- il y a 15 heures
Eric Borel, 16 ans, lycéen et tueur de masse. En quelques heures, au tout premier jour de l'automne 1995, il abat à la carabine quinze personnes. Un massacre implacable, méthodique, sans logique. Un tireur isolé comme il n'en existe que sur les campus américains, au cœur même d'une tranquille commune du Var. Trente ans d'interrogations.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
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00:00Tout de suite.
00:0214h15, c'est l'heure du crime sur RTL.
00:06Jean-Alphonse Richard.
00:07C'est une véritable tuerie qui s'est produite tôt ce matin dans le Var.
00:11Le nouveau bilan est de 13 morts.
00:13C'est d'autant plus tragique que le meurtrier est apparemment un très jeune homme.
00:19Bonjour, Eric Borel, 16 ans, lycéen et tueur de masse.
00:24En quelques heures, au tout premier jour de l'automne 1995,
00:27il abat à la carabine 15 personnes.
00:30Un massacre implacable, méthodique, sans logique,
00:34comme on en voit seulement sur les campus américains.
00:37Un tireur isolé au cœur même d'une cité tranquille dans le Var.
00:41Que cherchait l'adolescent ?
00:4330 ans d'interrogation, Eric Borel, le soldat perdu de Qers, l'heure du crime.
00:49La seule émission Radio 100% fait divers, c'est tout de suite sur RTL.
00:57Dimanche 24 septembre 1995, très tôt dans la matinée,
01:04les gendarmes sont appelés pour des corps retrouvés dans une maison,
01:07quartier des Aiguiers, sur les hauteurs de Soliespont,
01:11à une quinzaine de kilomètres de Toulon.
01:13En rentrant chez lui, au petit matin, le fils aîné de la famille a trouvé les portes fermées.
01:19Personne ne répondait.
01:21Il a pu entrer, tout de suite saisi d'horreur.
01:23Un carnage venait d'être commis.
01:26Les gendarmes pénètrent dans la villa par un soupirail.
01:29Aucun bruit dans l'habitation.
01:31Des draps ensanglantés sont au sol.
01:33Dans le vestibule, ils ouvrent une penderie.
01:36Ils aperçoivent alors deux pieds.
01:38Un corps a été maladroitement caché sous un tas d'habits.
01:41C'est la mère de famille, Marie-Jeanne Parenti, 36 ans.
01:45Ses bras sont en position de défense.
01:48Elle a été poussée dans la penderie.
01:50Elle a reçu une balle entre les deux yeux.
01:51Un peu plus loin, derrière la porte de la cuisine, le père de famille, Yves Bichet, 48 ans, J, sur le carrelage.
01:59Il a enfilé son débardeur quand il a été tué à la carabine.
02:03Puis, sauvagement frappé, avec un marteau, on l'a défiguré.
02:07Au sol, le sang a été nettoyé.
02:10Dans le salon, sous un drap, le petit Jean-Yves Bichet, 11 ans et demi, a battu à genoux alors qu'il regardait la télé.
02:17Le corps a ensuite été déplacé près du canapé.
02:20Dimanche 24 septembre, autour de 6 heures du matin, Jean-Luc Bichet, le fils aîné, 21 ans, qui a découvert le drame dans la maison, est perdu face aux gendarmes.
02:31Il tient des propos tellement incohérents qu'on le place en garde à vue.
02:35Il est incapable de dire ce qui s'est passé.
02:38Il déclare qu'une personne manque à l'appel dans la maison.
02:41C'est Eric Borrell, son demi-frère, 16 ans.
02:44Les enquêteurs pensent que le lycéen, apeuré par cette attaque, s'est peut-être réfugié quelque part.
02:50Son signalement est à peine diffusé que les gendarmes sont soudain alertés d'une agression par arme à feu à Cuers, à une dizaine de kilomètres de Soliespont.
03:01Un adolescent vient de se faire tirer dessus devant chez lui.
03:05Le SAMU de Toulon se rend sur place.
03:07Le docteur Jean-Luc Le Gall est le premier au chevet de la victime, Alan Guillemette, 17 ans.
03:14Le garçon a été touché à bout portant, une balle dans la tête, il perd beaucoup de sang.
03:20Il est conscient, mais il succombera quelques heures plus tard à l'hôpital de la Timone, à Marseille.
03:26À ce moment-là, tout s'en bat à la Cuers.
03:29Les messages se succèdent sur la radio du SAMU et de la gendarmerie.
03:33Une femme qui promenait son chien près du bouleau de Rome, André Coletta, 65 ans, s'est effondré, touché par balle.
03:40Quelques minutes plus tard, d'autres blessés sont signalés au centre-ville.
03:44Un gendarme dit au docteur Le Gall, une tuerie est en cours dans le village.
03:50Le médecin décide tout de suite l'installation d'un poste de secours avancé sur le stade de Cuers.
03:55L'hélicoptère du SAMU est appelé.
03:57Dimanche 24 septembre, vers 8h, des voitures de gendarmerie progressent avec prudence dans les rues de Cuers, petite ville de 8000 habitants.
04:07La confusion est totale.
04:08Impossible, par exemple, de savoir s'il y a un ou deux tireurs en vadrouille.
04:13Des passants, hommes, femmes, jeunes ou âgés, ont été visés à bout portant, à la carabine.
04:19On parle d'une dizaine de morts, beaucoup de blessés.
04:21Le tueur, introuvable et déterminé, ceux qui l'ont vu évoquent un jeune homme qui marche tranquillement.
04:27Une carabine à la main, on avait l'impression qu'il chassait.
04:31Il l'épaulait, il tenait son arme très droite, il ajustait son tir et faisait feu, racontera le patron du café de l'univers.
04:38Et voilà, à ce stade, il est difficile de savoir ce qui se passe vraiment dans la petite ville de Cuers.
04:46D'autant plus qu'effectivement, il y a eu cette tuerie dans cette maison, pas très loin, à Soliespont.
04:51Alors le lien est fait tout de suite, évidemment, entre la tuerie familiale dans cette maison et puis ce qui est en train de passer dans cette petite ville du Var.
05:00On va s'apercevoir que le visage d'Éric Borel, un lycéen, il a 16 ans, va surgir dans le décor.
05:07On va en parler, évidemment, de ce garçon qui va faire son apparition devant les gendarmes dans quelques minutes de l'heure du crime.
05:16Alors il faut reprendre, reprenons par le début, reprenons par le premier tuerie, c'est le massacre de la famille Bichet à Soliespont.
05:24Bonjour Bruno Mazy.
05:25Bonjour.
05:26Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui dans le studio de l'heure du crime, vous êtes journaliste et puis vous avez fait une très longue enquête.
05:32Vous avez enquêté pendant trois ans sur ce drame épouvantable, rarissime d'ailleurs.
05:38Et puis vous avez sorti un livre là-dessus qui s'appelle 8 kilomètres, enquête sur les terres rouges du Var qui a été publiée aux éditions Jean-Claude Lattès.
05:478 kilomètres, on va en dire un mot dans un instant parce qu'effectivement ce chiffre, il n'est pas anodin.
05:50C'est une trajectoire, la trajectoire de ce garçon, mais ça on va en parler dans un petit moment.
05:57Bruno Mazy, un mot sur cette tuerie familiale.
06:00On a le sentiment que ça a été très méthodique dans cette maison, on ne sait pas qui a tiré vraiment quand on arrive, quand on découvre ce massacre,
06:07mais tout a été fait minutieusement j'ai envie de dire.
06:10Oui c'est ça, c'est assez minutieux parce qu'effectivement quand les gendarmes arrivent sur place,
06:19on trouve un petit garçon qui a été tué à bout portant.
06:25C'est ça.
06:28Le père de famille, en tout cas le beau-père de Borel, qui lui a été massacré au sol à coups de talons.
06:35Oui, et de marteau c'est ça ?
06:36Oui, complètement, au coup de marteau et la mère qui effectivement, quand elle est rendue du catéchisme,
06:43qui est tuée à bout portant et qui tombe dans la penderie.
06:48C'est quelque chose, c'est une scène de crime d'une violence folle.
06:53Et on se dit à ce moment-là, en tout cas les gendarmes se disent, mais qui a fait ça ?
07:00C'est ça.
07:00Et dans quelles conditions ça s'est passé ?
07:02C'est ça, c'est la grande question, c'est ça, on est dans le point d'interrogation le plus total.
07:08Éric Borel, il a 16 ans, c'est le fils de Marie-Jeanne Parenti, c'est la mère de famille.
07:14Il manque à l'appel, mais on ne se formalise pas trop au début, parce qu'on se dit, après tout, il a peut-être pris la fuite,
07:20ou bien est-ce qu'il y a des doutes tout de suite ?
07:22Il y a des doutes là-dessus.
07:24Jean-Rivollet qui est donc le légiste, qui va être très rapidement sur scène.
07:27Qui est un légiste très connu à Toulon.
07:28Très connu, il a plus de 2500 autopsies, c'est un personnage incroyable.
07:32Il arrive sur les lieux et il dit, même si Jean-Luc Bichet a été à un moment soupçonné,
07:39le fils aîné, lui il se dit, c'est peut-être lui le coupable, on va le retrouver peut-être dans un champ et il se sera suicidé.
07:48Donc il y a un doute.
07:49Il y a un doute, et puis alors un mot, parce que là tout s'emballe, et là on ne comprend plus rien.
07:55Parce qu'effectivement on est au chevet de cette famille, et puis la gendarmerie de QR s'appelle en disant,
08:03il y a des tirs, des tirs en ville, il y a un tireur en ville, c'est vous que vous racontez ça très bien dans votre livre.
08:09Il y a un homme qui est en train d'abattre les personnes, des habitants, et là tout s'emballe, on ne comprend rien.
08:15Effectivement, il y a un souci.
08:17On sait que là, il y a quelque chose de très grave qui est en train de se passer.
08:21Oui, mais ça se passe 11 heures plus tard et 8 kilomètres plus loin.
08:25Oui, c'est ça.
08:26C'est ça en fait, du coup...
08:27Enfin, peu après la découverte des corps dans la maison.
08:30Oui, oui, mais en revanche, entre les deux, il s'est passé une nuit.
08:34Bien sûr.
08:35Et c'est ce qui met un peu à mal la théorie aussi du coup de folie, vous voyez,
08:39parce que c'est un petit peu compliqué qu'un coup de ruit du 11 heures et qu'il s'étende sur 8 kilomètres.
08:44C'est parce qu'Éric Bourrel a fait 8 kilomètres à pied.
08:47Oui, c'est ça.
08:488 kilomètres, 8 kilomètres, il est venu de chez lui, il est allé jusqu'à Quers.
08:51On ne sait pas ce qui s'est passé cette nuit-là, mais on va le découvrir, évidemment, au fil de l'enquête.
08:56Bonjour, Pierre Cortès.
08:58Oui, bonjour, M. Richard.
08:59Merci beaucoup, beaucoup d'être avec nous aujourd'hui dans l'heure du crime.
09:04C'est un plaisir de vous recevoir.
09:05Vous êtes ancien vice-procureur de la République à Toulon, vous connaissez bien ce dossier.
09:10Je vous repose la même question qu'à Bruno Mazy.
09:11Lorsqu'il y a ces premiers tirs à Quers, dans ce village si tranquille du Var, on est à une quinzaine de kilomètres de Toulon,
09:21à quoi vous pensez et quels souvenirs vous avez de ça quand vous voyez que ça prend une ampleur phénoménale ?
09:26Alors, M. Mazy a parfaitement raison de rappeler qu'en réalité, il y a un certain nombre d'heures qui vont séparer les deux faits.
09:35Ceux de Soliespont, c'est-à-dire le massacre de Toulon-Famille.
09:38Et puis, ce qui va se passer ensuite à Quers, ce sont des gens qui sont abattus d'une manière aveugle et un peu au hasard.
09:46Donc, M. Mazy a raison de le dire parce qu'au départ, on ne fait pas forcément le lien entre les deux événements.
09:52On n'a pas de raison de le faire.
09:54On le fera assez rapidement, c'est vrai, ne fût-ce que parce que c'est la même arme qui a été utilisée de toute façon.
10:01Et après, on va effectivement s'apercevoir que, comme vous le disiez, c'est un itinéraire,
10:06c'est une espèce de dérive criminelle qui est celle d'un seul et même garçon, c'est le jeune Éric Borrel.
10:13Donc, la première idée, c'est effectivement d'abord de se rendre sur les lieux du crime.
10:19Ça se passe la nuit, non pas le dimanche matin.
10:21Nous sommes le samedi soir dans une heure avancée.
10:24C'est là que les gendarmes sont prévenus par Jean-Luc Bichet,
10:28donc le survivant de cette famille, qui va par conséquent appeler les gendarmes,
10:33vont se rendre sur place.
10:34Le magistrat du parquet, ce n'est pas moi, qui était de permanence,
10:38va également se transporter.
10:40Et là, on va passer un certain nombre d'heures dans cette maison.
10:44On attend d'ailleurs l'éthique.
10:46Vous savez, les techniciens de l'application criminelle, les gendarmeries,
10:49ils ne sont pas disponibles.
10:50Et on va donc s'en passer, finalement.
10:52Et les heures vont tourner.
10:54Et au petit matin, on se sépare.
10:57Et c'est seulement le dimanche matin, donc quelques heures plus tard,
11:00que là, on va apprendre ce qui s'est passé à Cuerce.
11:04Face au gendarme, un adolescent de 16 ans,
11:07Éric Borel, le soldat perdu de Cuerce.
11:10Il tirait d'abord dans le dos, jamais de face.
11:12Il est revenu pour achever mon père de deux ou trois balles dans la tête.
11:16L'enquête de l'heure du crime.
11:17On se retrouve dans un instant sur RTL.
11:19L'heure du crime consacrée aujourd'hui à l'affaire Éric Borel, lycéen 16 ans.
11:37Il va apparaître comme un tueur de masse après avoir abattu sa famille et 12 habitants de Cuerce dans le Var en septembre 95.
11:45Après une demi-heure de tir, les gendarmes vont lui faire face.
11:49Dimanche 24 septembre 1995, un peu avant 8h, les gendarmes sont prévenus que le tireur inconnu se dirige à pied vers le collège de la Ferrage, avenue de l'âtre de Tassigny.
12:02L'établissement est heureusement fermé, mais le jeune homme semble toujours prêt à faire feu.
12:07Les gendarmes l'aperçoivent.
12:09Enfin, ils le cernent.
12:11C'est un adolescent.
12:12Il se tient bien droit et les regarde.
12:14Il pose calmement sa carabine sur son front et se tire une balle dans la tête, mort sur le cou.
12:20Il s'agit d'Éric Borel, 16 ans, élève du lycée d'enseignement professionnel Georges Sisson à Toulon.
12:26Éric Borel est le garçon disparu de la maison de Soliespont.
12:30Son arme, une carabine Vindelon Rifle, a effectivement servi à tuer sa famille et les habitants de Kuerz.
12:37La petite cité compte ses morts, des corps allongés sous des draps blancs, une chapelle ardente installée dans le gymnase.
12:45Pour la seule ville, le bilan final va être de 12 morts, 6 blessés graves.
12:50Les autopsies se ressemblent.
12:52Les victimes ont été tuées par balles, touchées en pleine poitrine ou à la tête.
12:57Certaines ont été achevées d'une balle entre les deux yeux.
12:59C'est le cas d'André Touré, 55 ans.
13:03Il s'était arrêté par hasard à Kuerz pour retirer de l'argent à la caisse d'épargne.
13:08Son fils, Sébastien, va raconter.
13:10Éric Borel tirait d'abord dans le dos, jamais de face.
13:13Il croyait avoir tué mon père.
13:16Il est revenu et lui a encore tiré dessus.
13:19Deux ou trois balles dans la tête pour l'achever.
13:22Mardi 26 septembre, 48 heures après le drame, le journal Varmatin titre Kuerz ébranlé.
13:29Le journal s'interroge sur la première victime tuée dans le village après le massacre familial de Soliespont.
13:35Le lycéen Alan Guillemette, 17 ans.
13:39Il était le meilleur ami d'Éric Borel, le tireur.
13:43Les enquêteurs s'interrogent alors sur le mobile.
13:46Une querelle sentimentale qui aurait dégénéré, une dispute pour une fille.
13:50Le colonel de gendarmerie Capfer, directeur d'enquête, confirme.
13:55Nous essayons de creuser plus avant la piste d'une déception sentimentale
13:59qui se greffe sur un contexte de mésentente familiale.
14:04Des prénoms de filles fleurissent dans les journaux.
14:07Mais la piste fait long feu.
14:08Parmi les 70 personnes interrogées, dont 12 mineurs, personne ne confirme l'hypothèse sentimentale.
14:15Les gendarmes retournent dans la maison où Éric Borel a exterminé sa mère, son beau-père et un de ses demi-frères.
14:22Un crucifix à l'envers et découvert.
14:25La maman, Marie-Jeanne Parenti, était très croyante.
14:28Elle revenait de l'église quand elle a été tuée.
14:30Dans la chambre de l'adolescent, passionnée de récits militaires.
14:33Des livres sur le 3ème Reich et les batailles menées par l'Allemagne.
14:37Un exemplaire de Mein Kampf d'Adolf Hitler.
14:40Une cassette vidéo consacrée au siège de Waco, au Texas.
14:4486 morts dans l'attaque de la secte des Davidiens.
14:48Elle a été visionnée des dizaines de fois.
14:50Éric Borel aimait les armes.
14:52Il avait appris à tirer avec la 22 long rifle de son beau-père.
14:57Pour les enquêteurs, Éric Borel a tué sa famille le samedi en fin d'après-midi.
15:02Il a fait son sac, il a emporté des habits, un peu d'argent liquide.
15:05Il a parcouru 8 kilomètres à pied dans la nuit pour se rendre jusqu'à Coerce.
15:10Il a dormi au pied d'un arbre devant la maison de son meilleur ami, Alain Guillemette.
15:15Il a sonné chez lui à 7h du matin.
15:18La mer d'Alan a ouvert.
15:20Il a insisté pour parler à son fils.
15:23Les deux garçons ont discuté sur le pas de la porte.
15:25De toute évidence, Alan ne voulait pas l'accompagner dans son périple ou sa cavale.
15:31Alan lui a tourné le dos.
15:33Éric a fait feu.
15:34La maman est accourue, mais le tireur avait déjà disparu.
15:38Ça vint de long rifle en main.
15:41Et on connaît la suite.
15:42C'est cette trajectoire meurtrière au sein du village de Coerce.
15:45Un parcours évidemment dicté par la colère ou par la haine, on ne sait pas trop.
15:50Des investigations vont évidemment se poursuivre pour découvrir quel déclic a pu provoquer cette tuerie de masse.
15:56On va voir ça évidemment, tous ces détails, dans la suite de l'heure du crime.
16:00Pierre Cortès, vous êtes avec nous dans cette heure du crime, ancien vice-procureur de la République à Toulon.
16:05Vous connaissez bien ce dossier.
16:07Vous avez été saisi des faits à l'époque.
16:10Il y a quelque chose de très frappant.
16:11C'est la manière dont Éric Borrel, il a 16 ans, je le rappelle, il sait se servir très très bien d'une carabine.
16:18La façon dont il progresse dans ce village, on a l'impression que c'est comme un commando, un soldat.
16:23Oui, je crois qu'il ne faut pas juger cette scène sans connaître ce qui s'est passé auparavant.
16:31Et immédiatement auparavant, en réalité, c'est Alan Guillemette qui lui oppose un refus,
16:36alors que manifestement, il était lui dans l'espoir.
16:39Je ne sais pas ce qu'Alan Guillemette lui-même avait envisagé, mais probablement rien de grave ni de dramatique.
16:45Mais en tout cas, il est rentré dans une forme de jeu avec lui.
16:48Et l'autre a pris au sérieux l'idée que tous les deux partiraient.
16:52Parce que c'est un plan, en réalité, vous parliez de méthode, d'assassinat méthodique.
16:57Mais c'est vrai que nous sommes dans un plan qu'on ne comprend pas au début.
17:00Mais les constatations sont autant de questions dans les premiers temps de l'enquête
17:04qui vont recevoir des réponses, lesquelles vont se mettre finalement en cohérence
17:08pour dessiner les grandes lignes de ce plan.
17:11Et ce plan, passé effectivement par un départ avec Alan Guillemette,
17:15Alan Guillemette lui dit non.
17:16Et à partir de là, dans sa tête, tout bascule.
17:19Ça vrille, comme on dit.
17:20Oui, ça vrille.
17:22C'est une expression qu'on emploie habituellement, ça vrille.
17:24Et à partir de là, il est dans une démarche plutôt suicidaire.
17:29Et avant de se suicider, probablement c'est là qu'il a l'intention d'en finir.
17:33Il est dans une telle haine vis-à-vis du monde entier finalement,
17:38que tous ceux qui se présentent, qui ont le malheur de croiser sa route,
17:41sont considérés comme finalement des gens hostiles, de ce monde hostile à lui.
17:47Et donc, il faut qu'il détruise un maximum de vie, de personnes,
17:51avant que lui-même ne se suicide.
17:53L'idée n'était pas forcément de se suicider.
17:54Je comprends bien, je vais tout à fait vous expliquer très très clairement
17:58cette espèce de méthode de colère qui va monter, de haine qui va monter
18:02et qui va saisir ce garçon.
18:04Pierre Cortès, encore un petit mot quand même.
18:07Tous les témoins vont être frappés par ça.
18:09Quand ils vont apercevoir cette silhouette,
18:11silhouette jeune dans ce paysage de cuir,
18:13ce qui est si calme un dimanche matin,
18:15il tue de façon très méthodique.
18:17On a l'impression encore une fois que c'est très militaire.
18:19Voilà, c'est ce qui me frappait moi au début.
18:21Alors, vous le disiez très bien tout à l'heure,
18:24il faut rentrer dans son univers,
18:25un univers où il est tout seul,
18:27qui s'est forgé lui-même.
18:29C'est un univers où il est dans la fascination du troisième Reich.
18:32Il y a une littérature, des cassettes.
18:34Vous parliez évidemment de l'assaut de Waco.
18:40Ça, c'est deux ans auparavant.
18:41Et donc, ce garçon qui, par ailleurs, aime les armes,
18:45s'entraîne au tir sur les oiseaux.
18:48Depuis la fenêtre de sa chambre,
18:50avec la carabine de son beau-père d'ailleurs,
18:53qui est fasciné en réalité par cet univers,
18:57dont le père, rappelons-le, qu'il idéalise,
18:59parce que le père est absent.
19:01On va en parler.
19:02Le père est un ancien militaire.
19:04Donc, il a effectivement cette espèce de fascination
19:07pour l'armée, le troisième Reich.
19:11Et il est dans cette idée-là.
19:12Et donc, il s'est probablement pris
19:13dans cette campagne cuirçoise.
19:15Puis ensuite, lorsqu'il pénètre dans le centre-ville de ce village,
19:19il a dû se prendre effectivement pour un soldat
19:21ou un stratège militaire.
19:23Et donc, on a ce comportement
19:25qui fait penser effectivement
19:26à une espèce de membre de commando
19:29qui abat systématiquement.
19:32Tout à fait.
19:32Un commando, c'est comme ça qu'on va le présenter.
19:34D'ailleurs, les journaux vont le présenter aussi comme ça.
19:37Bruno Mazy, vous êtes avec nous dans cette heure du crime.
19:38Vous avez beaucoup, beaucoup,
19:39aux journalistes,
19:39vous avez beaucoup, beaucoup enquêté
19:41sur cette histoire.
19:42Qu'est-ce qu'il a fait cette nuit-là ?
19:45Ce garçon, Éric Borel,
19:48après avoir tué sa famille,
19:51vous le dites,
19:518 kilomètres.
19:52Il a parcouru 8 kilomètres à pied.
19:54Et là, qu'est-ce qu'on sait de cette nuit-là ?
19:56Il a essayé d'aller voir son copain, c'est ça ?
19:59Oui, on ne sait pas grand-chose
20:01parce qu'il y a peu de traces.
20:03En revanche, quand on fait le chemin,
20:05on passe devant la gendarmerie.
20:08Et j'ai pu rencontrer la petite amie d'Alain.
20:14Et à ce moment-là,
20:15Alain est à la gendarmerie
20:16parce que c'est le logement de fonction
20:18du père de sa petite amie.
20:20Qui sera le gendarme
20:21qui découvrira les corps en plus.
20:22Il y a tous les entremelles.
20:24Et en fait,
20:26en tout cas,
20:27ma thèse,
20:28je ne sais pas si c'est la vérité,
20:29en tout cas,
20:29c'est celle à laquelle je crois fondamentalement,
20:32c'est que
20:33Éric n'a pas renoncé à emmener Alain.
20:38Même si Alain, la veille,
20:39au téléphone, lui a dit
20:40je ne viendrai pas avec toi,
20:42il n'a pas renoncé à emmener.
20:42Il est venu pour insister.
20:44Il est venu pour insister.
20:45Et ensuite,
20:46il part chez Alain,
20:488 kilomètres,
20:49et en fait,
20:49on retrouve des affaires
20:50devant la maison d'Alain,
20:53une carte,
20:55quelques bricoles.
20:56Donc on sait qu'il a passé la nuit là.
20:57Pierre Cortès,
21:00évidemment,
21:01vous disiez tout à l'heure,
21:01il y a ce village de Quers.
21:04Les gendarmes sont là,
21:06les magistrats sont là,
21:08les autorités locales sont là.
21:11Quels souvenirs vous avez
21:12de ces moments-là dans ce village,
21:14un village qui compte les morts,
21:15on va dire que c'est un village cimetière ?
21:18Alors,
21:19moi,
21:19j'interviens effectivement le dimanche matin.
21:21l'image qui me frappe,
21:23qui m'est restée gravée en mémoire,
21:26c'est effectivement,
21:27je venais,
21:28pour tout vous dire,
21:29je vais être un peu indiscret,
21:30mais je venais de faire un jogging.
21:32Donc j'étais quand même en tenue
21:33pas tout à fait adaptée,
21:34mais entendant la radio
21:36ce qui vient de se passer,
21:37mon collègue était déjà sur place,
21:39je me suis détourné,
21:40et je vois ce gymnase
21:42avec cet alignement de cercueil,
21:44cette chapelle ardente.
21:45Les autorités sont là,
21:46le préfet aussi est là,
21:48bien sûr.
21:49C'est véritablement poignant.
21:51Et la deuxième image que j'ai,
21:53c'est effectivement les autopsies
21:54dont on parlera peut-être.
21:56On va en dire un mot de ces autopsies
21:58parce qu'elles sont importantes.
22:00Effectivement,
22:00il va falloir encore connaître
22:02dans le détail ce qui s'est passé.
22:04Et ça,
22:04c'est le but de l'enquête.
22:05Un adolescent qui avait rompu
22:07toutes les amarres.
22:09Éric Borrell,
22:10le soldat perdu de Coerse.
22:12Sa mère nous avait caché ce fils,
22:14elle n'en parlait pas.
22:15L'enquête de l'heure du crime
22:16et si la déflagration se cachait
22:18dans l'enfance,
22:19la solitude d'un garçon,
22:21qui n'avait plus sa place nulle part
22:23à suivre dans un court instant sur RTL.
22:26Jean-Alphonse Richard sur RTL.
22:29C'est l'heure du crime jusqu'à 15h.
22:3214h15.
22:33Jean-Alphonse Richard sur RTL.
22:36L'heure du crime.
22:37C'est un jeune homme
22:38qui marche d'une façon mécanique,
22:40qui épaule et qui tire.
22:41Et qui n'hésite pas
22:42à revenir sur ses pas
22:44pour abattre une personne
22:45qui l'a blessée.
22:46C'est une scène de guerre.
22:47La mort s'était abattue
22:49sur le village de Kuerz.
22:50Retour dans l'heure du crime
22:52sur la tuerie de Kuerz.
22:53Dans le Var,
22:53au début de l'automne 95,
22:5515 morts au total.
22:57Un massacre gratuit
22:58perpétré par Eric Borel,
23:00lycéen, 16 ans.
23:01Il a abattu à la carabine
23:02sa famille et des passants.
23:03Il s'est suicidé.
23:04Les enquêteurs se penchent
23:06sur ce geste fou.
23:10Vendredi 29 septembre 1995,
23:1314h30,
23:14plus de 3000 personnes
23:15sont rassemblées
23:16sur la grand place de Kuerz.
23:1710 cercueils sont alignés.
23:20Une partie des victimes
23:21de la tuerie du village.
23:23La plus jeune avait presque 15 ans,
23:25c'est le collégien Pascal Mostaki.
23:28La plus âgée avait 81 ans,
23:30c'est le retraité Mario Pagani.
23:31Le maire lit un message
23:33des collégiens du village.
23:35Nous ne comprenons pas ce drame,
23:37toutes les personnes que nous voyons
23:39nous disent que c'est la vie
23:40et que rien ne pourra changer tout ça.
23:43Le lendemain,
23:44dans le village voisin de Soliespont,
23:46se tiennent les obsèques
23:47d'Yves Bichet
23:48et de son fils Jean-Yves,
23:50les beaux-pères et demi-frères
23:52du tireur Eric Borel.
23:53Sa mère,
23:54Marie-Jeanne Parenti,
23:56sera inhumée en Corse du Sud.
23:59Les enquêteurs et le procureur de Toulon
24:00s'interrogent
24:01sur le déclic
24:02qui aurait fait basculer
24:03Eric Borel
24:04dans l'horreur extrême.
24:05Aux gendarmes,
24:06ses camarades du lycée professionnel
24:08Georges Sisson
24:09confient que depuis la rentrée,
24:11ce garçon effacé,
24:12solitaire,
24:13avait changé du tout au tout.
24:15Mais en bien !
24:16Il semblait beaucoup mieux
24:17dans sa peau,
24:17souriant, bavard.
24:19Il avait même reçu
24:20des encouragements
24:20à l'issue de trois conseils de classe.
24:22Tout le contraire
24:23d'un lycéen en crise.
24:25Il n'était pas rejeté,
24:26confirme le professeur principal.
24:28Quinze jours avant le massacre,
24:31Eric Borel a pris
24:32cependant
24:32davantage d'assurance.
24:34Il a commencé à sécher les cours
24:36sans présenter la moindre excuse.
24:38Le vendredi 22 septembre,
24:40veille de son passage à l'acte,
24:42il a quitté l'établissement
24:43à la mi-journée,
24:44sans prévenir.
24:45À Soliespont,
24:46des voisins se souviennent
24:48que chaque matin,
24:49le lycéen et son beau-père
24:50quittaient ensemble
24:51la maison familiale.
24:53L'un pour se rendre en classe,
24:54l'autre pour aller à son travail.
24:56il n'échangeait jamais un mot.
24:59Marie-Jeanne,
24:59sa mère,
25:00ne parlait elle jamais
25:01de son premier fils,
25:03Eric,
25:04même pas à ses amis
25:05avec qui elle enseignait
25:06le catéchisme.
25:07Elle nous avait caché Eric ?
25:09Je pensais qu'elle avait
25:10un seul enfant,
25:11dit l'une d'elles.
25:12Une autre déclare
25:13avoir entendu un jour
25:14la maman soupirer
25:15à propos de ce fils invisible.
25:18Mais qu'est-ce que je vais faire de lui ?
25:20Et voilà donc pour l'enquête
25:23qui se déroule
25:25parce qu'on cherche à savoir
25:26quel est le déclic exact
25:27qui a pu pousser ce garçon
25:29à accomplir le pire.
25:32On a sans doute une petite idée
25:33quand on regarde
25:34l'entourage familial.
25:36Pierre Cortès,
25:37ancien vice-procureur
25:38de la République à Toulon,
25:40vous êtes avec nous
25:40dans cette heure du crime.
25:42Il y a une certitude,
25:43alors il n'y a peut-être
25:44pas beaucoup de certitude
25:44dans l'État
25:45sur ce qu'a pu faire
25:47Eric Borel,
25:47mais il y a une certitude
25:48en tout cas,
25:49c'est qu'Eric Borel,
25:5016 ans,
25:52ce lycéen,
25:53il n'avait plus du tout
25:54sa place dans sa maison.
25:56Il était très mal à l'aise.
25:58Oui, on peut le dire
25:59effectivement comme ça.
26:01Pas de certitude.
26:02Sur le plan factuel,
26:03on a quand même
26:03bien reconstitué les faits.
26:05Sur le plan effectivement
26:06du passage à l'acte
26:07et du ressort
26:08de ce passage à l'acte,
26:10on a fait quelque chose
26:11qui est assez rare.
26:12On a fait une expertise psychiatrique
26:15à titre posthume,
26:17c'est-à-dire appuyer
26:18sur la connaissance
26:20de son univers,
26:21notamment l'exploration
26:22de sa chambre,
26:23de ses lectures,
26:24de ses intérêts
26:25et puis également
26:26les témoignages
26:27des gens autour de lui.
26:28Et on a une idée
26:29par conséquent
26:30par un expert
26:30inscrit sur la liste
26:32de la Cour de cassation,
26:33le docteur Léry,
26:34et qui nous donne
26:35donc une explication finalement.
26:38Et qu'est-ce qu'il dit
26:38alors en quelques mots ?
26:40En quelques mots,
26:40Pierre Cortès.
26:41Alors, en quelques mots,
26:42un garçon malheureux
26:43parce que c'est le fruit
26:45non désiré d'amour passagère.
26:47La mère, vous l'avez dit,
26:49qu'est-ce que je vais faire de lui ?
26:50Donc, il n'a pas sa place
26:51dans cette famille.
26:52Il est malheureux,
26:53il transforme sa peine
26:55et sa misère en haine.
26:58Une haine qu'il va garder pour lui
27:00et ensuite qu'il va commencer
27:01de verbaliser au début
27:02de l'année scolaire.
27:04Et puis, il va dire,
27:05il faut que je change de vie.
27:07Changer de vie,
27:07c'est d'abord supprimer
27:09sa famille et ensuite partir.
27:11Et le docteur Léry nous dit,
27:12je pensais que c'était
27:13un schizophrène,
27:15mais à la réflexion,
27:16je pense que c'est le syndrome
27:17de la cocotte minute.
27:19Un garçon qui est introverti
27:21et puis d'un coup,
27:22ça saute.
27:23En tout cas,
27:24c'est assez bien vu.
27:25Effectivement,
27:25cette expertise,
27:26elle est très intéressante.
27:27Vous l'avez dit,
27:27c'est très rare
27:28qu'on fasse des expertises
27:29post-bortem.
27:29Ça existe,
27:30mais on hésite un petit peu
27:32à accomplir ce genre de travail.
27:34Bruno Mazy,
27:35vous êtes avec nous
27:35dans cette heure du crime,
27:36journaliste.
27:37Vous avez fait une très longue enquête
27:38sur ce drame de Quers.
27:41Je le disais,
27:42il y a ces obsèques,
27:42il y a dix cercueils
27:43alignés près de l'hôtel de ville.
27:46Il y a 3000 personnes,
27:48je crois,
27:48qui sont là ce jour-là.
27:50C'est là qu'on mesure
27:51l'ampleur du désastre finalement.
27:53Parce que jusqu'à présent,
27:54il y avait un côté un peu fictif
27:55dans tout ça.
27:57Oui,
27:57mais vous imaginez
27:58ce que c'est pour un petit village
28:00où il ne se passe jamais rien.
28:02Et à ce moment-là,
28:03il y a dix cercueils
28:04au milieu de la seule place
28:06toute petite cité
28:08qui est à 15 kilomètres de Toulon.
28:10C'est un traumatisme
28:12hallucinant.
28:15Et encore aujourd'hui,
28:16quand on va
28:17dans les rues de Quers,
28:18on sent
28:19cette pesanteur-là,
28:21on sent aussi
28:21que même
28:23les personnes
28:23qui ne l'ont pas vécu
28:24car trop jeunes
28:25ou nouveaux arrivants
28:26connaissent
28:27l'affaire.
28:29C'est quelque chose
28:29qui a vraiment marqué
28:30cette petite commune
28:32lourdement
28:33qui n'est pas près
28:35de s'effacer.
28:36Sur ce que dit
28:37Pierre Cortez,
28:38qui est très intéressant,
28:39cette analyse du garçon,
28:41effectivement,
28:41la famille,
28:42lui,
28:42il n'est pas rejeté.
28:44Mais
28:45on ne veut pas trop
28:47entendre parler de lui.
28:48On le cache.
28:49Oui,
28:50pour ma part,
28:51les propos de Pierre Cortez
28:54sont très éclairants
28:55et justes
28:57par rapport
28:59à la place
29:00qu'il occupe
29:00à ce moment-là.
29:01moi,
29:03ce qui m'a intéressé aussi,
29:04c'est de sortir
29:05du cliché
29:07du gamin
29:08d'extrême droite
29:10qui est fasciné
29:12par les infirmiers militaires
29:14et qui va plomber
29:14comme ça.
29:15Ça serait trop simple.
29:16Ça serait bien sûr
29:16trop simple.
29:17C'est beaucoup plus complexe
29:18que ça.
29:18C'est un gamin
29:19qui n'est pas aimé.
29:20C'est un gamin
29:20qui est violenté
29:21par sa mère.
29:22C'est un gamin
29:23qui rêve de retourner
29:24à Limoges
29:24où il a grandi
29:25avec ses grands-parents
29:26et il va tout faire
29:28pour ça.
29:29Donc,
29:29effectivement,
29:29le syndrome
29:30de la cocotte minute,
29:31on le comprend
29:31assez facilement,
29:33l'enclenchement
29:34des choses
29:35est un tout petit peu
29:36plus complexe.
29:38Dans le sac
29:38de ce garçon,
29:40un plan
29:40pour Limoges.
29:42Éric Borel,
29:43le soldat perdu
29:43de Quers,
29:44je vais foutre en l'air
29:45ma famille,
29:46j'en tuerai bien
29:47deux ou trois.
29:48L'enquête de l'heure du crime.
29:49On se retrouve
29:49dans un instant
29:50sur RTL.
29:51L'heure du crime
29:52présentée par
29:53Jean-Alphonse Richard
29:54sur RTL.
29:5514h-15h,
29:58c'est l'heure du crime
29:59sur RTL.
30:00Au programme aujourd'hui
30:01de l'heure du crime,
30:02la trajectoire
30:02d'Éric Borel,
30:03lycéen,
30:0416 ans,
30:04en 1995,
30:06il a tué 15 personnes
30:07à la carabine.
30:08Sa famille
30:09est des passants
30:09du village varroi
30:10de Quers.
30:11Les enquêteurs
30:12n'ont pas la clé
30:13de son geste.
30:14Dernières auditions
30:15dans le cercle familial.
30:16Lundi 16 octobre 95,
30:19presque un mois
30:20après la tuerie
30:21de Quers,
30:22les gendarmes
30:23n'ont terminé
30:23avec l'audition
30:24de témoins.
30:25Pas de certitude,
30:26mais des indices
30:27confirment qu'Éric Borel
30:28avait prévu
30:29depuis quelque temps
30:30de tuer sa famille,
30:31puis de se lancer
30:32dans une longue cavale.
30:33Il ne supportait plus
30:34la vie dans la maison
30:35de Soliespont,
30:36en guerre contre sa mère
30:38qui n'avait aucune
30:39considération pour lui.
30:41À des amis lycéens,
30:42il a confié
30:43qu'il voulait
30:43foutre en l'air
30:44toute sa famille.
30:45« J'en tuerai bien
30:47deux ou trois »,
30:48a-t-il lancé un jour.
30:49Il parlait
30:49d'empoisonner ses proches,
30:51de les asphyxier
30:52ou encore
30:52de leur tirer dessus.
30:54Des paroles en l'air
30:55que personne
30:55n'avait pris au sérieux.
30:57Après le triple assassinat
30:58dans la maison familiale,
31:00Éric Borel
31:00aurait voulu s'enfuir
31:01à bord de l'Opel
31:02Ascona grise
31:03de son beau-père.
31:04Le coffre était bourré
31:05de couvertures,
31:06de vêtements,
31:07de provisions.
31:08Il n'aurait pas réussi
31:09à faire démarrer
31:10le véhicule.
31:11Dans un sac,
31:12les gendarmes
31:12vont découvrir
31:13des vêtements,
31:14des hameçons,
31:15un poignard,
31:16un peu d'argent,
31:17mais aussi une carte
31:18de la région de Limoges,
31:19là où vivent
31:20ses grands-parents paternels.
31:22Il avait passé
31:22ses dernières vacances
31:24d'été
31:24chez eux.
31:27Les enquêteurs
31:27savent qu'Éric Borel
31:28avait une obsession.
31:29Vivre avec son père
31:30Jacqui,
31:31ex-militaire,
31:32ancien sous-marinier,
31:33mais ce père
31:34restait absent.
31:36Il avait fini
31:36par faire une croix
31:37sur cet homme
31:38au point de raconter
31:39à tout le monde
31:39que celui-ci
31:40était mort
31:41des suites
31:41d'un cancer.
31:42Après la séparation
31:44de ses parents,
31:45Éric avait été élevé
31:46par ses grands-parents
31:47à l'âge de 12 ans.
31:48Il avait rejoint
31:49sa mère,
31:49son beau-père
31:50et son demi-frère
31:51à Solies-Pont.
31:52Il comptait sans doute
31:54emmener dans sa cavale
31:55son meilleur ami
31:56Alan Guillemette,
31:58lequel a renoncé
31:59à l'accompagner,
32:00et l'a payé
32:00de sa vie.
32:03Et dans cette heure
32:04du crime,
32:04évidemment,
32:05on continue
32:05à regarder
32:06cette enquête
32:07sur ce garçon.
32:09on croit connaître
32:11ses motivations,
32:12effectivement,
32:13un désamour familial
32:14qui l'aurait précipité
32:15dans une espèce
32:16de haine
32:16et de folie
32:17destructrice.
32:19Pierre Cortès,
32:20vous étiez à l'époque
32:21vice-procureur
32:23de la République
32:24à Toulon,
32:24évidemment,
32:25vous êtes allé
32:26à Cuers,
32:26vous avez suivi
32:28cette enquête,
32:29vous avez lu
32:30et relu
32:30les rapports.
32:32Vous parliez tout à l'heure,
32:33Pierre Cortès,
32:33des autopsies,
32:35en quoi elles sont
32:35intéressantes
32:36et frappantes,
32:37ces autopsies ?
32:38Elles sont assez classiques,
32:41ce sont des blessures
32:42par balles,
32:42sauf évidemment
32:43M. Bichet,
32:45le beau-père
32:45qui en plus
32:46était frappé
32:47à coups de marteau
32:48qu'on retrouve d'ailleurs
32:48sur place.
32:49Est-ce que c'est
32:50un acharnement ?
32:51Est-ce que c'est
32:51la volonté
32:52de l'achever,
32:54de peur qu'il ne soit
32:55pas totalement mort ?
32:56C'est quand même
32:57celui qui lui posait
32:58le plus de problèmes.
32:59C'est un homme,
33:00il aurait pu résister.
33:01Les autopsies,
33:03on a deux regards.
33:04D'abord,
33:04on est penché
33:05sur ses corps,
33:06on est dans
33:06l'exercice
33:07de son métier,
33:08on n'a pas
33:08d'état d'âme,
33:09il faut être
33:09à la hauteur,
33:10on est technique.
33:11On fait deux pas
33:12en arrière
33:12et là,
33:13toute l'humanité
33:14de la scène
33:15vous revient,
33:16vous vient à la figure
33:18et on voit
33:19des hommes,
33:19des femmes,
33:20des jeunes,
33:21des personnes âgées
33:22et on se projette
33:23dans leur existence.
33:25On les voit
33:25dans les derniers
33:26gestes quotidiens
33:27d'une vie banale,
33:29un dimanche matin,
33:30qui va retirer
33:31de l'argent,
33:32qui va acheter
33:32son pain,
33:33son journal,
33:34la pâtisserie
33:35du repas dominical.
33:36On se met à la place
33:37de ces gens
33:37et là,
33:38on est effectivement
33:39en plus d'une émotion
33:40forte.
33:41Et ça,
33:42effectivement,
33:42même le médecin légiste
33:44va dire qu'il a été
33:45très choqué
33:45par ce qu'il a vu.
33:46Pourtant,
33:47il avait beaucoup
33:47d'expérience,
33:48ce médecin,
33:49mais lui,
33:50il va être un petit peu
33:51traumatisé
33:53par ce qu'il a vu.
33:54Bruno Masi,
33:55journaliste,
33:55vous avez beaucoup
33:56enquêté
33:56sur ce drame
33:58de cuers.
34:00Alors,
34:00effectivement,
34:01il y a ce drame public,
34:02il y a ces morts
34:03que décrit d'ailleurs
34:04très bien Pierre Cortès,
34:05ces morts que vous avez décrites
34:07dans ces cercueils
34:08devant la mairie.
34:09Là,
34:09on n'est plus dans la fiction,
34:10il y a des gens
34:11qui ont été tués,
34:12des familles
34:12qui seront endeuillées
34:13tragiquement
34:14jusqu'à la fin
34:15de leur jour.
34:16Mais de l'autre côté,
34:17il y a ce garçon,
34:19Éric Borrell,
34:21et là,
34:21on a le sentiment
34:22que c'est un drame
34:22à huis clos
34:23qui s'est joué
34:24parce qu'on était
34:24dans la maison du silence,
34:26personne ne se parlait
34:27dans cette maison.
34:28Et finalement,
34:28ça c'est un peu
34:29l'effet cocotte minute
34:30qu'on décrivait tout à l'heure.
34:32Oui,
34:32vous parliez de désamour
34:34de la part de sa mère,
34:35mais ce n'est pas du désamour,
34:37c'est de la violence.
34:39C'est un garçon battu,
34:41battu par sa mère.
34:42Ça on le sait.
34:42On le sait,
34:43oui,
34:43il y a des témoignages
34:45qui m'ont raconté,
34:47des scènes
34:47qui ont été vues.
34:50Il s'est retrouvé un jour
34:51avec le bras cassé
34:52pendant deux jours
34:53sans être pris en charge.
34:55C'est son beau-père
34:56qui l'a enfin amené
34:57à l'hôpital.
34:57Sa mère
34:59le frappait,
35:02le dénigrait en permanence.
35:03Elle n'en voulait pas.
35:04Elle a récupéré ce gamin
35:05qui était le souvenir
35:07d'une relation
35:08qu'elle ne voulait pas.
35:10Donc on n'est vraiment
35:12pas dans le désamour,
35:13on est dans la violence
35:13domestique.
35:14Le fait est,
35:15c'est qu'Éric Borrel,
35:16il ne s'est jamais ouvert
35:18à des personnes.
35:19Il n'a jamais raconté,
35:20il n'est jamais venu
35:21se plaindre vraiment.
35:23Il gardait ça pour lui.
35:24Il gardait ça pour lui,
35:24mais il faut aussi se resituer
35:25un peu dans l'époque.
35:26On est en 95,
35:28on est dans le sud
35:29de la France,
35:30on est dans une famille
35:30aussi très traditionnaliste,
35:32très nationaliste aussi.
35:34Sa mère est très proche
35:38du Front National à l'époque.
35:39Il faut se rappeler aussi
35:39que le Front National
35:40vient de remporter
35:40l'Amérique tout le long,
35:41à 15 kilomètres à l'époque.
35:43C'est une région
35:43qui est marquée par le silence,
35:45c'est très rural,
35:46on ne parle pas.
35:47Puis il y a cette fierté masculine
35:48aussi qui est très présente
35:49dans le sud.
35:52Et du coup,
35:53il garde ça pour lui
35:54parce qu'il n'a personne
35:55vers qui se tourner.
35:56À qui va-t-il parler finalement ?
35:58Pierre Cortès,
36:00un mot sur la cavale
36:01que prévoyait de faire
36:02Éric Borrel.
36:04On sait que son copain Alan,
36:06qui l'a tué d'ailleurs,
36:08son copain Alan
36:08n'a pas voulu le suivre.
36:10Il voulait partir
36:10sans doute à Limoges
36:12parce que c'était un peu
36:13son repère
36:14et c'était peut-être
36:14l'endroit où il aimait
36:16peut-être le plus être
36:17avec ses grands-parents,
36:17c'est ça ?
36:18Tout à fait,
36:19il n'avait pas beaucoup
36:20d'autres points de chute.
36:21On sait qu'effectivement,
36:22il avait prévu de partir
36:23en voiture,
36:23mais il ne s'est pas conduire.
36:25Et la voiture,
36:26il l'a emboutie
36:27dans la petite courette
36:28de la maison,
36:29donc il l'a abîmée.
36:30Il avait chargé le coffre,
36:31mais ça,
36:32vous l'avez dit,
36:33tout un tas de choses
36:34pour une durée assez longue.
36:35Il a finalement pris
36:36un bagage plus léger
36:37pour partir à pied
36:38dans la nuit
36:39et le rendez-vous
36:40avec Alan Villemette,
36:41sans doute,
36:41c'était pour la soirée,
36:42pour la nuit.
36:44Et comme à pied,
36:45donc il a fait
36:45un certain nombre de kilomètres,
36:47il pleut,
36:47il a des bas de pantalons
36:51crottés,
36:52il va passer la nuit
36:53en attendant le petit matin,
36:54il a dans son bagage,
36:56vous l'avez dit aussi,
36:57une carte de Limoges.
36:59Donc on a ces éléments
37:00mis en bout à bout,
37:02en perspective,
37:02qui nous font comprendre
37:03effectivement
37:04quelle était la destination
37:06qu'il avait prévue.
37:08Une tragédie
37:09dont les cicatrices
37:11ne se sont jamais effacées.
37:13Éric Borrel,
37:14le soldat perdu de QERS,
37:15comment un gamin de 16 ans
37:17a-t-il pu progresser
37:18comme ça ?
37:19L'enquête de l'heure du crime,
37:20je vous retrouve tout de suite
37:21sur RTL.
37:2314h, 15h,
37:24c'est l'heure du crime
37:25sur RTL.
37:27Jean-Alphonse Richard.
37:2914h, 15h,
37:31Jean-Alphonse Richard
37:32sur RTL.
37:34L'heure du crime.
37:36Dans l'heure du crime,
37:36aujourd'hui,
37:37la trajectoire d'Éric Borrel,
37:38lycéen, 16 ans,
37:39à septembre 95,
37:40il a tué 15 personnes
37:42à la carabine.
37:43Une partie de sa famille
37:44et des passants
37:45abattus au hasard
37:46dans le village de QERS,
37:48dans le Var.
37:49Personne n'a oublié
37:50le massacre.
37:52Le docteur Jean-Henri Rivolet,
37:54médecin légiste
37:55appelé à QERS
37:56pour la tuerie,
37:57avait raconté
37:58que cette épreuve
37:58était sans doute
37:59la plus terrible
38:00de sa très longue carrière.
38:03Face à cette liste
38:04de victimes
38:04qui ne cessaient
38:05de s'allonger,
38:06il avait éprouvé,
38:07dit-il,
38:08un sentiment de terreur
38:09et de vertige.
38:12Les interrogations
38:12n'ont jamais cessé
38:13sur les raisons
38:14qui avaient poussé
38:15le lycéen
38:16Éric Borrel
38:17à se lancer
38:18dans cette funeste expédition.
38:20Comment un gamin
38:21de 15 ans
38:21a-t-il pu progresser
38:22comme ça ?
38:23Tirer dans le dos,
38:24finir les victimes au sol,
38:25s'interrogeait
38:26un fils de victime
38:28dans Varmatin.
38:29Une stèle
38:30érigée au centre
38:31de QERS
38:31porte ses mots
38:32« Passant,
38:33sache que rien
38:34ne justifie
38:35la mort d'innocent ».
38:37QERS,
38:38pour moi,
38:39c'est une ville maudite.
38:40Je veux dire,
38:40le minot,
38:41on ne peut pas
38:41y en mouloir
38:42de quoi que ce soit,
38:42il n'avait plus sa tête,
38:43donc c'était fini.
38:44Là,
38:44j'en veux plus.
38:45C'est aux gens
38:46qui ont vu tout ça avant
38:47et qui auraient peut-être
38:48pu faire quelque chose,
38:49c'était quelqu'un
38:49qui était perdu.
38:50Quelqu'un
38:51qui était perdu,
38:52un soldat perdu,
38:53comme on l'appelle
38:54dans l'heure du crime,
38:55la voix de Stéphane Touré,
38:57le fils d'André Touré,
38:58l'une des victimes
38:59de la tuerie de QERS,
39:01c'était sur France 3.
39:04Pierre Cortès,
39:05vous étiez à l'époque
39:06vice-procureur
39:07de la République à Toulon,
39:09vous nous avez raconté
39:09dans le détail
39:10l'enquête
39:11jusqu'à cette expertise
39:12passionnante,
39:13cette expertise
39:13psychologique
39:14et psychiatrique
39:15de cet homme,
39:16de ce garçon
39:17qui s'est suicidé.
39:18Est-ce qu'il y a
39:21des zones d'ombre
39:21ou des zones grises
39:22qui continuent
39:23d'exister
39:24dans ce dossier ?
39:25Vous allez peut-être me dire
39:26non, on a tout trouvé,
39:27on sait tout,
39:28on sait tout dans le détail,
39:29mais selon vous,
39:30il y a encore des questions ?
39:31Oui, je n'aurai pas
39:32cette prétention,
39:33M. Richard,
39:33bien sûr.
39:34Sur le plan factuel,
39:35on explique à peu près tout,
39:37notamment la chronologie
39:38des assassinats,
39:39le père,
39:40le gamin ensuite
39:40et la mère
39:41qui rentre plus tard
39:42et à laquelle
39:43on va cacher
39:44la scène de crime.
39:45Ça explique
39:45les portes fermées,
39:47le sang qui est essuyé,
39:48le drap sur le corps
39:50du gamin de 11 ans
39:51pour que la mère
39:52ne soit pas alertée
39:54dès qu'elle entre
39:54dans le hall
39:55et donc on la tue
39:56tout de suite.
39:56Après, on ferme la maison
39:57et on empêche évidemment
39:59pour gagner du temps
39:59de pénétrer trop rapidement.
40:02La question,
40:03c'est de savoir effectivement
40:04dans la mesure
40:05d'une expertise psychiatrique
40:06se base essentiellement
40:08en dehors
40:09de ce que font
40:10les psychologues,
40:10des tests projectifs,
40:14les psychiatres ne travaillent
40:15que sur l'entretien clinique.
40:17il n'a pas été possible.
40:18Or, le docteur Léry
40:20que j'ai désigné
40:21comme expert
40:21avait commencé
40:23dans la phase
40:24de médiatisation
40:24de cette affaire
40:25par dire
40:26que c'est probablement
40:27une schizophrénie.
40:30Je lui ai demandé
40:30d'arrêter
40:31de se faire interviewer
40:33et de se consacrer
40:34à l'expertise.
40:35Et là,
40:35il a une autre...
40:37Voilà, bien sûr.
40:38Et là,
40:38il a,
40:39comme je vous l'ai dit,
40:39une autre diagnostic postume.
40:42c'est le syndrome
40:43de la coquette minute.
40:44Mais on ne saura jamais
40:45si ce garçon,
40:46s'il avait survécu,
40:48si ce garçon
40:49qui est en pleine possession
40:50de ses moyens
40:51n'avait pas effectivement
40:52un problème psychologique
40:54voire psychiatrique
40:55le concernant.
40:56Voilà une zone d'ombre
40:57qui persiste effectivement.
40:59Et qui persistera
41:00puisque ça,
41:00évidemment,
41:01c'est impossible
41:02de le savoir.
41:03Bruno Mazy,
41:03vous êtes avec nous
41:04dans cette Heure du Crime,
41:05journaliste,
41:05vous avez beaucoup,
41:06beaucoup travaillé
41:06sur cette affaire.
41:08Auteur d'un ouvrage,
41:088 kilomètres,
41:09enquête sur les terres rouges
41:10du Var,
41:11chez Jean-Claude Lattès.
41:13Est-ce que,
41:14tout simplement,
41:14c'est une question difficile,
41:15mais est-ce qu'on aurait pu
41:16l'empêcher de tuer
41:17Éric Borel ?
41:19Si on l'avait vu,
41:20si on l'avait détecté avant,
41:21son mal-être,
41:22sa détresse ?
41:24Je pense qu'en tout cas,
41:26il y a peut-être
41:26plein de signes
41:27en coureur
41:28de mal-être,
41:31mais après,
41:31c'est toujours très compliqué
41:32de dire qu'on aurait pu
41:33l'empêcher.
41:34Vous voyez,
41:35c'est,
41:35comme le dit très bien
41:36Pierre Cortez,
41:37c'est un enchaînement,
41:38un monde
41:38de circonstances
41:40aussi qui le pousse
41:41à passer à l'acte.
41:44Il y a sa preuve de français
41:46qui disait
41:47qu'il était
41:48très bon élève,
41:49avec des grands talents
41:50d'écriture,
41:52mais qui,
41:52voilà,
41:53qui lui avait raconté
41:53l'histoire des poussins
41:55que sa mère avait,
41:56il avait des poussins
41:57et sa mère les avait tués
41:58devant lui
41:59et,
42:00voilà,
42:01elle avait senti
42:02qu'Éric Borel
42:03était très marqué
42:05par les agissements
42:06de sa mère,
42:07mais qui aurait pu dire
42:09à ce moment-là
42:10que ça pouvait tourner
42:10comme ça.
42:11Il y a des enfants
42:12malheureux partout,
42:13ça n'en fait pas
42:14des criminels.
42:15Bien sûr.
42:16En plus,
42:17c'était des signes
42:17un peu invisibles
42:18parce que je suppose
42:19qu'Éric Borel
42:20n'en parlait pas
42:20beaucoup chez lui
42:21et ça ne devait pas
42:22être un garçon
42:23qui devait beaucoup
42:23se confier.
42:25Oui,
42:25c'est une famille
42:25de taiseux
42:26et puis j'ai rencontré
42:27ses meilleurs amis
42:28de l'époque,
42:30c'est des adolescents
42:30dans le sud
42:31qui vont faire du vélo,
42:34qui racontent des conneries,
42:35qui s'amusent,
42:36etc.
42:36Mais on n'est pas
42:37dans l'intimité
42:38à ce moment-là.
42:38Bien sûr.
42:39Pierre Cortès,
42:41je le disais,
42:42vous étiez à l'époque
42:43vice-procureur
42:44de la République
42:44à Toulon,
42:45vous êtes magistrat,
42:46vous avez vu
42:47des drames,
42:48des crimes,
42:49vous avez lu
42:50des dossiers,
42:51feuilletés des pages
42:51et des pages
42:52les plus ténébreuses
42:53et sans doute
42:54les plus horribles.
42:56La tuerie de Quers,
42:57je suppose que c'est
42:58pour vous un souvenir
42:59qui ne peut pas s'effacer.
43:01Non,
43:02ça ne peut pas s'effacer
43:03et je manque sans doute
43:04de culture judiciaire.
43:06Je n'ai que 45 ans
43:07d'ancienneté.
43:07C'est déjà pas mal.
43:09C'est déjà pas mal.
43:10J'ai regardé auparavant
43:11les affaires de...
43:14Alors,
43:14nous parlons bien
43:15de tuerie de masse.
43:16Ils n'ont pas de tuer
43:17en série,
43:17c'est encore différent.
43:19Mais le bar du téléphone
43:21dans un contexte
43:22de banditisme,
43:23c'est du mort.
43:24Et puis après,
43:25on n'arrive pas,
43:26aussi bien avant
43:27la tuerie de Quers
43:28qu'après,
43:29à trouver un bilan
43:30de victimes
43:31aussi lourd,
43:32aussi dramatique.
43:33Ça fait quand même
43:3416 morts
43:35avec Eric Borrell.
43:37Et donc,
43:38c'est le fait
43:38effectivement
43:39le plus tragique
43:40que j'ai jamais eu
43:40à connaître
43:41à titre personnel.
43:43Un mot sur les familles
43:44que vous avez dû rencontrer
43:45à l'époque
43:46qui sont peut-être
43:47venues vous voir.
43:47Je ne sais pas
43:48quels souvenirs là-dessus.
43:50Est-ce qu'il y a
43:50quelque chose
43:51qui vous a marqué ?
43:52Alors,
43:53j'ai correspondu
43:53avec quelques familles
43:54et j'ai demandé
43:56aux gendarmes
43:56qui étaient un peu
43:57mon relais
43:59auprès des familles
43:59de donner systématiquement
44:01des informations
44:02sur l'évolution
44:03de l'enquête.
44:04On a dit,
44:04comme souvent,
44:06quelques bêtises au départ
44:07qu'il y avait un deuxième homme
44:08forcément
44:08compte tenu du nombre
44:09de victimes
44:10et apparemment
44:11qui semblait avoir été tué
44:12en même temps
44:13à des endroits différents
44:13dans le village de Perse.
44:15Et donc,
44:16il y a eu quelques
44:16fake news
44:17comme on dit aujourd'hui.
44:19Et donc,
44:19il est important
44:20que les victimes
44:21aient le compte-rendu
44:23de l'enquête
44:24et de ce qu'on avait
44:25effectivement vérifié.
44:27Voilà.
44:27C'était important
44:29effectivement de saluer aussi.
44:30Aujourd'hui,
44:30on pense quand même
44:31aux familles et aux victimes.
44:33On est là 30 ans après
44:34et cette tuerie,
44:35elle est toujours,
44:36Bruno Mazzi nous le disait,
44:37elle était toujours
44:37dans la mémoire
44:38de ce village si paisible
44:40de Cuers.
44:41On salue évidemment
44:42toutes ces victimes
44:42de cette horrible tuerie.
44:44Merci beaucoup,
44:45Pierre Cortès
44:46et Bruno Mazzi
44:47d'avoir été aujourd'hui
44:48les invités
44:48de l'heure du crime.
44:49Merci à l'équipe
44:50de l'émission.
44:51Rédactrice en chef
44:51Justine Vigneault,
44:52préparation Lisa Canales,
44:54Pauline Descillons,
44:54réalisation en direct,
44:56Nicolas Godet.
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