- il y a 2 semaines
En 2033, la nouvelle ligne ferroviaire entre Lyon et Turin devra ouvrir. Elle est censée améliorer la décarbonation des transports et promet des retombées économiques locales. Mais sa construction pose de nombreux défis techniques et environnementaux. Manuela Rocca, la directrice adjointe de TELT, l’entreprise franco-italienne en charge du projet, nous explique comment la société y répond.
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00:00Prêt pour l'impact, c'est la question que je pose chaque jour à une personnalité qui compte dans notre économie
00:10et là on va parler vraiment d'un projet qui compte pour nos économies.
00:14Vous allez comprendre pourquoi j'utilise le pluriel. Bonjour Manuela Roca.
00:17Bonjour, merci pour l'invitation.
00:19Bienvenue, vous êtes directrice générale adjointe de TELT, c'est le tunnel euralpin Lyon-Turin.
00:24On va peut-être commencer par l'originalité de cette entreprise.
00:28C'est une entreprise, un projet franco-italien, c'est ça ?
00:31Oui, exact. TELT est une entreprise partagée par les deux États.
00:35Ce sont nos deux actionnaires 50-50.
00:38Donc, un vrai exemple de coopération franco-italienne, soit dans la gouvernance de l'entreprise,
00:44mais vraiment aussi dans les faits et dans les activités quotidiennes.
00:47Toutes nos activités sont transversales.
00:49Moi, je m'occupe de l'environnement et de la sécurité en Italie et en France.
00:53Mais toutes nos équipes ont ce défi qui est avant tout technique,
00:57donc de se parler, de se comprendre, d'appliquer des règles binationales,
01:02mais aussi d'avoir une culture commune qui va être la somme des deux cultures
01:07et qui prend le milieu des deux parties.
01:09Oui, c'est-à-dire qu'on n'est pas chargé d'un domaine en Italie
01:12avec un homologue qui est chargé du même domaine en France.
01:16Exactement.
01:16C'est-à-dire qu'on n'occupe du domaine dans les deux pays.
01:19Et ça doit être un…
01:21C'est passionnant.
01:22Oui, c'est passionnant et compliqué parfois.
01:25Oui, parfois c'est compliqué, c'est un grand défi.
01:28Mais c'est le défi, comment dire, européen,
01:31parce que désormais la réalisation des grandes infrastructures dépasse les frontières.
01:37Et pour le faire, nous avons aussi dû innover un peu la réglementation.
01:42Notamment, par exemple, nous avons un règlement binational contre la corruption et la mafia.
01:49Nous avons un règlement binational pour l'économie circulaire.
01:53Et nous avons encore des règles communes pour la sécurité.
01:56Tout ça va prendre le mieux de deux réglementations
01:59pour faire que les règlements de notre ouvrage soient homogènes et les meilleurs possibles.
02:06Bon, vous avez posé, c'est super, quelques-uns des chapitres dont on va parler dans ce débat.
02:10C'est très, très bien. On va parler de la lutte contre la corruption,
02:13évidemment de la sécurité, évidemment de la circularité.
02:16Est-ce que vous pouvez nous décrire ce projet ?
02:18Donc, c'est quoi ? C'est creuser un tunnel et relier Lyon et Turin.
02:22Mais je dis ça, ça paraît simple. Décrivez-nous le projet.
02:25Alors, le Lyon-Turin, c'est une infrastructure ferroviaire pour les voyageurs et pour les marchandises.
02:31Ça va relier la France et l'Italie.
02:33Mais encore plus, c'est un ouvrage européen,
02:36s'inscrit dans la politique de décarbonisation des transports.
02:39Et effectivement, le but principal, c'est de substituer les moyens polluants aujourd'hui
02:45sur les moyens de longue distance avec une méthodologie et une modalité beaucoup plus vertes,
02:52qui est le train.
02:53Si on pense qu'aujourd'hui, le même trajet fait un avion et fait un train pour un voyageur
03:00a 40 fois de différence, donc le train est 40 fois moins polluant que l'avion,
03:05ça donne un petit peu l'idée.
03:07En plus, la congestion des Alpes par les camions est très importante.
03:12Aujourd'hui, entre France et l'Italie, il y a 40 millions de tonnes par an qui sont transportées
03:18et seulement les 8% sont sur les trains.
03:21Et donc, toutes ces marchandises sur la route,
03:24au contraire sur l'axe italo-suisse,
03:28les 70% sont sur les rails.
03:30Pourquoi ? Parce que là, il vient de finir un fantastique tunnel de base,
03:35une fantastique ligne ferroviaire comme la nôtre,
03:38qui pourra effectivement, et c'est notre but, faire ce changement.
03:43Oui, donc ça donne des perspectives d'occupation, de business, de rentabilité aussi.
03:48On en parlera évidemment.
03:50Alors, c'est génial de vouloir relier Lyon et Turin.
03:52Bon, il y a un petit souci entre les deux, c'est qu'il y a un truc qui s'appelle les Alpes.
03:56Oui.
03:58Donc, il faut creuser ce tunnel.
04:00Qu'est-ce qu'il représente ?
04:01C'est quoi les caractéristiques techniques de ce tunnel ?
04:04Alors, le tunnel de base, effectivement, est un objet très complexe.
04:08Ce sont 57,5 kilomètres de tunnel,
04:12qui est le tunnel ferroviaire plus profond et plus long du monde.
04:15Donc, un défi technique très important, mais pas seulement ça.
04:20Effectivement, la somme de toutes les galeries que nous allons creuser,
04:23c'est 164 kilomètres.
04:25Donc, deux tubes pour les deux voies, les tubes de bypass, les accès de sécurité.
04:31C'est un objet important, un objet qui a fait les résultats de plusieurs années d'études sur la géologie des Alpes.
04:39Et nous allons franchir 14 géologies différentes.
04:43Donc, c'est vraiment quelque chose que les ingénieurs comme moi trouvent passionnant et énormément important.
04:52Vous avez creusé, je crois, 45 kilomètres déjà, c'est ça ?
04:55Oui, oui.
04:55Aujourd'hui, on est à 28% de l'excavation du tunnel.
04:59Est-ce qu'il y a eu des surprises ?
05:01Alors, oui, tous les jours.
05:02C'est vrai ?
05:03Oui, on a fait beaucoup de reconnaissances, donc on a un projet très détaillé.
05:07Mais par contre, quand on est à 2000 mètres sous terre, on a toujours des défis importants à franchir.
05:17Et ça, c'est aussi un levier d'innovation très important.
05:20Notamment, nous avons par exemple l'excavation des puits d'Avrieux, qui sont des puits de 500 mètres de profondeur.
05:27C'est vraiment très important.
05:28On a eu des cavités, donc la roche a eu un comportement légèrement différent de ce qu'on pensait.
05:35Qu'est-ce qu'on a fait avec l'entreprise ?
05:37On a inventé un robot qui, à 300 mètres de profondeur, il est allé tout seul à faire du travail de remplissage et d'amélioration de cette géologie.
05:47Et donc, aujourd'hui, ça a marché si bien qu'on a décidé de revêtir tous les puits avec cette machine.
05:55Et c'est le résultat de la coopération entre la maîtrise d'ouvrage, le maître d'œuvre et l'entreprise.
06:02Et aussi, la volonté d'innover et de mettre en sécurité les personnes.
06:06Alors, justement, c'est la question que j'allais vous poser.
06:09On va ouvrir ce chapitre de sécurité.
06:10Vous dites qu'il a fallu créer un outil légal commun.
06:18Les règles de sécurité ne sont pas forcément exactement les mêmes sur les chantiers d'un côté et de l'autre.
06:23À quel défi vous avez été confronté ?
06:25Entre France et Italie, bien évidemment, les objectifs sont les mêmes, non ?
06:29Mais, par contre, la réglementation qui s'applique, la réglementation territoriale,
06:34et donc, on s'est aperçu qu'on avait quelque chose de différent,
06:38quelques limites en Italie qui étaient plus bas en France et vice-versa,
06:42soit sur la prévention de la santé, soit sur les règles de sécurité.
06:46Et on a décidé, avec les deux inspections du travail, qui ont fait un travail énorme,
06:50de construire un règlement commun qui prend les règles les plus restrictives des deux pays.
06:57Par exemple, la France a une grande expérience et un aspect très important et innovant sur la ventilation en tunnel,
07:05qu'on applique aussi en Italie parce que c'est très intéressant.
07:08Et sur l'Italie, on a des limites pour, par exemple, la silice, qui sont plus restrictives,
07:14et on les applique en France.
07:15D'accord.
07:16Et alors, sur un chantier comme ça, j'imagine, forcément, il y a un certain nombre de nuisances potentielles pour les riverains.
07:23Les riverains, comment vous les avez limitées, ces nuisances ?
07:27Alors, la limitation des nuisances, c'est notre objectif depuis le début.
07:32Donc, déjà, une conception très attentive du projet pour éviter,
07:37que c'est la première démarche, de l'éviter, réduire et récompenser.
07:41Après, dans nos marchés, nous avons décidé de nous mettre avec,
07:46de nous partager avec les entreprises des objectifs de réduction et de suivi très stricts
07:52des travaux pendant la réalisation,
07:55de manière de bien comprendre toutes les fois quelle est l'origine.
07:57Et en parallèle, tous les jours, on travaille avec les riverains et les collectivités pour répondre.
08:04Nous avons mis en place des numéros de contacts.
08:07Les personnes qui ont des soucis peuvent appeler.
08:11Et aujourd'hui, en 24 heures, on doit assurer la réponse et la solution à la nuisance.
08:18Ces mécanismes, effectivement, fonctionnent très bien.
08:21On a toujours des choses, comment dire, à régler.
08:25Mais ça va créer la confiance et la transparence avec les personnes.
08:32Et c'est la première chose pour pouvoir garantir la coexistence.
08:37Alors, il y a les riverains et puis il y a aussi les écosystèmes alpins.
08:42Et là, on va rentrer dans les enjeux de défense de l'environnement,
08:47de réduction d'impact, de biodiversité.
08:50Jim, est-ce que vous avez des associations derrière vous qui vous agacent et qui essayent de retarder le projet ?
08:58Alors, nous avons des associations avec lesquelles nous avons des rapports, un débat constant.
09:07Toutes les années, il y a une grande réunion qui est le comité environnemental du Lyon-Turin,
09:13dans lequel nous présentons les résultats, dans lesquels les associations sont invitées.
09:18Et en tous les cas, ce n'est pas la seule occasion dans laquelle on a des échanges,
09:23on a des visites des sites régulières.
09:24Mais quand on crée une infrastructure comme celle-là, il y a forcément un impact sur l'écosystème, sur la flore, sur la faune.
09:33C'est quelque chose qu'il faut absolument gérer.
09:36Il faut avoir cette priorité, déjà, et nous l'avons.
09:40Comme je disais, la conception est primordiale.
09:44Et après, pendant les travaux, toutes les activités de réduction et de compensation doivent être absolument rigoureuses.
09:50Chose que nous faisons, effectivement, en pleine collaboration avec les services de l'État,
09:56qui nous contrôlent, bien évidemment,
09:59mais qui nous accompagnent aussi sur les meilleures solutions à mettre en œuvre pour notre projet.
10:05Un chantier comme celui-là, c'est des, je ne sais pas combien, de tonnes et de tonnes de matériaux sortis, excavés.
10:15Alors, j'allais dire de déchets, non, parce que l'objectif, c'est au contraire que ce soit des ressources.
10:23Oui, parce que tout ce qui ressort de la montagne est précieux.
10:27C'est une ressource fondamentale et il faut la valoriser.
10:32Et nous avons étudié, comme je disais, toute la géologie par des années,
10:36vraiment dans le but d'étudier des dispositifs, des solutions de conception
10:41qui nous permettent de réutiliser plus de 50% de ces matériaux dans notre projet.
10:48Qu'est-ce que ça veut dire réutiliser ?
10:50Ça veut dire récupérer tous les matériaux qui sont excavés,
10:53les traiter sur le plan mécanique,
10:56donc créer des granulats qui sont adaptés à l'utilisation en chantier.
11:02Et donc, on les implique dans les bétons projetés sur les courts termes
11:06pour la mise en sécurité des galeries,
11:08les bétons de revêtements pour les revêtements définitifs des tunnels
11:12et pour les remblées techniques.
11:14Par exemple, aujourd'hui, nous avons déjà utilisé 2 millions de tonnes de matériaux
11:18qui ont été extraits à Saint-Julien-de-Mont-Denis,
11:21dans notre entrée du tunnel,
11:23à Saint-Jean-de-Maurienne,
11:24dans lesquels on a déjà réalisé les remblées et les voies
11:28dans la zone, dans la plateforme dans laquelle il y aura la gare internationale de Saint-Jean-de-Maurienne.
11:32D'accord.
11:33Donc, les matériaux que vous sortez, que vous excavez,
11:35vous les utilisez sur le chantier lui-même,
11:37mais pas seulement ?
11:39Ou alors, il y a peut-être aussi des matériaux qui partent ailleurs ?
11:42Oui, parce que, alors, en tous les cas, notre objectif, c'est de réaliser un tunnel.
11:45C'est d'abord de les réutiliser vous.
11:46Donc, quand on réalise un tunnel, il faut excaver,
11:50mais on ne peut pas les remplir complètement.
11:52Évidemment.
11:53Là, il y a une logique, là, effectivement.
11:55Exactement. Donc, il y a une partie des matériaux qui sont des bons matériaux
11:59et qui doivent être valorisés ailleurs.
12:01Donc, l'utilisation de ces matériaux est pour des projets externes,
12:06notamment pour des remplissages de carrières
12:09et qui sont des réhabilitations paysagères,
12:11des zones qui ont été utilisées dans le passé pour l'extraction des matériaux
12:16et qui, aujourd'hui, doivent être remises en état.
12:19Et soit ça arrive soit en Italie, soit en France,
12:23les longues distances pour rejoindre toutes ces carrières
12:26et sont franchies par les trains, notamment,
12:29qui est encore, comment dire, la modalité la plus verte.
12:32Et les courtes distances sont gérées un peu par camion,
12:35mais surtout par bandes transporteuses électriques,
12:38ce qui nous assure, dans toute la logistique
12:42que nous avons mise en œuvre dans notre projet,
12:45de réduire de 75 % l'empreinte carbone
12:47du volet transport, de la réalisation de la section transfrontalière.
12:51Ce tunnel, il devrait coûter 2,5 milliards d'euros
12:56de plus que prévu, budget total, je crois, plus de 11 milliards d'euros.
12:59C'est une hausse de près de...
13:0011 milliards, oui.
13:0111 milliards, 100, c'est ça.
13:03Oui, exactement.
13:03Il ne faut pas oublier les 100 millions.
13:05Les 100 millions, pardon.
13:07Hausse de près de 30 %.
13:08C'est normal, c'est-à-dire que c'est les impondérables
13:13dont vous parliez tout à l'heure,
13:14c'est normal que le coût comme ça augmente ?
13:18Alors, oui, donc nous avons...
13:21Ça, c'est le résultat de beaucoup de facteurs.
13:25Le premier facteur, c'est l'attribution de tous les appels d'offres
13:29du tunnel de base.
13:30Donc, au moment dans lequel on avait arrêté tous les contrats,
13:35on a compris quelles étaient les solutions meilleures
13:38qu'il aurait fallu mettre en place
13:40et donc on les a valorisées d'un point de vue économique aussi.
13:44Après, on a eu dans les années une connaissance plus approfondie
13:48des études et de la montagne
13:50et donc nous avons intégré des risques
13:53que nous voulons avoir à disposition
13:56pour le futur et du coup à terminaison.
14:00Enfin, nous n'oublions pas le fait que du point de vue mondial,
14:05il y a eu la pandémie,
14:06il y a eu la problématique internationale des guerres,
14:11chose qui a impacté les prix.
14:13Et par exemple, sur la coopération franco-italienne,
14:16cette chose, comment dire, de l'évolution des prix
14:19a été très bien gérée dans notre projet
14:21parce que nous appliquons la réglementation française
14:24qui admet l'actualisation des prix dans les contrats.
14:28Donc, nos entreprises n'ont pas eu de soucis très importants
14:32lorsque, en Italie, les prix sont bloqués
14:34et donc, ils auraient eu beaucoup, beaucoup de difficultés
14:38à continuer les activités.
14:40Vous allez chercher le meilleur de chaque côté des Alpes.
14:43Dans cette histoire, l'application de la réglementation française
14:47a été une bonne chose.
14:48Et alors, vous avez un exemple inverse
14:50où l'application de la réglementation italienne,
14:54au contraire, a été plus utile ?
14:56Oui, la loi anti-mafia, par exemple.
14:59Effectivement, les dispositifs anti-mafia italien
15:02ont été transformés par les deux États
15:04dans un règlement des contrats binational.
15:07Là, on va gérer des contrôles systématiques
15:10sur toutes les entreprises qui travaillent pour le Lyon-Turin,
15:13sans limite de seuil.
15:14Donc, toute la chaîne de valeur.
15:15Toute la chaîne de valeur et sans limite de seuil.
15:18Même en euros, si une entreprise réalise
15:20la section transfrontalière, elle vient contrôler.
15:24Et aussi, ça va entrer dans une liste blanche
15:29qui est une liste de partenaires agréés
15:31qui, donc, sont autorisés à travailler pour nous.
15:35Ça, c'est important pour nous,
15:37soit sur le plan, comment dire,
15:38de cette barrière qui est garantie
15:40par les contrôles d'un autre projet,
15:44mais aussi du fait que la traçabilité
15:46et la transparence de ce parcours
15:49est garantie pour toute la longue de la réalisation.
15:52Il y a des entreprises françaises
15:54qui ont été surprises d'être contrôlées comme ça ?
15:57Alors, au début, on a dû effectivement
15:58bien expliquer, raconter,
16:01quel était, comment dire,
16:03le but de cette opération.
16:05Pas vraiment les françaises,
16:08parce qu'aujourd'hui, nous avons,
16:10sur 2 000 entreprises,
16:12désormais, presque 1 500 sont françaises,
16:15donc désormais, c'est quelque chose de...
16:17Mais effectivement, les anglo-saxons, par exemple,
16:20ont eu quelques soucis au début
16:22à comprendre pourquoi on faisait des questions
16:24si personnelles,
16:26qui est, comment dire,
16:27effectivement...
16:28Oui, oui, on peut trouver ça intrusif, quoi.
16:30Des contrôles qui mafias, oui.
16:31Parce qu'on va contrôler
16:33tous les bords de toutes les entreprises.
16:36Mais ça, c'est, comment dire,
16:37quelque chose qui nous garantit,
16:38effectivement,
16:39et sur lequel on ne peut pas déroger.
16:42Oui, on parlait de financement.
16:43Est-ce que le projet, il est financé jusqu'à son terme ?
16:45Est-ce qu'on est sûr
16:46que le tunnel sera creusé
16:49et que ça ira au bout ?
16:50Oui, bien sûr.
16:51Ils sont là pour ça.
16:52Les actionnaires sont les États,
16:54ils sont là pour ça.
16:55On vient de signer avec la Commission européenne
16:59la décision d'exécution
17:00qui est un document très important
17:03qui donne la priorité
17:04des financements européens
17:05à notre projet
17:06en tant qu'élément clé
17:08de la politique européenne.
17:10Donc, oui,
17:10il n'y a aucun élément aujourd'hui
17:12pour avoir des doutes.
17:13C'est quand l'objectif d'ouverture ?
17:152033.
17:162033.
17:17Et alors, on va mettre
17:18combien de temps en train
17:18pour faire Lyon-Turin ?
17:20Alors, aujourd'hui,
17:21moi, je suis arrivée en train,
17:23j'ai mis presque 7 heures.
17:24On va diviser par deux
17:26et ça, c'est vraiment important.
17:283 heures et demie
17:29pour faire Lyon-Turin.
17:29Oui, ça devient compétitif
17:31avec l'avion.
17:31Bien sûr, évidemment.
17:32Alors, on va parler
17:33de coopération franco-italienne,
17:35de ce que ça,
17:36comment ça rapproche,
17:37évidemment,
17:38nos deux pays
17:39et les citoyens des deux pays.
17:41Et là-dessus,
17:41il y avait une question
17:42que celle qui était à votre place
17:43la semaine dernière,
17:44Béatrice Garrett,
17:45la directrice générale
17:46de la Fondation Pierre Fab,
17:47voulait vous poser.
17:48On l'écoute.
17:49Bonjour, Manuela.
17:50Est-ce que cette nouvelle ligne ferroviaire
17:54va accélérer la coopération
17:56entre la France et l'Italie
17:59et en particulier
18:00dans le domaine
18:01de la coopération universitaire
18:03et pour l'innovation ?
18:05Alors, ça nous intéresse,
18:06évidemment,
18:07pour la coopération universitaire,
18:08pour les chercheurs,
18:09l'innovation,
18:09mais d'une manière générale.
18:12Comment vous imaginez,
18:14à quel point,
18:14parce qu'on est déjà deux pays
18:16avec une histoire commune
18:17très importante ?
18:19Mais qu'est-ce que ça va changer,
18:20un tunnel comme celui-là ?
18:22Alors, déjà,
18:23la connexion physique
18:24est fondamentale.
18:26Mais ce n'est pas seulement ça.
18:28C'est vraiment,
18:29comment dire,
18:30quelque chose
18:30qu'on démontre déjà aujourd'hui
18:32seulement pour le réaliser.
18:34Donc, on ne peut pas imaginer...
18:36Oui, le projet lui-même, déjà,
18:37c'est un exemple de coopération.
18:38On ne peut pas imaginer que ce sera après.
18:39Aujourd'hui, la coopération
18:40est aussi entrée
18:42dans le pacte du Quirinal
18:43qui a été signé
18:45entre la France et l'Italie.
18:46Il y a le Léon-Turin
18:47en tant qu'axe important
18:50de coopération.
18:51Pourquoi ?
18:51Parce qu'effectivement,
18:53cette connexion
18:55entre les deux pays
18:56est une connexion aussi stratégique
18:59au niveau, effectivement,
19:00de croissance
19:01et de vision commune
19:02dans le cadre européen.
19:04Une chose qui va changer
19:06la dimension
19:08de nos deux pays
19:09tout seuls,
19:10plutôt,
19:10un par un,
19:12vus ensemble.
19:13L'échange économique,
19:14l'échange,
19:15aussi universitaire.
19:16Oui,
19:16est-ce qu'il y a des chercheurs
19:17qui vont pouvoir
19:18plus facilement se rencontrer
19:19d'une certaine façon ?
19:20Absolument, oui.
19:21On peut seulement citer un exemple.
19:23Aujourd'hui,
19:24il y a déjà mis en place
19:25une collaboration franco-italienne
19:27entre le centre de recherche
19:30Lyon-Bernard de Lyon
19:31et le centre de Candiolo.
19:34Les chercheurs font des échanges
19:36entre eux.
19:37Ils ont mis des bourses
19:39à disposition.
19:41Ils ont été aussi financés
19:43par Alcotra,
19:44qui est le programme européen
19:46de coopération franco-italienne.
19:48Et le Lyon-Turin
19:49est ici,
19:50pour eux,
19:51et le soutient
19:52dans cette,
19:53comment dire,
19:53connexion scientifique
19:57du plan de vue physique.
19:59Donc,
19:59c'est vraiment intéressant.
20:00Vous avez des projections,
20:03des prévisions de trafic
20:04sur cette ligne
20:06pour les 20 prochaines années,
20:08à partir de l'ouverture,
20:09évidemment ?
20:11Alors,
20:11oui,
20:12il y a des projections.
20:13Il y a déjà des projections
20:15qui mettent en réaction
20:17la croissance du PIB
20:20des deux pays,
20:22mais aussi la croissance
20:23de la capacité.
20:24La croissance de la capacité,
20:26ça va avoir,
20:27par exemple,
20:28à l'ouverture du tunnel de base,
20:30environ 14 millions de tonnes
20:32de capacité.
20:34Ça veut dire
20:34plus ou moins 90 trains,
20:37qui est presque le double
20:40de ce qu'il y a aujourd'hui
20:41en tant que capacité.
20:43Et après,
20:44tout ça va avoir une croissance
20:45qui est liée,
20:47notamment,
20:49à la capacité aussi
20:50des deux États,
20:51d'une part,
20:52de promouvoir
20:53le transfert modal
20:54et, de l'autre part,
20:56aussi,
20:57des différents opérateurs
20:58de changer
21:00et de décider
21:02de venir sur les trains.
21:04Comme on a vu aujourd'hui
21:05quand on a eu
21:07l'interruption
21:08entre France et Italie
21:09ferroviaire,
21:11pour un an et demi,
21:13les opérateurs ferroviaires
21:14ont changé
21:16leur axe
21:18vers l'axe des Kiasse,
21:20vers la Suisse.
21:20Donc,
21:22les opérateurs ferroviaires
21:23ont une certaine inertie
21:25à changer
21:27leur business.
21:28Mais,
21:28comme toutes les fois,
21:30on connaît très bien
21:30le fait
21:31que,
21:32dans la valeur
21:32des produits,
21:34le transport
21:35n'a aucune valeur ajoutée.
21:37Donc,
21:37le fait de fournir
21:39un ouvrage
21:39compétitif,
21:41économique,
21:42aux opérateurs
21:43fera en sorte
21:45que,
21:46dans le temps,
21:47les opérateurs
21:48changeront
21:49vers la modalité
21:50la plus économique.
21:51Par exemple,
21:52notre tunnel de base
21:53va baisser de 40%
21:55les coûts de l'énergie
21:56du franchissement des Alpes.
21:5740% n'est pas rien.
21:59C'est beaucoup.
22:00Oui,
22:00effectivement,
22:01c'est majeur même.
22:03Il y a qui ?
22:04Il y a la SNCF d'un côté,
22:05Transitalia,
22:06RFI,
22:06de l'autre,
22:07qui sont déjà associés
22:09au projet
22:10ou qui le seront
22:11à partir du moment
22:11où le tunnel
22:13sera opérationnel ?
22:14Ils sont déjà associés.
22:16Nous avons déjà
22:17des groupes
22:18d'activités communes
22:19et sont déjà
22:20les deux
22:21sur les parties
22:23des compétences.
22:24Et donc,
22:25oui,
22:26pour préparer le 2033,
22:28il faut travailler
22:28ensemble
22:30depuis aujourd'hui.
22:31Absolument.
22:32Et alors,
22:32c'est intéressant
22:32parce que c'est des compagnies
22:33qui sont aussi concurrentes.
22:35Oui.
22:36Et c'est vrai.
22:37Puisque maintenant,
22:38le rail a été ouvert
22:40à la concurrence européenne.
22:42Donc,
22:42on voit des trains italiens
22:43rouler en France
22:44et c'est très bien.
22:45Ou des trains français
22:45qui roulent ailleurs.
22:47donc,
22:48on est à la fois
22:50partenaires
22:51et concurrents.
22:52Comment ça se passe ?
22:52Oui,
22:52mais ça,
22:53c'est le futur des transports.
22:54Après,
22:55le paquet ferroviaire
22:56qui a ouvert
22:58la concurrence
22:58et la division
23:00entre les opérateurs
23:01qui s'occupent
23:02des trains,
23:03voyageurs et marchandises,
23:04comme on dirait,
23:05les opérateurs
23:06et les opérateurs
23:08des réseaux,
23:09donc qui font
23:09la maintenance
23:10et la gestion
23:11des réseaux.
23:11tout ça,
23:12c'est l'écosystème
23:15dans lequel
23:15l'Europe
23:16a décidé
23:17de bâtir
23:18la connexion unitaire,
23:20le métro d'Europe,
23:21donc les réseaux R2,
23:23qui est un grand défi,
23:25mais qui va rendre
23:26compétitif
23:27tous les systèmes européens.
23:29Et donc,
23:30SNCF
23:31et RFI
23:32sont compétiteurs
23:34entre eux,
23:35mais sont compétiteurs
23:36avec tous les autres.
23:37Et donc,
23:38aujourd'hui,
23:38on a deux opérateurs
23:39qui arrivent en France
23:41et en Italie aussi,
23:42mais un jour,
23:44grâce au réseau européen,
23:45on aura beaucoup plus.
23:47Espérons-le,
23:48effectivement,
23:49ça va continuer.
23:50Oui, ça fait un vantage,
23:50pour les voyageurs.
23:51On a parlé
23:52de l'impact du chantier
23:54et des nuisances
23:56pour les riverains,
23:57mais alors,
23:57il y a aussi les bénéfices,
23:59parce que c'est du travail,
24:00c'est de l'activité
24:01dans cette vallée
24:03de la Morienne.
24:04Comment ça se passe ?
24:06Il y a combien
24:06de gens qui travaillent
24:08sur un chantier
24:08comme celui-là ?
24:09Aujourd'hui,
24:10nous avons 3 000 travailleurs
24:12en France
24:12et sur 7 chantiers opérationnels.
24:17Donc,
24:17c'est effectivement
24:17une dimension importante.
24:20Et sur le plan économique,
24:21nous avons,
24:22en 2024,
24:23une valeur distribuée
24:24du projet,
24:25seulement en France,
24:26de 600 millions d'euros
24:27et qui font 800
24:30au niveau binational
24:31et qui devront bientôt
24:33un peu plus d'un milliard
24:35l'année prochaine.
24:36tout ça
24:37est la dimension générale
24:39du projet
24:40et tout ça
24:41se relie
24:42avec les dispositifs
24:43du territoire
24:44d'accompagnement
24:45qui sont mis en place
24:46en collaboration
24:47avec les services
24:48de l'État,
24:49notamment en France
24:50la démarche Grand Chantier
24:51qui est un levier
24:52super important,
24:54effectivement,
24:55pour ancrer
24:55les projets
24:56dans les territoires.
24:57Nous avons un contrat
24:58morienne
24:59qu'entre 2015
25:01et 2020
25:02a déployé
25:0440 millions d'euros
25:05pour les territoires,
25:06pour bâtir
25:07des projets
25:07des territoires
25:08et que sera
25:0980 millions d'euros
25:11pour les périodes
25:132021 et 2027.
25:16Dans ce dispositif,
25:17il y a des solutions
25:19pour l'emploi,
25:21donc avec mon emploi
25:22à Lyon-Turin,
25:23donc la démarche
25:24permet de connecter
25:26les besoins
25:26d'emploi
25:27des personnes
25:28et l'offre
25:30d'emploi
25:31des entreprises.
25:32Il y a aussi
25:34un autre dispositif
25:34qui est fondamental
25:35qui est la maison
25:37de l'habitat.
25:38Pourquoi ?
25:38Parce que nous avons décidé
25:39de dire à nos entreprises
25:41pas de base-vie
25:42dans les chantiers,
25:44pas de village
25:45dans les chantiers
25:46parce que nous ne voulons
25:47pas des ouvriers
25:48qui restent tout clos
25:49dans les chantiers.
25:50Donc il a fallu
25:50leur trouver
25:51des logements autour.
25:52D'accord.
25:52Et ça,
25:53c'est un levier extraordinaire
25:55pour que les entreprises
25:56donc puissent chercher
25:58déjà les logements
26:00sur le territoire,
26:01qu'il y a une possibilité
26:02de réhabiliter
26:03le patrimoine
26:04du bâtiment
26:05du territoire
26:06public et privé,
26:07mais surtout
26:08que les ouvriers
26:09soient vraiment inclus
26:11dans la société
26:12et non pas
26:13des personnes
26:14qui arrivent seulement
26:15à travailler
26:16et qui restent
26:18dans les chantiers
26:19tout le temps.
26:19Ils peuvent rester là
26:21pour quelques années.
26:22bien évidemment.
26:23Évidemment.
26:23Merci beaucoup
26:24Manuela Roca
26:25et à bientôt
26:26sur Be Smart for Change.
26:27On passe tout de suite
26:27à notre rubrique
26:29Startup.
26:29sur Be Smart for Change.
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