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  • il y a 11 heures
Daniel Nef, cofondateur de Rift, détaille le fonctionnement de son réseau de surveillance aérienne autonome qui entend couvrir l'Europe d'ici 2030. Pilotés depuis un centre de contrôle unique, les drones longue endurance de la startup permettent de surveiller en temps réel feux de forêt, pipelines, lignes électriques ou frontières, sans équipe sur le terrain. Fort d'une levée de fonds de 4,6 millions d'euros, l'entrepreneur défend une technologie souveraine face aux menaces émergentes.

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Transcription
00:00Bonjour Daniel Neff, merci beaucoup d'être avec nous.
00:07Vous êtes le cofondateur et le patron de Rift, qui est une jeune start-up qui construit en ce moment même
00:13le premier réseau européen d'intelligence aérienne à la demande et en temps réel. Expliquez-nous.
00:20Rift, comme on dit, construit un réseau de drones longue distance,
00:26capable de fournir de la surveillance aérienne en temps réel des zones sensibles,
00:30et tout ça sans mobiliser de pilotes, d'opérateurs sur le terrain.
00:33D'accord. Ça existe déjà quand même, non, la surveillance aérienne ?
00:37Alors ça existe déjà.
00:38On utilise déjà des drones pour ce faire ?
00:40Alors oui, principalement aujourd'hui on utilise les avions, les hélicoptères pour assurer la surveillance aérienne,
00:47qui sont des moyens très lourds, coûteux, plus de 3000 euros l'heure de vol,
00:52très lents, peu réactifs, très polluants aussi,
00:55et qui ne permet pas donc d'intervenir rapidement en situation d'urgence.
01:01Et donc ça, ça laisse les territoires aveugles une grande partie du temps.
01:05Et les drones sont quand même utilisés ?
01:07Alors les drones sont utilisés...
01:09Pour des interventions spécifiques, justement ?
01:11Exactement, ça va être des drones de petits formats, des quadcopters,
01:14qui ont un kilomètre de portée, 30 minutes d'autonomie,
01:18donc pas du tout adaptés à de la surveillance prolongée de grands territoires,
01:21et aussi peu réactifs, parce qu'il faut envoyer des opérateurs sur le terrain pour les déployer.
01:26Et alors quand on parle de surveillance du territoire aérienne, surveillance aérienne,
01:30on parle de quoi exactement ?
01:32Vous parlez d'intervention sur des terrains spécifiques,
01:35vous parlez de surveillance générale ?
01:37Alors nous on parle de la surveillance spécifique de zones sensibles,
01:42on surveille et on observe des zones et des situations, pas des individus.
01:48On va aller observer plutôt des infrastructures critiques,
01:53des territoires comme les zones frontalières, les zones côtières,
01:58mais aussi les centres urbains par exemple,
02:01où il y a des urgences et il faut intervenir assez rapidement
02:04pour la sécurité civile, du maintien de l'ordre, etc.
02:08Mais par exemple, pour surveiller les forêts, les feux de forêt, ça fait partie des projets ?
02:13Oui tout à fait, c'est un des gros cas d'usage auxquels on répond.
02:17Aujourd'hui il y a plusieurs milliers de départs de feux en France chaque année,
02:21et si on n'intervient pas dans les dix premières minutes,
02:23ces feux deviennent incontrôlables.
02:25Donc avec Rift on est capable d'intervenir très rapidement en réaction à un départ de feu,
02:31mais aussi de proposer une veille continue d'un territoire, d'un espace naturel,
02:36et de pouvoir détecter dès l'inception ces départs de feu,
02:40et de guider les sapeurs-pompiers vers ces départs pour les éteindre le plus rapidement possible.
02:44Mais alors de manière continue, ça veut dire qu'on va avoir sans arrêt des drones
02:48qui vont voler au-dessus de notre tête ?
02:49Alors uniquement sur des zones sensibles, et typiquement des pipelines, des voies ferrées,
02:58des zones forestières, des centrales nucléaires, exactement,
03:01tous les sites qui demandent d'avoir cette surveillance 24h sur 24, 7 jours sur 7.
03:05Et à quelle altitude ?
03:06Alors ils volent à 120 mètres dans un espace ségrégué,
03:09donc en dessous de l'espace aérien des aéronefs habités,
03:12donc en toute sécurité, toujours dans l'espace autorisé pour les drones.
03:17Mais ça veut dire qu'ils sont visibles, et qu'ils peuvent être aussi des cibles ?
03:22Alors ils sont visibles, ils peuvent être des cibles, cibles dans cette sens...
03:27Non mais je ne sais pas, parce que quand je vous donne l'exemple des centrales nucléaires,
03:29je me dis, bon bah déjà, ça veut dire qu'on voit où est la centrale nucléaire de manière très précise,
03:33et que ça peut être une cible, on peut décider par exemple de faire tomber ces drones.
03:37Voilà, et tout à fait, donc ça c'est...
03:39Il y a des systèmes de brouillage qui sont mis en place autour de ces centrales,
03:43et nous on va venir plutôt s'assurer qu'il n'y ait aucune intrusion dans ces centrales nucléaires.
03:49On peut aussi détecter des intrusions d'autres drones,
03:52et pouvoir envoyer des forces de sécurité, des intercepteurs pour intercepter ces drones.
03:57D'accord, mais le risque de chute de drones, il est possible ?
04:01Alors il est possible.
04:03Comment vous l'évitez ?
04:04Alors oui, on évite ça en embarquant un parachute de sécurité dans notre drone,
04:07qui se déclenche en cas de problème, donc pour que le drone tombe en douceur sur le sol,
04:13et n'impacte ni les biens ni les populations.
04:16Et la dimension du drone et son poids ?
04:18Alors il fait à peu près 12 kilos, il fait 3 mètres d'envergure.
04:21D'accord.
04:22Donc c'est un petit avion qui est à décollage vertical,
04:25qui est déployé en moins d'une minute depuis une station de recharge autonome,
04:30et tout ça entièrement piloté à distance depuis notre centre opérationnel,
04:33de manière centralisée, et ça, ça permet donc d'être très réactif en situation d'urgence,
04:39d'assurer un service 24 heures sur 24, 7 jours sur 7,
04:42et donc d'aider les forces de sécurité à agir beaucoup plus rapidement et efficacement sur le terrain.
04:47Et pour surveiller par exemple un départ sur une forêt, un feu de forêt, il faut combien de drones ?
04:53Alors il en faut plusieurs en fonction de la surface.
04:56Aujourd'hui ça va être plutôt deux drones qui vont se relayer.
04:58Donc il y a un drone envoyé depuis une station,
05:00qui assure la surveillance de plusieurs dizaines de kilomètres de forêt,
05:05et ensuite on a un deuxième drone qui va arriver sur le terrain,
05:08qui va relayer l'autre pendant que l'autre se recharge à sa base.
05:11Donc on ne parle pas de créer des esseins de drones ?
05:13Alors pas vraiment, non, pas encore.
05:15C'est vraiment sur des endroits ciblés,
05:18d'assurer donc une surveillance continue d'une zone sensible,
05:24dans les moments les plus critiques, où chaque seconde compte.
05:27Et c'est vraiment ça notre force.
05:27Et quand vous, parce que c'est toute une infrastructure,
05:31là vous avez parlé par exemple de la question de la recharge,
05:34des stations de recharge,
05:36vous vous fournissez quoi ?
05:37Le drone, la gestion, le logiciel ?
05:39Alors nous on fournit le service.
05:42C'est ça aussi une des particularités de notre approche,
05:45c'est que nos clients n'achètent pas un drone,
05:48ils n'ont pas besoin non plus de recruter et former des équipes,
05:52ils vont souscrire à une capacité de surveillance,
05:57un peu comme on souscrit à un abonnement mobile.
06:00Et donc ça, ça leur permet de très peu dépenser,
06:03de très peu investir dans des solutions qui sont très chères,
06:06et plutôt d'aller activer une capacité de surveillance
06:09uniquement quand ils en ont besoin dans les moments les plus critiques.
06:12Donc c'est un abonnement ?
06:14Exactement.
06:15D'accord, c'est comme une plateforme SaaS.
06:17On appelle ça du intelligence as a service.
06:19Intelligence as a service.
06:20Ok.
06:22Vous parliez de pipeline,
06:24donc ça fonctionne au-dessus de la terre,
06:26au-dessus de la mer,
06:29surveiller aussi des lignes électriques que j'ai vu,
06:31ou les voies ferrées.
06:34Encore une fois,
06:34comment vous abordez la question du risque vis-à-vis du drone,
06:39de l'inquiétude des populations aussi sur cette surveillance ?
06:43Alors là aussi, encore une fois...
06:45Il faut quand même une acceptabilité aussi pour les projets technologiques.
06:48On a la super techno,
06:50mais ça va avoir tellement de mal à passer que finalement, on va se planter.
06:54Alors aujourd'hui, c'est vraiment...
06:57Notre technologie, elle sert vraiment des acteurs publics européens
07:02et des industriels régulés.
07:06Notre solution, elle est conçue, fabriquée, opérée, hébergée en Europe.
07:11Et la responsabilité de ces données revient donc à des acteurs publiqués aux industriels.
07:21Et tout ça est dans le cadre très strict de l'ACNIL, du RGPD,
07:25du droit de la vidéoprotection,
07:27et puis aussi des autorisations aériennes.
07:29Donc tout est très contrôlé, très régulé.
07:31Vous êtes une entreprise avec un siège social en France.
07:34Voilà.
07:34Donc vous respectez par défaut toutes les législations françaises et également européennes.
07:40Et aujourd'hui, vous venez en alternative peut-être à des solutions extra-européennes
07:44ou vraiment vous défrichez complètement le terrain ?
07:47Alors, c'est vrai qu'aujourd'hui, les capacités aériennes assez stratégiques
07:53sont encore trop dépendantes de forces étrangères.
07:56Les États-Unis, Israël, la Chine, qui fournissent beaucoup ce type de solutions.
08:01Donc nous, on arrive vraiment avec une alternative européenne
08:04conçue, comme je disais, fabriquée en France,
08:07avec des données hébergées en Europe.
08:10Et vraiment, nous, ce qu'on propose, c'est cette alternative
08:13où on fournit, on stocke ces données,
08:19on les fournit à des acteurs européens responsables
08:22et pas donc à des puissances étrangères
08:25qui sont moins respectueuses des libertés.
08:27Oui, ça fait partie des moyens de remettre la main sur nos données
08:32et de gagner en indépendance stratégique.
08:35Exactement.
08:36Vous avez réalisé une levée de fonds de 4,6 millions d'euros.
08:39C'était là tout récemment, en novembre 2025.
08:43Quelle est votre vision de la société d'ici quelques années ?
08:46Comment vous allez vous déployer, justement ?
08:49Alors là, on arrive vraiment à un moment charnière
08:51où on passe du développement de notre solution et notre service
08:55au déploiement opérationnel.
08:57On a passé les deux dernières années à développer la technologie,
09:01à fixer le cadre réglementaire,
09:04à obtenir les autorisations aériennes.
09:06Et donc maintenant, on va déployer plus massivement sur le terrain.
09:09Et cette levée, elle va servir à produire nos stations en série.
09:13Elle va servir aussi, petit à petit, à automatiser notre cycle de mission
09:17pour être de plus en plus réactif, justement, en situation de crise.
09:24Et aussi, elle va recruter pas mal de monde.
09:27Et aujourd'hui, on arrive à une dizaine de personnes.
09:29On va doubler les effectifs d'ici fin 2026.
09:32Et tout le monde vous met en gare sur attention à le passage à l'échelle.
09:35C'est très compliqué, j'imagine.
09:36Oui, tout à fait.
09:37On est bien conseillés sur le sujet.
09:39Bon, super.
09:40Merci beaucoup.
09:40On vous souhaite le meilleur, Daniel Neff.
09:42Je rappelle que vous êtes le cofondateur et le CEO de Rift.
09:45Merci beaucoup.
09:46Merci beaucoup.
09:47C'est l'heure de notre grande interview.
09:49On va s'intéresser au mouvement technocritique et au front anti-IA.
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