirais,
39:38banalement anti-technologiques,
39:40mais il y a aussi,
39:41il ne faut pas oublier
39:41l'aspect sordide,
39:43la cruauté folle
39:45de ce personnage
39:47qui se réjouit
39:48de l'exécution
39:50d'anonymes,
39:52de gens qu'il n'a jamais vus,
39:53de gens dont il a trouvé
39:55le nom dans le botin
39:57à l'époque,
39:58de gens qu'il considère
40:00dans sa folie
40:01comme des symboles
40:02d'un système
40:04à abattre,
40:06mais qui sont en fait
40:07des moins que rien,
40:09qu'il mutile,
40:09qu'il tue,
40:10et dont il se réjouit.
40:11C'est d'une grande lâcheté,
40:16Philippe,
40:16c'est simplement.
40:17Oui,
40:17c'était d'une grande lâcheté,
40:20d'une grande prétention aussi.
40:23Il y a un aspect
40:24de folie des grandeurs,
40:26il y a un aspect
40:27des murges,
40:30c'est Dieu
40:31qui punit
40:31des anonymes
40:33qui lancent la foudre
40:35à droite,
40:36à gauche
40:37aux Etats-Unis.
40:38Je crois qu'il ne faut pas oublier,
40:40ce personnage
40:43aurait dû normalement
40:44être considéré
40:44comme fou.
40:45Il cochait
40:46toutes les cases
40:47de la démence,
40:49mais la police
40:51et le système judiciaire
40:53et l'opinion
40:53avaient besoin
40:54d'un vrai,
40:55vrai coupable.
40:56Et je crois
40:57qu'il s'est lui-même
40:59mis,
41:01jeté
41:01dans le piège
41:03en plaidant coupable
41:04parce que,
41:05justement,
41:06par prétention,
41:07il ne tenait pas
41:09à être considéré
41:10comme fou.
41:10Il voulait
41:10rentrer dans l'histoire.
41:13Et c'est effectivement,
41:14à sa manière,
41:14on peut dire,
41:15il est rentré dans l'histoire
41:16même si c'est par une porte
41:17des plus sinistres.
41:18Merci infiniment,
41:19Philippe Coste,
41:20Stéphane Bertomé,
41:21d'avoir été aujourd'hui
41:22les invités de l'heure du crime.
41:23Merci à l'équipe de l'émission,
41:24Justine Vigneault,
41:25Marie Bossard à la préparation,
41:26Boris Piret dû à la réalisation.
41:27Jean-Alphonse Richard
41:30sur RTL
41:31et l'heure du crime.
41:34Demain,
41:35dans la seule émission
41:35Radio 100% fait divers,
41:37une autre enquête
41:38au long cours,
41:39les services secrets,
41:40un mort dans un bateau,
41:42c'est l'affaire
41:42du Rainbow Warrior.
41:44Dans un instant,
41:46Entrez dans l'Histoire
41:46avec vous,
41:47Laurent Dutch,
41:47bonjour.
41:48Bonjour Jean-Alphonse.
41:49Au programme
41:50d'Entrez dans l'Histoire.
41:51Aujourd'hui,
41:52on va allumer le feu.
41:54Oui,
41:54je vais vous raconter
41:55l'incendie le plus tragique
41:57de la belle époque à Paris,
41:58l'incendie du bazar de la charité.
42:01A tout de suite,
42:02ça va crépiter.
42:03A tout de suite,
42:04dans les flammes,
42:04évidemment,
42:05on vous écoute
42:06dans un instant,
42:06Laurent.
42:06C'est...

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