- 07/09/2023
Olivier Véran, porte-parole du gouvernement et ministre délégué au Renouveau démocratique, est l'invité du Grand Entretien. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-07-septembre-2023-6587007
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00:00 Cléa Salamé, nous recevons ce matin le porte-parole du gouvernement dans le grand entretien du 7-10.
00:04 Vos questions, vos réactions au 01-45-24-7000 et sur l'application de France Inter.
00:10 Olivier Véran, bonjour.
00:11 Bonjour.
00:12 Et bienvenue à ce micro avant de parler d'écologie dans un instant.
00:16 Cette information qu'on évoquait dans le journal de 8h, un adolescent de 16 ans à
00:22 scooter est mort hier soir dans une collision avec un véhicule de police.
00:27 C'était à Elancourt dans les Yvelines.
00:29 Que pouvez-vous nous dire ce matin sur les circonstances exactes de ce drame ? Que s'est-il passé ?
00:34 D'abord, dès lors qu'on parle de la mort d'un adolescent, c'est d'une tristesse
00:40 absolue.
00:41 Mes premiers mots vont évidemment à destination de la famille, des amis.
00:45 C'est un drame à chaque fois que ça arrive, quel que soit le contexte.
00:48 Il y a une enquête qui a été ouverte de l'inspection générale de la police nationale.
00:53 Il y a des policiers qui ont été placés en garde à vue hier soir justement pour
00:57 faire la lumière.
00:58 Les premiers éléments dont j'ai à connaître, mais qui sont évidemment soumis à l'enquête,
01:05 sont que le jeune homme roulait manifestement sur un scooter, qu'il y avait une voiture
01:11 de policier qui le suivait, mais plutôt à distance, en cherchant à ce que le scooter
01:16 s'arrête.
01:17 Il aurait réalisé un refus d'obtempérer, il aurait poursuivi sa route et il aurait
01:20 percuté à un croisement un autre véhicule de police, celui-ci aussi, mais qui serait
01:25 peut-être d'ailleurs totalement fortuitement présent.
01:28 Je n'ai pas plus d'informations, encore une fois, il est fondamental dans chaque situation
01:33 comme celle-ci qu'une enquête soit diligentée.
01:36 J'invite vraiment à garder beaucoup de mesures et de prudence à l'heure à laquelle
01:41 on se parle.
01:42 Le ministère de l'Intérieur aura sans doute l'occasion de communiquer dans la journée.
01:44 Il y a deux enquêtes qui ont été ouvertes par le parquet de Versailles cette nuit.
01:47 L'une pour refus d'obtempérer, l'autre pour homicide involontaire.
01:51 Redoutez-vous, c'est la question qui se pose ce matin, des troubles d'une recrudescence
01:58 des émeutes, après celle qu'on a connue en juin dernier, après la mort du jeune
02:03 Nahel, lors d'un refus d'obtempérer, également lors d'un contrôle de police ?
02:07 D'abord dire qu'à titre préventif, des forces de sécurité intérieure ont été
02:11 mobilisées dès hier soir pour sécuriser l'ensemble de la population.
02:17 Évidemment, un appel au calme, toujours dans ce type de situation.
02:20 Et je l'ai dit encore une fois avec beaucoup de modestie, la situation, aussi dramatique
02:26 qu'elle soit, nécessite des réponses.
02:28 Il n'y a pas de raison de douter de la version que je vous ai donnée.
02:34 Et l'enquête permettra de déterminer les conditions exactes.
02:36 Emmanuel Macron, juste un mot, avait dit après les émeutes, on tirera les conséquences.
02:41 J'annoncerai des mesures aussi pour calmer les banlieues.
02:45 On les a pas entendues, les mesures, on les attend.
02:48 D'abord, il y a eu la réponse immédiate, dans l'urgence, dès les premières nuits.
02:53 Ça a été la mobilisation exceptionnelle des forces de sécurité, de police, de gendarmerie,
02:57 des pompiers.
02:58 La mobilisation exceptionnelle de la justice qui a permis de traduire en comparution immédiate
03:02 des centaines de ces jeunes qui ont commis des exactions dans nos villes.
03:07 Ça, c'était la réponse urgente, c'était, je dirais, la principale à apporter parce
03:12 que c'était l'attente légitime des Français, le retour à l'ordre et à l'autorité.
03:16 Ensuite, le président de la République a demandé à ce que soit fait un bilan le plus
03:19 exhaustif possible de l'ensemble des motifs qui ont pu provoquer ce type d'émeute,
03:25 sachant que, vous le savez, je le répète volontiers, certaines villes ont été touchées,
03:28 d'autres non.
03:29 Dans certaines villes touchées, certains quartiers prioritaires se sont enflammés
03:31 et d'autres non.
03:32 Et donc, il nous fallait avoir des informations et des données.
03:35 Nous les avons colligées, en lien avec la justice notamment, aussi avec les services
03:39 sociaux.
03:40 Et donc, il y a une réponse interministérielle qui doit toucher à la fois la sécurité,
03:44 à la fois la question sociale, qui est en cours toujours avec ces examens qui sont
03:49 faits et l'ensemble des ministères qui sont mobilisés sous l'égide de la première
03:52 ministre.
03:53 Venons-en à cette information couprée tombée hier.
03:56 La saison juin-juillet-août 2023 a été de loin la plus chaude jamais enregistrée
04:03 dans le monde, selon l'observatoire européen Copernicus.
04:06 Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a réagi en disant que l'effondrement
04:13 climatique avait commencé.
04:14 Comment réagissez-vous Olivier Véran ? Et surtout, reconnaissez-vous que l'écologie
04:19 est la grande absente des prises de parole du gouvernement en cette rentrée ?
04:23 Avant de faire de la politique et de répondre à la deuxième partie de votre question,
04:28 on répond à la première.
04:29 Oui, c'est un été extrêmement chaud et c'est un été, hélas, d'une longue
04:32 série d'étés chauds sur notre planète et dans notre pays.
04:37 Les conséquences, elles sont palpables, elles sont mesurables, des vagues de chaleur plus
04:40 précoces et plus tardives, plus longues, avec un impact qui est visible sur la biodiversité.
04:45 Juste un exemple, j'étais dans le Haut-Var il y a quelques jours à la rencontre des
04:49 pompiers qui avaient fait face à un incendie terrible il y a deux ans, à la rencontre
04:53 aussi de personnes qui travaillent sous ces fortes chaleurs, qui ont dû changer leur
04:56 modalité de travail quand il fait très chaud, en commençant les nuits parfois à deux heures
05:00 du matin.
05:01 J'ai vu des viticulteurs qui sont obligés d'implanter des cépages du sud de l'Europe
05:04 parce que les cépages français ne résistent pas à la chaleur.
05:06 Bref, on voit ces conséquences qui sont palpables.
05:08 On voit aussi que de très nombreux Français ont dû se passer d'arrosage et parfois…
05:12 Ça c'est le constat, le constat on l'a tous fait, on l'a tous eu cet été.
05:16 Pourquoi l'écologie et la grande absence des prises de parole du gouvernement ?
05:18 Je vais même préciser.
05:19 J'ai précisé moi par anticipation que je répondais en deux temps.
05:22 D'abord sur la question que vous me posiez du côté visible de ce réchauffement climatique.
05:27 Et on ne doit pas s'y habituer, mais on doit s'y préparer et continuer de le faire
05:30 ce que nous faisons.
05:31 Et je note juste par exemple que sur les conséquences sanitaires, sur notre capacité à faire face
05:36 au réchauffement pour les personnes les plus fragiles, nous avons énormément progressé
05:40 dans notre pays puisqu'il n'y a pas eu de conséquences sanitaires aussi fortes
05:43 que celles que nous aurions connues il y a 20 ans avec la même vague de chaleur.
05:45 Olivier Véran, permettez-moi de vous poser la question que Nicolas vous a posée différemment
05:48 et plus précisément puisque ce matin on a reçu la lettre qu'Emmanuel Macron a écrite
05:54 à tous les chefs de parti après la réunion de Saint-Denis.
05:58 12 heures de discussion, on le rappelle, la semaine dernière autour du chef de l'État
06:02 sur tous les sujets internationaux, nationaux, institutionnels également.
06:06 Et donc on a lu cette lettre ce matin, c'est 6 pages, et à la toute fin, après avoir
06:11 abordé à peu près tous les sujets possibles et imaginables, à la toute fin, il y a ce
06:14 paragraphe.
06:15 La transition écologique, si elle n'a été que rapidement discutée lors de notre échange,
06:19 me paraît justifier un débat approfondi.
06:21 Je vous propose donc que la Première Ministre puisse vous présenter en détail le projet
06:24 de planification écologique préparé et concerté depuis plusieurs mois, afin que
06:28 nous puissions y revenir dans les meilleurs délais.
06:30 D'un côté, vous avez le secrétaire général des Nations Unies qui dit que l'effondrement
06:36 climatique avait commencé, et la lettre du président de la République ce matin, c'est
06:41 une paragraphe à la fin de 6 pages de lettre.
06:44 Et quel est votre prix ?
06:45 Léa Salamé, je vais vous faire une réponse un peu plus longue que la précédente, comme
06:50 la question l'a été.
06:51 Vous en prie.
06:52 Quel est le pays qui a interdit l'exploitation des fonds sous-marins, y compris à titre
06:58 de recherche ?
06:59 La France.
07:00 Quel est le pays qui a organisé le sommet mondial pour les forêts à l'initiative
07:04 du président de la République ?
07:05 La France.
07:06 Qui est le pays qui a organisé le One Ocean Summit pour protéger nos océans ?
07:11 La France.
07:12 Quel est le pays qui a obtenu de l'Union Européenne l'interdiction programmée de
07:15 vente des véhicules thermiques neufs ?
07:16 La France.
07:17 Quel est le pays qui a mis en place une règle européenne de neutralité carbone comme
07:22 un objectif absolu dans les prochaines années ?
07:24 La France.
07:25 Quel est le pays qui a dit que les normes environnementales ça commence à bien faire
07:29 ?
07:30 Je continue, pardon, parce que c'est important.
07:31 Parce que ce procès qui pourrait être fait en immobilisme, etc.
07:36 Il est faux, il est démenti.
07:37 Je vous parle des faits.
07:39 Vous savez, je vais vous expliquer après pourquoi la lettre.
07:41 Quel est le pays qui a interdit pour la première fois les plastiques à usage unique ?
07:44 La France.
07:45 Je peux continuer la liste ?
07:46 Je ne dis pas que vous n'avez rien fait.
07:48 C'est la question de savoir, dans un été aussi brûlant où l'effondrement climatique,
07:53 quand on met un mot comme l'effondrement climatique, a commencé, le président de
07:57 la France réunit pendant 12 heures les leaders de partis et donc aborde quasiment pas la
08:02 question de l'écologie et du réchauffement climatique et dans sa lettre elle est au dernier
08:06 paragraphe.
08:07 Expliquez-moi pourquoi.
08:08 Le président de la République a réuni les chefs des partis politiques pour la première
08:12 fois en multilatéral avec une feuille de route qui proposait pour cette première d'axer
08:17 les échanges d'abord sur la situation internationale, Ukraine, instabilité en Afrique dont les
08:22 conséquences sont mondiales et nécessité d'avoir un temps d'échange qui a d'ailleurs
08:25 duré plus de 4 heures parce qu'il était important.
08:27 La lettre se voulait aussi inviter les forces politiques à proposer à l'issue des émeutes
08:32 qui ont émaillé notre pays et comment pouvoir faire nation.
08:35 Et dans le cadre de ces échanges, la question écologique a bien sûr été abordée et
08:39 le président le spécifie lui-même, d'ailleurs il l'a annoncé, il veut que cet échange
08:44 puisse se reproduire et il veut que d'autres thématiques puissent être abordées.
08:47 Je reviens une seconde là-dessus parce que c'est important.
08:48 Donc c'est à la hauteur.
08:49 Vous m'expliquez sous la fin que le petit paragraphe de fin c'est à la hauteur de
08:53 des angles.
08:54 Je vous dis que l'action que nous menons pour le climat à l'échelle nationale et
08:57 européenne sous l'initiative de la France est une action qui ne souffre d'aucune attaque
09:01 à l'étranger.
09:02 Et je vous redis autre chose, il y aura d'ici 15 jours un conseil de planification écologique.
09:08 Derrière ce mot, qu'est-ce que c'est ? C'est un ensemble de mesures qui vont concerner
09:12 tous les français, qui vont concerner tous les ministères.
09:15 On va parler du logement, on va parler des transports, on va parler du travail, du télétravail
09:18 etc.
09:19 Qui sera présidé par le président de la République en présence de la Première Ministre
09:23 et qui va être déclinée dans les semaines suivantes en notant d'actions qui auront
09:27 des conséquences d'ailleurs sur notre pays.
09:29 On a la date exacte ?
09:30 Ce sera la semaine du 18 septembre et à la demande du président de la République, effectivement
09:35 la Première Ministre réunira avant le conseil de planification les forces politiques pour
09:40 justement partager avec elles l'ensemble des mesures contenues dans cette feuille de
09:44 route qui est la plus ambitieuse que notre pays ait jamais connue et à l'échelle européenne.
09:48 Je vous invite, on en reparlera parce que je serai ravi que vous me réinvitiez pour
09:51 en discuter.
09:52 Parce qu'à mon avis, les questions que j'aurais c'est, est-ce que vous n'avez pas peur,
09:57 monsieur Véran, que l'ensemble des mesures que vous avez portées consistent à trop
10:00 de changements ? Non.
10:01 Ce que nous disons et ce que dit le président de la République, c'est que notre action
10:04 doit être résolue et déterminée, qu'on ne peut pas faire une écologie contre les
10:07 gens mais avec les gens.
10:08 On ne veut pas être dans une écologie punitive mais une écologie qui incite.
10:12 Et s'il fallait un argument pour vous en convaincre, les Français ont montré qu'ils
10:16 étaient responsables si certains en doutaient, ce qui n'était pas notre cas, en réduisant
10:20 par exemple de 10% leur consommation d'électricité l'hiver dernier quand il le fallait.
10:24 Donc c'est ainsi, c'est le chemin que nous allons suivre avec encore une fois, jalonné
10:28 d'étapes fondamentales qui vont transformer durablement notre façon de consommer, notre
10:33 façon de vivre mais en emportant le moins de contraintes possibles pour les Français.
10:37 Dans l'actualité, on a appris hier le suicide d'un adolescent de 15 ans qui avait été
10:42 harcelé dans son lycée professionnel.
10:44 Il avait échangé d'établissement en cette rentrée.
10:47 Gabriel Attal, le ministre de l'éducation, a demandé une enquête administrative en
10:51 attendant un grand plan de lutte contre le harcèlement scolaire.
10:55 Ce plan, il est pour quand ? Le savez-vous Olivier Véran ? Et quel sera, serait son
11:00 contenu ?
11:01 Le plan, il va être vraisemblablement pour le mois de septembre mais dans des mesures
11:05 fortes ont été annoncées, prises et vont pouvoir être appliquées.
11:08 Parmi ces mesures, évidemment la généralisation des programmes, ce qu'on appelle le programme
11:12 phare de prévention du harcèlement, c'est-à-dire qu'il n'y aura plus un établissement scolaire
11:16 sans avoir un spécialiste de la question du harcèlement pour aborder les choses dans
11:20 leur réalité.
11:21 Et ensuite, cette règle annoncée par le ministre Gabriel Attal selon laquelle ce n'est
11:25 plus l'élève harcelé qui devra changer d'établissement mais c'est l'élève
11:29 ou les élèves qui sont harceleurs.
11:31 Je voudrais dire que je me joins à la détresse de la famille, de la communauté éducative,
11:37 de toutes les familles de France.
11:38 Je l'ai dit tout à l'heure pour un adolescent de 16 ans qui a trouvé la mort dans de toutes
11:42 autres conditions.
11:43 Un adolescent, un enfant qui meurt est un drame pour notre pays, pour notre nation.
11:48 Et quand un enfant de 15 ans en arrive à ne plus envisager d'autres solutions que
11:53 celles de se donner la mort, c'est une émotion qui nous oblige tous et qui doit
11:58 nous faire nous mobiliser au maximum.
12:01 Mais vraiment, je le dis au maximum.
12:02 C'est d'ailleurs la priorité pour cette rentrée scolaire.
12:04 Il faut que nos enfants puissent se sentir bien.
12:06 Il faut qu'ils aient envie d'apprendre et qu'ils aient envie de vivre.
12:09 Et c'est l'enjeu.
12:10 Je sais que le ministre est très mobilisé.
12:12 Madame Brigitte Macron va se rendre au domicile de cette famille d'ailleurs aujourd'hui.
12:19 Olivier Véran, vous avez entendu le 7h50 et le sujet qui monte, les crèches.
12:24 Deux livres sortent cette semaine, "Babysness" chez Robert Laffont et "Le prix du berceau
12:29 au seuil" qui dénoncent la gestion des crèches privées, nourriture rationnée,
12:32 couches non changées, maltraitance.
12:34 Un rapport de Ligas en avril soulignait déjà que l'ouverture au secteur marchand des
12:38 crèches a conduit à une dégradation progressive de la qualité d'accueil au profit de logique
12:43 financière.
12:44 En clair, le problème c'est que les enfants seraient devenus des chiffres pour gagner
12:49 un maximum d'argent pour ces crèches-là.
12:51 Vous avez reçu le rapport de Ligas en avril, vous êtes au courant de l'affaire.
12:56 Qu'est-ce que vous allez faire ?
12:57 D'abord, un mot pour les personnes qui travaillent dans les crèches.
13:03 Quand vous vous engagez à travailler auprès des plus petits, c'est que vous avez cette
13:07 fibre qui fait que vous avez envie de prendre soin des plus fragiles.
13:09 Et donc je ne veux surtout pas les incriminer, je ne veux surtout pas qu'ils se sentent
13:13 blessés ni par les livres ni par les débats nécessaires qu'ils ouvrent.
13:16 Non mais eux-mêmes se confient dans ces livres, eux-mêmes disent "on n'en peut
13:20 plus, la logique financière nous écrase".
13:22 Un certain nombre se confie, mais ça ne l'est pas l'ensemble.
13:25 Et d'ailleurs les livres ne disent pas que c'est toutes les crèches privées qui
13:28 sont…
13:29 Je sais, je sais.
13:30 Ensuite, il y a un sujet d'attractivité pour ces métiers, j'ai bien connu ça à
13:32 l'époque dans le domaine du soin.
13:33 On a la même chose en fait avec les crèches.
13:35 Pourquoi dans un pays comme le nôtre, aussi mature que le nôtre, prendre soin des autres,
13:39 qui est sans doute la mission la plus fondamentale, est-il si peu valorisé socialement et financièrement
13:43 ?
13:44 On a mis 200 millions d'euros pour revaloriser les salaires, on améliore la qualité de
13:48 formation, on crée un forfait qualité pour donner des garanties, évidemment.
13:51 Et on continuera de le faire.
13:54 À côté de ce sujet de la formation et de la qualité, pour les professionnels, il y
13:58 a le sujet du contrôle.
13:59 Et c'est nécessaire d'avoir du contrôle.
14:00 Que ce soit privé d'ailleurs, associatif ou public.
14:02 Et donc il faut rentrer dans cette culture du contrôle, ce que dit la ministre Aurore
14:05 Berger d'ailleurs, un peu à comparaison des paraisons, mais un peu ce qu'on a développé
14:10 dans le champ des EHPAD, qui était un autre secteur dans lequel il y a l'assurance…
14:14 Vous allez mettre de l'argent pour qu'il y ait plus de contrôle dans les crèches ?
14:16 Il y a des règles plus strictes, il y a des règles de contrôle.
14:19 Les règles ne seront pas nécessairement les mêmes, et chacun peut le comprendre selon
14:22 qu'on s'adresse à une crèche avec beaucoup de personnel sur place, ou des micro-crèches,
14:26 où parfois il peut y avoir un seul adulte.
14:28 Donc il y a le taux d'encadrement qui doit être aussi repensé.
14:30 Et tout ça, tous ces travaux-là, et merci de l'avoir souligné Léa Salamé, ont été
14:34 démarrés en amont des livres, puisqu'il y avait eu ce rapport très important d'inspection
14:37 générale qui avait permis déjà de dégager des pistes d'amélioration.
14:40 Près de 2000 enfants sont contraints de dormir à la rue faute de places d'hébergement
14:45 d'urgence disponibles ou adaptées, selon le baromètre publié par la Fédération des
14:50 Acteurs de la Solidarité et Unicef France, qui décrivent une hausse alarmante sur un
14:55 an.
14:56 2000 enfants dans la rue, Olivier Klein, ancien ministre du Logement, avait annoncé au début
15:01 de l'été, notre priorité est claire, zéro enfant dans la rue.
15:05 C'est pour quand ?
15:06 Nous n'avons jamais eu autant d'hébergement d'urgence dans notre pays.
15:09 Oui, 2000 enfants dans la rue.
15:11 Mais attendez, je vous le dis, il est évidemment inacceptable, et j'en ai parlé d'ailleurs,
15:16 Charlotte Cobell a eu l'amitié, qui est secrétaire d'État en charge de l'enfance,
15:19 a eu l'amitié de m'appeler justement à ce sujet pour que nous puissions en discuter,
15:22 je l'ai très mobilisé, il est évidemment inacceptable que le moindre enfant ait à
15:26 dormir dans la rue.
15:27 On fait face là à un très grand nombre de personnes qui occupent des logements, des
15:31 hébergements d'urgence, qui sont notamment en situation irrégulière.
15:33 Il se trouve que nous aurons au cours des prochaines semaines, au cours des prochains
15:36 mois, un débat sur cette question de l'emploi et de la régularisation d'un certain nombre
15:41 de ces étrangers qui peuvent avoir un emploi, mais caché, non déclaré, parce que parfois
15:46 d'ailleurs, ou déclaré en situation irrégulière, de manière à dégager des marges aussi d'accueil.
15:50 Mais je peux vous dire pour répondre très concrètement à la question des 2000 enfants
15:52 qu'on y travaille, chaque préfecture y travaille, y mobiliser pour qu'on trouve
15:56 une solution pour chacun.
15:57 Quand ?
15:58 Là, il n'y a pas de question de délai quand il y a un enfant dans la rue en fait,
16:00 chaque situation.
16:01 Donc d'ici Noël, il n'y aura plus 2000 enfants dans la rue ?
16:04 J'étais député déjà il y a 10 ans à Grenoble, je connaissais ce problème-là.
16:08 Et vous prenez un engagement ?
16:09 Oui, vous prenez un engagement ?
16:10 D'ici Noël, il n'y aura pas ?
16:11 Je vous redis notre détermination.
16:14 Tout le sujet, c'est les flux.
16:16 C'est-à-dire que vous pouvez trouver un hébergement d'urgence pour tout le monde,
16:19 mais il y a encore des flux entrants.
16:20 C'est aussi pour ça qu'on doit tarir les flux entrants illégaux, irréguliers, parce
16:24 que nos capacités d'accueil, je le redis, sont maximales dans notre histoire.
16:28 Mais que si les flux ne se tarissent pas, eh bien on aura ce problème-là récurrent.
16:32 Encore un tout petit mot sur la lettre d'Emmanuel Macron, parce qu'il y a une phrase, peut-être
16:38 vous pouvez nous en faire l'exégèse, concernant le référendum.
16:41 Il a beaucoup été question du référendum pour le coup dans ses 12 heures de discussion
16:45 avec les chefs de parti.
16:46 Emmanuel Macron a noté, note dans sa lettre, qu'il n'y a pas eu de consensus sur le référendum
16:51 et dit qu'il va faire une proposition dans les semaines qui viennent pour étendre le
16:54 référendum.
16:55 Et il semble, dans un autre paragraphe, ne pas exclure l'idée d'un référendum sur
17:00 l'immigration.
17:01 Alors là c'est avec ma casquette de ministre de la démocratie que je vous réponds bien
17:05 volontiers.
17:06 Un, qu'est-ce qu'on constate ? Les français ont envie d'être utiles.
17:10 Y compris ceux qui ne vont pas voter aux élections dites « classiques ». Une enquête très
17:14 importante qui est sortie cette semaine le montre encore, plus de 8 français sur 10
17:18 veulent pouvoir voter sur des sujets qui les concernent.
17:20 Il y a cette appétence.
17:21 Et d'ailleurs, ils sont encore plus nombreux chez ceux qui n'appartiennent pas à un parti
17:26 ou qui ne vont pas voter aux élections traditionnelles.
17:28 Pour la première fois, on voit une majorité de français qui préfère la démocratie
17:31 dite « directe », c'est-à-dire le fait d'aller voter sur des questions précises, que la
17:35 démocratie représentative.
17:37 Moi je n'oppose pas les deux et je continuerai de proposer.
17:40 J'ai fait une proposition…
17:41 Le préférendum qu'Emmanuel Macron avait l'impression de vous découvrir.
17:45 Non, non, non, non, non. C'est des off-press, ça ne m'intéresse pas. Je continuerai d'avancer là-dessus parce que d'ailleurs l'opinion y est favorable. Les français veulent pouvoir s'exprimer. Et nous, on n'a certainement pas peur de demander leur avis aux français.
17:57 Vous ne l'avez pas fait en tout cas. En six ans, vous ne l'avez pas fait.
17:59 On n'a certainement pas peur de demander leur avis aux français.
18:00 Vous n'avez pas peur, mais vous ne l'avez pas fait.
18:02 La Constitution, il y a l'article 11, restreint vachement le champ des référendums.
18:06 On ne peut pas interroger les français sur ce qu'on veut.
18:08 Et donc l'une des questions qui a été posée à Saint-Denis et à laquelle le président
18:11 écrit qu'il apportera une réponse est "faut-il changer cet article de la Constitution pour pouvoir voter plus largement ?"
18:18 Eh bien écoutez, moi j'y suis favorable.
18:20 Si d'aventure c'était le choix du président de la République, je l'accompagnerais bien volontiers avec ma casquette de ministre de l'Hémocratie.
18:26 Donc pardonnez-moi de vous dire, je repose la question, la droite demande un référendum sur l'immigration.
18:31 Pour l'instant, la Constitution ne le permet pas.
18:33 Le gouvernement et le président de la République seraient ouverts à changer la Constitution pour éventuellement le permettre sur cette question et sur d'autres.
18:39 Ce dont on est en train de parler, c'est une sorte de référendum sur le référendum.
18:43 Parce qu'il faudrait un référendum pour changer la capacité de solliciter les français.
18:47 Je vous dis les grands principes.
18:49 1. On n'a pas peur de demander leur avis aux français.
18:51 2. On est dans l'innovation démocratique que le président de la République y est depuis le début de son premier mandat.
18:56 Pardonnez-moi, mais le CNR qui va se réunir aujourd'hui, c'est le président de la République.
19:00 Le Grand Débat National, c'est le président de la République.
19:02 Les conventions citoyennes, c'est le président de la République.
19:05 Donc on va continuer de porter ces innovations et ça correspond à une attente forte des français.
19:09 Allez, la parole aux auditeurs d'Inter.
19:11 Bonjour Fabien.
19:12 Bonjour.
19:13 Vous nous appelez de Brest.
19:15 Oui, bonjour.
19:16 Je voulais vous demander, monsieur Véran, si vous connaissez la différence entre la charité et la solidarité.
19:22 J'éclaire un petit peu ma question, puisque le ministre de l'Économie a félicité Bernard Arnault pour son secours précieux au Restos du Cœur avec des millions de dons.
19:31 On peut effectivement se féliciter d'avoir un système d'associations caritatives et de dons défiscalisés en France qui aide les plus démunis.
19:39 Mais ça, c'est la charité.
19:41 La solidarité, ce serait de mettre enfin l'inverse de ce qu'a fait le gouvernement depuis six ans,
19:47 de mettre enfin un impôt progressif, juste et réellement redistributif des plus riches vers les plus démunis de ce pays.
19:55 Merci Fabien pour cette question.
19:57 Olivier Véran vous répond.
19:59 Bonjour Fabien, on fait partie des trois pays au monde qui arrivent à dépasser les 50% d'imposition.
20:05 Donc on est le pays le plus redistributif.
20:07 On peut considérer que ce n'est pas assez.
20:08 Moi, je considère que notre logique, c'est de baisser les impôts et de continuer à le faire plutôt que de les augmenter.
20:13 Bien, cela étant dit, je ne suis pas d'accord avec vous.
20:15 J'étais ministre en charge des Solidarités et cette question m'anime encore aujourd'hui.
20:20 Le gouvernement, l'État, les Français, la générosité des Français et du secteur privé, elle soutient très fortement notre tissu associatif.
20:26 Et c'est fondamental de le faire.
20:28 Et on a une très belle histoire associative dans notre pays.
20:30 Et je vais vous dire une chose.
20:32 Un, les Français sont très solidaires et ils s'engagent plus que jamais dans les associations.
20:35 On a tendance à l'oublier.
20:37 On a tendance à l'oublier, à s'autoflageler.
20:38 Alors qu'en réalité, on est généreux collectivement.
20:40 Et c'est une force.
20:42 Deux, je suis désolé, mais quand une entreprise ou quand quelqu'un de riche fait un don à une association, on ne va quand même pas l'engueuler.
20:49 Il n'y a que la France qui n'est pas capable de reconnaître la place du mécénat.
20:54 Je suis allé dans des pays qu'on prend parfois en modèle et où vous avez même des plaques à l'entrée des bâtiments lorsqu'ils sont subventionnés par des gens qui ont de l'argent et qui ont aidé.
21:01 Eh bien, écoutez, tant mieux.
21:02 Moi, je préfère des gens riches qui donnent de l'argent aux associations et aux plus pauvres que des gens riches qui ne le font pas.
21:07 Et encore une fois, personne ne dit que la situation est acceptable.
21:11 Il y a trop de pauvreté dans notre pays.
21:12 Personne ne dit qu'on n'a pas des problèmes fondamentaux à résoudre de ce point de vue là.
21:16 Mais encore une fois, la pauvreté, elle existe partout dans le monde.
21:18 En France, on a un système de solidarité qui est efficace.
21:21 - Avec la baisse de Senan et de Trébuchon, avez-vous la date de la conférence sociale sur les salaires ? C'est quand ?
21:26 - Non, je l'ai dit hier en compte-rendu du Conseil des ministres.
21:29 Ce sera courant octobre vraisemblablement.
21:31 Et on va parler effectivement au cours de cette conférence des bas salaires en dessous du SMIC et encore des branches professionnelles où les gens qui bossent gagnent moins que le SMIC.
21:39 Ce n'est pas correct.
21:39 - Un mot sur l'inflation toujours.
21:41 Les industriels, malgré les pressions du gouvernement, semblent ne pas entendre les demandes de baisse de prix ou si peu.
21:48 Et il y a de plus en plus ce qu'on appelle, c'est le mot à la mode, la "shrinkflation".
21:52 Je ne sais pas si vous avez entendu ce mot.
21:54 Baisser le contenant du produit et augmenter le prix.
21:59 En gros, vous avez moins de chips dans le paquet de chips, mais le prix augmente.
22:02 Et pour lutter contre ça, Carrefour, Alexandre Bompard, veut, a décidé, il a annoncé hier, qu'il allait mettre des étiquettes sur chaque produit qui fait ça dans ses magasins.
22:13 C'est une bonne chose ?
22:14 - Oui, bien sûr.
22:15 Tout ce qui participe de l'information du consommateur, c'est une bonne chose.
22:17 Je vais vous dire, encore une fois, il y a des industriels qui jouent le jeu pendant la période d'inflation.
22:23 Et notamment des industriels agroalimentaires français, que je ne citerai pas, mais qui ont fait attention à leur taux de marge.
22:28 Et je l'ai dit sur votre antenne il y a quelques mois, je le redis bien volontiers, il y a certains géants industriels, notamment américains, avec des marques que les français affectionnent,
22:35 qui ont augmenté leur taux de marge pendant l'inflation.
22:38 C'est-à-dire que non seulement ils n'ont pas fait d'efforts, mais ils ont même augmenté leur marge.
22:43 C'est inacceptable.
22:44 Le ministre de l'Economie et des Finances les a reçus.
22:47 Je ne sais pas s'ils profitent, mais en tout cas, ils ne se serrent pas la ceinture et demandent à leurs consommateurs de faire...
22:52 - Mais vous n'arrivez pas, ça fait des mois et des mois, vous n'arrivez pas à leur tendre le bras ?
22:55 - Si, pardon, il y a eu quand même beaucoup d'efforts qui ont été faits sur des milliers de produits et la pression de Bercy est très forte.
23:00 Et un autre outil de pression qu'ont obtenu Bruno Le Maire et Olivia Grégoire, c'est que des négociations, qui normalement auraient dû se tenir au printemps prochain,
23:07 vont se tenir cet hiver de manière anticipée avec 75 marques, pour permettre à la grande distribution de faire pression sur ces industriels pour que les prix puissent baisser.
23:16 Après, j'invite, je vais vous dire, le comportement aussi consommateur, et ils le font parce qu'ils n'ont pas le choix, mais j'attire leur attention aussi là-dessus.
23:23 Parfois, quand vous constatez que sur deux produits quasiment équivalents, avec une marque que vous aimez bien et une autre que vous n'aimez pas,
23:28 il y en a un qui a augmenté très clairement ses prix et l'autre qui l'a stabilisé, eh bien aussi, on peut envoyer tous collectivement un signal vers ceux qui ne respectent pas ça.
23:36 - Sandi sur l'application d'Inter vous demande si vous pouviez changer la Constitution pour faire un référendum sur la réforme des retraites.
23:46 - Je ne sais pas s'il y a besoin de la modifier.
23:49 - Je m'attendais à la question Nicolas Demorand. La réforme des retraites, elle est en application depuis le 1er septembre.
23:55 Ce débat important pour les Français, il est derrière nous.
23:58 Je le dis d'ailleurs, depuis le 1er septembre, notre engagement est tenu puisque nous sommes rentrés dans la suppression des régimes spéciaux
24:03 et 1,7 million de retraités ont vu leur pension augmenter.
24:06 N'en parlez pas spontanément sur l'antenne, je le fais à la faveur de cette question.
24:09 - Toute dernière question, Emmanuel Macron avait dit il y a quelques semaines qu'il y aura un projet de loi sur la fin de vie avant la fin de l'été.
24:17 On y est quasiment à quelques jours près. Il n'est pas là le projet de loi ?
24:21 - Le projet de loi est en bonne préparation, est en bonne voie.
24:25 Je suis très confiant sur notre capacité à le présenter au Conseil des ministres rapidement.
24:30 Donc pardon, si ce n'est pas avant le 21 septembre, ce sera dans les semaines qui suivront vraisemblablement.
24:36 Je n'ai pas l'info précise, mais ça avance bien.
24:39 C'est une loi qui sera fondamentale.
24:40 Renforcer les soins palliatifs, ouvrir probablement une forme d'aide active à mourir.
24:46 - Olivier Véran.
24:46 - Ce sera écrit "aide active à mourir".
24:49 - Ce n'est pas moi qui suis en charge de la rédaction du projet de loi.
24:51 Je me suis occupé de la concertation et de la convention citoyenne qui a été remarquable d'ailleurs.
24:56 Pour le reste, on verra bientôt la réponse.
24:58 - Merci Olivier Véran d'avoir été à notre micro.
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