00:01Secteur automobile qui en effet est à la traîne ces derniers mois et qui a encore vu ces dernières heures des mauvaises nouvelles,
00:08notamment, souvenez-vous, vendredi soir du côté de Porsche avec un groupe qui avait revu à la baisse ses objectifs.
00:13Pour parler de ce secteur automobile, j'ai le plaisir d'accueillir par téléphone Alain Dubrul, directeur général délégué de Claresco Finance.
00:19Bonjour Alain Dubrul, merci d'être avec nous ce matin.
00:22En effet, c'est un vendredi soir qu'a choisi Volkswagen et Porsche pour faire un avertissement sur résultat.
00:27En début de semaine, on a également vu Stellantis qui met l'une de ses usines au chômage partiel pendant 15 jours.
00:34C'est compliqué là quand même pour le secteur automobile, sachant que là, ça y est, ça commence à se voir très clairement dans les comptes.
00:40Oui, le secteur automobile est très compliqué.
00:43Rappelons que sur les 18 derniers mois, le secteur en Europe, il a reculé de 23%,
00:48ce qui fait une sous-performance de 35% vis-à-vis des principaux indices européens,
00:52avec effectivement, en queue de peloton, Stellantis à moins 63% et Porsche divisé par 2.
00:59Alors que c'est vrai que certains argumentaient ces dernières semaines que les pires nouvelles étaient derrière nous,
01:03que le secteur avait désormais touché le fond.
01:06Eh bien, les esports ont été à nouveau déçus, effectivement, avec l'annonce par Porsche d'une révision massive de cette révision,
01:11qui a évidemment impacté aussi sa maison mère Volkswagen.
01:15Alors c'est peut-être l'occasion de se dire, mais où est-ce qu'on en est sur l'automobile ?
01:17Alors je pense que chacun sait qu'il y a beaucoup de problèmes.
01:20Rappelons que le premier problème, c'est quand même le tassement de la demande.
01:24Parce que bon, pendant longtemps, l'automobile, c'était un marché entre guillemets mûr.
01:27Et puis, entre début des années 2000 et juste avant le Covid,
01:32le marché est quand même passé de 60 millions à 90 millions de véhicules.
01:36Donc c'était redevenu une industrie de croissance,
01:38mais principalement tiré par le formidable essor du marché chinois.
01:42Aujourd'hui, on a 27 millions de véhicules.
01:44Il y a 20 ans, on était à quelques millions.
01:45Et qui était aussi suivi dans un certain nombre de pays émergents.
01:49Pendant ce temps-là, l'Europe ou l'Amérique du Nord restaient chaque zone
01:51à peu près sous les 20 millions de véhicules.
01:53Là, ça n'a pas beaucoup plongé.
01:55Alors après le creux du Covid et les problèmes de production qui l'ont suivi,
01:58le marché réatteint cette année à peu près les 90 millions de véhicules,
02:02le niveau pré-Covid.
02:04Mais en fait, les perspectives de croissance pour les prochaines années sont modestes.
02:07Donc ce n'est plus un marché de croissance, ça redevient un marché mûr.
02:10Mais outre la maturité du marché chinois, il y a deux autres problèmes.
02:13Le premier, c'est le prix des véhicules.
02:15C'est au lieu de baisser, en fait, le prix moyen des véhicules augmente.
02:18Alors certes, les modèles sont plus sophistiqués,
02:20mais la vraie raison, c'est le durcissement des normes de sécurité,
02:22des normes écologiques qui est très compliqué.
02:25Et du coup, ça fait que le client trouve sa chair.
02:29Alors pendant un moment, cette hausse des prix a été compensée
02:32par le succès des véhicules low cost de type Dacia.
02:36Mais maintenant, avec la transition des motorisations thermiques
02:40vers l'hybride et l'électrique, les prix sont repartis à la hausse.
02:43Donc ça pèse sur la demande.
02:44Juste un indicateur qui est symbolique.
02:47En France, l'âge moyen de l'acheteur d'une voiture neuve
02:49était autour de 50 ans il y a 15 ans.
02:51Maintenant, on se rapproche de 60 ans.
02:53Ça donne une idée, c'est-à-dire que les jeunes n'ont pas les moyens
02:55d'acheter une voiture neuve.
02:57Le deuxième problème, ça je pense que certains le identifient,
03:00c'est l'immaturité des voitures électriques.
03:02C'est-à-dire vis-à-vis du thermique, elles restent plus chères à l'achat.
03:05Il n'y a pas encore suffisamment de points de recharge.
03:07Le temps de recharge est plus long.
03:09Mais le vrai problème en fait aujourd'hui, c'est le prix de revente à l'occasion.
03:12En effet, contrairement au diesel dont la valeur de revente décroît lentement,
03:16la valeur d'un véhicule électrique décroît rapidement et même très rapidement.
03:20Et la raison, c'est moins ce que les gens craignaient au début,
03:22à savoir la baisse de performance de la batterie.
03:24Mais c'est surtout l'obsolescence liée à l'arrivée de nouveaux modèles
03:27nettement plus performants.
03:29Alors ça s'est notamment vu chez les opérateurs de flottes automobiles
03:32qui en général revendent les véhicules au bout de trois ans
03:35avec un profit compris entre 500 euros et 2000 euros par véhicule.
03:38Mais sur le marché de l'occasion, ils perdent tous de l'argent en ce moment.
03:41Du coup, ils révident leurs règles d'amortissement et ils freinent les achats en amont.
03:45Et pour les constructeurs européens, outre à tous ces problèmes,
03:48il faut rajouter le problème des tarifs douaniers aux Etats-Unis.
03:50Mais surtout, la très grande avance technologique,
03:54y compris les constructeurs chinois dans l'électrique,
03:56qui se traduit par le fait que maintenant, ils arrivent,
03:59ils gagnent des parts de marché.
04:00Alors non seulement sur le marché chinois,
04:02où les constructeurs allemands étaient très présents,
04:04mais aussi, et ça ne fait que commencer, en Europe.
04:06avec l'installation de nouvelles usines, en Hongrie notamment.
04:10Et donc, la menace chinoise en termes de parts de marché ne fait que commencer.
04:14Alors pour faire face à ces menaces,
04:15les constructeurs européens sont en situation de surcapacité,
04:18un marché qui ne croit plus, avec en plus de nouveaux concurrents,
04:22donc ils sont obligés d'ajuster leurs coûts,
04:24de réduire la taille de leurs usines,
04:25alors qu'en même temps, les besoins d'investissement dans de nouveaux modèles
04:28sont criants, notamment électriques.
04:30Alors les lueurs d'espoir, c'est que les constructeurs européens
04:32vont renouveler presque un quart de leur gamme dans les 10 prochains mois.
04:36Donc ça apporte de la nouveauté et de l'innovation
04:38qui pourraient recréer peut-être un peu de demandes.
04:41Mais les Chinois sont là, ils sont moins chers.
04:43Même en les taxant, ils restent moins chers.
04:45Donc c'est très compliqué, si vous voulez.
04:47C'est intéressant de voir que Warren Buffett avait des actions BYD
04:51et en début de semaine, il a annoncé avoir liquidé sa ligne.
04:54C'est un message fort quand même sur BYD.
04:57Oui, c'est vrai que, outre bien que les Chinois soient très bons,
05:00ils se heurtent aussi à d'abord un marché chinois qui commence à stagner,
05:05ce qui n'est pas une bonne nouvelle.
05:07Et puis les problèmes que je viens d'évoquer,
05:08même si les voitures électriques chinoises sont meilleures,
05:11c'est vrai aussi en Chine.
05:12C'est-à-dire que l'innovation dans ce segment est telle
05:14que les acheteurs de voitures neuves hésitent
05:17parce qu'une voiture neuve se démode très vite.
05:20Donc on a aussi en Chine,
05:22la croissance de BYD a été décevante au cours des derniers mois.
05:27C'est-à-dire que même eux, en fait, même s'ils sont très bons,
05:29souffrent de la difficulté du marché
05:32qui finalement n'est plus en croissance, surcapacitaire.
05:36En tout cas, pour les constructeurs européens,
05:39c'est un vrai problème qui n'est loin d'être terminé.
05:41Et comment chez Claresco aujourd'hui,
05:42vous regardez ce secteur automobile qui est très vaste en Europe
05:46avec les constructeurs, les équipementiers,
05:48mais aussi très vaste du côté des États-Unis.
05:50On l'a encore vu en début d'année avec les droits de douane
05:52et les soubresauts sur Ford, General Motors et compagnie.
05:56Alors, sur très longue période, pour être tout à fait honnête,
05:58c'est un secteur qu'on a rarement détenu.
06:01C'est vrai qu'à partir de la décennie 2010 vers 2015,
06:04au moment où on a senti qu'il y avait une vraie croissance
06:06du côté de la Chine,
06:09on a commencé à en avoir d'abord par les équipementiers
06:11parce que les équipementiers sont en général mieux positionnés
06:14que les constructeurs parce qu'ils ont souvent
06:15des parts de marché de 20-30% dans leur catégorie,
06:19là où aucun constructeur ne dépasse 10%.
06:21Donc, le rapport de force est souvent mieux orienté
06:23pour les équipementiers.
06:24Et puis aussi, dans l'automobile,
06:26il y a un peu de politique ou de fierté nationale.
06:30Donc, des pays émergents, notamment,
06:32avaient envie de pousser leur propre marque nationale.
06:34Mais pour autant, si une marque chinoise
06:36a une boîte de vitesse Valeo,
06:39ce n'est pas très gênant, en fait,
06:40parce qu'il n'y a que deux ou trois fournisseurs mondiaux
06:42et ça, c'est quelque chose qu'ils adresseront plus tard.
06:44Donc, pendant un moment, les équipementiers, finalement,
06:46étaient mieux positionnés que les constructeurs.
06:49Mais là, dans le contexte actuel,
06:51ça fait deux ans qu'on n'a plus rien du tout dans l'automobile.
06:538,23 euros ce matin pour Stellantis,
06:55moins 3%, c'est la plus forte baisse du CAC 40.
06:58Merci beaucoup de nous avoir accompagnés ce matin, Alain Dubrul.
07:02On parlera du secteur de l'intelligence artificielle,
07:04qui continuera, bien sûr, d'être à la une de l'actualité
07:07dans les prochaines semaines,
07:09avec un titre à surveiller tout à l'heure,
07:11à 15h30, à l'ouverture de Wall Street.
07:13C'est Micron, qui, après la clôture de Wall Street hier soir,
07:16a publié des perspectives et des résultats meilleurs qu'attendus.
07:19Mais le titre était en timide hausse.
07:21Vous verrez, bien sûr, la réaction en direct à l'ouverture des marchés
07:24avec Guillaume Sommerer dans BFM Bourse.