00:09Selon le dernier sondage IFOP, la jeune génération musulmane en France se réislamise fortement.
00:15Plus de la moitié des 15-24 ans placent les règles de l'islam avant celles de la République.
00:2081% estiment que la religion prime sur la science.
00:23Le port du voile progresse fortement chez les jeunes femmes.
00:26Quelle est la réalité de l'islam en France aujourd'hui ?
00:29Nous avons un invité très spécial et un invité très particulier que nous aurons en ligne dans un instant.
00:37Qui vous donneront un regard que vous n'aurez nulle part ailleurs.
00:41Nous avons Sonia Zadig, auteure du livre Les enfants perdus de la République.
00:46Ils ont décidé de sortir de l'islam au péril de leur vie aux éditions Fayard.
00:50Elle est psychanalyste et personne d'autre qu'elle ne peut donner un meilleur regard, une meilleure analyse
00:55effectivement de ce sondage qui fait tant parler.
00:57Nous aurons aussi Bruno Guyot qui depuis la Belgique nous appellera.
01:02Un ancien imam salafiste qui a lui aussi écrit un livre.
01:06On l'aura pour pouvoir analyser ce sondage.
01:08Et bien sûr on parlera du livre de Sonia Zadig qui est un livre exceptionnel qu'il faut absolument lire.
01:14D'abord, Gabriel Cluzel, Éric Tegner.
01:16Vos analyses sont très attendues ce matin à propos de ce sondage.
01:22Moi ma première interrogation, j'aime bien, c'est que je me dis que pourquoi ce n'est pas un institut déjà officiel,
01:28public, qui fait ce sondage.
01:31Moi c'est ma première remarque, c'est ce qui m'interpelle.
01:35C'est-à-dire que ça ne va pas être l'INSEE, ça ne va pas être notre institut public, officiel,
01:39mais il faut attendre l'IFOP pour faire ce genre de sondage.
01:42Bon voilà, c'est assez fait. Gabriel Cluzel.
01:45Ce que vous dites est tout à fait intéressant parce qu'en réalité ça s'inscrit dans cette politique de l'autruche
01:51qui en la matière caractérise les gouvernements qui se sont succédés
01:56et qui n'ont jamais voulu se saisir de la question.
01:58Il était convenu de se satisfaire de la méthode Coué, de la prophétie autoréalisatrice,
02:03selon laquelle en arrivant, puisque l'islamisation est arrivée par le cheval de Troie de l'immigration,
02:11et bien en arrivant, tous ceux qui passeraient la frontière se débarrasseraient comme d'oripeaux
02:16de leurs convictions et qu'il y aurait une sécularisation
02:20et que finalement l'islam étant le christianisme du Maghreb, exotique,
02:27on arrivera à lui taper sur la tête, comme on l'a fait avec la loi de 1905,
02:31et que tout se passerait bien, que tout ça se diluerait dans la société de consommation
02:36et que ça ne poserait pas de problème.
02:37On ne s'est jamais dit à un moment, qu'en faisant venir massivement des populations,
02:41elles reconstituaient un certain nombre de leurs mœurs et seraient travaillées,
02:45parce que c'est extrêmement frappant de le voir chez les jeunes générations,
02:50travailler par un durcissement de leur religion, de leur conviction.
02:57Et puis il y a un changement de population, je sais que c'est interdit d'en parler,
03:00mais parlons-en quand même.
03:01Ou appelons-le autrement, puisque ce mot est maudit,
03:05si ce n'est pas un grand remplacement, c'est un grand changement, disons-le.
03:10Parce qu'aujourd'hui...
03:11Je ne sais pas si ça traduit un grand remplacement, mais un grand changement.
03:14Non mais attendez, il y a quand même un système de vases communicants.
03:17Il y a 40 ans, il y avait 1% de la population, pour ne parler que de cela,
03:20qui se déclarait musulmane, aujourd'hui il y en a 7%.
03:23Ça veut dire que dans 40 ans, s'il y a la même progression, le même trend,
03:267 fois 7, 49%.
03:28Les catholiques, il y en avait 83%.
03:31Aujourd'hui, ils ne sont plus que 43% à se déclarer parmi les sondés.
03:36Catholiques s'en suivent le même trend, on sera 20%.
03:38Qui sera minoritaire ? Qui sera majoritaire dans 40 ans ?
03:40Je vous pose la question, nous avons le devoir de nous poser cette question.
03:44Nous le devons à nos petits-enfants et à nos enfants qui vivront cette situation.
03:47Appelez-nous au standard d'Europe 1 pour réagir.
03:49Dites-nous ce que vous voyez au quotidien, votre vie,
03:51ce que vous voyez par rapport à ce sondage,
03:54qui témoigne d'une réalité.
03:56Est-ce que ce sont des chiffres ?
03:57Est-ce que ce sont des faits réels que vous vivez ?
04:01On marque une pause, on revient dans un instant,
04:02parce qu'Éric Tecner, piaf d'impatience,
04:04et nous avons notre invité aussi.
04:07On a envie d'avoir son analyse, je montre,
04:09sur Europe 1.fr et sur l'application,
04:11puisque ma maman, elle regarde maintenant, depuis la Guadeloupe,
04:13elle regarde sur l'application.
04:14Maman, regarde le livre de Sonia Zadig,
04:17que nous recevons, les enfants perdus de la République.
04:19Ils ont décidé de sortir de l'islam au péril de leur vie.
04:23Appelez-nous au 01-80-20-39-21-11h40.
04:27Vous écoutez Christine Kelly sur Europe 1.
04:29Europe 1, Christine Kelly.
04:3111h45 sur Europe 1, Christine Kelly et vous.
04:34La suite, n'hésitez pas, chers auditeurs,
04:35vous réagissez au 01-80-20-39-21.
04:39Quelle est la réalité de l'islam de France aujourd'hui ?
04:42On en parle, chère Christine, avec vos deux invités.
04:45Bruno Guyot, ancienne imam salafiste,
04:46et Sonia Zadig, qui est avec nous en studio,
04:49auteure du livre « Les enfants perdus de la République »,
04:51qu'ils ont décidé de sortir de l'islam au péril de leur vie,
04:54parue aux éditions Fayard.
04:56Ah oui, nous avons Sarah qui nous appelle de Picardie,
04:58mais d'abord, on n'a pas encore entendu Eric Tegner,
05:01et ensuite on va aussi entendre notre invité qui est dans le studio.
05:04Eric Tegner, que pensez-vous de ce sondage qui fait tant parler ?
05:08Tous les médias en parlent, presse écrite, radio, télé,
05:11enfin bon, presque tous.
05:12Moi, je suis tombé de ma chaise.
05:14Je vous avoue, je suis plutôt du genre à être assez dur
05:17sur la question de l'islam, de l'islamisme en France, etc.
05:20Mais je n'imaginais pas, je n'imaginais pas que le problème était aussi grave.
05:25Vraiment, et c'est ça effectivement qui m'a,
05:28sur le moment aussi, énervé et scandalisé.
05:31Vous le disiez, ça aurait dû être l'INSEE,
05:32des grands instituts français,
05:34qui auraient dû faire ce genre d'analyse bien plus tôt,
05:37parce que c'est un phénomène qui existe depuis plusieurs années.
05:39Mais à chaque fois qu'il y avait des personnalités,
05:41je pense à Eric Zemmour,
05:43qui alertaient sur l'islamisation, notamment des plus jeunes,
05:46on les traitait d'islamophobes,
05:47on les traitait de xénophobes.
05:48Je vous arrête tout de suite.
05:50Aujourd'hui, parce qu'on fait cette émission,
05:52je me fais traiter d'islamophobes sur les réseaux sociaux.
05:55Donc ça continue.
05:57Et pourtant, tous les médias en parlent.
05:59Je ferme la parenthèse.
06:00Vous êtes sur Europe 1.
06:01Mais c'est révoltant.
06:03J'ai juste un chiffre à donner de cette étude.
06:05Il y a aujourd'hui un jeune musulman de moins de 25 ans sur deux
06:08qui refuse de serrer la main d'une personne de sexe opposé.
06:13Un jeune musulman sur deux.
06:15Non mais dans quel monde on est aujourd'hui ?
06:16C'est-à-dire que les prochains parents de la prochaine génération
06:20de jeunes musulmans ont ce type d'éducation et ce type de valeur.
06:24On n'est pas sur une...
06:26En fait, vous savez, à chaque fois, on est là en train de dire
06:28et on prend tous les dispositifs qu'il faut,
06:30chaque débat doit commencer par pas d'amalgame,
06:32je dissocie une minorité, une majorité de musulmans, etc.
06:36Mais là, sur la jeune génération,
06:38on est clairement dans une majorité de jeunes musulmans
06:41qui sont dans des thèses qui sont radicales.
06:44Voilà.
06:45Donc vous avez une jeune fille sur deux qui porte le voile.
06:47En 2003, au moment du débat sur le port de voile
06:49qui pourtant poussait à reporter le voile,
06:52il y avait trois fois moins de jeunes filles qui portaient le voile.
06:55Elles le font sciemment aujourd'hui.
06:57Il y a des femmes qui meurent en Iran pour enlever le voile.
07:00Et ici, les jeunes filles qui sont nées de parents français
07:06qui viennent de l'ancienne génération immigrée,
07:09eh bien, ils choisissent sciemment de porter le voile.
07:10Ils en font la promotion sur les réseaux sociaux.
07:12Ça montre que tout est parti à volo.
07:15Et franchement, c'est inquiétant pour la suite.
07:17Éric Tegner sur Europe 1.
07:18Appelez-nous pour partager votre regard.
07:21Au 01-80-20-39-21.
07:23Quelle est la réalité de l'islam en France aujourd'hui ?
07:26Dites-nous ce que vous voyez, dites-nous ce que vous pensez par rapport à ce sondage.
07:3057% pensent que les lois de la République passent après les règles de l'islam.
07:3459% estiment que la charia doit être appliquée dans les pays non musulmans.
07:3842% ressentent de la bienveillance pour les islamistes.
07:41Avant de donner la parole à notre invitée, Sarah, vous nous appelez de Picardie.
07:43Et vous dites qu'il y a une grosse différence entre les jeunes et les plus anciens.
07:47Vous remarquez, vous soulignez ça.
07:49Oui, bonjour Christine.
07:49Bonjour chère Sarah.
07:51Oui, en effet, on le voit, je vais dire physiquement, nous dans le Nord, à une heure de Paris.
07:57C'est flagrant.
07:59Il y a une grosse différence là où j'habite, à côté d'une école publique, si vous voulez.
08:04Et les personnes qui sont le plus volées ne sont pas les anciens.
08:11Voilà.
08:12Vous confirmez le sondage, ce sont des jeunes.
08:14Bien sûr, oui, mais toute personne qui est un tant soit peu réaliste confirmera le sondage.
08:20Je veux dire, à un moment donné, il faut arrêter que tout soit tabou et qu'on se fasse traiter d'islamophobe ou quoi.
08:26Je suis issue d'une famille franco-iranienne.
08:30Et je vous dis que là-bas, c'est une réalité.
08:33Les femmes se battent pour quitter l'Iran de manière la plus illégale possible pour certaines,
08:40pour ne plus avoir à subir ces pressions sociales et politiques islamistes.
08:46Et on arrive ici.
08:49Et en fait, le sujet est complètement inversé.
08:51Si vous voulez, moi, j'ai le double regard.
08:53Et ça me laisse assez circonspecte, d'une part, en colère pour l'autre.
08:59Parce qu'on est quand même dans un pays, le pays des droits de l'homme, les pays des droits de l'homme et de la femme.
09:05Et pour une féministe que je suis, je trouve ça juste déplorable.
09:10Parce qu'on doit se battre pour nos racines.
09:13On doit se battre pour ce qui reste encore de la France.
09:16Parce que je suis désolée, aujourd'hui, on est devenus révoltés.
09:20Si on ne se conforme pas à ces pressions sociales, c'est-à-dire de ne pas parler, de parler de l'islam.
09:29Je vais me faire lancher, mais ne serait-ce que de parler...
09:32Non, non, non, c'est bien. Restez en ligne avec nous.
09:34Moi, j'ai envie de poser une question à Sonia Zadig, qui a écrit
09:38« Les enfants perdus de la République, ils ont décidé de sortir de l'islam au péril de leur vie ».
09:44Alors, je rappelle ce livre, c'est « Vous êtes psychanalyste, vous explorez le malaise profond d'une partie de la jeunesse française ».
09:52Elle décrit les enfants, vous décrivez les enfants enivrés, les enfants enivrés à eux-mêmes,
09:56en rupture avec l'école, la famille, les institutions, qui se réfugient parfois dans la violence, l'idéologie ou l'emprise des groupes radicaux.
10:04À travers des années de consultation, vous révélez comment l'abandon, l'humiliation, la quête d'identité peuvent fabriquer une génération en dérive.
10:12Alors, moi, justement, juste un regard, après je reprends Sarah, Sonia Zadig,
10:16mais quel regard vous portez par rapport à cette, on peut le dire le mot, radicalisation de la jeunesse musulmane en France ?
10:23D'abord, c'était juste pour dire que lorsque j'ai vu ou je découvre le sondage ce matin, je ne tombe pas de ma chaise.
10:31Oui, rapprochez-vous du micro.
10:32Je ne me tombe pas de ma chaise.
10:33Ah, vous ne tombez pas de ma chaise.
10:34Non, je dis enfin un sondage.
10:36C'est terrible que ce ne soit pas l'INSEE, mais enfin un sondage, parce qu'on voyait quand même les choses avancées.
10:43Moi, je situe...
10:44Alors, je ne sais pas si on aura le temps de...
10:46Guillaume Griel, baisser un petit peu le micro, juste au niveau de sa bouche, voilà.
10:49Alors, dites-moi.
10:50Voilà.
10:51Vous, vous...
10:51Oui, moi, je ne suis pas du tout surprise.
10:53Je sais qu'il y a un retour rigoriste à l'islam chez certains jeunes d'origine arabe,
11:00ou maghrébine, ou africaine.
11:01Mais, vous savez, moi, mon angle de travail, y compris dans le livre, il n'est pas religieux.
11:07Il est plutôt identitaire.
11:08C'est-à-dire qu'aujourd'hui, que montre ce sondage ?
11:11Moi, c'est ce que j'aime se regarder.
11:13Il montre un divorce.
11:15Je crois que ça y est, il n'y a plus de chambre à part.
11:17Là, on est clairement divorcés.
11:19Alors, qu'est-ce que vous entendez, Sonia Zadig, par ce divorce ?
11:21C'est-à-dire qu'il y a deux Frances qui coexistent, pour l'instant, en paix.
11:27Et je ne sais pas du tout ce qui va arriver dans les prochaines années.
11:31Mais, ça traduit aussi une fragilité identitaire chez tous les enfants de la République.
11:38Alors, certains bricolent un self-islam, ou sortent de l'islam comme dans mon livre,
11:44et d'autres se radicalisent de plus en plus.
11:46Sonia Zadig, les enfants perdus de la République, c'est faillard.
11:49Qu'est-ce qui vous a le plus frappé, Sonia Zadig, dans la psychologie de ces enfants perdus
11:54que vous avez reçus en consultation ?
11:56Un livre puissant sur des témoignages très clairs de personnes que vous avez reçues en consultation.
12:01Dans le livre, j'explique, donc je recueille le témoignage de 247 personnes, hommes et femmes,
12:10plus d'hommes que de femmes, mais ça on pourra revenir là-dessus,
12:14et qui, pour des raisons diverses et variées, qu'on peut quand même énumérer,
12:20il y en a 4 ou 5, décident de ne plus croire.
12:25Et voilà que, justement, la République, qui est laïque, qui ne s'occupe pas des religions,
12:32mais là on tombe dans un autre sujet, qui est le sujet de la liberté de conscience,
12:37mêlée à la liberté d'expression que nous n'avons plus dans ce pays.
12:42Je pense qu'il y a danger, gros danger, dans ce sens-là.
12:46C'est-à-dire que ce sondage, il va falloir en faire quelque chose,
12:49et l'expliquer, non pas par la religion uniquement, la religion n'est qu'un symptôme.
12:55Ce n'est qu'un symptôme.
12:56Et c'est au nom de la religion qu'on voit les petites filles,
12:59pour habituer l'espace public à ce qu'on voit ce genre de choses.
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