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  • il y a 15 heures

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Éducation
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00:00...
00:00Ode Villemin, qui est maîtresse de conférences à Orléans,
00:13à l'Université d'Orléans, et qui est responsable des programmes scientifiques
00:16en collaboration avec l'Institut Polaire Polémine-Victor depuis 2010.
00:20Ses recherches portent sur l'activité des personnels en service sur le continent antarctique.
00:24— Merci beaucoup. Désolée pour le petit problème informatique.
00:32Je pense que ça va être une belle transition aussi par rapport à l'intervention précédente
00:36et d'autres interventions que j'ai pu entendre tout à l'heure.
00:40En tout cas, je commencerai déjà par remercier Elisa Dupuis pour cette proposition d'intervention
00:48où je me situe un petit peu en marge parce qu'on est sur la question des raids
00:52et que je ne suis pas de formation archives nationales, histoire, voilà, mais plutôt ergonomie.
01:02Quelque part, ça peut se rejoindre parce qu'on mobilise aussi des outils très ethno.
01:07Et je vais vous parler aussi de ça.
01:10En revanche, j'ai essayé de comprendre ou de m'acculturer à un domaine historique de création par rapport au raid.
01:21Donc, merci pour ça parce que ça a été une opportunité pour moi d'apprendre aussi beaucoup de choses.
01:28Donc, il y a peut-être aussi des choses qui sont en marge, peut-être un peu erronées.
01:36Donc, je vous laisse rectifier.
01:37Alors, en cherchant dans les archives, je suis tombée sur la guilde du raid.
01:46Ça m'a interpellée, puis j'ai essayé de comprendre ce que c'était que cette guilde du raid.
01:52Est-ce que c'était le raid ? Est-ce que c'était autre chose que le raid ?
01:54Et c'est comme ça que j'en suis arrivée.
01:57À partir de ce que j'avais collecté, j'ai construit ce nuage de mots pour essayer de comprendre à quoi correspondait la guilde.
02:05La guilde est une association de personnes, un espèce de microcosme ou de micro-organisation de personnes qui partagent les mêmes intérêts.
02:14C'est organisé selon des règles et ça construit un espèce de cadre.
02:19Alors, j'ai trouvé cette entrée plutôt intéressante parce qu'il y a une notion aussi d'entraide, de solidarité, de communauté au départ.
02:28Et puis, au fur et à mesure, quand j'ai commencé à chercher, je suis tombée sur la fondation de la guilde européenne du raid.
02:38Je me suis dit à nouveau, mince, est-ce que ce serait le point de départ du raid, comme on en entend parler aujourd'hui,
02:44qui a été bien élaboré à partir de 1992 sous l'impulsion de Patrice Godon ?
02:51Et j'ai trouvé donc qu'il s'agissait d'une loi 1901, une association loi 1901,
02:57et que c'était porté par le secrétariat d'État à la jeunesse et au sport et aux loisirs, et dont le président a été PEV,
03:05avec un comité d'honneur, un comité exécutif, et qui avait pour but de préparer et de réaliser le contenu collectif
03:13complexe, qui allait demander de la coordination, de la hiérarchie, de l'engagement, des spécifications dans les rôles,
03:22et les attributions de rôles et de fonctions.
03:24Et on voit que cette histoire de guilde du raid est fortement portée par Paul-Émile Victor à cette époque-là,
03:32vous allez le voir.
03:36Le lien avec le raid actuel, j'ai trouvé que c'était le trait d'union, c'était cette aventure humaine,
03:42et ce côté, cette dimension humaine, en fait, qu'on retrouve aussi sur le raid,
03:47même si c'est plus ce qui est mis en première ligne.
03:54Dans les écrits, on trouve que la guilde européenne, pour PEV, en fait, ça renvoie à une aventure humaine organisée.
04:02Il parle d'humanitaire, dans lequel il n'y a pas d'affirmation de principe,
04:08qu'il s'agit de vivre la réalité du moment, qu'il s'agit d'une grande quête de soi,
04:12à la recherche de son identité, et j'y reviendrai,
04:16et le but étant de rechercher l'esprit d'aventure et d'entreprise.
04:23Donc, ça m'a interpellée.
04:26Et puis, quand j'ai continué à prospecter, j'ai compris que ça s'inscrivait dans une...
04:31Alors, c'est bizarre, parce qu'on est quand même dans les années 70, 80, 73, là, vous le voyez.
04:37On est dans un contexte sociétal, on se demande s'il ne parle pas de l'époque de maintenant.
04:40Et je me dis, mais déjà, à l'époque, c'était perçu de cette manière-là.
04:45C'est-à-dire une société de consommation, où, finalement, il y a des sollicitations permanentes.
04:52On est dans une société de loisirs, avec des sujets plutôt futiles,
04:56où tout est facilité, où les gens sont inscrits, finalement, dans du confort, dans de la sécurité, etc.
05:02Et puis, finalement, l'idée était un petit peu de se situer en rupture avec cette manière de percevoir la société.
05:12Et je me dis, est-ce que ce n'était pas ça, en fait, le début du RAID ?
05:16C'était cette inscription dans une rupture par rapport à ce qui était vécu et proposé par la société à ce moment-là.
05:24Et donc, dans les écrits, on trouve qu'il s'agit d'une aventure organisée qui est, malgré tout, traversée par une dimension culturelle.
05:31Et on l'a bien vu aujourd'hui à travers les interventions culturelles, mais aussi scientifiques,
05:38avec une implication dans des recherches technologiques, sur l'étude de populations totalement inaccessibles ou inuites,
05:44comme on a pu le voir au Groenland, etc.
05:46Et il revient très souvent cette idée de se lancer des défis à soi-même.
05:52Il parle aussi d'évasion préparée et des risques évalués.
05:57Donc, j'ai trouvé que c'était un point de départ intéressant pour aborder la question du RAID d'aujourd'hui,
06:04parce que, quelque part, il y avait cette dimension sportive à travers les RAID au départ dans les années 70.
06:13Le RAID, ce n'est pas le RAID polaire comme on le connaît sur le continent antarctique,
06:17mais comme on en a parlé, avec des RAID de survie saharien, des RAID France-Groenland en voilier,
06:24des RAID moto de la mer Rouge, des RAID des recherches spéléologiques au Népal,
06:29des RAID en Alaska avec les descentes de rivières en kayak.
06:35Voilà, on retrouve tout ça, en fait.
06:36Et ça, c'était mis sous l'égide du RAID et c'était façonné et cadré par cette fondation européenne du RAID
06:46et la Guilde du RAID dont je vous parlais.
06:49Ce qu'on y trouve aussi, c'est la logistique et, comme vous le disiez si bien,
06:57dans ces environnements extrêmes et hostiles, considérés comme étant des ICE,
07:02c'est-à-dire des environnements isolés et confinés,
07:05les secours étant très réduits, il est bien évident que ça se prépare
07:09et que les expéditions étaient préparées avec un appui technique et matériel
07:15que j'ai retrouvé dans les écrits, une assistance dans la conception des projets,
07:20des équipements réfléchis, des recherches de financement,
07:24parce que malgré tout, il fallait bien financer ces RAID-là,
07:28et puis des informations sur les itinéraires, une préparation des itinéraires qui était prévue.
07:35Et puis, au retour de ces RAID-là, il y avait tout un tas de communications
07:42qui étaient faites autour de l'exploitation des documents,
07:47des clubs conférences, des forums, le journal du RAID aussi qu'on retrouvait.
07:53Alors, je vous ai mis en photo les matériels et engins de l'époque,
07:58et puis ce qu'on va trouver aujourd'hui sur le RAID que je vais développer juste après.
08:03Donc, on voit que le RAID de l'époque n'est pas le RAID qu'on trouve aujourd'hui,
08:12avec un archaïsme évident du point de vue des engins, des machines, des convois, etc.
08:24Le manque de confort, bien évidemment, parce que le RAID, si à leur époque, c'était quelque chose d'héroïque,
08:32aujourd'hui, ça l'est nettement moins, et en tout cas, on est beaucoup plus sur quelque chose de pragmatique
08:38et de logistique aussi, puisque ça s'inscrit dans des questions de logistique que je vais aborder juste après.
08:44Le travail scientifique qui était déjà d'actualité,
08:47Donc, ce sont des photos récupérées de 1987 sur les premiers RAID,
08:52où finalement, il s'agissait d'une centaine de kilomètres, et Patrice Godon, ici présent, complétera par la suite.
09:00Mais on était sur des petits RAID d'une centaine de kilomètres,
09:03mais qui étaient extrêmement difficiles, dans des conditions dramatiquement difficiles,
09:08parce que, vous voyez là, c'est sans doute leur cuisine.
09:15Ils cuisinent, et de l'autre côté, vous avez quand même le confort qu'on trouve dans les caravanes du RAID aujourd'hui,
09:21c'est-à-dire dans les containers aménagés, où on a une cuisine qui ressemble plus à une cuisine qu'on connaît de notre époque.
09:28Donc, ça n'a absolument rien à voir.
09:32Donc, l'évolution du RAID, ce que je vois dans tout ce que j'ai pu lire,
09:40je vois un point de départ qui est vraiment fondé sur l'humain,
09:43mais j'ai envie de vous dire que c'est aussi le point d'arrivée,
09:45et c'est ce qui tient, finalement, le RAID aujourd'hui encore.
09:49Parce qu'il s'agit, malgré tout, d'une aventure humaine, ça c'est bien évident,
09:53avec des enjeux, aujourd'hui, très axés sur la technologie et le développement technologique,
09:57qui permet aujourd'hui de faire des RAID de 1150 kilomètres,
10:02si je prends l'exemple du ralliement entre Dumont-Durville et Concordia, aller-retour.
10:08Donc, 1150 kilomètres fois deux pour l'aller-retour.
10:11Donc, c'est vraiment des défis technologiques, aujourd'hui, et scientifiques,
10:16puisqu'il y a les RAID scientifiques aussi.
10:18Et le RAID est devenu un moyen, un outil,
10:24et une condition au fonctionnement aussi des activités polaires.
10:34Je dirais qu'à partir des années 2000,
10:36il y a eu quand même une bascule sur le plan technologique,
10:39et puis, on a initié en ergonomie un certain nombre de travaux
10:44en collaboration avec l'Institut Polar et Patrice Godon
10:47sur les questions aussi de sécurité, de construction de sécurité sur le RAID,
10:52et notamment de capitalisation d'expérience,
10:54puisque, en 1992, le RAID est conçu pour construire la base Concordia.
11:03Donc, un RAID suffisamment équipé qui permette d'acheminer le matériel
11:07pour la construction de cette base qui commence en 1996
11:10et qui s'achèvera en 2006, ou 2005, 2006,
11:15le premier hivernage, en tout cas, à Concordia.
11:18Donc, ça a été un vrai défi qui s'est fait sous l'impulsion des glaciologues,
11:24si j'ai bien compris, avec des enjeux scientifiques assez forts,
11:28puisqu'il s'agissait de construire une base à un endroit
11:30où il y ait suffisamment de kilomètres de glace
11:33pour pouvoir permettre aux scientifiques de travailler la glace
11:37et les carottes de glace.
11:39Et donc, ce qui a nécessité une réélaboration du RAID,
11:44par tâtonnement, j'ai envie de dire,
11:46même si, bien évidemment, il y a eu du patrimoine de l'essai
11:49précédemment, en 1980,
11:52mais sur des distances relativement courtes.
11:55Et aujourd'hui, ça ne ressemble plus du tout à ce qui se faisait à l'époque.
11:59Les enjeux, ils sont aussi d'ordre logistique,
12:04c'est-à-dire que le RAID polaire s'inscrit quand même dans une chaîne logistique
12:11qui va acheminer les denrées de Dumont-Durville à Concordia,
12:19sachant que, vous voyez, les denrées vont suivre les denrées.
12:23Et quand je dis les denrées alimentaires, mais aussi tout ce qui va toucher au matériel,
12:27au matériel scientifique, mais aussi de construction des bases,
12:32eh bien, une fois arrivé en Tasmanie, ça va être chargé à bord de l'Astrolabe.
12:39Et puis, l'Astrolabe va arriver à Dumont-Durville.
12:41Et à partir de là, on va charger le convoi du RAID,
12:46qui partira ensuite à Concordia,
12:48avec des contraintes temporelles assez fortes,
12:51parce que, dès le départ, il fallait pouvoir mettre au moins trois allers-retours de RAID
12:56entre le mois de novembre et le mois de février.
13:00Donc, vous pensez bien que ça, c'est le prescrit,
13:03parce que, dans la réalité, ça dépend de tout un tas de trucs,
13:06et notamment des glaces, mais pas que,
13:09des retards de bateaux qui vont avoir un désimpact sur des retards de départ de RAID, etc.
13:16Donc, vous voyez que le RAID est la dernière étape d'une grande chaîne logistique
13:20qui va se construire, Europe du Mont-Durville-Concordia.
13:26Et le RAID se définit par un ensemble de véhicules
13:28qui va se déplacer en convoi sur le continent antarctique,
13:32en autonomie presque totale,
13:34puisqu'il y a des largages qui sont possibles,
13:36en délargages de médicaments ou de matériel.
13:41Mais, au milieu du continent antarctique,
13:43il est impossible qu'un navio se pose.
13:47En ergonomie, on appelle ça des objectifs contradictoires,
13:51parce que le but du jeu, c'est de consommer le moins de carburant possible,
13:55tout en allant toujours plus vite,
13:57pour essayer de caser, en fait, sur le temps imparti,
14:00les trois allers-retours du RAID du Mont-Durville-Concordia.
14:05Alors, voilà à quoi ressemble le RAID,
14:09avec très, très équipé.
14:11Ça, c'est le premier convoi dans lequel il y a toute la survie.
14:14Donc, c'est le convoi qu'il ne faut absolument pas perdre,
14:18l'attelage qu'il ne faut pas perdre.
14:20Donc, on a effectivement une caravane énergie
14:23dans laquelle il y a le groupe électrogène,
14:24un atelier, une douche.
14:26Bon, on est d'accord que ce n'est pas non plus du 4 étoiles,
14:30mais à côté de ce qui a pu être connu précédemment,
14:35c'est quand même très confort.
14:38Une caravane vie, que vous en avez vu un petit peu l'intérieur,
14:41avec cuisine, dortoir, salle de repas.
14:44Et puis, on a ce magasin de pièces détachées
14:47et de plus 4, qui correspond au frigo
14:49dans lequel un chauffage est évidemment placé,
14:52compte tenu des températures.
14:54Et puis, une caravane jaune
14:56qui est dédiée au médical,
14:59à la mise en quarantaine, au cas où.
15:01Voilà.
15:02Donc, à bord, un médecin et des mécaniciens.
15:08Vous avez une image du satellite Pléiade
15:12où on voit le RAID, en fait, avec les 3 attelages,
15:15puisque c'est considéré...
15:17Le convoi est composé essentiellement de ces 3 attelages-là.
15:207 engin et puis 3 niveleuses pour pouvoir construire la route
15:25et le passage du convoi qui transporte, vous le voyez,
15:29des cuves de fuel, donc du carburant pour le chauffage à Concordia,
15:34mais pas que, pour alimenter aussi, en carburant,
15:37les engins qui se déplacent.
15:39Et puis, des containers dans lesquels il y a tout ce qu'il faut
15:42pour l'hivernage à Concordia.
15:46Cependant, en tout cas, dans les années 2010,
15:49il y avait besoin, 2010-2015,
15:51il y avait besoin des 3 allers-retours
15:52sur la campagne d'été
15:54pour pouvoir acheminer en quantité suffisante
15:57l'hivernage à Concordia.
16:01Donc, il y a 10 personnes embarquées
16:02pour 10 engins.
16:04Et en moyenne, on va être sur du 23 jours allers-retours
16:06puisque, bien évidemment, il y a des pannes.
16:09Sinon, ce ne serait pas drôle.
16:12Je ne suis pas sûre qu'on ait la bonne version,
16:17mais on ne va pas s'embêter, ce n'est pas grave.
16:20Les travaux ont porté sur la capitalisation, en fait,
16:24de cette expérience-là
16:25parce qu'il y avait le départ en retraite
16:28de Patrice Godon qui se profilait,
16:30mais pas que.
16:31Il y avait aussi cette fournée de raideurs
16:33qui était inscrite dans l'aventure depuis 1992
16:36et qui allait, bien évidemment, à un moment donné, partir.
16:40Et donc, l'enjeu, c'était d'aller récupérer cette expérience
16:43pour pouvoir la capitaliser, la formaliser
16:45et comprendre surtout comment ça fonctionnait
16:48et, en fait, à quoi tenait l'efficacité du RAID.
16:55Très bien.
16:55Donc, on va accélérer.
16:58Très bien.
16:58Donc, la fiabilité de ce système de transport
17:01sur toutes les publications de l'Institut polaire
17:03par le biais de Patrice Godon
17:04a été associée aux publications.
17:09Ce qui a été flagrant pour nous
17:12dans le domaine de l'ergonomie,
17:13c'était de se dire, mince,
17:14on est dans des environnements classés à risque.
17:18Les environnements à risque,
17:20comme l'exemple du nucléaire,
17:22ce sont des environnements
17:23dans lesquels il y a des procédures écrites
17:26à foison.
17:28Or, là, on se retrouvait dans un système
17:30où il y avait une formation sur le tas
17:32des procédures qui étaient plutôt transmises
17:35par voie orale.
17:36Et donc, ça venait justifier l'intérêt
17:39de pouvoir capitaliser cette dimension-là
17:42et ces choses-là.
17:44Ce qui nous a intéressés,
17:45c'était d'essayer de comprendre
17:46comment ce système pouvait être fiable
17:49parce que, malgré le fait
17:52qu'on ne trouvait pas de procédure écrite
17:54en tant que telle,
17:55il n'y avait pas de mort sur le RAID.
17:59Malgré tout, on aurait pu considérer
18:02qu'après quelques années de pratique,
18:04on aurait pu supposer
18:07l'existence de graves accidents.
18:11Donc, on a commencé à traiter
18:13de ces questions-là en se disant
18:14que, finalement,
18:17lorsqu'on a étudié le système de l'intérieur,
18:19on s'est rendu compte
18:20que les conditions extrêmes
18:22et le manque de ressources,
18:24c'est-à-dire, c'est ça qui définit
18:26la contrainte,
18:27poussait les activités
18:28à se développer autrement.
18:30Et, notamment, c'est ça
18:31qu'on appelle des environnements capacitants,
18:33c'est-à-dire cette capacité
18:34à pouvoir produire autre chose,
18:36se développer
18:37et développer des nouveaux savoir-faire
18:39de prudence,
18:39des nouvelles compétences
18:40que les gens n'avaient pas
18:42en arrivant sur base.
18:45Donc, évidemment,
18:46ça n'a pas plu
18:46à tout le champ de l'ergonomie
18:48parce que, bien évidemment,
18:50ça voulait dire
18:50que plus on se plaçait
18:51dans des situations à risque
18:53ou d'inconfort
18:53et plus on développait.
18:55Ce qui ne plaisait pas trop
18:57aux ergonomes
18:57puisque le principe
18:58de l'ergonomie,
18:59c'est de construire
19:00des situations de travail
19:01plutôt confortables, justement.
19:04Donc, ça n'allait pas très bien.
19:06Mais on a persisté
19:07dans ce champ-là
19:08parce que persuadé
19:10qu'effectivement,
19:11ces individus-là
19:12qui étaient sur base
19:13et sur le RAID,
19:15lorsqu'ils étaient
19:16dans des situations critiques,
19:17ils n'avaient pas d'autres options
19:19que de développer
19:20pour se sortir d'affaires.
19:21Et quelque part,
19:23ça fait écho un petit peu
19:24à ce qu'on lisait
19:25au départ
19:26de ce que Paul-Émile Victor
19:28pouvait écrire.
19:30Et très rapidement,
19:31on s'est intéressé
19:32aux aspects très techniques,
19:35aux aspects logistiques,
19:36aux activités
19:37qui étaient menées
19:37à l'intérieur du RAID,
19:40soit des activités de conduite
19:42comme des activités
19:43de maintenance.
19:45Donc, je vais passer
19:46sur ces choses-là
19:47si ce n'est que
19:48l'activité de conduite
19:49est très dépendante
19:50du type de texture de glace
19:51et de neige.
19:53Les deux types de maintenance
19:54qu'on a repérés,
19:55évidemment,
19:55c'est des maintenances préventives
19:57et des maintenances
19:57correctives.
20:00Et ces maintenances correctives
20:02étaient programmées
20:04malgré l'urgence du temps.
20:06En fait,
20:06le chef de convoi
20:07a décidé
20:08de temporiser,
20:10de réparer
20:10ce qu'on appelle
20:11sous la forme
20:12de damage control,
20:13c'est-à-dire
20:13des réparations de fortune,
20:16le temps de continuer
20:16un petit peu,
20:17le temps de trouver
20:18finalement
20:19un environnement
20:21favorable
20:22à la réparation
20:23et notamment
20:24sur le plan climatique.
20:26Et là,
20:26on a pu voir
20:27des développements
20:28de trucs et astuces,
20:29de compétences
20:29très spécifiques
20:30qui, sans ça,
20:33n'auraient peut-être
20:34pas pu être déployées.
20:37Donc,
20:37ces activités
20:38de maintenance
20:39corrective,
20:42c'est suite à des casses,
20:44suite à des pannes,
20:45etc.
20:45et vous voyez
20:46que malgré
20:46l'épaisseur
20:47des matériaux
20:48sur des démarrages,
20:50le poids étant tel,
20:52bien évidemment,
20:53il y a beaucoup
20:53de casses
20:54liées au froid.
20:56Alors,
20:57j'en profite
20:59pour faire
20:59un petit clin d'œil
21:00à la BD
21:01des Frères Lepage
21:02qui est très représentative
21:04de ce qui se passe
21:05sur le RAID
21:06et je trouve
21:07que c'est vraiment
21:08très réaliste.
21:09Donc,
21:09si vous avez l'occasion,
21:11ne vous privez pas
21:12d'aller regarder.
21:14Les activités
21:15de maintenance préventive,
21:16donc très structurées,
21:17un travail très organisé.
21:19Vous voyez même
21:19le rangement
21:20des caterpillars.
21:21Tout est très structuré
21:22de manière sécuritaire,
21:26c'est-à-dire
21:26pour éviter
21:27en cas de wait-out
21:28de se perdre.
21:30Donc,
21:30tout est à peu près pensé.
21:33Ce qui nous a intéressés,
21:34c'est aussi
21:34cette gestion d'imprévus
21:36où,
21:36bien évidemment,
21:37il y avait
21:37deux types d'imprévus
21:38où on s'est bien rendu compte
21:39qu'on n'était pas
21:40sur les mêmes dimensions.
21:42Des imprévus
21:43qui étaient pensés
21:44par l'organisation
21:45et par le système
21:46comme par exemple
21:47les quatre pannes
21:48où les raideurs
21:51savaient faire
21:51ou alors
21:53des imprévus
21:53qui étaient totalement
21:54impensés par le système
21:55et qui nécessitaient
21:57de la créativité
21:59et de pouvoir
22:00mobiliser
22:01de l'expérience
22:02très spécifique
22:03pour pouvoir
22:03se sortir d'affaires.
22:07Et donc,
22:07on a vu
22:07des espèces,
22:09ce qu'on a appelé
22:10des jeux de cuve
22:10musicales,
22:12c'est-à-dire que le chef
22:12de convoi
22:13essaye d'être
22:14dans une démarche
22:14plutôt proactive
22:15dans la gestion
22:16des risques
22:16et lorsque
22:18les premiers engins
22:19commencent à montrer
22:20les premiers symptômes,
22:21eh bien,
22:22ils commencent à jouer
22:22avec les cuves
22:23en les déplaçant
22:24le soir
22:25de sorte à changer
22:26certains engins
22:27d'attelage
22:28pour pouvoir
22:29les soulager
22:30un petit peu.
22:31Donc,
22:32c'est assez rigolo
22:33parce que,
22:33oui,
22:33d'accord,
22:34d'accord,
22:34c'est assez rigolo
22:36parce que finalement,
22:37on voit
22:38cette dimension humaine
22:39qui est reportée
22:40sur le matériel
22:40comme si c'était
22:42au même titre
22:43que des raideurs,
22:46quelque chose
22:46qui va venir
22:48mobiliser la survie.
22:49Donc là,
22:50vous voyez
22:50le,
22:52je ne sais pas si,
22:53enfin,
22:53le convoi
22:54à l'époque,
22:55c'est-à-dire que
22:56c'est très détaché,
22:57très découpé
22:58et les convois
23:00maintenant,
23:02voilà,
23:03qui sont
23:03en attelage.
23:05Voilà,
23:07je passe sur les photos
23:08juste pour vous montrer
23:09où on est sur du développement
23:11aussi technologique
23:12sur plein de raisons.
23:14On a étudié,
23:14donc,
23:15le système
23:15et dispositifs
23:16de sécurité
23:17depuis 30 ans
23:18pour voir un petit peu
23:20comment ça avait évolué
23:21et le constat
23:22pour le faire très court,
23:23c'est qu'on a vu
23:23que les risques
23:24continuaient d'évoluer.
23:26Donc,
23:26ça veut dire
23:27que lorsque vos dispositifs
23:28de sécurité
23:29sont mis en place,
23:30ben,
23:30ce n'est pas à vie.
23:32Et notamment,
23:33il y a eu ce problème
23:34en 2013
23:34du gel du carburant
23:36qui a placé
23:37les raideurs
23:38en situation
23:38très très délicate
23:39au mois de février
23:41et qui a donné naissance
23:45à Madeleine
23:46que vous voyez,
23:47c'est-à-dire
23:48cette cuve
23:48qui est recouverte
23:49aujourd'hui
23:50d'une protection
23:51qui est branchée
23:52sur génératrice
23:53lors du troisième raid
23:55puisque le gasoil
23:56gèle désormais
23:57sur le troisième raid.
23:59Je vais conclure.
24:01J'ai retenu
24:01en conclusion
24:02cette phrase
24:03de Paul-Émile Victor.
24:05L'aventure devient
24:06révélateur de soi
24:07et je crois
24:08qu'effectivement,
24:09ce n'est pas en restant
24:10dans des situations
24:10de confort
24:11qu'on arrive
24:11à se développer
24:12le plus,
24:12mais c'est bien
24:13en essayant
24:13de flirter
24:14avec des situations
24:16à risque
24:18à leur époque.
24:19Aujourd'hui,
24:20le risque est très contrôlé,
24:21je dirais,
24:21sur le reste malgré tout.
24:23En tout cas,
24:23il parle de rupture
24:25provisoire
24:25avec les habitudes de vie,
24:26oui,
24:27et je pense que
24:28l'inconfort
24:28se situe aussi là-dedans.
24:30De vivre des émotions
24:31et d'être capable
24:31de se découvrir
24:32en situation extrême,
24:34de développer
24:35des qualités physiques,
24:36mais pas que physiques,
24:38c'est aussi
24:38et peut-être surtout
24:39de l'esprit,
24:40c'est-à-dire de l'audace,
24:41de la ténacité,
24:43des initiatives.
24:44Et voilà,
24:46c'est une manière
24:46de voir en fait
24:48le RAID
24:48comme un moyen
24:49d'exprimer sa façon
24:50d'être positivement
24:52en vivant
24:53des situations
24:53très difficiles
24:54et en créant
24:55des environnements
24:56qui sont capacitants.
24:57et je pense
24:59que le patrimoine
25:01laissé
25:01par Paul-Émile Victor
25:03se situe
25:04aussi dans cette dimension
25:05humaine.
25:07Voilà,
25:08j'arrête là
25:09parce que de toute façon...
25:11Applaudissements
25:12Applaudissements
25:13Applaudissements
25:14Applaudissements
25:15Applaudissements
25:16Applaudissements

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