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  • il y a 3 jours
Aujourd'hui les incarnations traditionnelles de la virilité sont remises en question, de la figure historique du héros de guerre au Don Juan conquérant, en passant par le chef de famille. Les hommes vivent désormais les effets de la marche vers l'égalité des genres. Ils abandonnent peu à peu leur position patriarcale historique. Certains sont enthousiastes, d'autres entrent en réaction, beaucoup s'interrogent encore face à l'extinction annoncée d'Homo Virilus.

En France, comme aux États-Unis, un fossé idéologique se creuse entre filles et garçons : "Les jeunes femmes nées entre 1995 et 2010 sont hyper-progressistes quand les hommes de leur âge sont hyper-conservateurs" selon Alice Evans, chercheuse à l'université de Stanford. "Des dizaines de millions de personnes qui occupent les mêmes villes, les mêmes lieux de travail, les mêmes salles de classe voire les mêmes maisons ne sont plus du même avis. C'est sans précédent. La génération Z, c'est en réalité deux générations et non une seule."

Ce film donne la parole à des hommes de générations et d'origines différentes, qui nous livrent, sans tabou, leur perception de la construction du modèle masculin. Ces paroles intimes s'entremêlent avec des images d'archives qui nous replongent dans l'histoire. Les éclairages des historiens, sociologues, psychiatres parmi les plus grands experts de la thématique, accompagnent la narration pour nous aider à répondre à cette question brûlante : comment être un homme aujourd'hui ?

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Transcription
00:00Sous-titrage Société Radio-Canada
00:30L'homme idéal dont rêvent ses politiciens, c'est lui.
00:36Puissant, courageux, dominant, en un mot, viril.
00:44Un concept qui invite à la maîtrise de soi comme à la violence explosive.
00:50Si Homo erectus peut être mâle ou femelle, un homme, un vrai, devrait être Homo virilus.
00:56Sa vertu justifierait de dominer les femmes et les enfants, bien sûr, mais les mâles non virils aussi.
01:04Mais attention, Homo virilus ne doit jamais se relâcher.
01:09Sa force est d'une insoutenable fragilité.
01:13Sauf que voilà.
01:14Cette virilité, admirée, enviée pendant des millénaires, est de plus en plus moquée, rejetée.
01:23Elle serait devenue un contre-modèle aussi rétrograde que toxique pour tous.
01:31Alors Homo virilus est-il en voie d'extinction ?
01:35Depuis sa naissance, à l'antiquité gréco-romaine, Homo virilus a sculpté mille et un visages.
02:01Celui du sang et de la force, comme de la poudre et de la dentelle.
02:10Mais qu'importe l'époque et le style, la quête viril passe toujours par l'héroïsme.
02:16On ne naît pas Homo virilus, on le devient, par un rite de passage, celui du valeureux soldat.
02:26En 1914, un terrible orage d'acier s'abat sur le romantisme militaire.
02:50Ils imaginaient que la guerre, ce serait, comme à l'époque napoléonienne, ce serait un choc entre deux armées.
02:57Et que c'est le plus courageux, celui qui en veut le plus, qui serait victorieux.
03:01Mais ce n'est pas du tout ça la guerre de 1914.
03:03On découvre qu'en fait, c'est une guerre industrielle.
03:05À quoi ça sert d'avoir du courage face aux obus ?
03:09Homo virilus mène en réalité une bataille recroquevillée contre des ennemis sans panache.
03:14La faim, le froid, les poux et la boue.
03:20Vous avez Driu La Rochelle qui dit « La gloire, elle est tombée dans la boue des tranchées, dans la merde et dans le sang des tranchées.
03:26Nous sommes des escroqués de toute gloire. »
03:30Les canons ne se taisent qu'après 20 millions de morts et encore plus de blessés.
03:36Des défigurés à vie qui ont perdu mâchoire, nez, yeux.
03:41Sans compter les amputés des bras ou des jambes.
03:43Jamais guerre n'aura fait autant de mal d'émombré.
03:49Et puis, il y a les blessures invisibles.
03:52La psychiatrie découvre un phénomène nouveau, l'obusite,
03:56aujourd'hui connu sous le nom de syndrome post-traumatique.
03:59« Les hommes n'étaient pas censés avoir des maladies psychiques.
04:02Les hommes ne sont pas hystériques, car hystérique vient d'utérus.
04:06Celui qui est atteint d'un traumatisme nerveux, il est vu comme quelqu'un de dévirilisé. »
04:12Ceux qui n'ont pas combattu sont assimilés à des eunuques.
04:16Ils sont accusés d'être des embusqués, des lâches, réfugiés à l'arrière, avec les femmes.
04:22Ces dames sont censées attendre, veiller, éventuellement soigner.
04:27Homo virilus les pense faibles, inférieurs, car incapables de se contrôler.
04:33Tous les mois, ne perdent-elles pas du sang impur, quand celui des hommes est volontairement versé ?
04:40Alors Homo virilus veut les protéger, ces femmes, mais surtout, surtout, ne pas leur ressembler.
04:47Et c'est à cause de cette éducation millénaire que les garçons adoptent parfois la posture d'Homo virilus,
04:57comme Étienne, Geoffroy ou encore Karim.
05:00On voit que beaucoup d'hommes autour de nous ont cette idée que pour être homme,
05:05je dois jouer des coudes et je dois un peu écraser l'autre.
05:08Et aussi beaucoup de femmes, j'ai déjà entendu beaucoup de femmes dire
05:10« Ah non, lui, ce n'est pas un vrai mec. »
05:12Et quand on creuse, pourquoi ce n'est pas un vrai mec ?
05:14Parce qu'il est sensible, parce qu'il est doux, parce qu'il n'a pas de répondant.
05:18Comme si la valeur homme dépendait de notre force, aussi bien psychologique que physique.
05:23Mais c'est quelque chose que j'ai ressenti dès petit et qui m'a fait énormément de mal.
05:28Moi, je fais partie de ces pédés à qui on dit « Ah, toi, tu ne fais pas pédé. »
05:32Il y a aussi une part de, comment dire, de virilité, un peu d'apparence.
05:39Je sais que quand je suis avec des gens avec qui j'ai entièrement confiance,
05:44avec qui je me sens bien, je tombe un peu le masque de cette virilité, masculinité,
05:50où je me laisse aller, comment dire, à des gestes, des paroles plus féminines, j'allais dire.
05:59Enfin, je ne sais pas, moi, je le vois dans mes photos de quand je suis gamin.
06:02Je la vois, la féminité, en fait.
06:03Et ce qui se passe, c'est que très vite, je pense que c'est un danger, en fait.
06:09Pour moi, il y a une hiérarchie invisible, qui est dans la cour de récré,
06:13qui est quand on va jouer au sport, entre les garçons.
06:17Et je dis invisible, c'est-à-dire qu'à la fois, elle est dite et elle n'est pas dite.
06:20C'est pas ta ta fiole, c'est pas ta lopette, à la fillette.
06:24Et donc, c'est tous ces petits mots qu'on entend, c'est qu'en fait, il y a une espèce de pyramide de...
06:27Alors, aujourd'hui, on mettrait le mal alpha en haut.
06:29Et en dessous, il y a toutes les sous-catégories de trucs dont, a priori, il ne faut pas être.
06:34Sinon, je suis une lopette, et puis en dessous, c'est la fillette.
06:37Donc, il y a toutes les catégories masculines.
06:39Et puis, en dessous des catégories masculines, il y a les filles.
06:41Sauf qu'en 1914, ces femmes, comme au virilus jugé inapte, le remplacent au pied levé.
06:50Conductrices de tramway, postières, balayeuses, elles moissonnent les champs
06:54et font tourner les usines, notamment d'armement.
06:57Ce sont les munitionnettes.
06:59Même le maréchal Geoffre Admet, si les femmes qui travaillent dans les usines s'arrêtaient 20 minutes,
07:04les alliés perdraient la guerre.
07:05D'un côté, on admire ces femmes qui sont capables de se comporter comme des hommes,
07:10avec le même courage, faire preuve de force physique, d'endurance, etc.
07:15Et de l'autre, il y a une peur de voir se dissoudre la différence,
07:21ce qui signifierait l'égalité.
07:23Ces femmes, elles sont au-dôme, elles gagnent de l'argent.
07:26Ce sont les hommes, dorénavant, qui sont dans une situation de staticité.
07:31Ils attendent le mandat postal qu'on va leur envoyer avec un petit peu d'argent.
07:34Il y a un renversement du sentiment de domination.
07:37Les hommes sont dépendants.
07:39Alors à l'armistice, il est urgent de réinstaller au mauvais rélu sur son trône.
07:44Le gouvernement français demande aux femmes de rendre leur poste aux hommes.
07:49Les semeuses de courage sont désormais priées de recouper la France et rien d'autre.
07:55Si les femmes obtiennent le droit de vote aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne,
08:00en revanche, en France, il y a des blocages.
08:02Il y a un million et demi d'hommes en moins.
08:05Si les femmes obtiennent le droit de vote, c'est elles qui décideront de l'avenir du pays.
08:10Et ça, pour les hommes, c'est très dur.
08:12Non seulement elles sont mises à porter le pantalon,
08:14mais voilà aussi qu'elles vont voter, qu'elles vont diriger le pays.
08:16On va avoir des femmes députées.
08:18Pourquoi pas une femme présidente de la République ?
08:20Alors à défaut du droit de vote, que les Françaises n'obtiendront qu'en 1944,
08:25les femmes ont grappillé des symboles
08:28comme au virilus, c'était jusque-là exclusivement réservées.
08:32Cheveux courts et silhouettes androgynes,
08:34de Paris à Berlin, en passant par Tokyo,
08:37la mode est à la garçonne.
08:39Adieu le corset, symbole d'un corps féminin idéal,
08:43façonné par les hommes,
08:44c'est la consécration du pantalon.
08:46Quand une femme se virilise, c'est pas bien,
08:50ça bouscule l'ordre des sexes.
08:52On peut comprendre qu'elle ait envie d'accéder
08:54à quelque chose de reconnu, de valorisant.
08:57En revanche, quand un homme se féminise,
09:00cette féminisation, elle se fait essentiellement
09:02par la voie d'une hyper-sexualisation.
09:05Et là, ça devient difficile à comprendre.
09:08Pourtant, un vent de liberté souffle sur les années folles.
09:11Les foules s'enivrent de danse et d'insouciance à Berlin,
09:15où le rigide empire prussien est tombé.
09:19À sa place, la République de Weimar promet démocratie,
09:23libéralisme, éclatement des carcans religieux,
09:26moraux ou encore sexuels.
09:34Homo Virilus voit ses certitudes vaciller.
09:38Humilié par la défaite de 1918,
09:42brisé par les lourdes réparations de guerre à rembourser,
09:46il n'a plus qu'un mot à la bouche.
09:48Revanche.
09:56L'ordre naturel, la civilisation avec l'homme aérien à son sommet,
10:01serait en danger.
10:04Homo Virilus ne pourrait-il pas la sauver ?
10:06Hitler en convainc les foules,
10:09pendant qu'en Italie,
10:11Mussolini rentre dans la fosse
10:13pour démontrer sa propre virilité.
10:17Le fascisme déferle sur l'Europe
10:20pour, selon lui,
10:22sauver une société dégenrée,
10:24donc dégénérée.
10:26La société démocratique serait trop ouverte,
10:33fluide,
10:34trop féminine,
10:36enjuivée,
10:37pour reprendre le terme antisémite de l'époque.
10:40Les juifs sont vus comme des acteurs majeurs
10:43de la féminisation,
10:45des sociétés contemporaines.
10:49Le féminisme est présenté comme une invention juive.
10:51Donc il y a beaucoup de liens entre antiféminisme,
10:56antisémitisme,
10:58xénophobie,
10:59haine des étrangers d'une manière générale.
11:05Face à ce prétendu péril,
11:09les régimes totalitaires prônent une virilité antique,
11:13militaire,
11:14conquérante,
11:15implacable.
11:16Celle de la race pure des maîtres,
11:19les ariens blous aux yeux bleus,
11:22dressés pour dominer,
11:24voire exterminés.
11:26Le droit à la guerre,
11:27le droit à conquérir des territoires,
11:29à organiser les populations sur ces territoires,
11:33c'est une façon d'exprimer la virilité
11:36au plus haut niveau de l'État.
11:38Les plus pauvres,
11:39le peuple,
11:40les plus nombreux,
11:41peuvent suivre aussi ce mouvement
11:42en s'identifiant
11:43aux chefs super virils
11:46qui se donnent tous les droits.
11:50Des millions de femmes sont fascinées par le fureur.
11:54Son autorité,
11:55son aura,
11:56son verbe.
11:58En récompense,
11:59les nazis leur retirent le droit de voter
12:01et d'être élues,
12:02leur interdisent des professions
12:04dans la magistrature
12:05ou le corps médical, par exemple.
12:07Les Allemandes passent d'une des conditions féminines
12:10les plus progressistes d'Europe
12:11a un rôle unique mais essentiel pour le Reich,
12:15épouse mère de Mauvirillus.
12:18Dans le modèle kinder,
12:20kushe, kirche,
12:21enfant, cuisine, église,
12:24les femmes sont des soldates
12:25dont les terrains de guerre
12:27sont le foyer et l'intime.
12:30Les femmes ont été endoctrinées
12:32aussi via la religion.
12:34Il y a une éducation aussi
12:35qui les voit à la famille.
12:37Donc, il y a une peur.
12:38Il y a une peur de l'émancipation.
12:40Parmi les bourreaux nazis,
12:43le chef des SA,
12:44Ernst Röhm.
12:46Ce proche d'Hitler
12:47cache un secret de Polichinelle,
12:49son homosexualité.
12:51En 1934,
12:52le Führer le fait exécuter
12:54pour des raisons politiques,
12:55mais les nazis utilisent
12:56son orientation sexuelle
12:58pour justifier l'assassinat.
13:00Et la répression va s'intensifier.
13:03La Gestapo centralise
13:04des listes roses,
13:06les barguets sont fermés
13:07et l'Institut de sexologie
13:09du docteur Magnus Hirschfeld
13:11est incendié.
13:12Pour ce médecin juif
13:13et homosexuel,
13:15l'homosexualité
13:16n'était ni une perversion
13:17ni une pathologie,
13:19mais le fruit
13:20d'une androgynie intérieure
13:21aussi naturelle
13:23qu'inoffensive.
13:23Il était question
13:27presque d'une femme
13:28dans un corps d'homme.
13:29Et cela,
13:30ça a été insupportable
13:31pour les nazis
13:33qui ont vu là
13:34justement le vrai danger
13:35par rapport à la société,
13:37c'est-à-dire
13:37des hommes-femmes
13:38incapables
13:39de représenter
13:41cet idéal
13:42de force,
13:43de combat
13:43et de virilité
13:45que voulaient représenter
13:46les nazis.
13:48Le paragraphe 175
13:50du code pénal,
13:51presque oublié
13:52sous Weimar,
13:52devient plus répressif.
13:55Il criminalise
13:56les actes
13:57dits contre-nature.
13:59Les rafles
13:59et les dénonciations
14:00se multiplient.
14:02Cent mille hommes
14:02sont arrêtés.
14:04Plusieurs milliers
14:05d'entre eux
14:05sont envoyés
14:06en camp de concentration
14:07marqués
14:08d'un triangle rose.
14:10Ils sont battus,
14:11humiliés.
14:13Certains seront castrés,
14:15d'autres,
14:16euthanasiés.
14:18Ils rejoignent
14:18la longue liste
14:19des victimes
14:20du régime nazi
14:21parmi lesquelles
14:226 millions de juifs.
14:24A la fin de la guerre,
14:26les survivants
14:26de la déportation
14:27homosexuelle
14:28se tèrent dans le silence,
14:30la honte
14:31et l'oubli.
14:32Il faudra attendre
14:43les années 60
14:44pour une riposte
14:45à l'hégémonie virile.
14:47Portée par des jeunes
14:48aux cheveux longs,
14:50qui décident
14:50que l'amour,
14:51c'est quand même
14:52mieux que la guerre.
14:54Les hippies
14:54rejettent l'ordre établi,
14:56le capitalisme,
14:57le patriarcat.
14:58Ils expérimentent
14:59des corps délestés
15:00du diktat viril,
15:02voire hétérosexuel.
15:04C'est l'ère
15:04des luttes LGBT
15:05qui aboutiront,
15:06en France,
15:07à la dépénalisation
15:08de l'homosexualité
15:09en 1982.
15:11Mais le temps
15:12de la rue
15:12n'est pas celui
15:14d'Homo virilus
15:15qui se réfugie
15:16dans son foyer,
15:17là où les rôles
15:18restent bien genrés.
15:19Moulinex libère la femme.
15:38Le slogan affirme
15:39que Moulinex
15:40a libéré la femme,
15:41alors Homo virilus
15:42ne comprend vraiment pas.
15:44Que peuvent-elles
15:44bien demander de plus ?
15:45La liberté
15:50est de disposer
15:50de son corps,
15:51c'est quelque chose
15:52d'important
15:52parce que sinon,
15:53à qui appartient
15:54votre corps
15:55quand vous êtes une femme ?
15:56Un homme est libre,
15:57mais la femme
15:58à qui appartient son corps ?
15:59À son mari ?
16:00À l'armée ?
16:01Aux prêtres ?
16:03Aux médecins ?
16:03Qui décide pour elle ?
16:05Elle n'est pas
16:05un individu autonome.
16:07Et les victoires
16:09féministes s'enchaînent.
16:10Droit de gérer
16:11ses biens propres,
16:13de travailler
16:13sans le consentement
16:14du mari,
16:15droit à la contraception,
16:17droit au divorce
16:18par consentement mutuel
16:19et surtout,
16:21loi Veil
16:21autorisant l'IVG,
16:23l'interruption volontaire
16:24de grossesse.
16:26Là,
16:27il y a vraiment
16:27quelque chose
16:28de très nouveau,
16:29c'est que la contraception
16:31devient féminine,
16:33donc à l'initiative
16:34des femmes
16:35et avec des moyens
16:36contraceptifs féminins
16:38et l'avortement
16:39va être autorisé
16:40et donc,
16:41il y a une dissociation
16:43entre la sexualité
16:44et la reproduction
16:45qui se fait.
16:49Révolution dans la famille également.
16:51Adieu le pater familias
16:52tout-puissant.
16:54Voici l'ère
16:54de l'autorité parentale
16:55conjointe.
16:57Les féministes
16:57sont immédiatement accusées
16:59d'avoir tué le père.
17:03Ce que les virilistes
17:05ou les nostalgiques
17:06disons
17:07de cette domination
17:08masculine ressentent,
17:10c'est que les choses
17:10se sont inversées
17:11en fait.
17:12On le voit beaucoup
17:12dans les situations
17:13de séparation
17:14et de séparation
17:15conflictuelle
17:16autour des gardes,
17:17autour des pensions
17:18alimentaires,
17:19etc.
17:20À quel point
17:21ils ressentent
17:22le fait que
17:23leurs femmes,
17:24la première
17:25et les femmes en général
17:26ont pris le pouvoir
17:27et qu'ils sont
17:28en position,
17:30encore une fois,
17:31d'humiliation
17:32et de passivité
17:33par rapport à elles.
17:35L'égalité
17:37entre les sexes
17:38est encore très loin,
17:39mais Homo virilus
17:40a cédé du terrain.
17:41Trop,
17:42selon lui.
17:43Alors sur fond
17:44de crise économique,
17:45il lance
17:46la guerre culturelle.
17:48La jeunesse
17:49revendique
17:50des valeurs traditionnelles
17:52et vote massivement
17:53pour ce slogan.
17:54avec sa révolution
18:04conservatrice,
18:05Ronald Reagan
18:06veut remasculiniser
18:07l'Amérique.
18:09Et sur les écrans
18:10du monde entier,
18:11Homo virilus
18:12prend les traits
18:12de Sylvester Stallone
18:13dans Rocky
18:14ou d'Arnold Schwarzenegger
18:16dans Conan le barbare.
18:18La puissance masculine
18:19s'exhibe
18:20via les muscles,
18:21mais elle ne tiendrait
18:22qu'à un fil.
18:36Un simple petit organe
18:38repéré sur une image
18:40un peu floue
18:41qui justifierait
18:42une éducation
18:43toute bleue
18:44et le droit de dominer.
18:45Tout ça serait naturel,
18:49ce serait le phallus
18:50qui ferait
18:50l'Homo virilus
18:51pour le meilleur
18:53comme pour le pire.
18:56La puissance virile,
18:58c'est le phallus.
18:59Le phallus doit être érigé
19:00pour représenter
19:02cette puissance masculine.
19:05Ça reste
19:05chez les hommes
19:07quelque chose
19:07qui peut devenir
19:09un obsédant.
19:10Le fait que
19:11d'être dévérilisé
19:12si cette puissance phallique
19:15ne s'exerce pas.
19:18Au lit,
19:19Homo virilus
19:20est un étalon
19:21aux membres actifs
19:22face à des femmes
19:23objets passifs
19:24quand elles ne lui courent pas après
19:28comme dans cette célèbre publicité
19:30des années 2000.
19:33Pour prouver sa force sexuelle,
19:36Homo virilus
19:36a une obsession.
19:37le chiffre.
19:40Taille du pénis,
19:42nombre de conquêtes,
19:44durée du rapport,
19:45tout se quantifie
19:46et attention
19:48à celui
19:48qui n'aurait pas
19:49le plus gros
19:50nombre.
19:53Pareil,
19:53les traumas
19:54de vestiaire.
19:55Il y avait 13 ans,
19:56on est en Suisse,
19:57on part en voyage
19:58scolaire,
19:59etc.
20:00J'avais un copain
20:01qui avait fait sa puberté
20:02avant tout le monde
20:03et qui avait
20:04une grosse bite
20:06comme on dit.
20:06On s'était douchés
20:07ensemble,
20:08tous ensemble
20:08et ils s'étaient moqués de moi.
20:10C'était la honte.
20:11C'est juste des petites phrases
20:13qui valent des coups
20:15de battre dans la tronche.
20:16C'est vraiment ce truc
20:17d'être moqué.
20:19Ce n'est même pas
20:20ma sexualité à l'époque,
20:21c'est juste mon pénis
20:22et j'ai 13 ans
20:22et je n'ai pas encore
20:23fait ma puberté.
20:25Ça m'a marqué.
20:26Il y en a eu plusieurs
20:26des scènes comme ça.
20:28Je sais que ce n'est pas que moi.
20:29C'est tellement commun
20:30et courant
20:30puisque cette culture
20:32est dans tous les vestiaires.
20:33Je ne veux pas faire
20:34de généralité,
20:35« not all vestiaires »,
20:36mais en tout cas,
20:37j'imagine que c'est quand même
20:38une grande majorité
20:38de vestiaires.
20:39Moi, ça me mettait
20:40dans une pression
20:41de savoir
20:41est-ce que ça suffit
20:43ou pas ?
20:44Parce que là,
20:44pour le coup,
20:45c'est un truc
20:45où autant tu peux te muscler,
20:47autant tu peux perdre du poids,
20:49autant tu veux là.
20:50Là, tu es foutu.
20:51Tu fais avec ce que tu as.
20:53Et du coup,
20:55je me rappelle
20:55et j'ai trouvé ça
20:57hyper toxique.
20:59C'est quand tu as
21:00quelqu'un avec qui t'es
21:01et que tu te poses
21:03la question
21:04est-ce que ta taille
21:06est satisfaite ou pas ?
21:07Le pénis,
21:08chez l'homme,
21:08ou en tout cas,
21:09dans une forme de masculinité,
21:10est extrêmement important
21:11parce que c'est
21:12un prolongement de nous.
21:13C'est un prolongement
21:14de notre force.
21:14On pourrait dire
21:15que c'est une épée
21:16ou c'est un sceptre,
21:17mais c'est une extension
21:18de notre pouvoir.
21:19On se sent masculin
21:20à travers son pénis,
21:21comme on se sent masculin
21:22à travers une érection.
21:24En fait,
21:25un homme,
21:25quand il a une érection,
21:26ce n'est pas forcément
21:27pour derrière
21:29avoir une activité sexuelle.
21:30L'érection du matin,
21:31elle fait plaisir
21:32et à côté de ça,
21:33on ne va pas se masturber.
21:34L'érection du matin,
21:35elle fait plaisir
21:36parce qu'on se sent homme.
21:41Mais si le pénis tout-puissant
21:43peut rassurer
21:43sur sa masculinité,
21:45il peut aussi inquiéter,
21:47voire terrifier.
21:47C'est un éjaculateur précoce
21:58pendant très longtemps.
21:59J'ai été une grande souffrance.
22:00Ça a été vraiment,
22:01tu vois,
22:02comme un pieu dans le cœur
22:03et dans le sexe en même temps.
22:04Et profond,
22:05genre,
22:05mais tu ne peux pas le dire.
22:07Et donc,
22:07c'est vraiment
22:07dans l'échelle
22:08de la performance du truc,
22:09j'étais tout en bas.
22:11Et en même temps,
22:12il y avait plein d'endroits
22:12où ça allait.
22:13Et quand je me retrouvais
22:14avec des nanas au lit,
22:15cette représentation
22:17de la sexualité,
22:17de ce que ça doit être,
22:18de comment ça pourrait être,
22:19c'était l'inverse.
22:21Je n'étais pas
22:21rococifredi, quoi.
22:22Et c'était une grande souffrance
22:24de me dire,
22:25putain,
22:25je fais chier, quoi.
22:27Ça doit être merveilleux,
22:28ça doit être magnifique.
22:29Et je ne le vis pas.
22:30Et non seulement
22:31je ne le vis pas moi
22:32et ça me fait chier
22:33parce que j'ai envie
22:33de vibrer,
22:35d'avoir des orgasmes
22:36et de faire l'amour.
22:38Et j'ai envie
22:38que ma dame
22:39le vive aussi,
22:41le reçoive,
22:42qu'on le partage.
22:45Mais pour Homo virilus,
22:47le sexe,
22:48c'est précisément
22:48l'absence de partage.
22:50Plus que du désir,
22:52il parle de besoin,
22:54à assouvir
22:55par tous les moyens,
22:57y compris par la force
22:58et la ruse.
23:00En toute impunité,
23:02comme si sa virilité
23:03justifiait tout,
23:04même les violences sexuelles.
23:05T'as vu comment
23:06t'étais habillée ?
23:08Bah oui,
23:08t'avais une jupe.
23:09Pourquoi t'étais dehors
23:10si tard ?
23:11Tu l'as chauffée.
23:12Mais est-ce que t'as dit non ?
23:13Oui, bah tu lui as souri
23:14en même temps.
23:15En général,
23:15tu dis pas non.
23:16Les antiféministes
23:18et les masculinistes
23:19répondront que le viol,
23:21c'est viril,
23:21qu'il y a un droit au viol.
23:24Et au fond,
23:24ça ne serait pas un problème
23:25pour les femmes
23:26puisque par nature,
23:27les femmes seraient aussi
23:29biologiquement programmées
23:30pour être violées,
23:32pour être des êtres passifs
23:33dont le consentement
23:35n'a aucune valeur
23:36et dont le non
23:38voudrait dire
23:39en fait oui.
23:40et puis une femme
23:43va s'ériger
23:44contre Mauvirellus,
23:46l'avocate Gisèle Halimi.
23:49Bobigny,
23:50ex en Provence,
23:51c'est l'ère
23:51des grands procès
23:52pour mettre un mot
23:54sur le mal,
23:55le viol.
23:59Le viol,
24:00c'est tout simple,
24:01on n'en parle pas.
24:01Avant les années 70
24:02et avant la mobilisation
24:03des femmes,
24:04silence radio,
24:05on n'en parle pas.
24:06Il y a 500 plaintes par an
24:07en 1965
24:09et quand il y a
24:10une condamnation,
24:12ce sont des peines
24:12très légères,
24:13une petite amende,
24:15une petite peine de sursis.
24:17En gros,
24:17voler un vélo,
24:19voler une pomme,
24:20violer une femme,
24:21ça relève un peu
24:22du même type de condamnation
24:23et du même type
24:24de pénalité.
24:27Grâce aux efforts
24:28de Gisèle Halimi,
24:29la loi va changer.
24:31Le viol devient un crime,
24:32puni de 5 à 10 ans
24:34de prison,
24:3520 si la victime
24:36a moins de 15 ans.
24:38Mais il y a peu
24:39de signalement
24:40encore moins
24:41de condamnations.
24:44Encore aujourd'hui,
24:45en France,
24:46seules 6%
24:46des femmes victimes
24:47de violences sexuelles
24:48portent plainte.
24:50Le taux de non-poursuite
24:51est de 92%.
24:53Pourtant,
24:58MeToo est passé par là.
25:00Quand Harvey Weinstein,
25:01le célèbre producteur américain,
25:03est accusé
25:04d'harcèlement
25:04et agression sexuelle
25:06par une douzaine de femmes,
25:07la parole se libère
25:08sur les violences sexistes
25:09et sexuelles.
25:11Tous les milieux
25:12sont concernés,
25:13toutes les femmes.
25:15Une seconde révolution
25:16sexuelle s'enclenche,
25:18celle du consentement.
25:19Je me rappelle,
25:23après MeToo,
25:24ça a fait quand même
25:25réfléchir à les mecs.
25:26J'étais à un anniversaire
25:27et il y a deux amis,
25:29deux mecs,
25:31ils ont besoin
25:31de se confier
25:32et ils me disent
25:34« Moi, un jour,
25:37j'ai forcé un rapport.
25:39Ça pourrait s'apparenter
25:40à un viol.
25:41J'avais 18 ans.
25:42Et un autre ami dit
25:43« Il y a 15 ans de ça,
25:46j'ai frappé ma copine. »
25:47Les mois passent,
25:49un autre groupe d'amis
25:50me disent
25:52« On a réfléchi
25:54et on se dit
25:56qu'on a tous violé un jour
25:57une fille dans notre vie. »
25:59Ces trois amis
26:00qui, à un moment,
26:02ont eu besoin
26:02de parler entre eux,
26:03de faire un travail entre eux
26:04grâce à MeToo,
26:06ils se sont dit
26:06« On a tous violé un jour
26:08une fille dans notre vie.
26:08On a tous un jour forcé un rapport. »
26:11Moi, je vais te dire
26:11oui, All Men,
26:12bien sûr.
26:14Parce que c'est la réalité.
26:16On ne parle pas de moi, là.
26:18On ne parle pas de toi
26:19derrière ton écran
26:20qui n'a jamais agressé une femme.
26:21On parle de tous les hommes.
26:23Si tu es vraiment
26:24un allié de cette cause-là,
26:25tu ne dois pas te sentir
26:27pointé du doigt.
26:30Donc, moi,
26:31je n'ai aucun problème avec ça.
26:32MeToo, ça a aussi changé.
26:34Ça a mis la lumière à fond
26:37et le super projecteur
26:38sur tout le consentement.
26:39Et donc, ce truc de
26:40« Ok, je peux mettre
26:42ma main sur ton épaule,
26:43je peux mettre ma main sur ta hanche,
26:43je peux mettre ma main sur ton cul,
26:44je peux t'embrasser. »
26:46Donc, à quel endroit
26:47je suis dans une fluidité
26:48de « On sent bien
26:49qu'on a envie de se pécho »
26:51et à quel endroit
26:51il y a des portes
26:53et des étapes
26:54et des notions de consentement
26:55qui sont hyper importantes.
26:56Donc, moi,
26:57je suis presque le relou
26:57dans l'autre sens
26:58de « Est-ce que je peux
27:00mettre ma main là ?
27:00Est-ce que c'est OK ?
27:01Si, etc. »
27:02Et je crois que je préfère
27:03être de ce côté-là
27:04que de l'autre côté.
27:06Sept ans après MeToo,
27:08c'est l'affaire Mazan
27:09qui choque le monde entier.
27:11Gisèle Pellicot
27:11a été placée
27:12sous soumission chimique
27:13par son mari
27:14qui a ensuite
27:15recruté des hommes
27:16pour la violer.
27:20En refusant le huis clos,
27:21la septuagénaire
27:22passe de victime
27:23à héroïne.
27:25Les 51 accusés
27:26ont entre 27 et 74 ans.
27:29Ils affirment
27:29qu'ils ne sont pas
27:30des violeurs.
27:31Justifient leur acte
27:32par un viol accidentel,
27:34par politesse,
27:35voire altruiste.
27:37Le moment est appelé
27:38au choix,
27:39procès de la culture du viol,
27:41du patriarcat,
27:41de la masculinité
27:43ou plus généralement
27:44des hommes.
27:48Ce que montre
27:49quand même Mazan,
27:52c'est que ce sont
27:53des hommes
27:54relativement ordinaires,
27:56très nombreux.
27:58Il y a un effet
27:59de groupe
28:00et que les violeurs
28:02appartiennent
28:02à toutes les catégories
28:03de la société.
28:04Donc il n'y a pas
28:04un profil
28:05socio-professionnel
28:08du violeur.
28:10Donc ça remet en cause
28:12les idées reçues.
28:14C'était tellement
28:15plus commode
28:15d'imaginer
28:16que le violeur
28:17était un étranger
28:18à la communauté,
28:20qu'il avait
28:20certaines caractéristiques
28:21sociales,
28:22que c'était un marginal.
28:24Non,
28:24le viol,
28:25il se fait
28:26d'abord
28:27et avant tout
28:27dans les familles.
28:30Alors est-ce que
28:31le problème,
28:31ce seraient les hommes
28:32ou bien homovirellus ?
28:35Serait-il toxique
28:36par nature,
28:37voire violeur
28:38par essence ?
28:39Un homme
28:41va à l'assaut
28:42d'une femme
28:42qui finit
28:43par se soumettre.
28:44C'est ça
28:44la représentation
28:45classique
28:46qui est en train
28:47de se modifier
28:48aujourd'hui.
28:49Donc effectivement,
28:50dans cette vision
28:51des choses,
28:52tous les hommes
28:52sont des violeurs
28:53mais tous les hommes
28:54ne sont pas
28:55des violeurs.
28:55Je crois profondément
28:57que la plupart
28:58des hommes
28:58aujourd'hui
28:59rêvent d'autre chose
29:00que du viol.
29:02Le procès
29:03se termine
29:04par une condamnation
29:05de tous les accusés
29:06et quelques résistances.
29:08L'idée,
29:17c'est toujours
29:18que c'est la faute
29:19des femmes.
29:20Plus précisément,
29:21c'est la faute
29:22des féministes.
29:24Les féministes
29:24sont censées
29:25être puritaines,
29:26elles sont censées
29:27être hystériques,
29:28elles sont censées,
29:29pour utiliser
29:30une expression grossière
29:31mais que beaucoup
29:31de gens ont en tête,
29:32mal baisées.
29:34Je crois que
29:34toutes ces formules,
29:35ce qu'elles disent,
29:36c'est le problème,
29:38ce n'est pas les hommes.
29:40Et pourtant,
29:42ils sont nombreux
29:42à se remettre en question.
29:45À l'image de Corentin,
29:46un jeune trentenaire
29:47originaire du Tarn-et-Garonne.
29:50Il vit désormais
29:51à Paris avec Teresa,
29:52une Allemande
29:53qu'il a rencontrée
29:53pendant ses études.
29:56Corentin essaye
29:57d'être tout,
29:58sauf homo virilus.
30:01Moi, essayer
30:02de se poser
30:03les bonnes questions
30:03sur les modèles
30:04qu'on a pu intégrer
30:06inconsciemment
30:07depuis notre temps
30:08d'enfance
30:09sur la vision sexiste
30:11qu'on peut avoir du monde.
30:13Corentin prend très au sérieux
30:15le partage
30:16des tâches ménagères,
30:17la division équitable
30:18de la charge mentale.
30:20D'autant plus essentielle
30:21que dans quelques jours,
30:22le couple va accueillir
30:23son premier enfant,
30:25un garçon.
30:26Les petites chaussures,
30:27les petites chaussettes,
30:28les petites moufles,
30:28les petits pyjamas,
30:30non,
30:30c'est très très cute.
30:31J'avoue qu'il me tarde
30:32de voir à quoi ça va ressembler
30:33une fois qu'on va le mettre dessus.
30:34Oui,
30:36mais je pense après
30:37que c'est plutôt
30:38la question
30:38est-ce que c'est
30:40pratique ?
30:41Si Teresa vit sa grossesse
30:44avec optimisme,
30:45Corentin était
30:46comme beaucoup
30:47de futurs pères
30:48inquiet de ne pas
30:49savoir s'y prendre,
30:50voire de casser bébé.
30:52Il a donc décidé
30:53de s'inscrire
30:53un atelier
30:54de préparation
30:55à la paternité.
30:56On ne sait pas faire grand-chose
31:15et en plus de ça,
31:16après,
31:16on n'a pas
31:17l'arrêt maladie,
31:18l'arrêt congé paternité
31:20qui dure si longtemps.
31:21C'est peut-être une manière
31:22de se réapproprier
31:23cette relation
31:23et d'être prêt
31:25le jour J.
31:28C'est parti
31:30pour un atelier intensif
31:31mené par Gilles,
31:33spécialiste de la petite enfance.
31:34Bonjour à tous,
31:37soyez les bienvenus
31:38pour ce rendez-vous
31:39Formation Papa.
31:41Vous êtes à l'honneur
31:41aujourd'hui.
31:43Donc, on va identifier
31:44les pouvoirs insoupçonnés
31:45du rôle de père
31:45et vous allez voir
31:46que finalement,
31:47vous êtes autant
31:49indispensables
31:50qu'invisibles.
31:53Aux côtés de Corentin,
31:55une douzaine de motivés,
31:57parfois malgré eux.
31:58C'est ma sœur
31:59qui m'a offert
31:59à Noël Formation,
32:00donc qui a deux enfants déjà
32:01et qui, je pense,
32:02a senti le besoin
32:03par rapport à...
32:05C'est vrai que moi,
32:08simplement,
32:08je ne le faisais pas
32:09parce que je n'y pensais pas.
32:10Oui, on ne se rend pas compte.
32:11Voilà, et le fait
32:12qu'elle y pense pour moi,
32:13je reconnais que ça m'a pas mal aidé.
32:14Il n'y a pas plus inconscient
32:15qu'un homme
32:16qui va devenir père.
32:19Ça fait mal.
32:20On va commencer
32:20par du concret.
32:22On va faire
32:22tous les gestes du quotidien
32:23sur la période
32:24naissance, six mois.
32:25Je mets la main sur la nuque,
32:26je mets la main sous les fesses.
32:27OK ?
32:28C'est vous qui allez au contact.
32:29Tu es prêt
32:30pour un, deux, trois fusées.
32:30Rappelez-vous, hop,
32:31un, deux, trois fusées,
32:32je le relève.
32:33Quand je suis là,
32:33je vais connecter mon coude
32:34avec sa nuque,
32:35ma main avec sa main
32:36et avec cette main,
32:37je vais faire ça.
32:38Hop, et je le redescends.
32:40Ça y est.
32:42Comment tu tires ?
32:45Et le bras,
32:47il est en dessous ?
32:48Le bras est en dessous, non ?
32:51Les gestes sont très techniques.
32:55Il faut préciser.
32:56Il est en dessous du niveau zéro.
33:01Les hommes étaient cantonnés
33:03de manière binaire
33:04à l'autorité et à la finance.
33:06Il y a des papas qui annoncent
33:07qu'il y a un stage papa,
33:08je vais y aller, je vais voir.
33:09Systématiquement,
33:10il y a quand même des railleries.
33:11Des copains qui disent
33:12mais qu'est-ce que tu fais,
33:12ça ne sert à rien,
33:13on a toujours fait 100.
33:14Parce qu'on se dit
33:15que ce n'est pas un truc de mec
33:16et que ça reste encore
33:18très féminin
33:19et voire même
33:19ça va me féminiser,
33:21montrer de moi
33:21une part un peu,
33:22une faille
33:23ou comme si j'étais un peu faible.
33:24La paternité est un tsunami
33:27qui va mettre chacun de ses hommes
33:29face à ses propres traumas.
33:32Certains,
33:32légués par un père
33:33qui aura été tout
33:34sauf un héros.
33:36Si toi-même
33:37tu as vécu
33:38des violences éducatives ordinaires,
33:40dans le stress,
33:41tu vas reproduire,
33:42malgré toi,
33:42malgré tout ce que tu t'es promis,
33:44malgré ta volonté,
33:45malgré tout cela,
33:45tu vas reproduire
33:46une violence éducative.
33:48C'est ça
33:50qu'il fallait interroger
33:51en premier lieu.
33:53Déjà,
33:54merci beaucoup
33:54pour la formation
33:55et aussi de participer
33:56avec tous les papas
33:57parce que c'est un peu chouette,
33:57je pense que c'est
33:58un sentiment
33:59qui fait le plaisir aussi
34:00de voir qu'on est tous
34:01dans le même bateau
34:02et de ne pas forcément
34:04être prêts
34:05dès le premier jour.
34:06Tu sais,
34:06les papas qui arrivent
34:07à la maternité,
34:08ils sont toujours
34:08félicités par les sages-femmes
34:10qui trouvent
34:10qu'ils sont formidables
34:11parce qu'ils sont
34:12dans une implication
34:13et dans une dextérité
34:15dans le mouvement
34:15avec l'enfant,
34:16qu'ils n'ont pas peur
34:17des gestes du quotidien,
34:18que tu vas pouvoir
34:19en mettre plein la...
34:21Non,
34:21il faut profiter
34:22parce qu'on est encore
34:22dans un moment
34:23où il fait un truc,
34:25c'est extraordinaire.
34:27Elle se lève dix fois,
34:28c'est normal.
34:29Il fait un truc,
34:29c'est...
34:30Il faut en profiter.
34:32Ça ne va pas durer.
34:33Les choses s'égalisent.
34:35Il faut en profiter.
34:38Ce serait donc ça
34:40des hommes déconstruits
34:41qui auraient fait exploser
34:42le plâtre d'Omovirellus
34:43dans lequel on les a enfermés
34:45depuis l'enfance.
34:47Le diktat viril
34:50serait-il tombé ?
34:54Adieu John Wayne.
34:56Adieu Sylvester Stallone.
34:59Vive Timothée Chalamet
35:01et sa beauté androgyne ?
35:03Ou Pedro Pascal
35:07et sa bienveillance sexy ?
35:09Après des millénaires,
35:12les sociologues déclarent...
35:13La virilité est associée,
35:17imbriquée à tort
35:18dans le masculin
35:19puisque tous les hommes
35:20ne sont pas virils.
35:20C'est aussi pour ça
35:21qu'on parle de masculinité
35:22au pluriel
35:23et qu'il existe
35:24de multiples façons
35:25d'être un homme.
35:27Pendant que certains hommes
35:28célèbrent une liberté
35:29enfin trouvée,
35:31d'autres paniquent.
35:32homo virilus,
35:33le colosse au pied d'ego,
35:35c'était tout leur repère.
35:36Ils souffrent
35:37de ce sentiment
35:39de ne plus savoir
35:41où ils en sont,
35:42de ne plus savoir
35:42à quelle valeur se raccrocher,
35:44d'être en perte de vitesse
35:45partout,
35:46dans leur famille,
35:47dans leur couple,
35:48dans leur travail
35:49et que, en plus,
35:51la société ne les défend plus.
35:54La société les accuse.
35:55C'est un peu compliqué
35:56de retrouver
35:58une estime de soi,
36:00de trouver
36:01quelles sont les valeurs
36:02auxquelles on va
36:03se raccrocher aujourd'hui,
36:04quelles sont les compétences
36:05si toutes les compétences
36:07masculines,
36:08traditionnellement masculines,
36:09sont remises en question.
36:10Non, je crois qu'il y a
36:11une crise
36:12de la masculinité,
36:14effectivement,
36:14et que cette crise,
36:15ça peut,
36:16ça génère de l'anxiété,
36:18l'angoisse,
36:18de la dépression.
36:19Mais cette crise
36:20est-elle nouvelle
36:21ou alors une situation
36:23structurelle
36:24en réaction
36:25à un siècle
36:25de transformation
36:26des rôles
36:27des femmes
36:27et des hommes ?
36:29Des nouveautés
36:29à intégrer,
36:30des comportements
36:31à changer,
36:32sauf que dans la tête
36:33d'un homme,
36:33on entend ça.
36:34Pleure pas.
36:35T'as pas de couilles ?
36:36Fais pas ta gonzesse.
36:36Fais pas ton pédé.
36:37T'as peur ou quoi ?
36:39Serre les dents.
36:39Fais-toi respecter.
36:40Mon chasse !
36:41Merde.
36:41T'as peur ou quoi ?
36:42Pédé.
36:43Pleure pas.
36:45Résultat,
36:46un homme,
36:48ça sautait.
36:55Je pense que quand
37:03t'arrives à l'adolescence
37:04c'est que les émotions
37:04vraiment,
37:05là où tu commences
37:06à aller avec la puberté
37:08et tout ça,
37:09où tu commences
37:09à ressentir des choses
37:10beaucoup plus fortes,
37:11je pense que les petits
37:15garçons,
37:17on leur a toujours dit
37:19presque c'est pas bien
37:22d'avoir des émotions.
37:23Les émotions,
37:24c'est pour les filles.
37:26C'est juste,
37:26je vais pas dire
37:26ce que je ressens
37:27et c'est juste ça.
37:29Ne pas dire
37:29ce que je ressens,
37:30ce qui est présent
37:30là pour moi
37:31à l'intérieur
37:32comme émotion,
37:33comme excitation,
37:34comme peur,
37:34comme honte,
37:35comme culpabilité.
37:37C'est juste ça déjà
37:38le masque.
37:39On n'a pas le droit.
37:41On n'a pas le droit
37:42de le dire.
37:43Parce que si je le dis,
37:44je suis une lopette.
37:45Parce que si je le dis,
37:45je suis une fillette.
37:46Parce que si je le dis,
37:47bah pouf,
37:48je perds encore
37:49cinq niveaux.
37:51Donc je te le dis
37:52aujourd'hui,
37:52mais j'ai pas le droit
37:53de le dire.
37:54Il y a ce problème
37:54d'égo
37:55et lié à la frustration.
37:58On est dans une société
37:59où l'homme,
38:00on lui a dit
38:00qu'il avait le droit
38:01à tout.
38:02Que même la femme
38:03lui appartenait.
38:05À partir du moment
38:06où il n'a pas
38:07ce qu'il souhaite
38:07ou si on le conteste,
38:10si on le remet en cause,
38:12selon la personne,
38:13ça peut créer des problèmes.
38:14Chez certains mecs,
38:15ils vont juste souffler,
38:16ils vont juste être énervés.
38:18D'autres vont exploser.
38:19Mais on grandit
38:21avec cette idée
38:22que le monde
38:23est à nous
38:24et qu'il faut
38:27écraser les autres.
38:31Écraser les autres,
38:32notamment au travail.
38:37Homo Virelus
38:38y balade
38:38le nouvel uniforme
38:39de la domination.
38:42Le costume
38:43trois pièces
38:43du patron,
38:44du chef d'équipe,
38:45du manager.
38:46son prestige viril
38:50ne vient pas
38:51du muscle,
38:51du sang,
38:52pas même
38:52du savoir-faire.
38:56Les cadres
38:57sont encouragés
38:58à faire le sale boulot,
38:59à malmener,
39:00licencier,
39:01voire tricher.
39:03Il s'agit de former
39:08ses équipes
39:09comme des machines
39:09de guerre,
39:10de niquer
39:10des concurrents.
39:11Souvent,
39:12le monde du travail
39:12engendre de lui-même
39:14ses comportements
39:15et ne laisse pas
39:16d'autre choix aux hommes
39:17que d'adopter
39:17ce genre de comportement.
39:19Et il y a
39:19une forme
39:20de surenchère
39:21justement
39:21sur les démonstrations
39:23de virilité
39:23qu'on est capable
39:24de faire
39:24à la fois
39:26pour montrer
39:28ses performances
39:29personnelles,
39:30mais aussi
39:31pour faire partie
39:32de cette bande
39:33de broligarches,
39:34donc la contraction
39:35de bro,
39:35browsers
39:36et oligarchies.
39:37Mais même
39:38quand on est
39:39au sommet
39:39de la pyramide,
39:40qu'on a tout maîtrisé
39:42de l'ordinateur
39:43à l'art subtil
39:44de la Réunion,
39:45tout peut s'écrouler
39:46du jour au lendemain.
39:48Pour Romovire Luce,
39:50perdre son travail,
39:51c'est perdre
39:52sa valeur sociale.
39:54Certains parlent
39:55d'épidémies silencieuses.
39:57Le tabou
39:57de la santé mentale
39:58des hommes
39:59les amène plus facilement
40:00à des consommations
40:01excessives de drogue,
40:03voire au suicide
40:04par détresse professionnelle.
40:07Des fois,
40:08j'ai l'impression
40:08que ma vie
40:09est un échec.
40:11Ça me fait chier
40:12de dire ça.
40:13Je vois la somme
40:14de trucs
40:14que j'ai ratés.
40:16Je vois
40:16les expériences
40:17entrepreneuriales,
40:18j'ai fait de la politique,
40:19je n'ai pas été élu.
40:22Et des fois,
40:22je regarde ma vie
40:23et je me dis
40:23putain,
40:23j'en ai foiré
40:24des trucs.
40:25Et donc par rapport
40:26à des modèles
40:27de start-up,
40:28par exemple,
40:28ou de Mark Zuckerberg
40:30dans des archétypes
40:32masculins plus récents,
40:34plus modernes,
40:34je me dis
40:34que je suis vraiment
40:35une merde.
40:36Si je prends
40:37la somme des trucs
40:37que j'ai ratés
40:38et que je fais un TED
40:39ou une conférence,
40:40je me dis
40:41loser.
40:43nous, ce qui nous intéresse
40:46le plus,
40:47c'est le regard
40:47des hommes.
40:48Qu'est-ce que je vaux
40:49par rapport aux hommes
40:50autour de moi ?
40:51Qu'est-ce que je vaux
40:52par rapport à mes potes ?
40:54Où je me suis tué
40:55dans le rang social
40:56de mes amis ?
40:57Je suis un tocard,
40:58je suis bon,
40:59je suis au top,
41:00je suis mauvais.
41:02Donc en fait,
41:03c'est le regard
41:04de nos amis
41:04et des hommes
41:05autour de nous
41:05qui est le plus important.
41:07Le regard des femmes,
41:08on n'en a rien à faire.
41:10Et les inquiétudes
41:12des hommes,
41:13notamment socio-économiques,
41:15vont inspirer
41:16les adeptes
41:16de Mauvire Illus.
41:17L'avenir de l'homme,
41:18ce n'est ni la femme,
41:19c'est la plante verte,
41:20celui qui ne peut
41:21guère s'exprimer
41:22que dans le cadre
41:23des valeurs féminines,
41:24le consensus,
41:25la tolérance,
41:26la paix.
41:29Dans le premier sexe,
41:31le journaliste
41:31Eric Zemmour
41:32prédit l'effondrement
41:33de la civilisation,
41:34la castration
41:35de l'homme blanc
41:36hétérosexuel
41:37sous les assauts
41:38des femmes,
41:38des LGBTQIA+,
41:39ou encore des étrangers.
41:43Il y a un fantasme
41:44de la virilité
41:46des hommes
41:47les plus opprimés
41:48socialement,
41:49des hommes racisés,
41:50qui sont supposés
41:51être plus virils,
41:53sexuellement plus virils,
41:55plus attirants.
41:58Homo virilus
42:00s'alarme.
42:02Il a peur
42:02d'être grand remplacé.
42:04Alors il se lance
42:05dans des tendances
42:06scientifiquement absurdes,
42:07voire dangereuses,
42:08pour augmenter
42:09la qualité
42:10de son sperme
42:11ou son niveau
42:12de testostérone.
42:14Par exemple,
42:15en avalant
42:15des oeufs crus
42:16ou en faisant
42:19du bronzage
42:20testiculaire.
42:26Et il se passionne
42:27pour des machos
42:28qui, c'est sûr,
42:29plaisent aux femmes
42:29à en croire
42:30l'hymne techno-russe
42:32Takugo-Kakputin.
42:33J'ai vu
42:35l'haut
42:36l'haut
42:36l'haut
42:36Sous-titrage Société Radio-Canada
43:06Derrière la propagande, une théorie. L'ordre naturel, la civilisation avec l'homme blanc à son sommet serait en danger.
43:15Seul Homo virilus pourrait la sauver.
43:19Russie, Etats-Unis, Brésil, Argentine, partout, des hommes se font élire en criant à la crise de la virilité et au cancer de l'égalitarisme.
43:30Ils promettent un retour à l'âge d'or d'Homo virilus.
43:36Alors on ne sait pas exactement quand était cet âge d'or.
44:06Est-ce que c'était à l'époque préhistorique que peu d'entre nous ont connu personnellement ? Est-ce que c'était plus récemment, dans les années 60 ?
44:15On ne sait pas trop. C'est le fondement de toutes les politiques réactionnaires.
44:20Il faudrait remonter le temps pour renouer avec une masculinité supposément éternelle.
44:26À chaque fois qu'on a gagné des avancées, il y a toujours eu un retour de bâton, ce qu'on appelle le backlash.
44:31Et aujourd'hui, on est dedans. Rien que les violences domestiques ou les violences envers les femmes montrent qu'on est loin de l'égalité entre les hommes et les femmes.
44:39Homo virilus joue au bad boy indomptable, qui ne connaît ni peur, ni limite, pour brûler sa vie et celle des autres aussi.
44:49Les hommes commettent 91% des tentatives d'homicide, 99% des incendies volontaires, 84% des accidents de la route mortelle.
45:01Selon l'historienne de l'économie Lucille Pétavin, la fable de la virilité obligatoire a déjà un coût pour toute la société.
45:09Près de 100 milliards d'euros par an en France.
45:11Pourtant, les adeptes d'homo virilus sont de plus en plus nombreux. Ce sont les masculinistes.
45:18Il faut surveiller vos gonzesses, les gars, c'est important. Il faut les peser tout le temps. D'ailleurs, on va lui faire faire ça peser tout à l'heure.
45:23Let's go.
45:26Comme d'habitude, les femmes.
45:29Hé, moi, si j'avais violé une meuf, sachez même que je m'en voudrais même pas, ok ? Je m'en voudrais même pas.
45:35Bienvenue dans la manosphère, l'entre-globalisé d'un homo virilus qui s'assume.
45:40Aujourd'hui, un garçon de 16 ans qui crée un compte sur TikTok, il sera happé en moins de 10 minutes.
45:47Les hommes ressemblent de plus en plus à des femmes et c'est un fait.
45:49Les hommes tendent à être beaucoup plus émotionnels, beaucoup plus vulnérables, donc au final beaucoup plus faibles.
45:54Tu dois devenir dangereux.
45:56Derrière des conseils de drague ou de fitness, des influenceurs y jouent la carte de l'engagement réactionnaire.
46:02Du robin des bois, prêt à sauver les hommes martyrs, des griffes de sel qu'il appelle les féminazis.
46:08Il n'y a pas de putain de vie privée.
46:10Elle ne travaille pas pour la CIA.
46:12Si elle refuse de donner son téléphone, c'est une pute.
46:14Si elle a Instagram, déjà c'est compliqué.
46:16S'il n'y a pas de copines sur les photos ou sur les stories, c'est une pute.
46:18Elle ne fréquente que des gros restaurants, alors qu'elle n'a même pas assez pour payer le loyer, c'est une pute.
46:22Elle a des sacs de luxe, alors qu'elle vit dans un 15 mètres carrés sur Paris, c'est une pute.
46:25Elle a un tatouage, c'est une pute.
46:26C'est ce fantasme d'une virilité brute, inculte et heureuse de l'être.
46:33Une sorte de primitivité qui manquerait à une société occidentale épuisée par trop d'autocontraintes, trop de civilisation, trop de civilité.
46:46Le déclinisme, c'est vraiment un vecteur majeur des discours masculinistes.
46:52La montée d'un masculinisme décomplexé inquiète jusqu'à l'Assemblée nationale.
47:00Elle a lancé une commission d'enquête sur les effets de TikTok sur les jeunes,
47:04qui devient pour cet influenceur aux 650 000 abonnés l'occasion de raccrocher au nez de la République.
47:10Je pense qu'un jeune homme de 13, 14 ans, 15 ans devrait suivre mes conseils.
47:14Je pense que je donne de bons conseils pour la jeunesse.
47:17C'est le problème de TikTok.
47:17Vous prenez son téléphone, si elle refuse, c'est une pute.
47:20C'est une pute.
47:22Sur TikTok et sur YouTube, les conditions...
47:24Excusez-moi, je vais finir.
47:25Laissez-moi finir, s'il vous plaît.
47:26Vous pouvez changer le sujet.
47:28Je vous demande de me laisser finir.
47:29C'est moi qui mène l'audition.
47:30Je suis président de la commission d'enquête.
47:32Je vous demande de me laisser finir.
47:34Non, je vous lis.
47:35Je suis président.
47:35Excusez-moi.
47:36Excusez-moi.
47:37On va couper le son de M. Hitchin, s'il vous plaît, si vous continuez.
47:40Vous voulez couper.
47:40Voilà.
47:41Donc, je finis mon propos, s'il vous plaît.
47:43Je vous disais...
47:44Au revoir, monsieur.
47:45Bonne journée.
47:46Je finis mon propos.
47:48Allez, vous voulez.
47:48Le dialogue semble rompu.
47:53Et le Haut-Commissariat à l'égalité alerte dans son rapport sur le sexisme.
47:57Les femmes sont davantage féministes.
48:00Les hommes sont davantage masculinistes.
48:03Près d'un jeune Français sur deux considère qu'il est plus difficile d'être un homme qu'une femme.
48:08Et certains peuvent aller jusqu'au meurtre.
48:10Le 1er juillet 2025, un lycéen de 18 ans est mis en examen à Saint-Étienne pour un projet d'attentat inspiré de la mouvance incelle.
48:20Les célibataires involontaires veulent punir toutes les femmes car elles les empêcheraient sciemment d'avoir des relations sexuelles.
48:27Ceux qui sont passés à l'acte dans des tueries de masse, comme à Montréal en 1989 ou en Californie en 2014, sont célébrés comme des héros.
48:35Ce qui est frappant, c'est le fait même de dire « j'aimerais bien me trouver une compagne mais personne ne veut de moi ».
48:44Ça, ce n'est pas le langage de l'omnipotence.
48:47C'est le langage de l'impuissance.
48:49Je ne parle pas d'impuissance sexuelle mais d'un sentiment de ne pas contrôler le monde, de ne pas faire ce qu'on veut, de ne pas accomplir ses désirs.
49:01La haine des masculinistes ne concerne pas que les femmes.
49:05Homo virilus, s'est trouvé un nouvel ennemi juré.
49:11Le fait de dire « étant homme, celui qui te désire », c'est déjà complètement fou à la pensée des masculinistes.
49:19En réalité, ça vient justement de cette pensée que c'est la testostérone qui fait de l'homme quelqu'un qui doit dominer.
49:26En fait, mon existence et celle des personnes trans, on ébranle ces bases-là qui sont tellement chères aux personnes qui se retrouvent là-dedans et qui en profitent surtout.
49:35Il y a 26 ans, en Suisse, les docteurs ont écrit FI sur le certificat de naissance de Léon, qui a mis près de deux décennies à comprendre qu'il était vraiment un homme.
49:49Je faisais beaucoup de basket, je faisais du sport, je faisais lesbienne, donc ça aussi c'est quelque chose qui peut être tiré vers la masculinité.
49:55Mais j'aurais très bien pu être femme, mais être comme j'étais.
49:58C'est juste qu'en fait, non, je n'étais pas une femme, mais il y a des femmes qui étaient exactement comme moi avant ma transition.
50:02Léon a fait une opération du torse et commençait à prendre de la testostérone, une hormone que Movirellus aime présenter comme la source biologique de sa domination.
50:13Depuis que j'en prends, j'ai pris de la main musculaire, ma voix a l'abaissé, j'ai de la pilosité.
50:18Ça ne va pas te faire grandir, ça ne va pas, voilà.
50:21Mais surtout, ça ne va pas changer la personnalité.
50:24Le testostérone ne crée pas en comportement.
50:25J'en suis la preuve vivante, j'en prends, j'ai la dose la même que les autres hommes.
50:29Je ne suis pas, d'un coup, viriliste, dominateur, chasseur, pêcheur ou je ne sais pas quoi.
50:34Un mec qui regarde une meuf de haut en bas et qui est problématique avec, ce n'est pas la testostérone, c'est son éducation.
50:43Aujourd'hui, en couple avec une musicienne, l'acna, Léon essaye de faire le tri dans les comportements qu'il a identifiés chez Movirellus.
50:52Moi, je ne vais pas mentir, moi je rentre beaucoup dans les stéréotypes de ce que c'est un homme cis-hétéro.
50:56Je sais que je joue au jeu de la masculinité, mais c'est un jeu qui me fait du bien.
51:00Donc, je ne vais pas m'en empêcher sous prétexte que ce serait toxique ou viril.
51:05Être masculin, ce n'est pas dominer.
51:06Les dominations, ça appartient à la virilité et pas à la masculinité.
51:09J'espère que de plus en plus d'hommes vont réussir à faire cette différenciation
51:13et qu'ils vont réussir à voir que c'est un schéma qu'on nous a posé dessus
51:17et qu'ils ont la gentilité de s'en défaire.
51:20Moi, je ne suis pas pour l'abolition de la masculinité.
51:23Pour moi, elle doit être...
51:24Moi, j'adore la féminité, je trouve que c'est magnifique.
51:26La masculinité aussi, c'est des choses qui existent,
51:28c'est des concepts humains qui sont là, qui sont beaux.
51:30Mais le problème, c'est la hiérarchisation.
51:33Pourquoi est-ce qu'on met la masculinité là et la féminité là ?
51:36Moi, j'espère qu'on va aller dans une société où ce sera de plus en plus équitable.
51:39Je prie même pour ça.
51:40Je ne sais pas quand ce sera.
51:42J'espère que ce sera bientôt.
51:43Les hommes sont désormais à la croisée des chemins.
51:58Perpétuer le stéréotype homovirilus ou s'en éloigner
52:01pour dessiner les contours de leur propre masculinité.
52:35...
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