«Nos élites politiques ne maîtrisent plus l'histoire de France, notamment le chef de l'Etat » déplore D.Casali - Vidéo Dailymotion

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00:00Europe 1 soir, 19h, 21h, Pierre de Villeneuve.

00:04Autour de la table, quelques collectionneurs d'art, Victor Hérault.

00:07Bonsoir, bonsoir, journaliste politique à Valeurs Actuelles, Hélène Rouet.

00:11Bonsoir, Pierre.

00:12Journaliste politique au JDD, bonsoir Dimitri.

00:15Bonsoir.

00:16Casali, écrivain, essayiste, auteur de La Cante, La France perd la mémoire, les récits fondateurs de notre histoire.

00:23C'est chez Fayard, c'est paru ce mois-ci, ça sort du four.

00:28Il y a là 33 épisodes de l'histoire de France qui vont jusqu'à De Gaulle et qui commencent extrêmement tôt,

00:40même au baptême de Clovis, voilà, comme ça, commençons par le commencement,

00:45dans une France qui perd les pédales, qui perd la mémoire, qui perd son socle.

00:52On dit souvent d'ailleurs, c'est écrit dans plusieurs essais politiques ces derniers temps, Dimitri,

00:58qu'on est peut-être à la fin d'un des fameux cycles de Condratief,

01:03qui dit que les cycles de l'histoire, c'est 50 ans,

01:07qu'on est pile 50 ans après un budget à l'équilibre.

01:12Ça, par exemple, c'est le livre de Thierry Breton qui a été récemment, à mon invité, dans le Grand Rendez-vous Européen,

01:19et qui disait que, voilà, là on est peut-être à la fin d'un cycle.

01:22François-Olivier Gisbert part également du cycle de Condratief.

01:26Il y a plusieurs livres comme ça qui disent qu'on est peut-être à la fin d'un cycle et qu'il faut,

01:30ça c'est vous qui le dites, qu'il faut se ressaisir.

01:33Il faut quand même rappeler qui nous sommes.

01:35Bien sûr, bien sûr, là je pense qu'effectivement nous sommes en train de toucher le fond et de racler le fond

01:42comme jamais notre France l'a atteint.

01:46Mais à chaque fois, à chaque fois, que ce soit avec Jeanne d'Arc, que ce soit avec Henri IV,

01:52que ce soit avec Napoléon justement, avec le général de Gaulle bien sûr,

01:56on a eu des hommes ou des femmes providentiels et on a pu rebondir.

02:00Et effectivement, à chaque fois, on a rebondi en réconciliant tous les Français

02:07autour d'un récit national, équilibré, fédérateur, qui trouve les ressources.

02:15Et la France a les ressources dans sa merveilleuse histoire pour essayer de réconcilier tous les Français.

02:21Et ça c'est le plus difficile à écrire parce qu'aujourd'hui la France est fracturée comme jamais.

02:26Il y a eu une crise éducative, une crise de la transmission, une crise politique, économique, etc.

02:31Et je pense que c'est par l'histoire qui forme à la citoyenneté qu'on peut guérir,

02:35qu'on peut soigner les Français parce que vraiment il y a toutes les valeurs essentielles dans notre histoire.

02:42Et il suffit de raconter à nouveau ce récit pour réconcilier tous les Français.

02:46Alors, on est aussi à un moment où il y a une crise de la laïcité que vous défendez,

02:52vos Dimitri Casali depuis très longtemps.

02:54Alors, on est plus près de votre chapitre 2 qui concerne Charles Martel que de l'Édith de Lentz et de la Saint-Barthélemy.

03:02Mais on est quand même à nouveau dans une forme de guerre de religion aujourd'hui en France ?

03:06Exactement.

03:07Aujourd'hui, on sent bien que nous sommes à peut-être...

03:12Alors, à moins qu'un nouvel Henri IV arrive avec l'Édith de Nantes,

03:16mais à la veille d'une peut-être possible guerre des religions.

03:20Il faut rappeler, aujourd'hui les Français ont oublié ce que furent ces 40 années de guerre civile

03:26en France qui ont causé pratiquement 2 millions de morts

03:31et qui ont provoqué un siècle de retard pour notre pays par rapport à l'Angleterre ou les Pays-Bas.

03:40Donc, vraiment, ce fut un désastre.

03:42Et là encore, grâce justement à Henri IV et conseillé par Montaigne,

03:49la France a su se réinventer grâce à cet Édith de Nantes de 1598

03:54où pour la première fois, on faisait la distinction entre le serviteur de l'État

04:00qui devait obéir aux lois du souverain

04:02et le croyant qui devait obéir à sa religion dans la sphère privée.

04:08C'est la grande nouveauté, la grande création, la grande invention,

04:13la grande spécificité française,

04:15parce que ce sont nous, les Français, qui avons inventé la laïcité

04:19et ça permet effectivement de pratiquer sa religion en paix,

04:24mais en restant dans la sphère privée.

04:25Il y a deux lectures pour la laïcité.

04:27Vous, je sais, vous faites partie des gens qui disent que la laïcité c'est super.

04:31Moi, je fais partie des gens qui pensent aujourd'hui que malheureusement,

04:34malheureusement, on est arrivé quand même dans une époque laïcité souvent punitive.

04:38Cela dit, je parlais de Charles Martel, parce qu'il en est question, bien sûr, dans votre livre.

04:44Et ce qui est assez amusant, c'est de lire que Charles Martel, dans les pays arabes,

04:47est considéré comme un exemple.

04:49Absolument.

04:50Et c'est lui quand même qui a freiné à l'invasion.

04:53Voilà, il faut à nouveau raconter cette histoire.

04:55Il faut reconnaître justement tous ces grands personnages

04:58qui sont plus appris comme Charles Martel,

05:00parce qu'il a repoussé les Arabes à Poitiers en 732.

05:02Et aujourd'hui...

05:04C'est bien, il connaît son micro-héros !

05:06Eh bien, c'est une autre passion de mon domicile, c'est pour ça.

05:09Et les programmes scolaires ont supprimé Charles Martel

05:13parce qu'il ne fallait pas trop blesser les petits Arabes dans les écoles.

05:18Donc vous voyez, on en est réduit à ce genre de subterfuge.

05:21Alors qu'effectivement, dans les pays, c'est au Caire,

05:25à l'université du Caire, il présente Charles Martel

05:27comme celui qui a vaincu, justement, qui a repoussé l'invasion arabe.

05:32Mais justement, ce qui est bien, c'est qu'on remet...

05:35Vous avez vu, je défends la laïcité, certes,

05:38mais je défends aussi nos racines chrétiennes

05:40qu'il faut absolument reconnaître.

05:42Qui font partie de la tradition.

05:44Nous avons 1 500 ans d'histoire chrétienne,

05:48donc ça, il faut absolument déjà le reconnaître,

05:52parce que, comme vous le savez,

05:53certains partis disent que l'histoire de France commence en 1789,

05:58il faut d'abord reconnaître que nous avons 55...

06:00Ça a été démontré aux Jeux Olympiques encore dernièrement.

06:02Voilà, et que nous avons regardé notre territoire.

06:0455 000 églises partout, dans les plus petits villages.

06:08Vous voyez cette tradition chrétienne qui est là,

06:10qui est omniprésente, donc il faut la reconnaître.

06:12Et surtout, il faut la protéger.

06:14Parce qu'aujourd'hui, elle n'est pas protégée.

06:16Il y a des incendies d'églises en 2024.

06:20L'église de Saint-Omer a été complètement détruite.

06:24Il y a plus de 1 000 actes anti-chrétiens par an.

06:29Il faut absolument protéger cet héritage et ses racines chrétiennes

06:33pour pouvoir vivre justement cette laïcité d'une manière paisible.

06:36Madame Rouet, du JDD.

06:39Alors, depuis qu'Emmanuel Macron est au pouvoir,

06:41il a organisé environ une trentaine à peu près d'hommages nationaux.

06:46Quel est votre regard sur le rapport que le président de la République

06:48entretient avec la mémoire, avec le récit national ?

06:51Ouh là là, là, vous me cherchez un peu, là.

06:54Parce que justement, je pense que le problème majeur,

06:57c'est que nos élites politiques, notamment,

07:00ne maîtrisent plus leur histoire de France.

07:04Et, au premier chef, justement, le chef de l'État.

07:07Depuis bientôt 8 ans, on s'aperçoit

07:09qu'il ne connaît pas son histoire de France.

07:13Sinon, jamais il aurait dit qu'on avait commis un crime

07:15contre l'humanité en Algérie.

07:16Jamais il aurait dit qu'il n'y a pas d'art français,

07:19qu'il n'y a pas de culture française.

07:20Quand on connaît le classicisme depuis Louis XIV,

07:25qui a irrigué le monde entier,

07:27et c'est un chef d'État qui nous dit ça,

07:29on voit bien qu'il ne connaît rien.

07:30Donc, malheureusement, les conséquences sont dramatiques,

07:34puisqu'il a encore plus fracturé les Français entre eux.

07:38Et c'est par l'histoire, comme je vous dis,

07:40qu'on forme la citoyenneté, qu'on redemple...

07:41Pourtant, il est passionné d'histoire, Emmanuel Macron.

07:44Vous ne diriez pas ça ?

07:45Je dirais de philosophie, je dirais qu'il est brillant.

07:48Bien sûr qu'il est brillant,

07:49mais vous savez, il y a plein d'hommes politiques brillants.

07:52En ce moment, il est beaucoup sur les réseaux sociaux.

07:54Enfin, c'est quand même quelqu'un qui est...

07:55Mais s'il connaissait mieux les racines de l'histoire de France,

07:59notre héritage,

08:00il saurait parler aux Français.

08:03On fait dire à l'histoire,

08:04vous le savez aussi bien que moi, ce qu'on veut.

08:05Oui, mais quand même, il y a les faits, les dates...

08:08Les tangentes sont différentes.

08:09Il y a quand même des...

08:09Victor Hérault !

08:12Oui, je voudrais aller sur le terrain, pardonnez-moi,

08:13mais de l'immigration, puisque vous parliez...

08:16Il y a quand même des générations immigrées

08:18ou issues d'immigrés

08:19qui constituent la majeure...

08:21Une grande partie, pardonnez-moi,

08:22des élèves dans plein d'écoles.

08:24Vous disiez, le savoir se perdent,

08:26notamment les savoirs historiques.

08:28Je me souviens de l'épisode où Nicolas Sarkozy

08:29avait fait polémique avec une phrase aussi banale

08:31que nos ancêtres les Gaulois.

08:32Et encore aujourd'hui,

08:33toute une personne raille cette phrase.

08:35Ma question, c'est,

08:36comment est-ce que vous comptez faire assimiler l'histoire

08:38et faire s'assimiler à notre histoire

08:41des gens qui, pour des raisons diverses et variées,

08:44se disent, mais enfin,

08:45ce ne sont pas mes ancêtres,

08:46ce n'est pas mon histoire,

08:47je ne m'identifie pas,

08:48ni aux valeurs, ni à la culture, ni aux références.

08:50C'est ça le vrai point.

08:50La vraie réussite de la République,

08:52comme je vous le disais,

08:53il y a un héritage monarchique et chrétien

08:55qu'il faut défendre,

08:56mais il y a aussi un deuxième héritage...

08:57Non, non, non, non,

08:58c'est pas ça la question.

08:59Dimitri Cazali,

09:00c'est la manière de le faire.

09:02Oui, l'intégration.

09:02C'est pas le yaka faucon,

09:03tous les politiques qu'on reçoit ici nous disent.

09:05L'intégration à la française

09:07a fonctionné mieux que jamais

09:08pendant plus de 100 ans.

09:10C'est ça qui a été remarquable

09:11avec la Troisième République,

09:13mais même avant,

09:14ça commence sous Napoléon III.

09:15Parce que là, vous publiez un livre,

09:16c'est très bien,

09:16mais il faudrait presque

09:17le distribuer gratuitement

09:19dans toutes les écoles

09:19en demandant de faire

09:20une interrogation écrite derrière.

09:22Parce que justement,

09:23j'en parle dans le chapitre

09:24sur les grands immigrés

09:25qu'ont fait la France.

09:26Vous savez, ça commence

09:27avec le premier maire de Paris

09:28en 1879

09:29de Hérédia

09:30qui était noir.

09:31Ça, déjà, si on apprenait,

09:32le premier député noir,

09:33c'est Blaise Dianney en 1914.

09:35Après, il y a Joséphine...

09:36Il y a ce personnage fantastique aussi,

09:38italien en Côte d'Ivoire.

09:41Voilà, Pierre Savornien de Brazzat,

09:42un italien amoureux fou de la France

09:45qui va aller dans les colonies françaises,

09:47enfin, qui va faire la conquête du Congo

09:49en rachetant tous les esclaves noirs

09:52aux tribus africaines

09:54qui pratiquent la traite intra-africaine.

09:56Ça, on ne le répétera jamais assez.

09:57Ce n'est pas les Français.

09:58Et qui leur dit

09:59« Tu es libre ».

09:59Voilà, la France a inventé

10:01l'abolition de l'esclavage.

10:02Elle n'a pas inventé l'esclavage.

10:04Et il leur dit, effectivement,

10:06« Touche ce poteau sur lequel

10:07il avait hissé un drapeau français

10:08et va maintenant, tu es libre ».

10:10Et la plupart préféraient rester avec lui.

10:14Donc, il y a tous ces grands immigrés,

10:16bien sûr...

10:16Dumas.

10:17Ah, Dumas.

10:18Et après, je parle de Félix Éboué,

10:21serait ce premier résistant noir

10:23qui a rejoint le général de Gaulle

10:24en août 1940,

10:26alors qu'il n'y avait que 5000 personnes.

10:27Donc, si on apprenait

10:28à tous ces petits immigrés

10:31issus des banlieues,

10:32tous ces grands immigrés

10:33qu'ont fait la France,

10:35eh bien, au moins,

10:36je pense qu'ils seraient

10:37non seulement intégrés,

10:38ils seraient assimilés.

10:40Les récits fondateurs

10:42de notre histoire

10:43quand la France perd la mémoire,

10:44c'est chez Fayard.

10:45Merci beaucoup, Dimitri Casali,

10:46d'avoir été avec nous.

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