00:00J'ai toujours le SMS sur mon téléphone.
00:03Je l'ai gardé, je ne l'ai jamais effacé.
00:05Je l'ai toujours ce SMS.
00:09Pour moi, c'est un souvenir de me dire
00:11« Il ne faut pas oublier, on sait ce qu'on a vécu. »
00:14Et c'est quelque chose qui va nous lier à vie.
00:18Je suis la maman d'Elodie qui a été tuée au Bataclan
00:21pendant les attentats du 13 novembre 2015.
00:27Mon fils Victor était la belle équipe.
00:30Ça a été une nuit d'enfer
00:31parce qu'on a fait presque tous les hôpitaux de Paris.
00:34Avec une photo, on essayait de trouver notre fils.
00:37Jusqu'au lendemain matin,
00:39on a su qu'il était à l'Institut médico-légal.
00:43Voilà.
00:45Elle avait 23 ans, elle était très gentille, très joyeuse.
00:50Elle était chaleureuse, affectueuse.
00:51C'était une merveilleuse personne.
00:54Elle était très belle.
00:57Et on l'aimait profondément, évidemment.
01:00Vous savez, c'était un jeune.
01:03Il était plein d'espoir.
01:04Mais ça, c'est normal.
01:06À cet âge-là, 24 ans.
01:08Et il avait des amis qui étaient là.
01:11Et ils avaient envie de vivre.
01:12Le 13 novembre 2015, j'étais au Bataclan.
01:17Avec mon épouse, ma soirée du 13 novembre,
01:20elle a consisté en gros à fuir dès que les terroristes se sont arrivés
01:24et à nous cacher ensuite dans une loge
01:28qui était située juste à côté des balcons.
01:30On a essayé de se rassurer un petit peu en se pressant la main.
01:35Avant qu'on entende enfin la police arriver, qu'on se fasse évacuer.
01:40C'est cette image que je garde encore vraiment très fortement en moi.
01:44Ce soir-là, tout le monde s'est entraîné.
01:50En fait, il y a eu une grande solidarité.
01:52Beaucoup de gens ont sauvé d'autres gens alors qu'ils n'y connaissaient rien.
01:56Tous ces gens qui ont participé à sauver les autres.
02:00Et je pense que c'est magnifique, quelque part,
02:03cette puissance des Français à s'entraider.
02:06J'étais à côté d'un policier et je me rappellerai toujours
02:09entendre à sa radio prise d'otage au Bataclan.
02:14Et là, on me dit, vous les secouristes, on vous emmène à la mairie du 11.
02:17On a accueilli les victimes.
02:19On leur a donné, pour ceux qui voulaient, des couvertures, des vêtements,
02:22de quoi manger, de la chaleur humaine.
02:25Il paraît comme dans toute son histoire, résiste.
02:28Elle a résisté.
02:29Je suis gardienne d'immeuble ici dans le quartier, rue Aubert-Kampf, depuis 25 ans.
02:33On a commencé à voir des gens courir
02:35et qui venaient aussi sur la rue Aubert-Kampf,
02:38justement, pour chercher un endroit où se cacher.
02:41Les gens paniquaient, donc forcément, on les a fait rentrer.
02:44Surtout qu'ils nous ont dit qu'il y avait des coups de feu.
02:46Moi, j'habite pas loin de la Bonne-Bière.
02:49J'avais 7 ans.
02:51Moi, surtout, je me souviens des éclats de balles dans la Bonne-Bière.
02:58C'est vrai que ça me marque souvent.
02:58Quand je vois des gens en terrasse à la Bonne-Bière,
03:01je repense aux images de la vitre brisée.
03:05J'ai ressenti une espèce de ferveur, quand même,
03:09une vraie volonté d'envoyer tout le monde boulé à se dire
03:13« Merde quoi, on y va, on retourne en terrasse,
03:15on retourne au concert dès que ça a été possible,
03:18on se laisse pas faire. »
03:19J'étais allé à l'hommage au Bataclan.
03:22Je me rappelle, il y avait beaucoup de monde
03:23et beaucoup de fleurs autour du parc du Bataclan.
03:28Le surlendemain, le dimanche, ici, c'était magnifique
03:30parce que c'était un tapis de fleurs.
03:33Je crois que c'est là où j'ai vraiment mesuré
03:37à quel point ça avait touché la France et au-delà
03:40et à quel point on avait aussi été soutenus.
03:43Aujourd'hui encore, ça m'émeut.
03:45Les commémorations tous les ans, j'y vais
03:47parce que c'est très, très important pour moi
03:51et ne pas oublier aussi pour tout le monde.
03:55Et les 10 ans, encore plus,
03:56parce qu'il ne faut vraiment pas oublier ce qui s'est passé
03:59pour que ça ne se reproduise plus.
04:29Merci.