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  • il y a 1 jour
Mercredi 8 octobre 2025, retrouvez Jonathan Caye (Cofondateur, Ilenatech), Alexis Muñoz (fondateur, Huiles d'olive 18:1), Arnaud de la Taille (PDG et cofondateur, AssoConnect) et Romain Deurbergue (Directeur général, Candia) dans SMART IMPACT, une émission présentée par Thomas Hugues.

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Transcription
00:00Bonjour, bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans Smart Impact, l'émission de celles et ceux qui font de la transformation environnementale et sociétale un axe majeur de leur stratégie.
00:17Et voici le sommaire, c'est Romain Derberg, le directeur général de Candia, qui sera l'invité du grand entretien tout à l'heure.
00:2326 minutes pour répondre à la question prêt pour l'impact, alors que son groupe annonce 200 millions d'investissements pour améliorer son empreinte environnementale.
00:33Auparavant, je reçois Alexis Munoz, qui est le président de Première Matière, fondateur de la marque d'huile d'olive 18.1.
00:39Il nous expliquera sa démarche de durabilité et puis on verra aussi que la France ne produit que 3% de l'huile d'olive qu'elle consomme.
00:47Le zoom de notre émission, il sera consacré aux difficultés financières des associations, les subventions publiques baissent et certaines déductions fiscales sont menacées par le projet de budget.
00:59Et puis dans notre rubrique qui est consacrée aux startups, je vous présenterai Iléna Tech qui veut repenser la signalétique pour les personnes à mobilité réduite.
01:08Voilà pour les titres, c'est l'heure de Smart Impact. Tout de suite.
01:11L'invité de ce Smart Impact, c'est Alexis Munoz. Bonjour. Bienvenue.
01:23Vous êtes le président de Première Matière, fondateur de la marque d'huile d'olive 18.1, enfin 18.2.1 d'ailleurs.
01:29Il est un peu surprenant ce nom. Qu'est-ce qu'il veut dire ?
01:32Oui, on vient d'en parler en effet. 18.2.1, c'est un nom que nous avons souhaité donner,
01:37inspiré de la formule simplifiée de l'acide oléique, un des principaux acides gras libres de huile d'olive.
01:43J'ai, pour la petite anecdote, passé beaucoup de temps à chercher mon nom comme tout créateur d'entreprise.
01:48Je les ai trouvés tous aussi nuls les uns que les autres.
01:50Et puis je suis tombé sur une analyse physico-chimique de mes huiles d'olive un jour, par hasard.
01:55J'ai trouvé ça sympa. Donnez conscience.
01:56Et c'est un nom qui intrigue en plus, donc ça fonctionne plutôt bien.
01:59Il y a des enfants qui arrivent de piloter des avions, de venir, je n'en sais rien,
02:05joueurs de tennis professionnels, pompiers, et vous, vous vouliez faire pousser des arbres.
02:09C'est une vocation très, très précoce, en quelque sorte.
02:14C'est en tout cas une passion que j'ai nourrie.
02:16Une vocation, on va dire, on va appeler ça comme ça.
02:19C'est une passion que j'ai nourrie, un peu comme une pelote, vous savez, que l'on déroule.
02:25C'est au gré des rencontres, c'est au gré de nos âges, de l'évolution de la vie.
02:29Mais j'ai toujours été fasciné par le produit de l'huile d'olive, par sa couleur, son onctuosité, sa texture.
02:35J'aime beaucoup cet arbre, comme beaucoup de gens, évidemment,
02:38mais qui traverse un petit peu les siècles, malgré les maladies, malgré les tremblements des terres, malgré les guerres.
02:44J'aime beaucoup la simplicité de son produit, son jus, l'huile d'olive,
02:49qui finalement peut être accessible au plus grand nombre quand on voit les pays producteurs,
02:55autant des gens d'un niveau social très bas, comme des gens dans les grandes villes, peuvent y avoir accès.
03:01La France, j'ai été surpris par ce chiffre, la France ne produit que 3% de l'huile d'olive qu'elle consomme.
03:08Déjà, ce constat, comment vous l'expliquez ?
03:12C'est une très bonne année, elle produit 3%.
03:14Une très bonne année, oui, c'est ça.
03:17D'abord, dans un premier temps, l'huile d'olive est un produit qui a un capital de sympathie fort,
03:21donc en France, on en consomme de plus en plus.
03:24Je me rappelle avoir vu des chiffres moyens en France,
03:27et c'était 3-4 litres il y a encore 10 ans par personne et par an.
03:30Je crois qu'on est aux alentours de 7, donc on voit bien que la consommation augmente.
03:34Ensuite, après la Seconde Guerre mondiale, il y a eu le fameux grand remembrement,
03:39dans lequel on décide, à juste titre, de planter de la légumineuse, de la céréale,
03:43pour alimenter les familles, il fallait bien faire manger les enfants et les autres,
03:47du vignoble parce qu'on considérait que pour travailler,
03:50les travailleurs de la reconstruction avaient besoin de leurs petits litrons.
03:54Et donc, sans exagérer, on a quand même beaucoup recentré sur de la grande culture,
03:57qui représente une grande partie de l'agriculture française, le vignoble,
04:01en délaissant pas mal l'élevage traditionnel, le maraîchage et l'arboriculture.
04:07Donc l'olivier a, en plus d'un gène en 1956,
04:09le peu qu'il y avait a quasiment été décimé.
04:14Et aujourd'hui, il n'existe que par quelques petits châteaux ici et là,
04:16quelques petites productions de Provence,
04:18qui subsistent et qui vendent plutôt de l'olotorisme que de l'huile d'olivier.
04:22Mais est-ce qu'on peut inverser la tense,
04:24ou en tout cas rééquilibrer, en quelque sorte ?
04:28Je sais que vous oeuvrez à ça, à redynamiser cette filière olicole.
04:33On peut tout imaginer.
04:35On peut tout refaire, pas que dans l'olivier.
04:36C'est une question d'abord, en effet, d'entrepreneuriat, d'entreprise,
04:39peut-être aussi d'avoir une vision, une stratégie.
04:42Donc c'est ce que nous faisons, vous avez raison,
04:44sur Nectar, oléiculture régénératrice.
04:47C'est un programme, c'est ça, qui s'appelle Nectar ?
04:49C'est une entreprise qui porte un programme,
04:51avec des objectifs, telle une entreprise,
04:53qui, si je devais synthétiser un petit peu,
04:56doit lier l'entrepreneuriat, l'économie, l'écologie et le sociétal.
05:01Comment est-ce que je fais une agriculture durable,
05:04vertueuse, ancrée dans le vivant ?
05:06Comment je peux créer de l'excellence en huile d'olive ?
05:09Et comment je peux la rendre accessible au plus grand nombre ?
05:11C'est-à-dire que, si nous considérons qu'aujourd'hui,
05:15un Français gagne en moyenne, je crois, 1800 ou 1900 euros,
05:18me semble-t-il, est-ce qu'il a aujourd'hui la possibilité
05:21d'acheter une huile d'olive à 40-45 euros le litre dans une épicerie fine ?
05:24Et donc aujourd'hui, il achète de l'huile d'olive dans les supermarchés,
05:27qui est origine UE, non UE,
05:29donc je vous laisse imaginer ce qu'il y a dans les bouteilles.
05:31Donc nous avons véritablement cette ambition-là,
05:35et ça demande évidemment des moyens,
05:39des moyens financiers, des sols propices,
05:42une stratégie, des compétences,
05:45et nous sommes en train de remettre tout ça autour de la table
05:47pour pouvoir mener à bien notre projet.
05:49Et alors, est-ce qu'on est déjà dans le concret ?
05:52C'est-à-dire, est-ce qu'il y a déjà des oliviers
05:55qui ont été plantés sur quel type de sol ?
05:59Voilà, quel choix vous faites, en quelque sorte ?
06:00Le choix géographique qui a été fait est autour de Carcassonne,
06:05pour des questions pédoclimatiques.
06:07Je me suis basé sur le travail de chercheur,
06:09notamment des agro-météorologues,
06:12un chercheur de Pôle Sabati à Toulouse aussi,
06:14qui m'a donné pas mal de fils à retordre,
06:16et de travail qu'il avait fait sur l'aspect climatique,
06:19avec une projection sur 50 et 100 ans.
06:21Et on voyait bien que l'oléiculture a toujours été très bien en France
06:24autour du bassin méditerranéen.
06:26La limite de la culture de l'olivier se trouvait entre Narbonne et Carcassonne,
06:31donc on dira Lésignan, le Minervois.
06:33Et avec la projection future climatique,
06:36on se sent très à l'aise de remonter vers Toulouse,
06:39sans arriver à la Garonne.
06:40Mais en tout cas, ce bassin-là est propice.
06:42Donc nous avons choisi cet endroit pour le faire.
06:45Et nous avons déjà, depuis 2023, planté deux plantations,
06:50deux fois 100 hectares bruts d'oliviers.
06:53Ça suppose trouver des terrains,
06:55souvent des friches ou des gens qui partent à la retraite.
06:58Ça tombe bien, malheureusement, il y en a beaucoup en France.
07:02Ensuite, travailler l'itinéraire technique,
07:04qui chez nous est quand même assez établi.
07:05Et ensuite, créer nos olivraies sur un mode régénératif.
07:09Ça veut dire que nous déployons une biodiversité très importante
07:12autour de nos oliviers.
07:13Alors justement, je veux bien qu'on rentre un peu dans le détail,
07:15si on parle d'agriculture régénérative ou d'agroécologie.
07:20Concrètement, pour votre métier, producteur d'oliviers,
07:23ça change quoi ?
07:24Ça change tout.
07:26Nous sommes en train de créer quelque chose qui existait avant nous.
07:30Donc, je suis un tout petit créateur.
07:32Je n'ai fait que remettre en place des choses qui ont été cassées.
07:34Simplement, nous avons cassé des chaînes de prédation, par exemple.
07:38Un des ravageurs de l'olivier, c'est la mouche de l'olivier.
07:41C'est la mouche de l'olive, comme il y en a une dans le raisin,
07:44comme il y en a une dans les pêches, et ainsi de suite.
07:46Vous avez trois façons de traiter.
07:48La chimique, on ne va pas y rentrer dedans.
07:51La biologique, avec de l'argile blanche, du caolin.
07:54Vous blanchissez l'arbre pour leurrer la mouche.
07:56Ou la nature.
07:58Nous avons opté pour la troisième.
07:59Donc, nous essayons de remettre des oiseaux, des chauves-souris.
08:02On remet tout ce qu'il faut pour que le vivant, par exemple, les oiseaux, 60% des oiseaux ont disparu en 30 ans,
08:09pour que le vivant se réapproprie nos agricultures à nous.
08:13OK.
08:13Là aussi, on essaie de être le plus concret possible.
08:16C'est-à-dire planter des arbres, des haies autour de vos oliviers, c'est ça ?
08:20Oui, c'est ça.
08:21C'est planter des haies diversifiées.
08:23Donc, vous allez recréer des buissons faits d'aiglantiers, d'amandiers sauvages, de jeunets, de muriers, ainsi de suite,
08:31qui sont des lieux de non-prédation des oiseaux, et des corridors de passage.
08:36Nous allons travailler sur des couverts végétaux, qui sont des couverts médifères très souvent,
08:41qui permettent de développer la circulation des pollens.
08:44Nous allons créer des mares, des mares qui sont des havres de diversité,
08:47dans lesquels un ensemble des animaux se prédatent, vivent entre eux.
08:52Et nous allons recréer pas mal de nichoirs en travaillant sur la probabilité.
08:57Prenons un exemple de la première ferme, Baudrigues, le domaine de Baudrigues, qui est une partie de Carcassonne.
09:01Nous avons mis 450 nichoirs, fabriqués dans une ESAT juste à côté.
09:06Probablement que seuls 10% seront pris par les oiseaux,
09:10mais c'est parce qu'on en remet beaucoup qu'on se donne la chance de revoir des oiseaux dans nos fermes.
09:14Et qu'est-ce que ça change sur la qualité des sols ?
09:17Tout ce que vous nous décrivez ?
09:18Là aussi tout.
09:20Vous avez d'un côté une agriculture qu'on vient de développer pendant 40-50 ans,
09:26qui a minéralisé nos sols et tué toute possibilité de vie inférieure, de ce que vous voyez.
09:32On voit bien d'ailleurs que si on ne met pas d'engrais, de stimulants racinaires et autres, il n'y a rien qui pousse.
09:37Et nous, nous travaillons sur un sol vivant.
09:40Donc un sol vivant, c'est un sol qui est fait de racines qui nécrosent dans des couverts végétaux
09:44et qui amandent le sol naturellement et qui apportent de l'eau, puisque les racines sont faites d'eau à 90%.
09:50C'est des vers de terre et des coléoptères et autres bactéries qui sont, comme nous les êtres humains,
09:55faites à plus de 70% d'eau, qui aussi s'autoprédatent, meurent, donc réamandent le sol, donc réhumidité fait le sol.
10:00Donc ça change tout, c'est que nous avons un sol dynamique, un sol qui reçoit probablement n'importe quelle culture
10:07et peut la faire vivre à terme, seul.
10:10Est-ce que ça veut dire forcément que vous produisez une huile d'olive haut de gamme, plus chère ?
10:18Alors, oui, c'est une très bonne question. Non.
10:21Souvent, on a choisi le bio. Dans l'ère moderne, nous avons considéré que faire du bio, c'était valoriser sa production de 50 centimes en plus.
10:29Ça a créé beaucoup de désillusions, on l'a vu, ces dernières années, même si là, c'est en train de repartir un petit peu.
10:35Nous, nous ne le faisons pas du tout comme ça. C'est une hygiène de vie, c'est un état d'esprit, c'est une vision.
10:39Je peux vous dire, par exemple, qu'à terme, ce qui n'est pas le cas de suite, j'engage beaucoup de travail mécanique,
10:45j'engage beaucoup de travail manuel, mais à terme, peut-être que ma ligne d'entrants,
10:49parce que j'utilise quand même quelques intrants, des matières organiques, des affiantes de poule,
10:53je vais utiliser des oligo-éléments, on va utiliser des soutiens foliaires, naturels,
11:01mais peut-être qu'à terme, notre agriculture sera moins dépensière, moins consommatrice qu'une traditionnelle.
11:07Donc, on le fait sur un modèle, notre modèle économique, il est basé plutôt sur une quantité d'oliviers
11:12qui va nous permettre de justifier un investissement industriel pertinent, moderne et puissant,
11:18qui va nous permettre de sortir une huile d'olive à un prix qui, a priori,
11:23devra pouvoir répondre à un maximum des consommateurs français.
11:25Ce modèle d'agriculture, parce qu'on est en plein dans ce débat,
11:29il y a eu la loi Duplon qui a été votée à l'Assemblée et au Sénat il y a quelques mois,
11:37vous dites que le modèle que vous portez, c'est le modèle d'avenir, j'ai bien compris,
11:40même si c'est refaire ce qui existait avant, sauf que vous êtes un peu minoritaire, encore aujourd'hui,
11:46même s'il y a beaucoup d'agriculteurs qui voudraient bien faire autrement, ils ne peuvent pas faire autrement.
11:50Nous sommes terriblement minoritaires, je vous dirais que des projets comme cela en France,
11:54il n'y en a pas beaucoup, j'en ai deux ou trois en tête quand même, heureusement,
11:57mais de toute façon, le temps, je ne cherche pas à avoir raison,
12:01parce que la question n'est plus une question de raison, c'est une question simplement de subsistance,
12:05c'est une question de génération future, c'est une question de souveraineté alimentaire.
12:10Et vous voyez bien, ces dernières années, que tout s'est un peu emballé, tout s'est un peu accéléré,
12:16y compris les scientifiques ont été un peu malmenés dans leurs prévisions.
12:20Et donc, de toute façon, quand vous voyez des vagues de chaleur,
12:23ou des grandes sessions de vent, ou des grandes sessions d'eau, de pluie,
12:27on vient de le voir encore à Valence, en Espagne,
12:30vous êtes obligés d'avoir des sols vivants pour pouvoir faire face justement à tout ça.
12:33Donc, je crois qu'on est au bon endroit, au bon moment,
12:36et ce que je cherche à faire au-delà de le réaliser, c'est de le partager, de le transmettre.
12:40Donc, partager, c'est par exemple, faire des événements citoyens, des plaintes tâtelons,
12:45qui nous permettent par exemple de planter et de diversifier avec des citoyens.
12:49C'est des interventions dans les écoles agriculture, à Toulouse par exemple, ou à Montpellier,
12:53ce qui nous permet aussi de véhiculer une autre vision, un autre espoir,
12:58que ce que les parents ne peuvent donner à leurs étudiants, à leurs élèves étudiants,
13:03et ensuite transmettre.
13:04Donc, l'enjeu pour moi et pour nous, c'est de pouvoir aussi mettre en place une équipe
13:09qui, vertueuse, va pouvoir perdurer, durer et transmettre tout ce que l'on est en train de créer aujourd'hui.
13:15Merci beaucoup Alexis Munoz et à bientôt sur BeSmart4Change.
13:19On passe au Zoom de l'émission.
13:21On va parler des difficultés financières des associations.
13:28Le Zoom de ce Smart Impact consacré à la situation financière des associations.
13:37Je reçois Arnaud de La Taille, bonjour.
13:38Bonjour Thomas.
13:39Bienvenue, vous êtes le président, le cofondateur d'AssoConnect.
13:42Vous avez créé il y a une dizaine d'années, 2014.
13:45Pour être précis, on va beaucoup parler des baisses de subventions,
13:48mais aussi d'un rapport qui avait été publié au début de l'été à Bercy,
13:53qui va peut-être trouver une concrétisation avec le budget,
13:59avec des réductions d'impôts suite aux dons qui sont pour certaines en suspens.
14:02Mais d'abord, je voudrais bien connaître un peu mieux AssoConnect.
14:06Vous l'avez créé en 2014.
14:08Comment est née l'idée ?
14:10Effectivement, AssoConnect, c'est une société qu'on a créée,
14:12Sylvain, Pierre et moi, il y a 11 ans maintenant, début 2014,
14:16pour aider les associations à passer moins de temps sur tous les sujets de gestion,
14:20collecte de paiement, compta, etc.
14:22et se concentrer sur le cœur de leur métier, leur projet.
14:25Et le projet, c'est donc un logiciel qui va permettre de simplifier tout ça.
14:30On travaille avec 40 000 associations dans tous les domaines,
14:33toutes tailles, du petit club de loisirs à des gros clubs de sport,
14:38médico-social, fondations, etc.
14:40Ce besoin de numérisation, de digitalisation des associations,
14:44c'était intuitif ?
14:47Il y a une histoire particulière qui fait que vous en avez pris conscience ?
14:50Il y a une histoire des trois cofondateurs.
14:52On était tous les trois dans la tech, plutôt volet logiciel,
14:57et tous les trois en association ou très impliqués en association,
15:00que ce soit des associations d'accompagnement d'enfants autistes,
15:03club de sport, protection civile.
15:05Et à chaque fois, on voyait à quel point c'était un bazar, la gestion.
15:11Beaucoup de choses gèrent avec des bouts de ficelle.
15:14Ça prenait un temps fou, des chèques, des tableaux Excel, etc.
15:17Et on s'est dit que ce n'était pas possible, il fallait simplifier, digitaliser, tout ça.
15:20Donc, c'est venu d'une expérience personnelle.
15:22Et puis, petit à petit, ça s'est structuré.
15:24Votre modèle économique, c'est quoi ?
15:25Le modèle économique, il est simple.
15:26Il y a un volet gratuit pour les associations qui va permettre de collecter des paiements.
15:32Et puis, un volet payant pour l'utilisation du logiciel pour les associations qu'ils choisissent.
15:37Par exemple, si une association a des besoins de comptabilité,
15:40gestion des membres, un site Internet pour envoyer des e-mails,
15:44là, il va se créer un abonnement mensuel ou annuel qui commence à 19 euros par mois.
15:49D'une certaine façon, vous participez, et le besoin est réel,
15:53on parle souvent de l'économie sociale et solidaire ici, à une professionnalisation.
15:57Ah, exactement.
15:58Alors, on participe à la professionnalisation du secteur,
16:01mais ça, c'était un mot, il y a 10 ans, qui était complètement tabou.
16:03Limite gros mot, quoi.
16:05Complètement.
16:05Si on disait, on va aider les assos à se professionnaliser,
16:08ce n'est pas du tout l'objectif.
16:10L'objectif, c'est d'avoir un impact, ce n'est pas d'être une entreprise.
16:14Et donc, il y avait vraiment une dichotomie.
16:15Aujourd'hui, ce n'est plus du tout le cas.
16:17Il y a beaucoup d'eau qui a coulé sous les ponts.
16:18On a peut-être un peu aussi contribué à évangéliser,
16:20mais les assos ont vraiment envie de se structurer.
16:24Elles en ont besoin aussi, on va parler de financement,
16:26parce que les financeurs sont de plus en plus exigeants,
16:29les membres également, les donateurs, tout le monde.
16:32Et il y a un énorme besoin de professionnalisation.
16:34Alors ça, c'est plutôt une bonne nouvelle, d'ailleurs.
16:36Cette exigence, parce qu'il y a eu quelques scandales,
16:39on ne va pas y revenir dans le passé,
16:40mais c'est normal qu'on demande à une association,
16:45d'une certaine façon, de rendre des comptes.
16:46Je le crois, oui.
16:47Ce qui est normal, c'est que l'association rende des comptes
16:51à toutes les personnes qui l'entourent.
16:54Encore une fois, donateurs, bénévoles, adhérents.
16:57Ce qui est moins normal, c'est qu'on lui demande de faire de la paperasse.
17:00Et là, quand il y a des administratifs, on est assez fort pour ça.
17:02C'est là que vous venez au secours.
17:03Et les assos, là où on vient au secours,
17:06mais il y a des moments où on ne peut pas les sauver,
17:07lorsque c'est de la paperasse administrative
17:08qui mènent de l'État à énormément de lourdeur administrative.
17:13Oui, effectivement, qui freinent l'efficacité,
17:17d'une certaine façon, de ces associations.
17:19Sur leur situation financière,
17:20on va parler de ce rapport pondu à Bercy au début de l'été.
17:25Mais d'abord, si vous devez faire un constat,
17:28parce que vous êtes un peu au cœur du réacteur,
17:30il y a effectivement une situation financière plus délicate aujourd'hui
17:34qu'il y a, je ne sais pas, 5 ans ou 10 ans ?
17:37Tous les deux ans, on entend parler des difficultés financières
17:42des associations et ça va mal.
17:46Elles ont une énorme résilience, les associations,
17:48parce qu'elles reposent sur du travail bénévole énormément,
17:52qui n'est pas valorisé, d'ailleurs.
17:55Donc, elles ont une énorme résilience.
17:56Mais là, en ce moment,
17:57donc moi, j'ai toujours pris ça avec beaucoup de recul.
18:00En ce moment, je pense que c'est différent.
18:03Ça fait quand même un paquet d'années
18:05et qu'il y a des baisses de subventions ou des augmentations de charges,
18:08parce qu'il y a des augmentations qui, parfois, sont très bien,
18:12ou la Ségur pour revaloriser l'emploi dans la santé, etc.,
18:16qui font que là, un paquet d'associations se retrouvent
18:20en grosses difficultés financières,
18:21avec juste quelques mois de trésorerie devant elles.
18:24Et donc, je pense qu'on est quand même dans une situation très différente
18:27de celle qu'il y a eu il y a quelques années.
18:29Avec des subventions, subventions de l'État,
18:32des collectivités locales aussi, qui clairement ont baissé ?
18:36Il y a le modèle économique d'une association.
18:38Il repose sur trois choses.
18:40La première, c'est la contribution des adhérents.
18:43Donc, c'est tout ce qui est cotisation.
18:44Avant l'État et les collectivités, effectivement.
18:47Bien avant.
18:47Le budget des associations, c'est 120 milliards.
18:50Il y a à peu près 60 milliards qui sont les ventes,
18:56ce que les associations vendent, et puis les adhésions.
18:58Il y a 50 milliards qui sont...
19:0010 milliards de dons.
19:0250 milliards qui sont les aides de l'État,
19:06enfin, le financement de l'État.
19:08Ce financement de l'État, il se découpe en trois volets.
19:11Il y a 40 milliards qui sont, en quelque sorte,
19:15de la délégation de services publics,
19:16où l'association rend un service.
19:18Par exemple, un EHPAD, une crèche, etc.
19:20Elle va remplir une mission, avoir une convention avec l'État.
19:23Ça, c'est 40 milliards.
19:24Donc, 80%, c'est finalement un service rendu.
19:27C'est 8 milliards environ qui sont de la subvention
19:30et 3,5 milliards qui sont le coût fiscal.
19:35Lorsqu'on fait un don à une association,
19:37on a une déduction fiscale.
19:39Ce qu'on voit, c'est que finalement, ce coût fiscal,
19:41c'est 10%, un peu moins de 10% du budget total
19:45et que l'essentiel, c'est quand même que les associations
19:47contribuent à rendre des services que l'État ne rend pas aujourd'hui.
19:50Évidemment.
19:51Et ça leur jure.
19:51Alors, on va justement en parler de ce coût fiscal parce que...
19:56Alors, je vais d'abord rappeler les principales réductions fiscales
19:59pour les dons aux associations.
20:0166% du montant des dons effectués à des organismes d'intérêt général
20:05ou reconnus d'utilité publique, dans la limite de 20% du revenu imposable.
20:0975% pour les dons aux associations d'aide aux personnes en difficulté
20:12ou aux victimes de violences domestiques.
20:14Là, on est dans une limite de 1 000 euros par an.
20:16Et 40% à 60% pour les dons dans le cadre du mécénat d'entreprise.
20:21Et on a donc ce rapport qui a été proposé à Bercy par le ministère de l'économie
20:28au mois de juillet.
20:30Qui prévoit quoi ?
20:31Alors, il y a plusieurs scénarios.
20:32On va dire, le pire scénario, ce serait quoi ?
20:36Ce rapport, c'est un rapport de 750 pages.
20:39OK.
20:40Très indigeste.
20:41Alors qu'il, pour le coup, est très précis et bien écrit.
20:45Il faut vouloir s'en coltiner.
20:48Il commence quand même par un constat qui est, à mon sens, très bien,
20:52qui est rappelé que les associations, c'est un partenaire essentiel de l'État
20:56et qui remplit justement toutes les missions dont on parlait juste avant.
21:00Maintenant, il fait le constat qu'il y a 53 milliards dépensés chaque année dans le secteur.
21:04Et il va chercher des économies, évidemment, avec trois pans, un milliard pour les dépenses
21:12de l'État, un milliard pour les collectivités et un milliard sur le volet fiscal.
21:16Et il n'y a pas encore de mesures qui soient adoptées.
21:20C'est une série de propositions.
21:21Donc, des dizaines de propositions à cet égard.
21:24Et par exemple, sur le volet fiscal, ça serait retirer le niveau de défiscalisation
21:31de 75 %.
21:32Ah, c'est-à-dire qu'on ne pourrait pas aller jusqu'à 75 % de défiscalisation ?
21:36Par exemple.
21:36Il y a notamment…
21:37Ce serait 66 % maximum, d'accord.
21:40Par exemple.
21:41Et c'est un des volets, vous savez, c'est l'accord Coluche.
21:47C'est ça qui a permis d'aider les restos du cœur, les personnes en difficulté, etc.
21:52Moi, je pense que ça va être extrêmement difficile de faire passer quelque chose comme ça.
21:55D'ailleurs, François Bayrou l'avait plutôt écarté quand c'est sorti.
21:59Oui, parce que certes, ce budget augmente.
22:04Mais la raison pour laquelle ça augmente, c'est qu'il y a de plus en plus de personnes
22:07dans la société qui font des dons et qui aident les associations et qui sont en support.
22:13Et aller économiser quelques centaines de millions d'euros.
22:16Alors, un milliard, moi, ça me paraît complètement irréaliste sur un budget de 3,5.
22:18Ça veut dire qu'on divise par 4.
22:22Enfin, on divise par 4.
22:23On prend 25 % de son budget.
22:26Mais même aller chercher quelques centaines de millions, ça me paraît avoir un impact colossal
22:31sur quelque chose qui est déjà vertueux puisque ça contribue à aider énormément les associations.
22:37C'est-à-dire que c'est de l'argent public bien dépensé, en quelque sorte, vous pourriez dire ça ?
22:42Sur ce volet-là, je le crois.
22:43Sur d'autres volets, je suis plus critique.
22:45Par exemple ?
22:45Donc, il y a ce volet de réduction de dépenses, mais il ne propose pas que ça.
22:50Il propose aussi plus de contrôles, des contrôles fiscaux, tout simplement.
22:55Pourquoi pas ?
22:55À la limite, on parlait de rendre des comptes, il y aura plus de contrôles.
22:59Oui, et si ça permet de virer quelques profiteurs du système, très bien.
23:04Je pense que tout le monde est très à l'aise avec ça, à partir du moment où c'est bien fait.
23:08Il y a tout un volet de réduction de la suradministration.
23:11Et ça, c'est quelque chose de terrible.
23:13Nous, chez AssoConnect, on a une offre qui permet aux gens qui sont porteurs de projet de créer leur association.
23:21En gros, la personne remplit un formulaire et on va l'aider en créant l'association, statut, PV, dépôt en préfecture, etc.
23:28Toute la phase amont de rédaction des statuts, PV, signature en ligne, on a réussi à l'automatiser quasi complètement et la simplifier.
23:41La seule étape sur laquelle on galère aujourd'hui, c'est le dépôt en préfecture et qui reste manuel.
23:47Pourquoi ? Parce que chaque préfecture, déjà, a ses propres pratiques, beaucoup d'interprétations de la loi.
23:54Certaines vont, par exemple, vous demander une signature manuscrite, alors que c'est écrit nulle part qu'il fallait le signer.
23:59Et donc, il faut savoir que dans chaque administration, il y a des personnes qui vont relire les statuts des associations qui se créent, pourquoi pas,
24:06et qui vont devoir interpréter avec leurs propres règles ce qui se passe.
24:09Et donc, ça, on peut le multiplier à l'infini, en fait, les couches administratives sur lesquelles on pourrait faire les économies.
24:16Il y a une proposition que je trouve intéressante dans ce rapport.
24:20Dans ce rapport, oui.
24:21C'est de créer un centre de data subvention qui serait de simplifier le process de demande de subvention et d'attribution de subvention pour avoir une seule plateforme.
24:32Alors, ça crée des sujets de centralisation, peut-être d'un point de vue politique, ça crée des enjeux.
24:36Et d'un point de vue simplification, aujourd'hui, chaque mairie, collectivité, financeur, etc., a ses propres pratiques.
24:44Et donc, à auditer, l'État a beaucoup de mal à savoir ce qu'on a donné, à qui, quels sont les résultats.
24:51Et donc, moi, sur ces volets-là, je suis assez convaincu, et je pense que le secteur est assez convaincu qu'il y a beaucoup à faire.
24:57Sur le volet de financement direct, finalement, dans l'enveloppe globale de 50 milliards, ça représente peu et ça sera dévastateur si on tape fort là-dessus.
25:09Un dernier mot, on aurait pu commencer par là, sur la générosité des Français.
25:14Parce que vous nous avez dit que, finalement, le modèle des associations reposait d'abord là-dessus.
25:18Est-ce qu'elle se tarie ou est-ce qu'elle se maintient ?
25:22Alors, pour l'instant, elle se maintient.
25:24Ce qui est assez étonnant, parce qu'on sait que les conditions sont quand même compliquées en ce moment.
25:30Les Français sont toujours aussi généreux.
25:34Ils donnent de plus en plus.
25:35On a vu, les dons augmentent.
25:38Et ils restent très impliqués en association.
25:40Ce qui est plus compliqué, c'est la relation au bénévolat,
25:43qui devient plus transactionnelle qu'elle ne l'était par le passé.
25:46Par le passé, les gens, plus facilement,
25:50prevenaient un poste de trésorier, par exemple, dans la durée.
25:54Ce qui demande une implication tous les jours, le soir, le week-end.
25:57C'est une implication forte.
26:00On a plus envie maintenant de missions de bénévolat sur le pouce
26:04pour aider de manière un peu plus ponctuelle.
26:07Merci beaucoup, Arnaud Delataille.
26:09A bientôt sur Bismarck Fortier.
26:11On passe tout de suite au grand entretien de ce Smart Impact.
26:16C'est le grand entretien de ce Smart Impact.
26:2226 minutes avec une personnalité qui compte dans notre économie.
26:25Je reçois Romain Derberg.
26:27Bonjour.
26:27Bonjour, Thomas.
26:28Bienvenue.
26:29Vous êtes le directeur général de Candia,
26:30première marque de lait de consommation créée en France en 1971.
26:36Alors, on peut dire quoi ?
26:37C'est une marque d'éleveurs, peut-être ?
26:38C'est la première caractéristique ?
26:40C'est sa première caractéristique.
26:41C'est une marque d'éleveurs créée par les éleveurs pour les éleveurs.
26:44Donc, ils ont créé cette marque.
26:45Ils avaient déjà créé auparavant la marque Yoplait.
26:48Donc, deux marques emblématiques et patrimoniales, on peut dire.
26:51Ce sont des marques qui comptent aujourd'hui dans le paysage français.
26:55Et ils sont très présents, effectivement, autour de nous pour nous accompagner dans le pilotage de l'entreprise.
27:01Voilà, c'est un modèle…
27:02Ils sont encore présents aujourd'hui ?
27:03Bien sûr, ils sont présents.
27:04Donc, les marques appartiennent aux éleveurs, à une coopérative qui s'appelle la coopérative Sodial.
27:11Et donc, ce sont les éleveurs qui décident en particulier d'un élément crucial pour eux qui est le prix du lait.
27:18Qui, du coup, contrairement à d'autres entreprises, et ce qui fait notre particularité, un peu notre unicité,
27:23c'est que pour nous, le prix du lait n'est pas une contrainte, mais un objectif.
27:26Donc, notre objectif est la rémunération de nos actionnaires et de nos éleveurs.
27:30On y reviendra évidemment en détail sur cette thématique de la rémunération des éleveurs.
27:36Mais peut-être sur ce modèle coopératif, qu'est-ce que ça signifie concrètement ?
27:41Ça veut dire quoi ? Un homme, une voix ? Comment ça fonctionne ?
27:44Alors, on dit un homme, une voix, en tout cas un éleveur, une voix, parce qu'il y a aussi des éleveuses,
27:48notamment au bureau et au conseil d'administration.
27:51Qu'est-ce que ça veut dire ?
27:51Ça veut dire qu'on a un parlement qui va élire un conseil, puis un bureau.
27:56Et ce bureau, en fait, a pour charge de fixer et de suivre la stratégie de l'entreprise,
28:02stratégie qui est exécutée par les directeurs généraux.
28:04Donc, moi, pour la partie lait, beurre, crème, puisque Candia, ce n'est pas que du lait.
28:09C'est aussi un peu de beurre, un peu de crème.
28:11Et donc, c'est ça qui change les choses.
28:13Je vais donner quelques chiffres clés concernant Candia.
28:18On est sur des 724 millions de litres de lait, près de 60 millions de litres de crème,
28:2456 000 tonnes de beurre commercialisées par an.
28:28Il y a six sites industriels en France, un chiffre d'affaires affiché d'un milliard 5 en 2024.
28:35C'était un milliard 250 millions en 2023.
28:38En voyant ces chiffres, je me dis comment on maintient la logique de la coopérative,
28:45cette gouvernance dont vous venez de parler, en étant aussi massif, aussi grand.
28:52Comment on la maintient ?
28:54On la maintient déjà avec une forte proximité.
28:57Vous avez parlé des sites industriels.
28:58Il y a une forte proximité entre les éleveurs et les sites industriels.
29:02Donc, ça se traduit concrètement par des conseils de région.
29:07Ce matin, encore, il y avait un conseil de région du Nord.
29:09J'avais des questions qui m'étaient remontées par la présidente de région.
29:12Ils sont concernés par ce qui se passe dans l'usine.
29:14Ils discutent avec les commerciaux.
29:16Une question de votre stratégie ?
29:19Ils nous posent des questions régulièrement.
29:21On a un besoin, c'est aussi ce qui fait partie de notre modèle,
29:24un fort besoin de communiquer et d'expliquer la stratégie,
29:27comment elle se déroule, comment on la déploie.
29:31Je trouve que c'est un modèle qui est très enrichissant de ce point de vue-là.
29:35On essaye également de les associer à notre démarche.
29:39Ils viennent, par exemple, au magasin expliquer leurs produits.
29:43Ça, ça compte beaucoup.
29:43Les consommateurs, ils sont très sensibles.
29:45De voir un éleveur expliquer d'où vient le lait,
29:49qui l'a fait dans sa ferme.
29:51Avec plus de cinq décennies de recul,
29:55la consommation de lait, on en est où aujourd'hui ?
29:59Le pic de consommation, c'était quand ?
30:01À quel point cette consommation est en train de baisser ?
30:04La consommation baisse de manière structurelle depuis à peu près 20 ans.
30:10Le principal vecteur de la déconsommation du lait,
30:13c'est le changement de nos habitudes de consommation en France.
30:17Le moment du petit-déjeuner qui était sacralisé disparaît petit à petit.
30:21Pas pour le meilleur, puisqu'un enfant qui arrive à l'école sans petit-déjeuner,
30:26c'est un enfant qui est moins attentif.
30:27Mais en tout cas, c'est un fait.
30:29Et donc, évidemment, ça crée cette baisse de la consommation.
30:33Qui s'accélère ?
30:34Ou c'est une tendance un peu régulière ?
30:36Non, c'est une tendance au fond qui a un effet générationnel.
30:38Donc, on sait qu'à un moment, on touchera le fond.
30:41Donc, nous, notre objectif, là-dedans,
30:43c'est de nous adapter à ces nouveaux moments de consommation,
30:47c'est-à-dire qu'ils ne sont plus nomades.
30:48Comment on fait pour ramener le lait
30:50dans les moments de consommation des consommateurs
30:53qui sont un peu différents, qui ne sont plus juste le petit-déjeuner ?
30:55Mais est-ce que ça veut dire que, mécaniquement,
30:58les éleveurs qui ont créé la marque
31:01et qui continuent de la diriger par délégation,
31:05produisent moins ?
31:07Alors, la collecte a baissé en France,
31:10de manière également structurelle.
31:12Après, la collecte de Candia et de Sovial
31:14est largement suffisante.
31:16Et puis, nous sommes présents sur d'autres métiers
31:18que le lait de consommation.
31:19Donc, on s'est diversifié, notamment beurre et crème,
31:21qui, pour Candia, ont été des bons axes de croissance
31:26sur les trois dernières années.
31:28Vous parliez de la croissance de Candia, du chiffre d'affaires.
31:30Une grande partie est venue de la croissance à l'international
31:33et en restauration hors domicile.
31:36Donc, toute la restauration est très consommatrice de beurre et de crème.
31:40Est-ce qu'on consomme moins de lait bio qu'avant
31:44ou au contraire, de plus en plus ?
31:46Alors, on consomme moins de lait bio,
31:48d'autant que la vague d'inflation
31:50qui a affecté la grande distribution après l'Ukraine
31:54a rendu les consommateurs très sensibles au prix
31:56et le bio était un peu plus cher.
31:59Donc, c'est vrai que nous, on a vu la consommation de lait bio baisser.
32:02Elle a moins baissé que d'autres catégories.
32:04Aussi, pour une raison, c'est que le lait reste un produit accessible.
32:08Même si c'est plus cher, la décroissance a été moins forte.
32:12Nous, on essaye de protéger nos collectes bio.
32:15Il faut savoir que c'est un éleveur qui arrête le bio.
32:19C'est définitif.
32:21On met trois ans à revenir à une exploitation bio.
32:24Dans un sens ou dans l'autre ?
32:26Dans un sens, elle est beaucoup plus rapide dans le désengagement
32:28que dans la conversion.
32:30Donc, on essaie au maximum de protéger notre collecte.
32:32Alors, on va s'intéresser effectivement,
32:34on a commencé à le faire, aux attentes des Français.
32:36Je vais m'appuyer sur cette étude que vous avez fait mener par Toluna
32:41sur les Français et les éleveurs.
32:43C'est intéressant parce que c'est massif.
32:4595% des Français estiment que les éleveurs laitiers
32:48devraient être mieux rémunérés.
32:50Et 94% qui jugent qu'ils sont indispensables à l'avenir de l'agriculture.
32:54Alors, ce sont des bonnes nouvelles pour les éleveurs.
32:57Mais si on parle de rémunération,
33:01vous nous disiez que vous aviez inversé la logique.
33:03Je veux bien qu'on rentre dans le détail pour bien comprendre.
33:05En quoi vos éleveurs sont mieux rémunérés que d'autres ?
33:08Alors, nos éleveurs choisissent leur rémunération.
33:12Donc, c'est ça qui est important.
33:13Après, la manière dont ils vont être rémunérés,
33:16c'est la performance de l'entreprise qui va le permettre.
33:18Donc, nous, la logique qui nous guide,
33:24ça va être la valorisation de chaque litre de lait.
33:26Et ça veut dire aussi que le résultat de l'entreprise
33:28va être réinjecté pour partie, évidemment, dans l'entreprise,
33:32mais aussi dans la rémunération des éleveurs.
33:34Donc, c'est ça qui fera la différence.
33:38C'est qu'ils sont maîtres de leur destin
33:40et maîtres de fixer le prix du lait.
33:41Après, le prix du lait lui-même, évidemment,
33:43il va connaître le même environnement concurrentiel
33:47que nos concurrents.
33:49À quel point le succès d'une marque comme C'est-il Patron,
33:52qui est un vrai concurrent pour vous,
33:54ça vous a obligé à évoluer ou pas, d'ailleurs ?
33:58Oui.
33:58Alors, C'est-il Patron est un beau modèle.
34:01D'ailleurs, on produit le beurre C'est-il Patron
34:02dans notre usine de Clermont-Ferrand.
34:04Donc, c'est un modèle qui est assez vertueux.
34:09La différence avec nous, c'est que C'est-il Patron,
34:11c'est une coopérative de consommateurs.
34:14Et chez nous, les patrons, ce sont les éleveurs.
34:15Voilà, donc il y a cette petite différence.
34:19Mais des consommateurs qui ont quand même
34:21la rémunération des éleveurs en tête, quoi.
34:23Tout à fait.
34:23Ça se rejoint.
34:24Exactement, ça se rejoint.
34:26Et ensuite, ce qu'on va apporter,
34:30c'est le même impact, mais avec 14 500 éleveurs.
34:35C'est-à-dire que C'est-il Patron,
34:36c'est 60 millions de litres de lait sur le marché.
34:37Voilà, les marques Candia, c'est plus de 300 millions de litres de lait commercialisé.
34:44Donc, on a un impact sur le marché qui est supérieur à marque.
34:47Et après, on a aussi de la MDD.
34:49Donc, c'est ça qui nous amène aux 700 millions de litres.
34:51Oui, effectivement.
34:52Je comprends le différentiel qui est effectivement très important.
34:57Le lait, enfin, je vais poser une question de Béossien,
35:00mais je revois vos chiffres, le lait, la crème, le beurre, etc.
35:04On ne peut pas non plus démultiplier les produits.
35:06Vous voyez ce que je veux dire ?
35:07Ou est-ce qu'on invente ?
35:08Est-ce que c'est un métier dans lequel vous dites
35:09qu'est-ce qu'on peut trouver pour continuer de produire du lait
35:14et trouver des modes de consommation ?
35:16Alors, on n'est pas allé au bout sur le lait.
35:18Le lait est un aliment de la vie qui est très complexe.
35:22Donc, il y a certaines, d'ailleurs, d'activité sodiale
35:25qui consistent justement à craquer le lait
35:26pour en extraire certains ingrédients.
35:30Et ça veut dire aussi que même nous, sur les produits finis,
35:32on n'est pas allé au bout.
35:34Il y a notamment une tendance de fond autour de la protéine.
35:36Donc, voilà, il y aura des choses qui arriveront
35:37sur le marché du lait dans les années qui viennent,
35:40autour de la fonctionnalité, autour de la santé,
35:42qui est vraiment une tendance de fond.
35:45Et le lait est un produit santé par excellence.
35:47Et donc, à vocation, je pense apporter également
35:50cette nouvelle tendance.
35:52Ça veut dire qu'il y a un budget recherche et développement R&D
35:54qui est quand même assez important dans une entreprise comme la vôtre ?
35:57Oui. Alors, on met en commun nos différentes activités.
36:01Donc, chez Sodial ?
36:02Chez Sodial, peut-être de la coopérative.
36:03Donc, on va avoir la branche ultra frais,
36:05le fromage, les beurres crèmes,
36:07puis aussi toute la division ingrédients.
36:09Et donc, on a une R&D, effectivement,
36:10qui est très transversale sur tous les métiers du lait.
36:13On est un vrai laitier complet.
36:15Alors, je ne vais pas vous demander la prochaine innovation,
36:16parce que forcément, vous devez la cacher un peu.
36:18Mais la dernière, la dernière dont on peut parler,
36:21c'est quoi, par exemple ?
36:22Justement, pour être dans des moments de vie différents,
36:28on accompagne les ados avec des milkshakes.
36:30Donc, on a lancé une gamme de milkshakes Candy Up.
36:33C'est une innovation, puisque c'est une formule qui est capable
36:38de tenir avec une DLC, une date limite de consommation du HT,
36:43avec une formule qui va avoir la texture et le bon goût d'un milkshake.
36:47On a une formule vanille, une formule chocolat qui marche très bien.
36:51Alors, je reste un peu sur votre étude sur les consommateurs,
36:54parce que je voudrais faire le tri entre le déclaratif et puis les actions.
37:02Par exemple, 93% qui disent avoir envie d'acheter des produits
37:05lorsqu'ils savent qu'ils proviennent d'une coopérature d'éleveurs laitiers.
37:08J'entends ça, je me dis super, sauf qu'en fait, on ne le sait jamais
37:11quand on est au supermarché ou quand on achète le produit.
37:15Non, effectivement, on ne le sait pas.
37:19Donc, on profite justement des 40 ans de la marque Grand-Lay,
37:22qui est notre marque emblématique et qui porte un peu justement
37:25les valeurs de la coopérative, pour remettre la coopérative
37:29au centre de l'offre sur Grand-Lay.
37:32Donc, on va avoir une carte qui revendique l'appartenance à la coopérative
37:36et qui explique justement les principes qui nous guident,
37:39c'est-à-dire la juste rémunération, la répartition du résultat
37:42qui revient aux éleveurs. Voilà.
37:45Donc, on remet, on va revendiquer beaucoup plus sur tous les produits
37:48de Candia, notre appartenance à la coopérative.
37:51Le côté, parce que je parlais, on parlait du bio tout à l'heure,
37:55mais en fait, on s'est rendu compte quand il y a eu ce coup d'arrêt
37:59sur le marché du bio en pleine crise inflationniste,
38:01qu'il y a eu un effet peut-être de vase communiquant
38:05vers les produits locaux. Est-ce que vous, la carte,
38:09c'est-à-dire le fait de savoir d'où vient le lait,
38:11s'il est produit à proximité de chez moi ou pas,
38:14c'est un argument d'achat, je me place du côté du consommateur,
38:18ou pas forcément ?
38:19Alors, c'est un argument d'achat, même si on a vu également
38:21les laits régionaux baisser.
38:24Le consommateur veut à la fois du local et en même temps,
38:26finalement, il finit parfois par choisir du prix.
38:28Je pense que les arbitrages, évidemment, dépendent de son pouvoir d'achat.
38:32Il faut savoir qu'une grosse partie de nos acheteurs, en fait,
38:35ont un pouvoir d'achat faible.
38:38Donc, voilà, il faut qu'on veille à avoir des prix accessibles.
38:42Et sur les offres locales, nous, on a aussi développé des offres locales,
38:45notamment conjointement avec des éleveurs.
38:47Dans le Sud-Ouest, par exemple, on a lancé la marque
38:49Les Éleveurs du Sud-Ouest, qui porte ce discours local.
38:53Alors, puisqu'on parle des produits, ça rejoint la question
38:55que celui qui était à votre place la semaine dernière,
38:58Olivier Vignol, le président exécutif de Domitiz.
39:01Donc, ce sont des résidents seniors, je le rappelle.
39:03Voilà la question qu'ils vous posent.
39:05Bonjour, Romain.
39:06Moi, j'ai évidemment une question pour vous.
39:09Est-ce que Candia a fait ou s'apprête à faire
39:11des produits spécifiquement dédiés aux seniors ?
39:15Parce qu'ils ont aussi une alimentation et une nutrition particulières
39:19et qu'il y a très peu de produits qui leur sont dédiés sur le marché.
39:24Alors, je ne peux que vous inviter à lancer cette gamme de produits.
39:27Elle aura un très grand succès.
39:31Voilà un joli cadeau.
39:32Vous avez peut-être déjà eu l'idée, mais ça existe peut-être depuis longtemps.
39:37Je ne sais pas.
39:38Alors, le lait reste un très bon produit pour les seniors,
39:40de manière générale, puisqu'il contient de la protéine.
39:42Vous savez qu'avec l'âge, en fait, on perd la protéine.
39:44Donc, on a besoin de se renforcer en protéine.
39:46Après, effectivement, ça fait partie de nos axes de développement.
39:49Le marché de la protéine se développe beaucoup.
39:52D'accord.
39:53Donc, voilà, on a des offres qui sont en train d'être…
39:55Ah, donc on est dans les innovations…
39:58On y travaille.
39:59… dont on ne peut pas encore tout à fait parler.
40:01On y travaille.
40:01Donc, c'est un marché que vous aviez évidemment identifié.
40:04La difficulté, c'est de faire quoi ?
40:07La démonstration que le produit nouveau qu'on va proposer a un effet réel.
40:14Vous voyez ce que je veux dire ?
40:15Entre la promesse et la réalité.
40:18Donc, avant de le lancer, vous devez en faire la preuve,
40:21le faire valider par des autorités extérieures.
40:23Comment ça marche ?
40:23Comment ça marche ?
40:25En GMS, de manière générale, quand on va lancer,
40:27donc on a un encadrement réglementaire, c'est sûr.
40:29On peut affirmer.
40:32En particulier, si on prend le cas des seniors,
40:34en fait, on sait de toute manière qu'il y a une carence globale en protéines.
40:38Avec l'âge, en fait, on va répondre très naturellement à une offre.
40:42Et puis, il faut savoir que la population des seniors va exploser en France
40:45et dans le monde, pas seulement en France, mais dans le monde,
40:47en tout cas dans le monde occidental.
40:49Donc, c'est un marché qui sera en croissance.
40:52Je voudrais qu'on consacre évidemment de longues minutes
40:56à vos engagements, on va dire environnementaux.
41:00Il y a une transformation qui est soutenue par un plan d'investissement
41:04que vous affichez de 200 millions d'euros d'ici 2030.
41:09Alors, si je ramène ça au chiffre d'affaires d'un milliard 5,
41:11on peut dire que ce n'est pas énorme,
41:12mais bon, c'est quand même un effort assez important.
41:16Vous n'aviez jamais mis autant d'argent sur cet enjeu-là environnemental ?
41:21Alors, le plan d'investissement, il a trois objectifs.
41:25Et il a pour premier objectif de remoderniser nos installations.
41:28Ok.
41:29Donc, les sites industriels dont on parle.
41:31Les sites industriels dont on parle.
41:34C'est un secteur qui a beaucoup souffert après la fin des quotas laitiers.
41:37Et donc, l'investissement a été très peu soutenu.
41:40Donc, on a vraiment besoin de se remoderniser.
41:42Donc, les 200 millions, ils servent la modernisation,
41:44ils servent l'innovation, on en a parlé.
41:46Et ils vont forcément servir la décarbonation.
41:49En fait, à chaque fois qu'on va remplacer un équipement aujourd'hui,
41:52on va décarboner.
41:54Les stérilisateurs de nouvelle génération
41:55consomment beaucoup moins que ceux qu'on avait il y a 30 ans.
41:59Donc, à chaque fois qu'on va investir, on va décarboner.
42:01Du lait, c'est de l'eau ?
42:03Je pars de très loin.
42:08Mais il y a dans vos sites industriels une forte consommation d'eau ?
42:12Oui, non ?
42:13Comment vous la faites baisser ?
42:14On a une très forte consommation d'eau.
42:16On consomme à peu près 3 milliards de litres d'eau par an.
42:20C'est très important.
42:22On a pour objectif de baisser cette consommation d'eau de 40%.
42:26Donc, on consommait 3 milliards en 2019.
42:29Et on a fait un bout du chemin.
42:32Mais il nous reste vraiment un gros bout du chemin à faire d'ici 2030.
42:35Puisque nos objectifs sont à 2030.
42:37Ça passe par un vecteur.
42:40Le premier vecteur sur la baisse de la consommation d'eau,
42:43c'est la réutilisation de l'eau de nettoyage.
42:49Donc ça, ça va être un énorme vecteur.
42:50Et on a par exemple une usine qui est déjà à l'objectif,
42:52l'usine de Clermont-Ferrand,
42:54qui a baissé sa consommation d'eau de 42% entre 2019 et 2020.
42:58Grâce à la réutilisation, grâce à la réoptimisation.
43:04Donc, ça passe beaucoup, beaucoup par la réoptimisation.
43:07Plus que la décarbonation qui, elle, malheureusement,
43:10enfin en tout cas, demande de l'argent,
43:12demande du CAPEX et demande de l'investissement.
43:14D'accord.
43:15Est-ce que ça suppose de revoir les circuits dans vos usines
43:21pour pouvoir réutiliser les zones de nettoyage, etc.?
43:26Oui, oui.
43:26Parce que vous parliez de la rénovation d'un outil industriel
43:30qui datait un peu et qui souffrait d'un manque d'investissement
43:33depuis quelques décennies, si j'ai bien compris.
43:34Donc, est-ce que ça veut dire qu'il faut rentrer dans le dur ?
43:38Oui, on rentre dans le dur.
43:40Oui, c'est vrai.
43:40On refait, dans notre plan de réinvestissement,
43:43on ne change pas, évidemment, les installations
43:46lignes de conditionnement pour lignes de conditionnement.
43:48On revoit également la structure des sites.
43:50En particulier, on a un site dans l'ordre de la France
43:52sur lequel on va investir massivement.
43:54Et là, effectivement, on va revoir l'intégralité
43:56du schéma directeur industriel.
43:58C'est comme ça.
43:59Voilà, c'est comme ça qu'on l'appelle.
44:00Ou un peu pompeux, mais qui désigne bien
44:04la vision qu'on a pour le site.
44:06Je pose la question, parce que quand on parle
44:08de réutilisation des eaux, notamment des eaux usées
44:12ou des eaux grises, ce n'est pas exactement la même chose,
44:14mais bref, on ne va pas rentrer dans le détail.
44:17Ça suppose parfois d'avoir quoi ?
44:18Deux circuits de canalisation différents ?
44:21Je rentre dans le dur, je rentre dans le détail.
44:23Ça suppose de récupérer les eaux de nettoyage,
44:26avoir des tanks de stockage pour réutiliser l'eau.
44:29Une eau qui a été utilisée une première fois,
44:31qui a servi à nettoyer une première fois une ligne,
44:33ou à un fin de cycle de nettoyage pour la réemployer.
44:37Donc ça, c'est un exemple.
44:39Et on va voir d'autres exemples.
44:40On va utiliser notamment ce qu'on appelle les ECML.
44:42Les eaux de concentration de matières laitières.
44:45Donc on concentre le lait.
44:46Donc on va retirer l'eau qui vient du lait,
44:50comme vous le disiez tout à l'heure.
44:52Et cette eau, on peut la réutiliser, effectivement,
44:54sous certaines conditions qui sont définies de manière réglementaire.
44:57D'accord. Par exemple, quand vous créez du lait en poudre,
44:58vous récupérez l'eau ?
45:00Alors, nous, on ne crée pas du lait en poudre,
45:03mais par exemple, on va concentrer du lait
45:05pour pouvoir le transporter de manière plus économique.
45:08Et voilà, on va essayer de transporter moins d'eau.
45:10Donc on va faire du lait concentré.
45:12D'accord, j'ai compris.
45:13Est-ce que la réglementation en matière d'eau usée,
45:16je reste là-dessus, c'est un thème qui me passionne,
45:17est-ce qu'elle vous aide ou est-ce qu'elle vous freine ?
45:20Est-ce qu'il y a des usages que vous pourriez développer,
45:23mais qui sont interdits aujourd'hui ?
45:25Elle accompagne nos évolutions.
45:27C'est-à-dire, typiquement, les ECML,
45:29les eaux de concentration de matière laitière,
45:31la réglementation va progressivement nous accompagner
45:33pour qu'on puisse la réutiliser de plus en plus.
45:35Donc, voilà, elle nous freine.
45:38C'est aussi à nous, avec les évolutions technologiques,
45:41de proposer aux législateurs et à ceux qui font la réglementation,
45:44des propositions.
45:45Et puis, voilà, à ce moment-là, on s'assoit et on discute.
45:47Je ne pense pas qu'on soit freiné.
45:49Non, d'accord.
45:49Je pense qu'au contraire, on a plutôt, nous, industriels, laitiers,
45:54un vrai intérêt à réduire notre consommation d'eau
45:59parce qu'on le voit, on a encore eu à l'été des alertes sur nos sites.
46:04C'est notre droit à opérer.
46:06C'est-à-dire qu'on ne peut pas continuer à opérer comme avant
46:08dans un monde qui se réchauffe, dans une planète qui se réchauffe.
46:12On a besoin de prendre soin de notre approvisionnement en eau.
46:17Autre thématique qui est importante, évidemment,
46:19la thématique des emballages.
46:21Alors, je vais commencer par la question du plastique
46:22parce qu'on recevait, je ne sais plus si c'était hier ou avant-hier,
46:27No Plastic in the Sea, qui est une association très engagée
46:29pour parler de l'échec de la tentative de traité international
46:35sur la réduction du plastique.
46:37On parle d'éco-conception.
46:38Est-ce que vous, pour réduire la quantité de plastique
46:42que vous utilisez, ça suppose de changer la conception de vos produits ?
46:45Oui, complètement.
46:46D'ailleurs, on en discute régulièrement avec Citeo,
46:51qui est notre organisme de gestion de la collecte.
46:56Donc, on a des règles pour concevoir un produit.
47:00On essaye de choisir du monomatériau,
47:02d'éviter d'avoir plusieurs matériaux sur un emballage
47:04parce que ça rend plus complexe le recyclage.
47:06Et puis, on va travailler également sur la réduction du poids des emballages.
47:10Donc, en particulier sur la réduction de l'épaisseur des films plastiques.
47:14Par exemple, nous, c'est un gros vecteur de réduction du plastique.
47:19Après, ce qu'il faut savoir, c'est que le lait est un produit vivant
47:23et qui a trois ennemis, en fait, qui sont la lumière, l'oxygène et les micro-organismes.
47:29Et donc, nous, notre première priorité, c'est de garantir un produit sain pour le consommateur.
47:33Et donc, il faut qu'on arrive à faire tout ce mouvement de déplastification,
47:36mais tout en garantissant, évidemment, des produits qui soient sains et sûrs pour nos consommateurs.
47:43Et donc, ça veut dire que le plastique n'est pas tout le temps remplaçable, si je comprends bien.
47:48Alors, à date, on n'a pas des solutions complètement pour remplacer le plastique.
47:52Ça restera, en tout cas, dans les dix prochaines années, la solution majoritaire.
47:59On n'a pas encore trouvé, même si les fournisseurs y travaillent,
48:03et même si on travaille avec nos fournisseurs sur des solutions, on n'est pas encore arrivé.
48:07Il y a certaines solutions qui pourraient exister avec des bouteilles entièrement en fibre.
48:12Mais voilà, encore une fois, avec cette matière du lait,
48:15c'est peut-être la dernière qui arrivera à faire le passage,
48:18puisque c'est un peu plus compliqué pour le lait.
48:23J'essaie de cocher toutes les cases, des moyens pour faire baisser son impact environnemental
48:29dans une entreprise, une grande entreprise comme la vôtre.
48:32Alors, évidemment, il y a la question du transport, des flottes, de l'électrification éventuelle des flottes de véhicules,
48:40du fait de mettre moins de camions sur les routes si possible.
48:44Comment vous adressez ces enjeux-là ?
48:47Alors, on a un plan de décarbonation qu'on suit avec une trajectoire qui a été définie en 2019.
48:55Donc, on émet à peu près un peu plus de 33 000 tonnes de CO2 par an.
49:01On émettait en 2019.
49:02On a fait un gros bout du chemin.
49:04On est à moins 17, 18 %.
49:06On a beaucoup travaillé, en fait, sur l'usage de l'énergie.
49:13L'Ukraine, en particulier, nous a...
49:15La vague d'inflation de l'Ukraine, souvent économique, et d'ailleurs, on le voit de manière générale,
49:19l'économique est indissociable de la durabilité.
49:24Donc, les deux sont totalement liés.
49:25On peut faire ce qu'on veut.
49:27À la fin, il faut que le modèle fonctionne.
49:29Qu'est-ce que vous prenez comme décision au moment de la vague inflationniste sur l'énergie ?
49:34En quoi ça a été finalement un accélérateur ?
49:36C'est un accélérateur, déjà, d'isoler toute perte de chaleur, ce qu'on appelle la chaleur fatale.
49:42On a dans nos usines encore parfois des circuits mal isolés.
49:45Donc, on a eu un gros plan d'action sur se débarrasser de toute perte de chaleur fatale.
49:51Donc, ça, ça a été un des vecteurs.
49:53Et puis ensuite, on a des plans d'investissement.
49:55Alors, par exemple, on a le doigt sur le bouton d'une nouvelle biomasse,
50:02d'un nouveau système de chaudière décarbonant pour un de nos gros sites, en Rhône-Alpes.
50:09Ça, ça nous ferait économiser à peu près 6 000 tonnes de CO2.
50:11Donc, ça, c'est vraiment transformant.
50:13Et ça nous fera, on sera à quelques milliers de tonnes de l'objectif final de 2030.
50:17Donc, on est bien embarqué pour la trajectoire, notre trajectoire.
50:20Oui, et si je vous écoute avec attention ce que j'essaie de faire, l'argument, il est autant écologique qu'économique.
50:27Ah, les deux sont totalement liés, oui.
50:28Oui, complètement.
50:31Et d'ailleurs, si on revient sur l'exemple que j'ai donné sur l'eau du site de Clermont-Ferrand,
50:35pourquoi ce site a agi en premier ?
50:37C'est parce qu'on n'est pas en eau de forage, on était en eau de ville et donc on payait l'eau.
50:41Et donc, toutes ces économies qu'on a réalisées sur l'eau, en fait, également ont été rentables pour l'entreprise.
50:46Et on retrouve la même chose d'ailleurs sur l'énergie décarbonée.
50:49On va avoir une énergie plus efficiente.
50:51Après, souvent, les retours sur investissement sont plus longs.
50:54Donc, ça, ce sont aussi parfois des choix, on va dire, d'entreprise, de se dire,
50:59on aurait peut-être un rendement plus efficace avec une chaudière classique,
51:03mais on va faire ce choix parce que c'est notre engagement et notre trajectoire.
51:07D'une certaine façon, c'est ce qui rend la trajectoire crédible, le volet économique.
51:14Vous voyez ce que je veux dire ?
51:15Parce qu'on est dans une période de retour de bâton, on voit que les politiques,
51:20c'est presque une bagarre culturelle contre ceux qui disent que le réchauffement climatique est une arnaque.
51:26Donc, le fait d'avoir l'argument économique, c'est un gage d'un cap tenu, si j'ose dire ?
51:33C'est le gage d'un cap tenu, c'est sûr.
51:35Après, si on revient à ce qu'est Candia, on appartient à des éleveurs.
51:40Et s'il y a bien des personnes qui savent qu'il y a un changement climatique, ce sont les éleveurs,
51:45puisqu'ils le vivent au quotidien sur les exploitations.
51:48On a eu des étés extrêmement chauds, on a eu des perturbations sur les pluviales, sur l'eau.
51:56Donc, ça joue sur plein de facteurs entrant dans la ferme.
51:59Donc, on est mécaniquement, nous, par nos éleveurs, concernés directement.
52:03Donc, ils feront les choix en même temps que nous et avec autant de conscience que nous que c'est un sujet important.
52:09Merci beaucoup, Romain Derberg et à bientôt sur Vsmart for Change.
52:12On passe tout de suite à la rubrique start-up de notre émission.
52:15Smart Ideas, c'est notre rubrique consacrée aux start-up.
52:26J'accueille Jonathan Caille. Bonjour.
52:28Bonjour.
52:28Bienvenue. Vous êtes le cofondateur d'Ilénatech. Vous l'avez créé en 2021 avec votre compagne Stéphanie.
52:34Et pourquoi vous l'avez créé ? C'est quoi l'histoire ?
52:36Alors, l'histoire, c'est une histoire de famille, en fait, vécue, qui découle d'une question de notre fille,
52:41qui est tout simplement pourquoi les panneaux de stationnement handicapés ont communiqué un symbole, un pictogramme.
52:46Le handicap, ce n'est pas que ça.
52:47Et donc, du coup, pendant la Covid, puisqu'on a créé ce projet pendant la Covid,
52:51on a choisi de définir, en fait, ce pictogramme, de répondre à cette question,
52:56puisqu'elle n'est pas nodine.
52:57Ce sont un enfant et un regard d'enfant d'arrière.
53:00Donc, ils ne sont pas formatés et il y avait quelque chose à travailler.
53:03Donc, on a travaillé pendant la Covid sur ce projet-là.
53:05Sorti de la Covid, on l'a présenté au conseil départemental de nos départements
53:08pour savoir si on pouvait travailler avec eux pour faire des essais.
53:11On a eu une expérimentation de six mois dans nos départements,
53:14après différentes démarches au niveau...
53:16Vous êtes dans quel département ?
53:17La Haute-Marne.
53:17En Haute-Marne, oui.
53:18Et donc, du coup, on a eu une autorisation d'expérimentation en Haute-Marne
53:21pendant six mois.
53:22Et puis, on a continué nos démarches au niveau des ministères
53:25pour avoir une autorisation nationale depuis un an
53:27pour la pose de nos panneaux signalétiques.
53:30Alors, qu'est-ce qu'ils ont de différent, ces panneaux de signalétiques ?
53:34Alors, je pense que ces panneaux de signalétiques sont plus à la mode d'aujourd'hui,
53:37tout du moins, c'est-à-dire à la philosophie de notre fils,
53:39c'est-à-dire joyeux et dynamique,
53:41puisqu'on met en avant autant des personnes qui sont en fauteuil roulant
53:44qu'avec d'autres différences au niveau des handicaps,
53:47en puté, par exemple.
53:49Et du coup, ce qui permet de sensibiliser, en fait, notre génération
53:52et d'avoir un impact sur nos futures générations.
53:55Donc, il y a plusieurs panneaux.
53:57Il y a des panneaux différents, c'est ça ?
53:58Oui, c'est ça. On a exactement 27 panneaux différents
54:00qui vont permettre, en fait, de s'adapter soit au lieu aussi,
54:04et puis soit aux envies des communes, des PME, des PMI ou des GE
54:07avec qui on va travailler et développer ce projet-là.
54:11Qu'est-ce qu'elle vous dit, votre fille ?
54:12Vous avez commencé à le raconter, mais elle dit « je ne me reconnais pas »
54:15ou « c'est quoi ce panneau ? Je ne le comprends pas ».
54:19En fait, voilà, c'est ça ce principe-là.
54:21Alors pourtant, elle est en fauteuil roulant,
54:23donc elle devrait se retrouver dans…
54:24Mais en fait, on a une vision un peu plus large sur la différence
54:28et en effet, on ne se reconnaît pas dans un pictogramme.
54:31Déjà, nous, on humanise ce pictogramme-là.
54:34Donc déjà, dans une société où on a besoin un peu d'humanisation,
54:38je crois qu'on s'y retrouve bien.
54:40Et puis, on a un aspect sur la jeunesse pédagogique, les illustrations.
54:43Ces illustrations, on sait que ça passe un message très rapide
54:46dans notre société où tout va vite.
54:48Je pense qu'il faut avoir des messages impactants
54:50et ces messages des panneaux fonctionnent très bien.
54:52Alors, ils sont déjà déployés, ils commencent à être déployés,
54:56ils vont l'être bientôt, on en est où ?
54:58Alors, on a commencé à déployer en Haute-Marne,
54:59on a commencé à travailler avec des PME et des PMI et des GE parallèlement,
55:05avec des grands groupes, qui nous permettent d'avoir une visibilité
55:07autant sur le privé que sur le public.
55:09Et l'objectif maintenant, c'est de continuer à déployer,
55:12en fait, plus largement nos panneaux.
55:14Il faut savoir aussi qu'on a eu quelques exportations dans des pays étrangers,
55:18tels que Dubaï, au Canada et autres.
55:20Donc, ça, c'était une belle surprise.
55:22Donc, ça veut dire qu'il y a vraiment un besoin de changement de regard sur le handicap
55:25et que peut-être, voilà, les idées des jeunes sont porteuses.
55:30Mais vous avez le soutien du ministère des Transports,
55:32du ministère de la Cohésion des Territoires.
55:36Il y a des investisseurs derrière vous aussi ?
55:37Non.
55:38Non ?
55:38En fait, on est tout seul.
55:39Vous êtes tout seul, oui.
55:40Parce qu'en fait, c'est aussi l'objectif de cette entreprise,
55:42c'est de montrer que dans notre cas,
55:43en tant que famille avec une personne en situation d'handicap,
55:45on peut réussir des choses par notre vécu
55:48et porter des symboles un peu plus forts
55:49et de prouver qu'on n'est pas obligatoirement à avoir des levées de fonds
55:53pour commencer à avoir une petite idée et la faire développer.
55:55Après, on est ouvert à toute discussion à un moment donné.
55:57Vous verrez, mais pour l'instant, ce n'était pas notre choix.
56:00Non, ce n'était pas notre choix.
56:01Notre choix, tout du moins.
56:02Et puis, c'est comme l'application digitale, en fait.
56:05Tout du moins, on a créé aussi cette application digitale
56:07qui découle de notre vécu,
56:09puisqu'on est souvent dans les grandes villes,
56:10on cherche toujours une place handicapée.
56:12C'est très compliqué de la trouver.
56:13Donc, on avait et commençait à développer une application digitale
56:16qui permet de géocaliser les emplacements quand on pose nos panneaux
56:18et ce qui permet d'avoir un suivi, en fait,
56:21et donner différentes informations avec cette application-là.
56:23Cette appli, elle s'appelle Ilénatec aussi.
56:26Et donc, elle est sur toutes les bonnes plateformes.
56:29Elle est sur les plateformes, etc.
56:30Et on continue à la développer au fur et à mesure
56:32puisque toute Ilénatec est en création et en développement.
56:36Merci beaucoup, Jonathan Caille.
56:38Et bon vent à Ilénatec.
56:40Elle s'appelle comment ? C'est quoi le pronom de votre fille ?
56:42Ilénatec.
56:42Ilénatec, bien sûr.
56:44Ça veut dire le soleil ?
56:44Éclate soleil.
56:45Éclate soleil.
56:46Voilà, joli prénom.
56:47Et je crois qu'elle communique pas mal
56:48et qui sait peut-être qu'un jour, elle sera à ma place
56:51puisqu'elle veut devenir journaliste.
56:52On lui souhaite le meilleur.
56:54Merci beaucoup.
56:55À demain pour un nouveau numéro de Smart Impact.
56:58Merci à toutes et à tous de votre fidélité à BeSmart4Change.
57:02Salut.
57:02Sous-titrage Société Radio-Canada
57:11Sous-titrage Société Radio-Canada
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