- il y a 3 mois
Candia est la première marque de lait de consommation créée en France par des éleveurs. Elle appartient à une coopérative qui leur permet de choisir leur rémunération et de participer au conseil d’administration. Romain Deurbergue, directeur général de la société, explique en quoi cela permet de leur garantir une rémunération correcte. Il revient aussi sur les engagements environnementaux de l’entreprise.
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00:00C'est le grand entretien de ce Smart Impact, 26 minutes avec une personnalité qui compte dans notre économie.
00:11Je reçois Romain Derberg, bonjour.
00:13Bonjour Thomas.
00:13Bienvenue, vous êtes le directeur général de Candia, première marque de lait de consommation créée en France en 1971.
00:21Alors on peut dire quoi ? C'est une marque d'éleveurs peut-être ? C'est la première caractéristique ?
00:25C'est sa première caractéristique, c'est une marque d'éleveurs créée par les éleveurs pour les éleveurs.
00:29Donc ils ont créé cette marque, ils avaient déjà créé auparavant la marque Yoplait.
00:33Donc deux marques emblématiques et patrimoniales, on peut dire.
00:36Ce sont des marques qui comptent aujourd'hui dans le paysage français.
00:40Et ils sont très présents effectivement autour de nous pour nous accompagner dans le pilotage de l'entreprise.
00:46Ils sont encore présents aujourd'hui ?
00:48Bien sûr, ils sont présents.
00:50Les marques appartiennent aux éleveurs, à une coopérative qui s'appelle la coopérative Sodial.
00:55Et donc ce sont les éleveurs qui décident en particulier d'un élément crucial pour eux qui est le prix du lait.
01:03Qui du coup, contrairement à d'autres entreprises, et ce qui fait notre particularité, un peu notre unicité,
01:08c'est que pour nous le prix du lait n'est pas une contrainte mais un objectif.
01:12Donc notre objectif est la rémunération de nos actionnaires et de nos éleveurs.
01:15On y reviendra évidemment en détail sur cette thématique de la rémunération des éleveurs.
01:21Mais peut-être sur ce modèle coopératif, qu'est-ce que ça signifie concrètement ?
01:26Ça veut dire quoi ? Un homme, une voix ? Comment ça fonctionne ?
01:29Alors on dit un homme, une voix, en tout cas un éleveur, une voix, parce qu'il y a aussi des éleveuses,
01:33notamment au bureau et au conseil d'administration.
01:36Qu'est-ce que ça veut dire ?
01:37Ça veut dire qu'on a un parlement qui va élire un conseil, puis un bureau.
01:42Et ce bureau en fait a pour charge de fixer et de suivre la stratégie de l'entreprise,
01:47stratégie qui est exécutée par les directeurs généraux.
01:50Donc moi pour la partie lait, beurre, crème, puisque Candia ce n'est pas que du lait.
01:55C'est aussi un peu de beurre, un peu de crème.
01:57Et donc c'est ça qui change les choses.
01:59Je vais donner quelques chiffres clés concernant Candia.
02:03On est sur des 724 millions de litres de lait, près de 60 millions de litres de crème,
02:0956 000 tonnes de beurre commercialisées par an.
02:13Il y a six sites industriels en France, un chiffre d'affaires affiché d'un milliard 5 en 2024.
02:21C'était un milliard 250 millions en 2023.
02:24En voyant ces chiffres, je me dis comment on maintient la logique de la coopérative,
02:30cette gouvernance dont vous venez de parler, en étant aussi massif, aussi grand.
02:37Aussi grand.
02:38Comment on la maintient ?
02:39On la maintient déjà avec une forte proximité.
02:42Vous avez parlé des sites industriels.
02:44Il y a une forte proximité entre les éleveurs et les sites industriels.
02:49Donc ça se traduit concrètement par des conseils de région.
02:52Ce matin encore, il y avait un conseil de région du Nord.
02:55J'avais des questions qui m'étaient remontées par la présidente de région.
02:57Ils sont concernés par ce qui se passe dans l'usine.
02:59Ils discutent avec les commerciaux.
03:02Ils questionnent votre stratégie.
03:04Ils nous posent des questions régulièrement.
03:06On a un besoin, c'est aussi ce qui fait partie de notre modèle,
03:09un fort besoin de communiquer et d'expliquer la stratégie,
03:13comment elle se déroule, comment on la déploie.
03:17Je trouve que c'est un modèle qui est très enrichissant de ce point de vue-là.
03:21On essaye également de les associer à notre démarche.
03:24Ils viennent par exemple au magasin expliquer leurs produits.
03:27Ça, ça compte beaucoup.
03:29Les consommateurs, ils sont très sensibles.
03:30De voir un éleveur expliquer d'où vient le lait, qui l'a fait dans sa ferme.
03:36Avec plus de cinq décennies de recul, la consommation de lait, on en est où aujourd'hui ?
03:44Le pic de consommation, c'était quand ?
03:46À quel point cette consommation est en train de baisser ?
03:49La consommation, elle baisse de manière structurelle depuis à peu près 20 ans.
03:55Le principal vecteur de la déconsommation du lait, c'est le changement de nos habitudes de consommation en France.
04:02Le moment du petit-déjeuner qui était sacralisé disparaît petit à petit.
04:06Pour le meilleur, puisqu'un enfant qui arrive à l'école sans petit-déjeuner, c'est un enfant qui est moins attentif.
04:12Mais en tout cas, c'est un fait.
04:14Et donc, évidemment, ça crée cette baisse de la consommation.
04:18Qui s'accélère ou c'est une tendance un peu régulière ?
04:21Non, c'est une tendance au fond qui a un effet générationnel.
04:24Donc, on sait qu'à un moment, on touchera le fond.
04:26Donc, nous, notre objectif là-dedans, c'est de nous adapter à ces nouveaux moments de consommation.
04:32C'est-à-dire qu'ils ne sont plus nomades.
04:33Comment on fait pour ramener le lait dans les moments de consommation des consommateurs qui sont un peu différents,
04:40qui ne sont plus juste le petit-déjeuner ?
04:41Mais est-ce que ça veut dire que mécaniquement, les éleveurs qui ont créé la marque
04:47et qui continuent de la diriger par délégation produisent moins ?
04:52Alors, la collecte a baissé en France d'une manière également structurelle.
04:57Après, la collecte de Candia et de Sovial est largement suffisante.
05:01Et puis, nous sommes présents sur d'autres métiers que le lait de consommation.
05:05Donc, on s'est diversifié, notamment beurre et crème,
05:07qui pour Candia ont été des bons axes de croissance sur les trois dernières années.
05:13Vous parliez de la croissance de Candia, du chiffre d'affaires.
05:15Une grande partie est venue de la croissance à l'international et en restauration hors domicile.
05:21Donc, toute la restauration est très consommatrice de beurre et de crème.
05:26Est-ce qu'on consomme moins de lait bio qu'avant ou au contraire de plus en plus ?
05:31Alors, on consomme moins de lait bio, d'autant que la vague d'inflation qui a affecté la grande distribution après l'Ukraine
05:39a rendu les consommateurs très sensibles au prix et le bio était un peu plus cher.
05:44Donc, c'est vrai que nous, on a vu la consommation de lait bio baisser.
05:47Elle a moins baissé que d'autres catégories.
05:49Aussi pour une raison, c'est que le lait reste un produit accessible.
05:54Même si c'est plus cher, la décroissance a été moins forte.
05:57Nous, on essaye de protéger nos collectes bio.
06:00Il faut savoir que c'est un éleveur qui arrête le bio.
06:04C'est définitif.
06:06On met trois ans à revenir à une exploitation bio.
06:09Dans un sens ou dans le sens des processus.
06:12Elle est beaucoup plus rapide dans le désengagement que dans la conversion.
06:15Donc, on essaie au maximum de protéger notre collecte.
06:18Alors, on va s'intéresser effectivement, on a commencé à le faire, aux attentes des Français.
06:21Je vais m'appuyer sur cette étude que vous avez fait mener par Toluna sur les Français et les éleveurs.
06:28C'est intéressant parce que c'est massif.
06:3095% des Français estiment que les éleveurs laitiers devraient être mieux rémunérés.
06:35Et 94% qui jugent qu'ils sont indispensables à l'avenir de l'agriculture.
06:40Alors, ce sont des bonnes nouvelles pour les éleveurs.
06:42Mais si on parle de rémunération, vous nous disiez que vous aviez inversé la logique.
06:48Je veux bien qu'on rentre dans le détail pour bien comprendre.
06:51En quoi vos éleveurs sont mieux rémunérés que d'autres ?
06:54Alors, nos éleveurs choisissent leur rémunération.
06:57Donc, c'est ça qui est important.
06:59Après, la manière dont ils vont être rémunérés, c'est la performance de l'entreprise qui va le permettre.
07:04OK.
07:05Donc, nous, la logique qui nous guide, ça va être la valorisation de chaque litre de lait.
07:11Et ça veut dire aussi que le résultat de l'entreprise va être réinjecté pour partie, évidemment, dans l'entreprise,
07:17mais aussi dans la rémunération des éleveurs.
07:19Donc, c'est ça qui fera la différence.
07:23C'est qu'ils sont maîtres de leur destin et maîtres de fixer le prix du lait.
07:27Après, le prix du lait lui-même, évidemment, il va connaître le même environnement concurrentiel que nos concurrents.
07:34À quel point le succès d'une marque comme C'est-il Patron, qui est un vrai concurrent pour vous,
07:39ça vous a obligé à évoluer ou pas, d'ailleurs ?
07:43Oui. Alors, C'est-il Patron est un beau modèle.
07:46D'ailleurs, on produit le beurre C'est-il Patron dans notre usine de Clermont-Ferrand.
07:50Donc, c'est un modèle qui est assez vertueux.
07:55La différence avec nous, c'est que C'est-il Patron, c'est une coopérative de consommateurs.
07:58Et chez nous, les patrons, ce sont les éleveurs.
08:01Voilà. Donc, il y a cette petite différence.
08:04Mais des consommateurs qui ont quand même la rémunération des éleveurs en tête, quoi.
08:08Tout à fait.
08:09Ça se rejoint.
08:09Exactement, ça se rejoint.
08:10Et ensuite, ce qu'on va apporter, c'est le même impact, mais avec 14 500 éleveurs.
08:20C'est-à-dire que C'est-il Patron, c'est 60 millions de litres de lait sur le marché.
08:24Voilà.
08:24Les marques Candia, c'est plus de 300 millions de litres de lait commercialisés.
08:29Donc, on a un impact sur le marché qui est supérieur à marque.
08:33Et après, on a aussi de la MDD.
08:34Donc, c'est ça qui nous amène aux 700 millions de litres.
08:36Oui, effectivement. Je comprends le différentiel qui est effectivement très important.
08:43Le lait, enfin, je vais poser une question de Béossien, mais je revois vos chiffres.
08:46Le lait, la crème, le beurre, etc.
08:49On ne peut pas non plus démultiplier les produits.
08:51Vous voyez ce que je veux dire ?
08:52Ou est-ce qu'on invente ?
08:53Est-ce que c'est un métier dans lequel vous dites
08:55qu'est-ce qu'on peut trouver pour continuer de produire du lait et trouver des modes de consommation ?
09:01Alors, on n'est pas allé au bout sur le lait.
09:03Le lait est un aliment de la vie qui est très complexe.
09:08Donc, il y a certaines d'activités sodiales qui consistent justement à craquer le lait
09:12pour en extraire certains ingrédients.
09:16Et ça veut dire aussi que même nous, sur les produits finis, on n'est pas allé au bout.
09:19Il y a notamment une tendance de fond autour de la protéine.
09:21Donc, voilà.
09:21Il y aura des choses qui arriveront sur le marché du lait dans les années qui viennent
09:25autour de la fonctionnalité, autour de la santé, qui est vraiment une tendance de fond.
09:29Et le lait est un produit santé par excellence.
09:33Et donc, à vocation, je pense apporter également cette nouvelle tendance.
09:36Ça veut dire qu'il y a un budget recherche et développement R&D qui est quand même assez important dans une entreprise comme la vôtre ?
09:42Oui.
09:42Alors, on met en commun nos différentes activités.
09:46Donc, chez Sodiales ?
09:47Chez Sodiales, c'est ça.
09:48Peut-être de la coopérative.
09:49Donc, on va avoir la branche ultra frais, le fromage, les beurres crèmes.
09:53Il y a aussi toute la division ingrédients.
09:54Et donc, on a une R&D, effectivement, qui est très transversale sur tous les métiers du lait.
09:58On est un vrai laitier complet.
10:00Alors, je ne vais pas vous demander la prochaine innovation, puisque forcément, vous devez la cacher un peu.
10:04Mais la dernière, la dernière dont on peut parler, c'est quoi, par exemple ?
10:07Justement, pour être dans des moments de vie différents, on accompagne les ados avec des mille-chèques.
10:15Donc, on a lancé une gamme de mille-chèques Candy Up.
10:18C'est une innovation, puisque c'est une formule qui est capable de tenir avec une DLC, une date limite de consommation, du HT,
10:28avec une formule qui va avoir la texture et le bon goût d'un mille-chèques.
10:33On a une formule vanille, une formule chocolat qui marche très bien.
10:36Alors, je reste un peu sur votre étude sur les consommateurs, parce que je dois faire le tri entre le déclaratif et puis les actions.
10:47Par exemple, 93% qui disent avoir envie d'acheter des produits lorsqu'ils savent qu'ils proviennent d'une coopérature d'éleveurs laitiers.
10:53J'entends ça, je me dis super, sauf qu'en fait, on ne le sait jamais quand on est au supermarché ou quand on achète le produit.
11:00Non, effectivement, on ne le sait pas.
11:04Donc, on profite justement des 40 ans de la marque Grand Lait, qui est notre marque emblématique
11:09et qui porte un peu justement les valeurs de la coopérative, pour remettre la coopérative au centre de l'offre sur Grand Lait.
11:17Donc, on va avoir une carte qui revendique l'appartenance à la coopérative
11:21et qui explique justement les principes qui nous guident, c'est-à-dire la juste rémunération,
11:27la répartition du résultat qui revient aux éleveurs.
11:29Voilà, donc on remet, on va revendiquer beaucoup plus sur tous les produits de Cambia, notre appartenance à la coopérative.
11:37Le côté, parce que je parlais en pari du bio tout à l'heure, mais en fait, on s'est rendu compte
11:42quand il y a eu ce coup d'arrêt sur le marché du bio en pleine crise inflationniste,
11:46qu'il y a eu un effet peut-être de vase communiquant vers les produits locaux.
11:52Est-ce que vous, la carte, c'est-à-dire le fait de savoir d'où vient le lait,
11:56s'il est produit à proximité de chez moi ou pas, c'est un argument d'achat ?
12:02Je me place du côté du consommateur ou pas forcément ?
12:04Alors, c'est un argument d'achat, même si on a vu également les laits régionaux baisser.
12:09Le consommateur veut à la fois du local et en même temps, finalement, il finit parfois par choisir du prix.
12:14Je pense que les arbitrages, évidemment, dépendent de son pouvoir d'achat.
12:17Il faut savoir qu'une grosse partie de nos acheteurs, en fait, ont un pouvoir d'achat faible.
12:23Donc, voilà, il faut qu'on veille à avoir des prix accessibles.
12:27Et sur les offres locales, nous, on a aussi développé des offres locales,
12:30notamment conjointement avec des éleveurs.
12:32Dans le Sud-Ouest, par exemple, on a lancé la marque Les Éleveurs du Sud-Ouest,
12:35qui porte ce discours local.
12:38Alors, puisqu'on parle des produits, ça rejoint la question que celui qui était à votre place
12:42la semaine dernière, Olivier Vignol, le président exécutif de Domitiz,
12:47donc ce sont des résidences seniors, je le rappelle.
12:49Voilà la question qu'il vous pose.
12:51Bonjour Romain, moi j'ai évidemment une question pour vous.
12:54Est-ce que Candia a fait ou s'apprête à faire des produits spécifiquement dédiés aux seniors
12:59parce qu'ils ont aussi une alimentation et une nutrition particulières
13:04et qu'il y a très peu de produits qui leur sont dédiés sur le marché ?
13:09Alors, je ne peux que vous inviter à lancer cette gamme de produits.
13:13Elle aura un très grand succès.
13:14Voilà un joli cadeau.
13:17Vous avez peut-être déjà eu l'idée, mais ça existe peut-être depuis longtemps, je ne sais pas.
13:23Alors, le lait reste un très bon produit pour les seniors, de manière générale,
13:26puisqu'il contient de la protéine.
13:27Vous savez qu'avec l'âge, on perd la protéine, donc on a besoin de se renforcer en protéine.
13:32Après, effectivement, ça fait partie de nos axes de développement.
13:34Le marché de la protéine se développe beaucoup.
13:38D'accord.
13:38Donc voilà, on a des offres qui sont en train d'être...
13:41Ah, donc on est dans les innovations dont on ne peut pas encore tout à fait parler.
13:46On y travaille.
13:47Donc c'est un marché que vous aviez évidemment identifié.
13:50La difficulté, c'est de faire quoi ?
13:52La démonstration que le produit nouveau qu'on va proposer a un effet réel.
13:59Vous voyez ce que je veux dire ?
14:00Entre la promesse et la réalité.
14:03Donc avant de le lancer, vous devez en faire la preuve, le faire valider par des autorités extérieures.
14:08Comment ça marche ?
14:09Comment ça marche ?
14:10En GMS, de manière générale, quand on va lancer, donc on a un encadrement réglementaire sur ce que l'on peut affirmer.
14:17En particulier, si on prend le cas des seniors, en fait, on sait de toute manière qu'il y a une carence globale en protéines.
14:23Avec l'âge, donc en fait, on va répondre très naturellement à une offre.
14:27Et puis, il faut savoir que la population des seniors va exploser en France et dans le monde.
14:31Pas seulement en France, mais dans le monde, en tout cas dans le monde occidental.
14:34Donc c'est un marché qui sera en croissance.
14:37Je voudrais qu'on consacre, évidemment, de longues minutes à vos engagements, on va dire, environnementaux.
14:45Il y a une transformation qui est soutenue par un plan d'investissement que vous affichez de 200 millions d'euros d'ici 2030.
14:54Alors, si je ramène ça au chiffre d'affaires d'un milliard cinq, on peut dire que ce n'est pas énorme, mais bon, c'est quand même un effort assez important.
15:01Vous n'aviez jamais mis autant d'argent sur cet enjeu-là environnemental ?
15:06Alors, le plan d'investissement, il a trois objectifs.
15:10Et il a, pour premier objectif, de remoderniser nos installations.
15:14OK.
15:14Les sites industriels dont on parle, c'est un secteur qui a beaucoup souffert après la fin des quotas laitiers.
15:22Et donc, l'investissement a été très peu soutenu.
15:25Donc, on a vraiment besoin de se remoderniser.
15:28Donc, les 200 millions, ils servent la modernisation, ils servent l'innovation, on en a parlé.
15:31Et ils vont forcément servir la décarbonation.
15:34En fait, à chaque fois qu'on va remplacer un équipement aujourd'hui, on va décarboner.
15:39Les stérilisateurs de nouvelle génération consomment beaucoup moins que ceux qu'on avait il y a 30 ans.
15:44Donc, à chaque fois qu'on va investir, on va décarboner.
15:47Du lait, c'est de l'eau ?
15:49Je pars de très loin.
15:53Mais il y a dans vos sites industriels une forte consommation d'eau ?
15:58Oui, non ? Comment vous la faites baisser ?
16:00On a une très forte consommation d'eau.
16:01On consomme à peu près 3 milliards de litres d'eau par an.
16:05C'est très important.
16:08On a pour objectif de baisser cette consommation d'eau de 40%.
16:11Donc, on consommait 3 milliards en 2019.
16:15Et on a fait un bout du chemin, mais il nous reste vraiment un gros bout du chemin à faire d'ici 2030,
16:20puisque nos objectifs sont à 2030.
16:23Ça passe par un vecteur.
16:26Le premier vecteur sur la baisse de la consommation d'eau, c'est la réutilisation de l'eau de nettoyage.
16:34Donc ça, ça va être un énorme vecteur.
16:36Et on a par exemple une usine qui est déjà à l'objectif, l'usine de Clermont-Ferrand,
16:39qui a baissé sa consommation d'eau de 42% entre 2019 et 2020.
16:43Grâce à la réutilisation, grâce à la réoptimisation.
16:49Donc, ça passe beaucoup, beaucoup par la réoptimisation.
16:53Plus que la décarbonation qui, elle, malheureusement, en tout cas, demande de l'argent,
16:57demande du CAPEX et demande de l'investissement.
16:59D'accord.
17:00Est-ce que ça suppose de revoir les circuits dans vos usines
17:06pour pouvoir réutiliser les zones de nettoyage, etc.?
17:11Parce que vous parliez de la rénovation d'un outil industriel qui datait un peu
17:16et qui souffrait d'un manque d'investissement depuis quelques décennies, si j'ai bien compris.
17:20Donc, est-ce que ça veut dire qu'il faut rentrer dans le dur ?
17:24Oui, on rentre dans le dur, oui, c'est vrai.
17:26On refait, dans notre plan de réinvestissement,
17:29on ne change pas, évidemment, les installations, lignes de conditionnement pour lignes de conditionnement.
17:34On revoit également la structure des sites.
17:36En particulier, on a un site dans le nord de la France sur lequel on va investir massivement.
17:39Et là, effectivement, on va revoir l'intégralité du schéma directeur industriel.
17:43C'est comme ça.
17:44Voilà, c'est comme ça qu'on l'appelle.
17:46Ou un peu pompeux, mais qui désignent bien la vision qu'on a pour le site.
17:52Je pose la question, parce que quand on parle de réutilisation des eaux,
17:56notamment des eaux usées ou des eaux grises,
17:58ce n'est pas exactement la même chose, mais bref, on ne va pas rentrer dans le détail.
18:02Ça suppose parfois d'avoir deux circuits de canalisation différents.
18:06Je rentre dans le dur, je rentre dans le détail.
18:08Ça suppose de récupérer les eaux de nettoyage, avoir des tanks de stockage pour réutiliser l'eau.
18:14Une eau qui a été utilisée une première fois, qui a servi à nettoyer une première fois une ligne,
18:19ou à un fin de cycle de nettoyage pour la réemployer.
18:22Donc ça, c'est un exemple.
18:24Et on va voir d'autres exemples.
18:25On va utiliser notamment ce qu'on appelle les ECML,
18:28les eaux de concentration de matière laitière.
18:30Donc on concentre le lait.
18:32Donc on va retirer l'eau qui vient du lait, comme vous disiez tout à l'heure.
18:37Et cette eau, on peut la réutiliser effectivement sous certaines conditions
18:40qui sont définies de manière réglementaire.
18:42D'accord.
18:42Par exemple, quand vous créez du lait en poudre, vous récupérez l'eau.
18:45Alors, non, on ne crée pas du lait en poudre,
18:48mais par exemple, on va concentrer du lait pour pouvoir le transporter de manière plus économique.
18:53Et voilà, on va essayer de transporter moins d'eau.
18:55Donc on va faire du lait concentré.
18:57D'accord, j'ai compris.
18:58Est-ce que la réglementation en matière d'eau usée, je reste là-dessus, c'est un thème qui me passionne,
19:02est-ce qu'elle vous aide ou est-ce qu'elle vous freine ?
19:05Est-ce qu'il y a des usages que vous pourriez développer, mais qui sont interdits aujourd'hui ?
19:11Elle accompagne nos évolutions.
19:13C'est-à-dire, typiquement, les ECML, les eaux de concentration de matières laitières,
19:16la réglementation va progressivement nous accompagner pour qu'on puisse la réutiliser de plus en plus.
19:20D'accord.
19:21Voilà, elle nous freine.
19:23C'est aussi à nous, avec les évolutions technologiques, de proposer aux législateurs et à ceux qui font la réglementation, des propositions.
19:31Et puis voilà, à ce moment-là, on s'assoit et on discute.
19:33Je ne pense pas qu'on soit freiné.
19:34Non, d'accord.
19:34Je pense qu'au contraire, on a plutôt, nous, industriels, laitiers, un vrai intérêt à réduire notre consommation d'eau
19:44parce qu'on le voit, on a encore eu à l'été des alertes sur nos sites, c'est notre droit à opérer.
19:51C'est-à-dire qu'on ne peut pas continuer à opérer comme avant dans un monde qui se réchauffe, dans une planète qui se réchauffe.
19:57On a besoin de prendre soin de notre approvisionnement en eau.
20:02Autre thématique qui est importante, évidemment, la thématique des emballages.
20:06Alors, je vais commencer par la question du plastique parce qu'on recevait, il y a, je ne sais plus si c'était hier ou avant-hier,
20:12No Plastic in the Sea, qui est une association très engagée pour parler de l'échec de la tentative de traité international sur la réduction du plastique.
20:22On parle d'éco-conception. Est-ce que vous, pour réduire la quantité de plastique que vous utilisez, ça suppose de changer la conception de vos produits ?
20:31Oui, complètement. D'ailleurs, on en discute régulièrement avec Citeo, qui est notre organisme de gestion de la collecte.
20:41Donc, on a des règles pour concevoir un produit. On essaye de choisir du monomatériau, d'éviter d'avoir plusieurs matériaux sur un emballage
20:49parce que ça rend plus complexe le recyclage. Et puis, on va travailler également sur la réduction du poids des emballages.
20:56Donc, en particulier sur la réduction de l'épaisseur des films plastiques, par exemple. Nous, c'est un gros vecteur de réduction du plastique.
21:04Après, ce qu'il faut savoir, c'est que le lait est un produit vivant et qui a trois ennemis, en fait, qui sont la lumière, l'oxygène et les micro-organismes.
21:13Et donc, nous, notre première priorité, c'est de garantir un produit sain pour le consommateur.
21:19Et donc, il faut qu'on arrive à faire tout ce mouvement de déplastification, mais tout en garantissant, évidemment, des produits qui soient sains et sûrs pour nos consommateurs.
21:29Et donc, ça veut dire que le plastique n'est pas tout le temps remplaçable, si je comprends bien.
21:33Alors, à date, on n'a pas des solutions complètement pour remplacer le plastique.
21:38Ça restera, en tout cas, dans les dix prochaines années, la solution majoritaire.
21:45On n'a pas encore trouvé, même si les fournisseurs y travaillent, et même si on travaille avec nos fournisseurs sur des solutions, on n'est pas encore arrivé.
21:52Il y a certaines solutions qui pourraient exister avec des bouteilles entièrement en fibre.
21:56Mais voilà, encore une fois, avec cette matière du lait, c'est peut-être la dernière qui arrivera à faire le passage, puisque c'est un peu plus compliqué pour le lait.
22:08J'essaie de cocher toutes les cases, des moyens pour faire baisser son impact environnemental dans une entreprise, une grande entreprise comme la vôtre.
22:17Alors, évidemment, il y a la question du transport, des flottes, de l'électrification éventuelle des flottes de véhicules, du fait de mettre moins de camions sur les routes si possible.
22:29Comment vous adressez ces enjeux-là ?
22:32Alors, on a un plan de décarbonation qu'on suit avec une trajectoire qui a été définie en 2019.
22:39Donc, on émet à peu près un peu plus de 33 000 tonnes de CO2 par an, on émettait en 2019.
22:47On a fait un gros bout du chemin, on est à moins 17, 18 %.
22:51On a beaucoup travaillé en fait sur l'usage de l'énergie.
22:58L'Ukraine en particulier, la vague d'inflation de l'Ukraine, souvent économique, et d'ailleurs, on le voit de manière générale,
23:04l'économique est indissociable de la durabilité.
23:09Donc, les deux sont totalement liés, on peut faire ce qu'on veut à la fin, il faut que le modèle fonctionne.
23:14Qu'est-ce que vous prenez comme décision au moment de la vague inflationniste sur l'énergie ?
23:19En quoi ça a été finalement un accélérateur ?
23:21C'est un accélérateur, déjà d'isoler toute perte de chaleur, ce qu'on appelle la chaleur fatale.
23:27On a dans nos usines encore parfois des circuits mal isolés.
23:30Donc, on a eu un gros plan d'action sur se débarrasser de toute perte de chaleur fatale.
23:36Donc, ça, ça a été un des vecteurs.
23:38Et puis ensuite, on a des plans d'investissement.
23:41Par exemple, on a le doigt sur le bouton d'une nouvelle biomasse, d'un nouveau système de chaudière décarbonant pour un de nos gros sites, en Rhône-Alpes.
23:54Ça, ça nous ferait économiser à peu près 6 000 tonnes de CO2.
23:56Donc, ça, c'est vraiment transformant et ça nous fera…
23:59On sera à quelques milliers de tonnes de l'objectif final de 2030.
24:02Donc, on est bien embarqué pour la trajectoire, notre trajectoire.
24:05Et alors, si je vous écoute avec attention ce que j'essaie de faire, l'argument, il est autant écologique qu'économique.
24:12Ah, les deux sont totalement liés, oui.
24:14Oui, complètement.
24:16Et d'ailleurs, si on revient sur l'exemple que j'ai donné sur l'eau du site de Clermont-Ferrand, pourquoi ce site a agi en premier ?
24:23C'est parce qu'on n'est pas en eau de forage, on était en eau de ville et donc on payait l'eau.
24:26Et donc, toutes ces économies qu'on a réalisées sur l'eau, en fait, également ont été rentables pour l'entreprise.
24:32Et on retrouve la même chose d'ailleurs sur l'énergie décarbonée.
24:34On va avoir une énergie plus efficiente.
24:36Après, souvent, les retours sur investissement sont plus longs.
24:39Donc, ça, ce sont aussi parfois des choix, on va dire, d'entreprise, de se dire, on aurait peut-être un rendement plus efficace avec une chaudière classique.
24:48Mais on va faire ce choix parce que c'est notre engagement et notre trajectoire.
24:52Alors, d'une certaine façon, c'est ce qui rend la trajectoire crédible, le volet économique.
25:00Vous voyez ce que je veux dire ?
25:01Parce qu'on est dans une période de retour de bâton, on voit que les politiques, c'est presque une bagarre culturelle
25:07contre ceux qui disent que le réchauffement climatique est une arnaque.
25:11Donc, le fait d'avoir l'argument économique, c'est un gage d'un cap tenu, si j'ose dire ?
25:18C'est le gage d'un cap tenu, c'est sûr.
25:20Après, si on revient à ce qu'est Candia, on appartient à des éleveurs.
25:26Et s'il y a bien des personnes qui savent qu'il y a un changement climatique, ce sont les éleveurs,
25:30puisqu'ils le vivent au quotidien sur les exploitations.
25:33On a eu des étés extrêmement chauds, on a eu des perturbations sur les pluviales, sur l'eau.
25:41Donc, ça joue sur plein de facteurs entrant dans la ferme.
25:44On est mécaniquement, nous, par nos éleveurs, concernés directement.
25:49Donc, ils feront les choix en même temps que nous, et avec autant de conscience que nous,
25:53que c'est un sujet important.
25:54Merci beaucoup, Romain Derberg, et à bientôt sur Vsmart4Change.
25:57On passe tout de suite à la rubrique start-up de notre émission.
26:00Merci.
26:01Merci.
26:02Merci.
26:03Merci.
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