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  • il y a 10 heures
Gautier Cloix, PDG de H Company, était l'invité de François Sorel dans Tech & Co, la quotidienne, ce jeudi 13 novembre. Il s'est penché sur les raisons de la désertion des cofondateurs de H Company, l'évolution des activités de l'entreprise, l'impact de l'IA agentique de H en France, sur BFM Business. Retrouvez l'émission du lundi au jeudi et réécoutez la en podcast.

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Transcription
00:01Tech & Co, la quotidienne, l'invité.
00:04Voilà, et pour terminer ce Tech & Co, la quotidienne depuis l'Orange Vélodrome ici à Marseille,
00:09à l'occasion de l'AIM, ce rendez-vous organisé par La Tribune et BFM Business
00:14pour récompenser les startups, on va dire, accompagnées par CMA, CGM.
00:21Pour terminer cette émission, j'accueille Gauthier Cloy.
00:23Bonsoir Gauthier.
00:24Bonsoir.
00:25Très heureux de vous recevoir dans Tech & Co, parce que vous êtes le PDG de H-Compagny.
00:30H-Compagny qui est une startup française qui est spécialisée dans le développement d'agents
00:33alimentés par l'intelligence artificielle, qui a été lancée fin 2023.
00:37Le nom d'H, c'est Holostik AI au départ.
00:40Exact.
00:41Voilà.
00:42Ce qui est intéressant, c'est que c'est une boîte qui a connu pas mal de turbulences ces derniers mois,
00:48puisque en fait, au cœur de l'été 2024, Carl Tuils, Dan Viestra et Julien Perola,
00:54qui étaient les fondateurs, ont décidé de claquer la porte de H.
00:58D'ailleurs, on s'était dit que c'était peut-être la fin de cette startup qui a eu un début un peu comme une fusée.
01:04Et puis, d'un coup, on n'a pas compris.
01:06Tous les cofondateurs sont partis.
01:08Vous, vous êtes arrivé très récemment.
01:11Donc, vous n'êtes peut-être pas la genèse de cette boîte-là, mais peut-être que vous pouvez nous raconter cette histoire.
01:15Qu'est-ce qui s'est passé ?
01:16Comment H est né et pourquoi il y a eu cette désertion de ces cofondateurs ?
01:22Oui, c'est vrai que dans les premières semaines, il y a eu des changements.
01:25Alors, le fondateur principal, Laurent Cifre, qui a créé l'IA chez Google,
01:29pour qui la plupart des investisseurs ont mis de l'argent, notamment Eric Schmidt, l'ancien patron de Google, est toujours là.
01:36Effectivement, je pense que ça arrive de temps en temps dans les startups que l'équipe du début,
01:42il y a des petits remaniements dans un stade de foot, le sélectionneur change l'équipe.
01:47C'est le mercato, c'est ça ?
01:48Je pense qu'il y a un petit peu de ça.
01:51Mais là, c'est bizarre quand même.
01:52C'est 75% de l'équipe qui est partie.
01:55Disons que c'est le fondateur principal qui est resté et puis l'équipe s'est renouvelée.
02:00Je pense que c'était une startup qui s'est lancée très vite dans la vague de l'IA.
02:03Tout n'était pas complètement précis.
02:05Il y en a qui voulaient partir sur du jeu vidéo.
02:07Il y en a qui voulaient partir sur de la recherche plus fondamentale.
02:10Aujourd'hui, en tout cas, c'est complètement derrière nous.
02:13Laurent, il a passé 10 ans chez Google à construire l'IA de Google.
02:16Moi, j'ai passé 10 ans dans une grande reprise américaine de l'IA pour déployer l'IA dans les entreprises.
02:21Palantir, pour ne pas la citer.
02:22Pour ne pas la citer.
02:23Ça fait des années que vous viviez aux Etats-Unis d'ailleurs.
02:26Petite parenthèse d'ailleurs, c'est intéressant votre parcours.
02:28Vous avez travaillé chez Palantir pendant des années.
02:31Et j'imagine que vous avez été sollicité pour revenir en France pour vous occuper d'âche.
02:35Et vous avez dit, quand on préparait cette interview, vous étiez content de revenir en France pour diriger une boîte française.
02:42Oui, je suis très content d'être rentré en France.
02:44J'adorais ma vie aux Etats-Unis.
02:46Mais je pense que la culture évoluait.
02:49Aux Etats-Unis, moi, j'adore ce pays.
02:51Je trouve que vraiment, on a parmi les meilleurs talents au monde, notamment dans mon domaine.
02:56Sur l'IA, on a autant de menailles fils que les Américains.
02:58C'est quand même le prix Nobel de mathématiques.
03:00On a une population beaucoup plus petite.
03:03Et on arrive, et je pense qu'on a, en France particulièrement, on a les moyens d'avoir des leaders mondiaux.
03:09Je ne parle pas de leaders européens.
03:11On a Mistral qui est leader sur les LLM souverains.
03:15On a des entreprises comme Qtai qui sont leaders sur la voie.
03:18Et H, on est leaders technologiques au niveau mondial.
03:23C'est-à-dire que les Américains et les Chinois sont en dessous de nos modèles sur les agents computerius pour les entreprises.
03:29Donc, vous voilà à la tête de cette société.
03:32Et c'est bien parce que vous allez nous expliquer ce que vous allez faire chez H.
03:35Parce que c'est un petit peu nébuleux et mystérieux.
03:38Il faut savoir que cette boîte a eu un soutien financier très rapide de la part d'Eric Schmidt, Xavier Niel, d'Amazon, Samsung aussi.
03:48220 millions de dollars qui sont arrivés quelques mois après sa création.
03:55C'est quoi H aujourd'hui ?
03:57Qu'est-ce qui diffère de l'idée de départ en fait ?
04:00Je pense que l'idée de départ était assez générale et assez vite.
04:05Dans les équipes de recherche de Laurent, on parle de vraiment une des meilleures équipes de recherche au monde.
04:09Il y a 35 chercheurs qui viennent de toutes les grandes entreprises américaines et de tous les grands laboratoires français.
04:15On développait pendant la première année des modèles de computerius.
04:18Computerius c'est quoi ?
04:20Grosso modo, il y a trois générations à l'IA.
04:21La première génération c'était les LLM, questions-réponses, chatbots.
04:25Deuxième génération c'était les agents pour les entreprises qui fonctionnent bien mais qui sont quand même assez fastidieux à mettre en œuvre.
04:32On mesure difficilement le rendement.
04:34Il faut connecter techniquement des LLM à des systèmes existants.
04:38Nous on génère une troisième génération d'IA qui sont du computerius.
04:42Donc en fait c'est l'IA, l'agent utilise l'ordinateur comme un humain, pas besoin de le connecter.
04:47Donc ça va très vite, les résultats viennent très rapidement.
04:51Et donc ça c'est la première année de H.
04:53Développer les modèles, aujourd'hui nos modèles sont bien meilleurs que ceux des concurrents américains et beaucoup moins coûteux.
04:58Et beaucoup moins émetteurs de CO2.
05:01Et là on rentre dans la deuxième phase qui est, depuis que je suis arrivé, en gros j'ai créé une équipe de direction pour déployer ces modèles dans les grandes entreprises.
05:08Donc on les déploie en France, aux Etats-Unis et puis dans d'autres pays, notamment les pays du Golfe.
05:12Donc il est temps d'attaquer le business maintenant ?
05:14Exactement.
05:15Vous êtes là pour ça ?
05:15Ouais.
05:17C'est pas compliqué le business dans l'IA ?
05:19Parce qu'on a l'impression qu'au-delà de toutes les promesses qu'on dit, on le voit.
05:23Il y a de plus en plus de boîtes qui disent finalement l'IA c'est la galère.
05:27On nous a dit que ça allait complètement bouleverser notre business model.
05:31Mais finalement ça nous fait perdre du temps.
05:32Il faut tout le temps vérifier.
05:34On voit même des sociétés qui avaient viré des gens, qui ont installé des modèles et qui finalement se rendent compte qu'il faut réembaucher des gens parce que ça ne marche pas.
05:43Est-ce qu'on ne va pas un peu trop vite ?
05:44Et est-ce que finalement ce fantasme de l'IA qui est là pour augmenter l'entreprise, etc.
05:49Est-ce que c'est prêt tout ça finalement ?
05:51Je pense que c'est vraiment le début.
05:52On est d'accord, c'est une expérimentation l'IA.
05:55Et nous ce qu'on constate c'est qu'effectivement il y a eu ces deux premières phases qui ont excité un peu tout le monde.
06:02D'avoir des agents qui répondent aux questions en connaissant l'entreprise.
06:05D'avoir des agents qui exécutent des tâches même si c'est un petit peu facile à mettre en oeuvre.
06:09Aujourd'hui ce qu'on voit quand même c'est une certaine maturité.
06:12Mais c'est vrai que l'IA, pour vendre de l'IA, pour faire du business avec l'IA, il faut deux choses.
06:16Il faut apporter des résultats concrets.
06:19Ça ne suffit pas de dire qu'on a la meilleure technologie.
06:21Et il faut le faire rapidement.
06:22Et je crois que les Américains pour lesquels je travaillais jusqu'à il n'y a pas très longtemps,
06:27ne sont pas forcément très bons en technologie.
06:29Je pense qu'on est très très bons en France notamment.
06:31En revanche ils sont très bons en business.
06:34Ça veut dire que nous on est moins bons ?
06:35Oui.
06:36Non mais bon, voilà.
06:37Je pense qu'on a plus de mal avec le fait de vendre, de se mettre en avant.
06:43C'est une spécificité française.
06:45Oui, sans doute.
06:45On invente plein de trucs géniaux mais on ne sait pas les vendre.
06:48Le Minitel, il y a plein de choses.
06:50Des exemples comme ça, il y en a plein.
06:52Je crois qu'il faut, en fait il faut, c'est pour ça que je trouve que ce n'est pas forcément une mauvaise chose
06:55que nos talents partent aux Etats-Unis pour apprendre.
06:58Parce qu'on apprend notamment ce genre de choses.
07:00Après il faut revenir.
07:01Pour revenir il faut des boîtes d'ambition mondiale pour attirer les meilleurs.
07:05Mais oui, pour vendre il faut faire comme les Américains.
07:07Il faut, évidemment les relations sont très importantes, comprendre le business des gens,
07:12comprendre ce qu'ils font, parler au patron des grandes entreprises,
07:15quelles sont les priorités pour l'année prochaine.
07:16On n'est pas là pour leur parler de technique.
07:18Et puis ensuite, délivrer très rapidement, en quelques semaines, des résultats qui se mesurent.
07:23Est-ce que vous avez des exemples, je dirais, de cas que vous êtes en train d'étudier ou que vous avez étudié,
07:29ou proposé déjà à des entreprises pour qu'on comprenne un peu ce que vous faites ?
07:32Oui, il y a plein d'exemples.
07:35De façon générale, ce qu'on constate, c'est que 70% du temps, grosso modo,
07:38quel que soit le secteur, 70% du temps des salariés est dédié à cliquer,
07:44aller dans un logiciel, puis un autre, qui ne sont pas designés pour parler entre eux.
07:47Et donc, en fait, à la fin de la journée, on n'a pas l'impression d'avoir fait grand-chose, mais on est épuisé.
07:51Donc ça, c'est le problème qu'on attaque.
07:53Concrètement, on a des cas d'usage, par exemple, sur des commerciaux,
07:56qui vont passer de 70% de leur temps à faire de l'informatique, en fait,
08:00à copier des choses, à chercher des informations, etc., à 5%.
08:03Et donc, on voit du 30%, du 40%, du 50% d'augmentation sur les ventes,
08:07parce que juste, en fait, ils ont le temps de passer du temps avec leurs clients.
08:11C'est-à-dire que toutes les tâches, j'allais dire ingrates, mais en tous les cas,
08:14moins valorisantes, sont faites par l'IA, ce qui fait que le commercial a plus de temps
08:20pour faire autre chose et contacter des prospects, des choses comme ça ?
08:23Exactement.
08:25Vous avez un exemple concret, dans un secteur particulier ou pas, à nous donner ?
08:29Alors, on va faire plusieurs annonces dans les prochaines semaines de nos premiers clients.
08:33Je ne peux pas vous donner de noms de clients, en revanche.
08:35Pas noms, mais peut-être un secteur ou quelque chose ?
08:38Dans un secteur, on a un leader mondial en France qui a grandi par acquisition.
08:46Le PDG me disait, j'ai 80 pays.
08:49En fait, si je dois faire quelque chose dans les 80 pays, j'ai 80 systèmes informatiques différents.
08:52Donc, en fait, je ne peux pas vendre.
08:53C'est dans le domaine de la publicité.
08:54Je ne peux pas vendre aux 80 pays.
08:57Il faut que j'aille voir un par un.
08:58Parce qu'un utilise SAP, l'autre utilise Salesforce, le troisième utilise une solution.
09:02Et donc, Instagram, Facebook, Google, ils savent le faire.
09:06Eux, ils savent vendre dans 80 pays une campagne.
09:09Donc, nous, en fait, on automatise le fait que, par exemple, un commercial en France va pouvoir dire
09:13à une entreprise automobile, je vous fais une campagne dans 30 pays.
09:17Et vous ne vous occupez pas de la compatibilité des systèmes qu'il y a dans différents pays ?
09:21Non. En fait, à l'ancienne, on aurait fait quoi ?
09:24On aurait fait venir des hordes de consultants qui auraient uniformisé tout ça pendant des années.
09:28Ça aurait coûté une fortune.
09:29Aujourd'hui, on met des IA qui comprennent, qui n'ont même pas besoin de connaître le logiciel à l'avance,
09:32qui se connectent, qui cliquent, qui scrollent, qui apprennent
09:34et qui font ce qu'avant, les humains faisaient sans que ça les amuse trop.
09:38Est-ce que H va avoir des conséquences dans le quotidien des Français ?
09:42Est-ce qu'on peut imaginer que H, comme aujourd'hui, on utilise ChatGPT ou Perplexity, des choses comme ça,
09:49on puisse tester ce que vous faites ?
09:52Oui, alors je pense qu'il y a deux étapes.
09:55La première étape, ce sera un impact indirect, c'est-à-dire que nous, on déploie dans les grandes entreprises,
09:59mais on veut aussi déployer, on va déployer bientôt dans une grande organisation à but non lucratif.
10:06On veut aussi déployer dans les endroits qui sont importants, pour les Français et pour le monde, par exemple, dans la santé.
10:12Une métrique pour nous, c'est quand on déploie, par exemple, aux urgences,
10:14c'est est-ce que le temps d'attente a été divisé par deux ?
10:16C'est ça qui nous intéresse.
10:17Donc, je pense que ce sera le premier impact qu'on verra.
10:20C'est-à-dire qu'on va profiter de votre technologie sans savoir que vous êtes derrière ?
10:25Oui, on essaiera de le faire savoir, vous vous raconterez ce qu'on fait.
10:27Bien sûr, avec plaisir !
10:29C'est pour ça que je vous posais cette question.
10:30Oui, c'est ça, je pense, la première étape.
10:32Aujourd'hui, je pense que c'est trop tôt pour mettre des agents.
10:34Nous, ce qu'on fait, c'est qu'on envoie des agents, mais on envoie aussi des gens avec les agents,
10:39ce qu'on appelle des ingénieurs déployés, qui vont faire en sorte que ça marche bien,
10:42la sécurité, la cybersécurité, de faire en sorte que ça marche mieux que les humains.
10:48Ensuite, une fois que tout ça marchera très bien, peut-être que dans quelques années,
10:51on pourra les mettre dans les mains, d'abord des PME, des auto-entrepreneurs et puis des Français.
10:57Pas mal ! Vivement qu'on puisse tester tout ça !
10:59Merci.
10:59Dernière petite question, on en parlait tout à l'heure avec Anne Bouvreau,
11:03on voit cette avalanche de dizaines, de centaines, de milliers de milliards qui sont annoncés aux Etats-Unis.
11:11Vous avez peur de la bulle de l'IA ?
11:14Personnellement, non.
11:16Je pense que l'IA, c'est évident que ça va définir le monde dans les prochaines années.
11:21Cet emballement avec ces investissements qui sont presque consanguins.
11:25NVIDIA qui investit dans OpenAI, qui lui-même investit dans NVIDIA.
11:29Vous voyez ce que je veux dire ?
11:30Oui, c'est vrai qu'on se moque un peu de ces schémas.
11:33Je pense qu'il y a une grande partie qui va quand même rester.
11:35Il y a une partie comme tout, comme le web, qui va se consolider.
11:39Nous, ce qu'on voit, c'est qu'effectivement, on a besoin de puces.
11:42On a besoin de GPU, ça coûte de l'argent.
11:44Donc en fait, nos investisseurs, il y a Amazon, il y a Scaleway qui nous fournissent les puces.
11:49Donc ce n'est pas virtuel, c'est vraiment, on les utilise.
11:53On va certainement continuer à avoir besoin de plus en plus de puces.
11:59Donc on veut les avoir en France.
12:01Est-ce qu'il y a une bulle, peut-être ?
12:03En tout cas, nous, on a suffisamment en réserve pour continuer à se développer
12:09et pour ne pas être sensible aux turbulences du marché.
12:11Je pense que c'est plus difficile si vous brûlez des milliards et des milliards par mois.
12:15Nous, ce n'est pas notre cas.
12:16Et la deuxième chose, je pense, qui est intéressante, d'ailleurs, pour les Européens en général,
12:20nous, nos modèles, ils coûtent 100 fois moins cher à tourner
12:23que si on voulait faire la même chose avec, par exemple, OpenAI.
12:27Et 300 fois moins cher parce qu'en fait, il y a la marge qu'on ne prend pas.
12:33Donc en fait, ça, c'est sûr qu'on a moins de moyens en Europe.
12:36L'électricité est plus chère, mais ça nous force à faire des modèles
12:38qui sont beaucoup moins chers, qui émettent beaucoup moins de ces frugaux.
12:41Exactement, plus frugaux.
12:43Et les entreprises, à la fin, quand on va faire tourner des millions et des millions d'agents,
12:46ça fait une grosse différence à la fin du mois pour la facture.
12:49Merci beaucoup, Gauthier.
12:51Gauthier Cloy, donc PDG de H-Compagnie.
12:53Ça faisait un moment qu'on voulait découvrir H.
12:56Eh bien voilà, c'est fait.
12:57Merci.

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