Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 12 minutes

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Stéphanie Demureux.
00:05Merci de nous rejoindre dans Europe 1 Soir Week-end.
00:08J'accueille mes ou ma débatteuse de la première heure puisque Jules Thores, je ne sais pas, il est en retard, ça ne lui arrive jamais.
00:15J'espère qu'il ne s'est pas perdu dans les escaliers du bâtiment.
00:18Bonsoir Sarah Salman, avocate au barreau de Paris et Jules Thores qui va nous rejoindre dans quelques instants.
00:24Nous sommes en ligne avec Maître Franck De Vita. Bonsoir Maître.
00:32Bonsoir Madame.
00:33Bonsoir, je suis ravie de vous avoir ce soir. Vous êtes avocat pénaliste et surtout certainement que les auditeurs se souviennent de vous
00:40puisque vous avez défendu l'une des affaires de légitime défense les plus emblématiques de ces dernières années.
00:46Franck De Vita, celle du bijoutier de Nice. On se souvient qu'il avait été condamné en 2018 pour avoir tué son braqueur.
00:56J'avais envie de vous inviter parce qu'il y a deux affaires qui se sont déroulées en moins de 48 heures.
01:02La première, un cambriolage qui tourne mal, un garagiste qui a été mis en examen après avoir tiré sur quatre jeunes cambrioleurs.
01:08Ça s'est passé à Romagneux dans l'Isère. Ce garagiste a surpris quatre jeunes sur sa concession automobile.
01:14Ça faisait plusieurs fois. Il a utilisé son arme puisqu'il est chasseur pour viser un jeune cambrioleur de 15 ans
01:20qui a été touché dans le dos par des plombs. Il est donc blessé. Il a été mis en examen, ce garagiste, avec son fils.
01:28Une deuxième affaire révélée aujourd'hui. Un pizzaïolo mentonné qui a chassé lui-même des vandales de son magasin.
01:33Alors, peut-être moins grave parce qu'il s'est contenté de les chasser. Il n'y a pas eu de blessés.
01:38Mais tout de même, ce sont des affaires dont on parle et qui relancent le débat sur la légitime défense.
01:45Quel regard vous portez sur ce type d'affaires avec le recul que vous avez désormais sur ces sujets, maître De Vita ?
01:53Écoutez, vous savez, moi je suis modestement un technicien du droit.
01:57Alors, donc je regarde les conditions d'application d'un texte de loi et en matière de légitime défense,
02:04ce texte de loi est contrairement à ce qu'il a pu dire, extrêmement bien rédigé.
02:09Les deux textes d'ailleurs. Après, c'est une histoire d'interprétation par ceux qui l'appliquent,
02:15c'est-à-dire les magistrats. Et ça, c'est un autre problème.
02:17– Alors, quel problème ? Je crois savoir, parce que, pour être très transparente,
02:22j'avais écrit un article justement sur l'autodéfense et je vous avais interrogé à ce sujet-là.
02:28Vous me parliez d'une forme d'idéologie, en tout cas, que les juges rechignaient à appliquer cette loi
02:35dont vous allez nous rappeler quand même les contours pour nos auditeurs.
02:38– Effectivement, je me souviens très bien de l'interview que je vous avais donnée.
02:45Le débat reste exactement le même.
02:48La légitime défense est un texte issu du droit naturel,
02:52c'est-à-dire bien avant qu'on essaie de mécaniser ou de codifier la loi, si vous voulez.
03:02Donc, c'est quelque chose qui fait vraiment partie de l'essence même du droit dès son origine.
03:08Le problème, c'est que ce texte est mal perçu par les magistrats professionnels, d'ailleurs,
03:14au contraire des jurés.
03:16Ce texte est pour les magistrats, et bizarrement d'ailleurs,
03:22teinté d'idéologie que je dirais de droite.
03:26– C'est politique pour vous ?
03:31– Je ne dis pas que c'est politique, je dis que malheureusement,
03:35un magistrat devrait laisser, parce qu'il a quand même le droit divin de juger,
03:40ce qu'il pense au vestiaire au moment où il juge.
03:43Il devrait poser ses idées, les laisser de côté, quelles qu'elles soient,
03:47et dire voilà, j'ai un texte de loi, je regarde s'il faut l'appliquer ou pas,
03:51si les conditions sont réunies ou si elles ne le sont pas,
03:54mais ça ne se passe pas véritablement comme ça, à de rares exceptions près.
03:58– Alors on rappelle, Franck De Vita, que vous êtes avocat,
04:02vous n'êtes pas politisé, vous, clairement, c'est ce que vous avez constaté
04:06dans vos affaires, dans les tribunaux, c'est ce que vous avez vécu ?
04:11– Absolument, moi je me souviens très bien,
04:14je ne suis pas un spécialiste, comme vous dites,
04:18je ne suis pas quelqu'un qui fait de la légitime défense du matin au soir.
04:21– Non, mais vous avez effectivement défendu cette affaire légitime
04:26qui a été très connue en France, qui a marqué un tournant vraiment.
04:30– Oui, le bijoutier a été une affaire emblématique,
04:31mais qui illustre tout à fait ce qui se passe.
04:35Je me souviens très bien, au moment du verdict,
04:38du regard du premier juré, qui était désolé du verdict
04:43qui allait être rendu, je l'ai en mémoire, c'est ancré chez moi,
04:48alors que le résultat était très bon.
04:49Le bijoutier, n'oubliez pas, est acquitté de l'intention d'homicide,
04:54il est acquitté du meurtre.
04:56Il est reconnu coupable d'avoir donné la mort sans intention de la donner,
05:01et c'est un autre crime, beaucoup moins sévèrement puni
05:04que le crime d'homicide.
05:05– On rappelle pour nos auditeurs qui ne s'en souviendraient plus,
05:07parce que ça date un petit peu maintenant,
05:09il a été condamné, donc pour avoir tué son braqueur,
05:13il lui avait tiré dans le dos, c'était ça ?
05:16– Voilà, c'est le verdict qui a été rendu,
05:18mais il aurait tiré dans le dos, mais sans vouloir tuer le braqueur,
05:22si vous voulez.
05:24Ce que j'avais appelé à l'époque un acquittement cadanadra,
05:26c'est-à-dire qu'on ne veut pas l'acquitter, cet homme.
05:28Mais en fait, la sanction est tellement symbolique,
05:31et le fait que l'on ait dit qu'il n'était pas un meurtrier,
05:34c'était un acquittement déguisé.
05:35C'est comme ça que je l'avais appelé.
05:38Je pense que s'il n'y avait eu qu'un jury populaire,
05:42il aurait été acquitté tout court.
05:45Parce que les magistrats n'aiment pas ce texte de loi.
05:49C'est l'analyse que j'en fais dans ma carrière,
05:53pour des raisons qui me dépassent.
05:55Mais ce sont les mêmes raisons qui me font penser
05:57que la justice est quelque part fragile,
06:02parce qu'elle est rendue par des hommes.
06:03En tout cas, on revient à cette affaire du garagiste
06:06qui nous anime aujourd'hui.
06:08Ce garagiste qui a été mis en examen,
06:10sous contrôle judiciaire,
06:11parce qu'il a tiré sur quatre jeunes cambrioleurs.
06:13Ce n'était pas la première fois.
06:15Non, il y a le pizzaïolo, c'est aussi une autre affaire.
06:18Il y en a deux, vous n'avez pas écouté.
06:21Il y en a deux, mais celle-ci est plus grave,
06:24parce que ce jeune de 15 ans a été blessé.
06:27Le fils est également en garde à vue.
06:29Et il y a eu immédiatement un soutien populaire.
06:34C'est pour ça que j'avais pensé,
06:36ça m'avait fait penser à cette affaire de Nice,
06:37une cagnotte de soutien, d'ailleurs,
06:39qui a déjà récolté plus de 10 000 euros.
06:42Souvent, c'est vrai qu'il y a un décalage
06:43entre ce qui se passe dans les tribunaux
06:45et cette loi qui est restrictive,
06:46et on peut peut-être quand même le saluer,
06:48parce qu'évidemment qu'il est sain
06:50qu'on ne se fasse pas justice soi-même,
06:52il faut le rappeler.
06:53Mais il y a un décalage entre
06:55ce que pense l'opinion publique,
06:57ce qui se passe sur le terrain,
06:59où parfois, c'est compliqué d'être en sécurité,
07:02c'est compliqué d'être protégé.
07:05Mais il ne faut pas réécrire le texte,
07:07pour vous, Maître Davidard.
07:09Après les événements,
07:10il faut quand même rester sur les textes de loi.
07:14C'est l'application qui, en effet,
07:16qui interroge, selon vous,
07:17si on suit votre idée.
07:19La loi est bien écrite,
07:20mais les juges ne l'appliquent pas forcément.
07:22Même s'ils sont bien appliqués,
07:24les textes de loi, n'oubliez pas.
07:26Alors, au tout début,
07:28je dirais que le vrai problème
07:29de la légitime défense,
07:30c'était la proportion.
07:32C'est-à-dire que si on a agressé à main nue,
07:35on avait le droit de se défendre à main nue.
07:37Si on était agressé par un mafeu,
07:39on avait le droit de se défendre par un mafeu.
07:42Mais avec l'insécurité grandissante
07:45dans notre société,
07:46le débat s'est un petit peu déplacé
07:48sur un autre élément de la légitime défense,
07:50qui est la concomitance.
07:53C'est là où ça pose le plus de difficultés.
07:55C'est-à-dire ?
07:56C'est-à-dire qu'il faut que l'acte de riposte
07:58soit concomitant à l'acte d'agression.
08:02La difficulté est là aussi basée
08:04sur quelque chose qui a été établi,
08:07je dirais, par la doctrine.
08:10C'est qu'une personne qui se fait agresser
08:11a un ressenti
08:12et qu'il a un problème avec l'espace et le temps.
08:16Il a l'impression qu'il vient d'être frappé
08:22ou d'être agressé
08:23alors que quelques secondes se sont écoulées.
08:26Mais dans sa tête,
08:27ces secondes ne se sont pas écoulées.
08:29Et il est toujours en danger dans sa tête.
08:30Eh bien oui, le ressenti n'est pas le même
08:32que ce qui se passe en effet.
08:33Voilà, c'est ce qui se développe
08:36chez certains doctriniens en disant
08:39« Bon, attention, l'agressé a un ressenti
08:42qui lui fait modifier l'espace-temps et l'espace. »
08:50Donc, ne pensez pas qu'il veut se venger.
08:53En tout cas, c'est ce qu'il ressent,
08:54parce que le ressenti, en effet,
08:56quand on se fait agresser, c'est ce qu'on voit.
08:58Il ne pensez pas qu'il veut se venger.
08:58Pour lui, ce n'était pas il y a six secondes.
09:00C'était maintenant.
09:01Merci Maître Franck De Vita
09:03d'avoir été avec nous sur Europe 1.
09:05Et je salue Jules Torres.
09:08Ce bon élève qui est en retard.
09:11Qu'est-ce qui s'est passé ?
09:12Si je vous raconte tout, malheureusement,
09:14je vais en dire beaucoup trop.
09:16Mais c'était très important
09:17pour la suite de toute ma vie.
09:20On ne va pas faire un débat
09:22sur la vie de Jules Torres.
09:24Maître Salmane,
09:25on parlait effectivement avec Franck De Vita
09:27de légitime défense.
09:28Parce que je vous le disais,
09:29on a été troublés par l'absence de Jules Torres,
09:31mais il y avait quand même eu deux affaires
09:34en moins de 48 heures.
09:36Évidemment, j'en parlais.
09:37Le garagiste qui a été mis en examen
09:39a surpris quatre jeunes dans sa concession automobile.
09:42Il en a eu marre parce que ça faisait,
09:45je crois, pour la troisième fois
09:46qu'il les surprenait.
09:48Des jeunes de 15, 17, 18 et 21 ans quand même.
09:50Il a été interpellé, tout comme son fils,
09:52placé en garde à vue puisqu'il a tiré
09:54sur l'un d'entre eux dans le dos
09:57par des plombs.
09:58Et plus récemment, aujourd'hui,
10:00même un pizzaiolo mentonné
10:01qui a chassé lui-même
10:02des vandales de son magasin.
10:04Il a publié la vidéo
10:05dans laquelle il décide
10:06donc d'intervenir lui-même.
10:08Bâton à la main,
10:09après être resté de nombreuses minutes
10:11dans sa voiture,
10:12il a fini par les faire fuir
10:13avec, je crois,
10:14une batte de baseball.
10:16C'est vrai que c'est un sujet
10:17qui se pose de plus en plus.
10:19Et on parlait de ce décalage aussi
10:20entre l'opinion publique et la loi.
10:22Ah mais complètement.
10:23Il y a un biais idéologique des juges,
10:25c'est évident,
10:25mais on le voit pour les squats
10:26où vous avez notamment des personnes
10:28qui ont leur logement squatté
10:29et qui au bout d'un moment se disent
10:30« moi j'ai un crédit à payer,
10:31j'arrive plus »
10:32et qui parfois décident
10:33de les expulser elles-mêmes.
10:35C'est illégal,
10:36mais elles le font.
10:37Vous avez aussi des cambrioleurs.
10:38Là, vous avez cité deux exemples.
10:40Je regardais,
10:41une fois,
10:41il y a une personne
10:42qui a pris 10 ans de prison
10:43pour le buraliste
10:44qui avait tué son cambrioleur.
10:46Je me doute que son intention...
10:47C'est une autre affaire.
10:48C'est une autre affaire bien sûr,
10:49mais c'était pour illustrer
10:51que parfois,
10:52on se retrouve dans des situations dramatiques
10:54et la personne qui est à l'origine victime
10:56se retrouve dans l'espèce
10:58devant une cour d'assises.
10:59Au contraire,
11:00je voyais en 2024,
11:02un agriculteur qui avait tué un cambrioleur
11:04bénéficie d'un non-lieu
11:05au nom de la légitime défense.
11:06Donc c'est vraiment une application
11:07de la loi in concreto,
11:09c'est-à-dire au cas d'espèce.
11:10C'est ce que disait à juste titre
11:12mon confrère.
11:13Mais ça provoque une indignation
11:15parce que vous vous faites cambrioler
11:16beaucoup de fois,
11:17deux, trois fois,
11:19les gens, entre guillemets,
11:20pètent les plombs.
11:20J'entendais un commentateur
11:22sur cette affaire du Pizzaiolo
11:24dire que l'exaspération
11:25peut entraîner parfois
11:26l'irresponsabilité,
11:28Jules Torres.
11:29Non mais surtout,
11:29ça dit beaucoup
11:30de l'état de notre société,
11:31de cette France
11:33que le président de la République
11:34avait qualifiée
11:35de décivilisée
11:36il y a quelques années,
11:38d'un sentiment
11:38qui est de plus en plus
11:40un sentiment d'insécurité
11:41qui est ressenti
11:42par toutes les personnes.
11:43Je sais que souvent,
11:44on a des débats,
11:44notamment sur l'autodéfense
11:46des jeunes femmes aujourd'hui
11:47qui sortent avec
11:50un spray à la moutarde
11:53pour anticiper
11:55de plus en plus
11:56les citoyens.
11:57Il y a des cifflets en effet.
11:59Bien sûr.
12:00Il y a des cours d'autodéfense
12:01d'ailleurs qui sont
12:02de plus en plus remplis.
12:04J'allais y venir,
12:05l'affluence qui est de plus en plus
12:09grande dans les stands
12:09et dans les clubs
12:10de Budako et de Krav Maga
12:12qui sont des arts martiaux
12:14d'autodéfense,
12:15ça, ça existe
12:15et c'est vrai
12:16qu'on a l'impression
12:16que le politique
12:17ne répond jamais
12:18à cette problématique
12:19dans la société.
12:20Pourquoi j'utilisais,
12:21en essayant d'être
12:22un petit peu piquant,
12:23le terme de sentiment
12:24d'insécurité ?
12:25C'est que depuis des années,
12:26on nous dit que les femmes,
12:28les hommes
12:28et les personnes qui travaillent
12:30sont dans un sentiment
12:30d'insécurité,
12:31vivent un sentiment
12:32d'insécurité.
12:33Autrement dit,
12:34la décivilisation
12:36qui est à l'oeuvre
12:36dans notre pays,
12:37l'insécurité,
12:38ne serait pas une réalité.
12:39Bon, quand on voit
12:40le témoignage de cet avocat,
12:41quand on voit
12:41le témoignage extrêmement puissant
12:42du pizzaïolo de Menton,
12:46on voit très bien
12:46que ça, c'est une réalité
12:47qu'il y a des gens en France
12:49qui se sentent délaissés
12:52par un État
12:52qui est de moins en moins présent
12:53et ça, c'est une vérité
12:55à laquelle les politiques
12:56ne répondent plus.
12:57C'est-à-dire qu'on a beau
12:58faire voter des lois,
12:59des lois qui soient
13:00plus répressives,
13:00on a beau envoyer
13:01des circulaires de politique pénale
13:03qui soient beaucoup plus dures,
13:04la vérité,
13:05c'est que le quotidien
13:06des Français ne change pas
13:07et ils se sentent
13:07de plus en plus
13:08en insécurité.
13:08On me dit justement
13:09qu'on a le témoignage
13:10de Laurent Raimondo,
13:12ce pizzaïolo,
13:13que t'es-ce qu'il raconte ?
13:14Une bonne année
13:14où je subis des dégradations
13:17souvent,
13:18même des fois
13:19deux ou trois fois par jour
13:19sur mes distributeurs
13:21et il est arrivé un jour
13:23ou un mercredi soir,
13:25je me suis dit
13:25demain matin,
13:26je fais une descente.
13:27Donc voilà,
13:27je me suis posté
13:28devant mes distributeurs
13:29à 6h du matin
13:30dans ma voiture
13:31et puis j'ai attendu
13:33que ces braves gens
13:35passent par là
13:37et qu'on fasse
13:38ce qu'ils font tous les jours
13:38en fait.
13:39Voilà, je les chasse.
13:40Toutes les plaintes
13:42que j'avais fait auparavant
13:43sont soi-disant
13:45en cours de traitement
13:47mais à un moment donné,
13:49quand les choses ne bougent pas,
13:50on est obligé
13:50de se faire justice soi-même.
13:52On est obligé.
13:53Évidemment,
13:53on rappelle
13:54qu'on n'a pas le droit
13:55de le faire
13:56et derrière,
13:57il y aura des conséquences.
13:58Non, parce que là,
13:59ce n'est pas de la légitime défense.
14:00C'est terrible.
14:00Il n'y a plus de concomitance
14:02puisqu'il prépare,
14:03il dit je vais faire une descente
14:04pour reprendre ses termes
14:05donc il n'y a pas
14:05de concomitance.
14:06La concomitance,
14:07effectivement,
14:08ça fait partie des conditions
14:10de la légitime défense
14:10donc il faut qu'il y ait
14:11une concomitance nécessaire,
14:13donc une nécessité
14:14et que ce soit proportionné.
14:15Là, en faisant cela,
14:16malheureusement pour lui,
14:18il va passer de victime
14:19à hauteur d'infraction.
14:21Donc on ne peut pas
14:21encourager cela non plus
14:22même si je comprends
14:23que d'un point de vue moral,
14:24on en est ras-le-bol
14:25et qu'on se dise
14:26bon ben il y a un moment...
14:27Malheureusement,
14:28je pense que beaucoup d'auditeurs
14:29qui nous entendent ce soir
14:30se disent
14:31mais attendez,
14:32qu'est-ce qu'on fait ?
14:33On ne va pas se tenter
14:35de l'autre jour.
14:36Et si la justice avait répondu,
14:38il n'aurait pas fait cela.
14:40J'ai déposé des plaintes,
14:40ça n'a rien donné.
14:42S'il y avait eu
14:42convocation des auteurs
14:44si on les avait retrouvés
14:45comparé aux sujets médias
14:46de condamnation,
14:47il n'aurait pas fait cela.
14:48Moi, je ne suis pas
14:48à la place des auditeurs
14:49d'Europe 1
14:50mais en effet,
14:50je pense que quand on entend
14:51une histoire pareille,
14:52une histoire aussi rocambolesque,
14:53c'est-à-dire un État
14:55qui est complètement apathique
14:56face à une situation
14:57d'insécurité
14:58et qui ensuite
14:59va se montrer extrêmement fort.
15:00Bon là, pour l'instant,
15:01ce n'est pas encore le cas
15:01avec ce buraliste
15:02mais on a vu
15:03et je crois que vous l'avez dit
15:04tout à l'heure
15:05avec un certain nombre
15:06d'événements
15:07qui se sont passés
15:07ces dernières années
15:08que l'État
15:10savait se montrer
15:10extrêmement fort
15:11quand il s'agissait
15:12de punir et de sanctionner
15:13ceux qui ont riposté.
15:15Mais le sujet,
15:16c'est pourquoi
15:16se mettent-ils
15:17en situation de riposte ?
15:18Pourquoi ?
15:19J'en témoigne à Sarah.
15:21Pourquoi il y a des gens
15:22qui se mettent
15:23en parallèle de la loi ?
15:24Pourquoi il y a des gens
15:25qui respectent
15:26leur propre loi ?
15:27C'est peut-être
15:27parce que la loi actuelle,
15:28la loi qui incombe
15:31à tous les Français,
15:32n'est plus respectée
15:33que le code social
15:35aussi,
15:35le contrat social
15:36n'est plus respecté
15:37quand vous créez
15:37une entreprise,
15:38que vous faites piller
15:39toutes les semaines
15:40et c'est le cas
15:40notamment dans
15:42les distributeurs
15:43de pizza,
15:43de ce pizzaïolo.
15:45Oui,
15:45quand l'État ne fait rien,
15:47quand la justice
15:47ne répond pas
15:48à vos appels,
15:49quand vous déposez
15:50des plaintes,
15:50des mains courantes
15:51et qu'il ne se passe rien,
15:52qu'est-ce que vous faites ?
15:53Oui,
15:53vous vous mettez
15:54à l'autodéfense,
15:55vous vous mettez
15:56à piéger.
15:56Et vous avez vu
15:57malheureusement
15:58les clubs de tir,
15:59j'ai fait une enquête
16:00là-dessus,
16:00les clubs de tir,
16:02ça augmente
16:02de plus en plus,
16:03alors ils ne se présentent
16:04pas dans le club de tir,
16:05c'est pour en fait
16:06avoir une arme
16:07et ça,
16:08c'est extrêmement grave
16:10comme situation
16:10parce que souvent
16:11les personnes,
16:13j'en avais interrogé
16:14quelques-unes,
16:15se dotent d'armes
16:16après avoir été cambriolées
16:17parce qu'elles ont peur
16:19tout simplement
16:20et ça peut effectivement
16:21très mal se terminer.
16:23Quand vous considérez
16:24que l'État
16:24ne vous protège plus,
16:26parce que je vous parlais
16:27de contrat social,
16:28le contrat social,
16:28c'est quoi ?
16:28C'est que vous habitez
16:29dans une société
16:30et vous signez
16:31un pacte avec cette société
16:32et dans celle-ci,
16:33il y a la violence légitime
16:35et il y a la justice.
16:35Quand vous considérez
16:36qu'il n'y a plus
16:36la violence légitime
16:37et que la justice
16:38n'est plus,
16:39comment dire,
16:40à la hauteur
16:41du crime
16:43dont vous êtes la cible
16:44ou du délit
16:45dont vous êtes la cible,
16:46vous vous faites justice
16:46vous-même.
16:47C'est la réalité
16:48quand même de notre pays.
16:49Donc moi,
16:49je veux bien
16:49qu'on se réfugie
16:50derrière des lois,
16:51derrière des grands principes moraux,
16:53mais je trouve ça
16:53plus intéressant
16:54d'aller essayer
16:55d'expliquer,
16:56non pas d'expliquer,
16:56non pas de moraliser,
16:57mais en tout cas
16:58d'essayer de comprendre
16:58pourquoi
16:59il y a cette tentation.
17:01Autant de gens,
17:01parce que ce n'est pas juste
17:02l'histoire d'un pizzaïolo
17:03à Menton
17:04ou d'un agriculteur
17:05à Bergerac.
17:06Non,
17:06ce n'est pas juste
17:07ce sujet-là.
17:07Il y a de plus en plus,
17:08c'est un phénomène
17:09qui est extrêmement massif
17:10de réflexe d'autodéfense
17:11dans notre société
17:12et de personnes
17:13qui considèrent
17:13que la justice
17:14qui normalement
17:16doit être rendue
17:17au nom du peuple français
17:18n'est plus rendue
17:19et donc
17:19ils se muent
17:21en justicier eux-mêmes
17:22et là,
17:24le pacte social
17:24est complètement biffé.
17:26Jules Thorez,
17:27Sarah Salmad,
17:28on poursuit nos débats
17:28dans quelques instants
17:29avec notamment
17:30ces messages
17:31sur la façade
17:32du musée des Beaux-Arts
17:34à Lyon.
17:35On en parle
17:35dans quelques secondes
17:36juste après
17:37le journal de Maël Laurent
17:39à 19h30
17:40sur Europe.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations