Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 2 jours
DB - 15-10-2025

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00Les rivaux de Sherlock Holmes
00:30S'il vous plaît, madame,
00:58que je vous rende aussi votre menace et la moindre des choses.
01:02Toujours ravie de bien vous servir.
01:06Oh, c'est beaucoup. Bonjour.
01:08Elsie, ne soyez pas trop généreuse avec la crème.
01:11Lady Baldwin est supposée être à la diète.
01:19Salut, Anne.
01:20On dirait que ce monsieur est là depuis un certain temps.
01:23Il me tient à la table depuis deux heures pour le moins.
01:25Un autre pot d'eau chaude, je vous prie, Sally.
01:36C'est agaçant d'attendre comme ça.
01:39Mon Walter, c'est exactement pareil.
01:40Il n'est jamais à l'heure non plus.
01:42Mais moi, je ne t'attends pas.
01:43Regardez ce monsieur-là qui est derrière vous.
01:45Il est là depuis quatre heures cet après-midi.
01:47La dame qui était avec lui a commandé un chocolat
01:49et puis elle est allée faire des achats.
01:51Le pauvre homme est tout seul depuis.
01:53Alors il s'est endormi.
01:54C'est une façon d'attendre assez agréable.
01:56C'est rien.
01:57La table 6 attend ses éclairs.
01:59Oui, madame.
02:00Je vous apporte du thé.
02:01Oui, alors, voici.
02:04Madame, nous ne savons plus comment faire tous ces gens ensemble.
02:07Et où en est aujourd'hui notre ravissante Lady Molly, mademoiselle Granat ?
02:12Eh bien, je vois pour l'instant qu'elle est en retard.
02:14C'est qu'elle est très occupée.
02:15Je crois même qu'on devrait lui confier la direction.
02:17Je pense qu'elle réussirait à prendre tous ces criminels
02:19dont parlent les journaux
02:20et l'on fermerait Scotland Yard pour longtemps.
02:23Mais ça ne ferait guère l'affaire des autres policiers, je le crains.
02:26J'en ai peur, moi aussi.
02:28Je dois aller dire un mot à cet homme
02:30qui semble s'être endormi.
02:31Ça ne fait guère respectable.
02:37Je vous demande pardon de vous déranger.
02:42Désirez-vous que nous vous servions un chocolat pour que...
02:50Non, c'est un peu grand.
03:05Je ne crois pas que ça m'aille.
03:08Sans doute, mais la couleur par contre va très bien, madame.
03:10Vous êtes ravissante.
03:11Oui, c'est bien possible.
03:12Mais je ne veux pas que l'on prenne dans la rue ou ailleurs
03:15pour une ancienne danseuse du Moulin Rouge.
03:17J'aimerais voir un chapeau un petit peu plus discret que celui-là
03:20qui soit surtout plus distingué.
03:22Nous avons celui-ci qui est tout en mousseline de soie.
03:25Regardez-le, madame.
03:26Comme il est décoratif, plein de...
03:29Oui, ce que vous voulez, c'est plus petit, n'est-ce pas ?
03:31Bien, nous pourrions voir la toque de vous l'envers, madame.
03:47Oh, regardez dans ce bouton.
03:49Que dites-vous de ça ?
03:50Le prix en est horriblement élevé pour de l'évory.
03:53Peut-être vaudrait-il mieux mettre les perles qu'on a vues en entrant.
03:56Ah oui, c'est une idée, ça.
03:58Je suis sûre que sur un joli chemisier mauve, ce serait délicieux.
04:01Est-ce que vous voulez nous le montrer ?
04:02Je les ai vus en vitrine tout à l'heure, à côté des parapluies, là.
04:08Très joli.
04:09Ah, madame, en voici un ravissant.
04:16Je suis sûre que la couleur va vous convenir.
04:18Madame est très élégante.
04:19Je présume que vous prenez des précautions contre les gens qui volent à l'étalage, non ?
04:23Oh, madame, les personnes qui fréquentent notre maison sont au-dessus de tout soupçon.
04:27Dans ce cas, vous devez avoir une grande quantité de marchandises qui vous est enlevée sous votre nez chaque jour.
04:32Oh, j'espère que non, madame.
04:34J'ai aussi apporté le velours vert.
04:35C'est plus votre style, je crois, non ?
04:37Voulez-vous l'essayer ?
04:41Oh, ça !
04:43Non, inutile que nous allions plus loin.
04:45Non, non, ce n'est pas ça du tout que j'aimerais acheter.
04:48C'est vrai qu'en fait, il n'y a pas un grand choix.
04:50C'est très classique.
04:50Ça ne fait rien.
04:51Je trouverai ailleurs.
04:52Partons, Lucie.
04:53Il y a plus de choix chez vos concurrents, Green et Edward.
04:57Attendez, s'il vous plaît.
04:59Voudriez-vous ouvrir ce manteau une seconde ?
05:01Mais, madame, nos clientes risquent de ne pas être...
05:03Sachez que cette jeune ingénue est une petite voleuse.
05:06Les deux autres sont complices.
05:07Je les ai vues faire.
05:09Dis donc, laissez-moi tranquille.
05:11De quel droit est-ce que...
05:11Sachez, mademoiselle, que malgré les apparences, je suis policier.
05:15Oh !
05:16Oh, non !
05:20Oh !
05:21Ne laissez pas sortir les deux autres.
05:24La première vue, le bois n'a pas été impressionné.
05:37Oh, vraiment ?
05:38Alors, voyons, si nous récapitulons, s'il vous plaît.
05:42Merci.
05:42Le chocolat est donc préparé et mis dans cette grande urne où il est tenu au chaud.
05:46Et vous, mademoiselle, le servez au client.
05:48Oh, inspecteur !
05:49Il est impossible que l'on ait mis quoi que ce soit dedans avant qu'il soit à la table.
05:54Sauf la personne qui l'a servi.
05:56Oh, non, non !
05:57S'il vous plaît, pas de scène d'hystérie à cette heure-ci.
06:00Je ne faisais que parcourir les possibilités.
06:02Oh !
06:02Allez, vous considérez comme une possibilité qu'une de mes filles ait pu emprisonner le chocolat d'un monsieur dont ils ignoront jusqu'au nom.
06:09Je n'ai pas dit ça, madame.
06:10Le docteur voudrait vous faire son rapport, monsieur.
06:13Je viens, Granaro.
06:14Fraud Matisse, vos clients n'ont qu'à laisser leur nom et adresse.
06:17Ils seront libres de s'en aller.
06:18Vous vous chargez de ça.
06:22Bonsoir, Fraud Matisse.
06:24J'ai eu du mal à arriver jusqu'à vous.
06:25Les gens sont collés à votre magasin.
06:28Ah, Sanders.
06:29Lady Molly.
06:31Vous feriez bien de faire quelque chose dehors avant que la circulation ne soit complètement bloquée.
06:34Oh, écoutez, la circulation...
06:35La circulation, Sanders.
06:37Sergent, faites dégager les alentours du magasin.
06:41À vos ordres, monsieur.
06:43Si vous voulez me permettre, je continue.
06:45Oh, mais bien sûr.
06:45Alors, en voilà une aventure.
06:47Oh, l'œil démoli, c'est une vraie catastrophe.
06:50Cette personne que l'on a assassinée sous mes yeux en versant je ne sais quoi tant mon chocolat, ça risque de...
06:56Excusez-moi, mesdames.
06:57Oui ?
06:58Alors, Mary, racontez-moi un petit peu l'affaire avec les détails.
07:02Bon, c'est Sally qui était de service à cette table.
07:05Elle a vu entrer ce monsieur aux environs de 4 heures.
07:08Il était accompagné d'une femme qui a pris un thé et...
07:10Et lui a pris un chocolat, une tasse seulement.
07:13C'est alors que la personne qui a accompagné ce gentleman a dit qu'elle partait faire quelques achats.
07:17C'est bien ça, Sally ?
07:18C'est bien ça.
07:19Il a commencé à boire son chocolat et il a dit...
07:22Ne soyez pas trop longue.
07:24Elle, elle est allée prendre son manteau et ensuite elle est sortie.
07:27Et bien sûr, personne ne l'a revue.
07:29Non, madame.
07:30Aucune de nous ne l'a aperçue ensuite.
07:32J'en suis sûre.
07:33Merci, Sally.
07:34Parfait.
07:36Mary.
07:41Alors, est-ce que par hasard vous auriez déjà trouvé quelque chose ?
07:44Eh bien, il a été tué par une dose massive de morphine.
07:47Et d'après le légiste, on lui a fait avaler par le truchement de ce chocolat.
07:51Regardez le dépôt dans la tasse.
07:53Veuillez aux empreintes, Sanders.
07:55Rogers, veuillez vider ses poches, voulez-vous ?
07:57Mon Dieu, mon commerce est perdu, c'est affreux.
08:00Qui osera encore manger ma merveilleuse pâtisserie après un scandale de ce jour ?
08:03Oh, madame, ne vous faites pas de soucis.
08:05Vous n'aurez plus le monde que l'envoie à la tour de Londres.
08:07Mes gâteaux, monsieur l'inspecteur, sont faits pour d'y raffiner, pas pour d'y cueillir.
08:10Je comprends bien le souci de Frau Matisse.
08:12À quoi ressemblait cette personne ?
08:15Oh, madame, reçoit tellement de gens ici qui entrent et qui ressortent.
08:18Je suppose qu'il ne s'agissait pas d'une habituée.
08:20Non, non, non, dans ce cas, je l'aurais reconnue, non ?
08:23J'ai des souvenirs qu'elle était fort bien habillée, très élégante.
08:27Très élégante. En couleur claire ou sombre ?
08:30En couleur sombre, ça, oui.
08:31Un bleu de prusse, comme les officiers de chez nous.
08:34Ou peut-être bien gris, une fourrure, des gants blancs.
08:40Et... Oh, c'est pas facile de soublier.
08:42Mais son visage, comment était-il ? Sa bouche, son nez, ses sourcils, couleur des cheveux ?
08:48Elle portait une voilette, je regrette.
08:50Qui plus est, elle portait sur la tête une chose énorme, un chapeau gigantesque,
08:54qui empêchait qui que ce soit de deviner le moindre de ses traits.
08:57Elle était couverte jusque-là.
08:59Il aurait fallu bien sûr qu'elle ouvre ce chapeau qu'elle avait sur la tête.
09:02C'est que, bien entendu, personne ne fait plus.
09:04Évidemment.
09:06Est-ce que vous reconnaîtriez ce chapeau si vous le revoyiez ?
09:09Oh, ça, sûrement, oui.
09:10C'était quelque chose de très particulier, je dois dire.
09:13Saléane, cette dame de la table 11, est-ce que vous vous souvenez du grand chapeau qu'elle portait ?
09:20Oh, ça oui, alors, madame.
09:22Un chapeau énorme, oui.
09:23Tu t'en souviens ?
09:24Oh, oui.
09:24Avec des tas de choses dessus.
09:26Des tissus différents, des choses qui étaient en velours vert et d'autres en satin, je crois.
09:31Et des plumes aussi, tout autour.
09:33Frère Mathis, nous ne vous dérangerons pas plus longtemps.
09:35Nous nous reverrons un peu plus tard.
09:36Merci à vous.
09:39Dites-moi, Sanders, le mort, est-ce que vous savez qui il est, au moins ?
09:44Les initiales MC à l'intérieur du chapeau.
09:47Des initiales aussi sur cet étui.
09:48Et quelques lettres qui sont adressées à...
09:52Mark Culledon Esquire, adresse Lordbury House, Fitzjohn Avenue, Amstead.
09:59Culledon.
10:00Est-ce que ça vous semble familier, Mary ?
10:02C'est une marque de papier et carton.
10:04Vous en êtes tout à fait sûre ?
10:05Certaine, oui.
10:06Une importante maison sur Lombard Street.
10:08C'est un gros exportateur très connu.
10:10Cela se pourrait, oui.
10:11Plusieurs de ces lettres sont adressées à Lombard Street.
10:13Ah !
10:13Mary a une mémoire fantastique absolument infaillible.
10:18Sanders, Fitzjohn Avenue.
10:20Ça n'a rien d'une adresse de célibataire.
10:23Cela suppose plutôt une personne bien installée.
10:27Je crois qu'il va falloir qu'on aille avertir son épouse.
10:40Vas-y, votre carte.
10:44Voulez-vous patienter quelques instants, mesdames ?
10:47Je vais aller demander si Lady Irène peut vous recevoir.
10:50Jamais je n'aurais eu l'impertinence de venir de cette manière si la chose n'était urgente.
10:54Sans doute, madame.
11:00Mary, allez donc jeter un coup d'œil chez les servantes.
11:03J'ai vu cette fille aujourd'hui chez Willoughby et elle volait à l'étalage.
11:06Oh ! En êtes-vous certaine ?
11:07Bien entendu.
11:08J'ai ennu le souvenir très net, ma chère.
11:10J'étais occupée à essayer ce très joli chapeau après en avoir essayé un très grand.
11:14Mais les grands chapeaux ne me vont pas du tout.
11:15Par contre, vous, vous auriez été très bien avec, ma chère Mary.
11:18Oh, mais ça m'étonnerait. Je ne suis guère faite pour les choses larges, Lady Molly.
11:22J'ai toujours l'impression que la mode n'est faite qu'à l'intention des femmes grandes et minces.
11:27C'est vrai.
11:29Je me demande si Lady Irène est grande.
11:32Pour elle, ça n'a pas d'importance.
11:33Elle est la fille du vicomte d'Attiville.
11:35J'ai emprunté à Sanders un exemplaire de son petit classeur.
11:39La famille de Lady Irène est directement issue du comté de Tyrone.
11:42Ce qui veut dire qu'ils ne sont pas riches.
11:44Lady Irène va vous recevoir, mesdames.
11:47Je vous remercie.
11:49Mon Dieu, comment allez-vous lui annoncer la nouvelle ?
11:51Ça n'est pas facile, mais ça ne peut pas être pire que ce que Sanders aurait fait à notre place.
11:56Oh, bien sûr, mais c'est bien triste.
11:58Qui sait, il y a peut-être aussi deux jeunes enfants.
12:00Il faudrait alors qu'ils soient très jeunes, Mary.
12:02Monsieur Kleden a dû épouser cette dame il y a six mois, tout juste.
12:11Oh, Lady Molly, comment allez-vous ?
12:14Un moment, voulez-vous ?
12:17Tante Myriam, et si Maud vous ramenait à votre chambre ?
12:20C'est gentil à vous, Irène. Je suis au contraire mieux ici que dans ma chambre.
12:23C'est ça, je crois, de votre intérêt.
12:25Il se pourrait bien que la nouvelle que j'apporte ne soit pas des plus réjouissantes.
12:28Je demande s'il ne vaut pas mieux.
12:29Nous aimerions que cette personne nous dise maintenant ce qu'elle a à nous annoncer,
12:33que la chose soit intéressante ou non, que nous puissions ensuite aller dîner.
12:37Merci, Maud.
12:38Tante Myriam, Lady Molly, voici Madame Steinberg.
12:43Madame Steinberg est ma tante, plutôt celle de mon mari, à dire vrai.
12:47Mademoiselle est mon assistante, Mary Granmar.
12:49Mademoiselle, prenez donc un siège.
12:52J'avoue n'avoir jamais songé qu'une femme pouvait avoir un rôle aussi important dans la police.
12:57Lady Irène, ma nouvelle, hélas, concerne votre mari.
13:02Ce que j'ai à vous dire est extrêmement sérieux et grave.
13:05Si cela concerne Marc, je crains qu'il faille attendre son retour.
13:08Mon neveu ne tolérerait sans doute pas que nous parlions de lui hors de sa présence.
13:12Il n'était pas dans mon intention.
13:13Je l'ai fait souvent remarquer à Manier Sirène.
13:16À quel point son mari est une personne exceptionnelle, madame ?
13:19Oh, mais je suis sûre qu'il l'était, madame.
13:22Vous pardonnerez mon insistance, mais je vous ai dit que la nouvelle était grave.
13:28Mais nous vous écoutons. De quoi s'agit-il ? Dites-le nous.
13:32C'est la pire des nouvelles qu'on puisse annoncer.
13:34Hélas, votre mari est décédé en fin d'après-midi en ville.
13:39Ah oui, je comprends que ce soit délicat à dire.
13:43Vous le saviez ?
13:45J'ai eu des doutes en vous voyant, bien sûr.
13:47Pourquoi reçoit-on la visite de la police ?
13:49Marc, mon cher Marc, je refuse d'accepter ça.
13:55Oh, ce n'est pas possible.
13:57Oh, vous voudriez vous sonner ?
13:58Je vous ramène à votre chambre, venez.
14:01Voulez-vous m'aider ?
14:02C'était mon héritier, le seul.
14:03Il n'avait pas le droit de faire ça.
14:05Ce que je possède, tout ce que je possède, aurait été à lui, tout.
14:09Madame Stanley Agne n'est pas bien, Maud.
14:11Je viens la voir tout de suite.
14:12Oui, madame.
14:13Elle était si attachée à lui, je comprends sa peine.
14:19J'aurais dû lui épargner un si grand choc.
14:22Lady Irène, j'aimerais dire que cette sollicitude est des plus dignes d'admiration.
14:26Aussi incroyable que cela paraisse, aucune de ses servantes, pas une seule, n'a été capable de nous donner un signalement sensé de la personne qui a pris le thé avec lui.
14:45Ne vous faites pas de soucis, inspecteur.
14:46Je suis persuadée que cela va être un jeu d'enfant pour Lady Molly.
14:50Je ne suis pas venu ici pour chercher une aide quelconque, mais pour avoir des explications au sujet de cette annonce.
14:57De quelle annonce parlez-vous, inspecteur ?
14:59Il semble que le journal la passe depuis deux ou trois jours.
15:03Je doute que Lady Molly ne l'ait pas remarquée.
15:07À vendre.
15:08Très belle voiturette, six chevaux, deux cylindres.
15:10Mademoiselle Cranard, l'autre annonce qui promet une récompense, là.
15:14Pour tout renseignement qui amènerait l'arrestation du meurtrier de mon neveu, Mark Culdon Esquire, écrivait à la boîte postale...
15:20Alors, qu'est-ce que vous dites de ça ?
15:22Elle a du courage, cette madame Steinberg.
15:25Elle ne craint pas la publicité.
15:26Pourquoi aller mettre une annonce dans la presse ?
15:29Réfléchissons.
15:30Notre enquête a commencé jeudi.
15:32Elle a dû passer la petite annonce presque aussitôt.
15:34Si c'est bien elle qui l'a fait passer.
15:36Notre enquête n'a rien prouvé de sérieux jusqu'à aujourd'hui.
15:39Il fallait bien que quelque chose d'autre soit tenté.
15:41C'est bien ce que je pensais, Grenard.
15:43Bonjour, Sanders.
15:45Veuillez pardonner mon retard.
15:46Oh, nous sommes habitués.
15:47Je suis venu vous parler d'une petite annonce qui est passée et passe encore dans le journal ce matin.
15:52Oh, mais je suis prête à vous donner toutes les explications.
15:55Elles sont très simples.
15:59Cette fois, c'est aller un peu trop loin.
16:00Passez une annonce pour trouver un meurtrier.
16:02Et alors ?
16:03Cette vieille dame avait l'air si bouleversée.
16:06La question est, est-ce que cela va marcher ?
16:08Nous avons encore reçu douze lettres ce matin.
16:11Et nous avons une très élégante dame qui attend en bas et qui veut vous voir en personne.
16:14Ah oui, oui, c'est certainement...
16:16Comment déjà ?
16:18Mademoiselle Harris, faites-la donc entrer.
16:20Je vais la recevoir.
16:20Nous avons des choses importantes à voir.
16:27Lady Molly, nous avons certaines règles de procédure.
16:30Oui, je sais.
16:31Oh, j'y pense tout à coup.
16:32Il faut que je vous rende votre manuel pratique de police criminelle.
16:35Mon paragraphe repéré est à la page 42.
16:37J'ai laissé une marque dedans.
16:38L'arrestation sera faite le plus rapidement qu'il vous sera possible.
16:44Plus le criminel se sera éloigné, plus il vous sera difficile de vous saisir de sa personne.
16:49C'est d'une logique cartésienne.
16:50J'ai peur qu'un jour ou l'autre, vous nous apportiez à tous de sérieux, très sérieux embêtements.
16:56Encore une question, Sanders.
16:58Peut-on disposer de 50 livres pour la récompense ?
17:01Oh, alors ça, c'est...
17:02Une seconde, Sanders, j'ai là une liste de parents proches, neveux et nièces de madame Steinberg.
17:09Vous n'auriez pas, j'en suis sûre, de mal à retrouver chacune de ces personnes.
17:15Lady Molly ?
17:17Oui ?
17:17Voilà la jeune dame qui voulait vous voir.
17:20Elle voudrait vous parler de la dame au grand chapeau.
17:23Ah, oui, bien sûr.
17:24Vous êtes, je crois, mademoiselle...
17:26Cathy Harris, madame.
17:27Je sais des choses sur cette dame.
17:29Oh, Cathy Harris.
17:34Nous nous sommes déjà vus, n'est-ce pas ?
17:37Oui, oui, oui, nous nous sommes vus chez Willoughby la semaine dernière.
17:43Je m'en souviens très bien.
17:44C'est le jour où j'ai procédé à l'arrestation de votre amie, Lucy Smith.
17:48Oh, je crois que vous me prenez pour une autre, non ?
17:52Peut-être.
17:53Aucune importance pour le moment.
17:55Je suis bien plus intéressée, je dois le dire, parce que vous me dites savoir.
17:58Oh, c'est que je n'ai que peu de temps.
18:00J'ai beaucoup de choses à faire et j'aimerais que nous en venions tout de suite à ce que
18:04j'ai à dire, à ce que je sais sur la dame.
18:06Eh bien, mais je vous écoute.
18:08Eh bien, alors nous parlerons de cette femme que vous semblez chercher, la femme qui était
18:12avec M. Culloden.
18:13C'est cela même, oui.
18:14Vous connaissez cette personne ?
18:15Oh, je ne la connais pas, mais je l'ai vue, oui.
18:17Vous étiez à la pâtisserie cet après-midi, là, vous aussi.
18:19Ah non, non, non, pas du tout.
18:20C'était bien avant ce jour-là.
18:22C'était dans la maison des Culloden que j'ai vu cette personne.
18:24C'est que j'y étais employée, moi aussi, quelque temps.
18:27Je l'ai quittée pour une meilleure place.
18:30Si vous voulez bien, nous récapitulons.
18:32On vous a employée donc à Lordbury House.
18:36J'ai été employée là juste après que les mariés soient revenus de voyage de noces
18:39et il n'y avait qu'un maître d'hôtel dans la résidence.
18:42Maud était là et moi aussi.
18:43Et la plupart du temps, le maître d'hôtel était descendu à la cave.
18:46Il s'occupait surtout de...
18:47Mais c'est d'âme, Cathy.
18:49Ah oui, ça devait, je pense, être un jeudi autour de quatre heures,
18:54environ dix jours après leur retour.
18:56Ce jour-là, bien entendu, la patronne était sortie.
18:58Je pense qu'elle allait faire des achats.
19:00Donc, elle était sortie et le maître d'hôtel était ailleurs lui aussi.
19:04Vous êtes allée ouvrir la porte à cette visiteuse.
19:06C'est ça, oui.
19:07Alors, monsieur a reçu cette lady sans cérémonie au fumoir.
19:11Et ils étaient seuls, figurez-vous.
19:12Vous a-t-elle donné son nom ?
19:18Oh, j'ai juste donné un coup d'œil sur sa carte
19:21et je n'ai eu le temps de voir qu'un drôle de nom.
19:24Comme une espèce de nom pas courant du tout.
19:26Plutôt étranger ?
19:27Voilà.
19:28Et d'ailleurs, elle avait un accent, je ne sais pas trop lequel.
19:31Certaines personnes ont un accent sans pour cela être étrangères.
19:34Oh, je sais, oui, je sais.
19:35Elle n'a pas dit grand-chose.
19:36C'est bien naturel, mais je dirais qu'elle paraissait peut-être...
19:40peut-être française.
19:42Visuellement.
19:45Est-ce que vous pourriez me donner une description de cette visiteuse ?
19:49Bien, elle était plutôt grande, habillée de façon très élégante.
19:53Est-ce que sa coiffure était très large ?
19:55Large ?
19:57Je n'ai pas le souvenir qu'elle ait été très large.
20:01Est-ce que vous pensez que vous la reconnaîtriez si vous étiez mise en sa présence ?
20:05Oh, ça oui, j'en suis certaine.
20:07Elle portait quelque chose de couleur gris-bleu, très jolie.
20:09Une dame très élégante, je me souviendrai d'elle.
20:11Vous avez bien dit gris-bleu ?
20:13Mais oui, un très beau gris-bleu, très saillant.
20:15Madame, c'est exactement ce que nous a dit Frao Matisse quand elle a décrit cette dame.
20:20C'est exact, oui, Marie.
20:23Cette visiteuse est-elle restée longtemps ?
20:25Ils sont restés enfermés tous les deux au moins une heure.
20:29Et ça a failli d'ailleurs très mal tourner.
20:31En fin de compte, madame est revenue.
20:33Ah, je vois.
20:35Et c'est encore vous qui l'avez fait entrer.
20:38Bien sûr.
20:39L'avez-vous parlé de la visite que son mari avait à ce moment-là ou n'avez-vous rien dit ?
20:44Elle n'a rien demandé.
20:47Et alors ? Comment est-ce que les choses se sont passées ?
20:50Tandis que la maîtresse qui arrivait montait l'escalier, la visiteuse, elle venait de prendre congé et sortait du fumoire.
20:57Les deux femmes se sont croisées en haut de l'escalier.
20:59Est-ce que vous avez le souvenir de ce qu'elles ont dit ?
21:02Non, je n'ai pas entendu.
21:04Mais je sais qu'après ça, monsieur et madame ont discuté et qu'à mon avis, madame n'était pas très satisfaite.
21:10Il a dû, je pense, lui expliquer ça de belle façon, sans doute.
21:12En tout cas, on m'a renvoyé le matin qui a suivi.
21:15Et vous n'avez jamais revu cette dame jusqu'à l'autre jour ?
21:18Non, elle n'est pas revenue pendant que j'y étais, non ?
21:22Bien.
21:24Merci beaucoup, Cathy.
21:26Je vous suis très reconnaissante de nous avoir apporté votre aide.
21:29Je me demandais ce qui vous avait amené à nous.
21:32Oh, mais j'ai considéré que c'était mon devoir de vous renseigner, que c'était naturel pour le pauvre monsieur Kaleden.
21:37J'admire votre sens civique, Cathy.
21:40Surtout si l'on considère que c'est monsieur Kaleden lui-même qui vous a fait mettre à la porte.
21:44Oh, je sais, mais il est mort dans de telles circonstances.
21:47Oui, c'est vrai, mais on a tendance à pardonner à un homme.
21:49Bien sûr.
21:50Mais pourquoi avoir tant attendu pour venir ?
21:53Lors de l'audience, vous auriez pu être témoin.
21:55Pourquoi avoir attendu jusqu'à aujourd'hui ?
21:58Ah, j'ai songé que mon devoir était d'aider de la justice.
22:02C'est très bien, Cathy.
22:05Il est temps que je vous laisse à vos activités quotidiennes.
22:09Oh, est-ce...
22:10Oui.
22:11Que puis-je faire pour vous ?
22:13Si des fois la personne en question était condamnée,
22:18je pourrais revenir chercher la récompense.
22:20Qui est la femme au grand chapeau ?
22:28Toute personne qui aurait des renseignements sur elle,
22:32qui l'aurait vue avec la victime,
22:34peut prendre contact avec...
22:36Contact avec la police, non ?
22:37Oui, avec Scotland Yard.
22:39Oui, oui, c'est ça.
22:40Mais le malheur, c'est qu'eux ne paient pas une livre, pas une.
22:44Je ne vois pas pourquoi on irait les aider si ça ne rapporte rien.
22:46Il faut être prête.
22:47Dis donc, arrête de te promener en fumant.
22:49Si on te voit, je vais perdre aussi ma place.
22:52Ta Lady Molly va être là dans une minute
22:54et elle a l'air de savoir bien des choses sur nous.
22:56C'est risqué.
22:57Quelle drôle d'idée tu as eu d'aller la voir pour lui expliquer tout ça.
23:01Dis donc, pour 50 livres, ça vaut le coup, non ?
23:04Tu te rends compte de ce qu'on peut avoir avec une pareille somme d'argent ?
23:07J'aurai d'élégantes bottines déjà.
23:09Déjà, surtout des ennuis, Cathy.
23:11La pauvre Lucie en sait quelque chose.
23:13Tu vois où elle est.
23:14Tu peux toujours utiliser ta part pour l'aider si ça te chante.
23:19Oh, c'est encore elle.
23:21Elle ne veut pas venir tous les jours.
23:22C'est désagréable.
23:23Je viens de te dire qu'elle venait.
23:25Elle veut parler à Madame Steinberg.
23:27Ça va être plaisant.
23:33Je vous en prie, Madame.
23:35Je vous conduis à Madame.
23:37Merci.
23:37Merci.
23:37Lady Molly, Madame.
23:43Lady Molly, nous vous remercions de votre visite.
23:48Nous n'allons pas trop vite, Irène.
23:49Asseyez-vous.
23:49Nous sommes encore loin d'en avoir terminé.
23:52Voulez-vous vous asseoir aussi, Lady Molly ?
23:53Merci, chère Madame.
23:55Comment avez-vous eu l'affront de me faire ça à moi, Madame ?
23:59Aller faire passer une annonce dans un journal en mon nom, sans même me le dire.
24:02Je reconnais que c'est assez cavalier, mais j'ai la décence et la courtoisie de ne pas m'interrompre.
24:08Je ne suis pas un de vos policiers, souvenez-vous-en.
24:11Ou vous risquez alors de vous retrouver sur les docks.
24:13Ce genre de fausses annonces est intolérable.
24:16Cela met aussi mon banquier dans une situation un peu délicate.
24:19En ce qui concerne la police...
24:20Allez-vous vous taire.
24:22Il est à une douzaine d'accusations que je peux retenir contre vous.
24:26J'ai parlé déjà à votre supérieur par téléphone.
24:28Il n'assurera pas votre protection, Madame, si jamais je décide aujourd'hui de me chercher de vous.
24:35Autante Myriam, si vous continuez à perdre votre calme, je vais devoir appeler le docteur.
24:39Nous savons bien qu'il est dangereux pour vous de vous mettre en rage de cette façon.
24:43Mais je ne vois pas pourquoi vous m'en voulez tellement, Madame Steinberg.
24:47Lors de ma dernière visite, vous m'avez bien dit combien vous aimiez votre neveu.
24:51Vous l'avez pleuré beaucoup ces jours-ci, j'en suis certaine.
24:53Je le regrette beaucoup, oui.
24:55Je tiens à défendre son enquête honorable.
24:57Je ne le laisserai pas diffamer comme ça.
25:00Il était le seul dans mon entourage familial qui ait eu un vrai sens moral, sachez-le.
25:05Madame Steinberg, il y a bien quelqu'un qui a tué votre neveu.
25:09Et j'ai très envie de savoir qui a eu l'idée de faire ça.
25:12Sachez donc que le nom de cette personne-là ne m'intéresse pas du tout.
25:16Ce que je veux pour mon neveu, c'est son honneur.
25:18Son honneur intact et aussi l'honneur de notre famille.
25:23Mais notre enquête alors...
25:25Allons, je crains que vous n'ayez compris ce que j'ai dit.
25:29Il n'y aura pas d'enquête.
25:30Vous allez devoir arrêter tout ça ou alors il n'y aura plus dès aujourd'hui de Lady Molly à Scotland Yard.
25:37Il prétend dans sa lettre que s'il vous enlève l'affaire Culldon, ce n'est pas sans beaucoup de regrets.
25:55Merci, mais ça ne change rien.
25:56Il ajoute également qu'à son avis, il n'est pas question de croire, comme on l'a dit,
26:01que M. Culldon a été victime d'une provocation de la part des défenseurs des droits de la femme.
26:08Même l'inspecteur Sanders est navré et qu'on vous est retiré l'affaire.
26:12Il n'approuve pas toujours vos méthodes, mais il respecte beaucoup votre intuition.
26:16Ce n'est qu'une flatterie.
26:18Les hommes parlent toujours de l'intuition des femmes.
26:21Mais pour ne pas reconnaître qu'elles peuvent être intelligentes.
26:23Hypocrisie, c'est tout.
26:24Sans doute, mais Sanders a tout de même pris la peine d'interroger les héritiers de la dame.
26:29En fait, plus aucun n'est son héritier.
26:31Mais pourquoi elle les a-t-elle des héritiers ?
26:32Elle semble considérer qu'aucun de ses parents ne mérite qu'elle les enrichisse.
26:37Eh bien, madame, je crois bien que cette fois, nous avons retrouvé notre suspecte.
26:41De qui voulez-vous parler ?
26:43D'une personne dont le signalement répond à celui de notre meurtrière.
26:46Et qui plus est, je dois dire, a pratiquement avoué ce meurtre.
26:49Elle aurait avoué ? Vous l'avez vu ?
26:52Je lui ai parlé il y a une heure au téléphone.
26:55Je l'ai prié de venir me voir.
26:57Je prendrai sa déposition.
26:58Je pensais que l'affaire n'était...
26:59J'en ai déjà parlé en haut lieu et l'on m'a dit qu'il serait normal que vous assistiez à l'entretien.
27:04C'est très courtois, Sanders.
27:05J'apprécie l'attention.
27:07Sans doute.
27:08En fait, je dois avouer qu'elle a fait des réserves quand j'ai parlé de l'interroger.
27:13Et en fait, elle refuse de dire la moindre chose si vous n'êtes pas là, alors...
27:16Ah, nous avons gagné.
27:18Ça y est, Mary.
27:19Nous reprenons notre enquête.
27:20Oh, pour l'instant, rien n'est décidé.
27:22Allons, Sanders.
27:22Qui est cette personne ?
27:24Voilà, j'ai noté tous les détails.
27:25Ah oui, nous allons voir ça.
27:26Vous oubliez, elle a bien un accent étranger.
27:28Et son chapeau, est-ce qu'il est bien aussi important qu'on le dit ?
27:32Mademoiselle Elisabeth Lawenta ?
27:43Lady Molly.
27:44Oui, ravie de vous connaître.
27:50J'ose espérer que je ne suis pas en avance, inspecteur.
27:53Que voulez-vous dire ?
27:54Que depuis près de 24 heures en permanence, je suis surveillée par les gens de votre police.
27:59Et je me suis dit que si je ne venais pas de mon plein gré, vous viendriez sans doute très bientôt m'arrêter.
28:03C'est toujours une possibilité, encore que jusqu'ici, il n'en soit pas question.
28:07Pour le moment.
28:08Oui, pour le moment.
28:10Mais il n'empêche que mes amis, mes servantes, ma logeuse même, ont lu dans les journaux le signalement de cette femme qu'on a vue avec Marc.
28:19Monsieur Kledon.
28:21Ah.
28:23Inspecteur, je serais ravie que vos affidés cessent de se répandre auprès des voisins
28:27et de leur poser nombre de questions, la chose est très désagréable.
28:30Mais bien sûr, mademoiselle Wental, puisque, semble-t-il, vous n'avez rien à cacher.
28:35Ah, disons qu'en fait, je préférais de loin le doux parfum des violettes, aux tristes odeurs de la loi.
28:44Euh, mademoiselle Wental, sans doute ne nieriez-vous pas avoir bien connu monsieur Marc Kledon, la victime.
28:51Oh, j'ai très bien connu Marc.
28:52Et vous êtes sûrement cette lady que Katie Harris a fait entrer dans le fumoir récemment à Lordbury House.
28:58Est-ce que c'est vrai ou non ?
28:59Je suis allée un jour à cette résidence, c'est exact.
29:03Marc Kledon ne s'est pas très bien conduit avec moi, me semble-t-il.
29:07Je ne veux pas charger sa mémoire, ni faire le moindre scandale, soyez-en sûr.
29:12Pourquoi le ferais-je ?
29:13Mais je serais en droit de le faire, si je le voulais.
29:15Mais reconnaissez qu'entre un scandale et un meurtre, il y a une fort grande distance.
29:23N'êtes-vous pas de cet avis ?
29:25Oh, ça c'est certain, oui.
29:27Mais oui, assassiner, c'est autre chose.
29:29Est-ce que vous avez noté ce qu'a dit madame, mademoiselle Grenard ?
29:32D'un scandale au meurtre, il y a une fort grande distance.
29:37C'est exactement ce que j'ai dit.
29:38Pourriez-vous me dire en quoi ou par quel moyen, monsieur Kledon vous a causé un préjudice ?
29:43Mais je suis venue pour tout vous raconter en détail.
29:46Dans un élan fort honorable, Mark Kledon s'est engagé à se marier avec moi.
29:50Comment ça, s'est engagé ?
29:53Et quand cela s'est-il passé ?
29:55Oh, cela fait plus d'une année déjà.
29:57Avant de connaître Lady Rennes.
29:58Oh, oui, longtemps.
29:59C'est donc ça. Il a changé son fusil d'épaule, on dirait.
30:02Il a dû préférer épouser la fille d'un vicomte plutôt que...
30:05Plutôt qu'une personne comme moi.
30:09C'est un peu ça, je le crois aussi, inspecteur.
30:11Sander, je suis sûre que mademoiselle Lowenthal aimerait s'asseoir, donner lui un siège.
30:17Oh, bien sûr, oui.
30:22Merci.
30:27Pauvre Mark, je suis sûre que sa tante n'a pas du tout apprécié que moi.
30:31J'entre dans une famille aussi honorable.
30:33Je ne suis qu'une étrangère, après tout.
30:36Et je n'ai pas une profession considérée comme respectable.
30:38Quelle est en fait votre profession, madame ?
30:42Cher monsieur, je suis comédienne.
30:44Oh, une comédienne.
30:48Et où avez-vous rencontré, monsieur Colledon ?
30:50Sans doute à l'entrée des artistes.
30:54Non, pas du tout, non.
30:55Pendant la traversée de la Manche, il revenait de traiter une de ses affaires sur le continent.
30:59Il est tombé très amoureux de moi.
31:03Et six semaines plus tard, il m'a demandé de l'épouser et...
31:06Ce que vous avez accepté, bien entendu.
31:08Après un peu d'hésitation, je dois le dire.
31:10Mais vos fiançailles ont été annoncées ?
31:12Hélas, non.
31:13Mark a demandé à ce que je garde le secret.
31:16Parce que, m'a-t-il dit, il expliquerait à sa tante ce qu'il comptait faire.
31:19Il croyait pouvoir la convaincre et l'amener à la raison.
31:22Parce qu'il savait déjà que sa tante ne voudrait pas d'un mariage de ce genre-là.
31:26avec une actrice étrangère.
31:31Mademoiselle Lowenthal, de quel endroit êtes-vous originaire exactement ?
31:35Oh, Vienne.
31:36En Autriche ?
31:37Vienne, oui.
31:39C'est à la suite de cela que j'ai commencé à douter de lui.
31:42Je le voyais alors de temps en temps, rarement.
31:45Et un soir, donc, il est venu me dire qu'il n'était plus décidé.
31:49Qu'il avait changé d'avis, qu'entre nous, ça ne pourrait pas aller très loin.
31:52Nous y voilà.
31:52Oui, alors, bien entendu, vous n'avez pas voulu accepter ça.
31:55Il vous donnait congé, en quelque sorte, et vous avez voulu le faire payer pour ça.
31:59Une seconde, Sander, cette agressivité est tout à fait inutile, croyez-le.
32:03Non, l'inspecteur a tout à fait raison.
32:05Il m'a humiliée, je l'avoue, et j'ai voulu qu'il le sache.
32:08Pour cela, j'ai décidé que j'allais faire un exemple.
32:11Pouvez-vous nous dire en quoi consistait cet exemple ?
32:15J'ai décidé de porter les choses en justice.
32:20Une action en justice ?
32:22Pour rupture de promesse, oui.
32:23J'étais certaine qu'après un tel scandale, sa chère tante lui ôterait tout son héritage.
32:29Et vous considériez la punition comme suffisante ?
32:32Oui, cette punition aurait été efficace pour ce genre d'homme.
32:35Connaissait-il vos intentions ?
32:37Bien sûr.
32:38C'était pour le lui dire que je suis allée chez lui à son retour de voyage.
32:42Il était prévenu déjà.
32:45Mademoiselle Lowenthal,
32:45Lowenthal, vous nous avez dit que M. Coleda n'était amoureux de vous.
32:50En tout cas, à un certain temps.
32:52Étiez-vous aussi de votre côté, aussi attaché à lui qu'il l'était à vous ?
32:56Oh, sans doute.
32:57Croyez que je l'aimais.
32:59Quelle raison aurait-on de vouloir punir si l'on n'aime pas ?
33:02Ce serait se fatiguer pour rien.
33:04Ah !
33:05Ce qui, selon vous, signifierait que plus on aime quelqu'un,
33:08plus on considère qu'on se doit de le punir encore plus sévèrement.
33:11Oh, je crains de n'avoir jamais suffisamment aimé pour tuer un homme, Lady Molly.
33:17Ah !
33:18Granard, veuillez-je vous prie vous contenter de prendre les notes.
33:22Oui, inspecteur.
33:23Quoi qu'il en soit, reconnaissez que...
33:27Reconnaissez que nous avons des raisons d'avoir des soupçons fondés.
33:31Parce qu'enfin, mademoiselle, vous correspondez très exactement au signalement de la personne qui a été vue avec lui.
33:36Et vous venez de nous fournir ce qui jusqu'ici nous manquait, un mobile.
33:40Oh, je sais ce que vous allez imaginer, inspecteur.
33:43La jalousie m'a poussée.
33:45Je ne suis qu'une actrice qui plus est étrangère.
33:47Plutôt que voir celui qu'elle convoitait heureux avec une autre,
33:49le poison aurait été le moyen de la vengeance.
33:52Cela ferait sûrement un sujet pour le mélodrame, inspecteur.
33:55Je sais par expérience que la vie, c'est autre chose.
33:57Alors, dans ce cas, il n'y a qu'une chose qui pourrait prouver votre innocence à cause.
34:01L'inspecteur se réfère, je suppose, à votre emploi du temps, le jour et à l'heure où a eu lieu le crime.
34:05Lady Molly, voulez-vous ne pas m'interrompre ?
34:08Je suis sortie ce jour-là.
34:11Faire des achats ?
34:13Oh, non, non.
34:14Voir des amis ?
34:16Mon Dieu, non.
34:17Quelqu'un a bien dû vous voir ce jour-là ?
34:19Je n'ai vu, hélas, ni rencontrer personne, inspecteur.
34:21Je suis restée seule.
34:23Je suis restée seule sur les hauteurs de Primerose.
34:26J'ai fait une longue promenade.
34:27Je dois reconnaître, inspecteur, que je n'ai aucun alibi.
34:45C'est un grave préjudice causé au service lorsqu'un de ces policiers ne voit pas autre chose dans une affaire qu'un défaut d'alibi.
34:51Mais il l'a laissé s'en aller, madame.
34:55Grâce à vous.
34:56Je suis certaine qu'aujourd'hui, il aurait fait arrêter cette dame.
35:00J'ai l'impression que pour lui, l'affaire est close une fois pour toutes.
35:03Quel idiot.
35:04Je suis certaine aussi qu'une si ravissante créature serait incapable de faire ces choses-là.
35:09Vous êtes d'une touchante naïveté, ma chère Mairie.
35:12Un jour, il faudra que je vous donne un bon coup sur la tête.
35:15J'ai 28 points.
35:16C'est à votre tour.
35:17Oui, Lady Molly.
35:18Un peu de courage.
35:22Gardez donc un oeil ouvert sur les deux.
35:24Je ne tiens pas à remplacer la bajour en verre à chaque exercice.
35:28En tout cas, je dirais qu'en ce qui me concerne, je refuse de croire qu'elle l'est assassinée.
35:32L'épaule basse, la main est plus haute.
35:34Allez-y.
35:38Je pense que votre oeil est encore un petit peu haut.
35:41Le mieux pour vous, c'est de viser les jambes.
35:42C'est plus sûr.
35:43Ça, c'est mieux.
35:47Un peu de côté, mais il est mieux placé que l'autre.
35:50Sanders n'en fait qu'à sa tête.
35:53En réalité, il n'a aucune preuve contre cette actrice autrichienne.
35:56Il n'a rien du tout.
35:57Mais malheureusement, les juges sont insensibles.
36:00Ah, baisser le regard.
36:01Oui, au-dessous.
36:02N'avez-vous pas dit l'actrice autrichienne, Mary ?
36:10Viennoise, c'est elle qui nous l'a dit.
36:12Mais alors, c'est cela.
36:14Nous avons manqué le lien le plus évident de l'affaire, Mary.
36:17De quoi est donc fait le fonds de commerce de Frau Matisse ?
36:20À mon avis, de ces pâtisseries que l'on dit viennoises, non ?
36:23Précisément, oui.
36:24Elles vendent des pâtisseries viennoises.
36:26C'est peut-être là la solution que nous cherchons.
36:29La solution ?
36:29Bien sûr.
36:30Depuis des jours, nous nous concentrons sur un énorme chapeau
36:34alors que personne ne nous a mentionné ce détail.
36:38Mary, de combien d'auxiliaires disposons-nous
36:41si nous voulons faire une enquête aujourd'hui ?
36:43Oh, quatre ou cinq filles ?
36:45Ça n'est pas assez, non.
36:46Vous me lancez toutes les fiches et toutes les modistes
36:48du quartier élégant de Londres.
36:50Pas une d'entre elles ne doit y échapper.
36:52Trouvons qui a fabriqué ce chapeau.
36:53Il a dû être fait très rapidement, en quelques heures.
36:56Oh, Mary, après cela, venez donc me rejoindre
36:59à la prison de Pentonville Road.
37:01Mais pourquoi allez-vous dans cet endroit ?
37:02À cause du chapeau.
37:04C'est évident.
37:04Je comprends votre souci, c'est très légitime, Lucie.
37:18Je sais que ces deux filles sont vos amies, bien entendu.
37:21Et je ne cherche pas à vous faire avouer des choses
37:23qui leur seraient nuisibles.
37:24Oh, si je le faisais, elles me tueraient, je le sais.
37:26Ce qui me surprend beaucoup, c'est que Cathy, d'abord,
37:30et ensuite Maud, aient pu être choisies
37:31comme servante principale à Lordbury House.
37:34C'est très curieux, vous ne trouvez pas ?
37:36Oh, non, Lady Molly.
37:38Elle faisait ce qu'elle voulait pour ces choses-là
37:40quand M. Culledon allait les voir chez elle.
37:42Ah, et ces visites se passaient quand et à quel endroit ?
37:45Oh, alors ça, ça devait se passer l'après-midi chez elle.
37:48Maud aussi ?
37:49Oh, elle aussi.
37:50En fait, c'était plutôt Maud que Cathy, je crois.
37:52Je crois que je saisis très bien la situation, Lucie.
37:56Je suppose qu'elle a obtenu la promesse
37:58d'une bonne place à Lordbury House
38:00en échange de son silence sur ses escapades, non ?
38:03C'est ça.
38:04Que s'était passé après que Cathy ait été mise dehors ?
38:06Oh, ça lui a plutôt rendu service.
38:08Il allait voir Cathy chez elle, c'était mieux.
38:10Et bien sûr, il a cessé son mariage, non ?
38:12Il n'avait plus de raison de faire ça.
38:15Vous rigolez, Lady Molly.
38:17Il a continué comme avant et plus encore, peut-être.
38:20Oui, je rigolais, effectivement.
38:22Encore merci, Lucie.
38:23Vous m'avez bien aidée, merci.
38:25Dites donc !
38:27J'espère que j'en ai pas trop raconté.
38:29Vous ne direz rien aux filles ?
38:31Non, je vous en donne ma parole.
38:33Ne soyez pas inquiète, surtout.
38:35J'userai de mon crédit pour vous faire sortir de cet endroit.
38:37Soyez-en sûre.
38:38Adieu, ma chère.
38:39S'il vous plaît, s'il vous plaît, une seconde.
38:48Personne n'a non une seconde à me consacrer.
38:49Mais monsieur l'inspecteur, c'est un salon de thé ici, pas un poste de police.
38:54Fraumatisse.
38:55Oui.
38:55Oh, quel dracat.
38:56Vous devez comprendre que si je ne peux pas les interroger ici, il faudra les convoquer à mon bureau.
39:01Enfin, profondez-moi bien.
39:01Non, n'est pas question, ce serait la ruine de la maison.
39:04Ne pourrait-on montrer de la discrétion ?
39:06Oh, les défendres étaient là.
39:08Bonjour, madame.
39:09Alors, mes noix, j'ai besoin de savoir très exactement ce que vous avez vu.
39:13Un fiacre vient de déposer la dame à l'instant.
39:15Salut, Anne.
39:16Non, Fraumatisse, je ne vous demande qu'une minute.
39:18Oh, qu'ils sont agaçants, tous ces policiers.
39:21Bon, regardez de tous vos yeux, ouvrez vos oreilles.
39:26J'ai reçu votre petit mot, inspecteur. Je suis là, vous voyez.
39:29Oui, merci.
39:30En fait, c'est une simple expérience qui devrait enfin lever les doutes à votre endroit.
39:34En somme, vous voudriez que je fasse le tour de ce salon de...
39:37C'est ça, oui. Et vous allez choisir une table, si vous voulez bien.
39:42Je ne sais pas si c'est elle.
39:46Je crois que j'ai compris, oui.
39:51Bon, bon, alors, qu'en pensez-vous ?
39:53Est-ce que c'est elle ou une autre ?
39:56Salut, Anne.
39:57En fait, je ne suis sûre de rien du tout.
40:02Bien sûr, elle a des airs de l'autre lady, mais...
40:05Mais quoi ?
40:06Eh bien, elle est pareille, mais elle est différente par certains côtés.
40:13Dites-moi, quelles sont ces différences ?
40:14Ben, j'en sais trop rien, disons.
40:22Que c'est elle sans être elle.
40:23Je ne suis pas certaine que madame veuille recevoir.
40:34Je vais aller me renseigner.
40:36Merci, Maud.
40:40Attendez une seconde, Maud.
40:42Présentez donc à Cathy Harris mes respects, voulez-vous ?
40:45Et donnez-lui cette lettre.
40:47Cathy Harris, madame ?
40:49Ne me dites pas qu'elle n'est pas là, je serais peinée qu'on me mente.
40:52Et faites en sorte, je vous prie, qu'elle soit près de vous lorsque je vous enverrai chercher.
40:56Madame, je vous assure que...
40:57Oh, je vous en prie, n'assistez pas, Maud.
40:59Bien, madame.
41:03Je crains qu'en venant ici, nous ne courions quelques risques.
41:06Madame Stenberg pourrait, si elle le voulait, nous causer de graves ennuis.
41:09Nous n'aurons jamais rien sans un peu d'audace, Mairie.
41:12Je ne suis pas certaine qu'elle ait été guidée par le seul souci de l'honneur familial
41:16lorsqu'elle a fait en sorte de nous retirer notre affaire.
41:19Lady Mollie, vous ne pensez pas que cette vieille et souffrante dame aurait eu le cœur d'être à l'origine...
41:25C'est ce que nous allons devoir vérifier dès maintenant, Mairie.
41:28Il me serait agréable que l'on me permette d'échanger quelques mots avec Madame Stenberg.
41:33Je crains, hélas, que ce ne soit pas possible, Lady Mollie.
41:36Notre pauvre chère parente est morte ce matin aux premières heures du jour.
41:40Mais je vous en prie, venez.
41:47Nous nous attendions à cette issue fatale, bien sûr.
41:51Cette enquête sur le décès de Mark l'avait affectée.
41:54Lady, reine, soyez persuadée que si nous avions su, nous ne serions pas là.
41:58Je vous prie de nous pardonner.
41:59Vous ne pouviez pas savoir.
42:01Et vous apportez peut-être des nouvelles de l'enquête.
42:04Disons que pour l'instant, c'est une théorie et que pour en vérifier la solidité, j'ai besoin de votre aide.
42:09Malheureusement, je choisis mal le moment.
42:11Oh, non, non, parlez-moi donc de votre théorie, je vous écoute.
42:14Eh bien, j'aurais aimé poser quelques questions à vos servantes, Madame.
42:19J'ai une affaire de vol à l'étalage qui pourrait, j'ai le regret de vous le dire, impliquer quelques-unes d'entre elles.
42:24Oh, sans doute des choses de peu de valeur, Lady Mollie.
42:27C'est peut-être Maud qui se serait livrée à ces petits larsins.
42:30Je le crains, oui.
42:31Ainsi que Cathy, d'ailleurs.
42:33Cathy ?
42:33Oh, Maud, posez ça ici.
42:37Cathy, que faites-vous là ?
42:43Madame, je viens parfois pour tenir compagnie à mon amie lorsqu'elle est de congé.
42:48Sachant qu'elle était ici, je lui ai demandé de venir.
42:51Vous ne voyez pas d'objection à ce qu'elle reste quelques instants ?
42:53Non, aucune objection.
42:55Mais nous aurons une conversation tout à l'heure.
42:58Oui, Madame.
42:58Vous savez sans doute que ces dames sont de la police.
43:02Oui, Madame.
43:02Je vous prie donc de répondre à leurs questions.
43:05Oui, Madame.
43:07Ce que je veux savoir n'a rien qui soit très compliqué.
43:10Non, non, merci, sans crème.
43:11Il se trouve qu'au cours de l'après-midi, les serveuses du salon de thé Matisse ont identifié la femme qui...
43:16qui aurait empoisonné votre maître, M. Culledon.
43:20Pour la retrouver, la police a dû rechercher le nombre de femmes qui portaient ce jour-là un très grand chapeau paré de grandes plumes.
43:29Mary, votre thé.
43:31Merci, oui.
43:33Il se trouve que les serveuses ont reconnu une de ces personnes.
43:36Elles semblent formelles.
43:37J'ai peur de ne plus très bien vous suivre, Lady Molly.
43:40Vous nous parliez à l'instant d'un vol à l'étalage.
43:42Je suis sûre que ces jeunes personnes saisissent la relation entre ces affaires.
43:46Y aurait-il pas un chapeau de grande taille dans votre collection, Maud ?
43:50En auriez-vous un ?
43:52Oh, je n'en ai qu'un qui est très beau et justement assez grand.
43:55Mon fiancé dit que l'on pense voir sur ma tête un verger.
43:58Maud, mieux vaut aller faire votre travail que de divertir nos hôtes.
44:04Et vous, Cathy ?
44:07Auriez-vous un grand chapeau à nous montrer ?
44:10Moi, mais j'ai...
44:13Cathy a cessé de résider ici et je doute qu'elle ait pu y abandonner quoi que ce soit.
44:18Oui ou non, Cathy ?
44:21En avez-vous un ?
44:25Madame, j'en ai un en effet que mettait Lady Hiren et puis elle n'en voulait plus.
44:33Elle l'a acheté.
44:35Maud l'a retrouvée dans un tas d'objets ajoutés aux ordures, alors moi je l'ai gardée.
44:38J'ignore de quoi vous parlez, Cathy.
44:44Je n'ai aucun chapeau très large.
44:47Oh si, madame !
44:49Ce beau grand chapeau que vous avez commandé un jour chez Sanchez.
44:54Vous ne l'avez porté qu'une seule fois, je crois, pour vous rendre à ce grand concert à Londres.
44:59Alors, savez-vous quel jour ça se passait ?
45:02Oh, je n'oublierai jamais ce jour-là.
45:04Oh, c'est moi qui vous ai aidé à vous déshabiller, madame.
45:07Et vous avez dit que ce chapeau était si lourd qu'il vous faisait mal à la tête.
45:12C'était la veille du jour où ce pauvre monsieur a...
45:15Enfin, la veille du jour où vous nous avez dit que M. Culledon était mort.
45:19Merci, Maud.
45:25Cela répond tout à fait à la simple question que j'ai posée.
45:33Maintenant, si vous voulez bien aller chercher vos chapeaux, toutes les deux.
45:42Donc, on dirait, semble-t-il, que les servantes étaient au courant.
45:46Ou avez-vous cru plutôt qu'elles ne se douteraient de rien ?
45:50Vous aurez du mal à prouver quoi que ce soit.
45:53Pas si sûr.
45:54Qu'avons-nous déjà comme preuve ?
45:56Mairie ?
45:58Nous avons trouvé dans la matinée une chapellerie de Portland Road du nom de Sanchez.
46:03La directrice, après avoir hésité, nous a décrit le chapeau qu'on lui a commandé
46:07juste une semaine avant le décès de M. Culledon.
46:10Comment a-t-elle osé dire ça ?
46:12Nous pensons que ce chapeau assez original peut être une copie de celui que Mlle Lowenthal portait le jour
46:17où elle est venue chez vous voir M. Culledon, non ?
46:20Aucun juge ne voudra croire ça.
46:23Nous verrons bien si les trois serveuses ont de la mémoire.
46:26Sachez que j'estime avoir souffert suffisamment pour ne pas avoir à subir ça.
46:29Bon, vous avez tellement souffert.
46:30Nous savons très bien que vous étiez au courant depuis longtemps des relations de votre mari avec Mlle Lowenthal.
46:38Vous saviez également qu'au premier signe d'un scandale, votre tante ne le supporterait pas
46:43et risquerait de déshériter son neveu.
46:47La présence de cette femme risquait de mettre un terme à vos grandes espérances
46:51et il vous fallait bien rassurer votre tante.
46:53C'est alors que ce projet a germé.
46:58Vous vous êtes arrangé pour que votre mari vous accompagne au salon de thé.
47:01Vous portiez ce jour-là un chapeau très large qui ressemblait beaucoup à celui de Mlle Lowenthal.
47:06Et c'est alors que vous avez empoisonné votre mari.
47:10Pour faire bonne mesure, elle a choisi un salon de thé tenu par une viennoise
47:13pour que la police ait encore plus de soupçons sur Mlle Lowenthal, une viennoise.
47:18Mais comme toujours, les assassins veulent trop en faire et se trahissent.
47:21Mlle Lowenthal n'était jamais entrée encore chez cette dame.
47:26Lady Molly,
47:31j'aimerais que vous ayez une idée plus claire de ce que mon mariage a été en réalité.
47:37Je savais déjà bien sûr quel genre de personne j'allais devoir épouser un jour.
47:42Quelqu'un qui ne vivait que pour l'argent.
47:44En ce qui concerne son entourage, totalement indifférent.
47:46Ne pensant qu'à augmenter encore sa fortune.
47:48En fait, tout le portrait de sa tante.
47:54En ce qui concerne les femmes, il les collectionnait.
47:58Toute fille qui passait à sa portée l'intéressait.
48:01Au point que j'ai failli plusieurs fois renoncer à ce mariage.
48:05Mais il avait subjugué mon père.
48:07Je n'avais plus le choix.
48:07J'aurais été la cause de la ruine de ma famille.
48:12Alors j'ai accepté.
48:14Et j'ai attendu.
48:16J'ai tenu la promesse que je m'étais faite.
48:18À savoir qu'un jour, j'aurai toute la maison et toute sa fortune à moi.
48:22Reconnaissez que j'ai bien failli réussir.
48:24J'étais très à droite.
48:25Lorsque la tante est décédée, j'ai pensé qu'enfin je gagnais.
48:28J'avais réussi.
48:29J'allais enfin disposer à moi seule de l'argent.
48:31Sans votre intervention, Lady Molly, je...
48:35Mais notre thé est en train de refroidir.
48:40Et si nous portions aussi un toast ?
48:43Un toast à l'émancipation de la femme.
48:47Oh, de tout cœur.
48:52Lady Irène.
48:54Non.
48:55Vite, appelez Sanders.
48:57Il doit être à la porte.
48:58Qu'il appelle vite à médecin.
48:59Vite.
49:01Faites en sorte qu'on sache bien que l'accusée a tenu à exécuter elle-même la sentence.
49:19Il y a toujours un détail que j'ai du mal à saisir, je dois dire.
49:22Quel détail, Mary ?
49:23Alors que tout le monde avait vu la femme au chapeau très large,
49:26qui vous a fait penser que c'était Lady Irène qui le portait,
49:28alors que personne ne songeait même à la soupçonner ?
49:31Mais ma chère Mary, si je vous disais que c'est vous qui m'avez mis l'idée en tête.
49:35Non, mais si.
49:37Non, non, pas celui-là.
49:38Essayons le petit de tout à l'heure.
49:40J'ai dit quelque chose ?
49:42Eh oui.
49:43Quand nous sommes allées chez Lady Irène à Lordbury House,
49:46vous m'avez dit que votre taille ne vous autorisait pas des coiffures trop larges.
49:50C'est bien vrai, j'ai dit ça.
49:51Eh bien, cela m'a fait penser que si la dame avait été si grande,
49:55les trois serveuses n'auraient sans doute pas trouvé le chapeau si grand.
49:59Et j'ai aussitôt commencé à répertorier les suspects plutôt de taille moyenne.
50:03Non, merci.
50:04Aucun ne me convient.
50:06Mais madame, si l'affaire est aussi simple que ça,
50:09qu'est-ce qui a retardé Sandor s'il aurait pu trouver tout seul ?
50:11Non, mais pas du tout.
50:12La raison en est simple, d'une clarté aveuglante.
50:15Ce n'est qu'un homme.
50:16Voilà tout.
50:18Au revoir.
50:23Mais dites alors, c'est grâce à moi que vous avez trouvé.
50:26C'est grâce à moi que vous avez trouvé.
50:56C'est grâce à moi que vous avez trouvé.
51:26C'est grâce à moi que vous avez trouvé.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations

1:31:06