- il y a 4 heures
Arnaud Labrell, 28 ans, jeune homme oisif, révolté et passionné d'échecs. Il cherchait toujours à avoir un coup d'avance dans son existence. Un soir de l'automne 2001, ses parents meurent dans d'atroces souffrances à l'hôpital. Le fils cadet va vite se retrouver au centre d'une sombre énigme familiale.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
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00:0014h-15h, c'est l'heure du crime sur RTL.
00:04Jean-Alphonse Richard.
00:06Vous connaissez l'expression, il serait prêt à tuer père et mère.
00:10Et bien à Mulhouse, un homme d'une trentaine d'années l'a fait pour l'héritage,
00:13de manière très calculée, on peut même dire dosée.
00:16Il a tué ses parents à petit feu à l'arsenic.
00:20Bonjour, Arnaud Labrel, 28 ans, jeune homme oisif et révolté, passionné d'échecs.
00:26Il cherchait toujours à avoir un coup d'avance dans son existence.
00:30Un soir de l'automne 2001, ses parents meurent dans d'atroces souffrances à l'hôpital.
00:35Le fils cadet va se retrouver au centre d'une sombre énigme familiale.
00:40Serait-il derrière ce double parricide ?
00:43Arnaud Labrel, dernier dîner à l'arsenic, l'heure du crime.
00:47La seule émission Radio 100% fait diverser tout de suite sur RTL.
00:51Mardi 9 octobre 2001, peu après 22h, le docteur Stockel, médecin de garde ce soir-là à Tannes,
01:04à une vingtaine de kilomètres de Mulhouse, est appelé pour une urgence dans un pavillon sur les hauteurs de la ville.
01:10Le médecin trouve la maîtresse de maison, Gabrielle Labrel, 64 ans, dans un état épouvantable.
01:16Elle se tord de douleur, victime de convulsions et de diarrhées, aussitôt envoyée à l'hôpital de Tannes.
01:23Les infirmières sont choquées par l'état de la patiente, impossible à soulager, comme si son ventre se déchirait.
01:31Vers 23h30, c'est au tour du mari, Pierre Labrel, 66 ans, de se plaindre de nausées et de douleurs à l'estomac.
01:38Conduit au centre hospitalier de Tannes, puis transféré à Mulhouse.
01:43Gabrielle Labrel, placé en soins intensifs, décède dans la nuit à 4h50 du matin.
01:49Pierre Labrel voit son état se dégrader.
01:53Il meurt trois jours plus tard.
01:54Les deux enfants du couple, Florence, 36 ans, son frère Arnaud, 28 ans, ont accouru au chevet de leurs parents.
02:00Ils ont même pu échanger quelques mots avec eux, avant qu'ils sombrent dans l'inconscience.
02:04Les médecins pensent à une intoxication alimentaire.
02:08Le docteur Stockel, premier sur les lieux, avait aperçu un plat de fromage blanc sur la table.
02:14Du bibalacas, une spécialité régionale assaisonnée de ciboulette, d'ail, de poivre et de sel.
02:20Avant de tomber dans le coma, Pierre Labrel a expliqué que le bibalacas était leur repas du soir.
02:28Le fils Arnaud apporte les restes du plat pour analyse.
02:31Le fromage blanc ne présente aucun élément toxique ou gène pathogène.
02:37Mercredi 17 octobre, une semaine après les morts de Pierre et Gabriel Labrel, leurs obsèques sont célébrés à l'église de Tannes.
02:45Florence, la fille, apparaît brisée par le chagrin.
02:48Arnaud, lui, reste impassible.
02:50Le curé en personne va être surpris par sa froideur.
02:54A ce stade, les autopsies des victimes sont blanches.
02:58C'est-à-dire qu'il est impossible de connaître les causes des décès, des morts suspectes.
03:03Le procureur de Mulhouse ouvre une enquête.
03:06Les gendarmes se penchent aussitôt sur le couple Labrel.
03:09En bonne santé, aisés, sans soucis particuliers.
03:13Une belle maison, des amis nombreux, une passion pour la nature, le jardinage, deux enfants restés proches.
03:18Florence, mère de trois enfants, n'habite plus la maison familiale.
03:22Arnaud, le cadet, est aide-éducateur au collège de Masvaux, à 20 minutes de Tannes.
03:29Ce passionné d'échec est en revanche très souvent chez papa-maman.
03:34Il revient régulièrement à la maison pour y prendre ses repas et parfois dormir.
03:38A un oncle, il a déclaré être passé voir les parents le soir fatal.
03:42Selon lui, ils allaient bien.
03:44Au journal d'Alsace, il affirme
03:46« Mon père s'y connaissait en champignon.
03:49Il n'aurait pas pu se tromper.
03:50A un cousin, il tient des propos énigmatiques.
03:54S'ils ont été empoisonnés à l'arsenic, on devrait le trouver. »
03:59Lundi 3 décembre 2001, le procureur ouvre une information judiciaire contre X.
04:04Pour empoisonnement, un laboratoire du Havre, spécialisé dans l'analyse de métaux lourds dans l'organisme humain,
04:11vient en effet de détecter une concentration massive d'arsenic dans les corps de Pierre et Gabriel Labrel.
04:17Impossible de savoir comment le couple a ingéré ce poison redoutable.
04:22Les Labrel auraient-ils été intoxiqués lors de travaux de jardinage ?
04:27La terre recèle parfois de l'arsenic ?
04:29Ou bien l'arsenic a-t-il été versé dans la nourriture des victimes ?
04:33La juge d'instruction de Mulhouse, Ariane Combarel, est chargée de l'enquête.
04:38Autant de questions que se posent les enquêteurs avec cette révélation majeure de l'arsenic dans les organismes des victimes.
04:47Alors les investigations vont s'accélérer et un des enfants de la famille, Arnaud Labrel, va peu à peu apparaître en pleine lumière.
04:54Est-il derrière ces morts suspectes ? Mais pourquoi d'ailleurs s'en serait-il pris à ses parents qui l'aiment beaucoup et qui le couvent et le protègent ?
05:02Et bien ça sera bien sûr, on essaiera de le savoir ça dans la suite de l'heure du crime.
05:07Pour l'instant, ce qui frappe, c'est effectivement la mort de ce couple de sexagénaires.
05:13Bonjour Alain Cheval.
05:15Oui bonjour.
05:16Merci infiniment d'être avec nous aujourd'hui en direct dans l'heure du crime.
05:20Vous êtes journaliste aux Dernières Nouvelles d'Alsace, vous connaissez bien cette affaire.
05:24Et les Dernières Nouvelles d'Alsace étaient d'ailleurs en pointe pour raconter tout ce qui s'est passé lors de cette histoire qui était absolument incroyable.
05:31Alors Alain Cheval, déjà il y a les morts épouvantables de ces deux retraités.
05:38Ça va choquer tout le monde à l'hôpital.
05:40Oui, c'était assez violent.
05:43Il faut se rappeler que le premier coup de téléphone se passe aux alentours de 22h.
05:49Donc il y a un médecin qui se déplace.
05:51On est obligé d'hospitaliser en urgence Gabriel qui va décéder je crois quelques heures plus tard.
05:56Et c'est très violent.
05:57Il faut savoir que quand on a une intoxication, alors on ne sait pas encore que c'est à l'arsenic,
06:03mais en tout cas c'est des vomissements, c'est des diarrhées sanglantes, des douleurs abdominales assez intenses.
06:09Donc c'est extrêmement violent.
06:11Et donc la femme va mourir au bout de six heures.
06:15Et quelques jours plus tard, donc déjà quelques heures plus tard, c'est l'époux qui présente les mêmes symptômes.
06:21Et il va être pareil hospitalisé en urgence.
06:23Et trois jours plus tard, il sera également mort de sa, enfin pas de sa belle bande, mais il sera mort dans d'horribles souffrances.
06:29Oui, effectivement les médecins vont dire qu'ils n'avaient jamais vu ça.
06:32Les infirmières, elles sont totalement choquées.
06:34Elles vont témoigner devant les enquêteurs, évidemment,
06:37tout le personnel médical va être entendu.
06:41Encore une question Alain Cheval.
06:43Ce couple, les Labrel, pardon, Gabriel et Pierre Labrel, qui sont-ils ?
06:52Ce sont des gens plutôt tranquilles, ils sont retirés dans ce village de Tannes, c'est chez eux, ce sont des Alsaciens.
06:57C'est un petit couple de retraités qui ne présente aucun souci, ils sont parfaitement intégrés, ils vivent avec les villageois, ils ont des passions communes, la nature, ils font des balades.
07:09Il n'y a aucun problème, c'est un couple de retraités qui ne pose aucun problème et qui est parfaitement intégré dans la vie des villageois de Tannes.
07:16C'est une famille, vous le dites, qui n'attire pas l'attention.
07:20Il y a les deux enfants du couple, un frère et sa sœur.
07:24Là aussi, il n'y a rien eu de noté de particulier ?
07:28Non, il n'y a rien de...
07:30Alors, la sœur Florence, ça fait quelques années déjà qu'elle a quitté le foyer, le nid familial, elle vit à quelques kilomètres de là, et c'est vrai que Carnot vient très régulièrement chez les parents.
07:42Il habite à Mulhouse à l'époque, mais il vient très régulièrement chez les parents, d'autant plus qu'il ne travaille pas très loin, il travaille à Masveau, c'est à une vingtaine de kilomètres de Tannes.
07:49Donc, il fait souvent des étapes en passant par chez ses parents, il vient manger, il vient des fois même dormir au domicile familial.
07:56Alors, effectivement, là, c'est troublant, parce qu'on se pose beaucoup de questions.
08:00D'ailleurs, impossible de déterminer les causes de la mort, et ça, ça pose vraiment un problème.
08:06Bonjour Ariane Cambarel.
08:08Bonjour.
08:08Merci beaucoup, vous aussi, d'être avec nous dans cette heure du crime.
08:13Votre parole nous est précieuse, et on vous remercie beaucoup d'avoir accepté cette invitation,
08:16parce que vous êtes la juge d'instruction qui, à l'époque, était en charge du dossier.
08:21Donc, évidemment, ce dossier, vous l'avez feuilleté, vous l'avez même construit, vous l'avez écrit.
08:25Donc, vous le connaissez très, très bien.
08:28Madame Cambarel, premier mystère, j'ai envie de dire, c'est ces autopsies.
08:32Alors, moi, je ne suis pas médecin, mais c'est très troublant, parce que ces autopsies, elles sont dites blanches,
08:36et je ne savais pas ça, mais une autopsie blanche, c'est une autopsie qui ne dit rien.
08:40On ne sait pas de quoi les personnes sont mortes.
08:44Il y a eu deux temps d'autopsies.
08:46Parce que la première autopsie pour recherche des causes de la mort, au départ, on n'est pas sur une affaire criminelle,
08:52donc il y a une première autopsie qui n'amène pas d'éléments, sauf à dire que manifestement,
08:55il y a dû y avoir un empoisonnement, mais sans pour autant le qualifier de criminel.
08:59Ce n'est que par certaines investigations que la piste criminelle va apparaître,
09:04et qu'à ce moment-là, il va y avoir des analyses complémentaires qui seront faites à partir des prélèvements autopsiques,
09:08et surtout qu'il y aura une exhumation des corps un peu plus tard.
09:10Oui, et ça, on va en parler, évidemment, de cette exhumation des corps qui va être un épisode important dans cette histoire.
09:15Ariane Combarelle, il va falloir des analyses complémentaires, j'ai envie de dire très techniques, très pointues.
09:23Ça aussi, je l'ignorais, parce que finalement, pour trouver de l'arsenic, ce n'est pas si simple.
09:28On va faire appel à beaucoup de personnes.
09:30Le laboratoire avec lequel tous les Alsaciens travaillent à l'époque me dit qu'eux n'ont pas les appareils pour faire certaines recherches,
09:39qu'ils n'ont rien trouvé de particulier dans les prélèvements,
09:41et qu'ils me suggèrent de faire appel au laboratoire du Havre, qui, lui, est capable de détecter d'autres choses.
09:46C'est comme ça qu'on découvre l'arsenic.
09:47On le disait avec Alain Cheval à l'instant, Pierre et Gabriel Labrel, est-ce qu'ils n'y avaient pas d'ennemis ?
09:54Justement, c'est précisément parce qu'ils n'ont pas d'ennemis que c'est une tournure très inhabituelle,
09:57parce qu'un empoisonnement à l'arsenic pour des gens qui sont des citoyens lambda, c'est tout à fait anormal.
10:03Donc, il n'y a aucune raison que des gens comme ça soient empoisonnés.
10:06Et l'empoisonnement à l'arsenic en lui-même révèle aussi quelque chose de tout à fait anormal.
10:12Ce n'est plus en vente libre depuis très nombreuses années.
10:15Donc, ce n'est forcément que par l'utilisation d'un produit que quelqu'un a dans son garage ou dans ses affaires depuis très longtemps.
10:20Oui, c'est ça. Et ça, c'est une vraie question, parce que d'où vient cet arsenic ?
10:24Alain Cheval, un petit mot.
10:25Lorsque le mot arsenic est prononcé dans cette enquête et qu'il surgit comme ça publiquement,
10:30je suppose que là, on change de vitesse dans cette enquête.
10:33Absolument. Et surtout, le mot arsenic est prononcé la première fois par le fils.
10:39Tout à fait.
10:41Alors, on le verra sans doute au fur et à mesure.
10:44C'est un personnage qui est très particulier.
10:47Mais c'est vrai qu'il vient raconter, enfin, il sollicite la rédaction.
10:52Il faut comprendre qu'à l'époque, il y avait deux rédactions sur Tannes, l'Alsace, les DNA.
10:57Et c'est vrai que nous, on apprend cette affaire par le biais de l'annonce légale.
11:02C'est les décès de couple, de personnes âgées.
11:05Donc, c'est vrai que le réflexe du journaliste, c'est la gendarmerie pour comprendre ce qui se passe.
11:11Et effectivement, je crois, dans l'article qui paraît, on parle d'une intoxication alimentaire
11:16en précisant que c'est peut-être lié à une consommation de champignons.
11:20Et c'est vrai qu'Arnaud débarque à la rédaction en disant que c'est absolument faux.
11:26Et c'est là qu'il évoque éventuellement déjà qu'il râle parce qu'il trouve que l'enquête ne va pas assez vite, selon lui.
11:33Et il évoque cet arsenic.
11:36L'arsenic évoqué.
11:37Le fils de la famille va se retrouver en garde à vue.
11:40Arnaud Labrel, dernier dîner à l'arsenic.
11:42Maman, ne t'en fais pas.
11:44La mauvaise herbe nous enterrera tous.
11:46L'enquête de l'heure du crime.
11:47On se retrouve dans un instant sur RTL.
11:5014h15h, c'est l'heure du crime sur RTL.
11:53Avec Jean-Alphonse Richard.
11:5814h15h, Jean-Alphonse Richard sur RTL.
12:02L'heure du crime.
12:04L'heure du crime consacrée aujourd'hui aux morts suspectes des époux Labrel, octobre 2001, en Alsace.
12:10Les retraités ont été foudroyés par une dose massive d'arsenic deux mois et demi après le drame.
12:15Les enquêteurs accélèrent.
12:16Ils vont s'intéresser de près aux enfants des victimes.
12:20Mardi 11 décembre 2001.
12:23Deux mois après les morts suspectes de Pierre et Gabriel Labrel,
12:26les gendarmes de la section de recherche de Mulhouse lancent une série de perquisitions au domicile des deux enfants et dans la maison des parents.
12:34On cherche de l'arsenic.
12:37La maison familiale est retrouvée sans dessus dessous.
12:41Arnaud Labrel avoue être à l'origine de ce désordre.
12:44Il vit ici depuis le drame.
12:45Il a voulu faire du ménage.
12:47Le jeune homme apparaît perturbé, méfiant.
12:50Il a d'ailleurs passé une semaine dans un établissement psychiatrique.
12:53Aucune présence d'arsenic.
12:56Les enfants sont entendus.
12:58Florence était loin de Tannes le jour du drame.
13:00Arnaud travaillait au collège de Masvaux vers 20h15.
13:04Il ramenait un ami chez lui quand il a fait un détour par Tannes.
13:07Il voulait récupérer chez ses parents un manuel d'échecs.
13:11Sa mère regardait la télé.
13:13Son père était déjà au lit.
13:15Arnaud est ensuite allé traîner dans la nature pour fumer des joints, boire des bières.
13:20Il est revenu à la maison familiale pour y passer la nuit.
13:22Il est tombé sur le docteur.
13:24Sa mère était prise de vomissement.
13:26J'ai demandé à mon père quelles saloperies ils avaient mangées.
13:30Il m'a parlé du bibalacas, témoigne le fils.
13:32Selon lui, ses parents ne s'entendaient plus.
13:35Sa mère avait un amant.
13:37Son père était dépressif.
13:39Il évoque donc le scénario suivant.
13:41Son père aurait tué sa femme à l'arsenic.
13:44Puis il aurait succombé.
13:46De la même façon, une espèce de suicide altruiste.
13:50Vendredi 14 décembre 2001, les corps de Pierre et Gabriel Labrel sont exhumés du cimetière de Tannes.
13:58Les experts excluent le suicide.
14:00L'analyse des cheveux montre en effet que le couple a méthodiquement été empoisonné à l'arsenic depuis 11 mois.
14:08Arnaud Labrel, le fils, devient suspect.
14:10Des témoins décrivent le jeune homme à l'humeur sombre.
14:14Un fils qui vivait au crochet de ses parents.
14:16Entre janvier 2000 et septembre 2001, les parents lui avaient versé environ 12 000 euros.
14:23Arnaud avait des relations exécrables avec son père, au point que celui-ci avait décidé de lui couper les vivres.
14:29Le fils insultait parfois sa mère avec des mots orduriers.
14:33Gabriel continuait néanmoins à lui donner de l'argent à l'insu de son mari.
14:37Le père avait lancé un ultimatum à son fils.
14:41Il avait jusqu'à la Toussaint pour quitter la maison.
14:43Il avait même modifié son testament en faveur de sa fille Florence.
14:48La nuit des hospitalisations, Arnaud avait affiché un comportement déroutant.
14:53Alors que sa mère venait de partir à l'hôpital et que son père se sentait mal,
14:56il s'était attablé dans la cuisine pour manger des œufs au plat.
15:01Deux infirmières de l'hôpital de Tannes se souviennent avoir entendu Arnaud dire à sa mère qui agonisait
15:06« Maman, ne t'en fais pas, la mauvaise herbe nous enterrera tous. »
15:12Les femmes ont été choquées par son regard froid et terrible.
15:16À son père, Arnaud Labrel avait chuchoté à l'oreille
15:19« Papa, ça devait arriver. »
15:23Florence, la sœur d'Arnaud Labrel, indique aux gendarmes que son frère lui fait peur.
15:27Elle a préféré quitter l'Alsace pour aller s'installer en famille, en Touraine.
15:31Deux jours après les hospitalisations, Arnaud était entré chez elle, de nuit, en passant par le toit.
15:38Elle le décrit comme agité, incohérent.
15:41Un ami de la famille, Arnaud Labrel, a déclaré après le drame
15:43« Florence, je veux pouvoir lui tomber dessus.
15:48L'important, c'est de frapper juste.
15:49Au bon moment, jamais deux sans trois.
15:53Ma religion interdit le suicide, mais pas l'homicide. »
15:58Et bien sûr, après des mois d'enquête, Arnaud Labrel,
15:59« Ce fils, pour le moins instable, va être placé en garde-vue.
16:03On va alors voir ce que va répondre l'intéressé aux gendarmes. »
16:06Des explications, des aveux, des certitudes, peut-être.
16:10Ce sera évidemment dans le prochain chapitre de l'heure du crime.
16:14Pour l'instant, il y a ses premières auditions.
16:17Alain Cheval, vous êtes avec nous dans cette heure du crime,
16:19journaliste aux dernières nouvelles d'Alsace.
16:21Un journal qui a évidemment suivi toute cette affaire qui se passe à Tannes,
16:25en Alsace, évidemment.
16:27Arnaud Labrel, j'ai envie de dire,
16:30il livre presque un scénario convaincant.
16:33C'est celui du suicide des parents.
16:36Son père et sa mère se disputaient.
16:39Son père n'appouvait plus de sa mère qui aurait un amant.
16:41Pourquoi pas ?
16:42Tout est plausible.
16:44Et finalement, il aurait empoisonné cette pauvre femme.
16:48Au début, les gendarmes vont un peu tiquer là-dessus.
16:50C'est le scénario qui veut croire et qui veut faire croire aux autres,
16:55mais ça ne tient absolument pas la route.
16:57Forcément, dans une telle enquête, on fait une enquête de voisinage.
17:00On voit que c'est un couple qui s'aime, c'est un couple qui partage tout.
17:04Il n'y a absolument pas d'amant dans cette histoire.
17:07Quel intérêt aurait eu l'époux à suicider sa femme et à se suicider ensuite ?
17:12Ça ne tient absolument pas la route.
17:14Et je pense que tous les témoignages...
17:17Ce qu'il pose vraiment en question, c'est plutôt le comportement de ce fils.
17:20Alors, un mot là-dessus.
17:22Parce qu'effectivement, il est un peu déroutant.
17:24Il y a beaucoup de témoignages qui vont s'accumuler.
17:26Et on va dire que c'est quelqu'un qui a une humeur plutôt sombre.
17:30Il est taciturne.
17:30Il peut être même violent.
17:32Il est déjà violent verbalement.
17:35On sait que dans son enfance...
17:37C'est sa soeur qui le raconte.
17:39Ça a toujours été un enfant difficile, voire pénible,
17:42qui avait un malin plaisir à houspiller, à embêter ses parents et à les insulter.
17:48C'est-à-dire qu'il insultait assez facilement et son père et surtout sa mère.
17:52Une mère qui était plutôt aimante et qui essayait toujours d'arrondir les angles,
17:55de faire en sorte que ce fils ne soit pas mal aimé par le père.
17:58Mais c'est vrai qu'il faut imaginer qu'à 28 ans,
18:01le couple en a un petit peu ras-le-bol, surtout le père,
18:04de voir, on ne va pas dire ce traîne-savate, mais c'est un peu un traîne-savate.
18:07À 28 ans, il n'a pas vraiment percé dans les études.
18:10Il est aide-assistant dans un collège à Masvaux.
18:14Il ne gagne trois fois rien.
18:16Il est tout le temps en train de fumer du cannabis.
18:18Bon, ce n'est pas forcément un mal-en-soi, même si c'est interdit.
18:22Mais je veux dire, ce n'est pas quelqu'un qui est brillant,
18:24à l'inverse de sa frangine,
18:25qui a vraiment un parcours, on va dire, plutôt réussi,
18:29qui est psychologue.
18:30Donc, on a vraiment deux portraits, deux éléments différents qui s'opposent.
18:35Et c'est vrai que le comportement de ce fils va poser question,
18:38même pendant l'enterrement, c'est-à-dire le curé va s'interroger
18:43sur le comportement de ce fils,
18:44alors que la sœur est effondrée,
18:46que le mari de la sœur est effondré.
18:48Lui, il est impassible, presque hors de cette scène d'enterrement.
18:54C'est comme la scène des infirmières qui viennent sur place,
18:57au chevet de la mère, qui est mourante.
19:00Et ce fils qui a des phrases qui sont chocs,
19:03qui sont dénués de toute humanité.
19:05Et évidemment, les gendarmes, ils prennent tout ça en compte.
19:07Et tous ces témoignages s'accumulent.
19:09Le curé, les infirmières, les médecins,
19:11tout ça pèse sur les épaules de ce fils.
19:15Ariane Combarelle, vous êtes avec nous dans cette heure du crime.
19:17Vous étiez à l'époque la juge d'instruction
19:19qui était en charge de ce dossier.
19:21Alors, on le voit avec Alain Cheval.
19:23Il y a un possible mobile, finalement.
19:25C'est la haine que porterait Arnaud à son père.
19:28Parce que son père, qu'est-ce qu'il a fait ?
19:30Il a menacé de lui couper les vivres.
19:32Le côté financier a pu jouer, mais pas que.
19:35Parce que si on reprend quand même
19:37la particularité de ce dossier au-delà de la mort,
19:41c'est l'empoisonnement sur le long terme
19:43qu'on a découvert en faisant les analyses de cheveux.
19:45Son père, empoisonné sur un temps très long.
19:48La mère, beaucoup moins longtemps.
19:51Donc, il y a une dimension, je dirais, presque perverse
19:53chez Arnaud Labrel, qui empoisonne un tout petit peu,
19:56comme s'il voulait voir comment son père réagissait.
19:59Donc, évidemment qu'il n'a pas voulu le prémunir
20:01contre l'empoisonnement final.
20:02Je ne pense pas que ce soit ça,
20:03mais le fait qu'il ait empoisonné son père
20:05sur plusieurs mois, puis sa mère,
20:07je pense qu'il y a une autre dimension que celle financière.
20:09Une dimension plus symbolique
20:11de la manipulation, du pouvoir exercé sur ses parents.
20:15Sinon, il n'avait aucune raison de tester l'arsenic à petit feu.
20:18Alors ça, c'est très intéressant ce que vous nous dites,
20:21Ariane Cambarel, effectivement,
20:22sur la construction de ce crime.
20:25Encore un mot, ce fils,
20:27effectivement,
20:28ce n'est pas facile, Arnaud Labrel,
20:30de l'interroger.
20:31C'était ni simple ni compliqué.
20:34Ce n'était pas une personnalité difficile à aborder
20:36parce qu'il était intelligent et comprenait les questions.
20:38Mais l'envers de la médaille,
20:41c'est qu'étant intelligent et comprenant les questions,
20:42il savait aussi ce qu'il ne fallait pas forcément répondre.
20:45Bonjour Muriel Thielen.
20:47Bonjour.
20:48Merci beaucoup, vous aussi, d'être avec nous
20:50dans cette heure du crime, avocate à Mulhouse.
20:52Vous étiez l'avocate d'Arnaud Labrel.
20:53Alors vous aussi, vous l'avez approché de près,
20:55ce garçon et ce suspect.
20:57Votre premier souvenir de cette rencontre avec Arnaud Labrel ?
21:01Le souvenir professionnel que j'ai,
21:03c'est la venue à mon cabinet d'un jeune homme
21:05qui me demande si j'accepte de me constituer partie civile pour lui
21:08parce que ses parents étaient décédés.
21:11Donc ça, ça a été le premier contact que j'ai eu avec lui.
21:14J'avais quelqu'un qui souhaitait se constituer partie civile
21:16et qui disait être affecté par la mort de ses parents.
21:19Il ne faut pas oublier qu'il a été le premier à évoquer l'arsenic.
21:22Oui, c'est effectivement Arnaud Labrel qui a parlé d'arsenic en premier.
21:26Ce qui a aussi été suspect par la suite.
21:30Tout le monde s'est interrogé sur les raisons pour lesquelles il avait évoqué cette piste-là
21:35alors que même les experts, les médecins n'avaient pas envisagé cette piste.
21:39Et c'est ce qui lui a été reproché aussi.
21:41Ça a été retenu comme un élément à charge.
21:44Un élément à charge, l'arsenic, le fils de la famille, va être placé en garde à vue.
21:49Arnaud Labrel, dernier dîner à l'arsenic.
21:52Je suis angoissé de me retrouver seul avec lui dans la maison.
21:55L'enquête de l'heure du crime.
21:56Quelle terrible rancœur aurait poussé le cadet de la famille à tuer ses parents ?
22:01Pourquoi se met-il la terreur ?
22:03À suivre dans un court instant sur RTL.
22:06Jean-Alphonse Richard sur RTL.
22:08C'est l'heure du crime jusqu'à 15h.
22:10Sucré.
22:11L'heure du crime présentée par Jean-Alphonse Richard sur RTL.
22:15Arnaud a voulu jouer au plus fin.
22:18Il s'est comporté en manipulateur, en joueur d'échec qu'il est.
22:23Et je crois que là, Arnaud a commis dans sa stratégie malsaine de défense, une erreur colossale.
22:32Retour aujourd'hui dans l'heure du crime sur l'affaire Arnaud Labrel.
22:35En 2003, ce trentenaire désœuvré se retrouve soupçonné d'avoir assassiné à l'arsenic son père et sa mère.
22:4118 mois plus tôt.
22:42Les enquêteurs le considèrent comme l'unique suspect.
22:44Il va être réinterrogé.
22:47Lundi 17 mars 2003, 10h du matin, Arnaud Labrel est placé en garde à vue.
22:52L'analyse de ses cheveux montre la présence d'arsenic, substance très volatile.
22:57Aucune trace de ce poison n'a été détectée.
23:00En revanche, dans les cheveux de sa sœur Florence, le jeune homme, explique que cet arsenic provient très certainement de son séjour prolongé chez ses parents, après les empoisonnements.
23:11Il dément avoir utilisé de l'arsenic, même s'il s'est beaucoup intéressé à ce poison.
23:17Après le drame, il a retourné la maison pour en trouver la moindre trace.
23:21Il dit avoir même goûté tous les aliments qui se trouvaient dans le frigo et les placards pour voir si ceux-ci avaient le goût caractéristique légèrement haillé de l'arsenic.
23:31Les enquêteurs l'informent de lettres écrites par sa mère qui déplorait son comportement outrancier et agressif.
23:39Il ne répond pas.
23:40Il se lance dans des explications sans queue ni tête.
23:42Florence, sa sœur, raconte qu'avant de sombrer dans le coma, son père lui avait avoué son angoisse de se retrouver seul à la maison avec Arnaud.
23:52Arnaud Labrel ne livre aucun aveu.
23:54Il est mis en examen écroué pour empoisonnement avec préméditation.
23:58L'expert psychiatre décrit un homme parfaitement conscient de ce qu'il aurait pu faire.
24:05Un individu en situation d'échec total dans son existence, un narcissique qui compte sur les autres.
24:12La psychologue dépeint une personnalité à la vie affective pauvre, sensible à la frustration, mais aussi à la colère et à l'agressivité.
24:22Et dans cette heure du crime, on retrouve l'une de nos invitées, c'est Ariane Combarelle.
24:27Vous étiez la juge d'instruction, je le rappelle, en charge de ce dossier à l'époque.
24:31Et merci encore d'être avec nous aujourd'hui dans cette heure du crime.
24:34Ariane Combarelle, comment est-ce qu'il se comporte, Arnaud Labrel, en garde à vue ?
24:39À la fois, il ne conteste pas avoir eu des relations de mémoire pas toujours simples avec ses parents.
24:45C'est en tout cas des déclarations qui sont très volubiles.
24:47Il parle beaucoup, il dit parfois des choses contradictoires.
24:51En tout cas, évidemment, il n'a jamais avoué, il n'a jamais dit que c'était lui.
24:55Il n'a jamais reconnu non plus qu'un mobile financier puisse être interview dans quelque soit, dans quoi que ce soit.
25:01Oui, c'est ça.
25:02Finalement, il ne dit pas grand-chose.
25:04Il avance en crabe, il fait des déclarations un petit peu ambiguës.
25:08Il parle beaucoup, mais pour rien dire.
25:09Alors, Ariane Combarelle, l'arsenic, parce que c'est un peu le centre de cette affaire que l'on développe aujourd'hui dans l'heure du crime, l'arsenic.
25:18Est-ce qu'on sait où on l'a trouvé ? Est-ce qu'on sait où il y en a dans cette maison ?
25:22Peut-être dans le dernier repas des victimes, en tout cas ?
25:25Oui, le fameux empoisonnement au Bibalescas.
25:27On n'a jamais pu prouver que c'est par l'empoisonnement du Bibalescas que cela puisse faire.
25:33Mais là aussi, c'est une forme de déduction.
25:35Il y avait bien un saladier avec du Bibalescas qui était présent au domicile.
25:38C'est bien le repas du soir qui a été évoqué par le père Labrel.
25:43Par ailleurs, l'arsenic, paraît-il, a un goût un peu particulier, mais qui pourrait être masqué si vous faites un Bibalescas avec beaucoup d'ail.
25:50C'est ça qui ramène de toute façon à Arnaud Labrel.
25:52Oui, c'est ça. Effectivement, tout conduit à ce garçon imprévisible et vraiment étonnant, en tout cas très controversé.
26:01Une psychologie un peu compliquée à décrypter.
26:05Alain Cheval, vous êtes avec nous, journaliste aux dernières nouvelles d'Alsace.
26:08Vous avez suivi tout ce dossier.
26:10Effectivement, on l'a dit, il a un profil un peu controversé.
26:14On découvre aussi qu'au sein de cette famille, on croyait que cette famille, tout était calme.
26:19Une espèce de mère tranquille, cette famille.
26:23Mais là, pas du tout. Il sème la terreur, il insulte tout le monde et il fait peur à tout le monde.
26:29C'est surtout sur les derniers mois.
26:30C'est surtout quand la mère a décidé de se ranger du côté de son époux.
26:35C'est ce que je disais tout à l'heure. Elle était plutôt à chercher à arrondir les angles, à apaiser les tensions.
26:40Mais c'est vrai qu'à un moment, le mari a décidé de couper les vivres du fils et la mère est allée dans ce sens-là.
26:47Et je crois que peut-être le déclencheur, c'était ce fameux testament dans lequel il a compris que Florence allait récupérer, entre guillemets, deux tiers de l'héritage
26:56et que lui, il serait un peu, entre guillemets, spolié et n'en aurait qu'un tiers.
27:00Je me demande même si la fois où on le retrouve à pénétrer chez sa sœur par le toit,
27:06il cherchait peut-être des documents.
27:08Ça, on ne le sait pas. L'enquête ne l'a pas dit.
27:09En tout cas, c'est vrai que c'est un comportement très particulier.
27:12Et les tensions se sont aggravées sur les derniers mois.
27:16Après, ce qui est assez marrant, c'est que si on regarde la contamination à l'arsenic,
27:20ce n'est pas la même pour et le père et la mère.
27:23C'est vrai, c'est vrai.
27:25Alors, est-ce que plus la contamination était longue,
27:31est-ce que ça veut dire que c'était moins je t'aimais ou plus c'était court, plus je t'aimais ?
27:35C'est un peu, on n'arrive pas à savoir.
27:37Mais c'est tout le personnage, c'est-à-dire qu'il est contradictoire.
27:40Il peut être attachant par certains points, mais ça reste un joueur d'échec.
27:44C'est-à-dire qu'il essaie d'avoir deux, trois coups d'avance,
27:46mais finalement, il a été rattrapé par, pas sa finesse de jeu,
27:50mais sans doute le manque de visibilité.
27:55Bien sûr.
27:56Tout à fait.
27:56C'est ça. Effectivement, il en a fait un peu trop et il est toujours en coup d'avance,
28:00mais ce coup-là, il ne l'a pas, ce coup d'avance sur les enquêteurs.
28:03Et c'est d'ailleurs heureux puisque l'enquête a prospéré dans ce sens-là.
28:08Ariane Combarel, pardon, la sœur, on le disait, elle a eu beaucoup de doutes sur son frère.
28:16Elle, en tout cas, elle a des suspicions parce qu'elle ne comprend pas ce qui a pu se passer
28:19et qu'à un certain moment, on pense que ses parents étaient empoisonnés.
28:21Oui, vu la personnalité de son frère, elle va y penser.
28:25De toute façon, en l'absence de toute autre piste,
28:27et compte tenu des relations qu'elle savait être conflictuelles entre ses parents et son frère,
28:31oui, elle ne peut pas ne pas y penser.
28:33Le fils de la maison va être jugé.
28:36Arnaud Labrel, dernier dîner à l'arsenic.
28:38Si j'avais tué mes parents, je n'aurais jamais parlé de ce poison.
28:41L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
28:45L'heure du crime, c'est avec Jean-Alphonse Richard sur RTL.
28:50L'heure du crime, présentée par Jean-Alphonse Richard sur RTL.
28:54Au programme, aujourd'hui, dans l'heure du crime,
28:57l'affaire Arnaud Labrel, double parricide en Alsace, octobre 2001.
29:01Ce jeune homme est suspecté d'avoir assassiné son père, sa mère, à l'arsenic.
29:05Malgré les indices, il dément jugé trois ans et demi plus tard.
29:10Lundi 14 mars 2005, Arnaud Labrel, 32 ans, cheveux courts, barbe bien taillée,
29:15que le roulet noir prend en place dans le box des accusés de la cour d'assises du Haut-Rhin, à Colmar.
29:20L'ancien aide-éducateur, a toujours nié avoir tué ses parents.
29:24À propos de sa mère, il déclare
29:26« Maman avait le cœur sur la main », au sujet de son père, il précise
29:30« Papa, de par son éducation, n'était pas du genre à faire des mamours,
29:34mais c'était un sacré bonhomme ».
29:36L'adjudant-chef Michel Christner, qui a mené l'enquête,
29:40évoque le comportement étrange et bizarre du fils de famille.
29:44« Très vite, on a éliminé la piste du suicide.
29:47Le couple Labrel était heureux.
29:49Arnaud Labrel a attiré toute notre attention », dit le gendarme.
29:53L'accusé, écoute, froid, détaché.
29:55« Je suis innocent », répète-t-il.
29:57« Ses parents », dit-il, « il les a toujours appréciés.
30:00Il reconnaît avoir dit à sa mère, sur son lit d'hôpital,
30:03que la mauvaise herbe nous enterrerait tous.
30:06Mais c'était pour l'encourager », se reprend-il.
30:09À propos de l'arsenic, il dit en avoir parlé,
30:12car pour lui, c'était clair que c'était un empoisonnement.
30:14« Si j'avais tué mes parents, j'en aurais jamais parlé ».
30:18Florence, sœur de l'accusé, la câble.
30:22Elle cite les paroles de son frère Arnaud,
30:25à l'oreille de son père qui agonisait à l'hôpital.
30:27« Papa, laisse-toi aller.
30:30Va rejoindre maman, tu seras bien », selon Florence.
30:34Arnaud a commis le double parricide pour un mobile financier et affectif.
30:38« Il a dû se dire qu'il était moins aimé.
30:41Avec son geste, il touchait mes parents.
30:43Et moi aussi », déclare-t-elle.
30:45L'accusé se borne à répéter « Je n'ai pas de réponse ».
30:49Après cinq jours de procès et 2h30 de délibéré,
30:52Arnaud Labrel est condamné à la perpétuité.
30:55assorti de 22 ans de sûreté.
30:59Et voilà donc pour cet accusé, assis sur ses certitudes.
31:03Muriel Thielen, vous êtes l'une de nos invitées aujourd'hui dans l'heure du crime,
31:06avocate à Mulhouse, vous étiez l'avocate d'Arnaud Labrel.
31:11Un souvenir de ce procès, Maître Thielen ?
31:14J'ai le souvenir d'un procès particulièrement éprouvant.
31:18Les faits étaient dramatiques.
31:20J'ai le souvenir qu'en entrant dans la salle de la cour d'assises,
31:24il y avait une hostilité mais qui était vraiment quasi générale.
31:28Et malheureusement, Arnaud Labrel avait un comportement
31:32qui ne le rendait pas forcément sympathique.
31:35C'était très maladroit en parlant trop au début ou pas assez
31:39quand il fallait répondre à des questions.
31:42Et ça a été très compliqué à gérer.
31:44Il n'a pas été un bon avocat pour lui, de par son attitude.
31:47Il n'a pas su se défendre, il ne s'est pas défendu correctement.
31:51Oui, ça c'est effectivement pour une avocate ou un avocat,
31:54c'est un peu le pire des clients.
31:56Alain Cheval, journaliste aux Dernières Nouvelles d'Alsace,
31:59il est assis sur ses certitudes, Arnaud Labrel.
32:02On a l'impression que rien ne se fissure.
32:04En tout cas, il est impossible à déverrouiller.
32:05C'est un coffre-fort ce garçon.
32:08Un peu, oui.
32:09C'est la sensation qu'on a eue au niveau des deux procès.
32:13D'ailleurs, un personnage froid, un calculateur, un peu fier, arrogant.
32:18Et je crois que c'est un peu déplu à la cour d'astuces.
32:20Bien sûr.
32:20Il n'a plus l'acquitté.
32:21Il ne faut pas se voiler la face.
32:23Il y avait quand même une absence de preuves formelles.
32:26Et surtout, il n'y avait pas d'aveu.
32:27Donc, il aurait très bien pu être acquitté à l'issue des deux procès.
32:30Mais pas du tout.
32:31Je pense que c'est son attitude qui a agacé les gens.
32:35Il faut aussi peut-être rajouter l'attitude de son comité.
32:38On peut peut-être assimiler Arnaud Labrel à une sorte de gourou.
32:44Il a des talents de véritables gourous.
32:46Et il y a un comité de soutien qui s'est constitué en sa faveur.
32:49Après, il s'est mis en examen.
32:51Et qui ne le lâchait pas.
32:52C'est-à-dire qu'ils étaient convaincus qu'il n'avait rien à voir avec le décès de ses parents.
32:56Et que l'enquête s'est complètement trompée.
32:59Qu'on n'a pas cherché les bonnes personnes.
33:00Et il y a eu des témoignages aux deux procès d'assiste qui étaient troublants.
33:07Parce que ces personnes auraient juré la main sur le cœur.
33:11Ou même à se faire couper la main.
33:13Que Arnaud Labrel n'avait rien à faire dans le box des accusés.
33:17Finalement, par deux fois, son attitude et les éléments ont fait qu'il a été condamné.
33:23Or, c'est vrai qu'il y a un élément qu'on ne doit pas oublier.
33:26C'est que le jury qui se retire aux 2h30 pour délibérer.
33:29C'est extrêmement court pour une affaire où il n'y a pas de preuves.
33:33Il n'y a rien.
33:33Tout à fait.
33:34Il n'y a pas beaucoup de questions que les jurés se sont posées.
33:38Effectivement, c'est très court.
33:392h30, ça m'a surpris aussi Alain Cheval.
33:42Il y a quelque chose aussi qui est très étonnant.
33:44Un mot là-dessus, Alain Cheval.
33:45C'est que lorsqu'il parle, on lui parle de l'arsenic.
33:48Alors évidemment, il fait des circonvolutions où il ne répond pas très bien.
33:51Mais il est quand même fier d'avoir parlé le premier de l'arsenic.
33:54Comme s'il avait découvert, lui, la clé de l'enquête.
33:57C'est ça ce qui fait ce profil qui n'est à la fois pas attachant.
34:02Mais on ne sait pas s'il se rend bien compte.
34:06Il s'auto-accuse.
34:08Clairement, les enquêteurs n'ont pas trouvé la preuve absolue qu'il y avait de l'arsenic.
34:13C'est des suppositions.
34:14C'est les témoignages du médecin qui arrivent et qui constatent effectivement sur la table
34:19à manger, il y a ce bol avec ce fromage blanc, ce bibalacasse.
34:24Mais on n'a pas, sur les analyses, puisqu'on a quand même ramené à des laboratoires,
34:28que ce soit à Colmar ou que ce soit à Strasbourg, on a ramené des restes de ce repas.
34:32Mais on n'a pas réussi, il n'y avait pas assez de quantité, assez de matière
34:35pour démontrer que c'était vraiment de l'arsenic.
34:38Donc, il s'est auto-accusé et on n'aura jamais le fin mot de l'histoire.
34:43D'autant plus qu'Arnaud est décédé, mais on n'aura pas le fin mot de l'histoire.
34:47Pourquoi a-t-il mis...
34:49Alors, peut-être dans cette forme de narcissisme, c'est-à-dire rester maître de lui,
34:54avoir le dernier mot, c'est peut-être ça, mais...
34:57C'est possible.
34:58...pour un psychiatre pour...
34:58Non, moi non plus, évidemment, Alain Cheval, mais effectivement,
35:02l'explication, elle est sans doute psychiatrique.
35:05On n'a pas la clé là-dessus.
35:07On n'a pas, encore une fois, réussi à déverrouiller ce garçon Ariane Cambarelle.
35:17La préméditation, vous avez instruit ce dossier.
35:20La préméditation, selon vous, elle ne fait aucun doute ?
35:23Ah oui, on ne met pas une dose massive d'arsenic dans un aliment quel qu'elle soit,
35:28sans avoir l'intention de tuer.
35:29L'empoisonnement antérieur, pour moi, n'est pas tant la préméditation de la mort,
35:33puisque par définition, le fait de leur avoir administré de l'arsenic
35:36petit à petit avant a, au contraire, retardé la mort.
35:40C'est pour ça que le père a mis trois jours à mourir.
35:42Son organisme était habitué à l'arsenic depuis bien plus longtemps.
35:45D'accord.
35:45Alors que, pour sa femme, ça a été...
35:47En quelques heures, elle est morte.
35:50Un condamné qui va faire appel.
35:53Arnaud Labrel, dernier dîner à l'arsenic.
35:55Il faut bien comprendre que ce que je dis, c'est la vérité.
35:58L'enquête de l'heure du crime, je vous retrouve tout de suite sur RTL.
36:01L'heure du crime, présentée par Jean-Alphonse Richard, sur RTL.
36:05L'heure du crime, présentée par Jean-Alphonse Richard, sur RTL.
36:09Dans l'heure du crime, aujourd'hui, l'affaire Arnaud Labrel,
36:12un trentenaire accusé d'avoir tué son père et sa mère en Alsace en 2001.
36:16Il les a empoisonnés à l'arsenic, un rarissime double parricide qu'il a toujours nié,
36:21condamné à la perpétuité en 2005.
36:24Il comparaît en appel l'année suivante.
36:27Lundi 2 octobre 2006, 5 ans presque jour pour jour après l'empoisonnement de ses parents,
36:33Arnaud Labrel est devant la cour d'assises d'appel du Barin à Strasbourg.
36:38J'ai toujours dit la vérité, je conteste les faits que l'on me reproche et qui m'attriste, répète-t-il.
36:43Il s'adresse au parti civil.
36:45Il faut bien écouter ce que je dis.
36:47Il faut bien comprendre que ce que je dis, c'est la vérité.
36:51L'accusé est à nouveau condamné à la perpétuité, assorti cette fois de 18 ans de sûreté et non plus 22.
36:59Samedi 11 février 2023, Arnaud Labrel, 50 ans, qui avait toujours revendiqué son innocence, décède à la prison d'un sissaïm.
37:09C'est une affaire triste au possible, c'est que du gâchis.
37:14C'était quand même une famille où il y avait de l'amour.
37:17Pierre et Gabriel étaient fiers de leurs enfants, étaient contents, un peu moins près suivant le parcours de Arnaud,
37:22mais ils n'étaient pas rejetés pour autant.
37:25Les parents faisaient tout pour qu'ils réussissent.
37:29La voix de Philippe Ziegler, le filleul de Gabriel Labrel, c'était dans l'émission sur la scène de crime.
37:38Alain Cheval, un mot avec vous.
37:39Vous êtes avec nous depuis le début de cette émission.
37:42Vous êtes journaliste aux dernières nouvelles d'Alsace et vous connaissez très bien ce dossier.
37:47Les jurés n'ont pas cru une nouvelle fois Arnaud Labrel.
37:50Pourtant, il s'est adressé à la partie civile et donc à sa famille et il a martelé son innocence.
37:56Pour faire un court résumé, même cause, même effet, il n'y a pas vraiment de changement.
38:03Je ne sais pas s'il aurait dû finalement admettre à demi-mot le geste, l'empoisonnement sur le long terme.
38:10Peut-être que ça aurait changé le jugement.
38:13C'est possible.
38:14Sa personnalité, c'est qu'il a joué, il a perdu, c'est un joueur d'échecs.
38:17Et ça reste quand même un crime machiavélique avec l'exécution à petit feu.
38:28Sans faire de la psychologie de comptoir, ça en dit long sur l'auteur.
38:33C'est une vengeance froide.
38:34C'est « Papa, tu m'as trahi, je vais te tuer.
38:37Maman, tu as choisi ton camp.
38:38Tu as choisi d'aimer papa et de me rejeter. »
38:41C'est un peu le sentiment qu'on donne.
38:43Donc, il y avait peu de chances que le verdict en appel soit indifférent du premier, même s'il gagne quelques années.
38:50Et puis finalement, il termine ses jours à la centrale d'NC Saïm.
38:54Mais c'est vrai, ce que disait le petit-fils, c'est dramatique.
38:59C'est une affaire dramatique avec une famille qui est décimée, sans avoir véritablement d'aveu, d'explication.
39:07Effectivement, cette famille, elle reste avec un problème d'interrogation,
39:09même si, effectivement, il n'y a pas beaucoup de doutes sur la culpabilité de cet homme.
39:14Arnaud Labrel, condamné à deux reprises à la perpétuité.
39:17Les jurés sont passés à deux reprises, ça fait quand même beaucoup.
39:20Ariane Combarel, vous étiez, vous, la juge d'instruction en charge de ce dossier.
39:26Vous avez mené toute cette instruction jusqu'à, évidemment, le renvoi devant les assises de cet homme, d'Arnaud Labrel.
39:32Deux procès aux assises, deux condamnations à la perpétuité.
39:35Un parricide, c'est rare, mais un double parricide, je suppose, Ariane Combarel, que la chronique judiciaire l'en compte très peu.
39:45Relativement rare, oui.
39:46Je pense que ça signale, notamment chez Arnaud Labrel, cette dimension psychologique particulière qui est liée à cet empoisonnement à petit feu.
39:54Ce n'est pas un coup de colère, ce n'est pas le coup de folie de certains.
40:00Enquête qui, je suppose, vous a beaucoup marqué, Ariane Combarel, parce que c'est quand même un peu particulier comme fabrication de crimes.
40:10Enquête qui a marqué les imaginations en Alsace ?
40:13Elle était tout à fait hors normes.
40:15D'abord parce que, encore une fois, c'était parti sur l'histoire de Champignon.
40:19Ensuite, on avait à cœur d'essayer d'identifier la personne.
40:23Donc, on a cherché ce laboratoire OHAV.
40:26Il faut se rappeler qu'à cette époque-là, il n'y a pas Internet.
40:29Tous les moyens de communication qu'on peut avoir aujourd'hui.
40:31Donc, trouver un laboratoire, avoir l'idée d'aller chercher au-delà.
40:34Il a fallu discuter avec les experts.
40:36Ensuite, pour faire les analyses qui nous ont amenés à trouver des traces d'arsenic sur les affaires d'Arnaud Labrel,
40:42on est allé chercher un appareil qui utilisait uniquement les douaniers suisses.
40:45Pendant la garde à vue, on a fait intervenir une psychologue.
40:48Alors maintenant, ça se fait beaucoup.
40:49Une espèce de profileur pour essayer de voir si on pouvait arriver à le faire parler, à l'amener.
40:54Ça n'a pas marché.
40:54Mais enfin, c'était une démarche particulière.
40:57On avait même, à un moment donné, mis des caméras au cimetière pour voir s'il allait parler sur la tombe de ses parents.
41:02Et puis l'arsenic.
41:03Marie Bénard, je crois que c'était le dernier empoisonnement à l'arsenic.
41:06Oui, c'est effectivement, vous citez Marie Bénard.
41:08Effectivement, c'est un empoisonnement qui est célèbre et qui est rentré dans la chronique judiciaire.
41:14Justement, cet arsenic, Ariane Cambarel, d'où est-ce qu'il venait cet arsenic ?
41:18Finalement, on ne le saura peut-être jamais.
41:22Alors, ça restera toujours la grande question.
41:25Il me semble que M. Labrel-Père avait été représentant de commerce
41:29et qu'on a envisagé l'hypothèse qu'il ait gardé des produits anciens qu'il avait peut-être vendus à un moment donné.
41:36En tout cas, ce qui est sûr, c'est que quand on a pu faire des perquisitions dans la maison,
41:39c'est-à-dire quand on a eu l'idée de faire une perquisition dans la maison,
41:40à partir du moment où on a envisagé l'hypothèse d'empoisonnement de l'approche,
41:44on n'a jamais retrouvé de paquets d'arsenic.
41:47Un petit mot avec vous, Alain Cheval.
41:49On le disait avec Mme Cambarel.
41:52C'est une histoire qui a beaucoup marqué.
41:54L'Alsace encore aujourd'hui, c'est quelque chose de très particulier.
41:57C'est extrêmement rare, le double parricide, on n'en a pas.
42:00C'est vrai que, je vais le faire très court, sur cette période, je crois que c'était en septembre 2000,
42:05du côté de Belfort, il y avait un adolescent de 15 ans qui avait poignardé ses deux parents,
42:09mais qui avait a priori entendu des voix.
42:12Oui, c'est ça. On a fait cette histoire dans l'heure du crime.
42:15Une dernière petite anecdote, puisqu'on en parlait de Marie Bénard,
42:20au moment du début de ce procès en appel, était diffusé sur les écrans télé,
42:25le téléfilm consacré à cette affaire Marie Bénard.
42:29C'est tout à fait étonnant.
42:32Effectivement, Muriel Thielen, avocate à l'époque d'Arnaud Labrel,
42:35impossible de savoir ce qui s'est passé dans cette maison.
42:39C'est tout le problème de ce dossier, c'est qu'on ne saura jamais.
42:42En fait, on ne saura jamais comment les parents ont été empoisonnés.
42:46On sait qu'ils ont consommé de l'arsenic,
42:47mais Arnaud Labrel, finalement, a été déclaré coupable par défaut.
42:52Et pour autant, on n'a jamais pu faire le lien avec un geste particulier de sa part.
42:56On n'a jamais pu établir qu'il s'était procuré de l'arsenic.
43:00On n'a jamais pu démontrer à quel moment, si c'était lui,
43:03il avait pu mélanger l'arsenic et à quels ingrédients,
43:07à quels effets alimentaires.
43:09Tout ça, ce sont des questions qui restent sans réponse.
43:13On ne saura jamais.
43:14Merci beaucoup, Muriel Thielen, Alain Cheval et Ariane Combarelle
43:19d'avoir été aujourd'hui les invités de l'heure du crime.
43:21Merci à l'équipe de l'émission, rédactrice en chef,
43:23Justine Vigneault, préparation de Lisa Canales, Pauline Descillons,
43:26réalisation en direct.
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