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Le décès, le 9 février 2024, de Robert Badinter, homme politique et avocat français, a donné lieu à de nombreux hommages, dont un hommage national. Cet homme a marqué la vie politique française du XXème siècle. Il a été ministre de la Justice sous la présidence de François Mitterrand entre 1981 et 1984 et a porté la loi d’abolition de la peine de mort. Il a également été président du Conseil constitutionnel de 1986 à 1995 et sénateur de 1995 à 2011. Le 9 décembre 2024, l’Institut François Mitterrand et le groupe socialiste du Sénat organisaient au Palais du Luxembourg un colloque en hommage à cet homme d’Etat. Au programme : allocutions de Gérard Larcher, président du Sénat, Patrick Kanner, président du groupe socialiste, Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel, François Hollande, ancien président de la République, ainsi que d’Elisabeth Badinter, philosophe, historienne et veuve de Robert Badinter, et de personnes ayant collaboré avec ce dernier. Revivez cet hommage. Année de Production : 2025
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00:00Bonjour à tous et bienvenue dans cette nouvelle édition 100% Sénat.
00:14Robert Badinter est entré hier au Panthéon.
00:16La cérémonie qui s'est tenue à Paris était très émouvante.
00:2044 ans après la loi d'abolition de la peine de mort,
00:23l'ancien ministre de la Justice est entré dans le temple des grands hommes
00:26et grandes femmes honorés par la patrie.
00:28Nous continuerons de porter le combat contre la peine de mort
00:31jusqu'à l'abolition universelle, a déclaré Emmanuel Macron.
00:35Ce matin, nous vous proposons de revoir un colloque organisé au Sénat en décembre dernier
00:39et consacré à Robert Badinter, direction la salle Médicis.
00:44Monsieur le Président de l'Institut François Mitterrand,
00:50Madame et Messieurs les Premiers Ministres,
00:53Monsieur le Président du Conseil Constitutionnel,
00:57Monsieur le Président, cher Jean-Pierre Bell,
01:00et puis j'aurais salué les deux présidents de groupe actuel de l'Assemblée Nationale,
01:06Boris Vallaud, et naturellement le Président Caner,
01:09Président du Groupe Socialiste au Sénat.
01:12Saluer particulièrement Madame Elisabeth Badinter, qui est à nos côtés,
01:16et vous tous, je suis doublement heureux d'ouvrir cet hommage,
01:23plus complice, je reprends les mots du Président Glamélie,
01:27à Robert Badinter.
01:30D'abord, parce que ce moment a lieu à l'initiative de l'Institut François Mitterrand,
01:37nous connaissons tous ici les liens qui unissaient Robert Badinter à François Mitterrand.
01:43Wimermas, dont je salue la mémoire,
01:47avait l'habitude de rappeler qu'il s'était tissé dès la Convention des institutions républicaines,
01:53au milieu des années 60, ce lien si particulier.
01:57Robert Badinter fut chargé d'élaborer une charte des libertés au sein du Parti Socialiste.
02:02Il aide François Mitterrand à élaborer le programme commun,
02:07puisque ce fût les campagnes présidentielles de 1974 et 1981,
02:13où il fut de tous ses combats, avec son engagement en faveur de l'abolition de la peine de mort.
02:19Cette célèbre émission d'Antenne 2, de François Mitterrand,
02:25prit courageusement position sur ce sujet, marque alors les esprits.
02:32Il ne faut pas oublier le rôle essentiel aussi,
02:35joué par Robert Badinter lors du débat,
02:37qui opposa François Mitterrand et Valéry Giscard d'Estaing en 1980.
02:43Nous connaissons la suite, garde des Sceaux, puis président du Conseil constitutionnel.
02:51Robert Badinter marqua non seulement notre vie politique, mais notre histoire tout entière.
02:57Lors du Conseil des ministres qui suivit l'adoption,
03:01François Mitterrand, lui, remit le document original de la loi portant abolition de la peine de mort.
03:08Robert Badinter dit qu'il s'agissait là, et je cite,
03:11« D'une délicatesse d'amitié ».
03:15Les liens entre les deux hommes se cultivaient au gré de promenades,
03:19de visites, de maisons d'écrivains, de voyages,
03:22notamment en Grèce et en Égypte,
03:24mais aussi de l'amour des livres anciens.
03:27La politique telle qu'il a concevée
03:30revêtait une dimension d'un des beaux-arts.
03:34C'est ce que disait Robert Badinter, parlant de François Mitterrand.
03:37J'ai relu son magnifique discours lors de l'inauguration du quai François Mitterrand,
03:44en 2003, évoquant son amour pour ce fleuve.
03:50C'est cela la première raison qui fait que je suis heureux de vous accueillir.
03:56La seconde raison, c'est que Robert Badinter aimait profondément le Sénat.
04:02Et cette Assemblée lui rendait bien.
04:04Et bien sûr, je pense à ses collègues du groupe socialiste.
04:10Pierre Bell l'a connu comme tel, il l'a même présidé.
04:16Oui, qu'il l'accompagnait, mais aussi à d'autres collègues.
04:19Sans doute, François Mitterrand, qui fut sénateur de la Nièvre,
04:24de 1959 à 1962, avait eu l'occasion d'évoquer avec lui cette Assemblée.
04:29Mais Robert Badinter ne pouvait être indifférent au Sénat
04:32ou Victor Hugo, qui l'admirait tant, avait siégé.
04:36Son premier contact avec cette Assemblée,
04:41il le vivra en tant que garde des Sceaux,
04:44le 28 septembre 1981, il est très exactement 15 heures.
04:51En 2016, il avait souhaité remettre aux archives du Sénat
04:54l'exemplaire corrigé de sa main
04:57du discours qu'il avait prononcé 35 ans auparavant.
05:02Lors de cette cérémonie, il souligna que l'essentiel du débat
05:05pardonnez-moi, ne s'était pas déroulé à l'Assemblée nationale,
05:10qui était alors de gauche et acquise,
05:13mais bien ici au Sénat.
05:16Ce discours, qui nous a confiés en dépôt,
05:20fut l'un des moments importants de l'histoire parlementaire
05:22de la seconde moitié du XXe siècle.
05:25En cela, ce fut un moment politique,
05:30au sens le plus élevé du terme.
05:32Plusieurs sénateurs ont exprimé au cours de ce débat
05:36une véritable émotion et des sentiments personnels,
05:39presque intimes.
05:40Robert Boninter dit à l'issue de la discussion générale,
05:43je le cite,
05:45« J'ai entendu des propos qui traduisaient souvent des convictions,
05:49parfois aussi des émotions,
05:51respectables et même profondes. »
05:53Mais l'émotion réelle ne l'a pas emportée sur la réflexion
06:00et la détermination des votes.
06:03C'est la responsabilité politique qui a primé.
06:07Le rapporteur de ce projet de loi,
06:09Paul Giraud,
06:11invita après un débat et quelques échanges
06:14où il y avait autant différents,
06:20allant du groupe communique de Michel Dreyfus-Schmidt,
06:23allant à Maurice Schumann,
06:26à Marcel Rudloff.
06:28Oui,
06:29le rapporteur de ce projet de loi,
06:31après ces échanges,
06:33invita les sénateurs à se déterminer
06:35et ça n'était pas du tout prévu ainsi,
06:40après le débat en commission des lois,
06:42comme des jurés d'assises
06:43selon leur intime conviction.
06:47J'ai aussi en mémoire
06:49l'hommage que rendit Robert Boninter
06:51à Philippe Seguin
06:52après sa disparition.
06:55Il rappela que cet homme d'État
06:57avec lequel, vous savez,
06:58je me sentais en grande proximité,
07:01déposa une proposition de loi
07:02en faveur de l'abolition
07:04dès 1978.
07:08Robert Boninter
07:09devint sénateur des Hauts-de-Seine
07:11en septembre 1995.
07:14Il rejoignait le groupe socialiste,
07:16alors présidé par Claude Estier,
07:18et la commission des lois
07:19présidée par Jacques Larcher.
07:23Lors d'un débat enflammé,
07:25ce dernier, Jacques Larcher,
07:26lui avait déclaré avec humour
07:27quelques années auparavant
07:29« Ne dites pas de mal du Sénat,
07:33M. le garde des Sceaux,
07:35vous serez sénateur un jour ».
07:36Le président de la commission des lois
07:40savait combien Robert Boninter
07:41appréciait cette Assemblée.
07:44Chacune de ses interventions
07:45a été écoutée avec respect.
07:47Ses adversaires politiques
07:48reconnaissaient non seulement
07:49son immense talent oratoire,
07:52mais aussi la sincérité
07:53de ses convictions,
07:54notamment s'agissant de la justice
07:56et de la défense des libertés publiques.
08:00Robert Boninter disait
08:01« Le Sénat a ses avantages.
08:03On y est courtois.
08:04Les tensions politiques
08:06sont moins vives qu'à l'Assemblée.
08:08Le mandat est non soumis à dissolution,
08:10ce qui garantit l'indépendance
08:12de celui qui le détient. »
08:15Son indépendance,
08:17M. le président,
08:19sa hauteur de vue
08:20ravissait ses collègues,
08:22ceux de gauche,
08:24mais aussi ceux de la majorité
08:26du centre et de droite au Sénat,
08:29attentifs aux libertés
08:31qu'il prenait d'ailleurs
08:31avec la ligne du groupe socialiste.
08:34Ça n'allait pas
08:35sans faire quelques commentaires.
08:36Pierre Fauchon,
08:39je le cite,
08:41son collègue de la Commission des lois
08:42analysait alors
08:43le mécanisme de son éloquence.
08:46« J'ai découvert
08:47que le moteur de Robert Boninter
08:49était en fait la passion.
08:51On le devine à la tension de la voix,
08:54outre le développement structuré
08:56de l'argumentation,
08:57de processus de motivation utilisé
08:59et celui de l'avocat d'Assise
09:02qui s'adresse au sentiment du jury. »
09:06Avec Jocelyn Drouan,
09:09Robert Boninter
09:09fut à l'origine de notre comité
09:11de déontologie parlementaire
09:13qu'il me proposa
09:15dès mon élection à l'automne 2008.
09:19Il en fut d'ailleurs
09:19le premier président
09:21de 2009 à 2011.
09:24Il a construit l'indépendance
09:25et l'impartialité
09:26de cet organe pluraliste
09:28dans lequel tous les groupes politiques
09:30du Sénat sont représentés.
09:32Il s'attacha à dégager,
09:34je me souviens du rapport
09:35qu'il m'avait adressé,
09:36les grands principes déontologiques,
09:39indépendance,
09:40laïcité,
09:42assiduité,
09:43dignité,
09:45probité,
09:46intégrité,
09:48qui forment le socle
09:49de nos valeurs.
09:52En 2007,
09:53il fut naturellement désigné
09:54rapporteur du projet de loi constitutionnel
09:56relatif à l'interdiction
09:58de la peine de mort.
10:01L'inscription sur l'initiative
10:02du président Jacques Chirac
10:03de cette interdiction
10:05dans la constitution
10:05ferma définitivement,
10:08j'allais dire,
10:09la porte
10:09à la peine capitale.
10:12Jusqu'à son dernier souffle,
10:14Robert Bannater
10:14continua sans relâche
10:15de se battre
10:16en faveur de l'abolition universelle
10:18de la peine de mort
10:19avec la même conviction
10:21que dans l'hémicycle
10:22de notre haute assemblée.
10:24Le 9 juin 2022,
10:27nous étions ensemble
10:29au Sénat
10:29échangeant avec des élèves
10:32d'une école élémentaire
10:33de Schiltigheim
10:34à propos d'un ouvrage
10:36que Robert Bannater
10:37avait préfacé
10:38à leur intention
10:40intitulé
10:41« Abécédaire républicain »
10:44et qu'ils avaient réalisé
10:45avec leurs professeurs
10:46des écoles
10:47à la suite du drame
10:49de l'assassinat
10:50de Samuel Paty.
10:51Il rappelait
10:52dans sa préface
10:54que la laïcité
10:57c'est d'abord
10:57l'expression
10:58de notre liberté.
11:02Il ne peut y avoir
11:03ni vraie liberté
11:04ni vraie justice
11:04dans une société
11:05si l'égalité
11:07n'est pas réelle.
11:08Il disait Condorcet
11:09auquel il consacra
11:11ce merveilleux ouvrage
11:12à vos côtés
11:13chère Elisabeth Bannater.
11:16Tout au long
11:17de vos années
11:19vous avez formé
11:20avec Robert Bannater
11:21un couple fondé
11:22sur le respect.
11:24Bien sûr,
11:24chacun a suivi
11:25un chemin bien précis
11:26mais vous êtes resté
11:27unis par votre engagement
11:28et vos convictions.
11:30Comme vous,
11:30Madame,
11:31Robert Bannater
11:32défendit les valeurs
11:33de la République,
11:34ces valeurs
11:34auxquelles
11:35sa grand-mère Edith
11:36était si attachée.
11:39Merci donc
11:40à Jean Glavani
11:41et à l'Institut
11:42François Bitterrand
11:43au président Cannaire
11:44qui m'avait fait part
11:46dans les jours
11:47qui ont suivi
11:48la disparition
11:49de Robert Bannater
11:50de son intention
11:51d'organiser ce colloque
11:53qui est un colloque
11:55à la fois de mémoire
11:56mais de complicité
11:58pour dire
11:58que ce que Robert Bannater
12:00a défendu,
12:01partagé,
12:02au-delà de ses choix politiques,
12:04c'est un engagement
12:05pour la République
12:07et j'allais dire
12:08pour l'humanité
12:09tout entière.
12:10Je vous remercie.
12:11Merci M. le Président
12:13Gérard Larcher
12:14pour cet accueil
12:15chaleureux,
12:16important.
12:17Merci de nous avoir
12:17mis à disposition
12:18pour le groupe socialiste
12:21qui est chez lui
12:22entre guillemets
12:23et Jean Glavani,
12:24président de l'IFM,
12:26cette très belle salle
12:27qui est remplie
12:28avec,
12:30quand je regarde
12:31les personnalités présentes,
12:33un bout de l'histoire
12:34de notre République.
12:36Un moment important
12:37et je voudrais
12:37les saluer.
12:38Merci à vous donc.
12:40Merci au Président
12:40de la République,
12:41François Hollande,
12:42ici présent,
12:43de nous accompagner.
12:43Il s'exprimera tout à l'heure.
12:45M. le Président
12:45du Conseil constitutionnel,
12:46cher Laurent Fabius,
12:48je voudrais saluer aussi
12:49mesdames,
12:50madames et messieurs
12:51les premiers ministres,
12:52cher Edith Cresson,
12:53cher Lionel Jospin,
12:55cher Bernard Cazeneuve,
12:56M. le Président Sauvé,
12:58mes chers collègues parlementaires,
13:00ici nombreux,
13:01présents à ce stade,
13:04je n'oublie pas les ministres
13:05et les anciens ministres présents.
13:06Je voudrais avoir
13:07un mot particulier
13:08pour ma collègue,
13:09présidente de groupe,
13:11donc Maryse Carrère,
13:13je n'oublie pas,
13:13bien sûr,
13:14Boris Ballot.
13:15Nous sommes souvent ensemble
13:16avec Boris en cette période.
13:20Il doit y avoir
13:20un événement particulier
13:21qui anime
13:23la vie politique française
13:25et, bien sûr,
13:28saluer toutes les personnalités,
13:30les personnes ici présentes
13:32qui ont envie
13:33qui ont envie de témoigner
13:33par leur présence
13:34et bien une forme
13:36de reconnaissance
13:37à l'œuvre
13:38de Robert Ballinter.
13:40Chère madame
13:40Elisabeth Ballinter,
13:41merci finalement
13:42de nous avoir permis
13:43de nous retrouver
13:43ici autour de vous
13:45et autour de la mémoire
13:46de votre époux.
13:48Par profonde gratitude,
13:49madame Ballinter,
13:50parce que,
13:51effectivement,
13:52nous permettre
13:53de rendre hommage
13:53à votre époux,
13:55c'est aussi
13:55rendre hommage
13:56à notre histoire
13:57collective.
13:58Je voudrais remercier
13:59l'Institut François Mitterrand
14:00avec qui nous avons organisé
14:02et co-organisé
14:03cet événement
14:03public Sénat
14:05qui nous relaye
14:06toute l'après-midi
14:07à l'occasion
14:09d'une retransmission
14:10donc détaillée
14:11de nos travaux.
14:12La qualité des invités
14:13et des intervenants
14:14présents aujourd'hui
14:14témoignent de l'importance
14:16et de l'impact
14:17de l'œuvre
14:18de Robert Ballinter
14:19dont l'influence
14:19dépasse largement.
14:22Les frontières du temps
14:23et de l'espace
14:23sont héritages
14:24d'une portée exceptionnelle
14:26continuent de nous guider
14:27et d'inspirer
14:28les générations futures
14:29et c'est pour cela
14:29d'ailleurs
14:30mesdames et messieurs
14:30que vous pourrez
14:32garder auprès de vous
14:33ce modeste ouvrage
14:35et je remercie
14:36le président Larcher
14:37de nous avoir confié
14:38le discours original
14:39de Robert Ballinter
14:41prononcé ici au Sénat
14:42pour défendre
14:43l'abolition
14:44de la peine de mort
14:45et vous y retrouverez
14:45les éléments manuscrits
14:47personnels
14:48de monsieur Ballinter
14:49et je vous assure
14:50que c'est un élément
14:51qui méritera
14:52de rester longtemps
14:53dans vos bibliothèques
14:55après bien sûr
14:56la lecture attentive
14:57que vous opérerez
14:58en la matière
14:59il me permet
15:00de commencer
15:01ce propos
15:02en évoquant une pensée
15:03qui m'est chère
15:04celle de Pierre Moroy
15:05mon maître à penser
15:07en politique
15:07Pierre Moroy
15:08a nourrissé
15:08une admiration profonde
15:09pour Robert Ballinter
15:10ils ont siégé ensemble
15:11au Sénat
15:11dans la commission
15:12des lois en particulier
15:13Robert Ballinter
15:15avait été nommé
15:16dans le premier gouvernement
15:17Pierre Moroy
15:18par François Mitterrand
15:20et à l'occasion
15:22de la proposition
15:23de loi numéro 53
15:25la fameuse proposition
15:26la progé de loi 53
15:27il disait de Robert Ballinter
15:29Ballinter a incarné
15:31l'engagement
15:31la conviction
15:32et la justice sociale
15:33dans sa forme
15:34la plus pure
15:34son action a marqué
15:36à jamais
15:36l'histoire
15:37de la république
15:38Robert Ballinter
15:39était un homme
15:40qui avait incarné
15:41ce que l'humanité
15:42a de meilleur
15:42l'engagement
15:43la quête de justice
15:45la capacité rare
15:46à transformer
15:47les idéaux
15:47en réalité
15:48son nom
15:49est aujourd'hui
15:50effectivement
15:51vous l'avez dit
15:52le président Larcher
15:52indissociable
15:54de la cause essentielle
15:55qu'il a défendu
15:55l'abolition
15:56de la peine de mort
15:56ce combat
15:57que l'on pourrait réduire
15:58à une simple question
15:59juridique
16:00va bien au-delà
16:01il incarne la quête
16:03d'une justice
16:04plus humaine
16:04plus républicaine
16:05l'abolition
16:06de la peine capitale
16:07pour Robert Ballinter
16:07n'était pas seulement
16:09une victoire législative
16:10mais un acte symbolique
16:11qui interroge
16:12notre société
16:13sur ses fondamentaux
16:14une société
16:15qui place l'individu
16:16au cœur
16:16de ses préoccupations
16:17qui cherche
16:18la réconciliation
16:19plutôt que la vengeance
16:20qui aspire à l'émancipation
16:22plutôt qu'à la répression
16:23pour Robert Ballinter
16:24la question
16:25de la peine de mort
16:26était un miroir tendu
16:27un état juste
16:29peut-il faire
16:29de la mort
16:30un instrument de justice
16:31peut-il revendiquer
16:33la dignité
16:33de ses concitoyens
16:34tout en infligeant
16:35la mort
16:35de manière irrévocable
16:36le combat
16:38contre la peine de mort
16:38c'est donc avant tout
16:39un combat pour la dignité humaine
16:40c'est la conviction
16:42qu'une société résiliente
16:43ne peut jamais abaisser
16:44un individu
16:45au rang de simple
16:46matériel
16:47que l'on peut effacer
16:48pour Robert Ballinter
16:50la peine de mort
16:50nie l'idée même
16:51de rédemption
16:52elle efface
16:53la possibilité
16:53de transformation
16:54de changement
16:55de réinsertion
16:57dans la société
16:57dans sa vision humaniste
16:59la justice
17:00ne peut être que celle
17:01qui croit en la possibilité
17:02de réhabilitation
17:03de l'individu
17:04même après avoir commis
17:05une faute irréparable
17:06mais l'abolition
17:08de la peine de mort
17:09en 81
17:09ne fut donc pas seulement
17:10une victoire législative
17:11elle fut donc
17:12une victoire aussi morale
17:13et philosophique
17:14je n'oublie pas
17:15que ce principe
17:16de transformation
17:16de réconciliation
17:17de dignité
17:18Robert Ballinter
17:18l'a également porté au Sénat
17:20il a siégé sur nos bancs
17:22durant 16 ans
17:23au sein du groupe socialiste
17:24à partir de 1995
17:26au palais du Luxembourg
17:27et notamment
17:27à la commission des lois
17:28il a évidemment continué
17:29à défendre
17:30les valeurs humanistes
17:31qui lui étaient chères
17:32il a apporté sa voix
17:33au débat
17:33sur la justice
17:34les droits de l'homme
17:35et les libertés fondamentales
17:36fidèles à cette vision
17:38d'une société plus solidaire
17:39basée sur le principe
17:41des droits
17:41et devoirs
17:42de chacun
17:43mes chers amis
17:44en vos grades
17:47et qualités
17:48et responsabilités
17:49actuelles ou passées
17:50à travers cet hommage
17:51nous célébrons
17:53la mémoire
17:53de Robert Ballinter
17:54son héritage
17:55son combat
17:55pour une société
17:56plus humaine
17:57nous nous souvenons
17:58également que
17:59tout ce qu'il a accompli
18:00il ne l'a pas fait seul
18:02mais avec le soutien
18:03et l'énergie de toutes celles
18:04et de tous ceux
18:05qui l'ont accompagné
18:05notamment son épouse
18:07Elisabeth Ballinter
18:08ici présente
18:08qui va bientôt s'exprimer
18:09et qui nous fait l'honneur
18:11d'être parmi nous aujourd'hui
18:12cet hommage
18:13mes chers amis
18:14nous oblige
18:15qu'il nous encourage
18:16à poursuivre
18:17avec détermination
18:18sur le chemin
18:19du progrès
18:20et de l'humanisme
18:22finalement
18:23de l'empathie
18:23de la bienveillance
18:25de l'altérité
18:26des messages forts
18:27que par son action
18:28Robert Ballinter
18:29a incarné
18:30toute sa vie
18:30je vous remercie
18:32Monsieur le Président
18:34de la République
18:35Madame et Messieurs
18:37les premiers ministres
18:38Monsieur le Président
18:39du Conseil Constitutionnel
18:40Mesdames et Messieurs
18:42chère Madame
18:43Elisabeth Ballinter
18:44vouloir parler
18:47de Robert Ballinter
18:48est une entreprise
18:49téméraire
18:50parce que son oeuvre
18:52depuis son inscription
18:53au barreau
18:54jusqu'à son rôle
18:56ultime
18:56de sage
18:57de la République
18:58a été considérable
18:59et multiforme
18:59il a marqué
19:01d'une empreinte
19:02profonde
19:03chacune de ses fonctions
19:05et chacun
19:05de ses combats
19:06dont certains
19:07se sont conclus
19:08victorieusement
19:09et d'autres
19:10ne cessent pas
19:11de se poursuivre
19:13le récit
19:14de cette oeuvre
19:14commence à peine
19:16et semble déjà
19:17hors de portée
19:18et puis
19:20il y a au regard
19:21de cette oeuvre
19:22l'homme
19:22d'une grande pudeur
19:24et d'une extrême discrétion
19:25qui ne se livrait pas
19:27et que ses compagnons
19:28de travail ont appris
19:29à connaître
19:30en cheminant
19:31à ses côtés
19:31dans les succès
19:33comme dans l'adversité
19:34mais toujours
19:35dans l'engagement
19:36et la ferveur
19:37l'oeuvre
19:39et l'homme
19:40voilà ce dont
19:41je voudrais témoigner
19:41tenter d'énuérer
19:43ce qu'a fait Robert
19:44Balinter
19:44serait
19:45je l'ai suggéré
19:46réducteur
19:47et vain
19:48du moins
19:49peut-on esquisser
19:50ce qu'ont été
19:51plusieurs signes
19:52distinctifs
19:53et peut-être
19:54le sens
19:55de son oeuvre
19:56ce que beaucoup
19:57de ses compagnons
19:58ont perçu
19:59et ressenti
19:59en cheminant
20:01et travaillant
20:02à ses côtés
20:02c'est d'abord
20:03l'unité de la pensée
20:04et de l'action
20:05Robert Balinter
20:06a certes été
20:07notamment comme ministre
20:09engagé dans une action
20:10collective
20:11et il n'a jamais manqué
20:13au devoir
20:13de solidarité
20:14gouvernementale
20:15ni non plus
20:17à l'amitié
20:18qui le liait
20:18à François Mitterrand
20:19mais ce qui domine
20:21chez lui
20:21c'est l'enracinement
20:23de son action
20:24dans une pensée
20:25qui s'est forgée
20:26au creuset
20:27de son histoire
20:28personnelle
20:28et familiale
20:29et s'est nourrie
20:30de ses études
20:31et de sa pratique
20:32professionnelle
20:33cette pensée
20:34n'est jamais restée
20:35abstraite
20:36spéculative
20:37ou désincarnée
20:38comme ses nombreux
20:39combats le démontrent
20:41Robert Balinter
20:42a été un intellectuel
20:44en action
20:44un homme de pensée
20:46qui n'a jamais voulu
20:48cesser d'agir
20:49sa pensée
20:51qu'il faut se garder
20:53de trop réduire
20:54ou simplifier
20:54doit beaucoup
20:55à l'humanisme
20:56du 18ème siècle
20:57et à la philosophie
20:58des lumières
20:58qui s'épanouirent
21:00dans des ouvrages
21:01comme le traité
21:02de Beccaria
21:02toujours source
21:04de méditation
21:05profitable
21:06ou l'oeuvre
21:07de l'assemblée
21:08constituante
21:09et d'abord
21:10la déclaration
21:11des droits
21:11de l'homme
21:12et du citoyen
21:12Robert Balinter
21:14a été pleinement
21:15dans l'ordre politique
21:17le contemporain
21:18de François Furet
21:20dans celui
21:20de l'histoire
21:21des idées
21:22il a ce faisant
21:23incarné
21:24le meilleur
21:25de l'esprit
21:26français
21:27qui n'est pas
21:28identitaire
21:28mais universel
21:29il a au milieu
21:31de l'inconstance
21:32des opinions
21:33et des positions
21:34défendues
21:35avec continuité
21:37et clarté
21:37des positions
21:39puisantes
21:40aux sources vives
21:41qui placent
21:42la personne humaine
21:43sa dignité
21:44et ses droits
21:45fondamentaux
21:46au coeur
21:47de notre
21:47construction politique
21:49il a été
21:50par sa parole
21:51et son action
21:52une conscience
21:53de la république
21:54cela
21:55chacun
21:56juriste
21:57ou non
21:58ami
21:58ou adversaire
22:00en a pris
22:00depuis longtemps
22:01conscience
22:02j'entends encore
22:04le directeur
22:04du cabinet
22:05d'un ministre
22:06me dire
22:07en 1982
22:08avec un brin
22:10de condescendance
22:12à moins que ce ne fût
22:13de la commisération
22:14mais Robert
22:16Valinter
22:16n'est même
22:17pas marxiste
22:18sous-entendu
22:21que peut-il
22:23donc
22:23comprendre
22:24et faire
22:25en politique
22:26sans nier
22:28l'apport
22:29analytique
22:30du matérialisme
22:31dialectique
22:32je me réjouis
22:34qu'il ne l'ait
22:34point été
22:35ce que nous
22:36devons aussi
22:37retenir
22:38c'est le déploiement
22:40dans la durée
22:41d'une action
22:41qui frappe
22:42par sa cohérence
22:43sans illusion
22:45sur les dérives
22:46du positivisme
22:47juridique
22:48Robert Valinter
22:49n'a pas cessé
22:50de croire
22:50dans la force
22:51du droit
22:52et de la loi
22:53pour changer
22:54le cours
22:55des choses
22:55et rendre
22:56le monde
22:57meilleur
22:58avec le recul
23:00du temps
23:00cette cohérence
23:01apparaît
23:01de manière
23:02saisissante
23:03sur la question
23:03pénale
23:04de l'abolition
23:05de la peine
23:06de mort
23:07à la réforme
23:08de la condition
23:09et de l'architecture
23:10pénitentiaire
23:12en passant
23:13par la refonte
23:14du code pénal
23:15c'est la même
23:16pensée
23:17qui se déploie
23:18sur la personne
23:19humaine
23:20et sur le sens
23:21et la finalité
23:22de la peine
23:22qui doit avoir
23:24une fonction
23:24de rétribution
23:25mais aussi
23:27de préparation
23:28à la réinsertion
23:30les mêmes observations
23:32peuvent être faites
23:33sur la transformation
23:33du procès pénal
23:35où l'on est passé
23:36par étape
23:37de l'audience
23:37préalable
23:38au placement
23:39en détention
23:40provisoire
23:40au juge
23:42de la liberté
23:43des libertés
23:44de la détention
23:45finalement
23:46créée
23:47en 2000
23:48c'est la loi Guigou
23:49les combats
23:50menés
23:52par Robert
23:52Badinter
23:53ont reposé
23:54sur une alliance
23:54unique
23:55de la conscience
23:56et de la raison
23:57de la conviction
23:58et de la pédagogie
24:00de la pensée
24:01et des actes
24:02cette action
24:03a été aussi marquée
24:04du sceau
24:05de la volonté
24:06du courage
24:07d'une forme
24:08d'inflexibilité
24:09aussi
24:09j'ai la nuque
24:10raide
24:11disait-il
24:12quand les choses
24:12allaient mal
24:13et qu'il était prié
24:14de lâcher du lest
24:15il aurait pu
24:17et on l'a vu
24:18notamment
24:18pour la peine de mort
24:20où il a refusé
24:20de créer
24:21une perpétuité
24:23perpétuelle
24:24une forme de peine
24:25de remplacement
24:25il aurait pu rentrer
24:27dans le rang
24:27ou baisser pavillon
24:28sur la peine de mort
24:30comme sur bien
24:31d'autres sujets
24:31il s'y est refusé
24:33avec constance
24:34dans les fonctions
24:35qu'il a exercées
24:36il a pratiqué
24:37incarner
24:38une forme
24:39d'éthique
24:40de la responsabilité
24:41dans laquelle
24:42les convictions
24:43ne sont pas reléguées
24:44au second plan
24:44voire sacrifiées
24:47aux fins légitimes
24:48poursuivies
24:49son éthique
24:50de la responsabilité
24:51n'a donc pas été
24:52une éthique
24:52de la soumission
24:53au possible
24:54comme trop
24:55de décideurs
24:56s'en satisfont
24:58là réside
24:59la différence
25:00qu'il incarne
25:01est la source
25:02de la nostalgie
25:03que son oeuvre
25:05inspire
25:05à beaucoup
25:06de nos contemporains
25:07qui donc
25:08était-il
25:09pour mener
25:09à bien
25:10tout ce qu'il a fait
25:11Robert Malinter
25:12n'aimait pas
25:12parler de lui
25:13et moins encore
25:14des siens
25:15il n'a commencé
25:16à parler
25:17de sa famille
25:17avec délicatesse
25:19que très tard
25:19en 2018
25:20dans son livre
25:21Idis
25:22qui évoque
25:22la figure
25:23de sa grand-mère
25:24il a fallu
25:25que je lui apprenne
25:26le 4 février
25:271983
25:29l'arrestation
25:30de Barbie
25:31et les motifs
25:32de son mandat
25:33d'arrêt
25:34international
25:34pour découvrir
25:36un pan
25:37caché
25:38et majeur
25:39de sa vie
25:39car le chef
25:41de la Gestapo
25:41de Lyon
25:42était poursuivi
25:43notamment
25:44pour avoir
25:45arrêté
25:46et déporté
25:4740 ans plus tôt
25:48dans un groupe
25:49Simon Badinter
25:51son père
25:51dont il n'avait
25:53jamais parlé
25:54lui-même
25:55est décédé
25:57le 9 février
25:58le jour
26:00anniversaire
26:01de cette
26:01arrestation
26:02l'adolescent
26:04de Lyon
26:04devenu garde
26:05des Sceaux
26:06allait donc
26:07exercer
26:07l'action publique
26:08à l'égard
26:09du bourreau
26:10de son père
26:10il l'a fait
26:11avec attention
26:12et scrupule
26:13sans aucune
26:14interférence
26:15personnelle
26:16et dans le plein
26:17respect
26:17des prérogatives
26:18du parquet
26:19si Robert Badinter
26:21était par ailleurs
26:23avec ses
26:23compagnons de travail
26:24sans familiarité
26:25et s'il ne pratiquait
26:27le tutoiement
26:28qu'avec parcimonie
26:29il n'y avait pas
26:30avec lui
26:31de distance
26:32ou de hiérarchie
26:33inutile
26:34seul comptait
26:35à ses yeux
26:36la qualité
26:37de la réflexion
26:38et les mérites
26:38personnels
26:39ses attentes
26:40et ses exigences
26:41n'effaçaient pas
26:42une bienveillance
26:43et un humour
26:45qui toujours affleurait
26:46on a même
26:47je dois l'avouer
26:48beaucoup ri
26:49au ministère
26:50de la justice
26:51dans les années 80
26:52surtout
26:53dans l'adversité
26:54le ministre
26:55suscitait l'adhésion
26:56par la force
26:57de ses convictions
26:58et sa disponibilité
26:59pour l'échange
27:00et le débat
27:00à son équipe
27:02il a toujours proposé
27:03des chemins escarpés
27:04d'une réflexion
27:05exigeante
27:06et d'une charge
27:07de travail
27:08redoutable
27:09il respectait
27:10les personnes
27:11en sachant
27:12les questionner
27:12et les écouter
27:13ce qui était
27:14à la fois utile
27:15à la réflexion
27:16et gratifiant
27:18pour chacun
27:18son ardeur
27:19au travail
27:20qui a été constante
27:21et sa rigueur
27:22intellectuelle
27:22et morale
27:23en imposait
27:24à tous
27:24partout
27:25où il est passé
27:26il a donné
27:27à ses compagnons
27:28de travail
27:28le sentiment
27:29et même
27:29la joie
27:30de participer
27:31à une oeuvre
27:32historique
27:33il avait aussi
27:34une culture
27:34et un talent
27:35qui a impressionné
27:35sans intimider
27:36et par-dessus tout
27:38un corpus
27:38de convictions
27:39qui en imposait
27:40tous l'admiraient
27:42pour sa constance
27:43et sa fermeté
27:44en particulier
27:45dans les talents
27:46et des difficultés
27:47au long de sa vie
27:48Robert Badinter
27:49a été bien plus
27:50qu'un homme
27:51de talent
27:51et de conviction
27:52ce qu'il était
27:53il a été un homme
27:55de justice
27:55et de raison
27:56et un modèle
27:57de cohérence
27:58et d'intégrité
27:59tout en s'attachant
28:01à faire progresser
28:02l'état de droit
28:03et la justice
28:04il a aussi tenu
28:06à transmettre
28:07et partager
28:08son savoir
28:09ses réflexions
28:10et ses interrogations
28:11devant les publics
28:13les plus variés
28:14y compris
28:15à l'école pratique
28:16des hautes études
28:17l'échange critique
28:18a toujours été
28:19sous-jacent
28:21ou concomitant
28:22à ses engagements
28:23dans chacune
28:24de ses activités
28:25en marge
28:26ou au cœur
28:27de celles-ci
28:28il a cherché
28:29à enseigner
28:30au sens propre
28:31comme au sens figuré
28:33il est encore
28:34un point
28:35qui nous a marqué
28:36c'est l'inlassable
28:38ouverture d'esprit
28:39et la curiosité
28:41intellectuelle
28:41exigeante
28:42qui ont été
28:43les siennes
28:44sur les sujets
28:45auxquels
28:45il a consacré
28:46son existence
28:47comme sur bien
28:48des questions
28:49dépourvues
28:49de rapports
28:50directs
28:50avec eux
28:51toujours
28:52il était
28:53en éveil
28:54il ne cessait
28:55pas
28:56de réfléchir
28:57d'interroger
28:58d'écouter
28:59et de relancer
29:00rien ne le définit
29:02mieux
29:02à mes yeux
29:04que ce vers
29:04de Terrence
29:05je suis un homme
29:07et rien
29:08de ce qui est
29:09humain
29:10ne m'est étranger
29:11Robert Badinter
29:12est resté
29:13un guetteur
29:14sans repos
29:15de la condition
29:16humaine
29:17jusqu'au terme
29:18de sa vie
29:19c'est pour cela
29:20aussi
29:21que nous l'aimions
29:22chère Elisabeth
29:26chers amis
29:29mesdames
29:30et messieurs
29:30j'ai été
29:33l'ami
29:34et l'ami
29:35proche
29:35de Robert Badinter
29:37pendant 49 ans
29:39on m'a demandé
29:44comme
29:44à d'autres
29:45un témoignage
29:46j'ai essayé
29:48de ne pas
29:49redoubler
29:51par rapport
29:53à ce qui a été dit
29:53ou ce qui sera dit
29:54et d'apporter
29:56peut-être
29:57quelques éléments
29:58là où
30:00l'amitié personnelle
30:02a recoupé
30:03la vie publique
30:04c'est par
30:09Robert Badinter
30:10que j'ai rencontré
30:11François Mitterrand
30:12c'était en 1975
30:15et Robert avait été
30:17chargé par
30:18François Mitterrand
30:20de réunir
30:21un comité
30:23pour rédiger
30:25une charte des libertés
30:27ça s'appelle
30:28Liberté Liberté
30:29le livre n'a pas eu
30:31le succès
30:32du prix Goncourt
30:32mais
30:34voilà
30:35il y avait
30:36un petit comité
30:37de rédaction
30:38très sélect
30:39au sein duquel
30:42il y avait
30:43Michel Serres
30:44Régis Debré
30:46et quelques autres
30:47personnages
30:48et
30:49il cherchait
30:51les uns
30:52et les autres
30:52selon la formule
30:54bien connue
30:56un agrégé
30:57sachant écrire
30:58et il se trouve
31:00que moi
31:00j'étais un militant
31:01de base
31:03et en même temps
31:05auditeur
31:06au conseil d'état
31:07et voilà
31:09que par
31:10je ne sais quel hasard
31:12mais probablement
31:13orienté
31:13Robert prend contact
31:16avec moi
31:16et me demande
31:17si je veux
31:17rejoindre leur petit
31:19groupe de rédaction
31:20évidemment
31:21je suis très flashé
31:22j'accepte
31:24et nous voilà
31:25partis pour
31:26plusieurs week-ends
31:27en particulier
31:28chez Elisabeth
31:30et Robert
31:30où on a un peu
31:32travaillé sur le livre
31:33et beaucoup
31:35discuté
31:36rugby
31:37voyage
31:37et autres éléments
31:39et nous sommes
31:40tous devenus
31:41amis
31:42et vient le moment
31:44où il faut remettre
31:45le livre
31:46à François Mitterrand
31:47à l'époque
31:48le siège du parti
31:49socialiste
31:50était
31:50place du palais
31:52Bourbon
31:52on montait
31:53par
31:54j'allais dire
31:56un ascenseur
31:57non
31:57un monte-charge
31:58nous arrivons
32:00dans le sein des saints
32:01nous nous asseyons
32:03autour de la table
32:03moi-même
32:04j'étais très impressionné
32:05et la séance
32:08dure
32:08quelques minutes
32:09il fallait que
32:12François Mitterrand
32:13rédige une préface
32:14je l'ai relu
32:15il prend quelques distances
32:17d'ailleurs
32:17avec le livre
32:18et les choses
32:20ne se passent pas mal
32:21et le lendemain
32:22je reçois un coup de téléphone
32:23de la secrétaire
32:24de François Mitterrand
32:25qui me demande
32:25de passer voir
32:26le président
32:27et d'être président
32:28de rien du tout
32:28mais on l'appelait président
32:29et c'est la première conversation
32:33que j'ai eue
32:33avec Mitterrand
32:34évidemment très séduisant
32:38très convaincant
32:39et qui termine son propos
32:43en disant
32:44je m'en souviendrai
32:45toute ma vie
32:46voulez-vous être
32:47mon directeur de cabinet
32:48silence
32:50je dois vous préciser
32:52que je n'ai pas de cabinet
32:53c'était déjà
32:56la subtilité
32:58et la puissance
32:59de la synthèse
33:00mitterrandienne
33:01alors j'accepte
33:01et quelques épisodes
33:05plus tard
33:06nous retrouvons
33:08avec Robert
33:08le chemin de l'amitié
33:10avait été emprunté
33:11pour préparer
33:13et dans une place
33:14extrêmement modeste
33:15la campagne
33:16de 1981
33:17à l'époque
33:20nous nous réunissions
33:21fréquemment
33:21cette fois chez moi
33:22et nous préparions
33:24ce qu'on appelle
33:26aujourd'hui
33:26des punchlines
33:27pour les débats
33:30et pour
33:31les meetings
33:33et nous étions
33:34extrêmement fiers
33:35lorsque François Mitterrand
33:36lorsque
33:37Robert parlait
33:40du Mitterrand
33:41Mitterrand n'étant pas là
33:42il l'appelait toujours
33:43le chef
33:44et donc
33:46nous étions
33:47très fiers
33:48lorsque le chef
33:49reprenait
33:50tel ou tel
33:50de nos formules
33:52ce n'est pas nous
33:54qui avons été
33:54déterminants
33:55mais voilà
33:57le succès arrive
33:59et
34:00moi-même
34:02j'entre au gouvernement
34:02Robert un petit peu plus tard
34:03parce que le premier
34:04garde des Sceaux
34:05a été Maurice Faure
34:07et c'est seulement
34:08quelques semaines plus tard
34:09que Maurice Faure
34:11un peu
34:11lassé
34:12de la charge de travail
34:13que représentait
34:14le ministère
34:15de la justice
34:16c'est Robert
34:18qui
34:18prend les commandes
34:20et qui
34:21bâtit une oeuvre
34:22que les uns et les autres
34:23vous avez rappelé
34:25et que nous avons
34:25en mémoire
34:26d'où le fait
34:28évidemment
34:28déterminant
34:30et l'abolition
34:31de la peine de mort
34:31mais qui comporte
34:33beaucoup
34:33beaucoup
34:34beaucoup
34:34d'autres aspects
34:35comme l'a fort bien dit
34:37Jean-Marc
34:38ce qui fait que
34:39Robert a été pas simplement
34:41le ministre de la justice
34:42mais le ministre du droit
34:43alors on dit
34:45le premier
34:46banataire
34:47et il le disait
34:48lui-même
34:48je ne sais pas
34:49s'il le croyait
34:50il n'avait pas
34:50de sens politique
34:51pop pop pop
34:52François Vittan
34:56était convaincu
34:57en ce qui concerne
34:58la nécessité
35:00de l'abolition
35:00de la peine de mort
35:01mais je puis témoigner
35:02que la raison
35:04pour laquelle
35:05cette réforme
35:08puissante
35:08a été
35:10mise à l'ordre du jour
35:12très rapidement
35:13on le doit
35:14très largement
35:15à Robert Ballater
35:16à partir
35:17d'un argument
35:18extrêmement puissant
35:20et politique
35:21qui était le suivant
35:22que j'ai vécu
35:23à ses côtés
35:24les cours d'assises
35:27elles vont continuer
35:28à se réunir
35:30et elles vont
35:31prononcer
35:32des peines de mort
35:33et elles avaient commencé
35:34à prononcer
35:35des peines de mort
35:36et si le président
35:37de la république
35:38qui disposait
35:39du droit de grâce
35:39ne voulait pas
35:40être placé
35:41dans une situation
35:42intenable
35:43il fallait
35:44que cette réforme
35:47puissante
35:47intervienne
35:49extrêmement vite
35:50et c'est ce qui a été fait
35:51avec une leçon
35:53à tirer
35:54beaucoup plus large
35:55que partageait
35:56absolument Robert
35:57et même
35:58qu'il professait
35:58les réformes
36:00les plus importantes
36:01doivent être déterminées
36:02et adoptées
36:03tout de suite
36:04après
36:04ça devient
36:05beaucoup plus difficile
36:06alors voilà
36:08son ministère
36:11l'oeuvre
36:14très puissante
36:15qu'il accomplit
36:15dans tous les domaines
36:16bien évidemment
36:18l'abolition
36:20mais
36:20la dépénalisation
36:22de l'homosexualité
36:23mais
36:23des mesures
36:24en faveur des victimes
36:25mais
36:26toute une série
36:27de réformes juridiques
36:28dans tout autre domaine
36:30du droit
36:30le droit de la faillite
36:31etc.
36:34et puis
36:35arrive
36:36l'approche
36:38de l'élection
36:39et
36:41on sait
36:43que
36:44nous ne pourrons pas
36:45l'emporter
36:46même si
36:47le score
36:47fut
36:48important
36:49et
36:51Robert
36:53sur la demande
36:54de François Mitterrand
36:55accepte
36:57d'aller
36:58au conseil constitutionnel
36:59il y avait un président
37:02du conseil constitutionnel
37:02qui était Daniel Maillère
37:03et Daniel Maillère
37:05d'une façon
37:06très élégante
37:07qui ne nous surprend pas
37:08s'agissant de lui
37:09cède la place
37:11ce qui n'empêche pas
37:13une polémique
37:14c'est peut-être
37:16la seule notation
37:18un peu différente
37:19que j'apporterai
37:21par rapport
37:21aux orateurs précédents
37:23en permanence
37:25Robert Badinter
37:26a été combattu
37:27et combattu
37:28salement
37:28pendant
37:30qu'il était
37:31au ministère
37:32de la justice
37:33vous avez encore
37:35en mémoire
37:36pour les plus
37:36anciens
37:37d'entre vous
37:38Badinter
37:40assassin
37:41Badinter
37:42à Moscou
37:42et lorsqu'il est
37:44nommé
37:46président
37:47du conseil constitutionnel
37:49par François Mitterrand
37:51l'une des phrases
37:54qu'il reprend
37:56dans un de ses livres
37:57de la part
37:58d'un haut dignitaire
37:59politique
38:01vous allez
38:02à peine le croire
38:04c'est
38:05la nomination
38:07de Robert Badinter
38:09à la présidence
38:10du conseil constitutionnel
38:12signifie
38:13l'abaissement
38:14de la France
38:15fin de citation
38:17c'est pourquoi
38:20avec le recul
38:21maintenant que
38:24avant d'être
38:25physiquement
38:26panthéonisé
38:27Robert est déjà
38:28panthéonisé
38:29dans nos esprits
38:30et pas seulement
38:31les nôtres
38:32dans l'esprit
38:32des français
38:33et bien au-delà
38:33je pense qu'il faut
38:35sans cesse
38:35avoir
38:36gardé en mémoire
38:38que
38:39ce combat
38:41a été
38:42en permanence
38:43un combat
38:43avec une opinion
38:45largement hostile
38:46il s'en l'expliquait
38:47lui-même
38:47Michel Perrault
38:49l'a dit
38:50à propos
38:50de la prison
38:51mais
38:52c'est la même chose
38:53à propos
38:54de l'abolition
38:55de la peine de mort
38:56et j'en ai souvent
38:57parlé avec Robert
38:58il y avait
38:59probablement
39:00derrière tout cela
39:02un fond d'antisémitisme
39:03mais au-delà
39:04il y avait le fait
39:06que
39:06par définition
39:07si l'on était
39:08pour l'abolition
39:09de la peine de mort
39:10c'est qu'on était
39:11laxiste
39:11et franchissons
39:13un degré
39:14c'est qu'on était
39:15qu'en plaisant
39:16à l'égard
39:18des assassins
39:18et franchissons
39:19encore un degré
39:20c'est qu'on était
39:21probablement complice
39:22et c'est tout ça
39:24qui explique
39:25que pendant
39:26ces années
39:27ça n'a pas été
39:28vraiment
39:30du tout
39:30du tout
39:31du tout
39:31un chemin de rose
39:33alors voilà
39:34Robert
39:35président du conseil
39:36constitutionnel
39:37il a marqué
39:39il a marqué
39:40profondément
39:41cette institution
39:43au point que
39:45juste après son décès
39:47nous avons décidé
39:48tous
39:49tous les membres
39:50le collège
39:51de donner son nom
39:53à la seule salle
39:54d'audience
39:54dont nous disposions
39:56alors
39:58les décisions principales
40:00elles sont
40:01entrées
40:02dans la culture
40:05du droit
40:05une décision
40:08qui est parfois
40:09contestée
40:10mais qui est fondamentale
40:12à propos du peuple
40:13corse
40:14oui
40:15l'unité de la république
40:18voilà
40:19l'unité de la république
40:20il y a un peuple français
40:21alors il y a
40:22des singularités corse
40:23mais voilà
40:24le peuple corse
40:25non
40:26ça c'est contraire
40:27à la constitution
40:27et puis
40:29la définition
40:30du droit
40:30de l'asile
40:31comme un principe
40:32fondamental
40:33et puis
40:34l'affirmation
40:35de la dignité
40:36de la personne humaine
40:36ce sont des éléments
40:38qui vraiment sont
40:39consubstantiels
40:40à ce qu'a apporté
40:41le conseil constitutionnel
40:42dans cette période
40:44avec
40:45une déception
40:46qui est due
40:48je ne voudrais pas
40:49être indélicat
40:50à la maison
40:51où nous siégeons
40:52Robert
40:55avait
40:56avec d'autres
40:57mais au premier chef
40:58une idée
41:00de ce qu'il s'appelait
41:01à l'époque
41:01l'exception
41:02d'inconstitutionnalité
41:04et qu'on appelle
41:04aujourd'hui
41:05la question prioritaire
41:06de constitutionnalité
41:07la possibilité
41:08pour tout citoyen
41:09tout justiciable
41:10devant n'importe quel tribunal
41:11de lever la main
41:12lorsqu'on veut lui appliquer
41:13telle ou telle loi
41:14et de lui dire
41:15Madame la Présidente
41:15Monsieur le Président
41:16vous voulez m'appliquer
41:17telle ou telle loi
41:18et moi je pense
41:19que cette loi
41:19est contraire
41:20à la constitution
41:21c'est donc
41:21l'ouverture du pétroir
41:23et un droit nouveau
41:24et Robert
41:26a milité
41:27très activement
41:28pour que
41:29dès
41:30la fin
41:31des années 80
41:31cette réforme
41:33très puissante
41:34qui fut aujourd'hui
41:34l'essentiel
41:35de l'activité
41:35du conseil
41:36puisse s'être adoptée
41:37et bien voilà
41:37que par deux fois
41:38le Sénat
41:40n'a pas
41:42pensé
41:43qu'on pouvait
41:44l'adopter
41:45et donc
41:45ce sera simplement
41:46en 2008
41:47c'est-à-dire
41:48beaucoup d'années plus tard
41:49que cette réforme
41:51a pu être adoptée
41:52il demeure que
41:54Robert a marqué
41:56non seulement le conseil
41:57mais le droit
41:58d'une façon
41:59extraordinairement puissante
42:01et c'est la raison
42:02pour laquelle
42:03lorsque moi-même
42:04j'ai eu l'honneur
42:05d'accéder
42:06à la présidence
42:07de cette institution
42:08le premier visiteur
42:11que j'ai tenu
42:12à recevoir
42:12avec une mention
42:13officielle
42:14dans l'agenda
42:15du conseil
42:16constitutionnel
42:17c'est Robert
42:18Ballater
42:18parce que je voulais
42:19même si c'est
42:20modestement
42:20montrer
42:22qu'il y avait
42:22une filiation
42:24dans l'esprit
42:26qui nous animait
42:27et Robert
42:28m'a rappelé
42:29à cette occasion
42:29il m'a dit
42:31deux choses
42:31d'une part
42:31tu devrais changer
42:32l'endroit
42:33de ton bureau
42:34parce que le bureau
42:35était au fond
42:36de la pièce
42:37et il m'a dit
42:37mets-le près
42:37de la lumière
42:38tu verras
42:38le matin
42:39la lumière est belle
42:40et puis
42:42il m'a dit
42:43moi
42:43quand j'étais
42:44à ta place
42:45j'avais un petit carton
42:46sur mon bureau
42:47où il y avait marqué
42:49et ceci est essentiel
42:52mais malheureusement
42:53souvent mal compris
42:54toute loi
42:57inconstitutionnelle
42:58est mauvaise
42:59mais toute loi
43:01mauvaise
43:01n'est pas nécessairement
43:02inconstitutionnelle
43:04et c'est parce que
43:07nous ne sommes pas
43:09suffisamment
43:10actifs
43:11ou convaincants
43:12pour faire partager
43:14cette sagesse
43:16et cette définition
43:17de notre rôle
43:18à l'ensemble
43:19de la population
43:20que parfois
43:21m'a-t-il semblé
43:22telle ou telle critique
43:23célèbre
43:23avant que
43:25quelques mois plus tard
43:26elle
43:27s'estompe
43:29je termine
43:31en disant
43:32que ce qui m'a
43:32frappé
43:33puisque nous
43:34nous voyons
43:34à peu près
43:35chaque mois
43:35avec Robert
43:36plus il avançait
43:37en âge
43:38c'est le lien
43:39qu'il établissait
43:40en permanence
43:41entre le national
43:44et l'international
43:45non seulement
43:46parce que c'était
43:46un européen
43:47très convaincu
43:48mais parce que
43:50il sentait
43:52et pas seulement
43:52comprenait
43:53qu'il n'y a pas
43:54d'approche
43:56efficace
43:57et intelligente
43:58dans le monde
43:59nouveau dans lequel
44:00nous sommes
44:00de la situation nationale
44:02s'il n'y a pas
44:03une prise en compte
44:04de la dimension internationale
44:06et c'est pourquoi
44:07l'un de ses derniers ouvrages
44:09est consacré
44:10à un sujet
44:13malheureusement
44:14aussi actuel
44:16que le délicieux
44:19Vladimir Poutine
44:20avant de dire
44:22mon dernier mot
44:23un conseil
44:25Robert n'a pas eu
44:27beaucoup de regrets
44:28dans sa vie
44:28puisqu'il a eu
44:29mille vies
44:30mais il regrettait
44:32et il me l'a dit
44:34dans une de nos
44:35dernières conversations
44:36de ne pas avoir
44:39pu plus souvent
44:40faire jouer
44:41ses pièces de théâtre
44:42alors je vous conseille
44:44de lire par exemple
44:46une pièce
44:48que je trouve
44:49magnifique
44:50et très instructive
44:51qui s'appelle
44:52Cellule 107
44:54vous connaissez le thème
44:55c'est
44:56un jour avant
44:59l'exécution
45:01de Laval
45:02et c'est une conversation
45:04a-t-elle existé
45:05je ne sais pas
45:06entre Laval
45:07et Bousquet
45:07et l'analyse
45:11que fait
45:12Robert
45:13l'auteur
45:14de la période
45:16et des deux
45:16personnalités
45:17nous en apprend
45:20plus
45:20sur l'âme humaine
45:22que beaucoup
45:23beaucoup
45:23de long discours
45:24cher Elisabeth
45:26Balater
45:26mesdames
45:28messieurs
45:28chers amis
45:29je voudrais remercier
45:30à mon tour
45:31l'institut François Mitterrand
45:33et le groupe socialiste
45:35du Sénat
45:35parce que voyant
45:37ici
45:38toutes les personnalités
45:40qui sont présentes
45:41il faut que nous nous
45:43convainquions
45:43s'il en était besoin
45:44que nous sommes
45:46les produits
45:47d'une grande force
45:48et d'une grande histoire
45:50je le dis
45:51aux plus jeunes
45:51parce que parfois
45:52ils pourraient
45:53l'oublier
45:54nous ne venons
45:56jamais de nulle part
45:57nous sommes
45:58toujours
45:58le produit
45:59des générations
46:00qui nous ont précédé
46:01qui ont agi
46:02et
46:04si le socialisme
46:06a toujours
46:06rassemblé
46:07des personnalités
46:08diverses
46:10Balater
46:10n'était pas
46:11forcément
46:12le socialiste
46:14le plus enragé
46:15mais il était
46:17une figure
46:17socialiste
46:18et il donnait
46:20un sens
46:20à ce combat
46:21pour la justice
46:23et si
46:24nous sommes
46:25aujourd'hui
46:26réunis
46:27dans un moment
46:27un peu particulier
46:28il faut quand même
46:29bien l'avouer
46:30c'est aussi
46:32pour nous convaincre
46:33qu'il y a
46:34aussi
46:35une capacité
46:36pour ce mouvement
46:38là
46:38pour cette force
46:40là
46:40pour cette idée
46:42là
46:42de peser
46:43sur le destin
46:44de notre pays
46:46pour aujourd'hui
46:47s'il était nécessaire
46:49pour demain
46:50sûrement
46:51et que ce que nous avons
46:53en héritage
46:55n'est pas un fardeau
46:56que nous portons
46:57ou une nostalgie
46:58que nous évoquons
46:59ou des souvenirs
47:00que nous avons
47:01en partage
47:02ce que nous avons
47:04reçu
47:05de celles et ceux
47:06qui ont gouverné
47:07la France
47:08de celles et ceux
47:09qui ont participé
47:10à l'alternance
47:12de celles et ceux
47:13qui ont voulu
47:14qu'il y ait
47:15un changement
47:16nous devons
47:17être à la hauteur
47:18c'est ça
47:19le message
47:20et autour
47:22de la figure
47:23de Robert
47:23Banater
47:24reviennent
47:25forcément
47:25des souvenirs
47:27et des évocations
47:28et ici
47:29beaucoup
47:29les ont rappelés
47:30comment
47:32il a été possible
47:33avec François Mitterrand
47:35quelques personnes
47:37autour
47:37de lui
47:38de produire
47:39l'alternance
47:41de faire en sorte
47:42qu'après
47:42avec un grand parti
47:44il soit possible
47:45de donner
47:46une perspective
47:47à notre pays
47:48et Robert Banater
47:50il aurait pu être
47:52une personnalité
47:53à part
47:53il aurait pu être
47:55le grand avocat
47:56qui avait
47:57à la fois
47:58de grandes causes
47:59et aussi
48:00des affaires
48:01qui devaient être menées
48:03de rester
48:04lui-même
48:06spectateur
48:07de ce qui se produisait
48:09or il ne l'a jamais été
48:10il a même été candidat
48:12plusieurs fois
48:13malheureux
48:14aux élections législatives
48:16pour la FGDS
48:18les plus jeunes
48:19mais ils ne sont pas
48:20si nombreux ici
48:20mais les plus anciens
48:22sauront de quoi
48:23il s'agit
48:24oui parce que
48:25l'élection
48:26ça fait partie aussi
48:27du combat politique
48:29il aurait pu donc
48:30faire
48:32son travail
48:33d'avocat
48:34donner
48:34sa signature
48:36pour des livres
48:37ou pour
48:37des causes
48:38non
48:39il s'est engagé
48:40il s'est engagé
48:42avec François Mitterrand
48:43il s'est engagé
48:44dans le parti socialiste
48:46il s'est engagé
48:47dans les campagnes
48:48électorales
48:49y compris
48:50présidentielles
48:51pour
48:51devenir
48:52pour devenir
48:53quoi
48:53savait-il
48:55lui-même
48:55ce que
48:56serait le
48:57destin
48:58qui lui serait
48:59réservé
48:59par François Mitterrand
49:00la preuve
49:02c'est que
49:03en mai
49:041980
49:05François Mitterrand
49:06ne l'avait pas
49:06choisi
49:07comme ministre
49:08de la justice
49:08c'était
49:10Maurice Fort
49:10les plus
49:12subtils
49:13seront convaincus
49:15que François Mitterrand
49:16savait que
49:16Maurice Fort
49:17ne durerait pas
49:18un mois
49:18la légende
49:20veut que
49:21même
49:21prenant le train
49:23pour
49:24le lot
49:25il faisait
49:26en sorte
49:27de prévenir
49:27les chefs
49:28de gare
49:28de surtout
49:30ne pas l'alerter
49:31s'il était appelé
49:32par le président
49:33de la république
49:33pour siéger
49:34dans le gouvernement
49:35il y en a très peu
49:36qui font ce calcul là
49:38et qui demandent
49:39aux chefs de gare
49:40de ne pas les alerter
49:41donc
49:42Robert Banater
49:44se trouve
49:44être ministre
49:45de la justice
49:46et c'est là
49:47que son combat
49:49non pas change
49:50d'âme
49:50mais change
49:52de dimension
49:53il y retiendra
49:55sans doute
49:55ce qui fait
49:57l'histoire
49:58que
49:59c'est
50:00Robert Banater
50:01qui a
50:01avec le parlement
50:03ne l'oublions pas
50:04aboli la peine
50:05de mort
50:05c'était le combat
50:07sûrement
50:08de sa vie
50:09de sa vie
50:10d'avocat
50:10il me souvient
50:12en fait
50:13qu'étant présent
50:14à Troyes
50:14lorsqu'il y a eu
50:16le procès
50:16Patrick Henry
50:17sa plaidoirie
50:19était encore
50:20dans tous les esprits
50:21c'était le combat
50:23de sa vie
50:24d'avocat
50:25ce fut
50:26son combat
50:27de ministre
50:27ce fut son combat
50:28de président
50:30du conseil
50:31constitutionnel
50:31et son combat
50:33de parlementaires
50:35pas simplement
50:36d'ailleurs
50:36à l'échelle nationale
50:37mais aussi
50:38à l'échelle internationale
50:40il s'est battu
50:41pour qu'il y ait
50:42l'abolition
50:43de la peine de mort
50:44partout
50:44dans le monde
50:45il y a encore
50:46beaucoup à faire
50:47mais si
50:49l'histoire
50:51et la mémoire
50:51collective
50:52retiendront
50:53que Robert Banater
50:54c'est l'abolition
50:55de la peine de mort
50:56ce serait finalement
50:57pardon de le dire
51:00une dimension
51:01insuffisante
51:02non pas que
51:03ce combat là
51:03ne justifie pas
51:04une vie
51:05mais il fut
51:06ce qu'on appelle
51:07un grand républicain
51:09sans doute
51:10est-ce
51:11le panthéon
51:12qui s'ouvre
51:13aujourd'hui
51:14mais être
51:14un grand républicain
51:15qu'est-ce que ça signifie
51:17aujourd'hui ?
51:19un grand républicain
51:20c'est d'abord
51:21une femme
51:22ou un homme
51:23qui défend la liberté
51:24qui considère
51:26que la république
51:27ça a été
51:28l'affirmation
51:29des libertés
51:30des libertés
51:31publiques
51:32comme des libertés
51:33privées
51:33et c'est ce qu'il a
51:35voulu marquer
51:37à travers
51:38d'abord
51:39les choix
51:39qui ont été
51:40les siens
51:40qui n'étaient pas
51:41les plus évidents
51:42après l'élection
51:43de François Mitterrand
51:44d'abolir
51:45les tribunaux
51:46d'exception
51:46la cour de sûreté
51:47de l'état
51:47et tant d'autres
51:49dérogations
51:50à notre droit
51:51fondamental
51:52la liberté
51:53c'était aussi
51:54de vouloir
51:55ça a été rappelé
51:56que les citoyens
51:57puissent accéder
51:58à des instances
52:00de juridiction
52:02qui pouvaient
52:04ne pas être
52:05forcément
52:05à la portée
52:07de tous
52:07la cour européenne
52:08des droits
52:09de l'homme
52:09le conseil constitutionnel
52:11par la question
52:12prioritaire
52:13un grand républicain
52:15c'est aussi
52:16une femme
52:17un homme
52:17qui défend
52:18l'égalité
52:18la dépénalisation
52:21de l'homosexualité
52:22dans les années 80
52:24était un choix
52:25extrêmement courageux
52:27et l'égalité
52:29c'était aussi
52:30de faire
52:30qu'il puisse y avoir
52:31pour les droits
52:32des plus faibles
52:34et des plus fragiles
52:35la reconnaissance
52:36de leur dignité
52:37être un grand républicain
52:39c'est vouloir
52:39la dignité
52:40et pour Robert
52:42Banater
52:42la dignité
52:43c'était la condition
52:44carcérale
52:45Michel Perrault
52:47y est revenu
52:48faire qu'il puisse
52:49y avoir
52:50dans nos prisons
52:51non pas simplement
52:52l'obligation
52:54la peine
52:55et d'une certaine façon
52:57la punition
52:58mais qu'il puisse y avoir
52:59le respect
53:00de l'individu
53:01mais il a voulu aussi
53:03parce qu'être un grand républicain
53:05c'est de se préoccuper
53:06des victimes
53:07c'est la première fois
53:08dans l'histoire
53:09de la république
53:09qu'il y ait eu
53:10une législation
53:11sur les victimes
53:12et puis être un grand républicain
53:16c'est de lutter
53:17contre le racisme
53:18et contre l'antisémitisme
53:19et si je garde
53:22des souvenirs
53:22moi aussi
53:22de conversations
53:24avec Robert Banater
53:25c'est sur ce sujet là
53:27il était
53:28imprégné
53:31de ce qu'avait été
53:32le combat
53:32à propos
53:35de l'affaire Dreyfus
53:36il était fier
53:38d'habiter
53:38chère Elisabeth
53:40dans un immeuble
53:41où Léon Blum
53:44avait pu être
53:45à un moment résident
53:46Léon Blum
53:48a eu plusieurs maisons
53:49donc c'était facile
53:51de dire qu'on habitait
53:52forcément dans la maison
53:53de Léon Blum
53:54quand on était à Paris
53:54ou à Narbonne
53:56mais il se trouve
53:58que Léon Blum
53:59était présent
54:00dans cet immeuble
54:01lorsque il a appris
54:03que Dreyfus
54:05était finalement
54:07innocent
54:07il le savait
54:08mais était enfin
54:09reconnu comme tel
54:12et pour Robert Banater
54:14ce combat là
54:15contre le racisme
54:16et l'antisémitisme
54:17il était d'une actualité
54:18on le sait aujourd'hui
54:20d'une actualité
54:21brûlante
54:22et toute sa vie
54:25il n'a cessé
54:26de nous mettre en garde
54:27de nous dire
54:28que l'antisémitisme
54:29qui était rampant
54:30qui était sûrement
54:32présent dans un certain
54:33nombre de groupes
54:34pouvait se répandre
54:36dans la société
54:37tout entière
54:37ce message là
54:39dans les circonstances
54:40que nous connaissons
54:41n'a hélas
54:42rien perdu
54:43de sa force
54:44et de son actualité
54:45je veux terminer
54:47sur ce qu'est
54:49aussi
54:49un grand républicain
54:51c'est celui
54:52ou celle
54:53qui fait confiance
54:54au droit
54:55qui veut le droit
54:56qui aime le droit
54:58et qui considère
54:59qu'une société
55:00ne progresse
55:01que par le droit
55:02ce qui d'ailleurs
55:04l'a conduit
55:05à faire cette réforme
55:06du code pénal
55:07et il aurait voulu
55:08faire aussi
55:10la grande réforme
55:11du code du travail
55:12on aurait dû
55:14le mettre en garde
55:14c'est un sujet
55:16dangereux
55:17le code du travail
55:18et donc
55:19imprudemment
55:21sans doute
55:21le premier ministre
55:24de l'époque
55:24Manuel Valls
55:25avait confié
55:26à Robert Bannater
55:27et avec
55:29quelques conseillers
55:30qui l'accompagnaient
55:31ici présents
55:31de réfléchir
55:33sur ce que pouvait être
55:34une grande réforme
55:35du code du travail
55:36vous savez
55:37celle qui simplifie
55:38celle qui allège
55:39celle qui donne
55:41de grands principes
55:42et ce travail là
55:43a été mené
55:44par Robert Bannater
55:46a-t-il été traduit
55:47comme il convenait
55:48je laisse aux historiens
55:50dans un prochain colloque
55:51qui sera consacré
55:52à je ne sais qui
55:53de faire en sorte
55:55de donner la lumière
55:57sur ce sujet
55:58il est toujours
55:59lui-même présent
56:00comme président de la république
56:03j'ai eu plusieurs occasions
56:05de voir
56:06et d'entendre
56:07surtout Robert Bannater
56:08il avait plusieurs requêtes
56:11toujours allant dans le sens
56:13du droit
56:13de la liberté
56:15de la lutte
56:16contre
56:17le racisme
56:19et l'antisémitisme
56:19aussi
56:20il m'appuyait
56:21sur
56:22les choix
56:24que j'avais à faire
56:24en politique étrangère
56:25notamment
56:26par rapport
56:26à la situation
56:27en Ukraine
56:28et en Syrie
56:29Syrie
56:31dont on vient de voir
56:32qu'il y a eu
56:35le renversement
56:37du régime
56:37quand en 2013
56:39il eût été possible
56:40de le renverser
56:42si
56:42Barack Obama
56:44nous avait suivis
56:45et frappés
56:46ce qui veut dire
56:47qu'il y a des interventions
56:48qu'il ne faut pas faire
56:50parce qu'elles peuvent avoir
56:52des conséquences graves
56:53on sait ce qui s'est produit
56:54en Irak
56:55et il y a des interventions
56:57qu'il faut faire
56:58malgré toute la réticence
57:02que nous avons
57:02à utiliser la force
57:04quand nous défendons le droit
57:06mais il faut parfois
57:08utiliser la force
57:09si on veut
57:09que le droit l'emporte
57:11et donc
57:13dans les conversations
57:15que nous avions
57:16il me parlait
57:17de la figure
57:18de Léon Blum
57:18qu'il aurait voulu voir
57:19entrer au Panthéon
57:21et
57:23de ce que
57:24Jaurès
57:25pouvait apprendre
57:26encore
57:26aux dirigeants
57:28du monde
57:28mais
57:30il se trouve
57:30qu'il parlait
57:32aussi
57:32de sa vie
57:33et de sa vie
57:34personnelle
57:35et
57:36sans qu'il m'en ait
57:38confié
57:38l'existence
57:40et la réalité
57:41il se trouve
57:42qu'à la fin
57:43de mon mandat
57:43j'ai fait
57:44un déplacement
57:44à Chambéry
57:45à Chambéry
57:47où
57:48Robert Bannater
57:49avait
57:50si je puis dire
57:51séjourné
57:52avait été
57:52accueilli
57:53et protégé
57:54en 1943
57:55alors même
57:56que son père
57:57était déporté
57:58je vais donc
57:59visiter la maison
58:00Jean-Jacques Rousseau
58:01à Chambéry
58:02Charmette
58:05et
58:06à Chambéry
58:07on me donne
58:08le livre
58:09je n'ose pas dire
58:11le livre d'or
58:11mais là où
58:12les jeunes gens
58:14qui viennent visiter
58:15le site
58:16posent leur signature
58:17et en 1943
58:19le lycéen
58:21Robert Bannater
58:21a
58:22voulu
58:24figurer
58:24sur le livre
58:25à la mémoire
58:27de Jean-Jacques Rousseau
58:27au risque même
58:28d'être
58:30signalé
58:31identifié
58:31et déporté
58:32Laurent Fabius
58:34disait
58:34le courage
58:34oui
58:35c'est finalement
58:37peut-être la leçon
58:38qu'il faut tirer
58:39des talents
58:40il y en a beaucoup
58:40des compétences
58:42il y en a plein
58:43du courage
58:44des courageux
58:45c'est peut-être
58:47ce qui fait défaut
58:48mais avec Robert Bannater
58:50si je puis dire
58:51nous avons eu le plein
58:52Voilà pour ce colloque
58:55consacré à Robert Bannater
58:57et qui était organisé
58:58au Sénat
58:59en décembre dernier
59:00c'est la fin de cette édition
59:02merci à vous de l'avoir suivi
59:03n'hésitez pas
59:04à lire les décryptages
59:05et à voir les replays
59:06et sur publicsénat.fr
59:07très belle suite
59:08des programmes
59:09sur notre antenne
59:14Sous-titrage Société Radio-Canada
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