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  • il y a 2 mois
Le secteur est amené à réinventer ses pratiques pour s’adapter au dérèglement climatique. En 2019, la filière des vins de Loire s’est réunie pour construire sa feuille de route, afin qu’en 2030 elle soit en mesure de conserver sa robustesse économique et de répondre à des engagements environnementaux, sociaux et sociétaux. Marie Gasnier, directrice du département économie, technique et informatique d’InterLoire, nous la présente. Une interview en partenariat avec l’interprofession.

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Transcription
00:00L'invité de ce Smart Impact c'est Marie Agnier, bonjour, heureux de vous retrouver,
00:11vous êtes la directrice du département économie technique et informatique de l'interprofession
00:16des vins de Loire, Interloire, puisque Bsmart, Fortune et Interloire sont partenaires pour
00:21éditer une série de podcasts d'ailleurs que vous avez peut-être déjà vu, animé
00:25par Sibyl Aoudjan, alors vous nous avez présenté dans une autre émission cette ambition de réemployer
00:33les millions de bouteilles à terme avec les viticulteurs, les négociants de la région
00:41que vous représentez, peut-être pour ceux qui débarquent, qui n'ont pas vu la première
00:46intervention, cette filière d'interloire ça représente quoi aujourd'hui ?
00:52Alors le vignoble du Val-de-Loire représente 2500 vignerons, négociants et caves coopératives,
00:59de Nantes à Bois pour 34 appellations et une IGP, l'IGP Val-de-Loire, de Nantes à l'Allier,
01:05c'est le deuxième vignoble français en termes de fine bulle, après la Champagne, le premier
01:08vignoble de blanc d'appellation et le deuxième vignoble de vin rosé d'appellation également.
01:14Oui, effectivement, avec, on va parler évidemment au-delà du réemploi des bouteilles, on pourra
01:18en redire un mot, mais du plan général qui a été mis en place par la filière pour
01:23réduire son impact, un plan intitulé filière vin de Loire 2030, quand et puis surtout pourquoi
01:30il a été mis en place ce plan ?
01:32Alors la filière des vins de Loire, en 2019, s'est réunie pour construire sa feuille de
01:38route.
01:38C'est tous les acteurs, tous les visages de la filière, les viticulteurs bio, les
01:42viticulteurs coopérateurs, les viticulteurs indépendants, les maisons de négoces, les
01:45caves coopératives, mais également tous nos partenaires que sont l'Institut français
01:50de la vignée du vin, les chambres d'agriculture, la filière pépinière, la recherche et l'enseignement.
01:55Nous avons co-construit notre plan de filière, le cap que nous voulions donner à la
01:59filière en 2030, avec des objectifs très clairs et quantifiés sur un objectif qui était
02:05la création de valeur, que notre filière soit présente demain, robuste économiquement,
02:09mais également dans trois engagements.
02:11Donc un objectif et trois engagements, l'engagement environnemental sur lequel le réemploi s'inscrit
02:16pleinement, mais également un engagement social sur tout ce qui va être la formation,
02:21la transmission des domaines, et un troisième engagement qui est un engagement sociétal
02:25sur la consommation responsable, la consommation des vins avec modération.
02:30Alors justement, sur la consommation des vins, chiffre donné par la coordination rurale,
02:35en 2023, la consommation de vins en France avait chuté, si on regarde sur deux décennies,
02:40de 32% en 20 ans, avec une production nationale qui atteint environ 45 millions d'hectolitres
02:49et des stocks qui parfois peinent à s'écouler.
02:51Est-ce que ça veut dire, dans votre région, mais pas seulement, qu'il y a une sorte d'obligation
02:57à se réinventer ?
02:59Alors la consommation de vins en France, elle évolue structurellement depuis les années 50.
03:03Les Français ne consomment plus du tout comme auparavant.
03:06Par contre, cette évolution de consommation, elle s'est accélérée depuis 4-5 ans.
03:10Donc la filière vins, lorsqu'on plante une vigne, on la plante pour 40-50 ans.
03:14On a vraiment un enjeu de projection, de prospective.
03:18Et nous devons aujourd'hui être très en phase avec les attentes consommateurs.
03:23Et les jeunes générations aujourd'hui ne consomment pas du tout comme moi,
03:26lorsque j'avais 20 ans, ou la génération de mes parents.
03:29Ces jeunes générations consomment plus de vins blancs, plus de vins effervescents.
03:33Donc on a vraiment une réflexion sur l'adaptation de notre production
03:37aux nouvelles consommations plus occasionnelles, sur des profils de vins différents.
03:42Est-ce que finalement, les vins de Loire, cette région,
03:48elle a des atouts pour devenir le grand vignoble de demain ?
03:51Parce qu'aujourd'hui, vous êtes en troisième position.
03:52Enfin, ça dépend des vins, vous nous l'avez dit,
03:54mais c'est un peu la troisième région viticole de France.
03:56Est-ce que quand vous vous projetez, vous vous dites,
03:58mais finalement, vu notre emplacement géographique,
04:00vu les changements de consommation, on est bien placé ?
04:03Alors, dans le contexte du changement climatique,
04:06on connaît aujourd'hui très bien quel sera le contexte climatique de la Loire
04:10en 2050, en 2100, en fonction des différents scénarii du GEC.
04:14Ce sont des outils qui sont en place, qui nous aident à faire le choix de cépage.
04:19Oui, on y reviendra là-dessus.
04:20Mais nous avons surtout la chance en Loire d'avoir un vignoble
04:24qui est porté sur quatre couleurs, sur une grande palette de vins.
04:27Nous faisons beaucoup de vins effervescents, beaucoup de vins blancs,
04:29des vins rouges et des vins rosés.
04:31Nous faisons des vins secs, des vins moelleux, des vins liquoreux.
04:34Donc, nous avons une palette des possibles
04:36qui nous a permis, depuis une quarantaine d'années,
04:39très agiles, très en adaptation avec les consommations
04:41et qui continue à nous adapter sur les consommations.
04:44Mais est-ce que ça veut dire concrètement, pardon d'un temps,
04:47mais que vos viticulteurs vont faire moins de rouge, par exemple ?
04:51Parce que la jeune génération en boit moins.
04:54Alors, probablement que nous ferons peut-être moins de rouge demain
04:58puisque c'est une couleur où la consommation globale en France baisse.
05:02mais les viticulteurs avec qui moi je commençais ma carrière
05:06dans les années 60 étaient très orientés vers une production de chenins.
05:09Donc, on a eu à différentes périodes le poids des différentes couleurs
05:15sur un vignoble qui est stable en surface, qui a vraiment toujours varié.
05:18Et c'est cette agilité qui est une vraie force en Loire
05:20et sur laquelle nous continuons à travailler, à nous projeter.
05:23Oui, et on rappelle qu'évidemment, c'est à consommer avec modération.
05:27Je voudrais qu'on parle de cépage.
05:30Tiens, vous évoquez la question de l'anticipation.
05:32Parce qu'il y a vraiment des régions où il va falloir changer de cépage, tout simplement.
05:37Est-ce que c'est le cas aussi pour les vins de Loire ?
05:39Alors, on innove, on est ouvert à tout.
05:41Il y a vraiment un ADN de pionner dans le village du Val-de-Loire,
05:44donc on ne s'interdit rien.
05:45Donc, on réfléchit à quels pourraient être nos cépages de demain.
05:49Sachant que nous avons, par exemple, des cépages qui ont une vraie agilité.
05:53Par exemple, le chenin, nous sommes allés voir comment se comporte le chenin
05:56dans d'autres contextes climatiques, comme l'Afrique du Sud ou le Portugal.
06:01Et nous avons exploré et collecté toute la diversité génétique, par exemple, des chenins à l'échelle mondiale,
06:08qui est conservé dans des conservatoires pour élargir le champ des possibles,
06:12que les chenins que nous cultivons aujourd'hui, nous aurons toujours du chenin demain,
06:16mais ce sera peut-être d'autres profils de chenin, ceux qui sont, par exemple, plantés en Afrique du Sud,
06:20dans un autre contexte climatique.
06:21D'accord. Est-ce qu'il y a des maladies de la vigne, si on parlait d'anticipation,
06:25qui potentiellement vont apparaître à cause du réchauffement climatique ?
06:32Alors, bien évidemment, le contexte climatique, l'évolution de certaines viroses,
06:37de certains parasites, de certains organismes qui peuvent véhiculer les maladies,
06:42c'est quelque chose qui est énormément suivi à l'échelle nationale, européenne.
06:46C'est l'épidémio-surveillance qui est vraiment suivie de près.
06:50Jusqu'à là, par exemple, la flavescence dorée était une maladie qui était peu présente dans la Loire
06:54et qui arrive progressivement, mais on bénéficie de l'expertise d'autres bassins viticoles
06:58qui nous ont permis de mieux construire la manière dont on la surveille,
07:02poursuivre son évolution et l'enrayer dès qu'elle démarre.
07:05Nous avons également des travaux de recherche à l'échelle nationale pour essayer de comprendre,
07:09par exemple, comment se comportera l'oïdium de la vigne dans le contexte climatique de 2050.
07:13Des travaux à l'échelle nationale qui permettent de comprendre les maladies,
07:19les ravageurs dans un contexte climatique que nous connaissons bien,
07:22qui sera celui des années 50, 2050, 2070.
07:25Un chiffre donné par Greenflex, qui est sur l'impact carbone de la viticulture en France,
07:31génère plus de 4 millions de tonnes de gaz à effet de serre, 0,7% des émissions françaises,
07:38ce qui n'est pas énorme.
07:40Il y a des secteurs qui pèsent beaucoup plus.
07:43On a parlé dans une autre émission des efforts que vous faites là en termes de réemploi,
07:47parce qu'on a vu que les bouteilles, l'usage des bouteilles, c'était une partie importante de ce poids carbone.
07:52Qu'est-ce qu'il y a comme autre levier que vous activez ?
07:56D'une part, on va chercher à activer plein de leviers de réduction de notre émission,
08:01mais également on va travailler des leviers plus longs sur la séquestration carbone dans nos sols.
08:06Mais sur les leviers de réduction de nos émissions,
08:09on va également travailler sur la réduction de nos consommations d'énergie, de carburant,
08:13donc par exemple faire évoluer le parc de matériel vers des parcs qui sont plus électriques par exemple.
08:20Nous pouvons également réfléchir autrement notre fret, la distribution de nos vins en aval,
08:27avec à terme du fret qui soit moins routier, mais du fret plus maritime, fluvial.
08:34Donc il y a des vrais enjeux sur de la structuration de filières à long terme,
08:38et également toutes les approches plus agronomiques comme l'agroforesterie, le vuitipastoralisme,
08:46ou toutes les réflexions que nous avions tout à l'heure sur des nouvelles variétés.
08:49Il y a des variétés qui aujourd'hui sont résistantes au mildiou et à l'oïdium,
08:54qui nous permettent également de travailler autrement.
08:57Quand vous parlez de séquestration carbone, ça rejoint notamment la question de l'agroforesterie,
09:01de planter plus de haies, d'arbres autour et dans les vignes.
09:06C'est ça, également d'améliorer la séquestration du carbone dans les sols agricoles,
09:12donc une manière de travailler nos sols différemment de ce qui pouvait être fait il y a une vingtaine d'années.
09:16Et alors il y a une autre question qui est quand même centrale quand on parle de viticulture,
09:20c'est la question des intrants et notamment des pesticides.
09:25Là aussi, est-ce qu'il y a un plan de réduction, d'optimisation de leur utilisation pour en utiliser moins ?
09:33Alors, dans le cadre du plan de filière, on a tous volé environnemental,
09:36on a beaucoup parlé de l'empreinte carbone, réduire notre empreinte carbone,
09:41mais dans l'embagagement environnemental, il y a énormément de choses.
09:44C'est tout ce qui va être la protection de nos ressources, eau, sol, biodiversité.
09:48Et dans ce cadre-là, l'accompagnement de la transition agroécologique est au plein cœur de nos discussions.
09:53En Loire, aujourd'hui, plus de 85% des surfaces sont bio ou engagées dans une certification environnementale HVE,
10:02donc haute valeur environnementale, ou Terravitis.
10:04Donc c'est quelque chose qui est déjà enclenché, mais sur lequel on continue d'accompagner, de former, de sensibiliser
10:09et d'investir énormément dans la recherche et dans l'expérimentation.
10:12Ça veut dire quoi ? Moins de désherbages chimiques, par exemple ?
10:16C'est ce type de choix qui sont faits et qui ont déjà été faits ?
10:20La restriction de l'usage des désherbants chimiques, elle est inscrite dans la réglementation de certains cahiers des charges
10:26où les usages sont limités, et nous cherchons à vraiment nous engager vers cette transition agroécologique
10:32de manière très opérationnelle sur les vignobles.
10:34Est-ce que, dernier mot, c'est lié aussi à une demande de votre clientèle,
10:40ou est-ce que ce n'est pas quand même le premier argument d'achat d'un vin ?
10:43C'est clairement en phase avec les attentes sociétales, qu'elles soient en France, mais également à l'international.
10:50Au niveau de la Scandinavie, certains marchés sont très très sensibles à cet engagement environnemental,
10:56mais également en Amérique du Nord.
10:59C'est vraiment être en phase avec nos valeurs, nos volontés, mais également être très lié aux attentes de nos consommateurs.
11:04Merci beaucoup Marie-Anier, et à bientôt sur Be Smart for Change.
11:08On passe à la suite de notre émission Bon Retour dans la Loire.
11:11Merci.
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