- il y a 2 mois
Avec Me Sophie Obadia (avocate pénaliste au barreau de Paris) et Ivan Gombert (secrétaire national du syndicat FO des directeurs des services pénitentiaires)
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NewsTranscription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, La Vérité en Face, Jean-François Aquili.
00:059h34 sur Sud Radio, La Vérité en Face, vous nous appelez au 0826 300 300.
00:11Cette actualité vous fait réagir ce matin.
00:13Nous avons entendu Clément Barguet en direct du 16e arrondissement de Paris.
00:16Vous savez là où se produit, où s'achève cette mobilisation en faveur de l'ancien président
00:21près de son domicile, du domicile des Sarkozy.
00:23Il a quitté son domicile pour rejoindre la prison de la santé.
00:31Je ne suis pas sûr qu'il y ait des images d'ailleurs.
00:32Ils vont faire en sorte que le président n'apparaisse pas, ne soit pas visible ce matin.
00:39Quand dites-vous 0826 300 300, vous nous appelez.
00:42Et quelle est la réalité de ce qui se passe derrière les barreaux ?
00:46On entend toujours dire que tout est sous contrôle.
00:49Mais est-ce bien réel ?
00:50Qui décide dans les prisons ?
00:52Deux invités ce matin avec nous.
00:53Maître Sophie Obadia, bonjour.
00:55Bonjour.
00:56Avocate pénaliste au barreau de Paris.
00:58Et Yvan Gombert, bonjour à vous et bienvenue.
01:01Secrétaire nationale du syndicat Force Ouvrière des directeurs des services pénitentiaires.
01:05Alors je crois que je dois vous libérer dans une dizaine de minutes.
01:08Donc je vous donne la parole tout de suite.
01:10Allez, c'est à vous.
01:11Première chose, je vais vous faire un rapide tour de table avec tous les deux.
01:15Sarkozy en prison, Nicolas Sarkozy en prison.
01:16Pour vous, il est à sa place.
01:18Je commence par vous, Yvan Gombert.
01:20On n'a pas à juger de l'opportunité ou non de son incarcération.
01:25Nous, on le gère au quotidien comme d'autres personnalités qui peuvent être incarcérées.
01:28Il va être dur à gérer à la santé ?
01:30Non, pas du tout.
01:30On dit que ça pose des problèmes de sécurité, d'organisation ?
01:33Non, c'est un placement à l'isolement classique.
01:35Non, ça ne va rien changer au quotidien d'une personne isolée.
01:39Pas de difficultés particulières.
01:40Tout ce qu'on peut lire, ou dire, ou entendre dire sur
01:43« c'est très compliqué, il faut l'isoler, il faut le préserver »,
01:46c'est n'importe quoi.
01:47Non, parce que c'est un régime d'isolement classique,
01:50comme on a eu Pierre Palmade,
01:52ou comme on peut avoir un directeur de prison à l'isolement,
01:55ou un magistrat, ou un commissaire.
01:57C'est du classique.
01:58C'est du classique.
02:00Là-dessus, Maître Sophie Obadia...
02:02Oui, c'est vrai que c'est du classique.
02:04Effectivement, d'aller voir une personnalité en détention,
02:06pour les avocats qui viennent, c'est exactement la même chose qu'un détenu de droit commun.
02:10Vous savez que tous les deux qu'on parle vrai, si vous y allez.
02:12Vous dites ce que vous pensez.
02:13Je vous dis, en revanche, je ne pensais pas de mon vivant
02:16voir un président de la République franchir les murs de la maison d'arrêt.
02:20Il les franchira d'ailleurs en voiture, on ne verra rien.
02:23Enfin, l'image symbolique qui consiste à placer sous écrou un président de la République,
02:27ça, c'est une image très forte.
02:29L'exécution provisoire.
02:30Avec une exécution provisoire, mais dont j'étais certaine qu'elle interviendrait un jour.
02:34C'est effectivement ce que l'on veut montrer aux Français.
02:37C'est-à-dire que, oui, les puissants peuvent aller en prison.
02:40Oui, l'exécution provisoire, c'est-à-dire le fait de ramener la peine au plus rapide possible,
02:47c'est également faisable pour un puissant.
02:49C'est ce qu'ont voulu dire les juges.
02:50Alors, sa demande de mise en liberté conditionnelle, je crois que c'est deux mois le délai.
02:53Alors, ce n'est pas une liberté conditionnelle, c'est une demande de mise en liberté
02:56en attendant le procès d'appel.
02:58La liberté conditionnelle, c'est quand vous avez définitivement été condamné.
03:01Là, il ne l'est pas, il est présumé innocent, puisqu'il a le droit à un procès en appel.
03:06Et de fait, il ne peut former cette demande de remise en liberté
03:09qu'une fois franchi le mur de la maison d'arrêt et placement sous écrou.
03:13Donc, c'est aujourd'hui qu'il peut le former.
03:15Et dans les deux mois qui viennent, il sera vu auditionné par la cour d'appel de Paris,
03:21qui le jugera au fond également, mais qui, avant de le juger au fond, dira si oui ou non,
03:25il peut être remis en liberté en attendant.
03:27Si je comprends bien, Maître Sophie Obadia, le délai en soi est une information.
03:31C'est-à-dire deux mois maximum ?
03:32Plus ça traîne, plus les uns et les autres diront, en soutien de Nicolas Sarkozy,
03:37du moins ceux qui le soutiennent,
03:38Ah, si ça traîne, c'est qu'on veut le punir.
03:40Alors, vous savez, je pensais que peut-être le procureur demanderait sa mise sous écrou
03:46plus tard dans la saison.
03:47J'avais même imaginé que c'était pour les fêtes de Noël.
03:49Donc, finalement, qu'il y aille aujourd'hui, c'est un avantage pour lui
03:52parce que ça raccourcit éventuellement le délai de remise en liberté.
03:56Je dis bien éventuellement, parce que ça peut ne pas fonctionner.
03:58Il peut être sorti pour Noël.
04:00Oui, mais ça peut ne pas fonctionner.
04:01Ça peut ne pas fonctionner.
04:02Yvan Gombert, enchaînons, si je puis dire.
04:06Par-delà le sort du président de la République, Nicolas Sarkozy,
04:09vous avez raison, tous les deux, enfin tous les trois, nous pensons la même chose.
04:12C'est un jour particulier, quand même, dans l'histoire de notre Ve République.
04:16C'est une première.
04:18Rappelez-vous la condamnation de Jacques Chirac.
04:19Il n'y a jamais eu des questions de détention, de quoi que ce soit.
04:22Là-dessus, Yvan Gombert, vous dites, vous, c'est une détention ordinaire, classique.
04:28C'est une mise à l'isolement.
04:29Alors, je crois qu'il faut comprendre les choses.
04:33Qu'est-ce qui se passe ?
04:33C'est une cellule de 9 mètres carrés ?
04:35Elle est équipée d'une certaine façon ?
04:38C'est une cellule complètement normale, de détention complètement normale.
04:41La seule différence, c'est qu'il ne va croiser aucune personne détenue.
04:44Aucune ?
04:44Aucune.
04:45Nulle part.
04:46Même pas la cantine.
04:48Dans l'absolu, il peut croiser deux détenus si la direction d'établissement considère que des profils sont adaptés.
04:57C'est dangereux, toujours, ça.
04:58Non, parce que c'est ce qu'il y avait, par exemple, dans l'ancienne prison de la santé.
05:01On appelait ça le quartier VIP.
05:04C'est-à-dire que toutes les personnalités étaient regroupées.
05:06Et pour le coup, des personnalités, ça ne s'agresse pas.
05:09Voilà.
05:11Donc c'est pour ça qu'on les regroupait dans une sorte de quartier d'isolement.
05:14Et ce n'est pas interdit par les textes de croiser d'autres détenus.
05:17C'est juste qu'on est très attentif à ce qu'ils ne croisent pas d'autres détenus dangereux pour sa sécurité.
05:23Parce que l'objectif, c'est la sécurité.
05:25Yvan Gombert, je profite de votre présence ce matin.
05:28Vous avez la parole libre.
05:29Vous êtes représentant FO.
05:32Les prisons, qui gouvernent ?
05:33Vous savez, on entend tout et son contraire aujourd'hui.
05:35C'est-à-dire que vous avez un discours officiel.
05:37La pénitentiaire, c'est sous contrôle.
05:39Bon, il y a évidemment une surpopulation carcérale, c'est dit.
05:41Il faut construire plus de prisons.
05:43Vous avez une prison spéciale qui est sortie de terre.
05:45Enfin, si je peux dire, qui a été aménagée.
05:47Mais qui décide ?
05:48Vous avez d'autres témoignages de personnalités qui sont passés par là,
05:51qui vous racontent que certains détenus, des gros narcotrafiquants,
05:54des chefs de gang, qui détiennent au fond les clés, on va dire,
05:58de l'organisation interne, qui ont des portables à disposition,
06:02qui auraient de l'argent pour cantiner, etc.
06:04Qui seraient les vrais patrons des tôles ?
06:05Quelle est la réalité de ce qui se passe en prison aujourd'hui ?
06:10Entre guillemets, je mets les guillemets, ça a plus ou moins toujours existé.
06:14C'est ce qu'on appelait le caïda.
06:15Ce qui a évolué, c'est la capacité financière de ces caïds.
06:20C'est-à-dire des gros narcotrafiquants qui disposent de millions et de millions d'héros,
06:24qui vont être en capacité soit de corrompre des agents,
06:28soit de corrompre aussi des détenus.
06:29Parce que ça, on sous-estime aussi cette capacité à phagocyter autour de lui
06:34toute une malade, petit délinquant, qui vont agresser des personnels,
06:38agresser des personnes détenues, et d'une certaine manière un peu faire la loi en détention.
06:43C'est d'ailleurs pour ça que nous, notre syndicat était très très favorable à la création de ce QLCO,
06:48pour extraire ce type de profil de la détention.
07:02Parce que souvent, soit on les place à l'isolement si on réussit à trouver des motifs,
07:06mais souvent, c'est des détenus qui sont très malins,
07:09donc ils ne commettent pas d'incidents, on ne voit rien,
07:12c'est-à-dire qu'on sait que c'est eux qui mènent la danse,
07:14mais c'est très difficile de motiver un placement à l'isolement.
07:18Donc là, on arrive à les faire sortir de la détention sur des motifs plus larges,
07:25et puis l'isolement c'est un peu compliqué,
07:27parce qu'on ne peut pas le faire sur une très longue durée,
07:29c'est-à-dire qu'on va pouvoir les placer à l'isolant pendant un an,
07:31puis deux ans ça devient compliqué.
07:32Là, on a trouvé une modalité dans ces deux établissements qui est beaucoup plus fine,
07:38puisque comme ils croisent d'autres détenus, on n'est pas vraiment sur un isolement strict,
07:42puisqu'ils peuvent discuter avec cinq détenus en cours de promenade,
07:46on n'est pas sur un pur isolement.
07:48Donc ça permet de rallonger la durée,
07:52on va dire, qui permet de supporter la détention en étant isolée.
07:57Maître Sofie Obadiah, je vais vous donner la parole dans un instant.
07:59Juste une question complémentaire, vous évoquez qu'on est sur Sarthe.
08:02Oui, ce sont des, pardon pour le, ce n'est pas de l'humour,
08:06mais ce sont des prisons de super riches,
08:08enfin en tout cas de super riches délinquants, ça règle le problème ?
08:11Alors non, en fait, ce qu'il faut comprendre, c'est que ces établissements ont été construits à l'origine,
08:16notamment par Nicolas Sarkozy, pour être des établissements de haute sécurité.
08:21De haute sécurité.
08:21Voilà, ils ont été conçus dès le départ comme ça,
08:24et au moment de l'ouverture, politiquement, ce n'était pas possible,
08:28donc du coup on a, je mets des guillemets, un peu dégradé les profils
08:32qui étaient prévus dans ces établissements.
08:35Donc finalement, c'est un retour aux sources.
08:37Retour aux sources de ce qui était prévu à l'origine.
08:40Maître Sofie Obadiah, vous êtes avocat pénaliste au barreau de Paris.
08:43La réalité de ce qui se passe dans les prisons, derrière les barreaux, vous la connaissez ?
08:48Je la connais très bien, et je trouve qu'effectivement, elle a beaucoup changé.
08:50C'est-à-dire que moi, quand j'ai commencé dans ce métier,
08:53il y avait une dichotomie entre les prévenus,
08:55qui étaient donc placés en détention provisoirement,
08:58détention provisoire, c'est d'ailleurs ce qui s'applique à Nicolas Sarkozy,
09:01d'une certaine manière, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas définitivement condamnés.
09:04Et il y avait les condamnés, donc il y avait deux types d'établissements,
09:07mais on savait bien déjà dans la pratique qu'on rencontrait par exemple à la Santé
09:10des détenus provisoires et des condamnés,
09:12en attendant qu'ils soient orientés vers d'autres établissements de longue peine
09:15ou de peine à purger.
09:18Aujourd'hui, il y a une sorte de Big Bang,
09:19c'est-à-dire que comme effectivement le trafic,
09:22puisque vous parlez essentiellement du narcotrafic,
09:24continue pour ceux qui sont ou en détention provisoire ou condamnés,
09:28effectivement la donne n'est plus du tout la même.
09:31Et là où je vous rejoins, c'est qu'effectivement l'argent,
09:34l'argent en détention, la possibilité de corrompre,
09:38la possibilité de s'acheter une sécurité,
09:40d'avoir une bande autour de soi,
09:42oui ça existe.
09:43Mais ça n'existe pas que pour les narcos.
09:45Là j'ai rencontré récemment plutôt un col blanc
09:48qui a dû partir en détention pendant plusieurs mois.
09:51Et bien parce qu'il se sentait menacé en tant que col blanc
09:53par d'autres en détention qui allaient peut-être le violenter,
09:57oui, il s'est acheté, entre guillemets,
10:00les faveurs d'un homme fort, grand, qui le protégeait.
10:03Vous voulez dire d'un autre détenu ?
10:05D'un autre détenu qui allait lui servir de garde du corps.
10:07Donc vous voyez la logique qui en fait préside à tout ça en détention,
10:11c'est que la sécurité, elle n'est pas réellement assurée
10:15comme elle devrait l'être,
10:16par l'administration pénicentiaire et par des fonctionnaires.
10:19Ça n'est pas jeter la pierre dans le jardin de la fonction publique,
10:23mais c'est impossible parce que les règles communes de la délinquance
10:27ou en tout cas de l'organisation
10:28consistent à avoir une protection si on veut évoluer dans un monde qui est violent.
10:33Un dernier mot, je sais que vous allez vous évader de ce studio,
10:36Yvan Gombert,
10:38vous validez ce qui vient d'être dit par maître Sophie Obadiat ?
10:40En fait, oui, parce qu'en fait,
10:41ce qui se passe, c'est qu'on a un modèle qui est trop universaliste,
10:44c'est-à-dire qu'on mélange tous les détenus,
10:46quel que soit leur profil.
10:47C'est-à-dire que finalement, le QLCO permet d'individualiser
10:52et de sortir des profils
10:53avec une très grosse capacité financière,
10:55avec des très gros moyens,
10:57et de les sortir de la détention normale
10:58pour ne pas se retrouver avec M. Lambda.
11:01Le gros défaut de notre système, c'est celui-ci.
11:03Un modèle trop universaliste.
11:05Trop généraliste.
11:06Il faudrait faire de la haute couture.
11:07Il faudrait faire de la haute couture
11:08avec des quartiers différenciés selon les profils.
11:10Parce que celui qui est défendu par un avocat d'office
11:13qui n'a pas d'argent, qui n'a pas de moyens,
11:14oui, il va être recruté par quelqu'un
11:16qui a les moyens pour lui faire faire des basse-besognes.
11:18Parce que c'est un monde violent.
11:20Allez, Yvan Gombert, je crois que je vous libère, c'est ça.
11:23Oui, merci beaucoup.
11:24Vous avez d'autres rendez-vous qui vous ont.
11:25Merci d'être passé dans ce studio.
11:26Merci pour votre franc-parler.
11:27Je rappelle que vous êtes secrétaire nationale du syndicat FO,
11:29des directeurs des services pénitentiaires.
11:32Allez, merci à vous.
11:33Merci.
11:33Vous pouvez partir, vous avez le droit.
11:35Il s'évade, ça y est, c'est parti.
11:38Maître Sophie Obadia, vous restez avec nous.
11:400826-3300, vous nous appelez pour la vérité en face.
11:42Nous parlons justement du sort de Nicolas Sarkozy
11:46et plus généralement de ce qui se passe en prison à tout de suite
11:49pour la suite de la vérité en face.
11:52Le Grand Matin Sud Radio, la vérité en face,
11:56Jean-François Aquili.
11:57Avec notre invité, Maître Sophie Obadia,
12:00avocat pénaliste au barreau de Paris,
12:03nous évoquons ce matin,
12:05en marge de l'incarcération en ce moment même
12:08du président ou de l'ancien président Nicolas Sarkozy
12:11de ce qui se passe derrière les barreaux.
12:15Yvan Gombert du syndicat FO,
12:17secrétaire nationale et directeur des services pénitentiaires évoqués
12:20avec un certain réalisme
12:21qu'au fond, tout n'est pas sous contrôle.
12:25Nous sommes en prison.
12:26Maître Sophie Obadia,
12:28nous évoquions, nous échangions pendant la pause là
12:30et vous attendez quelque chose quand même
12:33du passage de Nicolas Sarkozy à la santé.
12:37Pleine d'espoir.
12:38Vous voyez, un avocat, c'est toujours du côté de la vie.
12:39Mais tant mieux.
12:40Vraiment, un avocat pénaliste vient chercher la liberté,
12:43vient chercher la vie,
12:44vient chercher des bonnes nouvelles, n'est-ce pas ?
12:46Qu'est-ce que vous attendez de lui ?
12:48Quand vous dites, nous parlons en marge de la détention,
12:51vous vous rendez compte déjà, c'est en marge.
12:53Mais en marge, il y a des milliers de détenus.
12:55Donc en fait, la marge, c'est la masse.
12:57Et dans cette masse, effectivement,
12:59ce qui est tenu par l'administration pénitentiaire,
13:01c'est cette espèce de rituel qui consiste à entrer en prison,
13:05être placé sous écrou,
13:06à devoir donner toutes ces affaires,
13:10une fouille,
13:10on ramasse toutes nos petites affaires,
13:12on les dépose quelque part.
13:14Vous n'êtes qu'un numéro d'écrou,
13:16on va vous donner une place en détention.
13:19D'abord, on va vous placer au quartier arrivant
13:21pour vous observer,
13:22pour savoir pourquoi vous êtes là,
13:23vous verrez un médecin,
13:25et puis vous aurez le droit de demander un permis de visite,
13:27et puis ça prendra beaucoup de temps
13:28avant que vous voyiez les vôtres.
13:30Pas pour Nicolas Sarkozy, je vous rassure.
13:31Mais pour un détenu lambda,
13:33il va attendre des semaines.
13:34Des semaines ?
13:35Oui, tout prend des semaines.
13:37Voir un médecin,
13:38voir un médecin psychiatre,
13:40parce que la plupart des détenus souffrent de maladies mentales,
13:43ou en tout cas,
13:44on va essayer de les calmer.
13:45La claustrophobie,
13:47le fait d'arriver dans un lieu
13:48particulièrement anxiogène,
13:49avec des sons,
13:50des odeurs nouvelles.
13:52Vous voyez,
13:52l'odeur de la prison,
13:53je la reconnais dans la rue.
13:54Qu'est-ce qu'elle a de particulier ?
13:55Je la reconnais dans la rue.
13:56Je suis capable de dire,
13:57tiens, celui-là,
13:58il est passé par la prison.
13:58Tellement c'est un monde clos,
14:01avec vraiment une...
14:02Comment vous dire ?
14:03Le corps évolue dans un autre univers.
14:06Les distances ne sont pas les mêmes.
14:08Quand quelqu'un sort de détention,
14:09d'une longue peine, par exemple,
14:11sachez qu'il ne peut pas vous voir de la même manière.
14:13Parce que les murs sont tellement intégrés à son mental,
14:16qu'il n'est plus le même,
14:17qu'il ne se déplace plus de la même manière.
14:19Tout change en détention.
14:20Une forme d'angoisse de l'espace,
14:22de l'espace vide.
14:22Oui, oui, tout se rétrécit,
14:23tout est autre.
14:24D'accord ?
14:24Donc ça, il faut bien le mesurer.
14:26Je ne suis pas en train d'édulcorer.
14:27Ça fait partie de la punition ?
14:29Ça fait partie de la punition.
14:31Vous savez, c'est un châtiment corporel.
14:32Alors, on reparlait beaucoup de Badinter il y a quelques jours,
14:35mais c'est vrai que placer en détention
14:38une personne qui était libre
14:39et qui n'est pas habituée à faire des allées-venues,
14:41il y a beaucoup de détenus
14:42qui font des allées-venues en détention.
14:44Là, je vous parle de détenus primo-délinquants
14:46qui vont y aller pour la première fois.
14:48C'est ce qu'on appelle le choc carcéral.
14:50C'est-à-dire, vous arrivez,
14:51vous avez un choc physique, émotionnel et mental.
14:54Donc, personne ne peut ressortir indemne,
14:57pas même un Nicolas Sarkozy
14:58qui n'y resterait que peu de temps.
14:59Alors, la durée compte,
15:02mais moi, je compte des clients
15:03qui sont allés pour quelques mois en détention provisoire,
15:06qui aujourd'hui sont libres en attendant leur jugement.
15:09Je mesure leur obsession de ce passage par la maison d'arrêt.
15:13Certains ne parlent que de ça.
15:16Certains ne dorment plus depuis leur passage
15:18parce que souvent,
15:19on les a également un peu sédatés en détention
15:21pour avoir la paix,
15:22pour que les gens aillent mieux,
15:24pour qu'ils supportent cet enfermement.
15:26Eh bien, on donne des neuroleptiques,
15:28des médicaments
15:29et ensuite, il faut s'en débarrasser
15:31une fois que vous êtes revenu en liberté.
15:32Pour qu'ils se calment et dorment.
15:33Oui, parce que c'est des cris aussi, la prison.
15:35C'est comme l'asile psychiatrique.
15:36C'est des cris.
15:37C'est des gens qui se plaignent,
15:38qui tapent sur les barreaux, etc.
15:39De la violence.
15:40C'est plus qu'une violence, en fait.
15:42C'est une forme d'angoisse maximale.
15:44Qu'attendez-vous du président Sarkozy
15:46en détention ?
15:46Qu'il en parle.
15:47Qu'il en parle.
15:48Parce que, voyez-vous...
15:49Il veut préparer un livre.
15:50Alors, s'il prépare un livre,
15:51je n'ai aucun conseil, évidemment, à lui donner.
15:53Mais comme je sais que c'est un homme
15:54qui, parfois, est disruptif,
15:57je pense que de parler de la détention provisoire,
16:00c'est-à-dire celle où on attend son jugement,
16:03celle où on n'est pas encore condamné,
16:05où on n'a pas fait la preuve de la culpabilité...
16:07Pardon ?
16:07Ce n'est pas la même.
16:08Elle est mélangée avec ceux qui purgent.
16:11Mais quand vous arrivez en détention provisoire,
16:13c'est-à-dire que le juge considère
16:15que vous êtes ou trop dangereux,
16:17ou que vous n'avez pas de garantie de représentation,
16:19parce que vous n'avez pas une famille stable,
16:20un travail stable, etc.,
16:21on vous place en détention provisoire.
16:23C'est un peu une spécificité française.
16:25Et il y a un tiers, quasiment,
16:26des détenus français
16:27qui attendent leur jugement,
16:29qui ne sont pas condamnés.
16:31Ce qui est, philosophiquement,
16:33une sorte d'atteinte à la présomption d'innocence,
16:35puisqu'on ne sait pas s'ils sont coupables.
16:36Eh bien, de ceux-là, peut-être que Nicolas Sarkozy
16:39pourrait parler.
16:40Parce que leur vie en détention,
16:42celle qu'on vient d'évoquer,
16:44elle est délétère.
16:47Ça ne construit rien.
16:49C'est un temps d'attente, essentiellement.
16:52Un temps où on est mis à l'écart.
16:53Alors, parfois, pour des bonnes raisons,
16:55je ne suis pas en train de vous dire
16:55que tous les détenus provisoires ne devraient pas y être.
16:58Mais certains ne devraient pas y être,
17:00parce que leur dangerosité n'est pas avérée.
17:02Mais, comme encore une fois,
17:03on ne sait pas très bien où les mettre,
17:04qui peuvent représenter un danger pour eux-mêmes.
17:07Parfois, on dit, voilà, vous êtes mis en détention.
17:08Ça ne se justifie pas dans un grand nombre de cas à vos yeux.
17:11En tout cas, ça se discute beaucoup.
17:13C'est d'ailleurs pour ça qu'on fait des recours
17:14et qu'on obtient parfois des remises en liberté
17:16par la Chambre de l'instruction
17:17quand quelqu'un est en détention.
17:18Elle fait des dégâts sur les personnes, j'imagine ?
17:20Alors, elle fait des dégâts sur les personnes,
17:22je vous l'ai dit, au plan corporel et mental.
17:24Elle fait aussi des dégâts sur les familles.
17:26Parce que, quand votre père ou votre mère
17:28est en détention provisoire,
17:30est-ce qu'il faut emmener les enfants au parloir ?
17:32Est-ce qu'il faut construire une vie en attendant ?
17:34C'est ce temps d'attente qui est extrêmement destructeur.
17:37Nous verrons s'il écrit...
17:39Il peut peut-être en parler, lui, de l'intérieur.
17:41Je pense qu'il le fera.
17:42Ce serait une formidable opportunité
17:44en ce jour si particulier pour la République.
17:47Un jour très particulier pour la République,
17:49où, effectivement, on se dit,
17:52bon, tout le monde est à égalité,
17:53mais je suis un peu gênée par cette mise en scène
17:56que je trouve obscène.
17:59Parce que tous ceux qui rentrent en détention
18:01chaque jour que Dieu fait
18:02n'ont pas, je dirais, droit à ce spectacle.
18:06Non, ce n'est pas ce que je veux dire.
18:07Mais, à mon sens, c'est bien de le dire,
18:10c'est bien d'en parler comme nous le faisons aujourd'hui,
18:12mais je pense que les images sont excessives.
18:15Merci, Maître Sophie Obadia,
18:18avocat pénaliste au barreau de Paris
18:20pour cet éclairage ce matin important.
18:22Merci, à bientôt.
18:24Bonjour Valérie Expert.
18:25Bonjour Jean-François Higli.
18:27Mettez-vous d'accord sur quoi ce matin ?
18:29Écoutez, on va poursuivre un petit peu
18:31la réflexion de Maître Obadia.
18:33Je partage, moi, son sentiment,
18:35ses images ce matin.
18:37Alors, vous nous direz,
18:38auditeurs de Sud Radio,
18:39ce que vous en avez pensé.
18:40Est-ce que vous avez été touchés ?
18:41Est-ce que vous avez eu le sentiment
18:43que c'était une mise en scène de communication ?
18:46Est-ce que vous êtes choqués
18:47par cette incarcération ?
18:49La plupart des sondages nous disent que non,
18:50qu'ils comprennent cette décision de justice.
18:53Bref, on va y revenir.
18:55On va revenir évidemment sur le casse du siècle
18:57au musée du Louvre.
18:58Et puis moi, d'un Français sur deux,
18:59considère aujourd'hui le RN
19:01comme un danger pour la démocratie.
19:02C'est un sondage sur lequel
19:03on va revenir dans un instant avec vous.
19:05Évidemment, on attend votre avis
19:07au 0826 300 300.
19:09Bonne émission, Valérie.
19:10Sur le Sud Radio.
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