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Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…

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00:00On va parler d'agriculture, de notre agriculture et de notre souveraineté, ou ce qu'il en reste,
00:05puisque Sébastien Chauffeau est avec nous, vous êtes directeur général de Limagrin,
00:09c'est l'une des grosses coopératives en France qui produit des semences, comme Villemorin,
00:14et puis aussi des marques, il ne faut pas oublier, Jaquet, Brossard, on en parlera tout à l'heure.
00:19Mais j'ai été quand même étonné en lisant il n'y a pas longtemps qu'on apportait encore du blé,
00:23nous, la première agriculture d'Europe, c'est normal ?
00:27Il faut remettre les choses dans leur contexte, la France a importé un tout petit peu de blé,
00:31c'est moins d'un pour cent de ce qui est produit en réalité en France,
00:35on est le cinquième producteur mondial en blé, et la France est très faiblement importateur,
00:40en revanche, elle est très largement exportatrice, c'est entre 15 et 17 millions de tonnes
00:44sur les 32 millions normativement produites en France.
00:46Oui, parce qu'on va entendre les agriculteurs, le tableau est quand même assez noir en ce moment.
00:51Il y a de l'inquiétude dans l'agriculture française, pour un certain nombre de raisons,
00:55beaucoup de réglementations, des molécules qui manquent aussi pour trouver des traitements adaptés,
00:59et puis un contexte un peu dépressif en termes de valorisation des cultures.
01:02Donc oui, bien sûr, vous entendez l'inquiétude, mais vous avez aussi des acteurs très engagés
01:06pour nourrir leur prochain.
01:07Oui, mais ils recommencent à manifester, ils sont sur le terrain, sur les ronds-points,
01:10ça risque encore de dégénérer à votre avis ?
01:13Il faut remettre le prix de revient d'un agriculteur quand il fait du blé,
01:17je vais prendre l'exemple du blé, c'est le plus facile, environ 212 euros tonne,
01:20le coût de production, quand il le valorise 190 euros tonne.
01:24Dit autrement, le 1er janvier, il commence à travailler en mettant de l'argent de sa poche.
01:28Oui, c'est ça le problème.
01:29Et avec le Mercosur, est-ce qu'il faut s'inquiéter,
01:31puisqu'Emmanuel Macron maintenant est plutôt favorable alors qu'il était contre ?
01:35Les tergiversations perçues sont assez logiques en fait,
01:38en fonction du segment d'activité dans lequel vous allez être.
01:42Si vous êtes dans les vins et spiritueux, c'est plutôt positif,
01:44si vous êtes dans l'élevage, c'est plutôt inquiétant.
01:46Donc c'est logique qu'il y ait des allers-retours, effectivement,
01:50et une difficulté à aligner les intérêts de tous là-dessus.
01:52Et pour les céréales, justement, est-ce qu'il y a un risque ?
01:55Alors, le Brésil est un très très gros pays producteur et exportateur,
02:00d'abord à destination de la Chine,
02:02il y a des partenariats stratégiques avec la Chine,
02:05un petit peu évidemment vis-à-vis de la France,
02:07c'est plutôt au niveau de l'élevage que ça se passe.
02:09Donc pas facile de mettre tout le monde d'accord,
02:11parce qu'une partie des agriculteurs sont pour, d'autres non,
02:13donc c'est à suivre.
02:14Alors, je le disais, le groupe L'Imagrin possède des marques,
02:17Jacques, Brossard, on se souvient tous de Papy Brossard,
02:20pour ne citer que cette marque.
02:22C'est sur ce type de produit qu'on fait des marges,
02:24parce que d'un côté, vous faites des semences,
02:26donc vous faites lever les graines, vous avez le blé,
02:28et ensuite, des produits finis.
02:31C'est ça, l'agriculture qui marche ?
02:32Alors, L'Imagrin, c'est six métiers très différents,
02:34et on va de la création de la semence,
02:37donc beaucoup de technologies dedans, de la R&D,
02:39on investit 320 millions d'euros tous les ans,
02:41c'est 16% de notre chiffre d'affaires consacré à la recherche,
02:442200 chercheurs, c'est 22% des effectifs,
02:47et on va jusqu'au produit fini,
02:48jaquet, effectivement, pour le pain de mie,
02:50le pain burger,
02:51et puis Brossard pour le savane de Brossard,
02:53dont on se rappelle de notre enfance.
02:54Donc c'est une filière très transverse,
02:56et chacune contribue à son niveau,
02:58effectivement, à la formation du résultat du groupe,
03:00avec parfois un peu de péréquation.
03:02Et donc, bien sûr, vous regroupez des agriculteurs,
03:04qui ont tous bénéfices à travailler avec vous.
03:07L'Imagrin, c'est une coopérative,
03:08on a 2000 coopératives en France,
03:09l'Imagrin fait partie des 10 plus grosses.
03:11Elle a une spécificité,
03:12c'est que c'est finalement une petite coopérative
03:14avec 1300 adhérents,
03:15on a 380 000 exploitations en France au total,
03:17nous c'est seulement 1300,
03:19mais on a un modèle très internationalisé,
03:21on livre 150 pays, en vérité, depuis l'Imagrin.
03:24Mais est-ce que ce n'est pas ça la recette du succès
03:26pour une agriculture qui fonctionne
03:27en regroupant les petites exploitations
03:30pour au moins produire,
03:32être sur le marché,
03:33et puis avoir des marges ?
03:34C'est ça la recette ?
03:35Le modèle français,
03:36il est très très spécifique,
03:37on a des petites tailles d'exploitation,
03:39quoi qu'en disent certains,
03:40il faut aller aux Etats-Unis,
03:41au Brésil pour comprendre,
03:42et à l'inverse exact en Chine ou en Inde,
03:44où on a 1 hectare versus 1000 ou 1500 hectares,
03:47en France c'est 80 hectares la moyenne.
03:49Et le changement climatique,
03:50est-ce que c'est vraiment l'inquiétude
03:52qui règne aujourd'hui ?
03:53Alors, le changement climatique,
03:55c'est une réalité,
03:55et on la caricature souvent
03:57avec un stress hydrique,
03:58uniquement ces réducteurs.
04:00En vrai, l'année dernière,
04:01on l'a déjà oublié,
04:02il y avait trop d'eau,
04:03des excès d'eau,
04:04qui ont largement fait diminuer
04:05d'ailleurs la production de blé.
04:06On est passé de 32 millions de tonnes
04:08à 25 millions de tonnes
04:09l'année dernière en France,
04:10sous l'effet de trop de précipitations.
04:12Le changement climatique,
04:13l'immagrin,
04:13c'est un champion de la lutte
04:15pour trouver des solutions
04:17contre les effets du changement climatique
04:19au travers de sa sélection varietale.
04:21Pourtant, il y a aussi la sécheresse,
04:23on dit qu'il n'y aura pas
04:23beaucoup de raisins cette année,
04:25il n'y a pas eu beaucoup de raisins,
04:27paraît-il,
04:27à cause justement
04:28de cet autre stress hydrique.
04:30Et le stress hydrique
04:30qui est une autre réalité,
04:32trop d'eau,
04:33des excès en fait.
04:34La réalité, c'est des extrêmes
04:35et sur lesquels il faut apporter des solutions.
04:37Et ça, c'est l'engagement
04:38notamment de l'immagrin
04:39et des semenciers de la planète.
04:40Les pesticides,
04:41les agriculteurs
04:42sont souvent montrés du doigt.
04:44Quelle réponse à ça ?
04:46Les phytosanitaires,
04:47c'est un médicament des plantes
04:49à utiliser avec le très bon niveau
04:52et l'agriculture a largement progressé
04:54dans les dernières décennies
04:55et encore un peu plus
04:56dans les dernières années.
04:58Les intrants au sens large,
05:00c'est les fertilisants,
05:01les engrais,
05:02les phytosanitaires,
05:03c'est l'eau également.
05:04Et je peux vous assurer
05:05que l'agriculture est française,
05:06en particulier,
05:08est réellement en pointe
05:08sur la réduction d'intrants
05:10année après année.
05:11Produire plus,
05:12parce qu'il faut toujours
05:12produire plus et mieux,
05:14on peut le faire en France.
05:15Et il faut le faire.
05:16On a une population mondiale
05:17qui continue à s'accroître.
05:18On voit bien 2050
05:20avec une croissance
05:21de 8 milliards d'eux
05:21à 10 milliards d'habitants.
05:23Il faut se rappeler
05:23qu'on était à peu près
05:25un milliard dans les années 50.
05:26C'est une croissance démographique
05:28importante et il faut des gens
05:29pour nourrir la population mondiale.
05:30C'est ça.
05:31L'Ukraine, une concurrence ?
05:33L'Ukraine,
05:34ça a été des importations
05:35au démarrage de la guerre
05:36voulues par l'Europe,
05:38des importations de blé.
05:39Il y a eu un contingentement
05:40cette année
05:41parce que ça perturbait
05:42les marchés agricoles.
05:44Et donc,
05:44il fallait un petit peu
05:45remettre des flux
05:46plus orchestrés
05:47de ce point de vue-là.
05:47Ça rentre dans l'ordre ?
05:49C'est important
05:50d'avoir une Ukraine
05:50qui soit harmonieuse
05:51dès lors qu'on peut envisager
05:52son intégration dans l'Europe.
05:54Donc au final,
05:54les agriculteurs,
05:55est-ce qu'ils sont heureux ou pas ?
05:57En tout cas,
05:58ceux de l'Imagrin,
05:58je peux vous dire
05:59qu'ils sont contents
06:00et fiers d'appartenir
06:01à une coopérative
06:02parce que la réalité,
06:03c'est plutôt la coopérative
06:04qui leur appartient.
06:05L'Imagrin,
06:06c'est un modèle
06:06de gouvernance exemplaire
06:07avec un président,
06:09Sébastien Vidal,
06:10agriculteur,
06:11son directeur général
06:12et en fait un duo
06:13à disposition des adhérents
06:14pour faire en sorte
06:15de restituer la valeur.
06:16Et ils gagnent mieux
06:16leur vie chez vous ?
06:17L'objectif,
06:18c'est précisément
06:18de rajouter des primes
06:19effectivement
06:20avec de la qualité,
06:22avec des primes
06:23de productivité,
06:24des chartes également
06:25et tout ça
06:25pour consolider
06:26un petit peu leurs revenus
06:27et les aider
06:27à avoir envie
06:28de transmettre
06:29leur exploitation.
06:30Donc un modèle
06:30et en achetant
06:31les produits
06:31qu'on citait,
06:33on aide bien sûr
06:33cette coopérative,
06:34il ne faut pas l'oublier.
06:35Et vous mangez ça.
06:36Voilà.
06:36Merci beaucoup
06:37d'être venu sur CNews,
06:38Sébastien Chauffeau.
06:40Restez avec nous
06:41sur CNews.
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