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  • il y a 4 heures
Des maires victimes de violences, d'autres en burn-out et des démissions records, au point qu'on parle désormais de crise des vocations. Jamais la fonction de maire n'avait autant été fragilisée. Ils sont pourtant encore les élus préférés des Français, ceux qui agissent en proximité, au quotidien. « Maires au bord de la crise de nerfs » donne la parole à ces élus, à l'approche des élections municipales de mars 2026. Année de Production :

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00:00...
00:00On n'est pas là pour faire plaisir et c'est difficile à porter.
00:17J'ai eu l'impression qu'on m'a mis dans une machine à laver.
00:19L'essorage, 4000 tours.
00:21Et je ne sais pas si l'essorage s'est arrêté.
00:23Tout a été compliqué.
00:26Ils sont les élus préférés des Français.
00:30Ceux en qui leurs administrés croient encore, car au plus proche du terrain.
00:34Il faut être à portée de baffe.
00:35Nous, nous sommes vraiment à portée de baffe.
00:38Et pourtant, être maire n'a jamais été autant un sacerdoce synonyme d'un engagement sans limite.
00:44C'est 24 heures sur 24, parfois.
00:4660, 70 heures par semaine.
00:48Face à la pression et aux difficultés, ils sont de plus en plus nombreux à craquer jusqu'à rendre l'écharpe.
00:54En mars prochain, ils seront pourtant à nouveau des milliers à se présenter au suffrage des électeurs, dans leur commune, maillon essentiel de la démocratie française.
01:04Le cabinet médical situé dans le centre commercial de la Rabatterie à Saint-Pierre-des-Corts, de nouveau pris pour cible cette nuit.
01:17Un troisième incendie à l'encontre du lieu d'exercice du maire de la ville, médecin de profession.
01:22Jusqu'en 2020, Emmanuel François était médecin libéral à Saint-Pierre-des-Corts, en Indre-et-Loire.
01:29Il avait choisi de s'installer ici, avec son épouse au pied des tours, très loin du milieu politique.
01:36C'était un vrai plaisir de s'installer ici, au départ.
01:39Après, une fois que je suis devenu maire, ça a été compliqué.
01:42Ça a été compliqué parce qu'à partir du moment où certaines personnes dans la population ne sont pas contents de l'action du maire
01:49ou qu'ils ont été vexés par telle ou telle action,
01:51eh bien, il est facile de se prendre à son outil de travail et de s'en prendre au cabinet médical.
01:59Le cabinet médical du maire et de sa femme ne rouvrira pas.
02:03Pour les forces de l'ordre, aucun doute, cet acte est criminel et va priver pour quelque temps les habitants de l'accès aux soins.
02:09Un épisode violent pour ce médecin engagé au service des autres,
02:13arrivé presque par hasard à la politique en 2020
02:16et qui s'est fait élire maire de Saint-Pierre-des-Corts dès sa première campagne.
02:21Devenir maire, ce n'était pas forcément une idée.
02:25On est venu me chercher au cabinet médical en me disant
02:26« Est-ce que vous ne voulez pas être le futur maire de Saint-Pierre-des-Corts ? »
02:29Ce qui a étonné, ce qui m'a étonné et ce qui a étonné encore plus mon épouse.
02:33Mais finalement, au fil du temps, il était quand même nécessaire de s'engager pour cette ville
02:37où on voyait bien que les personnes en avaient marre parce qu'on pensait vraiment qu'il y avait des choses à faire et qui n'avaient pas été faites.
02:45Plein d'envie et d'idées pour changer la ville, ce nouveau venu en politique est très vite confronté à la réalité.
02:52Tension dans l'équipe municipale, projet compliqué, l'apprentissage est brutal.
02:57Tout a été compliqué. Je souhaitais faire le bien commun pour la ville, faire qu'elle avance, qu'elle puisse se dynamiser,
03:07avoir un tissu économique important, remonter ses finances qui étaient dans le rouge quand nous sommes arrivés.
03:12Mais la fonction demande une disponibilité permanente.
03:19Cette disponibilité, parfois, elle nous fait perdre un peu le sens de ce qu'on s'était donné, des idées qu'on s'était données au départ.
03:25En 2024, après 4 ans de mandat, Emmanuel François décide finalement de démissionner.
03:33Il reste dans l'équipe municipale mais cède le fauteuil de mer.
03:41Comment ça va ?
03:43C'est son premier adjoint, Olivier Comte, qui prend le relais.
03:49Alors, moi, quand j'ai commencé à prendre ma décision, la première personne que je suis allé voir, c'est Olivier.
03:59Et je lui dis, on n'en parle pas pour l'instant, on essaye de voir comment on peut organiser les choses au mieux,
04:05que l'équipe ne parte pas à Vaud et à Vend, et qu'on puisse se dire que la passation se fasse en douceur.
04:13Alors, tu es d'accord ?
04:14La ville n'a pas été simple avec toi.
04:16Donc, voilà, le cas de débrûler, la voiture, enfin voilà, il y a des choses qui se sont passées.
04:22Et pour le supporter, c'est compliqué, quoi.
04:24Je peux répondre ?
04:26J'ai pris tous les coups, la voie est libre maintenant.
04:30Oh, j'en prends aussi.
04:31Oh, ben tu veux en prendre, c'est sûr.
04:32Donc, mais maintenant, je dirais qu'avec l'expérience que l'on a acquise, c'est quand même plus simple.
04:39Effectivement, tout ce que je peux conseiller aux futurs élus qui n'ont jamais été élus,
04:43c'est de prendre la formation le plus vite possible pour appréhender ce que c'est que la collectivité territoriale.
04:50Comme Emmanuel François, ils sont plus de 2000 maires à avoir démissionné durant ce mandat.
04:56Un chiffre record, mais pas une surprise.
04:59Pour ceux qui suivent au plus près la réalité des élus locaux,
05:05Éric Quérouche fait partie de ces observateurs en tant que sénateur des Landes, mais pas seulement.
05:11Il est aussi directeur de recherche CNRS avec un thème de prédilection,
05:16les élus locaux et leurs conditions d'exercice du mandat.
05:20J'ai beaucoup travaillé sur le sujet.
05:23Et comme j'ai toujours eu deux carrières en parallèle,
05:26carrière d'élu, entre guillemets,
05:29et puis ma profession, j'ai continué à travailler sur le sujet en arrivant au Sénat
05:33parce que c'est un point d'intérêt majeur ici.
05:37C'était l'occasion aussi de faire avancer le débat en étant justement parlementaire.
05:43Le centre de recherche auquel il est rattaché, le Cévi-Pof,
05:46a documenté cette grande démission des maires qui atteint des niveaux records.
05:51On a effectivement deux fois plus de démissions de maires que pendant le mandat précédent.
05:58Vous l'avez dit, c'est pratiquement une démission par jour
06:00et ça culmine autour de 613 maires en 2023 qui ont démissionné.
06:06Le rythme est en train de se ralentir parce que nous sommes proches des élections municipales.
06:11C'est l'un des indicateurs que cette fonction se complexifie
06:16et qu'elle est plus... Elle touche les maires plus directement.
06:26Comment allez-vous ?
06:28Bien, oui.
06:28Alors ce nouveau local ?
06:30Et ce nouveau local ?
06:31Très bien.
06:32Et ce nouveau local ?
06:33Oui, ça va.
06:34En ce 14 juillet, séjour de fête à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis.
06:39Et pour la maire Karine Franclay, un rendez-vous qu'elle ne raterait pour rien au monde.
06:44L'élu y fait son retour au contact des habitants
06:47après avoir fait un burn-out qu'il a tenu éloigné de la mairie.
06:52Je pensais beaucoup à toi.
06:53Je l'ai senti.
06:54On a tous pensé à moi et je l'ai senti.
06:56Tu as tellement méchante.
06:57Oui, mais en fait, c'est vrai que j'ai eu beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de messages.
07:00Je l'ai lu et je n'ai pas réussi à répondre à tout, mais ça m'a donné beaucoup de force.
07:04Je suis réparée et réglée et je ne ferai plus les choses de la même manière.
07:07On se met peut-être des deux côtés, non ?
07:09Ce 14 juillet, c'est un rendez-vous qu'on a institué maintenant depuis 5 ans.
07:16Et c'est toujours un vrai bonheur parce qu'on voit que c'est devenu un rendez-vous incontournable.
07:21Et puis, vous savez qu'après cette période particulière, je suis encore plus heureuse de vous retrouver.
07:26Et donc, je voulais aussi en profiter pour remercier l'ensemble de mon équipe municipale
07:32pour avoir été là, pour m'avoir soutenue, pour avoir été solidaire durant cette période qui était certes un peu compliquée.
07:44On oubliait certains.
07:46Ça a été.
07:46Pendant ces 4 mois d'arrêt, ses adjoints ont pris le relais, mais désormais, elle a pleinement repris le fauteuil de mer.
07:54De revoir les habitants, de se dire qu'on est capable de nouveau de pouvoir être sur le terrain, parce que ça manque forcément.
08:04Et puis, voilà, les mêlants de sympathie, de solidarité, la joie des habitants, ça ne peut que faire très, très plaisir.
08:14Et c'est beaucoup d'émotions, en fait.
08:16Quand elle est élue en 2020 à Aubervilliers, cette directrice d'établissement scolaire devient, du jour au lendemain, ou presque, maire de la 50e ville française.
08:27Un poids qu'elle a ressenti dès le soir de sa victoire.
08:30C'était déjà une immense fierté, puis aussi un gros, gros sentiment de responsabilité.
08:38Et après, ça a quand même été, on ne va pas se mentir, un tourbillon.
08:41C'est vraiment l'image qui me revient.
08:43J'ai l'impression qu'on m'a mis dans une machine à laver, l'essorage 4000 tours.
08:48Et je ne sais pas si l'essorage s'est arrêté, mais je crois qu'on n'avait pas conscience.
08:54On est allé avec une équipe rassemblée, avec vraiment l'envie de faire bouger les choses.
08:57Mais est-ce qu'on, avec le recul, avait-on conscience qu'on s'attaquait à une ville si importante ?
09:05Je veux dire, 90 000 habitants, aux portes de Paris, 1900 salariés, des enjeux économiques fonciers qui étaient juste énormes.
09:14En fait, c'était fou, quoi.
09:17Pendant 4 ans, elle consacre ses jours et une partie de ses nuits à diriger la ville, gérer les urgences, lancer des projets.
09:24Un investissement à 200% jusqu'à ce que son corps dise stop brutalement.
09:30Je pense que c'était en juin 2024 où, un matin, je n'étais plus capable de marcher.
09:39Je n'arrivais plus.
09:40Je n'arrivais plus à me lever.
09:41Tout paraissait insurmontable.
09:44Que ce soit les petites choses du quotidien.
09:46Je n'arrivais plus à venir à la mairie.
09:49C'était trop, c'était trop.
09:52Puis j'étais dans le déni.
09:53J'étais toujours dans le même mécanisme.
09:55C'est un coup de mou, je suis fatiguée, ça va passer.
10:00Et puis, voilà, quand on se repose un petit peu, ça repart.
10:04Ça repart.
10:05Voilà, c'est pas reparti.
10:07La situation dure plusieurs mois, avec des hauts et des bas, avant une décision forte en février 2025.
10:13C'est là où j'ai vraiment eu la prise de conscience.
10:17Et une fois que j'avais décidé, le lundi, je suis allé voir le médecin.
10:19On en a parlé.
10:21On a trouvé des solutions.
10:22Puis deux semaines après, j'étais parti.
10:24Une fois que j'ai décidé, c'était bon.
10:26Il fallait juste accepter.
10:28Donc, on a organisé le départ.
10:31Et puis, la chance aussi, c'est que j'ai un premier adjoint d'une loyauté incroyable
10:37qui a vraiment été très...
10:40Ouais, c'était...
10:41C'était...
10:42Voilà.
10:42Et puis, l'élan, le fait de...
10:45Il s'est posé la question de qu'est-ce qu'on dit.
10:49Moi, je suis quelqu'un de très franc.
10:50Donc, c'était vraiment de dire...
10:52Bah, en fait, on dit la vérité.
10:54Et c'est vrai que l'élan de solidarité, d'encouragement et la portée qu'a eu le fait de rendre public ce départ,
11:01ça a été vraiment une grande aide.
11:03Et je pense que maintenant, du fait d'en être sorti, je vois que la parole, cette expérience-là, je pense qu'elle peut être, en toute humilité, qu'elle peut être utile.
11:18Karine Franclay a donc coupé 4 mois, s'est soignée et a repris son mandat de maire avec une nouvelle organisation pour ménager son agenda,
11:29en s'appuyant davantage sur ses adjoints et les services municipaux.
11:32Bonsoir à ceux que j'ai pas vus.
11:36À l'ordre du jour, chargé un coin sur le cimetière, sur les travaux du cimetière et l'ouverture ou pas.
11:45Son témoignage, inédit pour une élue d'une grande ville, a depuis libéré la parole sur la santé mentale des mères, jusqu'ici tabou.
11:54Oui, il y a une question de santé mentale chez les mères, il y a une question de pression psychologique,
12:02il y a une question de conséquences sur la santé tout court.
12:06Et là aussi, c'est un indicateur indirect de la pression qu'exerce ce mandat sur l'individu en tant que tel.
12:16Le maire, c'est celui qui donnait du temps à sa commune et qui, d'une certaine façon,
12:21peut-être que le terme est fort, mais se sacrifier pour celle-ci.
12:27Et donc, quand on vient à parler des fêlures, on vient écorner cette mythologie du maire au-dessus de tout, sur son pied d'assalle.
12:41Et en fait, je pense que c'était nécessaire que cette évolution ait lieu pour qu'il y ait une prise de conscience.
12:49des mères eux-mêmes vis-à-vis de la fonction qu'ils exercent, mais également des citoyens.
12:59À Buellas, dans le département de Lain, Michel Chanel est devenu maire en 2008.
13:05Quand il s'est fait élire, il n'a pas complètement découvert la fonction,
13:09puisque dans sa famille, l'engagement local se transmet de génération en génération.
13:14« Mon père a été maire de 77 à 89.
13:21Mon grand-père était conseiller municipal, grand-père maternel.
13:25Mon grand-père paternel était conseiller dans une commune à côté.
13:28Oui, donc c'est une histoire de famille, peut-être.
13:30Un virus, sans doute. »
13:33En 2008, il remporte la mairie pour un mandat, puis un deuxième en 2014.
13:37Mais en 2020, il choisit de ne pas repartir, pensant la relève assurée.
13:44« Deux mandats, je trouve que la démocratie doit vivre.
13:47Il faut passer la main.
13:48J'avais des adjoints qui continuaient, donc je ne me posais pas de questions.
13:52Des adjoints qui semblaient me dire que j'ai barré un peu la route.
13:56Donc moi, c'était normal de laisser ma place.
13:59Beaucoup voulaient repartir, mais personne ne voulait prendre la tête.
14:01Je les ai secoués un peu, mais rien à faire.
14:04Personne n'y est allé.
14:05Donc on s'est retrouvés sans liste aux élections municipales.
14:10Pas de candidats, pas de listes et donc pas d'élections.
14:14Une situation exceptionnelle qui a touché une centaine de communes
14:17lors des dernières municipales en 2020, dont 4 villes de plus de 1000 habitants.
14:23Dans ce cas-là, c'est la préfecture qui prend la main
14:26pour assurer la continuité de la gestion communale.
14:29Le préfet nomme une délégation spéciale,
14:33délégation qui est chargée de gérer les affaires communales.
14:37Cette délégation spéciale, elle est composée d'un certain nombre de personnalités
14:41choisies par le préfet essentiellement pour leurs compétences
14:45et leur autorité et leur connaissance des affaires communales, de la gestion communale.
14:50Ce sont bien souvent des présidents d'associations, des anciens élus, des anciens fonctionnaires.
14:55L'objectif, c'est vraiment d'assurer la continuité du service public,
14:58que ce soit l'état civil, que ce soit la police, que ce soit la voirie, à titre d'exemple.
15:02Donc cette délégation spéciale ne peut prendre aucune décision qui engage l'avenir.
15:05Elle ne peut pas voter de budget, elle ne peut pas souscrire d'emprunt.
15:08Elle ne peut pas procéder à des recrutements dans le personnel communal, par exemple.
15:12C'est donc vraiment de la gestion courante, la gestion des affaires courantes.
15:17Bonjour Nathalie.
15:17A Buellas, pendant trois mois, c'est donc une délégation spéciale qui a pris les rênes,
15:22plongeant tout le monde dans l'incertitude.
15:24Ça a été très particulier.
15:29On s'est posé beaucoup de questions, comment ça allait se passer, on n'avait pas l'habitude.
15:34Et je pense que beaucoup de personnes ont eu peur aussi de fusionner avec une commune aux alentours.
15:40Et c'était une chose qui n'était pas souhaitée.
15:42Non pas fusionner, mais disparaître dans une autre commune.
15:46Oui.
15:46C'est plus grave.
15:48Oui.
15:49C'est une vie, c'est une personnalité quand même.
15:53Chaque commune a ses façons de faire, ses habitants.
15:58Et c'est toute une culture qui disparaît.
16:01Je ne me représentais pas, mais il n'y avait personne.
16:04Peut-être qu'il y aurait eu quelqu'un, peut-être, peut-être.
16:07On ne sait pas.
16:09Pour sauver sa commune, Michel Chanel accepte finalement de se représenter,
16:13mais avec l'idée de ne pas y rester six années de plus.
16:17Dans ces conditions, j'y vais, mais que pour un an et demi, le temps de vous préparer.
16:21Il y avait quelqu'un qui était prêt pour prendre ma place au bout d'un an, un an et demi.
16:25Donc j'ai dit, pour un an, un an et demi, c'est bon, on y va.
16:28Puis l'année et demie est passée, je les ai mis au pied du mur.
16:33On a recommencé un an et demi, je les ai mis au pied du mur.
16:35On arrive à la fin du mandat, au bout de plusieurs fois, et j'ai fait le mandat.
16:39Jusqu'au dernier jour de son mandat, Michel Chanel assurera la fonction.
16:45Mais cette fois, c'est sûr, on ne l'y reprendra pas.
16:48Et en mars prochain, il passera la main à une nouvelle équipe.
16:54Salut, quand même.
16:55Bonjour.
16:58Bonjour.
16:58Bonjour.
17:00Ça va ?
17:01Pour le conseil municipal prochain,
17:04on va présenter avec Guy les étudiants, le cloisonnement du haut.
17:10Après 18 ans à la mairie, Michel Chanel va désormais définitivement ranger l'écharpe
17:15pour commencer une nouvelle étape de sa vie.
17:23Je vais pouvoir retourner en montagne un peu plus,
17:27refaire du bois quand j'arrive de faire du bois.
17:29Pas faire du bois que pour me passer les nerfs.
17:32Essayer d'être vif, d'aller voir mes petites filles au biathlon,
17:35de pouvoir prendre le temps de vivre plus pour moi, pour ma famille,
17:44et plus pour les autres, uniquement pour les autres.
17:48Comme Michel Chanel, un maire sur trois ne se représentera pas en mars 2026
17:54et un autre tiers hésite encore.
17:57Pas encore une grande crise des vocations, mais un enjeu d'avenir.
18:01À chaque fois, on a un discours sur « ça va être difficile » et « c'est difficile ».
18:07Mais malgré tout, il y a des gens qui repartent parce qu'ils doivent le faire,
18:12parce qu'ils ont l'impression que s'ils ne le font pas,
18:15il n'y aura personne pour prendre leur place.
18:17Et d'une certaine façon, là, on a le même taux de renouvellement,
18:22a priori, qui est prévu pour 2026, que pour 2020.
18:26Là où il y a une petite interrogation derrière,
18:30c'est le fait qu'une partie des maires qui sont retraités veulent vraiment s'arrêter
18:37et que l'on n'est pas certain que derrière, il y ait une relève automatique,
18:43aussi mécanique que ça a été par le passé.
18:47On a besoin des maires retraités.
18:49Si ceux-ci s'arrêtent plus tôt et qu'il n'y a pas de reprise du flambeau,
18:53ça peut être compliqué.
18:54Une inquiétude partagée à l'AMF, l'Association des maires de France,
19:00qui lance comme à chaque scrutin une campagne de communication
19:03avec un slogan simple, « Osez l'engagement ».
19:07Il faut que les citoyens se lèvent et s'engagent.
19:31Moi, je le vois, je parcours le pays, je vais dans les villages,
19:34dans les grandes villes, dans les villes moyennes.
19:36Il y a quand même une force civique encore très puissante en France.
19:39Et on ne la voit pas parce que l'arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse.
19:42Et donc, ce qu'on essaie, c'est de montrer cette forêt qui peut pousser d'engagement civique.
19:47Objectif, amener les jeunes à s'impliquer dans leur commune,
19:51au sein des équipes municipales.
19:53Un enjeu important sur la durée.
19:55C'est le maire.
20:11Salut, Hervé.
20:13Tu vas bien ?
20:13Salut, Eric.
20:14Tu vas bien ?
20:15Oui, ça va, oui.
20:16Alors ?
20:17Tu as le changement par rapport à la semaine dernière.
20:19Ah, ben oui.
20:19Il y a un peu moins de bande.
20:20C'était gavé, aussi, chez toi ?
20:22C'était gavé, oui, c'était gavé.
20:23Beaucoup, beaucoup de monde.
20:24Eric Quérouche et Hervé Bouhéry se connaissent de longue date.
20:28Élus tous deux dans les Landes, le sénateur et le maire de Messange partagent la même passion pour l'engagement local.
20:35Mais en mars prochain, après 30 ans comme maire, Hervé Bouhéry passera la main,
20:41non sans avoir, jusqu'au bout du mandat, aménagé sa commune.
20:44Bon, alors là, tu vois, on a refait et la piste cyclable et la piste piétonne.
20:48C'est un peu l'arlésienne parce qu'elle devenait insécure.
20:52Il y avait des trous partout.
20:53Mais le problématique, c'est qu'il y avait une partie.
20:55On va un peu dessus quand même ? On regarde pour une fois ?
20:57Oui, on va regarder, oui, on va regarder, oui.
20:58C'est une route en réalité départementale, ici.
21:00Oui.
21:02Et jusqu'à la limite d'agglomération, avec les panneaux, ça devient communal.
21:07Et ça a été transféré à la communauté de communes.
21:10Oui, d'accord.
21:11Donc, problème de compétence.
21:12Voilà, c'est ça.
21:13Alors, le temps que le département et la communauté de communes trouvent un accord de participation financière, ça a pris trois ans.
21:20En 30 ans de mandat, Hervé Bouhiri a vu les procédures s'alourdir et l'État se désengager, laissant les maires seuls sur le terrain.
21:28Quand j'ai été l'humain, il y avait une rapidité de décision beaucoup plus efficiente, il y avait plus d'argent et il y avait moins d'enquiquineurs.
21:39Donc, c'est vrai que le tout fait que...
21:41Un peu moins de normes aussi.
21:42Un peu moins de normes parce que les choses se sont normées de façon catastrophique.
21:46Donc, qui dit normes dit surcoûts, etc.
21:48Donc, et lenteur, lenteur administrative qui est devenue affolante.
21:52Par exemple, la salle des sports que j'ai faite, c'était trois ans d'instruction et de réalisation.
21:57Trois ans d'instruction, réalisation.
21:59Maintenant, un gros projet de ce type, c'est plus d'un mandat.
22:03En fait, les élus ne demandent pas moins d'État, forcément.
22:07Ils demandent que l'État soit un vrai partenaire et pas quelque chose dont on a l'impression qu'il met des freins partout.
22:15Des projets de plus en plus lourds et des habitants toujours plus exigeants.
22:26Une pression permanente, surtout quand les finances ne permettent pas le moindre écart.
22:33Alors, l'église, c'est un problème qui se est tombé soudainement dessus.
22:38Donc là, elle est fermée depuis deux ans parce que la charpente est dangereuse.
22:41Donc on a fait le diagnostic et là, on en a pour 680 000 euros de travaux.
22:47Les gens qui fréquentent l'église râle, donc ils ont fait initier des pétitions et plus de séances en signature.
22:52Mais en attendant, il y a une certaine pression.
22:53Et alors là, je ne sais pas comment faire.
22:55Et quand il y a un truc comme ça qui tombe dessus, il n'y a pas de solution comme ça instantanée.
23:04Le dossier de l'église sera pour les successeurs d'Hervé Bouhiri,
23:07qui, après 30 ans de mandat, partira sans regret.
23:11C'est le plus beau des mandats parce que c'est un des rares mandats qui soit vraiment au contact du terrain.
23:25Donc on sent la respiration de notre territoire.
23:31On est en capacité d'écoute permanente.
23:34On est en capacité de trouver des solutions collectives ou individuelles.
23:38Et pour cela, c'est le plus beau des mandats.
23:41Comme disait Henri-Emmanueli, une personne avec qui j'ai eu l'honneur et la chance de travailler et que j'aimais beaucoup,
23:48il me disait, il faut être à portée de baffe.
23:51Eh bien, nous, nous sommes vraiment à portée de baffe.
23:52C'est le cas de dire.
23:54Et plus on s'éloigne des gens, et moins les gens se sentent écoutés ou entendus,
23:59et plus ils ont tendance à se radicaliser et à se renfermer sur eux-mêmes.
24:04Donc je pense que ce mandat de maire ou de conseil municipaux est un mandat essentiel pour le fonctionnement de la démocratie.
24:10Un attachement à l'action locale qui, malgré les difficultés, pousse des citoyens à s'engager.
24:17En mars prochain, ils seront encore des centaines de milliers à se présenter au suffrage des électeurs pour devenir maire ou conseiller.
24:26C'est ça, d'une certaine façon, un peu le miracle démocratique à la française.
24:31On parle de la difficulté, on parle de la défiance démocratique.
24:35Mais pour autant, il n'y a aucun pays où plus d'un million de personnes se portent candidats
24:41et où on a effectivement un peu plus de 500 000 élus locaux.
24:46Et ce vivier se reconstitue.
24:49Alors bien entendu, oui, il peut y avoir des difficultés à la marge,
24:53mais quand même considérez les ordres de grandeur.
24:56Un demi-million de personnes qui sont là pour leur territoire, pour leur commune.
25:01Le maillage local existe encore.
25:04Avec toutes les difficultés qu'on peut avoir, avec les problèmes financiers, avec les problèmes matériels,
25:09mais ce maillage, il tient encore envers et contre nous et c'est à nous de le cultiver.
25:15Sous-titrage Société Radio-Canada
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