- il y a 8 heures
Neuf entreprises du Cac 40 et de l’Euro Stoxx 50 mentionnent un risque ou un engagement climatique dans leurs états financiers selon une étude du cabinet Forvis Mazars. Ce qui montre une meilleure prise en compte de l’importance de l’écologie pour leur pérennité. Pour Alexandre Rambaud, co-directeur de la chaire comptabilité écologique d’Agroparistech-Cired, la prochaine étape est d’intégrer la double matérialité dans leur gestion.
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00:00Prêt pour l'impact, c'est la question que je pose chaque jour à une personnalité qui compte.
00:08Dans notre économie, je reçois aujourd'hui Alexandre Rambeau. Bonjour.
00:11Bonjour.
00:12Bienvenue, ravi de vous accueillir. Vous êtes maître de conférence, co-directeur de la chaire comptabilité écologique chez AgroParisTech.
00:19Déjà, je veux bien que vous nous présentiez la chaire de la comptabilité écologique. De quoi on parle ?
00:24Alors, c'est une chaire de recherche et d'enseignement qui est portée par la fondation AgroParisTech.
00:31Elle a été créée en 2019 par un ensemble d'acteurs, de partenaires à la fois académiques, donc AgroParisTech, Dauphine, l'Institut de l'Université de Reims,
00:42et des acteurs professionnels et institutionnels, dont à l'époque LVMH, le ministère de l'écologie, le conseil de l'ordre des experts comptables.
00:51Donc, un ensemble d'acteurs, je ne vais pas citer tous les partenaires, mais l'enjeu, c'était de monter en puissance sur la question de la comptabilité écologique, justement,
01:02pour nouer à la fois la recherche et le déploiement sur le terrain, avec deux visions.
01:11L'articulation entre la comptabilité des entreprises, la comptabilité nationale et la comptabilité au niveau des territoires, des écosystèmes.
01:16Donc ça, c'est vraiment un premier élément. Et un deuxième élément, dont on parlera sûrement, c'est une vision de l'intégration de la soutenabilité dite forte dans la comptabilité.
01:28Donc une vision vraiment particulière de la comptabilité. Donc c'était ça l'enjeu premier.
01:33Est-ce qu'on créerait une chaire comme ça aujourd'hui ?
01:36Ah, c'est...
01:37Dans le contexte géopolitique...
01:40Oui, tout à fait.
01:42Le retour de bâton qu'on est en train de vivre.
01:44Oui, effectivement. On est dans une période qui est un peu particulière, on va dire ça comme ça, parce que depuis l'année dernière, pour des raisons à la fois de changement du Parlement européen,
01:55mais aussi évidemment géopolitique,
01:59les conditions de la mise en place de la durabilité, en tout cas au niveau européen, sont plus compliquées.
02:06Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas une appétence pour ces sujets.
02:09Et ce qu'on constate, c'est que sur le terrain, les entreprises elles-mêmes sont plutôt demandeuses de continuer quelque chose sur la durabilité et dans le cadre de la comptabilité durable.
02:21C'est plutôt des problématiques d'ordre à la fois politique et de posture et de certains acteurs minoritaires,
02:29mais qui sont très bruyants, qui portent, on va dire, une vision un peu rétrograde de l'avenir de l'économie.
02:36Mais juste là-dessus, pour repositionner aussi ça sur un enjeu géopolitique, c'est que si on regarde un pays comme la Chine,
02:45la Chine est de plus en plus en avance sur les questions d'investissement vert,
02:50et sur la question de la comptabilité durable, par exemple, l'année dernière, la Chine, comme d'ailleurs la plupart des pays dans le monde,
02:55ont adopté des normes de comptabilité durable,
02:59et alignés sur une vision qui est, en fait, celle à la base de l'Union Européenne, qu'on appelle la double matérialité,
03:07et qui est donc un des éléments centraux du débat actuel sur la comptabilité durable.
03:12Donc double matérialité, on rappelle peut-être en quelques mots de quoi on parle, c'est un peu pédagogique.
03:17Dans le contexte de la comptabilité durable, un des grands enjeux, c'est comment est-ce qu'on va représenter la durabilité,
03:24et notamment on va avoir, donc matérialité, ça veut dire ce qui est pertinent.
03:29Donc matérialité financière, c'est considérer que les informations socio-environnementales pertinentes,
03:35c'est ce qui reflète des enjeux de performance financière,
03:37donc c'est l'impact sur l'entreprise et la performance financière.
03:41La matérialité à impact, c'est dire, on va intégrer dans la comptabilité ce qui permet de montrer les impacts de l'entreprise sur l'environnement.
03:49Donc vraiment l'impact sur l'environnement, social et naturel.
03:53Et la double matérialité, c'est quand on prend tout en compte.
03:55Et donc vous nous dites que la Chine est en train d'intégrer cette double matérialité dans son modèle économique.
04:01Tout à fait, donc il y a eu déjà le signal des principales bourses chinoises l'année dernière en début d'année,
04:07et ensuite c'est passé au niveau gouvernemental,
04:09où il y a eu une adoption de normes comptables de durabilité basée sur la double matérialité.
04:14Et comme la Chine n'est pas soumise à la versatilité de ses électeurs,
04:19on peut dire ça comme ça,
04:21ça veut dire que c'est un mouvement de fond qui est en train de se mettre en place.
04:25C'est un vrai mouvement de fond,
04:27c'est-à-dire que la Chine fait ça,
04:29alors il y a plusieurs éléments, par exemple on parle d'un processus au niveau de la Chine qui s'appelle la civilisation écologique,
04:36mais tout ça, sans rentrer dans les détails,
04:37il y a un procès aussi d'une stratégie internationale qui est très claire,
04:42c'est-à-dire que le positionnement sur l'avenir de l'économie en Chine intègre le fait que la durabilité sera stratégique.
04:50Et donc là où l'Union Européenne était quand même en position de leadership sur ces questions,
04:56il n'est pas impossible que la Chine arrive à dépasser l'Union Européenne,
05:01et avec cette intégration que l'économie de demain sera durable, qu'on le veuille ou pas,
05:05et devra intégrer ça, et non pas sous un aspect de greenwashing,
05:09mais véritablement d'engagement dans, et justement par exemple la dématérialité.
05:13Et on va évidemment continuer d'en parler, et de parler de ce qui se passe au niveau européen,
05:17avec le coup de frein sur la CSRD, notamment le bilan extra-financier.
05:23Mais si on s'intéresse aux entreprises, si on regarde, c'est Forvis Mazars qui nous dit ça,
05:27c'est une étude d'octobre 2025, sur la comptabilité écologique,
05:309 entreprises sur 10 dans le CAC 40 ou l'Eurostox,
05:33mentionne désormais un risque ou un engagement climatique dans leurs états financiers.
05:38Ça veut dire que quasiment toutes les entreprises ont intégré le fait qu'il y ait des limites planétaires,
05:46ou qu'elles peuvent être impactées par ces limites planétaires dans leur modèle économique,
05:52donc dans leur survie économique, est-ce qu'on doit le comprendre comme ça ?
05:56Oui, alors ce qui se passe c'est que de toute façon il y a une amélioration de la vision de la durabilité
06:02directement dans ce qui compte au niveau de l'entreprise.
06:07Par exemple, de plus en plus de directions financières commencent à intégrer ces enjeux-là,
06:11et donc de se dire, effectivement, il doit y avoir une répercussion sur la comptabilité.
06:15On en est à un stade où on est beaucoup plus dans une vision de matérialité financière, justement,
06:20c'est-à-dire de dire quel est l'impact du changement climatique sur la performance financière,
06:26et dans une lecture qui reste aussi très actionnariale,
06:28c'est-à-dire qu'on n'est pas encore dans la finesse d'analyse des conséquences sur le contrôle de gestion,
06:33sur vraiment la réalité de la gestion de l'entreprise.
06:37L'étape après, c'est justement d'intégrer la double matérialité,
06:42vous parlez de limites planétaires, on n'y est pas encore, ça on en parle,
06:46et c'est bien le cadre de la double matérialité de faire comprendre justement cette question d'impact
06:50et de prise en compte de la réalité scientifique,
06:53parce que c'est ça, de la réalité scientifique des impacts,
06:56et donc c'est le but de l'initiative CSRD,
07:02de faire ça,
07:03et l'autre élément, c'est vraiment d'intégrer ça dans le pilotage des organisations.
07:08J'aime beaucoup l'expression, pour qualifier les normes comptables européennes,
07:12donc dans CSRD, de dire que c'est des normes de management,
07:15parce que c'est vraiment ça la comptabilité,
07:17c'est comment on cadre la gestion d'une entreprise,
07:20c'est pas simplement du reporting.
07:22Et ça, je pense que c'est un point qui commence à advenir,
07:28mais on est en train de redécouvrir ce qu'est vraiment la comptabilité,
07:31et pas simplement des listings d'informations dont on fait ce que l'on veut,
07:35mais bon, c'est pas pour après...
07:37Un outil de management, de pilotage d'entreprise, c'est ça.
07:40C'est ce que vous nous dites, quoi.
07:40Oui.
07:41Alors, sauf qu'on est...
07:43Alors, voilà, la loi Omnibus,
07:46on est clairement dans un coup de frein.
07:48Enfin, alors certes, la CSRD était trop compliquée,
07:54il y avait certainement trop de pages,
07:56trop de reporting attendu, bon, d'accord.
08:01Mais le coup de frein, quel impact il va avoir ?
08:06Quel impact négatif ?
08:07C'est-à-dire que dans le seuil de salariés qui a été choisi,
08:10ça sort de l'équation des, quoi, 80...
08:14Oui, ça, 80...
08:1410% ou 80% des entreprises.
08:17Donc, ça veut dire quoi ?
08:18Ça veut dire que l'Europe qui était pionnière
08:21va inventer son propre retard ?
08:24Comment vous l'analysez, ce qui est en train de se passer ?
08:26Ah, j'aime beaucoup cette expression d'inventer son propre retard,
08:29parce que je pense qu'effectivement, il y a de ça.
08:33Alors, bon, il est encore un peu tôt pour analyser les conséquences,
08:36évidemment, tout ça est en cours,
08:37et les débats ne sont même pas encore complètement finis.
08:38Oui, ce n'est pas totalement tranché.
08:40Voilà.
08:40Mais je dirais qu'il y a une analyse négative
08:45et une analyse, on va essayer d'être un peu positive.
08:47On adore faire ça dans cette émission.
08:48Donc, l'analyse positive, c'est effectivement,
08:51il y a un recul majeur.
08:53Parce qu'il faut bien distinguer deux choses.
08:55Il y a la question de l'application,
08:57l'applicabilité de ces CRD.
08:59Où là, tout le monde était d'accord
09:00que la copie qui a été rendue
09:02était à discuter et à faire évoluer.
09:06Il y avait même la réflexion de,
09:08voilà, au bout de trois ans,
09:09de faire un bilan et puis de voir où on en est,
09:11et de faire en sorte que, bon,
09:13on mette en place les choses progressivement.
09:15Il y a eu des difficultés de compréhension,
09:19justement, de cette phase.
09:20Je ne vais pas rentrer dans les détails,
09:22mais les focalisations qu'on a eues
09:24sur le nombre de points de données
09:25ou des choses comme ça
09:26montrent qu'on est passé à côté de l'essentiel,
09:28c'est-à-dire la comptabilité,
09:30c'est un cadre conceptuel
09:31pour mettre en place une stratégie de management.
09:35Et donc, on s'est focalisé
09:36sur un nombre de points de données.
09:38Voilà.
09:38Mais tout ça, je dirais,
09:40ça, ce n'était pas le cœur,
09:42le vrai cœur de la problématique.
09:44Ce qui est en cours aujourd'hui,
09:47c'est d'essayer d'atteindre le cœur même
09:49de ce qu'est le message de CSRD.
09:52Il y a quand même eu des acteurs,
09:53et au placé,
09:54qui demandaient à revenir sur la doule matérialité.
09:56Ça, c'est grave.
09:58Donc, ce qui se passe,
10:00et c'est ça qu'il va falloir voir,
10:02c'est est-ce que son renoncement
10:03va jusque dans le socle,
10:04les fondamentaux de la position de l'Union européenne.
10:07Ça, c'est une chose.
10:09Deuxièmement, ça met en lumière
10:10que, comme je le disais,
10:11une minorité d'acteurs très bruyante
10:13arrive à faire un lobbying tel
10:15qu'il y a des changements
10:18qui sont contre.
10:19D'ailleurs, la majorité silencieuse des entreprises,
10:22tous les sondages montrent
10:23que les entreprises n'étaient pas
10:25majoritairement favorables
10:26à une remise en question
10:27à ce point de CSRD.
10:29Donc, ça pose un problème même presque démocratique.
10:32Il y a eu des lobbies très efficaces
10:33à Bruxelles.
10:33Ah, très efficaces.
10:35D'accord.
10:35Quand on voit qu'il y a même
10:36certaines grandes entreprises
10:37qui plaidaient pour CSRD,
10:40on comprend que le débat
10:42n'est pas un débat
10:43de rationalité économique.
10:44Ce n'est pas ça qui était au fond.
10:45C'était vraiment un débat
10:46de positionnement politique
10:48sur une compréhension
10:49de ce qu'est l'avenir de l'économie
10:51et de certains intérêts privés
10:54qui ont prévalu
10:54sur l'intérêt public.
10:55Oui, mais alors,
10:57je suis d'accord avec vous,
10:58mais il y a quand même,
10:59et alors là,
10:59si on rajoute
11:01les États-Unis
11:03dans l'équation,
11:04c'est aussi le résultat
11:07de processus démocratiques.
11:09C'est-à-dire qu'il y a eu
11:10un vote des États-Unis
11:10qui a amené Donald Trump au pouvoir
11:12qui dit à l'ONU
11:13que le changement climatique
11:16c'est l'arnaque du siècle.
11:17Il y a eu un vote
11:17aux élections européennes
11:18qui a plutôt donné la main
11:20à des listes
11:22qui voulaient ce retour en arrière.
11:24Donc, voilà,
11:24qu'est-ce qu'on a manqué
11:26dans l'explication
11:28ou l'acceptabilité de,
11:30je reste sur votre thématique,
11:31de cette comptabilité extra-financière
11:34en quelque sorte
11:35ou comptabilité durable ?
11:36Alors, je dirais...
11:37Qu'est-ce qu'on a loupé, quoi ?
11:38Oui, alors, complètement.
11:39Alors, déjà,
11:40sur les États-Unis,
11:41les États-Unis,
11:41c'est un pays parmi d'autres
11:42et comme je le dis,
11:43il y a beaucoup d'autres pays
11:44qui comptent
11:45et notamment,
11:46je vais donner un autre exemple,
11:47par exemple, le Botswana.
11:47Le Botswana est passé
11:48à la double matérialité.
11:49C'est la place financière
11:50la plus stable
11:51ou une des places financières
11:52les plus stables d'Afrique.
11:53D'accord.
11:53Donc, très regardé.
11:54Et ce que je veux dire,
11:55c'est qu'on s'est énormément
11:56focalisé sur les États-Unis.
12:00Encore une fois,
12:00il y a une géopolitique ailleurs
12:02et ça aurait peut-être
12:03été plus intéressant aussi
12:04de regarder ce qui se passait,
12:05par exemple, en Chine.
12:07Oui, mais enfin bon,
12:08par exemple,
12:09l'alliance internationale
12:09des banques,
12:11les banques américaines,
12:12elles se sont retirées
12:13de l'objectif
12:16de décarbonation
12:18que cette alliance...
12:19Enfin, voilà,
12:19c'est aussi concret que ça.
12:21Mais les États-Unis...
12:21On ne peut pas dire
12:22que tout s'arrête.
12:23Ah non, mais complètement.
12:24Mais les États-Unis
12:24ont toujours entretenu,
12:25même avant Trump,
12:26un rapport très compliqué
12:28avec les COP.
12:29Oui.
12:29Et ce n'est pas pour ça
12:30qu'il n'y a pas des choses
12:31qui avançaient.
12:32Donc, ce que je veux dire,
12:33c'est que s'il n'agit pas
12:34de ne pas prendre en compte
12:36la position des États-Unis,
12:37la question,
12:37c'est de savoir
12:38quel poids on met
12:39dans cette posture
12:40par rapport à ce qui se passe
12:42aussi ailleurs.
12:43Ça, c'est une première question.
12:44Oui.
12:45Et la deuxième chose,
12:46au niveau vraiment européen
12:47en tant que tel,
12:48je suis tout à fait d'accord
12:49sur les élections
12:49l'année dernière.
12:51Mais les changements
12:52qui ont eu lieu
12:53au niveau du Parlement européen
12:54n'auraient pu
12:55ne pas complètement conduire
12:56à ça
12:56s'il n'y avait pas eu
12:57un lobbying derrière,
12:59comme je dis,
12:59qui a fait qu'on a quand même
13:01eu un vote historique
13:01où la droite
13:02s'est alliée avec l'extrême droite,
13:04ce qui est justement
13:05un message très problématique,
13:06même sur la tradition
13:07historique de la droite.
13:09Donc, tout ça relève
13:11de jeux d'acteurs particuliers
13:13dans lesquels je suis
13:14entièrement d'accord
13:15sur peut-être que les messages,
13:17comme je le disais,
13:18se vocalisaient
13:18sur les points de données
13:19et non pas sur la réalité
13:20de la stratégie qui est derrière,
13:22a été une erreur massive.
13:24Mais quand on regarde
13:25précisément
13:25la demande des entreprises
13:28n'était pas
13:29une telle remise en question.
13:31C'est ça que je veux dire.
13:32Sur l'analyse,
13:33vraiment, en fait,
13:34des demandes,
13:34et même ça met
13:35des entreprises
13:36dans des situations
13:36problématiques
13:37parce qu'elles sont investies.
13:40Elles ont investi
13:41dans ces CRD
13:41et la deuxième chose
13:43par rapport à ça,
13:44c'est que ça va recréer
13:45une situation confuse
13:46sur la façon
13:47de comprendre la durabilité
13:48entre les entreprises
13:50qui vont dire
13:50« même si je ne suis pas
13:51soumis à la CSRD,
13:52je continue là-dessus »,
13:54les autres qui vont dire
13:55« oui, mais je ne sais pas
13:56comment faire »,
13:56en plus avec
13:57VSMI,
13:58donc sur les normes volontaires
14:00pour les PME.
14:02Donc, des informations
14:03qui vont être
14:03beaucoup moins normalisées,
14:05ça va repartir
14:07sur la jungle
14:07des labellisations.
14:09C'est sûr,
14:09alors là,
14:10je suis prêt à le parier
14:11qu'on va avoir
14:12des labels CSRD,
14:13je suis conforme à CSRD,
14:14je ne suis pas conforme
14:14à CSRD.
14:16Donc, on repart,
14:16en fait,
14:17dans une instabilité
14:19et une confusion.
14:19Parce que,
14:20de toute façon,
14:20même si,
14:21encore une fois,
14:21ce n'est pas dans le marbre,
14:23il y a des discussions
14:24en cours,
14:24mais si le seuil
14:26qui est défini aujourd'hui,
14:27sort 80% des entreprises
14:29de la CSRD,
14:31du bilan extra-financier,
14:32qu'est-ce qui va se passer ?
14:33On va avoir
14:33des grandes entreprises,
14:35des multinationales,
14:36des grands comptes
14:37qui,
14:37elles,
14:38vont rentrer dans le cadre
14:39et qui vont faire quoi ?
14:40Elles vont se tourner
14:41vers leurs sous-traitants.
14:43Et donc,
14:43de toute façon,
14:44la mécanique,
14:45elle va quand même
14:46se diffuser,
14:47mais d'une façon
14:48moins encadrée,
14:51plus sauvage,
14:52peut-être ?
14:52Qu'est-ce qu'on peut en dire ?
14:53Ah oui,
14:53d'ailleurs,
14:54là,
14:55parmi les débats,
14:56il y a le fait
14:56de faire en sorte
14:58que les sous-traitants
14:59n'aient pas à donner
15:00les informations,
15:01ce qui est complètement
15:02incroyable.
15:03C'est totalement intenable,
15:05des positions comme ça.
15:06Oui,
15:06autant mettre fin au système.
15:08Ah oui,
15:08totalement.
15:09C'est-à-dire qu'on crée
15:10une situation
15:11qui est inopérante.
15:14Inopérante
15:15et qui crée
15:15un flou monumental
15:16pour tout le monde.
15:17On ne sait pas
15:18comment les entreprises
15:18vont s'en sortir avec ça.
15:19donc on partait
15:21d'une situation
15:22qui certes
15:23était complexe,
15:25qui demandait
15:26en fait une adaptation
15:27mais qui permettait
15:28d'avoir un cadre
15:28à une situation
15:30qui est faite
15:31un peu
15:32à la dernière minute
15:33et dont on ne sait pas
15:36comment les entreprises
15:37vont s'en sortir.
15:38C'est-à-dire même,
15:40je reprends ce terme
15:41en termes de rationalité économique,
15:43c'est complètement incroyable.
15:45Ce n'est pas rationnel
15:46économiquement
15:47ce qui a été fait.
15:47Alors dans cette émission
15:49on a une tradition,
15:51c'est que l'invité
15:51du Grand Entretien
15:52pose une question
15:53à l'invité
15:53de la semaine suivante.
15:55La semaine dernière
15:55j'avais Geneviève Ferron
15:56profil qui était
15:58à votre place
15:58et voici sa question.
16:00Bonjour Alexandre,
16:02une question pour vous.
16:04À votre avis,
16:05à quel horizon de temps
16:06nous aurons
16:08une comptabilité
16:09multicapitaux
16:10ou une comptabilité
16:11qui intégrera
16:12les communs environnementaux ?
16:14Et quand je pose
16:16cette question
16:16je me dis
16:17est-ce qu'il est possible
16:19qu'il y ait
16:20un standard universel
16:23compte tenu
16:24de la dégradation
16:25accélérée
16:26notamment
16:27des communs environnementaux ?
16:29C'est ambitieux
16:29parce que
16:30quand on parle
16:30de communs environnementaux
16:32j'aime l'expression
16:33elle porte tout son sens
16:35et c'est vrai
16:36que dans une
16:37si on était
16:38logique
16:40vu le constat scientifique
16:42fait depuis des décennies
16:44on devrait avoir intégré
16:45ces communs environnementaux
16:46à notre comptabilité
16:49d'une certaine façon
16:50quand elle dit
16:51est-ce que c'est possible
16:52qu'il y ait un standard universel
16:53qui en tienne compte ?
16:55Est-ce qu'on peut y croire
16:56à ça ?
16:56Ou est-ce que finalement
16:57vu le contexte actuel
16:59ça on a encore pris
17:0010 ou 20 ans
17:00dans la vue ?
17:01Alors je dirais
17:02oui
17:03ça c'est un objectif
17:04qui peut être atteignable
17:05qui est discuté
17:07encore une fois
17:09je pense qu'il faut pas
17:10il faut prendre en compte
17:12ce qui est en train
17:13de se passer aujourd'hui
17:13mais il faut pas non plus
17:14lui donner un poids
17:16trop important
17:17par rapport à
17:18un projet de poids
17:19voilà
17:20mais il faut être
17:21extrêmement vigilant
17:22et je pense
17:24se fédérer
17:24pour faire en sorte
17:25que justement
17:26le vrai message
17:28continue à pousser
17:29il y a un contre-lobby
17:30qui est à l'oeuvre aussi
17:32totalement
17:33mais qui pour l'instant
17:35est moins efficace
17:35voilà
17:36mais qui est là
17:38et qui va se positionner
17:40et je dirais
17:41sur la question
17:42de la prise en compte
17:43des communs environnementaux
17:44des communs écologiques
17:45oui en fait
17:46c'est par exemple
17:46ce sur quoi travaille
17:47activement la chaire
17:48avec la création
17:50du CERCES
17:50le Cercle des Comptables
17:51Environnementaux et Sociaux
17:52qui est une association
17:53qui fédère
17:54autour de ces travaux
17:55et c'est justement
17:56tout l'enjeu
17:57de la sonnalité forte
17:57la sonnalité forte
17:58c'est dire
17:59on va considérer
18:01la question de la durabilité
18:02d'un point de vue scientifique
18:03déjà
18:03en prenant en compte
18:05la préservation
18:06des écosystèmes
18:07et des êtres humains
18:09sur des bases
18:10donc scientifiques
18:10en termes de respect
18:12d'état de référence
18:13de la nature
18:14on appelle
18:14les bons états écologiques
18:15les états de santé
18:15des écosystèmes
18:16et l'état de décence
18:17des êtres humains
18:18en termes physique
18:19psychologique
18:19santé au travail
18:21etc etc
18:21donc ça en fait
18:23d'avoir ces éléments là
18:24qui soient intégrés
18:26dans la comptabilité
18:27et qu'on puisse vraiment
18:27chiffrer
18:28les dépenses nécessaires
18:30pour atteindre ça
18:30et les besoins de financement
18:32d'ailleurs c'était la logique
18:33c'est la logique
18:34de CSRD au passage
18:35alors
18:36ce qui se passe
18:37c'est qu'aujourd'hui
18:38le programme
18:39qui fédère ça
18:41qui systématise ça
18:42qui s'appelle
18:42le programme CARE
18:43Comprehensive Accounting
18:44Respect of Ecology
18:45et de plus en plus
18:47en fait
18:47mise en oeuvre
18:48on a actuellement
18:50à peu près
18:5060 entreprises
18:51en France
18:52qui travaillent avec cœur
18:53donc c'est peu
18:55mais c'est pas rien
18:56compte tenu
18:57de ce système
18:58et puis surtout
18:59c'est repris
19:00institutionnellement
19:01là
19:01dernièrement
19:02il y a eu un rapport
19:03sénatorial
19:04à la délégation
19:05à la prospective
19:05qui demandait le soutien
19:07en fait
19:08de ces travaux
19:08ça c'est au niveau français
19:10et on l'a de plus en plus
19:11au niveau international
19:12c'est-à-dire qu'il y a un mouvement
19:14qui se crée
19:15qui permet d'intégrer
19:17ces dimensions
19:18ces enjeux
19:18qui est de plus en plus
19:20compris international
19:20et qui s'inscrit
19:22dans le mouvement
19:22de la double matérialité
19:23qui en fait
19:23permet de le systématiser
19:25et jusqu'à
19:27le piloter
19:28donc
19:29ça c'est
19:30le point très positif
19:32parce que maintenant
19:33on a en fait
19:34les façons de le faire
19:34ça se déploie
19:36maintenant
19:37ce qui est plus questionnable
19:40c'est le soutien à ça
19:41c'est précisément
19:43par exemple
19:43ce que le rapport sénateur
19:44disait
19:45c'est qu'il y a un moment donné
19:46pour que tout ça opère
19:48il faut que les acteurs
19:49privés et publics
19:50soutiennent véritablement
19:52le développement
19:52et ne soient pas frileux
19:54dans des
19:55le dernier prix Nobel
19:57parlait d'innovation
19:58mais il ne faut pas oublier
19:59l'innovation sociale
20:00et le soutien à l'innovation sociale
20:02et pas simplement
20:02l'innovation technique
20:03ce serait de l'argent public
20:04bien utilisé
20:05voilà exactement
20:06de rentabilité
20:07d'un euro
20:07d'argent public
20:08on y est
20:09ce programme
20:11ce modèle
20:12care
20:13je veux bien
20:13qu'on s'y concentre
20:15pendant quelques minutes
20:16peut-être avec un exemple
20:17d'entreprise
20:17je ne sais pas si vous en avez
20:18en tête
20:19mais qu'est-ce que ça change
20:21dans la stratégie
20:23et finalement
20:25cette notion
20:26de comptabilité durable
20:27ou de comptabilité
20:28extra financière
20:29oui tout à fait
20:30alors des exemples
20:31oui
20:32il y en a un certain nombre
20:33je peux donner
20:34quelques cas
20:35d'application
20:36parce que
20:37comme je le disais
20:38la comptabilité
20:39ce n'est pas du simple reporting
20:40la comptabilité
20:41derrière
20:42c'est du management
20:44de la stratégie
20:45une vision
20:46une représentation
20:47de l'entreprise
20:48et comment on la gère
20:49donc c'est une sorte
20:50de modélisation
20:50de l'entreprise
20:51et donc dans ce cadre
20:52ça va
20:53de la gestion
20:54très fine
20:55contrôle de gestion
20:56etc
20:56jusqu'à la direction financière
20:57et après l'évaluation
20:58de l'entreprise
20:59donc c'est vraiment
20:59et
21:00pour donner
21:02un exemple
21:03par exemple
21:03une entreprise
21:04alors je ne me permettrais
21:05de pas donner de nom
21:06mais une entreprise
21:07qui a mis en oeuvre
21:09CAIR
21:10parce qu'elle opère
21:12dans la foresterie
21:13et elle mettait en place
21:15des activités
21:16qui sont pour la préservation
21:18des sols
21:18par exemple
21:19mais tout ça
21:20en fait est coûteux
21:21et dans la comptabilité
21:22actuelle
21:23ça passe comme des charges
21:24standards
21:25et donc on ne peut pas mettre
21:26on ne peut pas raconter
21:27autre chose
21:28il ne faut jamais oublier
21:29que comptabilité
21:30et raconter
21:30ont la même origine
21:31on ne raconte pas
21:32quelque chose
21:33qui est en lien
21:33avec ce qu'on fait vraiment
21:34CAIR a permis
21:36de reventiler
21:37ces dépenses
21:38de les rationaliser
21:39de les mettre en face
21:40d'objectifs scientifiques
21:41et de faire comprendre
21:42autre chose
21:43les comptes
21:44CAIR
21:45ont été
21:46parce que c'était
21:47la demande
21:48de l'entreprise
21:48ont été envoyés
21:49à la Banque de France
21:50et ont été acceptés
21:51par la Banque de France
21:52et apparemment compris
21:53parce que la Banque de France
21:54a émis
21:57une notation
21:57extra financière
21:58sur cette entreprise
21:59qui a été positive
22:00et qui a fait que des banques
22:02ont revalorisé
22:03cette entreprise
22:04sur cette base-là
22:04donc ça c'est un exemple
22:06on a un autre exemple
22:08sur des aspects
22:10par exemple
22:12toujours écologiques
22:13d'une entreprise
22:14qui voulait
22:15des plans stratégiques
22:16à trois ans
22:17sur les questions climatiques
22:18comment est-ce que
22:19on définit
22:20donc de façon
22:22très concrète
22:23des plans d'action
22:24avec des typologies
22:25d'action
22:26les budgets associés
22:27sur trois ans
22:28de façon à avoir
22:29des scénarios
22:30des trajectoires
22:31et qu'on puisse
22:31en discuter
22:32avec les actionnaires
22:34et avec les managers
22:35en interne
22:35donc ça c'est ce que
22:36CAE a permis de faire
22:37et un tout dernier exemple
22:39c'est le secteur d'activité
22:40le secteur industriel
22:42c'est du pompage hydraulique
22:43donc c'est aussi
22:45des entreprises
22:46qui ne sont pas forcément
22:47dans des secteurs
22:47forestiers
22:48ou agricoles
22:49il y a beaucoup de travail
22:50dans l'agriculture
22:50et puis un dernier exemple
22:53sur le social
22:53par exemple
22:54une entreprise
22:54qui opère
22:55en délégation
22:58de services publics
22:59et qui justement
23:02a utilisé CAIR
23:03notamment
23:03sur les questions
23:04de plans d'action
23:05de formation
23:05et de santé au travail
23:07pour là encore
23:08avoir une stratégie
23:09qui permette
23:10à la fois
23:11aux contrôleurs de gestion
23:12d'intégrer
23:13des dimensions
23:14de santé au travail
23:15ce qui n'est pas évident
23:16et d'avoir
23:17des scénarios
23:18de gestion
23:19en termes de plans
23:20de formation
23:20rationalisés
23:21qui soient d'ailleurs
23:22compréhensibles
23:22par la direction financière
23:23aussi
23:24est-ce que ça veut dire
23:25d'une certaine façon
23:25qu'il faut intégrer
23:28un budget
23:29de la nature
23:30ou du capital naturel
23:32d'une entreprise
23:33dans sa comptabilité
23:34oui c'est ça
23:35c'est exactement ça
23:36c'est à dire
23:36qu'il y a un moment donné
23:37le raisonnement
23:38derrière CAIR
23:38c'est de dire
23:39la base de la comptabilité
23:41de la gestion
23:42c'est vous avez une banque
23:43ou un actionnaire
23:44qui vous apporte
23:45de l'argent
23:45cet argent
23:46il sert à faire fonctionner
23:47l'entreprise
23:48et l'argent
23:48faudra l'embourser
23:49donc la comptabilité
23:50elle suit
23:51ce qu'on fait
23:51avec l'argent
23:52et elle permet
23:53de voir
23:53dans quelle mesure
23:54on peut rembourser
23:55sur quel terme terme
23:56etc etc
23:56et donc c'est d'étendre ça
23:58à la nature
23:59aux êtres humains
24:00considérer que
24:01c'est pas un sol
24:02le climat
24:03c'est pas simplement
24:04une ressource
24:04d'ailleurs je vais reprendre
24:05ce que dit CSRD
24:07c'est une partie
24:07prenante silencieuse
24:08donc c'est quelque chose
24:11qui est une préoccupation
24:12et donc considérer
24:14que c'est comme si
24:15on empruntait
24:16un écosystème
24:17et qu'il va falloir
24:18le rendre
24:19sur la base
24:20d'une préservation scientifique
24:21et donc la comptabilité
24:22doit suivre
24:23ce qu'on fait
24:23avec
24:24qu'est-ce que ça apporte
24:26à l'entreprise
24:26mais aussi
24:27quelles sont
24:27les dépenses
24:28qui vont être nécessaires
24:29pour la préservation
24:30et même chose
24:31pour un être humain
24:32c'est une forme
24:32de révolution
24:34révolution comptable
24:35on pourrait appeler ça
24:36oui oui oui
24:37on a écrit un livre
24:37qui s'appelle
24:38révolution comptable
24:38d'ailleurs
24:39donc que vous prônez
24:41est-ce que
24:41est-ce qu'il y a encore
24:42besoin
24:43d'évangéliser
24:45d'une certaine façon
24:45est-ce que c'est compliqué
24:46quoi
24:47de faire comprendre
24:48ce que vous venez
24:49d'expliquer
24:49ou de le faire accepter
24:50parce que
24:51si on rentre dans le dur
24:53on a reçu par exemple
24:54dans cette émission
24:55beaucoup d'entreprises
24:56qui participent
24:57à la convention
24:58des entreprises
24:58pour le climat
24:59et ça va parfois
25:00jusqu'à un changement
25:01de modèle économique
25:02complètement
25:03donc c'est
25:04c'est une révolution
25:04compliquée aussi
25:05oui alors ce qui se passe
25:08c'est que
25:08exaltante
25:09on peut être très positif
25:11mais compliqué
25:11c'est pour ça
25:12que je parlais
25:13d'innovation sociale
25:13et de soutien
25:14à l'innovation sociale
25:15c'est-à-dire que
25:16ce qui se passe
25:17alors justement
25:17sur la convention
25:18des entreprises
25:18pour le climat
25:19et on intervient
25:20régulièrement dedans
25:21justement
25:21le CERCES
25:22la CHAIR
25:23c'est que
25:24on est sur des changements
25:26d'imaginaire
25:27des changements de pratique
25:28et ça c'est vraiment
25:29très engageant
25:30ce qui se passe
25:31c'est que
25:32dans tous
25:33ces dispositifs
25:35il y a besoin
25:36justement
25:37de pouvoir changer
25:38ce qu'on raconte
25:39précisément
25:39en termes de gestion
25:40notre analyse
25:42c'est que
25:43tant qu'on n'a pas
25:44un changement comptable
25:45ça va être difficile
25:46de faire advenir
25:46d'autres imaginaires
25:47mais même chose
25:48sur la gouvernance
25:49on peut augmenter
25:50les gouvernances
25:50en mettant en place
25:51des administrateurs salariés
25:54donc plus important
25:56la nature aussi
25:57mais tant qu'on n'a pas
25:58ce changement comptable
25:59on ne raconte pas
26:00quelque chose de différent
26:01et donc
26:02ça se
26:03ça se comprend
26:05et les règles
26:07de fonctionnement
26:08de care
26:08sont
26:09sont vues
26:11comme étant cohérentes
26:12avec
26:13des enjeux
26:14véritablement
26:15scientifiquement compris
26:16de l'écologie
26:17donc je dirais
26:18on a les ingrédients
26:19mais il faut un soutien
26:20merci
26:21beaucoup
26:22Alexandre Rameau
26:22c'était passionnant
26:23et à bientôt
26:23sur Bsmart4Change
26:25on passe tout de suite
26:26à notre rubrique
26:26Smart Ideas
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