00:00Alors on reviendra peut-être sur cette acculturation, ce que sont devenus les esquibaux.
00:15Je voulais juste avant de vous redonner la parole, Nathalie, vous dire que ce traîneau
00:18il est très bien parce que pour avoir été dessus, alors il y a toujours les freins à
00:22Amasalik, là j'étais à Tinetekilak, Tiderida qui est dans le Cermillique et les traîneaux
00:26sont un petit peu plus réutilisés, alors maintenant ils sont une poignée à utiliser
00:30les traîneaux, il y a des skidoux, ce qu'il n'y avait pas avant, et juste vous dire cette
00:35anecdote, quand on a fait ce film, avant de faire ce film, on est allé en hiver faire
00:39du traîneau, donc vous imaginez bien quand vous avez lu Boréal, Bankis, que vous avez
00:44lu La civilisation du phoque, vous voyez enfin le traîneau de Paul-Émile Victor devant vous,
00:48vous le touchez, etc, et on est parti avec Gertie que vous voyez dans le film, un vieux
00:53monsieur qui est décédé depuis Tobias, la personne la plus massive, qui est toujours
00:57un guide et qui fait vivre la communauté là-bas dans le Cermillique, et on a fait ce traîneau
01:03sur les traces de Paul-Émile Victor, bref, et un jour les chiens étaient agités, et
01:07quand vous faites du traîneau, c'est beau sur les photos de Paul-Émile, c'est beau dans
01:10les films de Paul-Émile, mais quand vous avez le cul sur le traîneau, et que les chiens
01:14sont agités, et que vous êtes mûcheur, alors que je ne suis absolument pas mûcheur
01:17professionnel, c'est compliqué.
01:19Alors deux astuces, la première, vous coincez une patte du chien, ce qui fait que les chiens
01:22sont sur trois pattes, ce qui fait que quand vous dévalez les pentes, c'est un petit
01:26peu plus facile, troisième, vous donnez les ordres que Paul-Émile Victor vous a appris
01:30dans ses livres, cri, cra, cro, cro, ça ne marche pas, et à un moment le traîneau
01:34s'est emballé, et j'ai fini empalé dans un rocher, le couillon, et le traîneau
01:39en mille morceaux, donc j'étais affolé, la tempête arrivait, il faisait froid, c'est
01:43l'hiver, et là, Gerti a éclaté de rire, en me regardant, et en me disant, alors j'avais
01:48essayé de tenter de leur faire comprendre que c'était Vitou, Paul-Émile Victor, qui
01:51avait fait le traîneau, ils n'en avaient que faire, et toujours est-il que le traîneau
01:54de Paul-Émile Victor, il le raconte, Daphné, souviens-toi, il tient avec des fils de pêche,
01:59maintenant, avant c'était les tendons de phoque, et en fait, quand il a en mis le morceau,
02:03l'ingéniosité de nos amis inuits, je vais y arriver, c'est de pouvoir réparer
02:08très facilement, donc on a réparé ce traîneau, on a remis du fil de pêche, on a passé
02:13trois heures à refaire un traîneau, donc j'ai refait un traîneau, j'en suis très fier,
02:17on est reparti s'abriter pour la tempête. Voilà le traîneau de Paul-Émile Victor, de façon
02:22très basique, peut-être qu'on peut, chère Nathalie, y mettre un petit peu plus d'art,
02:25parce que là, je suis très terre à terre, j'allais dire glace à glace.
02:31Là, en fait, avec les ateliers de la manufacture de sèvres, ça a été d'une grande complexité
02:36technique, parce que la pièce est grande, elle est donc à échelle 1, et
02:43qu'il fallait conserver, au moment de la cuisson, la platitude des deux parties que
02:52vous voyez sur la droite, il fallait qu'il n'y ait aucune fêlure, etc. Donc il y a eu
02:58beaucoup, beaucoup d'opérations successives pour finalement aboutir à la réalisation
03:05et la production parfaite de cette pièce. C'est vrai qu'à la manufacture de sèvres,
03:12on est vraiment dans un lieu d'excellence absolue. Les ateliers sont vraiment, vraiment
03:20impliqués dans chacun des projets. Et comme l'œuvre devait être présentée dans la rétrospective
03:28dont je vous parlais en 2008 au McVal, que l'ouverture s'était mi-octobre et que fin
03:35septembre, il manquait encore un certain nombre de pièces, j'ai proposé pour les cordages
03:43que vous avez là d'utiliser, non pas de la céramique, parce que les ateliers tenaient
03:51à ce que ça soit en biscuits aussi. J'ai dit non, parce qu'on n'aurait pas du tout
03:57été dans les délais pour pouvoir livrer l'œuvre. Donc là, nous sommes allés acheter
04:03des cordages de bateaux. Donc ce cordage n'est donc pas en biscuits, mais c'est le seul
04:11élément qui ne soit pas fait en ce matériau. Et c'est grâce aussi à la réalisation de ce
04:18traîneau avec la manufacture de Sèvres que j'ai continué à travailler avec la
04:22manufacture de Sèvres et en biscuits. On verra ce que j'ai fait après. Mais l'idée
04:28de ce traîneau m'a renvoyé aussi à ces objets de déplacement. Donc il y avait le
04:34traîneau, il y a aussi ce kayak. Donc pour l'histoire, avant d'échanger avec Paul-Émile
04:42Victor et pendant que j'ai échangé avec Pierre Robbe, le responsable inuit du musée
04:46de l'Homme en 1983, Pierre Robbe me dit qu'un groupe d'inuites va venir restaurer
04:55un kayak. Voilà. Et donc il me dit est-ce que ça vous intéresse de participer, d'assister ?
05:05Alors bien sûr, je dis oui. Donc pour faire court, je me retrouve avec cette famille d'inuites
05:13qui vient au musée de l'Homme. Ils occupent une salle du musée de l'Homme. Ils dépèsent,
05:20en tout cas ils restaurent. Donc ils enlèvent la peau qu'il y avait sur le kayak. Et donc
05:27je vois la structure du kayak mise à nu. Et en fait, un peu dans l'idée, puisqu'on est
05:33là aussi en 2008, l'idée encore de rendre hommage à la fois à Pierre Robbe et aussi
05:40à ce groupe d'inuites qui m'a permis d'assister à la restauration complète du kayak et qui
05:46m'a donné à voir le dessous de l'objet. Donc j'ai eu envie de produire un kayak fragile,
05:54un peu comme le traîneau qui est en biscuit. Et pour moi, le meilleur matériau, c'était
06:01le tube néon, un tube néon de couleur blanc froid. Pourquoi le tube néon ? Parce qu'il
06:09a cet effet vibratoire qui fait que, en fait, quand on est proche de l'objet, on est aussi
06:16devant quelque chose qui produit du tremblement, d'un léger mouvement. Et surtout, c'est un objet
06:23qui dessine quelque chose dans l'espace. Et en fonction du point de vue depuis lequel
06:31on le regarde, en fait, les lignes se superposent, etc. Donc ça a donné lieu aussi à des objets
06:39un peu plus potaches que sont... J'ai fait paire de crampons, paire de... Enfin, raquettes.
06:48Voilà. J'ai toujours aussi en mémoire les textes de Paul-Émile Victor et en particulier
06:55quand il dit que la piste peut être marquée à l'aide de boules de neige. Et donc nous,
07:00quand on est ici et qu'on réfléchit à cette technique de survie, on se dit que c'est quand
07:06même relativement aléatoire puisque la neige a quand même pour particularité de fondre
07:12assez vite. Donc j'ai souhaité encore rendre un hommage à Paul-Émile Victor dans cette
07:19série de boules de neige réalisée donc encore une fois en biscuit. Mais c'était aussi un
07:26hommage croisé avec un artiste dont j'adore le travail qui est noir américain qui s'appelle
07:32David Ammons et que j'avais eu la chance de voir dans les mêmes années 83. Il vendait
07:40des boules de neige sur un trottoir à New York. Depuis, il est devenu un artiste extrêmement
07:47visible, riche et célèbre. Mais quand j'ai découvert ce travail, en fait, j'ai eu à la fois
07:55une sorte de choc sentimental, de choc psychologique, de choc esthétique. Donc pour moi, cette série
08:09de boules de neige représentait aussi ce double hommage à Paul-Émile Victor et à David
08:15Ammons. Encore une fois, dans les traces et poursuivre des sortes de modèles d'existence
08:21ou de survie. Il y a toujours dans le même ouvrage sur coutumes et techniques de la piste
08:29blanche ce texte qui a donné lieu à plusieurs pièces. Donc l'une, celle que vous voyez
08:37à gauche, fait partie d'une série que j'ai appelée peinture de détresse. Donc j'ai fait
08:45une série d'une douzaine de peintures de détresse à partir de vrais signaux de détresse
08:50mais aussi j'ai inventé quelques signaux de détresse. Donc chaque tableau fait 100 cm sur 100
08:56et j'ai eu envie aussi de travailler ce motif sur l'objet qu'est le duvet. Donc ça, c'était
09:10la série des peintures de détresse. Ensuite, ça donne lieu aussi à un travail que je fais
09:19souvent avec de la neige artificielle, des performeurs à qui je demande de produire des
09:26actes, des mouvements, etc. Avec aussi, encore une fois, ce même motif qui se retrouve et qui
09:33identifie la particularité de la performance. Ensuite, là, je continue dans la sélection
09:43très précise que j'ai faite sur ce qui a inspiré la suite du travail. Donc bien sûr, ça, c'est
09:511952, c'est le camp de base. Et pour moi, chaque exposition, en fait, est un nouveau camp de base.
09:58Donc quand je disais que l'aventure polaire était pour moi comme une métaphore de l'acte
10:04artistique et que chaque exposition, pour moi, devient un camp de base, c'est-à-dire un camp
10:10où on installe. Ça, c'est à San Francisco 2012 où je produis cette pièce que j'ai appelée
10:18Help Corridor dans laquelle je commence à utiliser, bien sûr, la couverture de survie
10:24comme effet de surface. Et la couverture de survie renvoie pour moi, bien sûr, à ce
10:30qu'elle permet de protéger, mais aussi à ce côté doré, à la feuille d'or, utilisé
10:37aussi bien dans la peinture byzantine que dans la peinture religieuse, avec tout ce que
10:42ça produit aussi de relations, de réflexions, de reflets et de luminosité et de vibrations.
10:50Donc là, voilà, ça, c'était l'intérieur de cet abri. Et ensuite, je prolonge ce travail
10:58de refuge avec quelqu'un dont je suis aussi fanatique qui s'appelle Charlotte Perriand.
11:08fanatique parce que je trouve des affinités à la fois dans la posture, à la fois dans
11:18le côté pionnier, à la fois dans la manière de réorganiser ou d'assembler des objets
11:25et des idées et des concepts. Et pour faire court, je prends une des bibliothèques qu'elle
11:30a faite pour des chambres d'étudiants au Brésil. Et je tente de transformer cette
11:38bibliothèque en refuge habitable. Donc voilà ce que ça donne. Ensuite, c'est un
11:45objet que je peux utiliser en performance. Je vais aller vite. Je suis trop longue.
11:51Non, mais je peux vous relancer avec des questions. On va un petit peu passer ce qui
11:54faudrait aussi. Je laisse la parole à Joël et à Daphné. Mais continuez, continuez, continuez.
11:59On est dans la lancée. Je pense qu'on est parti.
12:01Donc je vais aller plus vite quand même. Et ça donne aussi pour moi l'occasion d'être
12:08invité à produire une commande publique. Celle-ci se trouve à Saint-Etienne. C'est
12:15une commande du musée d'art contemporain. La commande concernait la maison idéale.
12:21Et pour moi, la maison idéale, c'est le refuge avec le mobilier le plus rudimentaire
12:30possible, mais nécessaire. Donc je reprends le travail avec le néon. Et là, je produis
12:37un refuge avec une échelle, un lit, une table, une chaise, une bibliothèque. Il y a dans
12:47cette question aussi de la survie, du déplacement, l'idée du radeau. Donc on est aussi, et c'est
12:56ce qui m'intéresse dans le rapport aux explorateurs ou même aux grandes expéditions, c'est la
13:06possibilité aussi, comme c'est souvent le cas chez les artistes comme chez les explorateurs,
13:12de rater. C'est-à-dire qu'il y a des idées de la réussite, bien sûr, mais combien d'échecs
13:20avant d'aboutir à trouver ce que l'on cherchait réellement. Donc là, c'est aussi cette série
13:29de radeaux sont bien sûr des renvois à l'histoire de l'art, à l'histoire des épopées, etc.
13:38Je produis donc, ça c'était très ambitieux, très complexe, mais dans le prolongement
13:45du kayak en néon, je souhaite produire la réplique à échelle 1 du radeau du Contiki
13:54en néon. J'y parviens. Et donc, ça c'est une œuvre qui est vraiment de très très
14:01grande dimension et qui a été présentée au musée d'Amiens au sein de la plus grande
14:10des salles d'exposition. Et quand je travaille dans un site historique, j'aime bien aussi,
14:17quand c'est possible, trouver à produire des contrepoints avec les archives ou les
14:23collections des musées. Et donc là, j'avais demandé à la conservatrice de l'époque,
14:31et c'était des choix communs, de travailler avec un accrochage d'œuvres qui évoquerait
14:39les questions de naufrage.
14:41Je vais vous laisser la parole pour conclure, chère Nathalie, et je me tourne, parce que le
14:47temps tourne. Donc d'ici 8 minutes, on clôturera le débat. Vous pourrez poser évidemment
14:52toutes les questions que vous souhaitez. Vous pourrez retrouver nos invités ici à
14:56l'espace, je l'appelle convivialité, soyons le corridor, le couloir, en tout cas la base
15:02vie peut-être. Daphné, je me tourne vers toi. Les archives sont, pardon, oui, les archives
15:09personnelles de Paul-Emile Victor sont aux archives nationales. J'allais dire enfin, et
15:17finalement, pourquoi ?
15:20Le micro, le micro.
15:23Tout simplement pour qu'elle puisse être consultée. C'est-à-dire que, voilà, mon
15:29père, mais c'est pas seulement parce qu'il souhaitait laisser une trace, mais je pense
15:33que, comme disait Pierre Dac, quand on saura d'où on vient et où nous allons, on saura
15:40peut-être où on en est. Donc effectivement, il y avait un peu de ça dans la démarche.
15:48Malheureusement, l'espace des mondes polaires Paul-Emile Victor, après Manon dans le Jura,
15:51qui d'ailleurs détient encore des objets de la collection de Pèves, et notamment ce
15:58traîneau et un certain nombre d'autres traîneaux, puisqu'il n'en a pas eu qu'un seul.
16:02Mais voilà, c'est un très joli trou du cul du monde dans le Jura. Donc n'hésitez pas
16:07si vous passez par là. C'est un superbe lieu qui a été initié par mon frère aimé,
16:12notre frère aimé Jean-Christophe, et par Stéphane Niveau, qui agit encore beaucoup
16:20au sein du fonds de dotation. Bref, tout ça pour vous dire que, oui, les archives nationales
16:24pour que des chercheurs, des étudiants, un jour puissent les consulter, et dans un jour
16:30peut-être encore plus lointain, quand ils seront numérisés, pour que ce soit vraiment
16:33ouvert au grand public à partir de sa tablette, ou de son ordinateur, ou de son smartphone,
16:40ou de son petit doigt, peut-être dans 50 ans, je ne sais pas. Voilà. C'est surtout la transmission.
16:45La transmission. Et peut-être, tu viens de citer cette phrase, non pas de Mireille Dark,
16:50mais de Pierre Dac.
16:51J'ai dit Mireille ?
16:51Ah bon ?
16:52Qu'est-ce que tu nous dirais, en guise peut-être, de conclusion de cette première table ronde
16:58sur Paul-Émile ? Moi, j'avais mis dans le film, l'aventure, l'aventure, c'est du temps volé
17:04à la mort. Toi, c'est quoi la philosophie de, entre guillemets, ton Paul-Émile Victor ?
17:09Disons qu'il y a une phrase qu'il a écrite, mais qu'il m'avait dite aussi, et qui fait bien réfléchir
17:19quel que soit son âge, c'est « Fais coller ta vie à tes idées, sinon tu risques de faire le contraire. »
17:29Donc on vous donne deux heures, thèse, antithèse, synthèse, on ramasse les copies, et vous aurez peut-être
17:35un cadeau. Non, c'est qu'en fait, il faut bien se connaître, lucidement, clairement, et faire coller
17:42à sa vie, à ce qu'on est. D'ailleurs, vous avez constaté que depuis la période Covid, où les gens étaient
17:48quand même très tournés autour de leur propre nombril, peut-être un peu trop d'ailleurs désormais,
17:53mais bon, il y a énormément de gens qui ont vraiment changé de vie, changé de métier,
17:59et qui ont quitté leur travail d'ingénieur pour aller élever des chèvres. Enfin voilà, je ne dis pas
18:04qu'il faut aller forcément élever des chèvres, mais il faut faire coller sa vie à ses idées.
18:09Sinon, on fait le contraire et on ne se ressemble plus.
18:13Je me tourne vers vous, Joël. Ce vieil explorateur, ces vieux explorateurs aussi,
18:20j'associe Robert Gessin, j'associe Malory, je convoque tous ces grands ethnologues,
18:26je citerai cette phrase d'un grand écrivain à succès, je tairai le nom, mais qui a écrit
18:30les chemins noirs, qui m'a dit que tout ça, tous ces vieux grimoires, ces toiles d'araignée,
18:35ces vieux explorateurs, c'était assez inintéressant finalement. Alors qu'est-ce que nous racontent
18:40pour vous ? Et ils sont intéressants quand même.
18:43Oui, je ne suis pas du tout d'accord avec cette remarque.
18:46Avec ce qu'elle dit, c'est d'intéressant, c'est ça ?
18:48Oui, non, mais je trouve que c'est d'abord une connaissance de l'humanité qui est quand même
18:56extraordinaire, que justement dans ce lieu qualifié d'inhumain, des générations aient pu s'installer,
19:07nomadiser, trouver des solutions à tout, et pas seulement de la survie justement, c'est ça que je trouvais
19:14admirable, c'est que tous les objets, on voit ça au musée d'Amasalik et au musée à Paris,
19:23le musée des arts premiers, tous leurs objets de la vie quotidienne étaient ornés de figurines,
19:31c'était un acte sacré et un bel acte d'aller à la chasse et de rendre hommage au gibier,
19:42de solliciter les forces de l'univers pour que tout marche, et puis ils avaient le temps de faire des jeux.
19:50Victor a enregistré plus de 100 jeux d'adultes et d'enfants, donc il y avait une vie sociale,
19:57il y avait une... c'était vraiment... c'est un modèle de société qui est extraordinaire,
20:04où il y avait l'entraide, une prise de gibier se partage, et donc un mauvais chasseur avait toujours
20:15une distribution à condition d'avoir de la famille, parce que ça se faisait au sein de la famille,
20:19avec des règles très particulières, mais donc il y a beaucoup à apprendre de ces sociétés
20:25que certains considèrent comme primitives, mais qui ont prouvé par leur survie dans ces lieux,
20:34qu'elles étaient très fortes, certes c'était des petits groupes, certes il y avait des drames,
20:42mais c'est assez admirable, voilà.
20:45Merci Joël. Sur la piste maintenant, Nathalie, sur la piste de Paul-Emile,
20:50je regarde ma montre pour dire l'année...
20:52Alors on va faire hors piste.
20:53Hors piste, on y va.
20:54Voilà, j'ai fait défiler pour ne pas monopoliser trop de temps,
20:59donc ça c'est juste le passage de la couverture de survie à l'utilisation de la feuille d'or,
21:08et encore une fois, comme vous le voyez, à la pratique du collage,
21:13où viennent se superposer toutes les iconographies et les corpus d'images
21:20que j'ai pu archiver depuis 40 ans.
21:23Donc là, on retrouve aussi bien, bien sûr, des objets décoratifs,
21:29des objets de porcelaine, que des amulettes inuites,
21:34aussi bien que des dessins d'enfants que j'avais pu rassembler
21:40lors de mon séjour au Groenland, je n'en ai fait qu'un seul en 1987.
21:46Mais ça continue à irriguer le travail, alors là, par ces séries,
21:50par exemple, de collage dessin à partir de masques inuites.
21:58Voilà, je vais passer rapidement.
22:02Ça, c'est assez récent, ce sont de très grandes aquarelles
22:05qui viennent reparler de l'autoportrait,
22:10mais là, avec une figure juvénile et nue,
22:15qui serait cette jeune fille couverte des images
22:20qui sont celles qui l'environnent et qui la protègent.
22:26Et peut-être, voilà, vous reconnaissez à gauche, en haut,
22:30la reproduction.
22:31Tout est fait à l'aquarelle, mais à l'origine,
22:34ce sont des petits collages.
22:35Et une fois que la combinaison me convient,
22:37je restitue tout à l'aquarelle.
22:44Ça, c'est plus drôle, mais comme ça, ça fait sourire.
22:50Ça, c'est plus récent.
22:52Mais on voit toujours.
22:55Et voilà, je finirai sur cette image
22:57qui est une pièce très, très récente,
22:59qui est encore une forme d'autoportrait
23:01et qui reprend, en fait, en tapisserie,
23:06la toute première image de ce que je vous ai projeté
23:10qui s'appelait autoportrait avec paire de lunettes
23:13pour évaluation des distances en terre froide.
23:15Merci.
23:18Alors, vous m'avez fait...
23:19On peut vous applaudir.
23:24Je vais évidemment vous laisser la parole
23:27pour que vous puissiez poser les questions.
23:28Moi, je voulais conclure sur une seule phrase.
23:30Elle est de Alexis de Tocqueville.
23:32Et je l'adore.
23:33En plus, elle a indiqué, on est aux archives.
23:35« Quand le passé n'éclaire plus l'avenir,
23:37l'esprit marche dans les ténèbres ».
23:45« Quand le passé n'éclaire plus l'avenir,