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  • il y a 10 heures
Cela fait cinq ans que Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie sans histoire à Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines, a été décapité à deux pas de son établissement par un terroriste islamiste. Cinq ans de traumatisme profond, ravivé par l’assassinat, il y a 2 ans, de Dominique Bernard, professeur à Arras. L’assassinat dramatique de Samuel Paty a-t-il provoqué un électrochoc et fait bouger les lignes ? L’école et les enseignants sont-ils mieux accompagnés et mieux armés face aux déstabilisations religieuses ? Y a-t-il un Avant et un Après Samuel Paty ? Rebecca Fitoussi et ses invités ouvrent le débat. Année de Production :

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Transcription
00:00Au nom de mon frère, les derniers jours de Samuel Paty, documentaire édifiant de Christophe Lanzelotti et Guillaume Pérez,
00:08inspiré du livre coup de poing de Stéphane Simon et accompagné par le témoignage implacable et bouleversant de Michael Paty.
00:16Avant de continuer, brève mise à jour des décisions de justice dans cette affaire.
00:19A l'issue du procès en première instance, en décembre dernier et après sept semaines de débat,
00:23les huit accusés ont tous été reconnus coupables et condamnés à des peines allant de un an à 16 ans de prison.
00:28Quatre d'entre eux ont fait appel et seront rejugés par la cour d'assises d'appel spécial de Paris du 26 janvier au 27 février 2026.
00:38C'est important de le rappeler.
00:40Les causes, les responsables et les suites de cet assassinat dans le monde éducatif, on va en parler avec nos invités.
00:45Laurent Laffont, bienvenue.
00:47Vous êtes sénateur union centriste du Val-de-Marne, c'est vous qui présidez la commission de l'éducation au Sénat
00:51et c'est vous avec François-Noël Buffet qui avez publié un rapport et près de 40 recommandations
00:56pour restaurer l'autorité de l'institution scolaire et lutter contre la solitude des enseignants.
01:01Rapport remis à l'issue de six mois de commission d'enquête sur les menaces et agressions contre les enseignants
01:05créés à la suite de l'assassinat de Samuel Paty en 2020.
01:09Et je précise que vous êtes enseignant de formation, c'est important aussi de le rappeler.
01:12Najat Vallaud-Belkacem, bienvenue.
01:14Vous êtes ancienne ministre de l'éducation, évidemment.
01:16C'était sous le mandat de François Hollande et aujourd'hui présidente de l'association France Terre d'Asile.
01:21Maïtra Auré, bienvenue, proviseur d'un lycée polyvalent de métier d'art à Paris.
01:26Vous avez écrit deux ouvrages, je vais citer le plus récent et qui est en lien direct avec notre sujet aujourd'hui.
01:30Moi, proviseur, journal impertinent d'une chef d'établissement combative, paru chez Robert Laffont.
01:36Vous avez qualifié l'assassinat de Samuel Paty de 11 septembre de l'éducation nationale.
01:40L'expression est frappante, on y reviendra.
01:42Fatia Agagboudjalat, bienvenue.
01:44Vous êtes essayiste et principale adjointe dans un collège dans la région de Lyon.
01:47Vous avez été longtemps professeur d'histoire-géographie vous-même à Marseille, à Toulouse, en réseau d'éducation prioritaire.
01:54Vous êtes lauréate du prix de la laïcité 2019 et chroniqueuse régulière dans différents médias.
01:58Merci en tout cas à tous les quatre d'être ici.
02:01C'est un film choc que l'on vient de voir.
02:04C'est aussi le point de vue d'une sœur à qui un frère a été arraché de la manière la plus violente qui soit.
02:09Dans ce documentaire, il y a évidemment beaucoup d'émotions.
02:11C'est un cri d'alarme, c'est un cri d'alerte, l'alerte donnée par ce film sur les manquements, les lâchetés, les compromissions, un peu à tous les étages.
02:19Et notamment dans le monde éducatif, est-ce qu'elle est justifiée ?
02:22Est-ce que ce cri d'alerte vous semble à la bonne mesure d'Ajad Vallaud-Belkacem après avoir vu ce film ?
02:28Oui, tout à fait.
02:29Vous disiez, c'est le point de vue d'une sœur.
02:32Mais moi, je l'ai trouvé assez objectif en réalité.
02:35Bien sûr, on sent toute l'émotion et la détresse même, mais tout ce qu'elle dit, j'ai trouvé qu'il n'y avait pas d'exagération, d'exploitation ou de tentation, disons, de caricaturer ou de simplifier la situation.
02:54À chaque fois, on est dans un effort fait par Mickaël Paty.
02:57Il faut vraiment le souligner pour comprendre ce qui s'est passé dans les têtes des différents protagonistes, y compris des jeunes gens.
03:06Parce que moi, ce qui m'a le plus frappée dans cette horrible tragédie, c'est quand même, y compris le rôle des élèves.
03:12Donc, j'ai trouvé que c'était un documentaire incroyablement fort et qui pose les bonnes questions.
03:18Et je parlais de responsabilité à tous les étages, y compris du côté du corps enseignant et de l'éducation nationale.
03:24Qu'en avez-vous pensé, Fatih Raghag-Baudjalat ?
03:26Je me souviens qu'un des collègues de Samuel Paty, qui l'avait mis en cause devant sa classe, s'était présenté comme un de ses soutiens après coup.
03:35Et en fait, je crois que comme tous les enseignants ou tous les membres de l'éducation nationale, on est bouleversé par l'extrême solitude de Samuel Paty.
03:43Il en est venu à se promener avec un marteau.
03:45Il aurait pu être sauvé s'il avait un bip pour entrer dans le parking.
03:49À chaque moment, en fait, c'est une main courante ce documentaire.
03:51Comme on nous invite, nous chefs d'établissement, à tenir un incident, on commence à la traçabilité et de noter.
03:57Et en fait, c'est à rebours, mais à chaque moment, à chaque moment, on aurait pu empêcher ce meurtre.
04:03Mais le plus douloureux, c'est qu'il travaillait dans ce collège depuis des années, que ses collègues devaient être ses amis et qu'ils lui ont tourné le dos.
04:10Et cette solitude-là, je pense que rien qu'y penser, c'est ce qui me bouleverse le plus.
04:15Des petites lâchetés, des petites compromissions, c'est la conclusion qu'on peut en tirer après ce film, même de la part de ses collègues, des professeurs.
04:22Alors, moi, pour ma part, ce documentaire que j'ai visionné à plusieurs reprises m'a profondément remué.
04:28J'en suis sortie bouleversée.
04:31Je me suis replongée dans le même état où j'étais le soir où j'ai appris son assassinat, la décapitation, n'ayant pas peur des mots.
04:41Et je sais exactement où j'étais, avec qui j'étais.
04:47Je tenais la main de mon fils de 4 ans.
04:49Je venais de le prendre à la sortie de l'école à 18 heures.
04:52J'ai été dans une stupeur, mais absolue.
04:56J'ai été saisie d'angoisse.
04:58J'ai été saisie de peur.
05:00Et je n'en croyais pas mes oreilles à l'annonce de cet assassinat, de ce terrible drame.
05:07Je l'ai serré tellement fort à la main de mon fils, qu'il y avait 4 ans que nous sommes rentrés, puisque j'avais mes écouteurs.
05:14C'était sur France Inter.
05:16Et arrivé, je n'ai été de cesse que d'être sur les médias, sur les ondes, pour comprendre.
05:21Ce qu'on ne peut pas comprendre.
05:24Et une fois ce temps de bouleversement passé, ce moment de peur et de stupeur absolu pour la nation passée,
05:32je me suis mise frénétiquement à écrire à mes professeurs, parce que ma pensée est allée vers mes professeurs,
05:39vers les personnes avec lesquelles je travaille au quotidien, les élèves, les parents d'élèves.
05:45Et je leur ai écrit un mail dans lequel je leur disais ceci.
05:50Ils n'auront pas notre peur.
05:53Nous allons tenir l'école de la République debout.
05:57Et je me tiens à votre disposition pour échanger.
05:59à tout moment.
06:01Puisqu'il faut le rappeler, c'était un ventre d'histoire.
06:04Puisqu'il faut le rappeler, c'était veille de vacances.
06:07Puisqu'il faut le rappeler, c'était le moment où l'école n'était plus là.
06:10Et j'avais envie, j'avais besoin, j'ai ressenti cette nécessité d'écrire à mes équipes
06:16pour faire qu'on soit encore ensemble.
06:19Et donc c'était un moment de douleur pour moi, véritablement.
06:22Et ce documentaire, il est extrêmement remuant et bouleversant.
06:25Et vous avez même parlé de 11 septembre pour l'éducation nationale.
06:28Laurent Laffont, qu'est-ce que ce film et le livre que vous aviez lu aussi
06:30qui a inspiré ce documentaire a ravivé en vous ?
06:34Peut-être des souvenirs aussi, aussi forts que ceux de May Traoré ?
06:36On a tous des souvenirs de ce fameux vendredi.
06:40Je pense que ce que ça montre bien, c'est l'enchaînement factuel des choses.
06:44Des petits gestes, des petits renoncements, des non-décisions.
06:49Parce qu'en fait, on était à l'époque sur quelque chose d'inimaginable, d'invraisemblable.
06:54Personne avait pensé que ce drame absolu arriverait.
06:58Et du coup, tous les verrous, toutes les sécurités, elles n'ont pas joué
07:02parce que chacun se disait, ben voilà, c'est pas grave, etc.
07:05Et on est arrivé à ce drame.
07:08Moi, ce qui est important aussi dans le livre comme dans le film,
07:13c'est d'essayer de faire comprendre ce que Samuel Paty a vécu
07:17pendant les jours qui ont précédé cet homme qui avait vraiment
07:22l'éducation nationale chevillée au corps
07:25et pour lequel sa fonction n'était pas qu'une fonction, c'était une mission.
07:29Comment il s'est senti abandonné pendant ces jours dramatiques ?
07:34Et je pense que pour l'homme, c'est important aussi d'avoir ce film
07:39en dehors de toute la réflexion auquel ce film, bien sûr, nous invite.
07:42Ce film dit aussi l'importance qu'on accorde à la parole des enfants et des ados.
07:47Il se trouve que quand même, le point de départ, c'est le mensonge d'une ado, d'une gamine.
07:51Et puis, quand on est jeune, après tout, c'est vrai qu'on ment.
07:54On peut aussi dire des bêtises.
07:56Est-ce que ça remet en question l'importance qu'on accorde à la parole des jeunes ?
08:02Ça doit nous remettre en question ?
08:05Je crois que ce qui est en question ici,
08:08ce n'est pas tant le mensonge de la gamine en question,
08:12même si, évidemment, il fallait lui faire prendre conscience
08:15de la gravité de son geste,
08:17que la surréaction des adultes qui l'entourent tout de même.
08:21Vous pensez aux parents, vous pensez au père,
08:24à l'influenceur islamiste qui va se saisir de cette affaire.
08:30Enfin, je veux dire, tout cela commence par les menaces
08:34qui sont émises sur les réseaux sociaux à l'encontre de Samuel Paty
08:38et qui vont trouver écho auprès de fous, de terroristes, d'islamistes
08:44qui vont passer à l'acte.
08:45Donc, en fait, c'est plutôt la façon dont le père de cette gamine réagit
08:49qui est un problème, et d'ailleurs, y compris...
08:51Et la mère aussi.
08:52Et la mère, lorsqu'ils se rendent dans l'établissement,
08:55et c'est très bien raconté dans le documentaire,
08:57et qu'ils font pression sur la responsable de l'établissement
09:02pour que Samuel Paty soit sanctionné.
09:04Je crois vraiment que ça n'est pas une façon, à mes yeux,
09:10de dédouaner les enfants.
09:11C'est-à-dire que les enfants, il faut leur expliquer
09:13la gravité d'un tel mensonge.
09:16Mais je crois que ce dans quoi baignent les enfants aujourd'hui,
09:19c'est d'une violence des adultes.
09:21C'est dans une violence des adultes.
09:23Il y a de plus en plus de parents d'élèves
09:25qui s'en prennent aux professeurs,
09:27qui les menacent, qui sont verbalement agressifs, etc.
09:31Or, le problème, c'est qu'on n'est pas dans un monde de paix,
09:35j'allais dire, où les choses pourraient en rester là.
09:38Aujourd'hui, il est très, très facile de passer des mots aux actes.
09:42Les réseaux sociaux ont démultiplié cette possibilité.
09:45La viralité de la moindre scène qui crée comme ça de l'émotion,
09:51on la connaît.
09:52Et tout cela trouve des fous qui passent à l'acte.
09:55Et donc, du coup, aujourd'hui, je pense que le message principal,
09:58quand même, qui doit être passé,
10:00il est à l'attention des parents d'élèves
10:02pour leur dire à eux
10:05qu'il n'est pas acceptable
10:07de proférer le moindre mot agressif,
10:11violent, verbalement, ou menace
10:12à l'égard d'un professeur.
10:15Par contre, je n'utiliserai jamais le mot de fou.
10:16Il n'était pas fou.
10:18C'est comme un peu le loup solitaire.
10:20Ce n'est pas parce que le comportement de quelqu'un
10:21échappe à notre raison, parce qu'on est raisonnable,
10:24vous et moi, qu'on peut le qualifier de fou.
10:26Vous disiez sur les enfants, on a eu tellement...
10:28Et puis, j'en parle parce que, quand même, vous en êtes occupé
10:30au niveau politique.
10:32On a pris tellement de retard sur le droit des enfants dans ce pays.
10:35Et l'aide sociale, la protection à l'enfance
10:39est tellement une honte et un scandale d'État.
10:42Jamais, vous ne trouverez jamais quelqu'un de l'éducation nationale
10:45qui vous dira, il ne faut pas croire l'enfant.
10:47Il faut l'écouter.
10:48Mais on ne peut pas s'empêcher de dire...
10:50Et si la principale...
10:52Alors, c'est facile de rejouer, après.
10:53Oui.
10:54On est personnels de direction.
10:56Si la principale avait vérifié qu'elle était absente
10:59et qu'il y avait eu ce mensonge originel.
11:01Et puis, par rapport à ce que disait Mme Valo-Belkacel,
11:04c'est là où on aimerait avoir du soutien de la hiérarchie.
11:07C'est qu'en fait, on n'a pas l'impression, des fois,
11:09que la hiérarchie nous soutient parce qu'on a raison
11:11ou nous désavoue parce qu'on a tort,
11:14mais elle nous désavoue parce qu'il y a eu un émoi,
11:15parce qu'il y a eu une émotion.
11:18C'est ça, en fait, le pas de vague, Laurent Laffont ?
11:20Oui, c'est aussi une relation à l'autorité.
11:22Je pense qu'on a besoin de rappeler qu'au sein d'un établissement,
11:25l'autorité, elle est incarnée par le proviseur, le principal,
11:27le chef d'établissement, les enseignants, le personnel éducatif en général.
11:31Et bien sûr, on peut critiquer toute décision d'une autorité.
11:35On peut interroger une autorité.
11:37Mais il n'empêche, il y a une hiérarchie dans l'autorité
11:41au sein de l'établissement.
11:42Et on a trop banalisé cette remise en cause de l'autorité.
11:46Après avoir vu ce film, une des premières questions qui viennent,
11:49c'est « et maintenant ? »
11:50Et depuis ce drame, est-ce que les profs sont mieux outillés
11:53pour enseigner la liberté d'expression, la laïcité ?
11:56Est-ce qu'en cas d'incident, ils sont mieux protégés,
11:59soutenus par l'institution, justement, et les collègues ?
12:02Je vous laisse écouter ce qu'en pense Yanis Rodeur dans le film,
12:05et on en parle juste après.
12:06J'aurais aimé vous dire,
12:09il y a un avant et après Samuel Paty.
12:13Et je l'ai pensé.
12:15Et aujourd'hui, en fait,
12:17je ne le pense plus.
12:20Je pense que
12:21nous fabriquons de l'amnésie
12:23en permanence,
12:25que beaucoup de gens n'ont pas compris
12:27ce à quoi nous avons affaire,
12:30ne font pas de lien
12:31entre les événements, que ce soit ici ou ailleurs,
12:33et finalement,
12:36fuit un peu
12:36cette réalité anxiogène
12:38que nous promettent
12:41les assassins.
12:43Moi, j'ai l'impression que
12:44finalement, il n'y a pas d'avant et après Samuel Paty.
12:47Vraiment intéressant ce passage,
12:49Maïte Raoré.
12:49Il n'y a pas d'avant, pas d'après Samuel Paty, d'après vous ?
12:51Vous le viez au quotidien ?
12:53Moi, je le viez au quotidien.
12:54Ce que dit Yanis Rodeur,
12:55que je respecte pour tout son engagement au travail,
12:58est quand même très fort.
13:00Je m'inscris un petit peu en deçà
13:02de ce qu'il dit, dans la mesure où,
13:04au quotidien,
13:05ce que nous essayons de faire,
13:07ce n'est pas assez.
13:08Je le conçois, ce n'est pas assez.
13:10La formation des personnels,
13:11quels que soient les personnels,
13:13du surveillant,
13:14de l'infirmière arrivée,
13:15de l'assistante sociale,
13:16des personnels de direction
13:17ou des professeurs
13:18qui sont face aux élèves,
13:20ça doit être quelque chose de continu
13:21par notre institution
13:22qui doit être mené au quotidien.
13:24Là-dessus,
13:25il y a encore des tas de choses à faire.
13:27Il y a encore des progrès,
13:29évidents, à mener.
13:31Maintenant...
13:31Mais il y a eu un après.
13:32Je ne suis pas d'accord
13:33avec Yannis Roder.
13:34Il y a eu un net après,
13:36notamment avec Jean-Michel Banquer,
13:38sur des procédures automatiques
13:39qui se sont mises en place.
13:40On m'a proposé la protection
13:41quand j'ai été menacée
13:42au retour de ce qui s'était passé
13:44avec Samuel Paty.
13:45J'ai été contactée le soir même
13:46par le secrétaire général.
13:47Il y a eu des formations obligatoires
13:49parce que beaucoup d'enseignants
13:50se disaient
13:50« Non, non, je suis prof de maths.
13:52Ça ne me concerne pas la laïcité. »
13:53Voilà, je suis dans ma discipline,
13:55ma tour d'ivoire.
13:56Oui, alors,
13:56il y a eu un après
13:57sur des actions concrètes
13:59qu'on mène aussi,
14:02à l'heure de la République,
14:03qui sont installées partout
14:04dans toutes les académies.
14:05Le fait qu'on écoute
14:07que le pas de vague
14:08dont on parle
14:09n'existe plus.
14:10Les chefs d'établissement
14:11dans les trois académies
14:13que moi, je connais,
14:15en tout cas,
14:15sur la région Île-de-France,
14:17Paris, Créteil, Versailles,
14:18lorsqu'on est saisi
14:19d'une situation,
14:20on fait remonter
14:22par des RIMS
14:23sur l'Académie de Paris
14:24et le document
14:25fait établissement
14:26qui existe en dehors
14:28des autres académies.
14:28Ça veut dire que
14:28les chefs d'établissement
14:29n'ont plus peur
14:29de perdre des points
14:30si toutefois
14:31ils visaient une mutation,
14:32une promotion ?
14:33Tout à fait.
14:33D'accord.
14:34Donc, il y a eu
14:34des efforts là-dessus
14:36et on ne se dit plus
14:37je ne veux pas
14:38qu'il y ait de bruit
14:39dans mon lycée,
14:40je ne veux pas
14:40que ça se sache.
14:41Non, on alerte immédiatement.
14:42Alors ça, c'est capital,
14:43c'est crucial.
14:44Il y a eu un avant,
14:45un après alors ?
14:46Oui, de manière générale,
14:47je pense que
14:48ces dernières années,
14:49malheureusement,
14:51l'école a dû être renforcée
14:53à plusieurs reprises
14:54en matière de sécurité,
14:55que ce soit pour fluidifier
14:56les rapports
14:57avec les services de police
14:58et de gendarmerie
14:59et on peut dire,
15:00je crois que maintenant,
15:00l'information circule
15:01quand même plus rapidement
15:02pour déclencher
15:04la protection fonctionnelle
15:05comme ça vient d'être dit
15:06et j'allais dire,
15:08tant mieux,
15:08les exercices PPMS
15:09qu'on avait fait adopter
15:10au lendemain des attentats
15:11de 2015.
15:12PPMS ?
15:13Plan de mise en sécurité
15:14des établissements,
15:15vous voyez.
15:16Donc, oui,
15:17il y a eu en effet
15:18sur un plan concret,
15:19technique,
15:20des briques
15:21qui se sont mises en place
15:23et qui permettent
15:24de signaler
15:25beaucoup plus rapidement
15:26que par le passé.
15:27Le logiciel fait établissement
15:28que vous venez d'évoquer,
15:29je l'avais créé au lendemain
15:30des attentats justement
15:31pour que les professeurs
15:33puissent signaler les choses
15:34mais on voit bien
15:35qu'à chaque fois,
15:36en effet,
15:36ça n'est pas suffisant
15:37et surtout,
15:38trois ans après Samuel Paty,
15:41il y a eu Dominique Bernard
15:42et vous voyez,
15:43moi,
15:43ce que je trouve important,
15:46justement,
15:46après avoir vu ce documentaire
15:48parce qu'on l'a vu
15:49dans le documentaire,
15:50certains avaient pu se demander
15:51mais est-ce que Samuel Paty
15:52a bien fait
15:53de faire son cours
15:54comme ci,
15:54comme ça,
15:55etc.
15:55C'est le oui-mai,
15:56c'est le fameux oui-mai.
15:57Cette question,
15:58elle est absolument insupportable
15:59aujourd'hui
16:01mais il faut reconnaître
16:02que certains se la sont posée
16:04à ce moment-là,
16:04c'est ce que le documentaire rappelle.
16:06Trois ans plus tard,
16:07avec Dominique Bernard,
16:08on a affaire à quelqu'un
16:09dont on ne peut même pas dire
16:11mais est-ce qu'il a bien fait
16:12de parler de telle chose
16:13dans son cours,
16:14etc.,
16:14puisqu'il a été assassiné,
16:15là encore,
16:16par une espèce de terroriste
16:17pour des raisons,
16:19j'allais dire,
16:20qui dépassaient ce qu'il faisait
16:21mais juste pour ce qu'il était.
16:22Il était professeur de français,
16:24il était en charge
16:25d'une discipline
16:26qui portait de la passion avec
16:28et c'est tout ce que
16:30ce terroriste détestait,
16:31ce terroriste qu'il avait eu
16:32comme enseignant.
16:33Donc,
16:34j'allais dire,
16:35c'est double sidération,
16:36enfin,
16:36re-sidération en 2023
16:38quand le 13 octobre de mémoire
16:40de Dominique Bernard
16:41est assassiné.
16:42Un vendredi 13 octobre.
16:43Un vendredi,
16:44c'est aussi un anniversaire.
16:45C'est fou,
16:46c'est incroyable.
16:47Bon,
16:47parce que là,
16:48on se dit,
16:49mais en fait,
16:50c'est vraiment l'école
16:51pour ce qu'elle est,
16:53l'institution école
16:55pour ce qu'elle est,
16:56c'est-à-dire
16:56l'esprit critique,
16:58l'émancipation,
16:59le fait de vouloir
17:00vivre des valeurs communes
17:02qui est attaqué.
17:03Et donc,
17:04si vous voulez,
17:04l'enjeu devient tellement énorme
17:07que toutes les briques
17:10qu'on vient d'évoquer
17:11sont importantes,
17:12mais elles ne peuvent pas suffire.
17:13Et là,
17:14on a besoin d'une mobilisation
17:15du personnel politique en particulier,
17:17mais aussi médiatique,
17:18de tous ceux qui portent
17:19un discours sur l'école
17:21pour être aux côtés
17:23des enseignants.
17:24Et être aux côtés
17:24des enseignants,
17:25les raffermir,
17:26les renforcer,
17:27les protéger,
17:28c'est notamment
17:29ne jamais jeter de l'huile
17:31sur le feu
17:32de façon inconséquente
17:34parce que ça fait plaisir
17:35dans le débat public
17:36comme ça.
17:37Enfin, je veux dire,
17:37non.
17:38Laurent Laffont.
17:39Moi, je dois avouer
17:40que c'est inquiétant
17:42de voir Yannis Roder
17:43dire ça,
17:43surtout qu'il ne l'a pas
17:44toujours dit.
17:45Oui, tout à fait.
17:46Et c'est quelqu'un
17:46de plutôt optimiste.
17:47Absolument.
17:48Il est très engagé.
17:48Absolument.
17:48C'est profond
17:50quand il dit ça.
17:52Je pense qu'il faut
17:53qu'on arrive à distinguer
17:53ce qui a été mis en place
17:54par les autorités
17:55éducation nationale,
17:56police-justice,
17:57et vous les avez décrites,
17:58la protection fonctionnelle
17:59des équipes-valeurs de la République.
18:01Tout ça va dans le bon sens,
18:02évidemment.
18:03Et le combat de fond,
18:05c'est-à-dire cette remise
18:06en cause de la laïcité
18:08de l'école publique
18:09par des courants de pensée,
18:10par un intégrisme musulman,
18:13qui fait que ce combat,
18:14il n'est pas terminé.
18:15Et moi, c'est ça que j'entends
18:16à travers la remarque
18:17de Yannis Roder.
18:18C'est que la pression,
18:19elle existe toujours.
18:21Certes, on a des outils,
18:22et tant mieux,
18:23à l'intérieur des établissements,
18:24pour accompagner,
18:26on l'espère efficacement,
18:27les enseignants,
18:28mais le combat de fond
18:30et la pression sur l'école
18:31et la pression sur les personnes
18:32qui y travaillent,
18:33elle est toujours là
18:34et ça, il ne faut pas le nier.
18:36Les contestations d'enseignement,
18:38notamment.
18:38Et les contestations d'enseignement
18:39sont toujours aussi présentes.
18:41Quand vous dites
18:41qu'il n'y a plus
18:42cette loi du silence,
18:44qui a réunis,
18:45le pas de vague,
18:47je suis peut-être
18:48un peu moins affirmatif que vous,
18:49mais pas avec la même expérience
18:51que la vôtre.
18:51Nous, quand on avait fait
18:52notre commission d'enquête,
18:54alors certes,
18:55ça remonte à il y a deux ans maintenant,
18:57on n'est pas récente,
18:59mais néanmoins,
19:01il y a tout un tas de témoignages
19:02qui nous étaient revenus
19:03et moi,
19:04j'avais noté
19:04qu'il y avait eu
19:05l'organisation de l'éducation nationale,
19:08c'est très hiérarchique
19:09et qu'on n'entendait pas
19:11la même chose
19:11quand on était sur le terrain
19:13avec des enseignants,
19:14avec des proviseurs,
19:15des principaux,
19:16qu'on était aussi
19:16au niveau ministériel
19:17où je pense qu'il y avait
19:18quelques soient les ministres
19:20qui se sont...
19:20Est-ce que vous voulez dire
19:21que l'information
19:21ne remontait pas forcément bien ?
19:23Non, ne serait-ce que sur un point
19:25qui m'avait beaucoup frappé
19:26sur les statistiques,
19:28sur les chiffres,
19:30notamment les différents faits inquiétants
19:33de menaces
19:34à la rencontre de personnel éducatif.
19:36Les saisines.
19:37Allez les chercher
19:38dans l'éducation nationale,
19:39ce n'est pas si simple que ça.
19:40Regardez le rapport annuel
19:41fait par le ministère,
19:44vous allez retrouver
19:44à la 45e page
19:46un tableau...
19:47C'était minoré ?
19:48C'était minoré
19:48par justement les acteurs de terrain ?
19:50C'est le fameux pas de langue.
19:51Pas par les acteurs de terrain.
19:52Pas par la hiérarchie intermédiaire.
19:54Qui ne fait pas...
19:56Je trouve un discours
19:58qui est encore un peu...
20:00un peu flou,
20:03un peu...
20:04qui manque de volontarisme.
20:06Donc vous confirmez
20:07qu'il y a une hiérarchie
20:08qui cherche un peu
20:08à lisser,
20:09à gommer,
20:10à minorer ?
20:11Ce sont des hauts fonctionnaires
20:12qui se disent
20:13que s'il y a ces témoins-là,
20:14c'est qu'on a mal contrôlé
20:15quelque chose.
20:17Ce n'est pas que,
20:18en fait,
20:18le prof avait forcément tort,
20:19mais là,
20:20je rappelle quand même
20:20qu'il y a eu
20:21l'inspection générale
20:21qui a fait un rapport
20:22de 23 pages.
20:2423 pages.
20:25Même pas nommé
20:26l'assassinat de Samuel Paty,
20:27mais les événements
20:28de...
20:29Comme la guerre d'Algérie.
20:31Voilà,
20:31les événements.
20:32Et dedans,
20:32on lui a envoyé
20:33un inspecteur Valeurs de la République
20:35pour le mettre en cause quand même.
20:36Donc les équipes Valeurs de la République,
20:38c'est bien si en fait
20:39on s'entend sur le discours
20:40que l'on tient.
20:41Moi,
20:41quand j'ai été menacée,
20:42j'ai été reçue par le recteur
20:43à l'époque,
20:44M. Fourard à Toulouse.
20:45Première chose qu'il m'a dit,
20:46c'est que je ne suis pas du tout
20:47d'accord avec vous
20:48sur la laïcité.
20:49Sauf que là,
20:49ce n'était pas mes positions politiques,
20:51c'était moi en tant qu'enseignante.
20:52Et je suis vraiment
20:54au niveau des clous.
20:55Donc oui,
20:56en fait,
20:56on doit être protégé.
20:58Et surtout,
20:59des fois,
21:00il faut engager
21:00le rapport de force.
21:01Je crois que Mme Belkassel
21:02m'avait dit
21:02qu'il ne fallait pas faire
21:03de la laïcité
21:04un champ de bataille.
21:05Tout à fait,
21:06mais il faut oser cliver.
21:07Des fois,
21:07il faut oser cliver
21:08et il faut aussi dire aux parents
21:09vous n'êtes pas les clients,
21:10on n'est pas d'artis.
21:11Ce n'est pas le McDo,
21:12ce n'est pas venez comme vous êtes.
21:13Vous êtes des usagers,
21:14nous sommes des fonctionnaires d'État
21:15et on a besoin
21:16d'être protégés
21:17à ce niveau-là.
21:18Pas des consommateurs d'école.
21:19Juste pour alimenter notre échange,
21:21j'ai retrouvé cette phrase
21:21d'Anne Jeunet,
21:22qui était ministre
21:22de l'Éducation nationale
21:23en novembre 2024
21:24et elle disait ceci.
21:25Nous devons donner les moyens
21:26pour que nos professeurs
21:27et nos chefs d'établissement
21:28soient protégés
21:29et puissent immédiatement dire
21:30ce dont ils sont victimes
21:31lorsque leurs enseignements
21:32sont contestés.
21:33Soit,
21:34aujourd'hui,
21:34dit-elle en novembre 2024,
21:37c'est un enseignant sur deux
21:38qui dit avoir été contesté
21:39au moins une fois
21:40dans ses séances.
21:41Novembre 2024,
21:42on est là aussi
21:42quatre ans après Samuel Paty,
21:44donc on peut se poser
21:45la question de l'avant et de l'après.
21:46Beaucoup de temps sont sûrs,
21:47surtout.
21:47Les gens ne sont pas contestés
21:48s'ils évitent d'aborder
21:49certains sujets.
21:51Quatre ans, Samuel Paty.
21:52C'est énorme
21:53ce que vous venez de dire là
21:54et effectivement,
21:55moi je fabrique
21:56plutôt du courage.
21:57J'essaye d'apprendre
21:58à fabriquer du courage
21:59à mes élèves,
22:00à mes équipes
22:01et dans le travail
22:02que je mène
22:03avec l'équipe
22:04Valeurs de la République
22:04sur la cadenille de Paris
22:05où je travaille.
22:07Je ne peux témoigner
22:07que de ce que je connais,
22:08de ce que je vis.
22:10Concrètement,
22:11et sans langue de bois aucune,
22:13sur le travail engagé,
22:14de ce que je connais,
22:16il n'y a pas de,
22:16ce qu'on appelle,
22:17pas de vague,
22:17il n'y a pas de tapis,
22:18il y a une forme de courage
22:20de la part des collègues
22:21d'oser alerter.
22:23Maintenant,
22:24effectivement,
22:24si les choses sont bloquées
22:26sur un autre stade,
22:27c'est un autre débat.
22:28Mais sur le terrain quotidien,
22:30c'est-à-dire jour après jour,
22:31amener les élèves
22:32à s'éveiller
22:33à la laïcité
22:34sans avoir peur
22:35de nommer
22:36cette laïcité-là.
22:37C'est là tout le sujet.
22:38Qu'est-ce qui se passe
22:39lorsqu'on parle de laïcité ?
22:40Vous avez certains
22:41qui ont un silence
22:43pesant,
22:44qui n'osent pas.
22:46Il y en a qui sont
22:46respectueux de la chose
22:48et disent qu'ils savent tout
22:49ne le pratiquant pas.
22:50Ou s'autocensurent.
22:51Pourquoi pas ?
22:52Ça existe,
22:53on ne va pas dire le contraire.
22:54Ou on se fait peur
22:55de l'appréhender
22:56ou d'en discuter.
22:57parce que nous n'avons
22:59eu de cesse
23:00depuis que cette loi
23:01du 9 décembre 1905
23:03est là et posée,
23:05a été chèrement
23:05acquise cette loi
23:07par des combats,
23:09par des débats,
23:09par des discussions
23:10qui ont permis,
23:12justement,
23:12argument contre argument,
23:13d'arriver
23:13à cette liberté,
23:15mais liberté
23:15de nos consciences
23:16véritables.
23:17c'est qu'on a
23:19chaviré
23:20avec le mot laïcité
23:21le terme d'interdit.
23:24Et moi,
23:24j'aimerais justement
23:25qu'on me pose
23:26sur le terme de laïcité
23:27s'autoriser,
23:29autoriser à avoir
23:30la liberté
23:30et à prendre sa liberté.
23:32Si on change
23:33de sémantique,
23:34ça peut peut-être
23:34donner quelque chose.
23:36Najat Olbel-Casser ?
23:37Oui,
23:37je voudrais juste
23:38quand même revenir
23:38sur l'histoire
23:39du pas de vague.
23:40Parce que je ne voudrais
23:41pas non plus,
23:43c'est un petit peu
23:43le problème
23:43avec les débats éducatifs,
23:45c'est qu'on tombe
23:45quand même rapidement
23:46dans une espèce
23:47de simplification.
23:48Je ne voudrais pas
23:49qu'on donne le sentiment
23:50que des enseignants
23:51ou des chefs d'établissement
23:52qui par le passé
23:54ne se sont pas
23:56suffisamment pleins
23:57des contestations
23:58dans leur classe
23:59ou n'ont pas fait remonter
24:00suffisamment ça
24:01étaient forcément coupables
24:03de quelque chose
24:04de négatif.
24:05Attention,
24:06parce que c'est vrai,
24:07moi je l'ai noté
24:08quand je suis entrée
24:09à l'éducation nationale,
24:11qu'il y avait
24:11une faible culture
24:13du signalement.
24:14Cette faible culture
24:16du signalement,
24:16elle ne veut pas
24:17forcément dire
24:18je veux cacher
24:19ma dessous le tapis,
24:20elle veut simplement
24:20dire que dans l'éducation
24:22les adultes
24:22qui travaillent
24:23dans l'éducation
24:24se sentent mûs
24:27par une mission
24:28qui est que ça se passe
24:29bien avec les élèves,
24:30il faut que ça se passe bien
24:31et donc quand il y a
24:32quelque chose
24:32qui ne va pas,
24:33pour eux
24:34c'est une espèce
24:34d'échec
24:35et c'est compliqué
24:36d'avouer être
24:37en situation d'échec
24:38avec ses élèves
24:39parce qu'il n'y a pas réussi
24:40à faire respecter
24:41la discipline dans sa classe,
24:43pas réussi à surmonter
24:44les contestations
24:45de tel enseignement,
24:46etc.
24:46Alors donc du coup,
24:48il y a des enseignants
24:49qui, j'allais dire,
24:51veulent se débrouiller
24:51par eux-mêmes
24:52en autonomie
24:53et pas faire remonter ça
24:55et ça,
24:56ça existe aussi.
24:57Donc c'est vrai
24:58que le politique,
24:59en l'occurrence,
25:00a un rôle à jouer,
25:01le ministère,
25:02de dire
25:03à ses établissements scolaires
25:05et à ses professionnels
25:06de l'éducation,
25:07ça n'est pas une preuve
25:08de faiblesse
25:08que de signaler
25:09mais nous allons être là
25:11pour vous accompagner
25:12parce que si vous signalez,
25:13vous faites remonter
25:13dans le logistique
25:14et l'établissement
25:15et qu'il ne se passe rien,
25:16donc vous accompagner,
25:17c'est de la formation,
25:19c'est venir avec des inspecteurs
25:21qui soient suffisamment armés,
25:22pas simplement pour juger
25:23votre travail
25:24et vous sanctionner
25:25avec des notes,
25:26etc.
25:26mais pour finalement
25:27vous dire peut-être
25:28qu'il vous faudrait
25:29telle formation,
25:30tel accompagnement
25:30et mettre tout ça en œuvre.
25:32Donc en fait,
25:32c'est vraiment
25:33comment est-ce que l'institution
25:34accompagne au long cours
25:36ces professionnels ?
25:37– Il y a dans ce film
25:37autre chose
25:38qui nous a frappés
25:38et ça va un peu
25:39dans le sens
25:39de ce que vous avez déjà dit,
25:40ce sont les doutes
25:41et les questions
25:41formulées par la sénatrice
25:42Stache-Brignot,
25:43on va la réécouter
25:44et si on avait
25:46en fait un vrai problème
25:47avec la laïcité
25:47en France
25:48et même du côté
25:49des enseignants,
25:49vous l'avez un peu dit justement,
25:50on va la réécouter
25:51et en parler après.
25:53– On peut se poser
25:54la question
25:55de la formation
25:56de certains profs
25:57à la laïcité
25:58et au respect
25:59de la laïcité,
26:00viscéralement,
26:01c'est que
26:02est-ce que tous les profs
26:03de collège
26:03défendent la laïcité
26:05de la même manière ?
26:06Je n'en suis pas sûr.
26:08Est-ce qu'on les a formés
26:09à ça ?
26:09Je n'en suis pas sûr.
26:11Et est-ce qu'eux-mêmes
26:11portent ce message-là ?
26:13Je n'en suis pas sûr.
26:14Et c'est là aussi
26:15qu'ils font du problème
26:16de l'éducation nationale
26:17aujourd'hui.
26:18– Et j'ajouterais
26:20la nouvelle génération
26:21des enseignants,
26:21comme vous l'avez dit tout à l'heure.
26:22– Oui, il y a très clairement
26:23un clivage générationnel
26:24sur cette question-là.
26:26On voit bien
26:26que les enseignants,
26:28j'allais dire de ma génération,
26:29ne voient pas les choses
26:30de la même façon
26:31que ceux qui sont arrivés
26:33dans le métier
26:34il y a quelque temps.
26:37Bon, Jacqueline de Stache-Brignot
26:38pose une vraie question,
26:40c'est-à-dire effectivement
26:40comment on forme
26:42les enseignants
26:43à la question
26:44de la laïcité ?
26:46Est-ce qu'ils ont
26:47suffisamment d'éléments
26:48sur le plan pédagogique,
26:50notamment,
26:50pour faire face
26:51à une contestation
26:52d'un enseignement
26:54au sein de leur classe
26:55avec,
26:57juste une parenthèse
26:58par rapport à ce qui a été
26:59dit tout à l'heure,
27:00avec quand même
27:00une réalité
27:01du métier d'enseignant
27:03qui est celui
27:03de la solitude ?
27:04Il est seul
27:04face à sa classe.
27:06Est-ce qu'il est
27:07suffisamment formé ?
27:08Moi, vous savez,
27:09quand on a lancé
27:10la commission d'enquête,
27:13quelques semaines avant,
27:13il y avait eu la décision
27:14d'interdire la maya
27:15au sein des établissements.
27:17J'avais été frappé
27:18de ce qu'avait dit
27:19une professeure d'université
27:22qui forme
27:22les jeunes enseignants
27:24qui avait dit
27:25mais qu'est-ce qu'on nous embête
27:26avec ce sujet-là ?
27:27Je pense qu'il y a
27:28un vrai hiatus
27:28entre ce qui peut être dit,
27:30alors ne faisons pas
27:31de généralité,
27:32évidemment,
27:33entre ce qui peut être dit
27:33dans certaines universités
27:35qui forment
27:36les futurs enseignants
27:38et puis la réalité
27:38du métier d'enseignant
27:39et c'est pour ça que
27:40sur cette question-là
27:41qui est fondamentale
27:42aujourd'hui,
27:43celle de la laïcité,
27:44il faut que l'éducation nationale
27:45prenne en charge
27:46la formation
27:47des jeunes enseignants
27:48pour les préparer
27:49à ce à quoi,
27:50ce n'est pas une formation théorique,
27:51bien sûr,
27:51la formation théorique
27:52elle est nécessaire,
27:54théorique, historique,
27:55elle est nécessaire,
27:56mais ça va bien au-delà,
27:57c'est-à-dire dans quelle situation
27:58vous pouvez vous retrouver,
28:00comment vous faites face
28:00à telle ou telle situation ?
28:01Mais depuis que vous avez fait
28:01cette recommandation,
28:02est-ce que c'est le cas ?
28:03Est-ce qu'on prépare
28:04les enseignants ?
28:05Est-ce qu'on leur parle
28:05laïcité dans leur formation ?
28:06Il y a eu des améliorations
28:07sur la formation,
28:08mais l'éducation nationale
28:10ne prend pas assez en charge
28:12cet aspect-là.
28:13Il faut que ça soit
28:14du point plus précis.
28:15Il y a eu un vrai effort
28:16de formation sous la forme
28:17du fil,
28:18c'est-à-dire une formation
28:19obligatoire,
28:20parce que sinon,
28:20les profs peuvent se former,
28:22ils ont le choix.
28:23Beaucoup font le choix
28:24de ne jamais se saisir
28:25de ce sujet-là.
28:26Absolument,
28:26et que ce ne soit pas
28:27que les professeurs de MC.
28:29Tous les personnels,
28:30les agents,
28:30les AED,
28:31sur un plan de trois ans,
28:33ils ont tous été formés.
28:35Cet effort-là
28:35a été fait par le ministère.
28:36Donc la nouvelle génération
28:37d'enseignants...
28:38Par contre,
28:38on va être extrêmement clair,
28:40le privage générationnel,
28:41il est idéologique.
28:42Il y a le syndicat Sud
28:44qui dit que la laïcité
28:46était une arme
28:47d'agression islamophobe
28:49des minorités,
28:50ce que n'est pas loin
28:51de dire François Errand
28:52dans le livre
28:52qu'il a écrit aux profs,
28:54Lettres aux enseignants,
28:55et dans ses conférences
28:56où il a osé dire
28:57que Samuel Paty
28:58avait eu tort
28:59et qu'il avait conscience
29:00d'avoir commis une faute.
29:01Voilà ce que nous dit
29:02un professeur du Collège de France.
29:03Oui, donc ça veut dire
29:04qu'on n'est pas tous d'accord
29:05sur l'importance
29:06et la définition de la laïcité.
29:08Avec le gauchisme,
29:09regardez le changement
29:10de la France insoumise,
29:11qui était plutôt bouffeur de curés,
29:13le SNIPP,
29:14le syndicat du premier degré,
29:15bouffeur de curés,
29:16voilà les positions
29:17maintenant qu'il défend.
29:18Alors maintenant,
29:19il demande à débaptiser
29:20les vacances scolaires,
29:22mais sur d'autres positions,
29:24on n'est pas du tout d'accord
29:26avec ça avec Mme Vallaud-Belgacem
29:27sur les signes religieux
29:29portés pendant les sorties scolaires.
29:31Yanis Roder travaille
29:31au Conseil des sages
29:32de la laïcité,
29:33ils ont fait quand même
29:33un sacré boulot
29:34pour étayer intellectuellement
29:37et juridiquement
29:38nos prises de positions.
29:39mais il y a un vrai changement culturel
29:41qui est présent dans toute la société
29:42et qui n'épargne pas les enseignants.
29:44Najat de Loubel-Belgacem ?
29:45Non, mais je pense
29:46que vous tombez à nouveau
29:48dans ce que je dénonçais
29:50tout à l'heure,
29:50c'est-à-dire vraiment
29:51à l'extérieur de l'école,
29:53si on veut être utile
29:54aux professeurs,
29:55mais mesurons
29:56ce que nous disons
29:57les uns et les autres.
29:58complètement mesurés
29:59et je pense
30:00que je suis restée
30:00sur tant que vous
30:01à l'éducation nationale.
30:01On est sur un plateau
30:03vraiment de bonne tenue,
30:04donc je vous le dis
30:05vraiment très clairement,
30:06les accusations
30:07extrêmement graves
30:09que vous portez
30:10contre quelqu'un
30:10d'aussi honorable
30:11que François Héran,
30:13je ne parle même pas
30:14de certains responsables politiques.
30:17Il a dit que Samuel Paty
30:18avait commis une faute
30:19et qu'il avait conscience
30:20d'avoir commis une faute.
30:22Il l'a dit dans des conférences.
30:23Et le débat file
30:24et je ne voudrais pas
30:24qu'on perde trop de temps
30:25avec ce sujet.
30:26Je ne suis pas François Héran,
30:27donc il faudra l'inviter
30:28face à Madame Agat-Boudjelal,
30:30mais en tout cas,
30:31ce dont je suis persuadée,
30:33c'est que la plupart des gens
30:34que vous venez d'évoquer
30:35sont désireux
30:37que la laïcité soit
30:39à la fois respectée,
30:40transmise à l'école,
30:41qu'il n'y a pas
30:42de gauchisme en la matière.
30:43C'est une blague,
30:43avec cette histoire de gauchisme.
30:45C'est quand même
30:45un gouvernement de gauche
30:47qui a fait la charte
30:48de la laïcité,
30:50je le connais,
30:50c'était le mien,
30:51l'a apposée
30:52dans tous les établissements
30:53scolaires de France,
30:54l'a fait signer par les parents
30:55pour qu'ils comprennent
30:56de quoi il s'agissait,
30:57a créé les référents laïcités,
30:59a créé les formations,
31:00pardon,
31:01j'en reviens à ça,
31:02les formations laïcités
31:03dispensées aux enseignants,
31:05enfin juste pour votre bonne information
31:06parce que vous semblez l'ignorer.
31:08Donc nous avons créé cela.
31:09Lorsque M. Blanquer
31:10est arrivé à partir de 2017,
31:13M. Blanquer
31:14a mis fin à ses formations.
31:16Il y a mis fin
31:17et il ne les a reprises
31:18qu'après l'assassinat
31:19de Samuel Paty.
31:20Je vous invite
31:21à aller vérifier les choses.
31:22Il n'y a absolument pas
31:23de laxisme de la gauche
31:24à l'égard de la valeur
31:26fondamentale
31:27d'émancipation individuelle
31:30et de coexistence collective
31:32qu'est la laïcité.
31:34Simplement,
31:34ce que dit la gauche
31:35à ce sujet,
31:36c'est que ce qui est ennemi
31:38de cette laïcité-là
31:40et qui pèse ensuite
31:41sur les épaules des professeurs,
31:42c'est à la fois évidemment
31:44les refus des islamistes
31:46et des forces religieuses
31:48radicalisées
31:49qui ne veulent pas
31:50de cette laïcité,
31:51mais c'est aussi
31:52les instrumentalisations
31:54qui sont faites
31:55de ce beau sujet
31:56pour s'en prendre
31:58à une catégorie d'élèves
32:00et leurs parents
32:00et leurs familles
32:01et tout cela rend
32:03tellement difficile
32:03la tâche aux enseignants.
32:05Alors pour sortir
32:06un petit peu
32:07du partage politique...
32:08Surtout qu'on arrive
32:09à la fin de ce débat,
32:09je vous préviens tout de suite
32:10que vous ne soyez pas frustrés.
32:12Oh oui !
32:13Moi je souhaiterais ramener
32:14sur la pédagogie
32:15et sur l'emploi du temps
32:15et sur ce qu'on pratique
32:17au quotidien
32:18au sein des établissements scolaires
32:19et surtout
32:20pour les élèves
32:21et pour les professeurs
32:22en les encadrant là-dessus.
32:24Au quotidien,
32:25on s'efforce
32:26cette charte de la laïcité
32:28qu'elle soit lisible
32:29et visible par tout le monde
32:30et qu'au fil de l'année,
32:32pas à une seule journée
32:33qui est le 9 décembre
32:34et non seulement
32:35lorsqu'il y a un incident
32:36au sein d'un lycée
32:37de parler de laïcité.
32:39Et c'est ce que moi
32:39je m'efforce
32:40à mettre en place
32:41depuis 5 ans.
32:42Et aucun des profs
32:43de l'établissement
32:43ne le conteste.
32:44Et aucun des professeurs
32:45ne le conteste.
32:46Ils sont d'accord avec ça.
32:46Nous l'avons mis
32:47dans le projet
32:47d'établissement du lycée
32:48et ce ne sont plus
32:49les professeurs
32:50d'histoire et géographie
32:51que j'admire
32:52et que je respecte
32:52qui sont porteurs de cela.
32:54C'est les professeurs
32:55d'art appliqué,
32:55c'est le professeur
32:56de mathématiques,
33:03chaque 9 décembre.
33:05Ceci dit,
33:06vraiment,
33:07pensons à ce que nous mettons
33:08au quotidien
33:09pour que la laïcité
33:11soit notre garantie
33:13de liberté,
33:13liberté de conscience
33:14au sein de nos établissements
33:15et que la religion
33:16qui est une affaire privée,
33:18personnelle,
33:19reste dans les familles
33:20et dans les maisons.
33:22Ça n'a pas sa place,
33:23la religion,
33:24au sein des établissements.
33:25Et on arrive
33:25à la conclusion de ce débat
33:26qui vous revient donc,
33:27Laurent Laffont.
33:28Non mais,
33:29si on remonte un peu en arrière,
33:30il y a 30 ou 40 ans,
33:31la laïcité n'était pas
33:32un sujet
33:33comme c'est aujourd'hui.
33:35Aujourd'hui,
33:35la question de la laïcité
33:36est questionnée
33:37par notre société,
33:38questionnée,
33:39parfois critiquée.
33:41Le risque,
33:43et on le voit bien
33:43à travers le débat
33:44d'aujourd'hui
33:44et plus largement
33:45ce qui se passe à l'école,
33:47c'est de faire reposer
33:48la défense de la laïcité
33:49uniquement sur l'école.
33:51Ce n'est pas
33:52aux enseignants,
33:54aux proviseurs,
33:54aux principaux,
33:54d'être les seuls
33:55défenseurs de la laïcité
33:57et de porter
33:58à travers leur responsabilité
33:59au sein des établissements
34:00ce seul devoir
34:01de transmettre
34:02ou alors ?
34:03Dans les foyers ?
34:04Oui, bien sûr,
34:05ça doit être un choix
34:06qui est clairement revendiqué
34:07par toutes les forces politiques.
34:09On est d'accord.
34:10Je ne nie pas
34:11que la gauche
34:12a eu un rôle
34:13extrêmement important
34:14dans l'histoire
34:14de la laïcité
34:15à les Françaises,
34:15mais vous ne pourrez pas
34:17nier non plus
34:17qu'une partie de la gauche
34:18aujourd'hui
34:19interroge de manière
34:20assez critique
34:21cette laïcité.
34:22de la droite
34:23et de l'extrême droite
34:24aussi.
34:24Oui, bien sûr,
34:25ça fait partie...
34:26Quand elle choisit
34:28parmi les religions
34:29celles dont elle va
34:30accepter qu'elles soient
34:31dans l'espace public
34:31et celles auxquelles
34:32elle le refusera.
34:33C'est pour ça
34:33qu'il faut arriver
34:34collectivement
34:35à mieux défendre
34:36la laïcité,
34:37j'allais dire
34:37la laïcité à la française
34:39parce qu'on voit bien aussi
34:40que cette laïcité
34:41elle est parfois percutée
34:42notre laïcité
34:43à la française,
34:44elle est parfois percutée
34:45par des laïcités
34:46notamment d'outre-Atlantique
34:48qui n'ont pas
34:48la même signification
34:49que ce que nous
34:50nous voulons vivre
34:51et là-dessus,
34:52je pense qu'il faut être fort
34:53sur nos valeurs
34:54et sur nos acquis.
34:55Et on s'arrêtera là-dessus.
34:56Je partage ça,
34:56je voudrais juste dire
34:57un petit mot
34:57que Samuel Paty,
34:59notre collègue Samuel Paty,
35:00Dominique Bernard
35:01soit la figure de la nation
35:02et il faut que la nation
35:04soit là pour encourager,
35:06pour soutenir
35:06et que nous n'ayons
35:07plus jamais peur.
35:08Merci à tous les quatre
35:10d'avoir participé
35:11à cet échange,
35:12merci à vous
35:13de l'avoir regardé
35:14comme toutes les semaines
35:15et on se retrouve très vite
35:16sur Public Sénat,
35:16émissions et documentaires
35:17à retrouver en replay
35:18sur notre plateforme
35:19publicsénat.fr.
35:20A très vite, merci.
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