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00:01Alors nous ne remonterons pas le moral de ces familles qui, le 24 décembre, demain et le 25, n'auront pas à côté d'eux quelqu'un qu'ils ont perdu.
00:12Je fais allusion à ces milliers d'agriculteurs, de paysans, quelquefois de paysannes, qui se sont suicidés depuis longtemps, mais ne serait-ce que depuis 2000.
00:24Ce sont des centaines par an. Alors, soyons très prudents. Où est le niveau du suicide ? Est-ce que c'est un suicide lié à l'activité professionnelle, à une détresse, parce que l'agriculture va mal ?
00:36Est-ce que c'est une cause personnelle ? Bien sûr, le débat est ouvert et on n'a jamais pu le trancher.
00:41Mais enfin, on sait que c'est un secteur de notre société où le nombre de suicides est effarant.
00:46des hommes qui se tuent, qui cessent de vivre, qui mettent ça à leur jour, parce que leur situation est insupportable, leur situation économique, leur avenir.
00:57Ce qui est tragique, c'est qu'on a des chiffres, l'une des années les plus terribles fut 2016, avec 516 suicides, plus de 1 par jour, presque 2.
01:07En moyenne, c'est 250, 300, 350. Ça a tendance à baisser un petit peu depuis 2000. Il y en a eu avant. La crise agricole n'est pas nouvelle.
01:16Ce qui est terrible, c'est que ça passe pour pertes et profits. Ce sont quasiment des faits divers.
01:20Vous imaginez un secteur où on aurait, je ne sais pas, des pharmaciens, mais même des hommes politiques qui se suicideraient, ou une autre catégorie professionnelle, des médecins, ou que sache, des assureurs.
01:29On dirait, mais qu'est-ce qui se passe ? Là, les agriculteurs, c'est normal, c'est les paysans qui se suicident, oui, ils vivent une situation catastrophique, c'est le marasme.
01:35L'agriculture française est mal gérée. Le paradoxe, c'est que l'agriculture française, qui est l'une des plus prodigieuses du monde, par sa qualité, par sa richesse, par son savoir,
01:45devrait engendrer des hommes et des femmes qui soient les plus heureux de la Terre, des gens qui soient dans l'opulence, qui soient dans la richesse, qui soient dans le partage.
01:52Parce que cette agriculture, elle engendre évidemment, j'allais dire, un patrimoine culturel et économique prodigieux. On le sait, puisqu'on peut faire de là.
02:00Et les gens qui tiennent les êtres humains, les femmes et les hommes, qui portent cette agriculture en eux, dans leur tribe, dans leur cœur, qui la maintiennent,
02:08dans des conditions de travail terribles, en ne comptant pas leurs heures, on n'est pas sur les 35 heures, on est quelquefois sur les 18 heures.
02:14Leur salaire est dérisoire. Certains gagnent moins de 1000 euros, ils n'osent pas le dire.
02:18Et bien, ces gens-là, à un moment donné, ils arrivent à bout, ils mettent fin à leur jour, alors qu'ils sont porteurs d'un patrimoine qui est totalement prodigieux.
02:25Et ça passe, je ne dis pas que ça passe inaperçu, mais je vous disais, ça fait partie des infos du jour.
02:30On a avec la météo, aujourd'hui, ce mois-ci, un suicide de plus, par-ci, par-là, des gens quelquefois qui ont 22, 23, 25 ans, quelquefois 55, 56, plus anciens.
02:41Une femme seule, que j'appelle, parce que Géconia, il s'est tué l'an dernier, voilà, elle parle de son mari et les veuves, les enfants restent, dans un désarroi, dans une détresse totale.
02:50Je trouve ça, pour la République française en 2025, constater ces suicides de paysans comme un fait divers, c'est quelque chose de gravissime,
02:58et qui révèle l'état de décrépitude mentale et morale de notre société, phare un secteur de l'activité économique, un secteur de notre richesse patrimoniale qui est précieux, et dont on ne se soucie pas assez.
03:10Donc ils sont en colère, on les voit, pour la énième fois, en train de barrer des routes, en train de faire des barrages, en train de protester, en train de se plaindre.
03:16Et nous sommes à côté, nous regardons la maison France agricole brûlée, et nous regardons à côté.
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