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Dans cette émission de Blast, le souffle de l’info l’économiste et sociologue Bernard Friot (professeur émérite à l’université Paris-Nanterre) explore nos croyances monétaires et salariales et interroge comment un revenu de base massif pourrait être financé autrement que par l’endettement ou la production préalable.
Il déconstruit l’idée selon laquelle le salaire serait toujours le résultat d’un travail déjà accompli et suggère une création monétaire souveraine permettant de transformer la distribution de la richesse collective. Friot critique la « religion capitaliste » qui structure nos institutions et plaide pour une souveraineté populaire sur la monnaie, le travail et la production. Il propose de reconfigurer le rapport entre travail, salaire et valeur économique en replaçant le salaire comme condition préalable à la production plutôt que comme récompense.
Il confronte la monnaie dette et la logique traditionnelle de financement à une vision où la monnaie serait d’abord créée pour permettre l’émancipation collective.

#monnaie #travail #capitalisme #salaireàlavie #réformesociales

Catégorie

📚
Éducation
Transcription
00:00Le salaire, ça doit être le préalable de la production et non pas son résultat.
00:05Alors, comment est-ce qu'on crée la monnaie ?
00:07Écoutez, est-ce qu'on peut la créer ?
00:08Évidemment, actuellement, le revenu disponible des ménages,
00:12c'est-à-dire leurs ressources, salaire ou bénéfice pour les indépendants,
00:17moins impôts, plus prestations sociales, plus revenus de la propriété,
00:22ce revenu disponible des ménages, c'est 1 500 milliards actuellement.
00:28Ces 1 500 milliards, plutôt que de dire que c'est du revenu,
00:32qui me revient après que j'ai produit,
00:36faisons-en la condition d'une production sur laquelle nous sommes souverains,
00:40puisque nous n'avons pas qu'émander à la bourgeoisie une activité qu'elle nous impose,
00:46créons ces 1 500 milliards,
00:48et divisé par les 50 millions de plus de 18 ans que nous sommes dans ce pays,
00:53vous arrivez à 30 000 euros par personne et par an.
00:58On pourrait se dire encore une fois que 1 800 euros, 1 700 euros, super, c'est très bien,
01:07mais comment est-ce qu'on finance quelque chose d'aussi massif,
01:10sachant que rien que le revenu universel,
01:12on n'arrivait déjà pas à trouver des financements pour une pension,
01:17pour un salaire, un revenu plus faible.
01:20Comment est-ce qu'aujourd'hui, on pourrait faire ça ?
01:23Vous pensez que ça passe par la création monétaire ?
01:25Mais bien sûr, là, tout en n'étant pas du tout d'accord avec le côté keynésien de la chose,
01:32j'invite les auditeurs, les spectateurs,
01:35à aller voir un ouvrage de théorie monétaire,
01:41la nouvelle théorie monétaire,
01:43la moderne monetary theory,
01:46un ouvrage qui est paru en France au lien qui libère sur le mythe du déficit.
01:53Elle dit très bien que dès que l'on pose la question de comment on finance,
01:56on est aliéné.
01:57Parce qu'on suppose toujours,
01:59c'est là que je vais plus loin qu'elle,
02:00mais c'est quand même très intéressant ce qu'elle raconte,
02:02déjà pour nous déniaiser sur cette question,
02:04comment on finance,
02:05sur le côté complètement aliéné de cette question.
02:08C'est vrai que c'est le premier réflexe qu'on a,
02:09quand on nous dit ça.
02:10Bien sûr, c'est parce qu'on suppose que pour distribuer des salaires,
02:13il faut déjà qu'il y ait eu une production.
02:16On est dans le capitalisme,
02:17où comme on ne maîtrise pas le travail,
02:20il faut que le boulot soit déjà fait avant qu'on soit payé.
02:22Mais ce n'est pas instinctif ce que vous nous dites,
02:24c'est-à-dire comment on pourrait donner quelque chose qu'on n'a pas ?
02:26Mais parce que la création monétaire,
02:29elle se fait ex nihilo, d'accord ?
02:32Et que pour extraire des matières premières,
02:35les transporter,
02:37pour concevoir des outils, les fabriquer,
02:40pour faire de l'énergie, etc.,
02:41il ne faut que du travail.
02:45Il ne faut que du travail.
02:48Et de la nature.
02:50Mais ça, c'est en termes de richesse.
02:52Travail et nature, ça fait la richesse.
02:54Mais en termes de valeur économique,
02:56il ne faut que du travail.
02:58Pour que cet investissement puisse se faire,
03:01il faut qu'il y ait des travailleurs
03:02en capacité de le faire,
03:04dont des travailleurs payés.
03:06Le salaire, ça doit être le préalable de la production
03:09et non pas son résultat.
03:11Alors, comment est-ce qu'on crée la monnaie ?
03:13Écoutez, est-ce qu'on peut la créer ?
03:14Évidemment, actuellement,
03:16le revenu disponible des ménages,
03:18c'est-à-dire leurs ressources,
03:20salaires ou bénéfices pour les indépendants,
03:23moins impôts,
03:24plus prestations sociales,
03:27plus revenus de la propriété.
03:29Ce revenu disponible des ménages,
03:32c'est 1 500 milliards, actuellement.
03:35C'est 1 500 milliards,
03:36plutôt que de dire que c'est du revenu
03:38qui me revient après que j'ai produit.
03:42Faisons-en la condition d'une production
03:45sur laquelle nous sommes souverains,
03:47puisque nous n'avons pas qu'émander
03:48à la bourgeoisie une activité qu'elle nous impose.
03:52Créons ces 1 500 milliards
03:53et divisé par les 50 millions
03:56de plus de 18 ans que nous sommes dans ce pays,
03:59vous arrivez à 30 000 euros par personne et par an,
04:02à 2 500 euros par personne et par mois en moyenne.
04:06Dans une hiérarchie qui irait de 1 800 à 5 000.
04:10Oui, donc c'est toujours, encore une fois,
04:12une question de répartition aussi des richesses.
04:14C'est surtout une question de création monétaire,
04:17ex nihilo, sans endettement.
04:20Actuellement, la monnaie,
04:21pour avoir enseigné à l'université la monnaie,
04:23pendant 30 ans comme économiste,
04:25je connais le catéchisme par cœur,
04:26mais c'est du catéchisme.
04:27C'est du catéchisme.
04:28C'est une religion, mais absolument.
04:31C'est une religion omniprésente dans l'État.
04:33D'ailleurs, dans ce cas-là…
04:34Vous parlez d'église capitaliste.
04:36Évidemment, évidemment qu'il y a ces grands prêtres.
04:39Dieu sait s'il y a un nombre de, je ne sais pas quoi,
04:41vous faites à Guillon, au Collège de France.
04:43C'est vraiment un grand prêtre de l'église capitaliste, ce mec.
04:45D'accord, mais vous en avez des quantités d'autres.
04:49Tous ceux qui font la théorie de la réforme de l'assurance chômage,
04:54etc.
04:54Je ne prononce pas de nom,
04:55parce que le nombre des connards était très long dans la profession.
04:59Pour vous, ça relève de la croyance.
05:01Mais eux, ils enseignent des dogmes.
05:03Ça relève de la croyance.
05:05Et le problème, c'est que cette religion, elle est partagée.
05:07Nous avons intériorisé le fait qu'il faut d'abord produire de la valeur
05:11pour pouvoir être payé,
05:12alors que c'est nous qui produisons la valeur.
05:15Et non seulement qu'il faut d'abord produire de la valeur,
05:17mais il faut produire de la valeur comme en étant endetté.
05:20Puisqu'on suppose que pour qu'il y ait production,
05:23il faut une avance en capital.
05:25Et que cette avance en capital,
05:27ça se fait soit par une création monétaire par dette,
05:30soit par un prêt consenti par les marchés financiers,
05:35enfin les propriétaires des titres.
05:38C'est quand même incroyable que nous avons intériorisé l'idée
05:41qu'il faut d'abord s'endetter,
05:45alors que c'est nous qui produisons la valeur.
05:48Bon, alors il y a un moment où il faut arrêter d'être croyant.
05:51D'accord ?
05:52Pourquoi est-ce que j'insiste sur la religion capitaliste ?
05:54C'est parce qu'aujourd'hui, nous avons depuis l'affaire Duval,
05:58on va dire, depuis que Chirac a créé de toutes pièces
06:01ce prétendu problème,
06:06il l'a créé en 2003-2004,
06:08parce qu'il savait qu'il venait de gagner sur la question des retraites
06:11et que ça allait lui coûter la présidence suivante.
06:14Sarkozy a gagné en 2010 sur les retraites,
06:16mais il lui a coûté la présidence après,
06:18parce que ce sont des réformes totalement impopulaires.
06:20Et donc, il fallait absolument qu'il divise ses adversaires.
06:25Il l'a fait avec l'affaire de la laïcité,
06:27un usage absolument scandaleux de la laïcité républicaine,
06:32comme on dit,
06:33de l'universalisme contre les séparatismes,
06:35enfin, etc., etc.,
06:36qui est un usage raciste, islamophobe de la laïcité,
06:39alors que ces laïcars de la revue Marianne,
06:43du printemps républicain et tout ce monde-là,
06:45prétendument de gauche,
06:46mais fondamentalement de droite,
06:48ne s'étonne pas du tout, en revanche,
06:52qu'au Collège de France,
06:53à Guillaume, nous enseigne la religion capitaliste.
06:56La seule religion qui nous emmerde,
06:58parce que nous y sommes aliénés, de fait,
07:01c'est la religion capitaliste.
07:04Elle est omniprésente dans l'État.
07:06Omniprésente dans l'État.
07:07Donc, nous avons à devenir un pays laïc,
07:11ce que nous ne sommes pas, effectivement.
07:13Nous avons à séparer l'État de l'Église capitaliste.
07:17Voilà, enfin la loi de 1905 doit s'appliquer.
07:21L'État ne doit, la République ne doit reconnaître,
07:25ne doit ni reconnaître,
07:26ni subventionner l'Église capitaliste.
07:28Là, on aura fait d'énormes progrès.
07:30Et on évitera la fausse bagarre
07:31contre les séparatismes, etc.,
07:34qui n'est que du mépris
07:35vis-à-vis des catégories les plus populaires de ce pays.
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