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Éducation
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00:00Merci.
00:30Bonjour à toutes et à tous, pour ceux qui se sont connectés.
00:55Il est 13h30, on va pouvoir commencer le webinaire, ce second webinaire de notre cycle Compensation, Restauration et Renaturation, des mots des transitions.
01:06Ce rendez-vous, comme d'habitude, vous est proposé par la Fabrique d'Innovation pour les Transitions, dans laquelle je suis l'or 4 1, chef de projet.
01:14Nous sommes en partenariat avec Studio Reset, qui est représenté aujourd'hui par Sarah.
01:19Et avant de débuter ce webinaire, je me permets de vous faire une présentation très rapide de ce qu'est la Fabrique d'Innovation pour les Transitions.
01:28C'est une fabrique qui appartient au secrétariat général des ministères Aménagement du Territoire et Transitions écologiques,
01:36plus exactement au sein de la sous-direction de l'Innovation pour les Transformations, au sein du STMAR.
01:42Et plus concrètement, notre fabrique, qu'est-ce qu'elle propose ?
01:47Elle propose une offre, mais aussi des méthodes pour accompagner finalement les transformations
01:52et aussi partager sur les différents enjeux des transitions.
01:58Et donc, pour cela, notre offre se décompose en trois volets.
02:02On a donc, nous faisons de l'acculturation et de la montée en compétences sur les enjeux de transition.
02:09Nous faisons également de l'expérimentation et de l'émergence de projets auprès des territoires.
02:15Et enfin, également de la transmission d'outils et de ressources pour les acteurs qu'on accompagne.
02:22Donc, vous l'aurez compris peut-être, on a des formats à la fois à destination de tous les agents de notre pôle ministériel,
02:29mais aussi des actions qui sont finalement plus ciblées vers des acteurs des transitions.
02:35Et donc, par exemple, dans le volet acculturation, on a des formats plutôt variés.
02:41Ça peut aller des ateliers plutôt collaboratifs, en passant par l'élaboration de parcours un peu plus sur mesure,
02:49ou bien des événements plus spécifiques comme, justement, les webinaires, les mots et transitions,
02:56ou par exemple, le mois d'innovation publique, qui a lieu tout au long du mois de novembre chaque année,
03:04pour laquelle on propose une programmation spécifique.
03:08Donc, si vous êtes intéressés, je vous partagerai plus d'infos là-dessus.
03:12Et donc, pour les mots des transitions, on est donc dans notre partie cycle de webinaires inspirants.
03:20Donc, on se retrouve les lundis de 13h30 à 14h30,
03:24pour un décryptage de mots ou de concepts qui sont associés aux transitions socio-écologiques.
03:31Et sachez donc que ce cycle de webinaires, il est donc composé de trois webinaires,
03:37avec donc chacun pour un mot, donc compensation, restauration et renaturation.
03:41Et à chacune de ces sessions, on a donc le plaisir pour ce cycle d'accueillir Valérie Boisvert,
03:48qui nous expliquera finalement ces différents mécanismes.
03:52Et donc, pour ce 6 octobre, on se retrouve donc pour le mot restauration,
03:59donc avec les questions de jusqu'à quel point peut-on réparer la nature ?
04:04Est-il vraiment possible de retrouver un état antérieur ?
04:09Comment on peut l'évaluer ?
04:10Valérie pourra donc nous en parler un peu plus.
04:14Et je passe donc la parole à Sarah pour la suite.
04:18Merci Laure, bonjour à toutes et à tous pour ce deuxième webinaire du cycle En cours.
04:24Je suis Sarah Laurence, la cofondatrice du Studio Reset.
04:27Et juste avant de donner la parole à Valérie pour qu'elle se présente,
04:31je vais vous dire un mot sur la manière dont va s'organiser ce webinaire.
04:34Il est enregistré, ce qui vous permettra d'avoir accès au replay à l'issue de ce webinaire,
04:43ainsi qu'aux slides qui seront présentés pendant la présentation de Valérie.
04:49Nous aurons un temps de questions-réponses en fin de présentation.
04:55Donc tout au long de la présentation, n'hésitez pas à saisir vos questions dans l'onglet Q&R de Zoom
05:01pour qu'on puisse y répondre à l'issue de l'exposé.
05:06Et puis nous aussi, on va vous poser quelques questions au début et à la fin de la présentation.
05:16Donc simplement une fenêtre de dialogue qui s'ouvrira automatiquement sur votre écran
05:21et qui vous invitera à répondre à la question et qui vous sera posée.
05:24Et puis en toute fin de webinaire, on vous demandera aussi ce que vous en avez pensé.
05:29Donc un grand merci par avance pour vos réponses et de vous être connectés aujourd'hui.
05:36Voilà, c'est tout pour moi.
05:40Et je vous laisse la parole, Valérie, pour un mot de présentation.
05:49Merci Sarah.
05:50Donc je suis Valérie Boisvert.
05:52Bonjour à toutes et à tous.
05:54Je suis chercheuse à l'Université de Lausanne où j'enseigne l'économie écologique.
05:58Et je m'intéresse particulièrement dans mon travail aux politiques de conservation de la biodiversité.
06:06Merci Sarah.
06:09Merci Valérie.
06:10Et bien avant de passer à la suite du webinaire, on a déjà une première question à vous poser
06:15qui va apparaître sur votre écran.
06:18Donc c'est une question sondage avec la question de qu'est-ce que vous évoque finalement la notion de restauration.
06:24Est-ce que c'est pour vous la remise en état d'écosystème, la recréation d'écosystème ?
06:34Est-ce que c'est pour vous la réintroduction de nature dans des espaces qui en sont peu dotés ?
06:39Est-ce la réparation de la nature ?
06:43On joue sur les mots, vous l'aurez compris.
06:45Est-ce que c'est un concept encore un peu flou pour vous ?
06:49Est-ce un permis de dégrader la nature ?
06:52Ou bien est-ce que c'est des questions éthiques et philosophiques sur l'idée de réparer la nature ?
06:57Vous pouvez évidemment sélectionner plusieurs réponses.
07:27Alors, pour les réponses, vous êtes donc 85% à avoir sélectionné la remise en état d'écosystème,
07:4455% pour la recréation d'écosystème ex-aequo avec la réparation de la nature,
07:5130% pour la réintroduction de nature dans des espaces qui en sont peu dotés,
07:55également 30% pour des questions éthiques et philosophiques sur l'idée de réparer la nature,
08:0210% pour un concept encore flou pour vous,
08:05et 0% pour un permis de dégrader la nature.
08:09Est-ce que Valérie, vous souhaitez commenter ces résultats ?
08:12Alors effectivement, j'ai l'impression que la majorité d'entre vous s'oriente vers les réponses
08:19qui sont les plus couramment associées à l'idée de renaturation et de restauration,
08:29effectivement la remise en état des écosystèmes,
08:34et effectivement également, non pas la recréation,
08:43mais oui, la constitution d'écosystèmes à peu près similaire à ceux qui pourraient être perdus ou dégradés.
08:56Donc je vous prie de m'excuser, je me rends compte que j'ai un petit problème de fichier,
09:03j'en ai pour une seconde à retrouver le bon.
09:12Et ce qui ne se produit jamais, et qui est en train de se produire maintenant.
09:16J'ai un écran qui vient de s'éteindre, ce qui est assez déplaisant.
09:39Valérie, si nécessaire, je peux faire le partage.
09:41Peut-être, ou alors volontiers, je pense que ce sera peut-être plus efficace,
09:44parce que j'ai vraiment un souci d'écran.
09:52Alors si vous y parvenez, ce sera sûrement plus efficace.
10:11Normalement c'est bon là ?
10:13Oui, oui, oui, voilà.
10:18Merci beaucoup Sarah, et encore désolée.
10:21Donc on va commencer par quelques éléments de définition et de jeunesse de la notion de restauration.
10:28Donc slide suivante, s'il vous plaît.
10:32Voilà, donc dans les dictionnaires en général,
10:34le terme restaurer ou le substantif restauration ne sont pas associés spontanément à l'écologie.
10:44Si pour d'autres verbes, l'association avec les dimensions environnementales est déjà presque reconnue,
10:52et en tout cas est prévue dans les définitions qui sont données du terme,
10:57ça n'est pas du tout le cas pour ce qui concerne l'environnement.
11:01Le verbe restaurer est en général défini comme étant la remise en cause,
11:09la remise en bon état d'une chose dégradée.
11:12Et il y a toutes sortes de domaines d'application qui sont listés, mais rarement l'environnement.
11:16Alors, pourquoi ?
11:18Probablement parce que ça fait trop peu longtemps, surtout en français,
11:22qu'on parle de restauration écologique.
11:25On pourrait peut-être aussi risquer l'hypothèse selon laquelle
11:29c'est le degré de dégradation des écosystèmes
11:34qui est devenu tellement sensible et tellement élevé aujourd'hui
11:41que la restauration est devenue un enjeu, ce qu'elle n'était pas il n'y a pas si longtemps.
11:48La notion de restauration implique aussi qu'il est possible de réparer,
11:54de remettre en bon état.
11:56Donc ça, c'est une hypothèse forte qui, on va le voir,
12:00suscite des débats en ce qui concerne la restauration écologique.
12:05Tiapos suivant, merci.
12:07Les définitions qu'on donne généralement de la restauration écologique
12:13sont celles de la Société pour la restauration écologique,
12:18qui est une association professionnelle qui est apparue aux États-Unis
12:23et qui réunit les praticiens de la restauration.
12:30Dans une définition un peu canonique de 2004,
12:36la restauration écologique est définie comme le processus visant à aider
12:40à la reconstitution d'un écosystème qui a été dégradé, endommagé ou détruit.
12:47Il y a donc une gradation de l'état de dégradation
12:52qui devrait appeler une forme de reconstitution,
12:56ce qui implique que la restauration écologique ne peut être définie
13:04qu'en référence à une typologie de dégradation des écosystèmes
13:08et en référence également à un état qu'on considère comme étant souhaitable
13:14des écosystèmes et qu'il s'agit de retrouver à travers des interventions techniques.
13:20Cette gradation est bien présente et on la retrouve dans toutes les définitions officielles du terme.
13:27En revanche, les définitions ne sont pas tout à fait stabilisées
13:31des différents niveaux de dégradation des écosystèmes.
13:37Détruit, c'est évidemment ce qu'il y a de pire,
13:39mais à partir de quand est-ce qu'on décide qu'un écosystème est dégradé,
13:43en particulier, c'est un élément qui peut être soumis à des interprétations multiples.
13:49Pour préciser sa définition et surtout pour guider les interventions pratiques
13:55en matière de restauration,
13:58la Société pour la restauration écologique a fixé,
14:03a défini des principes et des standards internationaux
14:06qui sont régulièrement révisés.
14:09En tout cas, il y a eu une deuxième révision en 2019
14:12dans le cadre de laquelle la restauration écologique
14:17est définie comme devant contribuer à protéger la biodiversité,
14:23à améliorer la santé et le bien-être humain,
14:26à renforcer la sécurité alimentaire et hydrique,
14:29à fournir des biens, des services et une prospérité économique
14:32et à soutenir l'atténuation du changement climatique,
14:35la résilience et l'adaptation.
14:37Il ne s'agit pas seulement d'opérations techniques de reconstitution,
14:43mais d'opérations qui visent à permettre aux écosystèmes
14:49d'assurer à nouveau un certain nombre de services écosystémiques.
14:54Il ne s'agit pas de restaurer les écosystèmes en eux-mêmes et pour eux-mêmes,
14:59mais de restaurer leur capacité à fournir ces services aux sociétés humaines,
15:05ce qui est précisé et bien mis en avant dans ces principes.
15:12Il s'agit donc à travers la restauration écologique
15:15de redonner à un écosystème les conditions antérieures à la perturbation.
15:21Il y a donc une dimension normative,
15:24on cherche un bon état, un état de bonne santé des écosystèmes.
15:29Et puis, il s'agit de rétablir des attributs structurels et fonctionnels de l'écosystème
15:38pour qu'ils puissent à nouveau fournir un certain nombre de services écosystémiques.
15:43Cette notion, elle a une histoire déjà de presque 100 ans,
15:54puisque les premières expériences d'envergure importante et documentées
15:59et pratiquées par des scientifiques en matière de restauration écologique
16:04datent des années 30 aux États-Unis.
16:07C'était dans le contexte du Dust Bowl qui avait une inquiétude
16:13autour de la dégradation des écosystèmes prairieaux
16:17et la perte des sols agricoles, etc.
16:21Je vais y revenir dans un instant.
16:24À partir de ces expériences,
16:27la pratique de la restauration écologique s'est vraiment développée
16:32dans des systèmes et des milieux de plus en plus variés.
16:36mais sans être forcément pensée et théorisée par des scientifiques.
16:44Et c'est à partir des années 80-90
16:48qu'il y a une approche scientifique de la restauration qui s'est développée
16:53et que la restauration écologique étant un ensemble de pratiques,
16:59s'est développée parallèlement l'écologie de la restauration
17:02qui est la discipline qui s'alimente de ces pratiques
17:05et qui en retour les informe, les façonne, les oriente.
17:12Donc c'est un champ qui s'est développé
17:15à partir de la deuxième moitié des années 80
17:20en relation avec l'essor de la biologie de la conservation
17:23qui est devenu aujourd'hui science de la conservation,
17:27qui a tout un ensemble de recherches engagées
17:33dont le but est de produire des savoirs
17:37qui soient directement utiles pour les politiques environnementales,
17:41pour les politiques de conservation.
17:42Donc la création de ces disciplines
17:45et la standardisation et la normalisation des pratiques
17:53en matière de restauration écologique
17:54s'est marquée par l'apparition de revues dédiées
17:58à partir des années 80-90.
18:02Donc à la fois dédiées aux pratiques
18:04et dédiées à la science liée à la restauration.
18:07Donc juste quelques images de l'exemple de restauration
18:14dans les années 30 que j'évoquais tout à l'heure
18:17qui a été menée par Aldo Léopold
18:20qui est vraiment un pionnier de l'éthique environnementale
18:22à l'université du Wisconsin à Madison.
18:26Il s'agissait sur un lieu qui était l'arborétum de l'université
18:33de recréer des communautés prairiales et forestières
18:37qui soient emblématiques de cette région du Wisconsin
18:41en profitant en plus de la nombreuse main-d'oeuvre
18:46disponible à proximité dans le contexte des années 30,
18:50donc contexte de crise économique
18:52où beaucoup de personnes étaient disponibles
18:55pour participer à des grands chantiers de restauration
19:00puisque c'est vraiment de chantiers qu'il s'agit.
19:02Il y a donc des liens très étroits entre la science et la pratique
19:10jusque dans les années 90 incluses,
19:16jusqu'au début des années 2000.
19:18Les pratiques de restauration écologique sont extrêmement précieuses
19:22pour l'écologie de la restauration.
19:23Elles font office de laboratoire à ciel ouvert grâce à la pratique de la restauration.
19:33On peut tester toutes sortes d'hypothèses sur la constitution et l'évolution des communautés
19:39et tester l'efficacité de différentes techniques.
19:47Donc c'est vraiment un lieu de mise à l'épreuve
19:49et en même temps de production de connaissances
19:51pour une science de la restauration et plus globalement pour l'écologie.
19:57Et en retour, le développement d'une science en plus des pratiques,
20:02ça permet d'abord de les évaluer, de disposer de critères
20:08à l'aune desquels on peut dire que telle ou telle opération est réussie ou pas
20:14ou qui permettent d'évaluer dans quelle mesure ces opérations ont atteint leurs objectifs.
20:22Et la discipline se développe, l'écologie de la restauration se développe vraiment
20:27en réponse aussi à une commande publique de la part de l'administration environnementale
20:33aux États-Unis qui souhaite pouvoir évaluer les opérations concrètes
20:40menées au nom de la restauration.
20:44Donc la science et les pratiques sont très étroitement liées jusque dans les années 2000, je le disais.
20:52Et puis à la faveur de la crise de la biodiversité,
20:55la restauration écologique commence à être évoquée comme une des mesures,
21:00une des directions possibles dans lesquelles aller dans la perspective
21:06de conserver la biodiversité, aux côtés d'autres approches comme la préservation.
21:14La restauration fait partie du cortège des mesures qui sont envisagées.
21:19Et à partir de là, il commence à y avoir une espèce de récupération
21:24par des institutions globales en charge de politiques de conservation
21:28de la thématique de la restauration.
21:32Et ce qui était relativement bien défini aux États-Unis,
21:38et puis dans cette relation étroite entre une science et des pratiques,
21:43devient plus englobant, plus flou, un peu plus large.
21:47Donc plus il y a d'institutionnalisation et plus on évoque la restauration
21:52à des échelles internationales,
21:56moins ce dont il s'agit effectivement est précis.
22:01Ou plutôt, on englobe de plus en plus de types d'interventions
22:06sous ce vocable-là.
22:08Notamment, il y a des liens assez forts qui sont opérés avec les politiques de lutte
22:13contre le changement climatique, la promotion des solutions fondées sur la nature.
22:17Et il y a beaucoup d'insistance sur les services rendus par les écosystèmes
22:22et la nécessité d'assurer dans le temps la fourniture de ces services.
22:26Et c'est particulièrement vrai, cet élargissement de l'objet
22:31à la faveur de la décennie de la restauration écologique
22:34qui a été décrétée par les Nations Unies,
22:37décennie qui a commencé en 2021 et qui va durer jusqu'en 2030.
22:42Dans le cadre de cette décennie, la restauration est définie comme
22:52consistant à favoriser la régénération des écosystèmes
22:56qui ont été dégradés ou détruits.
22:58Là, on retrouve ce qui était la définition antérieure.
23:03Mais là où il y a un changement, c'est que la conservation des écosystèmes
23:07encore intactes est également incluse dans le périmètre.
23:10Alors que la conservation, a priori, ne relève pas de la restauration
23:18stricto sensu.
23:20Ce qui est recherché, ce sont des écosystèmes plus sains,
23:23avec une diversité biologique plus riche,
23:26dans la perspective d'avoir des sols fertiles,
23:29de meilleurs rendements, de plus grandes réserves de gaz à effet de serre.
23:34Donc on voit là qu'il y a une justification qui est très anthropocentrée,
23:39sans aucun doute, et puis presque économique, au sens où les avantages
23:46sont mis en avant, la fertilité, les rendements, plus que peut-être
23:52des services écosystémiques, de l'ordre, de l'aménité environnementale.
23:59C'est vraiment une promesse de fourniture de biens très matériels,
24:06de rendements assurés, et puis d'atténuation des effets du changement climatique.
24:10Donc, plus il y a d'institutionnalisation de cette notion,
24:17et ça se déroule pendant les décennies 2000 et 2010,
24:24plus les types d'interventions techniques englobées sous ce vocable de restauration
24:30sont étendus.
24:32Il s'agit de remise en état de sites, en particulier de sites endommagés
24:37par l'exploitation, comme les sites miniers, de construction ou de recréation
24:43d'écosystèmes, c'est les deux réponses qui ont été favorisées
24:48dans le questionnaire tout à l'heure et qu'on retrouve là,
24:52mais aussi de conservation d'habitat, de préservation, de maintien.
24:57Et là, on est déjà un peu plus éloigné de l'acception vraiment littérale
25:05de la notion de restauration.
25:08Concrètement, les opérations peuvent être variées.
25:11Il peut s'agir de restauration fonctionnelle, de revégétalisation,
25:16de reboisement, de réhabilitation, de conservation, de réintroduction d'espèces,
25:22de translocation d'espèces, de colonisation ou de migration assistée.
25:26Et j'en passe.
25:28Donc, les interventions peuvent être opérées à différents niveaux.
25:32Il peut s'agir des paysages, des écosystèmes,
25:38de quelque chose de très axé sur les fonctions,
25:40au contraire, sur les espèces.
25:42Et les modalités sont diverses.
25:46Au-delà de cette diversité-là, il y a quand même des points communs
25:50à toutes les opérations que, depuis cette décennie,
25:53des Nations Unies, on appelle restauration,
25:57qui sont qu'elles nécessitent toutes d'avoir une connaissance très fine
26:00des écosystèmes et des paramètres critiques des écosystèmes.
26:04Et puis, qu'il faut une capacité à maîtriser les processus écologiques
26:08qui est très importante pour pouvoir effectivement les mettre en œuvre.
26:13Donc, venons-en aux principales questions opérationnelles qui se posent,
26:20qui découlent très directement de ce qu'on vient d'évoquer.
26:24Il faut un état de référence pour pouvoir restaurer.
26:27Si restaurer, c'est revenir à l'état de référence,
26:31se pose la question de l'identification de cet état.
26:35Donc, s'il s'agit de revenir à un état antérieur historique de l'écosystème,
26:41quelle est la période qu'on va considérer comme étant la période de référence ?
26:46Qu'est-ce que c'est que le bon état ?
26:48Qu'est-ce que c'est que la bonne santé d'un écosystème ?
26:51Et aussi, finalement, qu'est-ce que c'est qu'un écosystème « naturel » ?
26:55Puisque ce qu'on recherche avec la restauration,
26:58c'est ramener un écosystème dégradé ou pire vers un état « naturel ».
27:05Donc, ça pose vraiment la question de ce vers quoi on veut revenir
27:09et de ce qu'on cherche à restaurer.
27:12Comme on l'a déjà vu, il y a différents niveaux
27:15auxquels on peut appréhender cet objectif de restauration.
27:25Différents niveaux, c'est-à-dire à la fois des niveaux d'organisation,
27:28ça peut être des communautés, ça peut être l'écosystème,
27:31ça peut être le paysage.
27:33Et puis, se pose la question de l'échelle de temps.
27:35Donc, quel état de référence dans le passé est-ce qu'on choisit ?
27:39De combien de temps on se dote aussi pour retrouver cet état souhaitable ?
27:47Et toujours dans une question en relation avec le temps,
27:50dans un contexte de changement climatique
27:52où vraisemblablement les aires de répartition historiques des espèces
27:57sont appelées à changer ?
27:59Est-ce qu'il faut absolument restaurer le passé là où il se trouve
28:04ou anticiper l'avenir, anticiper le déplacement des espèces
28:10et donc aller vers un écosystème en bon état
28:15qui n'est pas forcément un écosystème passé ?
28:18Ça pourrait être autre chose que le retour vers un cadre historique.
28:24En tout cas, toutes ces questions ne peuvent pas avoir de réponses
28:30uniquement scientifiques et techniques.
28:33Les réponses à apporter dépendent des systèmes particuliers
28:37qu'on cherche à restaurer, dépendent des habitats,
28:40dépendent des lieux aussi.
28:41La science ne suffit pas à répondre à tout cela.
28:48C'est la raison pour laquelle la restauration,
28:51c'est aussi beaucoup, peut-être surtout,
28:56une politique qui s'inscrit dans un cadre juridique et institutionnel.
29:01Et ce cadre juridique et institutionnel,
29:04et les options qui y figurent et les principes qui y sont fixés,
29:10tout cela est au moins aussi déterminant que la science
29:13dans la mise en place de la restauration.
29:19Quelques exemples de projets de restauration
29:22sur lesquels on pourra revenir dans la discussion.
29:25L'exemple peut-être le plus emblématique,
29:27c'est celui des Everglades en Floride,
29:29parce que c'est un projet immense
29:31qui a été lancé en 2000.
29:35C'est littéralement pharaonique.
29:37Le budget est colossal
29:38et la durée des travaux également.
29:42C'est un énorme chantier
29:43où il y a vraiment des gros engins
29:48qui façonnent, qui refaçonnent
29:51tout ce territoire.
29:54C'est en fait un ensemble,
29:56un programme qui intègre
29:57un ensemble de projets individuels
30:00avec l'objectif de restauration
30:03des fonctions hydrologiques naturelles
30:05des lieux.
30:08Les projets sont des projets de digues,
30:10de canaux, de puits de stockage,
30:12de réservoirs.
30:14C'est énorme.
30:16La durée du projet
30:18avait été initialement estimée à 35 ans.
30:21Maintenant, on en est à 50 ans.
30:23Avec un coût estimé de 14 milliards de dollars,
30:26mais là aussi, c'est évolutif.
30:29C'est simplement pour vous donner une idée
30:32des pas de temps impliqués dans la restauration.
30:37S'il faut 50 ans pour restaurer un écosystème,
30:42pendant 50 ans,
30:43il va être impossible d'évaluer la performance
30:46de ce qui a été mis en place.
30:48Il faut être patient
30:50avant de pouvoir mesurer pleinement
30:53les effets de projets de ce type.
30:58Autre projet, là aussi emblématique,
31:00mais pour d'autres raisons,
31:01ce sont tous les projets de replantation.
31:03L'idée de replanter des arbres,
31:06c'est presque un emblème de la restauration.
31:10C'est une thématique qui revient
31:11de façon très fréquente,
31:13et particulièrement qui est mobilisée
31:15par les industriels.
31:16Certains peuvent parler de greenwashing à ce propos.
31:20La proposition a été faite
31:22au Forum économique mondial à Davos
31:25de planter des nombres colossaux d'arbres.
31:31Concernant les plantations massives,
31:34les objectifs affichés sont toujours quantitatifs.
31:37On veut planter un milliard
31:38ou un milliard de milliards
31:40ou des millions d'arbres.
31:41Et là, dans une perspective de reboisement.
31:48Alors, en allant reboiser des endroits
31:49qu'on se représente comme devant être forestiers,
31:52mais qui n'ont pas forcément été
31:54dans un passé proche,
31:57qui sont parfois des savanes
31:58en train de s'arborer
32:03plus que des forêts
32:05en train d'être déforestées.
32:07mais d'un point de vue symbolique,
32:11c'est quelque chose
32:11qui fonctionne très bien
32:13et que les entreprises
32:15aiment bien
32:17contribuer à ces projets
32:20de plantation
32:22à très large échelle
32:23pour lesquels on peut faire des images
32:27et sur lesquels on peut communiquer
32:30assez aisément.
32:34Donc, tout ça donne lieu
32:36à quelques critiques et questionnements.
32:40D'abord, c'est l'idée
32:41de l'écosystème de référence
32:44et l'idée
32:44qu'il serait facile d'identifier
32:48ce qui est dégradé
32:49et ce qui ne l'est pas.
32:51En fait,
32:52tout ça, cette idée-là,
32:54ça repose sur ce qu'on appelle
32:56le dualisme naturaliste,
32:58c'est-à-dire sur l'idée
32:59d'une séparation
33:00entre nature et culture,
33:02selon laquelle
33:03il pourrait exister
33:05des écosystèmes
33:06qui seraient préservés
33:07de l'intervention humaine.
33:11Concrètement,
33:12tous les milieux
33:13sont anthropisés.
33:15À l'heure du changement climatique,
33:17de l'anthropocène,
33:18on sait que le changement climatique
33:21touche l'ensemble
33:23de la planète,
33:24que certains types
33:25de pollution,
33:27de micropolluants
33:27se retrouvent absolument partout.
33:30Donc, l'idée
33:31qu'il pourrait y avoir
33:32des milieux intouchés,
33:33préservés d'un côté
33:35et des milieux
33:35dégradés de l'autre,
33:37qu'on arriverait
33:38à séparer tout à fait clairement,
33:40cette idée-là
33:41ne tient pas,
33:42ne résiste pas
33:43à l'examen.
33:45Et au fond,
33:45il y a un continuum
33:47d'intervention
33:49avec des degrés
33:50différents d'intervention
33:52et de dégradation
33:53des milieux,
33:54mais c'est assez difficile
33:55de fixer une limite,
33:57comme toujours
33:58quand il y a
33:58un continuum.
34:00Et toutes les interventions
34:02humaines
34:02ne sont évidemment
34:03pas des dégradations.
34:05Une partie
34:06des écosystèmes
34:07ou plutôt des paysages
34:09que l'on cherche
34:09à restaurer
34:10dans le cadre
34:12des opérations
34:13de restauration écologique
34:14sont en fait
34:15façonnées par l'homme.
34:18On peut prendre
34:18l'exemple
34:19des étangs
34:19de la Dombe
34:20ou l'exemple
34:22de la Camargue
34:23qui sont des paysages
34:25tels qu'on les connaît
34:26aujourd'hui
34:26qui sont vraiment
34:27façonnés
34:28par une intervention.
34:30Donc,
34:30qu'est-ce que ça veut dire
34:31les restaurer ?
34:33Qu'est-ce que c'est
34:34que l'état de référence ?
34:37Finalement,
34:40il y a toujours
34:40un degré
34:41de subjectivité.
34:44Pas de subjectivité,
34:47forcément individuelle,
34:49mais il va falloir
34:52le fixer par convention.
34:53Ce que c'est
34:54qu'un bon état
34:55ou ce que c'est
34:56qu'un état dégradé,
34:58il n'y a pas moyen,
34:59il n'y a pas de science
35:01qui permette
35:02de définir
35:04de façon très tranchée
35:06et sans aucune marge
35:08d'interprétation
35:10ce qui va bien
35:12et qu'il faut promouvoir
35:14et ce qui est problématique.
35:19C'est assez
35:20le fait
35:23qu'il faille
35:23se prononcer
35:25sur le bon état
35:27des écosystèmes
35:28et que ce bon état
35:31soit lié
35:31à une représentation,
35:33même si c'est
35:33une représentation
35:34portée par des experts
35:36ou portée par des scientifiques,
35:37mais une représentation.
35:38Ce fait-là
35:41donne lieu
35:42à des contestations politiques,
35:43en particulier
35:44dans les pays du Sud,
35:47au sens où
35:48c'est souvent
35:51une vision
35:52du bon écosystème
35:56qui s'impose,
35:57qui est portée
35:57par des experts,
35:58éventuellement
35:59au détriment
36:00de ce que pourrait être
36:01la vision locale
36:02portée par la population
36:04de ce que c'est
36:05le paysage
36:07qui,
36:08pour cette population,
36:09est patrimoniale,
36:11qui lui est utile.
36:12Je reviens
36:13à l'exemple
36:13des plantations
36:14tout à l'heure,
36:15de ces grands nombres
36:16d'arbres
36:17qu'on se propose
36:18de planter.
36:21Parfois,
36:22ces projets
36:22de plantation
36:23interviennent
36:24dans des endroits
36:24où la savane
36:25telle qu'elle est
36:26correspond complètement
36:27aux besoins
36:28de la population.
36:31Et le fait
36:32de vouloir
36:33de la forêt,
36:34la forêt étant
36:34un espèce d'emblème
36:36de l'écosystème
36:37préservé
36:38correspond à une
36:39représentation
36:40de ce que c'est
36:40qu'un bon écosystème
36:41plus qu'à une évaluation
36:43objective
36:44ou scientifique
36:45de ce qu'il faudrait faire.
36:47Et puis,
36:47par ailleurs,
36:47c'est un peu comme
36:48pour la compensation
36:50qu'on avait évoquée
36:51dans la séance précédente,
36:53les opérations
36:54de restauration
36:55peuvent conduire
36:56à des formes
36:57d'exclusion.
36:57quand les écosystèmes
37:01sont améliorés
37:02entre guillemets,
37:04les personnes
37:05qui sont déjà
37:05exclues
37:06peuvent l'être
37:06encore plus.
37:08Dans les opérations
37:09qui concernent
37:10par exemple
37:10l'urbain
37:11ou le périurbain,
37:13on sait
37:13que le verdissement
37:16peut conduire
37:17à une gentrification.
37:20Donc,
37:20ça peut poser
37:21des problèmes
37:21de justice écologique.
37:22Enfin,
37:28comme je le mentionnais
37:29à propos des Everglades,
37:31c'est vraiment
37:31pour le moment
37:32on a assez peu
37:33de recul
37:34sur ce que peut produire
37:36la restauration
37:38à grande échelle.
37:40Dans le cadre
37:41de projets
37:42concrets
37:43à petite échelle,
37:45on peut observer
37:46ou pas
37:47le retour
37:48de certaines plantes
37:49par exemple
37:50qu'on aimerait
37:51voir recoloniser
37:52la zone
37:53mais pour estimer
37:55de façon plus globale
37:57l'intérêt
37:58d'une politique
37:59de restauration
38:01et voir
38:01comment elle peut
38:02contribuer
38:03à la conservation
38:04de la biodiversité,
38:05là,
38:05on a vraiment besoin
38:06d'inscrire l'évaluation
38:08dans la durée
38:09parce que
38:09les chantiers
38:10de restauration
38:11et les résultats
38:12de la restauration
38:13eux-mêmes
38:14s'apprécient
38:15dans la durée.
38:16Autre élément
38:17important,
38:18c'est la maintenance.
38:20C'est-à-dire
38:20que particulièrement
38:22encore une fois
38:23pour les chantiers
38:24de plantation
38:25qui sont
38:26les plus critiqués,
38:28planter un arbre
38:29ce n'est pas
38:29avoir la garantie
38:30que dans un an,
38:31dans cinq ans,
38:32dans dix ans,
38:32l'arbre sera toujours là
38:34ou que ces milliers
38:35voire millions d'arbres
38:36qu'on a plantés
38:37auront constitué
38:38une forêt.
38:40Donc quand on se fixe
38:41un objectif
38:42et un critère
38:43en matière
38:43de restauration
38:44qui est de planter
38:45un certain nombre
38:46d'arbres,
38:48ça n'est de toute évidence
38:49pas la bonne façon
38:51ou pas le bon critère
38:53le nombre d'arbres
38:54plantés
38:55pour apprécier
38:56la performance
38:58écologique
38:59de la mesure
39:01dans la durée.
39:05Cette thématique
39:08de la restauration
39:09elle est développée
39:11et elle est cadrée
39:12d'un point de vue
39:12institutionnel
39:14depuis un peu plus
39:15d'un an maintenant
39:15par le règlement
39:16sur la restauration
39:17de la nature
39:18de l'Union européenne
39:19qui constitue
39:21une traduction
39:24en Europe
39:25de l'objectif
39:27du cadre mondial
39:28pour la biodiversité
39:30d'avoir restauré
39:32les écosystèmes
39:33à l'horizon 2050.
39:35Donc là,
39:36la promesse
39:36ou l'engagement
39:37fait à travers
39:38le règlement
39:39sur la restauration
39:40de la nature
39:41c'est d'atteindre
39:4290%
39:43de restauration
39:46d'ici 2050
39:48et les États membres
39:50ont l'obligation
39:50de mettre en œuvre
39:51des actions
39:52de restauration
39:52mesurables
39:53avec des échéances
39:55et qui s'ajouteraient
39:56aux mesures
39:57de protection existantes.
40:00Donc ça,
40:00c'est vraiment
40:00pour répondre
40:02au constat
40:04selon lequel
40:04les habitats
40:05sont extrêmement dégradés
40:06en Europe
40:07en particulier
40:08les dunes
40:09et les tourbières
40:09et puis les sols
40:10sont en très mauvaise santé.
40:13Ce règlement
40:14témoigne
40:15d'un élargissement
40:17de l'objet
40:17parce que là
40:18on ne parle plus
40:19de restauration
40:20écologique
40:20strictement
40:21mais de restauration
40:22de la nature.
40:24Ça implique
40:25des mesures
40:26qu'on va évoquer
40:27la semaine prochaine
40:28qui sont des mesures
40:29de renaturation
40:30en ville
40:33notamment
40:34de renaturation
40:36des cours d'eau
40:37également
40:38qui ne sont pas
40:39forcément
40:39à proprement parler
40:40de la restauration
40:41telle qu'on l'a définie
40:43même en la prenant
40:44dans une exception large
40:45et puis
40:46il y a des milieux
40:49qui sont particulièrement
40:50ciblés
40:50le milieu agricole
40:51les zones urbaines
40:52des espèces
40:53qui sont liées
40:54à l'agriculture
40:55les pollinisateurs
40:56qui sont particulièrement
40:58visées
40:59en plus
41:02dans ce texte.
41:03Donc
41:03pour les années
41:05à venir
41:06la restauration
41:07en France
41:08notamment
41:08va être cadré
41:09par ce texte
41:10et
41:10il y a un important
41:12travail de traduction
41:13à faire de ce texte
41:14pour sa mise en oeuvre
41:15opérationnelle
41:16et
41:16la mise en oeuvre
41:18de ce texte
41:19ça ne peut pas
41:20et ça ne va pas
41:20être strictement
41:21une application
41:22des principes
41:23de la science
41:24qui s'appelle
41:25restauration écologique
41:26parce que
41:27comme on l'a vu
41:28il y a eu
41:29des glissements
41:29multiples
41:30dans les définitions
41:31et ce qui est englobé
41:32
41:32est vraiment
41:33beaucoup plus large.
41:34En tout cas
41:39il est évident
41:41que la restauration
41:41va faire partie
41:42du paysage
41:44ou du paradigme
41:45en matière
41:46de protection
41:47de la nature
41:48pour les années
41:49à venir
41:49mais aussi
41:51que
41:52la restauration
41:54ça va englober
41:55ça englobe
41:56déjà
41:57au titre
41:57de ce règlement
41:58européen
41:59d'autres types
42:00d'interventions
42:00notamment
42:01la renaturation
42:03le ré-ensauvagement
42:04et
42:05le règlement
42:07européen
42:08rouvre
42:09finalement
42:10tout un champ
42:11possible
42:12qui va
42:13beaucoup plus loin
42:14que la restauration
42:15au sens strict
42:16et
42:17on évoquera
42:20la semaine prochaine
42:22les opérations
42:24concrètes
42:25qui peuvent
42:26être développées
42:27dans le cadre
42:28de ce règlement.
42:31Merci Valérie
42:34avant de passer
42:35à la partie
42:36pour répondre
42:38à vos questions
42:38d'ailleurs n'hésitez pas
42:39à les poser
42:40dans l'onglet QR
42:41on a une dernière
42:42question de sondage
42:42à vous poser
42:43selon vous
42:45quels sont les enjeux
42:46les plus importants
42:47à traiter
42:47pour mettre en place
42:49une intervention
42:49de restauration
42:50vous pouvez choisir
42:53plusieurs réponses
42:54est-ce que pour vous
42:55c'est l'absence
42:55de cadre méthodologique
42:57unique
42:58est-ce que ce sont
42:59des durées
42:59de mise en oeuvre
43:00très longues
43:01pour avoir des résultats
43:02écologiquement probants
43:04est-ce que c'est
43:05le coût de l'intervention
43:06la difficulté
43:07à définir
43:08la bonne échelle
43:09d'intervention
43:09dans l'espace
43:10et dans le temps
43:11ou bien
43:12la nature
43:13authentiquement
43:15politique
43:16du dispositif
43:17désormais
43:22différents
43:26donc
43:27on
43:27on
43:28on
43:28on
43:29on
43:29on
43:30on
43:31on
43:32on
43:32on
43:32on
43:33on
43:33on
43:33on
43:34on
43:34on
43:34on
43:35on
43:35on
43:35Sous-titrage Société Radio-Canada
44:05Vous êtes 50% avec l'absence de cas méthodologiques unique et aussi 50% pour des durées de mise en œuvre très longues, 44% pour le coût de l'intervention et 31% pour la nature authentiquement politique du dispositif. Est-ce que vous voulez rebondir dessus, Valérie ?
44:27Oui, merci de ces réponses. Je pense que le fait qu'elles soient assez divisées montre qu'on est sur quelque chose qui n'est pas encore très stabilisé.
44:36Assez curieusement, ça a pu l'être et ça l'est moins avec le règlement européen et puis avec le fait finalement qu'il y a presque trop d'attentes liées à la restauration qui est tirée vers des directions un peu différentes.
44:51Le cadre de la restauration stricto sensu, si je puis dire, qui a été établi dans les années 90 reste présent. Il y a un cadre de référence, des principes, des bonnes pratiques.
45:06L'exercice est assez cadré, mais s'ajoutent à ça de nouvelles possibilités qui elles sont en cours d'institutionnalisation. Les méthodes sont en train d'être calibrées. On va voir la semaine prochaine qu'avec la renaturation et puis notamment le ré-ensauvagement qui est aussi un thème de plus en plus développé et en tout cas auquel la science aussi s'intéresse de plus en plus.
45:34Là aussi, il y a des efforts de standardisation, de calibration, de définition de standards, de principes, de bonnes pratiques, mais il y en a pour quelques années avant que tout cela soit stabilisé.
45:49Et puis peut-être que dans la mise en œuvre du texte, il y a aussi des domaines qui pour le moment sont englobés, mais qui vont être laissés un peu de côté parce qu'on ne peut pas non plus tout faire ni tout résoudre dans ce cadre de la restauration.
46:05Et parallèlement, ce n'est pas l'objet de la séance d'aujourd'hui, mais les solutions fondées sur la nature sont quelque chose qui se développe aussi beaucoup. Et peut-être qu'il y a des réponses qui vont être trouvées en relation avec d'autres termes ou d'autres approches.
46:22Donc pour le moment, ce n'est pas qu'il n'y ait pas de cadres, il y a presque trop de cadres et des choses qui sont en train d'être stabilisées.
46:32Merci Valérie. Ça me permet de faire le lien avec certaines questions qui ont été posées. Je ne vais pas les prendre dans l'ordre dans lequel elles ont été posées, mais donc une première question pour continuer un petit peu dans cette synthèse que vous avez réalisée.
46:53Est-ce que finalement, quand on est dans une intervention de restauration, est-ce qu'il s'agit de planter des arbres pour faire simple ou plutôt de créer le milieu dans lequel ces arbres vont pouvoir prospérer ?
47:05C'est-à-dire, est-ce qu'on installe des individus de quelques espèces ou alors est-ce qu'on crée un écosystème ou alors est-ce qu'on crée encore peut-être les conditions qui permettent qu'un écosystème soit solide ?
47:18Alors en principe, plutôt ce que vous avez indiqué en dernier, donc les conditions qui vont permettre à l'écosystème d'avoir un certain nombre de fonctionnalités.
47:30Ça peut passer par l'installation ou la recréation de communautés. Planter des arbres, c'est vraiment la chose presque caricaturale.
47:39Là, on est vraiment, je pense qu'on peut le dire, on est dans le greenwashing avec ces propositions de planter mille arbres.
47:48Planter mille arbres et rien que des arbres et possiblement mille fois le même arbre, parce qu'on n'a pas dit que ce n'était pas des clones.
47:56Donc planter mille arbres en soi, ça n'est pas une garantie qu'on recrée quoi que ce soit.
48:02C'est juste presque un slogan, quelque chose sur lequel il est facile de communiquer, avec des images de plantations de masse.
48:11Mais on n'est pas dans la reconstitution d'un écosystème.
48:15Ce n'est pas ça que devrait être la restauration.
48:19Et alors, autre question, justement, pour attester de la bonne restauration d'un écosystème, est-ce qu'on peut en rester à l'idée de diversité biologique ?
48:29Ou est-ce qu'il y aurait d'autres critères à regarder ?
48:33Alors, tout dépend.
48:35C'est un peu difficile aussi de faire des généralités, parce que ça dépend des milieux.
48:39En fait, on peut être amené à restaurer des milieux assez différents.
48:43Assez fréquemment, il s'agit quand même de zones humides.
48:45Et dans la zone humide, l'accent va être porté sur les fonctions hydrologiques de la zone humide.
48:53Donc, pas forcément sur la biodiversité, mais on va s'assurer qu'elle peut jouer un rôle de tampon en cas de cru.
49:02Enfin, il y a de multiples fonctionnalités qui peuvent être recherchées, mais on peut vraiment être dans cette perspective-là.
49:09Il y a aussi des projets qui ont pour but essentiellement d'être des puits de carbone.
49:16Donc là, ce n'est pas non plus en soi la biodiversité qui va être recherchée.
49:23Oui, donc finalement, c'est en lien avec la question des objectifs.
49:28Pourquoi on met en place une intervention de restauration ?
49:31Qu'est-ce qu'on cherche à restaurer ou retrouver, finalement ?
49:35C'est ça, donc c'est ça la dimension aussi un peu subjective.
49:39Alors, ce n'est pas subjectif au sens où ce n'est pas scientifique,
49:42mais c'est subjectif au sens où on ne peut pas tout faire à la fois.
49:46On ne peut pas préserver toutes les espèces, on ne peut pas préserver toutes les fonctions.
49:51Et restaurer, c'est forcément faire des choix sur ce qu'on va privilégier
49:57dans les opérations concrètes qui vont être mises en œuvre.
50:01Et puis, en creux, ce qu'on va laisser de côté.
50:06Autre question plus technique.
50:09La restauration ne va-t-elle pas toujours favoriser les espèces pionnières ou ubiquistes ?
50:15Je ne sais même pas ce que ça veut dire, donc dites-nous.
50:18Ça dépend si elle est orientée fonctionnalité ou si elle est orientée plus espèce.
50:24Certains, donc là, ça renvoie à la réponse et à la question précédente.
50:30Il y a des types d'interventions qui sont plus orientées sur la biodiversité.
50:34Et là, pour le coup, non, on va rechercher un certain type d'espèces.
50:39Mais suivant qu'on veut stabiliser des dunes
50:41ou qu'on veut retrouver des orchidées dans une zone imide,
50:46on ne fait pas la même chose.
50:48Bien sûr.
50:50Du coup, on a répondu à toutes les questions des participants.
50:52Donc, si vous en avez d'autres, n'hésitez pas à les compléter.
50:56Moi, j'en ai une autre qui m'est venue au fil de la présentation
51:00parce qu'il y a effectivement cette difficulté à faire de l'évaluation
51:04quand on a des projets qui s'étalent sur de si nombreuses années.
51:07Je me demandais si l'un des premiers qu'on a identifié
51:11comme étant un chantier de restauration sur l'arboréthum de l'Université du Wisconsin,
51:17est-ce qu'il y a eu une évaluation, justement ?
51:20Est-ce qu'il y a des résultats qui en sont sortis ?
51:22Oui, oui, tout à fait.
51:23Mais bon, là, on est dans des conditions presque expérimentales.
51:26Enfin, pas presque, dans des conditions expérimentales.
51:29C'est vraiment pilote au sens où c'est sur le terrain de l'Université.
51:36C'est l'arboréthum de l'Université, alors qu'il certes est immense,
51:40mais ça reste l'Université.
51:41Donc, on n'est pas sur des terres agricoles,
51:44on n'est pas sur des terres privées,
51:46on est sur un lieu où, en plus, il peut y avoir un suivi presque de tous les instants,
51:51puisque c'est vraiment un terrain d'exercice
51:56pour les étudiants de l'Université et pour les chercheurs.
52:02Donc, c'est un peu...
52:05Enfin, c'est plus qu'un peu, c'est tout à fait atypique comme exemple.
52:11Oui, OK.
52:13Et sur l'exemple pharaonique des Everglades,
52:19est-ce que vous savez, quand bien même, le chantier n'est absolument pas fini ?
52:22Est-ce que déjà, quand même, il y a cette réflexion sur comment on suit
52:27et comment on va organiser ce suivi pour l'évaluer ?
52:30Oui, oui.
52:31Alors là, c'est aussi un gros chantier,
52:33enfin, aussi un gros projet en termes de gouvernance.
52:37Absolument tout le monde est impliqué,
52:38il y a eu d'énormes efforts faits pour la communication,
52:43pour la participation, pour mettre en débat le projet
52:47à tous les stades de son élaboration.
52:51Je vous ai mis juste une photo,
52:53mais il y a des engins de chantier énormes,
52:56il y a des canaux qui sont creusés,
52:57c'est vraiment un énorme chantier,
53:00un chantier d'infrastructures.
53:02On recrée vraiment des infrastructures,
53:04dont, à terme, on indique qu'elles sont naturelles,
53:09mais concrètement, il y a vraiment du béton,
53:14enfin, c'est vraiment des travaux publics.
53:18Et bon, les reconnexions qui ont été opérées
53:23sont déjà là.
53:28Le retour de certaines espèces de la flore
53:33a pu être observé, la faune aussi.
53:36Donc, c'est quelque chose qui fonctionne
53:39du point de vue des objectifs qui avaient été assignés,
53:41mais il faut attendre la fin du chantier.
53:43Ce qui se passe aussi avec la restauration,
53:46c'est qu'on ne parvient pas toujours
53:49aux objectifs qu'on avait prévus.
53:52Mais ce qui n'est pas forcément un problème en soi,
53:55ce qui est juste qu'on essaie de mettre en place
53:58un certain nombre de mesures
53:59dont on pense qu'elles vont dans un certain sens,
54:01et puis ça peut produire autre chose,
54:04qui n'est pas inintéressant,
54:05mais juste autre chose.
54:07Et c'est ça qui se produit finalement le plus souvent,
54:10et qui pose des problèmes du point de vue de l'évaluation.
54:13Parce qu'on peut ne pas avoir...
54:16Par exemple, on se retrouve avec une espèce
54:18à laquelle on ne s'attendait pas,
54:19mais qui est là, qui est présente,
54:20et qui est une espèce vraiment intéressante.
54:23Et bon, c'est un peu la bonne surprise inattendue.
54:27Mais peut-être qu'une autre espèce
54:30à laquelle on s'attendait ne sera pas là.
54:33Je trouve que ce qui est intéressant,
54:35c'est qu'on parle de vouloir restaurer des écosystèmes
54:38dans une logique de préservation de la biodiversité.
54:42Et en fait, finalement, on a des interventions
54:43qui, quand bien elles poursuivent cet objectif-là,
54:47par exemple, ce que vous mentionnez sur les Everglades,
54:50peut-être même que ça détruit un bout d'écosystème
54:53à un moment donné,
54:54pour permettre, pour mettre en place les conditions
54:56que quelque chose d'autre émerge.
55:01Donc je trouve que cette ambivalence
55:04est intéressante.
55:07Oui, oui, ce qui est souvent relevé,
55:09c'est le côté fixiste de l'intervention,
55:11parce qu'on a l'idée de l'état de référence
55:13qui est le bon état,
55:15alors que les écosystèmes, fondamentalement,
55:17c'est dynamique, c'est évolutif,
55:19la vie est évolutive.
55:21Et vouloir figer les choses
55:25dans un état qu'on juge désirable,
55:27c'est de toute façon problématique.
55:30Alors en plus, dans un contexte
55:31de changement climatique,
55:33où les espèces se déplacent,
55:34puis pas seulement de changement climatique,
55:37mais d'échanges internationaux,
55:39de globalisation,
55:40où il y a de tels flux d'espèces,
55:43de gènes, etc.,
55:45qu'il y a beaucoup d'aspects
55:47qu'on ne peut pas maîtriser.
55:49Et on cherche à recréer quelque chose
55:52qui peut-être n'a jamais existé,
55:53en plus, alors ça c'est une autre question,
55:55mais qu'on verra avec la renaturation,
55:58mais sur lequel on a quand même
56:00une maîtrise assez modérée.
56:01Un petit peu en lien avec ce qu'on vient de dire,
56:05une autre question.
56:07La restauration n'est-elle pas
56:09un contre-feu compatible
56:11avec l'idéologie socio-économique dominante,
56:13à savoir une sur-intervention
56:15économiquement visant
56:17quelque chose de productif ?
56:20Donc contre-feu à l'idée
56:22de libre évolution,
56:24donc une sobriété d'intervention
56:26qui serait plutôt dans une logique
56:27de décroissance ?
56:29Oui, alors probablement,
56:31peut-être un peu moins que la compensation,
56:32parce que la compensation,
56:34c'est vraiment la recréation
56:36d'écosystèmes en contrepartie
56:37de destructions qui sont autorisées,
56:40en tout cas de dérogation
56:41à des règles de protection
56:43qui sont autorisées.
56:46La restauration,
56:47c'est avant tout
56:49une problématique de réparation.
56:52Donc les dommages sont là,
56:54que peut-on faire
56:56pour essayer de remédier,
56:59de réparer,
57:02et probablement
57:03que c'est nécessaire,
57:07quel que soit
57:07par ailleurs
57:09les efforts que l'on fait
57:12pour préserver les écosystèmes.
57:13C'est-à-dire que
57:14c'est moins clairement opposé
57:16à une politique de préservation,
57:18de conservation,
57:19de sobriété,
57:20que ne l'est la compensation.
57:26Très bien.
57:27Écoutez,
57:28on a répondu
57:28à toutes les questions.
57:31Donc je vous propose
57:32qu'effectivement,
57:32on s'arrête là pour aujourd'hui
57:34et qu'on se donne rendez-vous
57:36la semaine prochaine
57:37pour aller un petit peu plus avant
57:39sur les questions
57:39de renaturation.
57:42Je vous partage
57:44le questionnaire
57:45pour vous dire
57:45ce que vous avez pensé
57:46de l'épisode du jour.
57:48et Laure,
57:49je te laisse
57:49le mot de la fin.
57:52Oui,
57:52et bien encore,
57:52merci beaucoup Valérie,
57:53merci Sarah
57:54et merci à toutes et à tous
57:56pour votre participation
57:57à ce webinaire.
57:59Comme d'habitude,
57:59on partage effectivement
58:00le questionnaire
58:01de satisfaction
58:02pour ce webinaire
58:03restauration.
58:04Donc merci beaucoup
58:05d'avance
58:05d'y répondre.
58:07Il n'y a que quatre questions,
58:08c'est relativement rapide,
58:10mais ça nous permet
58:11vraiment de savoir
58:12si ça vous a plu
58:13et quels pourraient être
58:14les axes d'amélioration.
58:16On se retrouve
58:17la semaine prochaine
58:18pour le mot
58:20renaturation.
58:21Donc n'hésitez pas
58:22à vous inscrire
58:23si ce n'est pas déjà le cas
58:24et puis je vous partagerai
58:26bien sûr
58:26par mail
58:27le support
58:29de présentation
58:31mais aussi
58:31les liens
58:32pour s'inscrire
58:32à la session prochaine
58:35et le lien
58:35vers le questionnaire
58:36et puis également
58:39le lien
58:40vers les replays.
58:41Donc voilà,
58:42on se retrouve
58:42la semaine prochaine.
58:44Je vous remercie encore
58:45et puis à bientôt.
58:47Sous-titrage Société Radio-Canada
58:48Sous-titrage Société Radio-Canada
58:49Merci.
58:50Merci.
58:51Merci.
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