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00:00On a le plaisir d'accueillir Jean-Michel Blanquer, bonsoir à vous, ancien ministre de l'éducation nationale et auteur de ce livre
00:05« Civilisation française » aux éditions Albain Michel, on va y revenir, je suis inquiète, pour notre civilisation française, elle est en danger selon vous.
00:12On était juste avant que vous n'arriviez en train d'évoquer les mots du chef d'état-major des armées, le général Mandon,
00:18qui nous met en garde contre une confrontation avec la Russie d'ici 2030, c'est très précis, par solidarité avec d'autres pays.
00:26Il dit qu'il va falloir accepter l'idée de perdre des enfants.
00:30À l'instant, on a Jean-Luc Mélenchon qui monte sur ses grands chevaux et qui dit « Où est Emmanuel Macron ? Pourquoi permet-il ça au chef d'état-major des armées ? »
00:37Il y a un risque de guerre. On est dans un monde où la guerre peut survenir, selon vous, Jean-Michel Blanquer ?
00:42Où est-ce qu'on nous fait peur ? On joue à nous faire peur.
00:44Je pense qu'il y a plusieurs sujets dans une affaire comme celle-ci.
00:48La première, c'est le fait d'être toujours préparé à la guerre, quel que soit l'adversaire.
00:52La première caractéristique d'une démocratie, ça doit être d'être capable de se défendre contre les forces antidémocratiques,
00:59que ce soit à l'extérieur ou à l'intérieur.
01:00Donc, d'une certaine façon, il y a une banalité à dire cela.
01:04Heureusement qu'un pays doit être capable de se défendre.
01:07Et se défendre, c'est malheureusement perdre des soldats, donc nos enfants.
01:10C'est une sorte d'évidence qu'il faut rappeler.
01:14Évidemment, il faut éviter que ce soit le cas, mais il faut être prêt.
01:17Qui veut la paix prépare la guerre, c'est bien connu et c'est un adage éternel.
01:21Donc, que cette évidence soit rappelée ne me paraît pas du tout choquant.
01:25Ensuite, il y a un deuxième sujet qui est celui de la relation avec la Russie.
01:28Et là, je pense qu'il faut savoir distinguer le court terme et le long terme.
01:31C'est ce que j'essaie de faire dans le livre.
01:32Je parle d'ailleurs de la Russie à un moment donné.
01:34C'est qu'à court terme, il y a indiscutablement une agressivité russe contre nous.
01:38C'est un fait.
01:39Je l'ai moi-même constaté d'ailleurs lorsque j'étais au gouvernement.
01:41Des attaques numériques auxquelles nous ne répliquions pas assez.
01:44D'ailleurs, je pense qu'il faut savoir répondre à l'agressivité.
01:47Donc, c'est un fait.
01:48Il est très regrettable, mais on ne choisit pas ses adversaires quand ils vous attaquent.
01:53En revanche, il faut savoir penser à une Russie post-Poutine et à une Russie de demain.
01:58Et c'est d'ailleurs le même sujet avec l'Iran.
02:01Autrement dit, ce sont des pays potentiellement amis.
02:03Et justement, d'un point de vue civilisationnel, si vous voulez, demain, l'Europe de l'Atlantique à l'Oural, ça peut faire sens.
02:09Ça paraît un peu étonnant de dire ça aujourd'hui parce qu'on a tous l'œil sur le guidon.
02:14Mais en réalité, il faut avoir ce type de vision.
02:17Et c'est d'ailleurs parler de cela qui peut-être apaisera les choses, si ce n'est de gouvernement à gouvernement,
02:22au moins de société à société, et qui doit nous permettre justement de préparer la paix pour le coup.
02:28Et donc, je pense qu'il faut savoir tenir les deux bouts de cette chaîne et avoir et la vision de court terme,
02:33où on doit être toujours préparé à tout, et la vision de long terme, où on doit avoir un idéal.
02:38En même temps, Jean-Michel Blanquer, on est dans un pays qui a tant de mal à préparer l'avenir immédiat de ses propres enfants.
02:44On nous projette en 2030 une confrontation avec la Russie.
02:47On a du mal à les éduquer.
02:48Et vous le savez, vous avez été ministre de l'Éducation nationale.
02:50On a du mal à leur enseigner ce que sont les valeurs de la République, ce que sont les valeurs de la vie en société.
02:55Est-ce qu'on ne mélange pas tout en réalité ?
02:58Il y a quand même des priorités, des ultra-priorités aujourd'hui ?
03:01Oui, mais justement, les priorités s'ordonnent en fonction d'une vision de long terme.
03:04Ce qui est une de nos maladies contemporaines, c'est le court-termisme.
03:08Et donc, d'être sans arrêt balotté dans un sentiment d'urgence et puis d'absence de sens,
03:13parce que les choses ne sont pas reliées entre elles.
03:15Or, si on doit les relier, c'est toujours au travers de l'idée républicaine,
03:18c'est-à-dire le commun, ce qui nous rassemble.
03:20Par exemple, le service national, c'est quelque chose qui, normalement, nous rassemblait,
03:24faisait un creuset républicain.
03:25Et c'est pourquoi je prononcie le retour d'un service national.
03:28C'est lié à notre sujet.
03:30Et encore une fois, un pays doit être toujours capable de se défendre.
03:34Et il doit avoir l'esprit de défense.
03:36Pas seulement des bonnes armes, une armée professionnelle bien préparée,
03:39mais aussi un pays qui a des valeurs et qui est prêt à les défendre.
03:44On peut dire le contraire par démagogie,
03:47mais c'est ce qui mène justement à la mort des civilisations ou des pays.
03:50Donc, il faut avoir cet esprit de défense.
03:53C'est d'ailleurs, entre l'éducation nationale et la défense,
03:55il y a des accords pour cela.
03:56On a des classes défense, on a des choses qui sont faites.
03:59Il faut que ça aille plus loin pour que ce soit naturel pour tout enfant de France,
04:02non pas de mourir pour son pays, mais de servir son pays.
04:05Alors, justement, on parlait des enfants de France.
04:06On a eu une étude assez intéressante publiée cette semaine par les Figaro concernant l'islam,
04:11notamment sur les jeunes générations, avec des chiffres édifiants.
04:15Une jeune femme sur deux qui dit porter le voile de façon volontaire.
04:1757% qui pensent que les lois coraniques doivent être au-dessus de la loi de la République.
04:22Encore une fois, à la lumière de votre livre,
04:24est-ce que nous pouvons encore fabriquer un substrat national et faire une civilisation française ?
04:30Oui, c'est encore possible, mais il est un peu minuit moins cinq sur ce sujet.
04:33Certains diront qu'il est minuit cinq.
04:35Moi, je dis les minuit moins cinq, c'est-à-dire qu'on peut se redresser.
04:38Encore faut-il faire envie.
04:39Encore faut-il avoir un modèle de société.
04:41Encore faut-il avoir un idéal de société républicain qui soit intégrateur.
04:45Donc, aujourd'hui, il y a notre modèle d'intégration républicain
04:49qui fonctionne en partie et qui dysfonctionne en partie.
04:53On insiste beaucoup sur les dysfonctionnements,
04:55mais il faut aussi regarder ce qui marche dans le modèle républicain français
04:58et faire levier avec ça.
05:00Et c'est les propositions que je fais.
05:02Là-dessus, pour lutter contre le séparatisme, pour lutter contre le communautarisme,
05:06qu'est-ce que vous proposez dans la civilisation française ?
05:08D'abord, la première des choses, c'est retrouver cette cohésion nationale
05:12qui passe par le sujet principal dont je parle,
05:15qui est celui de retrouver notre territoire et de ré-irriguer notre territoire.
05:19Et donc, la langue, ce sont mes trois éléments, en effet,
05:24les trois supports de civilisation.
05:26Et la langue, ça porte énormément de choses.
05:28C'est, évidemment, la culture, l'éducation, etc.
05:32On doit avoir un creuset républicain.
05:34En France, le fait de s'auto-dénigrer en permanence
05:36est un des éléments qui va contre l'intégration.
05:40Si vous regardez les immigrés aux États-Unis,
05:42très souvent, ils ont beaucoup plus de difficultés matérielles qu'en France.
05:46Ils sont moins bienvenus à bien des égards.
05:49Néanmoins, à la fin, le jour où ils sont naturalisés,
05:51ou même où ils ont une carte, c'est...
05:52Ils sont patriotes, hein ?
05:53Exactement, c'est ce que je veux dire.
05:54La main sur le cœur et l'hymne américain.
05:57Nous, en France, on passe notre journée à dire que la France, ça va mal,
06:01c'est un pays pessimiste, un pays raciste, etc.
06:05Comment voulez-vous faire envie et qu'ils disent que les lois de la République,
06:08c'est ce qu'il y a de plus haut et de plus important,
06:09si toute la journée, nous disons du mal de nous-mêmes ?
06:11Donc, il faut retrouver une forme de volontarisme et d'optimisme français
06:15qui a existé dans des temps anciens.
06:17La France était considérée, même à l'échelle européenne et mondiale,
06:20comme le pays de la vaillance, de l'optimisme, de la créativité.
06:23Quand on est vu du siècle ?
06:25Oui, jusqu'au milieu du XXe siècle, en gros.
06:27C'est-à-dire, je pense que, si vous voulez,
06:29les deux guerres mondiales et les crises économiques
06:31ont donné des coups de bélier dans notre confiance en nous-mêmes, en fait,
06:35et qu'on est rentré dans un cercle vicieux de la défiance de nous-mêmes.
06:39Et quand on n'a pas confiance en soi-même, on ne fait envie à personne.
06:42Donc, le sujet aujourd'hui, c'est comment retrouver du collectif.
06:46Sur chacun des sujets qu'on va aborder,
06:48à chaque fois, c'est la même question centrale, qui est matricielle pour le reste,
06:52c'est comment on vient équilibrer tout ce qui fragmente aujourd'hui,
06:55combien on vient compenser ce qui fragmente aujourd'hui.
06:57Un système démocratique, par définition, ça crée de la diversité,
07:01ça crée des droits, ça crée des libertés, ça crée de l'affirmation de différence.
07:04Ce qui est très bien, c'est le principe de la démocratie.
07:06Mais s'il n'y a que ça, vous n'avez que de l'individualisme, voire du communautarisme.
07:11Il faut du commun, de la République, c'est-à-dire de la res publica, de l'intérêt général,
07:17du creuset qui passe par l'école, par le service national, par une série d'institutions
07:21qui font qu'on ait ensemble, quelles que soient nos classes sociales et nos origines.
07:25Et donc, vous devez avoir et l'un et l'autre, c'est-à-dire et la démocratie et la République.
07:31Et cette idée-là, vous pouvez la décliner en économie, dans le domaine social,
07:35dans le domaine culturel, dans le domaine urbanistique, etc.
07:39Et donc, c'est à cette condition que nous nous maintiendrons comme civilisation
07:43avec de l'exigence envers nous-mêmes.
07:45Une question de Geoffroy Lejeune à Jean-Michel Blanquer.
07:47Je vous écoute parler de civilisation française et on sait que les civilisations sont mortelles.
07:51Si à très court terme, je pense que vous parliez tout à l'heure de long terme,
07:54si à très court terme, il y avait un péril mortel qui nous conduisait de minuit moins 5 à minuit 5,
08:00lequel serait-il, selon vous, la priorité des priorités du moment ?
08:04La priorité, c'est justement de savoir se défendre, en effet.
08:06C'est-à-dire être capable de prendre les mesures qui permettent de faire face.
08:10Regardez ce qui s'est passé pendant la crise sanitaire.
08:12Nous avons...
08:14Alors, vous parliez en termes de menaces géopolitiques ?
08:16Non, non, non, je ne sais pas.
08:18Certains disent l'immigration, d'autres disent l'islamisme, l'autre, le narcotisme.
08:21La caractéristique de notre époque, c'est qu'elle est multirisque.
08:24Et je ne les hiérarchiserai pas entre eux.
08:26La question du narcotrafic, qui est dans l'actualité aussi, est une question gravissime et très concrète.
08:32Ce qui s'est dit aujourd'hui sur la Russie, c'est une question potentielle, c'est une question de scénario.
08:36Il y a un scénario négatif, il existe, il faut le regarder en face.
08:40Et il faut travailler à d'autres scénarios aussi, bien sûr.
08:43S'agissant du narcotrafic, ce n'est pas un scénario, c'est déjà là, c'est une réalité.
08:47Elle nous menace, elle gangrène la République, comme elle gangrène tout pays où le narcotrafic prend trop d'importance.
08:53Et c'est ce qui est arrivé chez nous, ce qui est en train d'arriver,
08:56puisqu'à partir du moment où il y a des milliards qui sont en jeu,
08:58c'est entre 4 et 10 milliards d'euros de trafic de drogue au moins par an chaque année en France.
09:04Vous avez une capacité de corruption qui est gigantesque avec cet argent.
09:07Et donc, c'est des quartiers entiers qui basculent dans autre chose que l'autorité de l'État.
09:11Et ça, c'est une menace, iket nunc, à laquelle il faut faire face par l'affirmation de l'autorité de l'État.
09:17Une question d'André Vanini, peut-être.
09:19C'est moins une question qu'un regret.
09:22Jean-Michel Blanquer a été ministre de l'Éducation nationale pendant 5 ans.
09:27Il a des valeurs, c'est un républicain, c'est un républicain fervent.
09:31Moi, j'apprécie beaucoup ce qu'il dit.
09:33Et je lui disais à l'instant, à l'oreille, que depuis qu'il est parti,
09:37nous avons eu 7 ministres de l'Éducation en moins de 5 ans, 7 en 4 ans.
09:42Une instabilité ministérielle jamais vue en France, à l'éducation et à la santé.
09:47Qui dirige le pays ? Qui dirige les administrations ? Les hauts fonctionnaires.
09:50C'est une catastrophe que cette instabilité ministérielle.
09:53On ne le dit pas assez.
09:54Mais la santé et l'éducation sont les deux ministères qui connaissent un turnover, si j'ose dire, de ministres.
10:00On change de ministre à peu près tous les 6 mois.
10:01M. Blanquer avait une vision, il a eu 5 ans pour mettre en œuvre sa vision.
10:06Ses successeurs n'ont même pas le temps de s'installer, de connaître les dossiers qui sont déjà remplacés.
10:10Vous le regrettez aussi, vous l'avez regardé dans votre précédent livre.
10:12Ah oui, c'est malheureusement complètement indiscutable.
10:15C'est ainsi et c'est triste.
10:16C'est-à-dire, j'ai souvent eu à dire que mon idée était qu'on devait avoir une vision sur 10 ans.
10:22Je ne voulais pas être ministre 10 ans, je rassure tout le monde.
10:26Mais c'était qu'il y ait une seule personne pour les 5 ans du deuxième quinquennat.
10:30Mais c'est à l'image d'autres problèmes que ce quinquennat a eu.
10:33Et si on avait eu ça, avec une continuité dans les lignes,
10:36et puis éventuellement de nouvelles lignes pour approfondir.
10:40Alors, un petit élément d'optimisme malgré tout,
10:42c'est qu'il y a certaines politiques publiques qui ont été enclenchées en 2017,
10:46qui valent toujours et qu'on n'en parle pas, mais elles continuent à produire certains fruits.
10:49L'exemple typique, c'est le dédoublement des classes.
10:51C'est quand même 400 000 enfants par an, ça existe encore aujourd'hui.
10:54Et c'est une des choses qui nous permet, ça aussi on n'en parle jamais,
10:57parce qu'il faut parler aussi des points positifs,
10:59un début de petit rebond du niveau de l'école primaire,
11:03tel que mesuré à l'âge de 8 ans.
11:04D'ailleurs, demain, ce sera dans l'actualité, je ne connais pas les résultats.
11:07Mais demain, vous aurez les résultats des évaluations nationales
11:10que tous les parents d'élèves connaissent,
11:12puisque c'est ce qu'il y a en début de CP, début de CE1, début de CM1,
11:15début de 6e, début de 4e, début de 2e,
11:18et qui nous permettent de voir comment évolue le niveau de chaque enfant de France,
11:23en français et en mathématiques.
11:24C'est des choses de longue haleine, et vous avez raison.
11:27C'est-à-dire que, depuis tout à l'heure, je ne parle que du long terme,
11:30en disant, ayons une vision de long terme.
11:31L'éducation, c'est le sujet par excellence de long terme.
11:34Lorsque j'étais ministre, on attendait toujours que le lendemain matin,
11:37des magies s'accomplissent.
11:39Mais ce n'est jamais comme ça.
11:40Vous devez semer des graines, arroser.
11:43Et donc aujourd'hui, sur certains sujets, il y a des petits bourgeons,
11:46et tous n'ont pas connu le gel au cours des trois dernières années.
11:51D'abord parce qu'il y a eu des continuités assumées par certains ministres,
11:54parce que l'administration a continué certaines choses,
11:56mais il y a eu des choses abîmées.
11:57Ne serait-ce que parce que tout ça, c'est affaire de technique,
12:00mais c'est aussi affaire de psychologie.
12:01On doit sentir le cap.
12:02On doit voir où on va.
12:05Et quand vous dites que c'est les hauts fonctionnaires qui gouvernent,
12:06j'aimerais presque que vous ayez raison.
12:08Ce n'est même pas ça.
12:09C'est juste le canard sans tête dans ces cas-là.
12:11C'est la machine qui est tronde à vide.
12:12Vous dites aussi dans votre livre, pour s'intégrer à la France,
12:16ce n'est pas seulement habiter son sol, c'est partager son âme.
12:19Quand on voit, encore une fois, les résultats de cette enquête IFOP,
12:22quand on voit que des jeunes pensent que les lois de la religion,
12:25quelle qu'elle soit, sont superables à la haute-là,
12:27comment est-ce qu'on peut encore partager l'âme d'un pays,
12:30et donc faire nation ?
12:32Par la fierté de nous-mêmes.
12:34Je pense que ça vraiment...
12:35Et qui ensuite se diffuse dans tous les sujets.
12:38C'est une formule magique, ça.
12:39De toute façon, il n'y aura pas...
12:41Rien ne se décrète en cette matière.
12:42Et évidemment, l'exemple est donné par en haut,
12:45par le chef de l'État, le gouvernement, etc.
12:48Mais c'est aussi tous les Français qui sont responsables de ça,
12:50ce que nous disons tous les jours.
12:51L'exemple de l'école est typique.
12:54Comment en parlons-nous tous les jours ?
12:55Nous avons volontiers des paroles de dénigrement
12:58plus que des paroles de soutien.
13:02Très souvent, en famille, on critique un professeur
13:04plutôt que de dire à l'élève, enfin à l'enfant,
13:07de mieux se comporter avec un professeur.
13:09Donc c'est un peu une forme de révolution mentale
13:11de la société française qu'il faut appeler de nos voeux
13:14et qui est possible parce qu'en fait,
13:15on voit sous certains angles que les Français attendent ça.
13:18Et il faut simplement que l'ambiance le permette.
13:22Quels sont les leviers ?
13:23Moi, j'ai du mal à avoir les leviers concrets.
13:24Je pense que la prochaine élection présidentielle
13:26sera ce moment-là, et si ce n'est pas le cas,
13:29ce sera très grave, mais en tout cas,
13:31la prochaine élection présidentielle doit cristalliser
13:33quelque chose de ce désir de vivre en commun français.
13:38Et que nous ayons aussi conscience que nous avons beaucoup à perdre
13:42à nous délecter d'une espèce de déclinisme.
13:45Il faut... Nous n'oublions pas la chance que nous avons
13:48de vivre dans ce pays qui est une démocratie,
13:50qui est beau, qui a toute une histoire
13:52sans laquelle nous ne serions pas là.
13:55Tout ça, nous en avons trop peu conscience.
13:58Nous sommes un peu des enfants gâtés de la France.
14:01Et donc, élevons-nous à l'auteur de la France
14:03et soyons... Et ayons ce langage-là, si vous voulez.
14:06Sinon, on est dans un...
14:07Vous pourriez décliner ça en programme présidentiel, éventuellement ?
14:10Alors, je ne pose pas la question...
14:12Laurent, j'allais dire Blanquer président.
14:14Ben voilà !
14:15Alors, je n'ai pas dit ça.
14:16Je n'ai pas dit ça.
14:17En revanche, j'assume que le livre puisse inspirer...
14:20Il est fait, si vous voulez, justement pour ne pas mettre de nom propre...
14:24Enfin, pour que le sujet ne soit pas celui des candidats à la présidentielle,
14:27mais pour que le sujet soit celui de la meilleure possible
14:30des plateformes présidentielles.
14:32Et j'espère qu'il y aura des logiques assez collectives
14:35dans cette élection présidentielle,
14:37c'est-à-dire qu'on sente une agrégation de bonne volonté
14:40derrière des remèdes qui apparaissent nécessaires pour la France.
14:43Je pense que le sujet premier que je mets en haut de la pile,
14:46qui est celui de ré-innerver, ré-irriguer notre territoire
14:50pour que les petites villes et les villages retrouvent de la vitalité,
14:53c'est-à-dire de la démographie, de l'industrie du commerce,
14:57de l'agriculture, etc., qui est une vitalité des enfants.
15:01Et bien que ça, c'est un élément clé qui, à mon avis,
15:07pourrait être en effet central pour celle ou celui
15:10qui sera élu président de la République.
15:11Petite question rapide de Guillaume Perrault avant la fin.
15:13– Jean-Michel Blanquer, vous constatez, vous regrettez
15:15l'auto-dénigrement des Français.
15:17Ça m'a fait penser à Pompidou qui, à l'Élysée, disait
15:19« Il fustigeait ceux qui n'ont pas de meilleur plaisir
15:22que de dire du mal de leur pays ».
15:24Il avait eu cette formule dans ses derniers voeux aux Français.
15:28Mais comment expliquer que ça soit une singularité française ?
15:31Parce qu'après tout, les Anglais, ils ne passent pas leur temps
15:33à s'auto-dénigrer.
15:33Les Italiens ne passent pas leur temps à s'auto-dénigrer.
15:35Ils ont de la dérision sur eux-mêmes.
15:39Ce n'est pas pareil, il me semble-t-il.
15:41Comment expliquer ce mal français ?
15:44– Peut-être que nous avons retourné contre nous-mêmes nos qualités,
15:47c'est-à-dire notre esprit critique.
15:48Une des grandes qualités de la France, au travers du cartésianisme
15:53et d'autres caractéristiques de notre histoire,
15:55c'est l'esprit critique.
15:56Et c'est magnifique.
15:57Vous le pratiquez toute la journée, et c'est beau.
16:00Et tant mieux, heureusement que ça existe.
16:03– On nous le reproche, mais c'est beau.
16:04– C'est synonyme de liberté.
16:06Mais simplement, il y a un moment, il y a une limite, si vous voulez.
16:09Et cette limite, elle est sur la critique que nous tournons sur nous-mêmes en permanence.
16:15Donc évidemment, ça ressemble parfois au village gaulois
16:17et nous poussons assez loin notre capacité à nous tirer les uns sur les autres.
16:21Mais il y a des moments où il faut retrouver le sens de l'unité nationale.
16:24Ça se voit à certains moments de notre histoire récente.
16:27Nous en sommes encore capables.
16:29Regardez au moment des Jeux olympiques, regardez la reconstruction de Notre-Dame.
16:33Il y a des moments où nous savons faire cohésion.
16:36Donc on doit retrouver cet amour de nous-mêmes,
16:40cette confiance en nous-mêmes, cet amour propre qui est indispensable.
16:44– Civilisation française, aux éditions Alba Michel, c'est votre livre.
16:47Merci Jean-Michel Blanquer.
16:47– Merci à vous.
16:48– Merci à vous.
16:48– Merci André Valigny, Jean-Franc Lovion, Guillaume Perrault, Jean-Michel Salvatore.
16:51– Merci.
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