- il y a 2 jours
Le bois est renouvelable, abondant, peu consommateur en eau et capte le carbone. Des atouts qui peuvent en faire le matériau de construction des bâtiments de demain. Paul Jarquin, président de REI Habitat et de Fibois nous explique quels sont les défis à relever pour le démocratiser. Il est l’invité de de cette édition spéciale de SMART IMPACT au Forum des Projets Urbains 2025.
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00:00Smart Impact est toujours au Palais du Congrès dans le cadre de ce 25e Forum des Projets Urbains et j'accueille Paul Jarkin, bonjour.
00:15Bonjour.
00:16Bienvenue, vous êtes le président de REI Habitat et de Fibois. Je veux bien qu'on revienne à la genèse, l'origine de REI Habitat.
00:24Comment vous l'avez créé ? Comment vous l'avez orienté vers ce dont on va parler beaucoup ici, c'est-à-dire le bois, le bas carbone ?
00:33Quand je parle de la genèse, je cite souvent une exposition à la cité de l'architecture qui s'appelait Habité écologique en 2008.
00:41J'ai créé REI Habitat en 2009 et c'était une exposition qui parlait d'habitat et de matériaux.
00:47Ce n'était pas forcément des visions d'immeubles modernes, mais du lien entre l'homme et la matérialité.
00:55Et forcément, on parlait de bois avec de nombreuses constructions en bois partout dans le monde.
01:00Et il y avait quand même quelques immeubles, notamment dans les pays nordiques, où on montrait des nouvelles expérimentations et des nouveaux usages du bois.
01:05Et c'est vrai que ça m'a paru assez évident.
01:09Je me suis dit pourquoi on ne construit pas toutes nos métropoles à partir des forêts ?
01:14Moins d'usages d'eau, matériaux renouvelables, abondants.
01:19Et à l'époque, on parlait très peu de carbone encore, parce que c'était en 2009, il n'y avait pas eu la COP.
01:23Oui, c'est la question que j'allais vous poser de 2009.
01:24Vous n'étiez pas nombreux à prendre ce virage ou alors à créer vos entreprises dans cette logique-là ?
01:29C'est vrai que le carbone, on en parle plus depuis 2015.
01:32Mais j'ai envie de dire presque les 5-6 premières années, c'était ce matériau naturel en renouant aussi avec des savoir-faire traditionnels et historiques, l'usage du bois dans la construction.
01:44C'est ça la genèse de l'entreprise.
01:46Alors vous avez commencé à répondre à la question, mais si on liste les avantages principaux du bois et peut-être, si vous avez les chiffres, ce n'est pas une colle,
01:53mais le comparatif entre une construction qui utilise majoritairement du bois par rapport à un tout béton, par exemple, les décalages en termes de bilan carbone, qu'est-ce qu'on peut en dire de ça ?
02:07Pour prendre un exemple assez concret, c'était au moment du village des athlètes.
02:12La candidature parisienne suite à Londres, c'était on doit réduire de 60% les émissions.
02:17Et en fait, le choix dit on va majoritairement construire le village en bois.
02:20C'est parce que quand on regarde la structure de l'immeuble, on est jusqu'à moins 60% de carbone si on fait un immeuble en bois par rapport à un immeuble en béton.
02:31Là, si on est un peu technique, quand on regarde l'IC construction.
02:34Donc effectivement, pour une raison assez simple, quand on parle de bois, on parle des 3S, séquestration, stockage et substitution.
02:44Séquestration, c'est les arbres qui poussent en forêt la photosynthèse, ils viennent capter du CO2.
02:48Quand on le met en oeuvre dans un immeuble, par exemple le village des athlètes où on parlera de certains de nos immeubles,
02:55on va stocker sur le long terme, voire le très long terme, plusieurs siècles.
02:58Et l'IC substitution, c'est en fait, on vient retirer du carbone non émis en utilisant ce matériau versus des matériaux plus carbonés comme l'acier ou le béton.
03:09Ils viennent d'où vos bois ?
03:10Alors nous, on a fait un choix d'entreprise qui est en cohérence avec cette idée d'habiter écologique,
03:14mais c'est de forêt française et gérer durablement.
03:17Forêt française avec une marque qui est en train de monter en puissance qui s'appelle la marque Bois de France.
03:22En ce moment même, d'ailleurs, elle est présentée dans une des conférences.
03:25Bois de France, ça veut dire quoi ?
03:26Ça veut dire forêt française, sieur français, charpentier français.
03:31Donc c'est aussi pouvoir avoir une traçabilité assez simple au final vis-à-vis des élus, des citoyens où on fait les projets et aussi des habitants.
03:41C'est une demande de vos clients ?
03:44C'est-à-dire qu'ils nous disent, ok, très bien, on va faire une construction en bois,
03:48mais on veut que ce soit du bois français ou ce n'est pas forcément la demande prioritaire ?
03:51En fait, il y a eu une convergence dans cette prise de décision de l'entreprise depuis maintenant presque 5 ans de venir Bois de France.
03:59En 2015, donc ça date maintenant, il y a une dizaine d'années, on avait fait un retour d'expérience sur nos 10 premières constructions.
04:06Et on avait quand même une demande de, j'ai envie de dire, plus d'écologie.
04:09Alors pas que sur le bois, mais sur des jardins partagés, des ateliers participatifs, des composts, un certain nombre de choses.
04:17Et quand même, de plus en plus de questions, d'où provient le bois ?
04:21Comment sont gérées les forêts ?
04:23Si votre bois, il part en Chine et qu'il est transformé ensuite dans des pays nordiques,
04:27finalement, est-ce que c'est si écologique ?
04:29Et donc, dans une logique un peu de bio-région qui là, pour le coup, faisait aussi partie de cette exposition habitée écologique,
04:36mais d'une certaine façon, d'un bon sens écologique, de dire, il faut faire des circuits courts.
04:40Ça a été aussi renforcé, je dirais, dans le post-Covid, de savoir qu'on était avec des industriels français qu'on connaissait.
04:47Ça crée de la résilience par rapport au modèle, là où, pendant un moment donné, on a eu les frontières qui étaient fermées.
04:51Donc, c'est vrai que nous, sur un immeuble comme le Woodhub, on dit, on construit en hêtre à partir des hétraies de Normandie,
04:58gérées par l'ONF et d'un sieur qui est à Dieppe, qui s'appelle Manubrois.
05:02Et on arrive même à faire l'approvisionnement fluvial.
05:05Ça vient non seulement raconter une histoire, mais très concrètement, on va dire, on valorise la forêt française,
05:10on valorise les savoir-faire et aussi des emplois non délocalisables.
05:12On voit bien que ça coche beaucoup de bonnes cases dans un projet comme celui-là.
05:16Mais alors, en vous écoutant, je pense au livre de Sophie Coignard, c'est une journaliste au point,
05:20qu'on a reçu il y a quelques jours dans notre émission, qui s'appelle Le carnage végétal.
05:23Alors, ce paradoxe, c'est qu'on a une forêt française qui, en superficie, progresse très clairement depuis plusieurs décennies,
05:30mais qui se fragilise.
05:31Est-ce que ça fait partie de vos inquiétudes ou de vos sujets sur lesquels vous essayez d'agir avec vos partenaires ?
05:39Oui, c'est un sujet, d'ailleurs, dont on ne parle pas assez.
05:44Et tant mieux, alors je dis ça, on voit quand même qu'on en parle de plus en plus.
05:48Mais la forêt française, c'est 17 millions d'hectares et à peu près 30, un peu plus de 30% du territoire national.
05:56Je parle de la France métropolitaine.
05:58Et effectivement, historiquement, elle a eu depuis un siècle, elle a doublé au niveau de territoire.
06:05Mais par contre, ce qu'on voit ces dernières années, à cause du dérèglement climatique,
06:08c'est plus de mortalité en forêt.
06:10Je parlais du être.
06:11Pourquoi on a construit le wood-up en être et une grande partie maintenant de nos immeubles
06:14qui sont au-dessus de 5 ou 6 étages ?
06:16C'est parce qu'on connaît les études, notamment de l'ONF,
06:19qui montrent que dans 20 ans, dans 30 ans, il y aura de moins en moins de capacité d'avoir du être en France.
06:24C'est pourtant la deuxième essence.
06:26Donc, plutôt que laisser les arbres mourir en forêt à cause de stress hydrique,
06:31on va les mobiliser à temps et les mettre en rêve et les stocker sur le long terme.
06:34Il y a un autre exemple d'une opération importante qu'on va réaliser à Lyon,
06:38à la Confluence, qui est près de 18 000 m².
06:41Là, on a voulu travailler avec du résineux local, notamment de l'épicéa, scolité.
06:46Donc, le bois scolité, pareil, on n'en parle pas forcément,
06:49mais c'est un insecte, un ravageur qui attaque les forêts françaises,
06:53notamment dans le Grand Est.
06:55Beaucoup de gens, maintenant, s'en rendent compte quand même,
06:56quand on se balade, on voit des arbres rouges qui, au final, sont morts.
07:00C'est 24 millions de mètres cubes qui ont été décimés au cours des 5 dernières années.
07:04Et ça, vous pouvez les récupérer et travailler ce bois,
07:08même s'il a été infecté par ces insectes ?
07:11Tout à fait.
07:12D'ailleurs, dans une approche aussi un peu culturelle,
07:15on va travailler avec un artiste qui va venir marquer les poteaux
07:17pour raconter aussi cette histoire.
07:19Mais quand il est sorti de forêt, au bout de quelques semaines,
07:22donc il faut quand même avoir la réactivité de pouvoir le couper,
07:26parfois faire des coupes sanitaires quand des forêts sont attaquées.
07:30Mais derrière, il ne perd pas ses caractéristiques mécaniques.
07:33On va avoir un peu, il va avoir une tendance à être un peu violet.
07:36Donc, on aura des poutres avec un certain coloris.
07:39Mais se dire, en fait, ça fait partie de notre nouvelle histoire.
07:42Et si on peut raconter ça aux gens, ça fera même partie d'une histoire patrimoniale,
07:46en réalité, de se dire.
07:47Et peut-être un ordre de grandeur.
07:49Parce que quand on dit 24 millions de mètres cubes, ça ne veut pas dire grand-chose.
07:51Par contre, un logement en bois, nous, c'est à peu près 15 mètres cubes.
07:54Donc, 24 millions de mètres cubes pour 15 mètres cubes d'un logement,
07:58c'est un million de logements.
08:00Alors, il y a de la mortalité.
08:01En Syrie, il y a de la coupe.
08:02Mais c'est pour donner quand même des ordres de grandeur.
08:04Parce que parfois, on dit, oui, mais c'est des choses que j'avais entendues,
08:07notamment au moment des villages des athlètes.
08:09Mais vous allez raser la forêt française pour construire en bois.
08:11On n'a pas les ressources.
08:13Non, ce n'est pas une réalité.
08:14Bien sûr, il faut rester frugal.
08:16Il faut utiliser de façon la plus efficiente.
08:18Et d'ailleurs, pour des questions de coûts de construction aussi,
08:21il faut une forme de rationalité et d'être sobre sur les usages.
08:24Mais derrière, on a quand même une forêt riche et qui reste abondante.
08:28On peut construire jusqu'à quelle hauteur un immeuble en bois ?
08:31Alors, à date, pour parler d'une réalisation de REI,
08:35maintenant, c'est le wood-up qui était quand même de 17 niveaux
08:37avec la structure verticale.
08:39Mais il y a eu des projets qui allaient au-dessus de 100 mètres.
08:42Notamment en Suisse, il va y avoir un immeuble de 100 mètres.
08:45En Norvège, il y a eu une réalisation de 85 mètres.
08:48Donc, ça doit faire plus de 17 étages, en tout cas 85 mètres.
08:53Donc, en réalité, les capacités structurelles du bois
08:55avec des produits d'ingering maintenant nous permettent d'aller très haut.
08:59Ce qui permet de dire aussi qu'il peut le plus, il peut le moins.
09:01C'est-à-dire que si on fait des immeubles de 50 mètres,
09:03ce n'est pas le gros du marché.
09:05C'est aussi de la réhabilitation, des surélévations de bois
09:09et du plus petit collectif.
09:10Mais on sait faire.
09:11Alors, il y a d'autres projets.
09:12Vous avez parlé de wood-up.
09:13Il y a un projet qui s'appelle les pierres sauvages aussi.
09:15Alors, c'est où les pierres sauvages et quelles sont les caractéristiques de ce projet ?
09:18Alors, les pierres sauvages, c'est un projet qui est à Pantin
09:20dans lequel, à nouveau, on va utiliser du bois structurel et notamment du hêtre.
09:26Et là, ce qui est intéressant, c'est qu'on avait été assez passionnés
09:29par une exposition aussi qui s'appelait Paris Haussmann,
09:32réalisée par l'âne, l'architecte du wood-up.
09:33Et en fait, c'est la pierre et le bois.
09:36Donc, en fait, l'expérimentation et la réalisation de Pantin,
09:39c'est de la pierre en façade parce que souvent, on a des élus
09:41ou principalement des élus.
09:43Les citoyens, en général, sont plutôt favorables au bois, même en façade,
09:47mais en fonction des différents endroits où on vient construire,
09:50qui vont dire oui, mais le bois, il va griser, il va vieillir dans le temps.
09:54Quelle est sa durabilité ?
09:55C'est aussi montré que sur...
09:56Il y a une question, c'est le bois structurel pour le bilan carbone.
09:59Mais par contre, en façade, on sait faire de la pierre, de la brique
10:01et tout type de plus en plus de savoir-faire aussi.
10:05Et donc, cette opération de Pantin, elle marquera un peu ce renouveau
10:08de la tradition haussmannienne.
10:11Alors, ce forum des projets urbains, il permet d'organiser évidemment
10:14de multiples tables rondes, colloques, conférences.
10:18Je crois que vous participez à une conférence sur l'offre locative.
10:21C'est quoi l'enjeu principal en matière de l'offre locative ?
10:25C'est-à-dire bâtir des projets, mais en...
10:28C'est une lapalissade, mais en pensant d'abord à ceux qui vont les habiter,
10:32c'est ça l'idée ?
10:33Oui, toujours.
10:35Alors là, forcément, on a parlé beaucoup de bois,
10:37mais on fait de l'habitat, donc on fait des logements.
10:40Et d'ailleurs, ce qu'on s'est rendu compte souvent
10:41quand les gens viennent visiter un logement,
10:43c'est qu'au final, c'est des choses de très haute qualité.
10:45Les gens me disent souvent, mais au final,
10:46tu construis du très haut standing.
10:48Alors nous, on met en avant, vous l'avez vu,
10:49plutôt la dimension écologique.
10:52Il y a un coût de construction qui est un peu plus important
10:54par rapport aux constructions traditionnelles.
10:56Et c'est vrai qu'aujourd'hui, il y a pas mal de gens qui me disent
10:59mais au final, ton produit ou tes logements,
11:01c'est réservé à une population assez infine.
11:04Moi, je ne peux pas me payer.
11:06Et c'est vrai qu'il y a beaucoup d'élus.
11:07On aimerait aujourd'hui, on a un programme maintenant
11:09qui s'appelle Bois pour tous,
11:10de venir faire de plus en plus de gains de productivité
11:13avec le Hors-Sud pour faire baisser les coûts de construction.
11:15Après, effectivement, aujourd'hui,
11:17on se rend compte pour parler du locatif libre
11:19et de cette conférence à laquelle on a participé,
11:23c'est que le parc privé aujourd'hui est de moins en moins important.
11:27On entendait les élus, notamment de la ville de Paris,
11:29qui disaient qu'il y a de plus en plus de résidences secondaires
11:32et de moins en moins d'offres de logements.
11:34C'est vrai dans toutes les métropoles françaises.
11:36Et donc, en fait, on est un peu bloqué sur ce parc du locatif libre.
11:40Et on le voit que ça devient une crise maintenant même sociale.
11:44Donc aujourd'hui, la réflexion qu'on a
11:45avec un certain nombre d'investisseurs institutionnels et de banquiers,
11:48c'est de voir, en fait,
11:49on rentre dans des sujets assez techniques,
11:51en réalité, de finances,
11:53pour voir comment on va réussir à,
11:55en fait, peut-être détendre justement
11:57ces questions de taux de rentabilité
11:59sur les rendements attendus par des gens
12:02comme il y avait Groupama Immobilier,
12:04CDC Habitat,
12:05pour pouvoir à la fois
12:06continuer à faire du beau patrimoine
12:10avec des projets dont on a parlé,
12:11le groupe de la Poupantin, de la Pierre et du Bois,
12:13tout en ayant une vision plus long-termiste en réalité
12:16et en se disant, voilà,
12:17c'est un peu un devoir collectif
12:19de, malgré cette crise,
12:21continuer à produire de la qualité
12:22et des logements,
12:23notamment renouveler le parc des locatifs privés.
12:26Merci beaucoup, Paul Jarkin
12:27et bon forum des projets urbains.
12:30À bientôt sur Bsmart4Change.
12:32Voilà, c'est la fin de ce Smart Impact.
12:34Merci à toutes et à tous
12:35de votre fidélité à Bsmart4Change
12:38à la chaîne des affaires.
12:39Salut, à très vite.
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