00:01Sanae Takashi a remporté les élections internes du Parti conservateur au Japon.
00:06C'est un parti qui est au pouvoir depuis 70 ans, Annalisa Capellini.
00:09Elle s'apprête à devenir la première femme, première ministre.
00:12Racontez-nous, qui est-elle ?
00:14Eh bien, c'est un faucon sur toutes les questions sociales, sociétales,
00:17notamment sur les questions patriarcales très importantes au Japon.
00:20Mais sur le plan budgétaire, c'est plutôt une courlombe.
00:23Son plan, c'est de mener une politique budgétaire responsable et proactive.
00:27Je cite un de ses discours, dans lequel il y a une collaboration du secteur public et du secteur privé.
00:33Alors, qu'est-ce que ça veut dire concrètement ?
00:35Il y a une augmentation des dépenses publiques, il y aura une baisse des impôts
00:38et il y aura un assouplissement monétaire agressif.
00:41Quitte à faire pression sur la Banque centrale du Japon
00:44pour qu'elle maintienne une politique monétaire accommodante.
00:47Pour Sanae Takashi, c'est très clair, le rapport de force entre l'exécutif et la Banque centrale
00:52est en faveur du gouvernement.
00:53C'est le gouvernement qui décide, c'est le gouvernement qui pilote une vision
00:57qui a des conséquences immédiates.
00:59On attendait une hausse des taux d'intérêt ce mois-ci.
01:01Elle sera sans doute retardée.
01:03Le but de toutes ces manœuvres politiques étudiées par Takashi,
01:07c'est celui de stimuler la croissance,
01:09de faire descendre encore un peu l'inflation qui est encore trop proche de la barre des 3%,
01:13mais surtout de passer d'une inflation par les coûts à une inflation par la demande.
01:17Ça ressemble aux abénomiques si elle était proche de Shinzo Abe.
01:20Absolument, c'était une fidèle de Shinzo Abe décédée il y a 3 ans.
01:25En tout cas, c'est ce qu'on lit dans une bonne partie de la presse économique japonaise
01:28ces dernières heures, c'est qu'elle s'inspire très largement des abénomiques.
01:33Or, il y a un problème.
01:34Toute cette politique économique menée par Shinzo Abe
01:37a beaucoup contribué à éroder la confiance des Japonais
01:40envers le Parti libéral-démocrate,
01:42envers les institutions en général,
01:44et ça, en quelque sorte, crée la situation d'instabilité politique
01:47dans laquelle on se trouve aujourd'hui.
01:48Ça inquiète beaucoup la classe politique.
01:51Ça n'inquiète pas pour l'instant les investisseurs.
01:53Les marchés japonais ont ouvert en hausse ce matin avec des sommets historiques.
01:57Très dur sur les dossiers internationaux.
01:59Absolument, avec son slogan « Le Japon est de retour ».
02:02Ça vous rappelle peut-être celui d'un autre grand leader international.
02:06C'est là que s'exprime tout son nationalisme.
02:09Il y a un pays dans le viseur de Takahashi, notamment, c'est la Chine.
02:12Les relations entre Pékin et Tokyo sont très tendues en ce moment.
02:15Son arrivée au pouvoir risque de ne pas les améliorer.
02:18Elle défend très explicitement Taïwan.
02:21Elle est très agressive vis-à-vis de Pékin,
02:23notamment sur les questions mémorielles et historiques.
02:26Mais il y a une réalité économique.
02:28C'est que les entreprises japonaises ont besoin de la Chine,
02:30ont besoin d'exporter vers la Chine.
02:33Elles pourraient donc faire preuve du même pragmatisme que Shinzo Abe
02:36en choisissant de mettre de côté les divergences politiques
02:38pour renforcer les liens économiques avec la Chine.
02:40Très dur également sur les questions sociétales.
02:43Certaines oppositions la surnomment la Talibane,
02:45ce qui veut dire beaucoup sur la question du droit des femmes.
02:48Merci.
02:48Annalisa Capellini.