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00:00C'est donc jour de vote en Irak. Aujourd'hui, élections législatives qui ont démarré tôt ce matin.
00:05Plus de 21 millions d'électeurs sont appelés à départager plus de 7700 candidats.
00:10Ça fait beaucoup. Tous espèrent pouvoir décrocher l'un des 329 sièges de députés.
00:14Les femmes doivent obtenir, selon des règles de quotas fixées en amont,
00:19au moins un quart des fauteuils de la future Assemblée qui va séger pendant les 4 prochaines années.
00:24Quels seront les enjeux de ce rendez-vous ?
00:26Boudé, on va le voir dans quelques instants par les Iraquins.
00:28Pourquoi intéresse-t-il autant Washington et Téhéran ?
00:33Bonjour David Rigoulet-Rose et merci d'être avec nous.
00:36Rédacteur en chef de la revue Orient Stratégique, chercheur spécialiste du Moyen-Orient
00:41rattaché à l'Institut français d'analyse stratégique.
00:44Merci d'être là aujourd'hui.
00:46En un mot peut-être, c'est vrai qu'on n'a plus parlé d'Irak depuis longtemps sur ce plateau.
00:52C'est le sixième scrutin organisé depuis la chute de Saddam Hussein.
00:55Oui, et puis c'est vraiment un scrutin particulièrement sensible.
00:58Après la guerre des 12 jours contre l'Iran.
01:01Et on sait à quel point l'Irak est évidemment un pays très très lié à l'Iran.
01:08Donc l'enjeu de ces élections, paradoxalement, il y a une désaffection effectivement de l'opinion publique.
01:13Vous évoquiez la possibilité d'un taux de participation très faible.
01:16Il était déjà faible lors du dernier scrutin en 2021, puisqu'il était à moins de 41%.
01:20Il risque d'être encore plus faible, puisque Mokhtad al-Sadr, un des leaders chiites, boycotte les élections.
01:29Donc c'est une hypothèque sur la légitimité potentielle du scrutin.
01:33C'est donc très très très important.
01:35On a son tweet à Mokhtad al-Sadr, leader chiite, il a tweeté il y a deux jours, n'allez pas voter, je résume le propos, n'allez pas voter, ils sont tous corrompus, l'issue est déjà jouée d'avance.
01:50Oui, il considère que l'élection est bancale, qu'elle est dominée par des intérêts à la fois sectaires et économiques, ce qui est largement vrai.
01:57Mais du coup, effectivement, comme c'est un poids lourd quand même de la scène chiite et de l'équilibre, justement, électoral, ça pose un problème pour la suite, justement, pour les résultats qui sont très incertains aujourd'hui.
02:11Et puis il y a l'opinion publique, effectivement, qui a l'impression que rien ne va véritablement changer, que c'est finalement la possibilité de reconduire un statu quo,
02:18et que les réformes qui sont attendues sont toujours différées, justement parce qu'elles sont embolisées par ces jeux, ces arbitrages, ces équilibres internes entre communautés.
02:28On a le chiffre, le taux de participation, comme on dit, à la mi-journée qui s'établit à 23,9%, ce qui est faible, c'est vraiment pas beaucoup.
02:36Très faible. Et c'est un mauvais indicateur parce qu'évidemment, le scrutin électoral s'inscrit dans la démocratisation sur le long terme de l'Irak.
02:48Donc ça dévalue en réalité la valeur du scrutin électoral, ce qui n'est pas bon sur le fond, même s'il y a des raisons profondes, évidemment, qui expliquent cette désaffection de l'opinion publique.
03:00Voilà, les Irakiens, sans grande illusion, finalement, quant aux espoirs de changements, de bouleversements, et pourtant les enjeux ne manquent pas, les défis ne manquent pas à relever.
03:09On va voir cela en images tout de suite, explication signée Léo Péchard, regardez.
03:12Ce sont les septièmes élections législatives irakiennes depuis le renversement de Saddam Hussein par les Américains en 2003.
03:22Et pour l'heure, il n'y a pas foot dans les bureaux de vote.
03:24Nous avons déjà enregistré une vingtaine d'électeurs durant la première heure.
03:32Nous espérons que dans les prochaines, tous les Irakiens se rendront aux urnes pour voter.
03:37Avec 329 députés, dont au moins un tiers de femmes, le nouveau Parlement, élu pour 4 ans, est chargé de désigner son président, post-obligatoirement occupé par un sunnite.
03:50Mais aussi d'élire un nouveau chef d'État, post-largement honorifique réservé à un kurde, et enfin de choisir un premier ministre qui doit être chiite.
03:59L'actuel titulaire, Mohamed Chia al-Soudani, espère d'ailleurs briguer un second mandat.
04:04J'adresse mes félicitations au peuple irakien, résilient et courageux, qui a consenti de grands sacrifices pour que le pouvoir et la prise de décision lui appartiennent,
04:18lui permettant ainsi de forger son propre destin et son avenir politique.
04:23Le futur gouvernement devra tenter de maintenir la stabilité actuelle du pays, tout en conservant un équilibre dans ses relations avec l'Iran et les Etats-Unis.
04:32La population irakienne espère également que des investissements seront réalisés sur les infrastructures vieillissantes du pays.
04:41Mais le peu de confiance accordée à la classe politique en Irak laisse craindre une faible participation,
04:47peut-être même en dessous des 41% enregistrés en 2021, déjà au plus bas depuis la chute de Saddam Hussein.
04:53Voilà, c'est-à-dire en dessous des 41% peut-être à l'issue de cette journée.
04:58D'ailleurs, au vu de ce qu'on a à la mi-journée, 23%, ça vous paraît bien parti ou plutôt mal engagé ?
05:04En tout cas, ce n'est pas bon signe de ce point de vue-là.
05:06C'est clair que ça confirme les craintes qu'on a pu évoquer justement avant le scrutin.
05:11Les Irakiens aujourd'hui, on l'y voit, ils sont pleins de douze, ce qui n'était peut-être pas le cas après la chute de Saddam Hussein.
05:19Qu'est-ce qui s'est passé depuis ?
05:22Il y a eu une situation chaotique immédiatement après la chute de Saddam Hussein.
05:27Il y a eu malgré tout paradoxalement la mise en œuvre des différents scrutin, puisque c'est le sixième que vous évoquiez.
05:34Donc, ça prouve que quand même, sur la longue durée, ça s'inscrit dans le paysage politique irakien.
05:42Mais évidemment, ce système électoral, il est parasité par à la fois des divisions internes entre communautés que vous évoquiez.
05:49D'ailleurs, il y a une répartition effectivement à la fois ethno-confessionnelle du président, du président du Parlement, du premier ministre, qui est forcément chiite.
05:56Et là, on retrouve des ingérences externes, évidemment, avec le poids de l'Iran.
06:01Ces milices, notamment à travers les Hachal Shabi, justement, le poids de ces milices est posé dans le cadre de ce scrutin.
06:10Puisqu'il y a la rivalité, évidemment, avec les États-Unis, qui maintiennent encore 2500 soldats,
06:14et surtout, qui ne veulent pas que ces groupes armés aient un rôle sur le scrutin.
06:22Et d'ailleurs, il y a un nouveau Marc Savaya, qui est d'origine irakienne, qui est le nouveau envoyé spécial de Trump,
06:29a dit que, justement, il s'agissait de libérer l'Irak des ingérences étrangères malveillantes, sous-entendu celles de l'Iran, évidemment.
06:36Donc, on voit à quel point ce scrutin est, on va dire, pris en otage entre des fractures internes et des rivalités externes.
06:43L'administration Trump, qui en nommant cet envoyé spécial, essaie de faire quoi au juste ?
06:48Il veut peser, c'est-à-dire qu'il veut capitaliser sur l'affaiblissement de l'Iran, justement, sur tous les théâtres régionaux,
06:56en sachant que l'Irak est le glacis géopolitique de l'Iran.
07:01Et surtout, que l'Irak est le pays où se trouvent encore des proxys iraniens,
07:08qui n'ont pas été attaqués durement, comme m'ont pu l'être d'autres proxys,
07:12que ce soit, évidemment, le Hezbollah au Liban ou les Houthis, parce que, par intérêt bien compris,
07:18les deux avaient fait comprendre au gouvernement irakien qu'il fallait, effectivement, geler l'activisme de ces proxys,
07:25faute de quoi l'Irak sera un nouveau théâtre de guerre.
07:29On va revenir, peut-être, aux enjeux internes, avant de reparler, évidemment, de ce qui se passe autour,
07:35parce qu'il y a un scrutin, quand même, boudé par les Irakiens et qui intéresse beaucoup les voisins.
07:39C'est quand même assez intéressant. Il y a Marie-Charlotte Roupy qui est avec nous.
07:41Bonjour, Marie-Charlotte, notre correspondante en Irak.
07:45On va voir dans quelques instants un extrait de votre grand format, le focus du jour.
07:50Avant cela, on prend le pouls à vos côtés. Vous êtes à Bagdad.
07:53Vous suivez pour nous le bon déroulement de cette journée, de cette élection.
07:57Comment ça se passe ? On communiquait il y a quelques instants le très faible taux de participation.
08:05Écoutez, dans le bureau de vote qui se trouve derrière moi,
08:08on voit un peu plus de gens venir depuis le début de l'après-midi.
08:12Donc, il y a un peu plus de mouvements que ce matin.
08:16Mais, effectivement, le taux de participation à la mi-journée est particulièrement faible.
08:21Et on s'y attendait. On s'y attend parce que, depuis 20 ans, à chaque nouvelle élection,
08:26eh bien, le taux baisse fortement. En 2021, il avait atteint 41 %.
08:31On devrait atteindre un nouveau bas historique aujourd'hui.
08:36À voir si d'autres électeurs irakiens viennent au fur et à mesure de l'après-midi.
08:41Mais on se rapproche de la fermeture des bureaux de vote.
08:44Et les électeurs irakiens boudent cette élection pour plusieurs raisons.
08:48Il y a une lassitude de la classe politique qui ne se renouvelle pas depuis 20 ans.
08:53Beaucoup des personnes avec lesquelles on discute nous expliquent que,
08:56de toute façon, peu importe leur vote, les députés élus au Parlement
09:01choisiront entre eux qui représentera réellement le pays.
09:06Et cette décision n'appartient pas, selon eux, à la population irakienne.
09:11Il y a aussi eu cet appel au boycott du leader shiit Murtada Sader,
09:15qui a une base très forte dans le pays
09:18et qui a réitéré tout au long de la journée cet appel au boycott.
09:22Alors restez avec nous, Marie-Charlotte, parce qu'on va proposer à nos téléspectateurs,
09:26on vous a de nouveau à l'écran,
09:27on va leur proposer un extrait de votre grand format que j'évoquais à l'instant.
09:31Ça fait trois ans, depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement de Mohamed Shial-Soudani,
09:36après une grave prise politique,
09:38l'Irak vit l'une des périodes les plus calmes et stables de ces 20 dernières années.
09:43Le pays s'est tenu relativement éloigné des conflits régionaux,
09:46on va y revenir aussi, et priorité a été donnée au développement de projets urbains,
09:50économiques et culturels.
09:52Bagdad est en pleine métamorphose des travaux de rénovation d'un patrimoine historique et symbolique,
09:58laissé à l'abandon avance à grande vitesse,
10:00tout comme des ensembles d'immeubles grand standing.
10:03Mais ces changements semblent n'être qu'un coup de peinture sur des fissures profondes.
10:06C'est ce que vous nous racontez dans ce reportage,
10:08on en regarde tout de suite un extrait.
10:10À cinq kilomètres de là, l'ouest de la capitale irakienne
10:14voit apparaître de nouveaux ensembles résidentiels.
10:19Selon le ministère du Logement,
10:21plus de trois millions d'habitations sont nécessaires à Bagdad.
10:24L'afflux constant de populations venues des zones rurales,
10:27conjuguées à une forte croissance démographique,
10:29a provoqué une grave pénurie.
10:32Le besoin en logement et la rareté de terrains urbains viabilisés
10:36ont conduit à la création de tels projets,
10:39mais ils présentent de nombreux inconvénients
10:40pour ces quartiers résidentiels,
10:42car les infrastructures, eau, électricité,
10:46assainissement et autres services sont tous affectés.
10:49Et ils posent également des problèmes sur le plan social,
10:52en raison du manque d'intégration entre les habitants des immeubles
10:55et ceux des maisons.
10:58Il existe un isolement social entre ces deux groupes.
11:01Le prix du mètre carré de ces futurs appartements avoisinera 2000 dollars,
11:10alors qu'en Irak, le revenu moyen atteint à peine 500 dollars par mois.
11:16Le citoyen moyen ne peut pas avoir de logement ici.
11:19Et rien qu'à Bagdad, il existe plus de 1000 bidonvilles.
11:23Une personne vivant dans un bidonville pourrait-elle habiter ici ?
11:26Impossible.
11:27Voilà, Marie-Charlotte, je ne sais pas si vous êtes toujours avec nous.
11:32Liaison compliquée depuis ce matin avec l'Irak.
11:34On vous voit de nouveau.
11:35On comprend bien au travers, dans le biais de votre reportage,
11:39cette fracture qui se dessine en Irak aujourd'hui
11:43entre la volonté des autorités d'aller de l'avant
11:46et cette réalité que connaît la population.
11:49Oui, en fait, il y a plusieurs facteurs pour expliquer cette fracture
11:55qui est véritablement représentée par ces grands immeubles
12:00qui apparaissent à côté de quartiers résidentiels plus traditionnels.
12:05Il y a un facteur qui est notamment des années de négligence.
12:09Il y a énormément de travaux à mener sur les différentes infrastructures
12:14pour restructurer réellement l'approvisionnement en électricité,
12:17l'approvisionnement en eau, le traitement des eaux usées en Irak.
12:22Et donc, il y a des années de négligence à rattraper.
12:25Beaucoup des Irakiens que j'ai rencontrés en préparant ce reportage
12:28m'ont dit que le fait de voir ces ensembles naître dans Bagdad
12:32et certains projets d'ailleurs à destination de personnes
12:35ayant des moyens un peu plus faibles,
12:37mais en dehors de la capitale, donne un certain espoir.
12:40On voit que l'Irak avance, que l'Irak est suffisamment stable
12:43pour avoir des investissements privés qui se font dans sa capitale,
12:48mais les populations plus défavorisées ne voient pas encore
12:52les effets de cette stabilité et espèrent cependant
12:56que ça va contaminer, en tout cas se répandre
13:01d'entre toute la société irakienne, mais on n'y est pas encore.
13:04Il y a un véritable décalage actuellement.
13:06Voilà, il y a cet réel espoir de pouvoir un jour profiter
13:10évidemment de cette capitalisation.
13:14Merci beaucoup Marie-Charlotte en direct de Bagdad
13:16qu'on retrouvera un peu plus tard d'ailleurs
13:17pour voir si effectivement il y a un peu plus de monde
13:20qui se presse dans les bureaux de vote.
13:22Là c'est intéressant parce qu'on vient de dire beaucoup de choses.
13:24Il y a une volonté d'un côté, alors on dit un coup de pinceau,
13:26un coup de peinture pour masquer les gros problèmes
13:29et en même temps il y a cette population qui continue de souffrir
13:32et qui se dit mais je ne vais jamais profiter de tout ça,
13:35je ne serai pas en mesure d'en profiter.
13:36C'est très intéressant d'avoir parce que ça montre qu'il y a de l'argent.
13:39Potentiellement il y a un capital financier, c'est la main pétrolière
13:42et il y a des attentes de ruissellement entre guillemets
13:46comme on dit en économie pour la population
13:47mais qui ne se fait pas sentir.
13:49Et c'est la déconnexion, le caractère dysfonctionnel
13:51qui est en partie lié au système de corruption généralisé
13:55et qui effectivement il n'y a pas de transparence etc.
13:59et paradoxalement il y a des progrès quand même qui apparaissent
14:04mais qui ne s'inscrivent pas dans une logique structurelle.
14:08Et c'est ça qui évidemment fait les frustrations de la population.
14:13Est-ce que vous diriez aujourd'hui que les Irakiens finalement sont en plein paradoxe
14:16parce qu'on boule un scrutin alors qu'il n'y a jamais eu autant d'enjeux finalement,
14:20autant de défis à relever ?
14:21Voter c'est important là pour le coup ?
14:23Oui, c'est presque un symptôme de maladie démocratique qu'on retrouve ailleurs
14:28alors que c'est une très jeune démocratie par rapport à son passé
14:31mais ça explique en tout cas, ça montre le poids de l'opinion,
14:37enfin en tout cas de la population
14:38et les élites auraient intérêt à la prendre en compte.
14:44Déconnecter les élites là aussi parce que vous faites le parallèle avec d'autres démocraties ?
14:47Oui mais en tout cas les élites là sont prises dans des enjeux qui les dépassent
14:50à la fois intérieures et du fait des ingérences extérieures
14:53donc c'est une situation très particulière qu'il n'y a pas forcément ailleurs
14:56mais incontestablement elles sont dépassées
14:59parce qu'il y a eu un changement de monde
15:02et puis il s'est passé 20 ans depuis la chute de Saddam Hussein
15:07et donc la population, on dit, il y a un dynamisme démographique, les jeunes
15:12et les jeunes ils ont des attentes qui manifestement ne sont pas satisfaites
15:17d'où les frustrations et le danger de ne pas répondre à ces frustrations.
15:22Marie-Charlotte, elle aussi reprenait et est témoigné de cet appel au boycott,
15:27on va peut-être l'appeler comme ça, lancé par Mokhtar Assad,
15:29de dire n'y allez pas, ils sont tous corrompus.
15:32Il a une chance de faire écho auprès de la population ?
15:35Il embarrasse notamment le bloc chiite, ce qu'on appelle le bloc chiite
15:38notamment du Premier ministre Mohamed Shdani
15:42qui est qualifié d'intendant en réalité.
15:46Justement, faute de mieux d'une certaine manière,
15:48il a géré dans une situation moins conflictuelle le pays
15:51mais en même temps sans faire de réformes structurelles,
15:54sans régler les problèmes de fond, le poids des milices armées,
15:57la question de la corruption.
15:59Donc on est dans une phase très incertaine, entre deux eaux.
16:03Ça peut peser vraiment sur ce scrutin, cet appel à ne pas aller voter ?
16:06Ça peut peser parce que, comme elle a été rappelée,
16:08la base sociale de Mokhtar al-Sadr est très importante.
16:12Il peut se créditer, en plus il a un statut de Sayyed au niveau religieux,
16:16et il peut se créditer effectivement d'avoir depuis longtemps critiqué
16:20le système de corruption généralisée.
16:23Donc il risque de faire écho auprès de cette population.
16:26On entend aussi beaucoup dire les Irakiens,
16:28il y a 7700 candidats, pas de jeunes,
16:32la jeunesse n'est absolument pas représentée.
16:34Pour 7744 candidats.
16:36C'est considérable quand même, il faut expliquer,
16:38j'ai 7700 candidats pour une élection comme celle-ci.
16:40Pour 329 sièges, c'est un système assez complexe électoral
16:44parce que justement il y a un problème de répartition.
16:46Vous avez évoqué le quota réservé aux femmes, 25%.
16:49Il y a 9 sièges qui sont réservés aux minorités,
16:52chrétiennes et kurdes, yézidis, etc.
16:55Enfin oui, yézidis, etc.
16:58Et donc c'est très complexe.
16:59Mais effectivement, on va dire,
17:01la dimension visuelle des élus potentiels
17:06n'est pas le reflet de la population, incontestablement,
17:09et notamment de cette population jeune.
17:11Ce qui peut expliquer aussi ce faible taux de participation annoncé.
17:17On parlait des voisins, on va y revenir,
17:18parce qu'évidemment ça fait partie des grands enjeux.
17:20Les Irakiens qui ont du mal à se mobiliser pour ce scrutin,
17:23malgré tout important pour eux.
17:26Les proches alliés de l'Irak, l'Iran, les Etats-Unis,
17:32eux, regardent attentivement ce qui va se passer à l'issue de cette journée.
17:36Qui redoute quoi au juste ?
17:38Très attentivement, d'abord pour l'Iran,
17:40parce que j'évoquais le fait que géopolitiquement c'est le glacis,
17:44dans la projection géopolitique de l'Iran.
17:48C'est le voisin direct, en même temps.
17:49Pardon ?
17:50C'est le voisin direct.
17:51C'est le voisin direct, avec une population chiite majoritaire.
17:54Un grand pays arabe, mais majoritairement chiite.
17:57Donc évidemment, pour l'Iran, l'enjeu est capital.
18:01Il est d'autant plus qu'il y a un affaiblissement de ses proxys régionaux, les autres.
18:04Et donc, il ménage, il veut capitaliser sur ce qui reste, effectivement,
18:08de ce qu'on a appelé l'axe de la dite résistance, Moukawama,
18:12dont font partie les Asht al-Shabi, c'est-à-dire les groupes armés pro-iraniens,
18:16notamment des groupes comme Kaltav al-Hezbollah, etc.
18:19Et dont le poids sur le système politique, évidemment, est omniprésent.
18:23C'est bien ça qui gêne les Américains et qui voudraient, justement,
18:27d'évaluer ce poids en les inscrivant dans une logique d'inclusion politique et de désarmement.
18:34On retrouve les mêmes paramètres qu'au Liban, avec le Hezbollah, toutes choses égales par ailleurs.
18:38Et donc, la tension entre les deux parrains rivaux sur un même pays
18:43se fait sentir, évidemment, dans les enjeux électoraux actuels.
18:46Comment fait l'Irak dans cet entre-deux ?
18:49L'Irak, notamment son Premier ministre que j'évoquais, l'intendant, a une position d'équilibriste.
18:55Il est obligé de ménager les deux, pour des raisons évidentes avec l'Iran,
19:00parce qu'il y a une proximité à la fois historique, confessionnelle, politique,
19:03mais avec les Américains aussi, parce qu'il y a la question des sanctions
19:06qui pèsent indirectement sur l'Irak, dès lors que, notamment le pétrole,
19:10il y a du trafic pétrolier qui est utilisé au profit de l'Iran en contrebande.
19:17Et donc, il y a des relations très complexes qui se jouent entre les trois partenaires.
19:23Et on l'a vu, notamment, avec la question des groupes armés,
19:26puisque le Premier ministre a fait en sorte qu'il n'y ait pas d'engagement proactif
19:30de ces groupes armés en solidarité avec les autres,
19:33que ce soit les Houthis, le Hezbollah, au moment, effectivement, de la confrontation avec Israël.
19:37Est-ce qu'on sait, justement, quels ont été les mots et les arguments,
19:40surtout pour les convaincre de rester à distance ?
19:43Du côté israélien, c'est que si vous vous engagez, l'Irak sera bombardé.
19:48Le message a été passé au Premier ministre, qui l'a transmis à Téhéran.
19:52Et donc, chacun a évalué la situation pour que le statu quo perdure tel qu'il est aujourd'hui.
19:58Et l'Irak a réussi ce défi, qui était quand même un défi de taille,
20:03de se maintenir à distance, maintenir cet équilibre extrêmement fragile ?
20:08Extrêmement fragile et difficile, avec quand même une pression de plus en plus forte
20:12de la paire des Américains, qui, notamment, ont mis leur veto
20:16sur l'attribution de ministères potentiels à l'issue des élections,
20:21justement, directement à des personnalités émanant de ces groupes.
20:25Ça peut durer combien de temps comme ça ?
20:27Parce qu'on a résisté en Irak, aujourd'hui, à la pression des Israéliens.
20:32C'est vrai que l'Irak a été relativement...
20:36Elle s'est tenue éloignée des conflits.
20:39Il n'y a pas eu de frappe, notamment.
20:42On sait que l'Iran fait pression et continue de faire pression.
20:45Les Américains aussi, vous le dites.
20:47Il y a cet envoyé spécial qui vient d'être nommé.
20:50Ça peut tenir combien de temps comme ça ?
20:51Ça va dépendre, en réalité, de l'évolution de la situation des deux parrains.
20:54Des deux parrains, en tout cas régional, le poids de l'Iran
20:58et les velléités par rapport aux négociations sur le nucléaire.
21:03Ça va être déterminant parce qu'évidemment, il y a un affaiblissement aujourd'hui avéré de l'Iran
21:10qui a besoin de maintenir, justement, ce glacis avec l'Irak.
21:14Mais ça profite aux pressions qui sont faites de plus en plus importantes de la part des Américains.
21:21Ce qui leur permet, indirectement, des pressions sur l'Irak, c'est aussi des pressions sur l'Iran.
21:27Et donc, on voit que c'est un jeu complexe, mais à plusieurs bandes.
21:32Mais pour l'instant, la situation tient telle qu'elle est.
21:36On va voir le résultat des élections et surtout la composition du futur gouvernement.
21:39Parce que ça va être le reflet, justement.
21:40Ça va être le prochain défi, ça, de la coalition.
21:43Il y en a beaucoup qui disent que ça va être une impasse, ça va durer des plombs.
21:45Mais on ne va pas y arriver, surtout.
21:46Alors, ça a déjà été le cas précédemment.
21:48Puisqu'on sait qu'en 2021, il y avait eu la victoire, notamment, de Mokhtar Al-Sadr, qui s'était retirée, etc.
21:55De toute façon, structurellement, le pays est un pays de coalition.
21:59Encore faut-il former une coalition.
22:00Alors, voilà.
22:01Et là, il y a l'arbitrage, notamment au sein même du bloc-sheet.
22:06Puisque, comme on évoque actuellement Mokhtar Al-Sadr,
22:09il y a une forme de nationalisme chiite qui n'est pas pro-iranien.
22:15Et là, cette tension, évidemment, elle est aussi instrumentalisée à l'extérieur.
22:19Cette coalition, est-ce qu'elle n'est pas vouée à l'échec, compte tenu de tout ce qu'on vient de dire, là ?
22:25Pas forcément, mais il faudra que ça va être...
22:28D'abord, le choix du Premier ministre va être très important.
22:31Alors, savoir si, par exemple, l'actuel peut être conduit ou pas.
22:34Et puis, des décisions qui ont été différées pour l'instant, effectivement,
22:38sur le poids ou l'intégration de ces milices au sein de l'État, et non pas parallèle à l'État.
22:43Et donc, là, on va retrouver les tensions avec Téhéran.
22:47Donc, c'est très difficile de présumer de ce qui va se passer.
22:51Mais incontestablement, l'Irak, aujourd'hui, est une pièce essentielle
22:54qui a été un peu oubliée, effectivement, ces derniers mois,
22:57mais qui est la caisse de résonance de tous les équilibres régionaux qui se mettent en place aujourd'hui.
23:02Et si le pays a été oublié aussi ces derniers mois, c'est peut-être bon signe.
23:05C'est parce que le pays vit l'une des périodes les plus calmes et stable de ces 20 dernières années.
23:08Le paradoxe, effectivement. C'est pour ça que j'évoquais le Premier ministre qui se fait qualifier d'intendant
23:13pour gouverner sans véritablement décider,
23:18mais qui, pour l'instant, a préservé une certaine stabilité en termes de paix globale
23:24par rapport aux années terribles que l'Irak a pu connaître par le passé.
23:27Ça n'avance pas, mais ça ne se dégrade pas non plus.
23:29C'est pour ça qu'on parle de statu quo, mais qui est insatisfaisant,
23:32parce que les attentes ne sont pas... On ne répond pas aux attentes de la population.
23:35Ça ne peut pas durer comme ça dans le temps.
23:36Merci beaucoup, David Rigolero, d'avoir été l'invité de l'info du jour.
23:40Voilà pour ce focus sur ces élections irakiennes
23:43qui se poursuivent avec ce faible taux de participation qu'on évoquait,
23:46un peu plus de 23% en cette mi-journée.
23:48Évidemment, on prendra la tendance à l'issue de cette journée de vote.
23:52On se retrouvera Marie-Charlotte Roupy dans quelques instants.
23:54Ce sera le journal. Restez avec nous.
23:56Sous-titrage Société Radio-Canada
24:02Sous-titrage Société Radio-Canada
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