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  • il y a 1 semaine
Dans son édito du 17/12/2025, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]

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Transcription
00:00Mathieu, pour le côté, on va commencer par vous et avec l'audiovisuel public, justement,
00:03cacher des informations. Est-ce désinformer ? C'est une question qu'on peut se poser.
00:08On peut se le demander suite aux dernières remontrances de l'ARCOM contre France 2,
00:12notamment à l'émission qu'à l'époque, à l'APL, l'ARCOM reprochait un manque de rigueur et d'honnêteté de l'information
00:17dans une émission de mai dernier. De quoi parlons-nous précisément, Mathieu ?
00:21Alors, d'abord, un mot sur la séquence présente. Pourquoi on parle autant de l'audiovisuel public ?
00:24Est-ce que ça relève simplement de l'obsession malsaine, comme certains le diraient ?
00:28Je ne crois pas. Je pense qu'on est simplement devant un pouvoir, l'audiovisuel public, l'ARCOM qui l'accompagne,
00:34qui rencontre son contre-pouvoir. Tous les pouvoirs doivent avoir un contre-pouvoir
00:38et l'audiovisuel public, trop longtemps, était un véritable pouvoir incontesté
00:43qui ne tolérait de la dissidence qu'à la marge et aujourd'hui, il est obligé de se justifier
00:47parce qu'il est critiqué. Donc voilà pourquoi nous en parlons autant.
00:52Ensuite, par rapport à la décision de l'ARCOM dont vous parlez.
00:54Vous savez, moi, je ne suis pas exactement un fan de l'ARCOM, je pense qu'on devrait la fermer,
00:57mais dans la mesure où elle existe, ce qui est intéressant, c'est de voir lorsqu'elle
01:00se permet même de sermonner ses amis. Dans les circonstances, quelle époque l'émission
01:06sur France 2. Alors, de quoi parlons-nous ? C'est une émission le 11 mai.
01:11Donc, Léa Salamé reçoit Raphaël Pitti, qui est médecin.
01:15Donc, c'est un invité tout à fait légitime.
01:17On oublie, cela dit, de noter qu'il est membre du... qu'il est engagé en politique
01:22dans un parti proche de celui de Raphaël Glucksmann et son compagnon, son mari, je crois.
01:26Tout le monde est son compagnon, assurément.
01:28Donc, dès lors, c'est une information qui n'est pas sans intérêt.
01:33Quand on invite quelqu'un qui a un engagement politique explicite,
01:37est-ce que ce n'est pas important d'intérêt public que de souligner cet engagement politique ?
01:42Est-ce qu'il n'y a pas quelque chose d'important à ce qu'on sache que la personne qui est devant nous
01:45n'est pas neutre ?
01:47Alors, qu'on se comprenne bien, je ne prétends pas qu'on doit présenter
01:49le CV intégral de tous ces invités lorsqu'on les reçoit.
01:53Ça, je ne pense pas ça un instant.
01:54Une personne ne se réduit pas.
01:55Il n'y aurait aucun intérêt à dérouler tout le CV pour justifier une invitation.
01:59Mais un engagement politique, c'est d'une autre nature.
02:01C'est un engagement qui témoigne d'une inscription dans la cité.
02:04Et recevoir quelqu'un en dissimulant cela, c'est...
02:07Alors, il faut poser la question.
02:08Est-ce que ne pas dire, c'est désinformer ?
02:10Est-ce que l'occultation, est-ce que l'invisibilisation de certains faits,
02:15est-ce que n'est pas une forme de désinformation ?
02:18C'est ce que semble croire l'ARCOM,
02:19qui encore une fois est normalement plutôt sympathique
02:22à l'univers du service public,
02:23qui a reproché, à France 2, à quelle époque,
02:26un manque de rigueur et d'honnêteté.
02:29Mais vous dites sympathique, c'est parce qu'il ne sanctionne pas financièrement.
02:32C'est-à-dire qu'on a...
02:32Oui, oui, oui.
02:33C'est ce que disait notamment le rapporteur.
02:34Mais globalement, je ne pense pas être exagérément audacieux
02:37en disant que l'ARCOM préfère le service public aux médias privés,
02:40notamment le nôtre.
02:41Je ne pense pas être exagérément audacieux en le disant.
02:43On a des sanctions financières et pas le service public.
02:45Voilà. Donc, ce n'est pas un détail, comme on dit.
02:48Ensuite, ce n'est pas la première fois.
02:50Un autre exemple récent, le complément d'enquête sur CNews.
02:53Il y a une experte qui est invitée pour commenter.
02:56C'est Cécile Alduit.
02:58Cécile Alduit, on découvre, quelques jours après,
03:00qu'elle n'a pas un profil neutre.
03:02C'est la sœur d'un haut cadre de France Télévisions.
03:06Est-ce que c'est une information pertinente dans les circonstances ?
03:09Peut-être.
03:09Mais l'information la plus pertinente était peut-être ailleurs.
03:12On nous la présente comme une sémiologue,
03:14comme une figure de référence.
03:16C'est une universitaire, sans le moindre doute.
03:18C'est aussi une idéologue de gauche radicale.
03:22Mais trop souvent, c'est la méthode utilisée.
03:25On nous présente à l'écran un expert
03:27qui est dans les faits un idéologue très orienté.
03:31Mais puisque l'expert parle au nom de la science,
03:33on nous explique que si on est en désaccord avec l'expert,
03:35on est en désaccord avec la science.
03:37Ça, c'est la méthode du commentariat,
03:39souvent sur le service public.
03:42Par exemple, je donne un exemple d'elle.
03:43Elle avait écrit en 2022 un livre « La langue de Zemmour ».
03:46Et on comprend par là que ce n'est pas une langue
03:48qu'elle apprécie particulièrement.
03:49Elle est tout à fait en droit.
03:50Mais ce n'est pas une personne neutre qui a été invitée.
03:53De la même manière, sur la 5,
03:54qui est ma chaîne préférée en la matière,
03:56le pluralisme se constitue ainsi.
03:58Sur un plateau, il y a très souvent
04:00des politiques qui vont être marquées par exemple RN,
04:03et des experts apparemment neutres,
04:05mais qui sont dans les faits de gauche radicale.
04:06Donc, qu'est-ce qu'on voit à travers cela ?
04:08Il y a encore une fois la gauche radicale
04:10qui se maquille derrière les traits de l'expertise.
04:14Et sans avoir le souci d'avoir un expert en sens inverse.
04:17Alors qu'ils existent souvent,
04:18mais on préfère les laisser de côté.
04:21Mais au nom de la science,
04:22on dissimule souvent le réel,
04:23on nie même le réel quelquefois.
04:25Par exemple, le fameux complément d'enquête
04:26dont on a parlé,
04:27n'oublions pas que c'est au nom de la science
04:28qu'on nous a expliqué qu'il n'y avait pas de lien
04:30entre l'insécurité et l'immigration.
04:32La science le disait.
04:33Ils ont été contredits le lendemain,
04:34ils ont eu l'air des ploucs.
04:36L'intelligence à ce point.
04:37Mais quoi qu'il en soit,
04:38ils ont osé le dire.
04:39De la même manière,
04:40je me souviens que Mathilde Panot,
04:42de la France Insoumise,
04:42avait expliqué que le racisme anti-blanc n'existait pas.
04:45La science le disait.
04:47Et j'ai quelquefois l'impression
04:48qu'aujourd'hui, on brandit la science
04:49comme autrefois on brandissait le catéchisme
04:51en nous expliquant que c'est la vérité sacrée,
04:53la vérité absolue.
04:54N'osait pas la contester.
04:56Le problème, c'est que la science en question,
04:57quelquefois, n'est qu'une manière de maquiller,
04:59je l'ai dit, de l'idéologie.
05:00Je ne vais pas le reparler avec le catéchisme.
05:02Mais bon, quelle époque a encore...
05:03Au texte sacré.
05:05Encore, récemment, fait parler d'elle,
05:07Mathieu, samedi dernier.
05:09L'émission recevait le chef du RN,
05:11Jean-Dan Bardella.
05:12Et plusieurs y ont vu une autre manifestation
05:15du biais idéologique du service public.
05:17Est-ce que là aussi, c'est votre avis ?
05:18Oui, et je tenais à revenir sur cet élément
05:20pour une raison très particulière.
05:22Le régime, à pensez comme ça,
05:23a cru se débarrasser de Marine Le Pen.
05:25On le voit, moi, j'appelle le régime.
05:26À un moment donné, il ne faut pas faire semblant
05:28qu'il n'y a pas un régime devant nous.
05:29Ce régime a pu se débarrasser de Marine Le Pen.
05:32Et là, avec Bardella, ils se sont dit,
05:33à un instant, il est plus faible.
05:35Franchement, il va se décomposer.
05:37S'il n'a pas la densité, il n'a pas l'âge,
05:39il n'a pas ci, il n'a pas ça.
05:40Et là, on constate que dans les sondages,
05:41il se maintient et pourrait gagner
05:43dans plusieurs scénarios.
05:44Donc, le régime mobilise ses troupes,
05:46mobilise son appareil culturel d'État
05:48pour...
05:50C'est le suivant, au suivant.
05:51Marine, dégage.
05:52Maintenant, Bardella, c'est ton tour.
05:55De quelle manière ils ont fait le coup ?
05:57Il a été invité dans ce qui s'est présenté
05:59et ça se voulait un dîner de con.
06:00C'est-à-dire que le milieu était rassemblé,
06:02le petit milieu des ricaneurs parisiens mondains.
06:05Et là, Bardella était là
06:06et l'objectif était de le faire paraître
06:07pour un plouc.
06:08Donc, l'objectif, c'est de mettre en scène
06:11sa plouquisation.
06:12Et plutôt que d'avoir une stratégie,
06:14on dira finalement,
06:16on n'aura pas réussi à faire croire
06:17à la radicalisation du RN,
06:19désormais, on va chercher à meser
06:21sur la ridiculisation du RN.
06:23Regardez cet homme parmi les mondains,
06:25il n'a pas apparemment
06:27l'esprit piquant des dîners parisiens,
06:29il n'a pas la réplique qui fait rire
06:30dans la gauche mondaine.
06:32Donc, dès lors, tout le monde cherche à l'humilier.
06:34Tout le monde...
06:34De quelle manière ?
06:35Avec la fameuse petite phrase
06:36qu'il y a beaucoup tournée cette semaine
06:37où on lui demande de commenter Nicolas Sarkozy,
06:40puis il dit « Quelle énergie,
06:41d'où vient ce... »
06:42Autrement dit, une forme de commentaire polie
06:43de garçon courtois
06:44qui ne cherche pas à humilier
06:45un ancien président.
06:47Cette courtoisie a été présentée
06:49par la petite clique autour de lui rassemblée
06:51comme la marque d'une absence d'esprit.
06:54On a dit « Aha ! »
06:55Et puisqu'il ne joue pas au petit dîner
06:56des rieurs mesquins,
06:58c'est donc qu'il n'est pas très qualifié culturellement.
07:01Et là, dès lors,
07:01qu'est-ce qu'on nous dit depuis quelques jours ?
07:04On nous dit « En fait,
07:05on voit bien le peu de valeur du personnage,
07:07on voit bien qu'il n'est pas à la hauteur,
07:09on voit bien qu'il n'a pas de densité.
07:10Pourquoi ? »
07:10Parce qu'il respecte simplement les usages
07:12lorsqu'il parle d'un ancien président.
07:14Parce qu'il n'accepte pas, justement...
07:16Parce que je dirais,
07:17quel est l'ultime pouvoir de la gauche mondaine ?
07:19C'était l'ancien pouvoir des guignols.
07:22C'est le pouvoir, je dis, de ridiculisation.
07:24C'est le pouvoir de la transformation
07:25de l'honnête homme en plouc.
07:27Et qu'est-ce qu'on a vu ?
07:28Puis on va le voir encore plus.
07:29D'un côté, le système va chercher
07:31à l'abattre de différentes manières.
07:33On le voit avec la question
07:33du financement du RN encore aujourd'hui.
07:36Mais de l'autre côté,
07:37on se dit, devant le peuple,
07:38on va le traiter justement
07:39comme un personnage secondaire.
07:41Mais, mais, mais, mais, mais,
07:41derrière cela, qu'est-ce qu'on doit voir ?
07:43Est-ce que le commun des mortels
07:44est encore réceptif aux codes de mépris
07:46qui viennent du sommet de la société,
07:48qui viennent de la médiasphère ?
07:49Est-ce que le commun des mortels rit encore
07:51lorsqu'on cherche à humilier
07:52quelqu'un qui le voit comme l'un des siens ?
07:54Ou est-ce que le commun des mortels
07:55n'en a pas marre, quelquefois,
07:56de se faire faire la leçon ?
07:57Yaël Braun-Pivet, ce matin sur France Inter,
08:00a voulu rappeler à l'Ordre Charles Aloncle,
08:02le rapporteur de la commission d'enquête
08:03sur l'audiovisuel public.
08:05Elle l'invite à faire preuve
08:06de plus de dignité dans ses fonctions.
08:09Comment prendre une telle intervention ?
08:11Comme une tentative d'intimidation,
08:13sans surprise, de la part de Mme Braun-Pivet,
08:14qui est une femme fort respectable,
08:16nul n'en doute,
08:16mais qui, dans les circonstances,
08:18voit quelqu'un, Charles Aloncle,
08:20dévoiler devant tous,
08:22devant tous ceux qui ont le minimum
08:23de soucis de la chose publique,
08:25il dévoile les biais de l'audiovisuel public.
08:27Il laisse peut-être même dévoiler
08:29des systèmes de complicité
08:30à l'avantage de certaines boîtes,
08:32de certains producteurs
08:33qui trouveraient le moyen,
08:34sans en rendre compte, évidemment,
08:35de profiter de l'argent de l'État
08:36à leur avantage.
08:37Donc, qu'est-ce qu'il dévoile ?
08:38Il dévoile des biais idéologiques.
08:40Par exemple, il pose la question,
08:41on lui pose la question sur l'Arcom,
08:43et il dit,
08:43« J'ai été surpris par l'Arcom,
08:44je croyais en l'Arcom,
08:45je croyais en la neutralité de l'Arcom. »
08:47Mais qu'est-ce qu'il découvre ?
08:48Qu'on traite comme personnage politique
08:50un Philippe de Villiers,
08:51mais qu'on ne traite pas
08:51comme un personnage politique
08:52Cécile Duflo,
08:54Cohn-Bendit
08:54et Dupont-Moretti.
08:56Alors là, il dit,
08:56« Je suis surpris !
08:57Y aurait-il deux poids,
08:58deux mesures à l'Arcom ?
08:59J'en crois rien ! »
09:00Mais il est surpris,
09:00mais il confesse sa surprise avec raison.
09:02Et là, qu'est-ce qu'on voit ?
09:03C'est la volonté,
09:04encore une fois,
09:04de l'intimider,
09:06mais non seulement de l'intimider,
09:07de discréditer à l'avance
09:09cette enquête,
09:10cette commission d'enquête.
09:11On veut discréditer le personnage
09:13pour qu'on n'ait plus
09:13à retenir l'information
09:15qui sortira de ces séances,
09:17de cette commission d'enquête.
09:19Autrement dit,
09:19on veut tuer le rapport
09:20avant le rapport
09:20en tuant le rapporteur symboliquement.
09:22J'ai cru comprendre
09:23que M. Aloncle
09:24ne se laisse pas intimider
09:25par Mme Brown-Pivet
09:26qui l'a décidé
09:27de lui tenir tête.
09:28C'est ce que j'ai cru comprendre
09:29par sa réponse sur X.
09:31Et je crois que demain,
09:32aujourd'hui,
09:32demain, ensuite,
09:32les audiences se poursuivront.
09:34Il est possible
09:34que ce soit encore intéressant.
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