00:00Tout pour investir, la masterclass, Christopher Dembic vous répond.
00:05Question-réponse, alors un sujet qui a été en lame de fond avec mes deux précédents invités,
00:10notamment Ronan Blanc l'a évoqué, à savoir cette question du risque souverain.
00:14Donc première question qu'on a aujourd'hui de Marie.
00:19Les marchés reprennent la main sur les taux. Est-ce le grand retour du risque souverain ?
00:24Comment s'en prémunir ?
00:25Alors très clairement, il faut être objectif à cet égard.
00:28On n'est pas du tout dans la même situation qu'on avait connue en 2010-2012.
00:32Vous vous en souvenez, c'est la crise de la dette souveraine européenne.
00:35C'était très compliqué. Les pays du sud de la zone euro ont connu l'austérité.
00:39Ça a été extrêmement compliqué pour les marchés boursiers européens.
00:42Et c'est d'ailleurs à partir de là qu'on a vu qu'il y avait un décalage de performance par rapport aux actions américaines.
00:48Donc on n'est pas dans le même scénario aujourd'hui.
00:50On est dans un scénario qui est un tout petit peu différent.
00:52C'est-à-dire que vous avez finalement des banques centrales.
00:54Vous le savez, dans cette émission, systématiquement, on a ce sujet de banque centrale qui revient et qui est en lame de fond.
01:00Les banques centrales servent concrètement de coussins de sécurité sur les marchés lorsqu'il y a des tensions.
01:05Et elles achètent notamment de la dette souveraine.
01:07C'était le bon exemple lorsqu'on a eu la chute du précédent gouvernement.
01:10Donc c'était le gouvernement Barnier à l'époque en décembre de l'année dernière.
01:14Qu'est-ce qui s'est passé ? Vous aviez des craintes de tension sur le marché obligataire français.
01:18Et automatiquement, la BCE est venue acheter un peu plus de dettes françaises que d'habitude.
01:22Ce qui a permis finalement de faire qu'on a tous passé un Noël sans encombre sur les marchés financiers.
01:28Alors ça ne veut pas dire, bien évidemment, qu'il n'y a pas un sujet de dette publique.
01:32C'est très clair dans les pays développés.
01:33La dette publique des pays développés est deux fois supérieure à celle des pays émergents.
01:37Et bien sûr, quand ils empruntent sur les marchés, c'est-à-dire que leur coût d'emprunt va augmenter.
01:41Et juste pour la France, on passe d'un taux moyen d'emprunt qui était, il y a encore un an, deux ans de cela, de 2% à 3,5%.
01:48Ça peut paraître peu, mais en réel, ça a un impact quand même assez important.
01:53Comme l'a dit finalement mon premier invité, Ronan Blanc,
01:56il y a certainement beaucoup plus d'opportunités au niveau de l'obligataire aujourd'hui sur l'obligataire des entreprises.
02:01Et d'ailleurs, certaines empruntent même des taux inférieurs aux États.
02:03C'est le cas par exemple de L'Oréal qui emprunte un taux inférieur à la France.
02:07que sur le souverain où on voit très clairement, notamment en zone euro, un vrai sujet.
02:13Donc peut-être réduire la poche qui est allouée à l'obligataire souverain,
02:16qui est souvent assez importante, notamment dans les contrats d'assurance-vie,
02:19et peut-être s'intéresser plus si on souhaite l'obligataire, l'obligataire d'entreprise,
02:23un rendement qui est intéressant et aussi une volatilité qui est plutôt faible.
02:26Ça, c'est pour la première question.
02:28On a une autre question qui est de Thomas.
02:30Et là, j'ai un invité qui va y répondre.
02:32Je vous avoue que c'est la question qui taraude un peu tous les expériences en ce moment.
02:37Y a-t-il encore des opportunités dans le secteur de la défense ?
02:41Parce qu'on a connu, bien sûr, une très forte appréciation en début d'année.
02:44Sans surprise, c'était vraiment lié à deux sujets.
02:47La guerre en Ukraine, en tout cas l'optimisme sur une éventuelle fin de la guerre en Ukraine,
02:52et les pays européens qui, bon gré, mal gré, en tout cas,
02:56vont augmenter leurs dépenses de défense sous la pression de Donald Trump.
02:59Et pour répondre à cette question, j'ai un invité aujourd'hui, Guillaume Dipizio.
03:03Vous êtes responsable de la gestion chez Dofid AM.
03:06Ravi de vous avoir parmi nous aujourd'hui.
03:08Bonjour, Christopher.
03:10Alors, pour répondre à cette question, effectivement,
03:13même si les valorisations ont beaucoup monté,
03:15il faut être conscient qu'on est juste au début du super cycle sur la défense.
03:20C'est-à-dire qu'on va avoir une appréciation de croissance
03:23de ces besoins-là, d'à peu près 8 à 10 %,
03:27dans le cas le plus conservateur,
03:30et ça pourrait aller même un petit peu au-delà.
03:32Aujourd'hui, les budgets militaires sont quand même assez faibles.
03:38Là, on va tendre vers 3,1 % du PIB.
03:41La moyenne sur 65 ans, c'est 3,5 %.
03:45Donc, on est en dessous, on est en train de rattraper la moyenne de 65 ans.
03:48Et on a développé depuis mars un budget qui est de 800 milliards,
03:55réarme EU, réarme l'Europe,
03:59donc pour faciliter, avec des déblocages d'à peu près un peu plus de 100 milliards par an.
04:05Donc là, on n'est qu'au début de ces prérogatives qu'on peut avoir sur la défense.
04:09Alors, au début, on voyait... Pardon ?
04:11J'ai envie d'être un peu taquin.
04:13On voit qu'en tout cas, les pays d'Europe de l'Est, pour des raisons évidentes,
04:16les questions de frontières avec la Russie,
04:18très nettement ont augmenté leur budget de la défense.
04:20Je pensera à la Pologne, je pensera aussi à certains pays scandinaves.
04:23Mais est-ce que vous pensez réellement que, un,
04:26les budgets de la défense en Europe, globalement, vont augmenter ?
04:28On voit qu'il y a des réticences, par exemple, en Espagne.
04:31Et surtout, est-ce que ça avantagerait pas plus les entreprises américaines ?
04:35À l'instant T, c'est un peu l'impression qu'on a,
04:36que les entreprises européennes ?
04:38Ou est-ce qu'il y aura une rotation, finalement, qui va se mettre en place ?
04:42Alors, effectivement, ça a déjà beaucoup profité aux entreprises européennes.
04:48Des entreprises comme Marine Metal,
04:50qui, au début de la guerre entre l'Ukraine et la Russie,
04:55se négociait autour de 100 euros, soit 2000 euros aujourd'hui,
04:59en cours de cotation, donc le cours a explosé.
05:01Donc, il y a énormément de choses qui ont été prises en compte
05:03dans un certain nombre de compartiments.
05:06Il nous semble qu'il y a quand même, en toile de fond,
05:11des choses structurelles qui sont en train de se produire.
05:15C'est-à-dire qu'on n'est plus du tout sur une guerre comme avant.
05:18On arrive sur des niveaux beaucoup plus technologiques.
05:22Et donc, il faut aussi avoir une dimension,
05:26non seulement sur la défense au sens dissuasion,
05:29mais aussi sur la cybersécurité.
05:31Et sûr, on parle du mur, notamment anti-drone,
05:35qui pourrait être en Europe.
05:37Et donc, là-dessus, on a besoin d'une coopération européenne,
05:41et notamment de cette taxe franco-allemand,
05:44pour, j'irais, accélérer un petit peu sur ces budgets-là.
05:47Donc, effectivement, il y a beaucoup d'autres voies
05:49que la voie clairement militaire qui s'offre.
05:53Et c'est pour ça qu'on pense qu'il y a encore du grain à moudre.
05:57Alors, sur la plupart des valeurs,
05:58vous avez raison de le souligner, Christopher,
06:01normalement, il y a une décote des valeurs européennes
06:04par rapport aux valeurs américaines.
06:06Et là, on est 25% de plus de valorisation
06:10sur l'ensemble des valeurs de défense européennes
06:13par rapport à leurs confrères américaines.
06:18Et donc, il y a quand même un peu moins d'opportunités.
06:20Et nous, chez Dauphiné, on a eu tendance, effectivement,
06:22à s'alléger sur l'Europe, pour revenir sur les États-Unis.
06:25En Europe, il y a une opportunité qui nous semble tout à fait probante,
06:30c'est Airbus.
06:31Puisque Airbus, même s'il n'y a que 12% de défense à l'intérieur,
06:36toute cette partie-là n'est pas prise en compte.
06:38Tout ce qui est regardé par les investisseurs,
06:40c'est le côté civil.
06:42Donc, le fait que l'aéronautique civile était un duopole
06:46et c'est devenu un monopole avec Airbus.
06:47Il y a tous les programmes qui vont être sur les Eurodrones,
06:51les Eurofighters, les avions ravitailleurs,
06:55et le projet Iris aussi, le projet satellite,
06:58qui n'est absolument pas pris en compte dans la valorisation.
07:01Donc, par exemple, il nous semble que Airbus
07:03est un véhicule tout à fait approprié
07:05pour s'investir sur cette thématique.
07:07Merci beaucoup, Guillaume.
07:09C'était un plaisir de répondre à cette question.
07:10Et je retiendrai notamment, pour répondre à Thomas,
07:14qui a un sujet sur la défense au sens large.
07:16Ça peut être intégré avec notamment la cybersécurité.
07:19Merci encore.
07:20Troisième question, le pétrole.
07:22On y revient assez régulièrement.
07:24Le pétrole en baisse de 12% depuis le début d'année.
07:27Jean-François nous demande s'il faut espérer un retour à la hausse.
07:30Alors, probablement pas.
07:33Là, c'est très très clair parce que le pétrole a une caractéristique.
07:36C'est le seul marché au niveau des matières premières
07:38où c'est finalement l'offre qui fait le prix et non pas la demande.
07:42L'offre, c'est notamment du fait que vous avez un cartel,
07:45l'OPEP+, plus les États-Unis,
07:46qui sont les premiers exportateurs au niveau mondial de pétrole.
07:50La logique est très claire aujourd'hui.
07:52C'est qu'on va continuer d'injecter énormément de pétrole sur les marchés.
07:57On va essayer de gagner de l'argent en accroissant les volumes qui sont vendus.
08:00C'est toujours un pari qui est risqué.
08:02Mais très probablement qu'on va avoir un prix du baril de pétrole
08:05qui peut tourner autour des 50 dollars.
08:07C'est donc une baisse potentielle dans les mois à venir d'à peu près 12 dollars.
08:11Et le point qui est intéressant, c'est que vous avez un gagnant qui est inattendu.
08:15C'est Donald Trump.
08:16Donald Trump, lorsqu'il était arrivé à la Maison-Blanche,
08:19avait dit qu'il nous faut un pétrole qui est autour de 50 dollars.
08:22À l'époque, il était autour de 80 dollars.
08:24Finalement, il va réussir son pari manifestement,
08:26un peu aidé d'ailleurs par les pays producteurs de pétrole de l'OPEP+.
08:30N'oubliez pas de poser systématiquement vos questions si vous le souhaitez.
08:33On y répond au cours de l'émission.
08:35Vous pouvez les poser tout au long de la semaine prochaine.
08:38On y répondra vendredi prochain.