00:00Emmanuel Macron a donc annoncé hier 6 milliards et demi de plus pour les armées d'ici 2027, Raphaël,
00:05qui verront ainsi leur budget doubler par rapport à 2017 sur la totalité du mandat.
00:09François Bayrou doit de son côté annoncer à l'inverse, j'ai envie de dire, 40 milliards d'euros d'économie demain.
00:16Il va falloir faire des choix en fait.
00:17Eh oui absolument Sandra, si je devais résumer l'affaire de manière un peu certes caricaturale,
00:22mais je dirais qu'il va falloir choisir entre notre souveraineté et nos retraités.
00:27Le monde change, les prédateurs sont de plus en plus agressifs, la guerre économique internationale s'intensifie.
00:34Nous vivons un moment de bascule, a rappelé hier soir le président de la République devant nos armées.
00:40Et nous, Français, continuons de vivre dans une bulle façonnée par l'après-guerre.
00:45Le Conseil National de la Résistance, les 30 Glorieuses, le confort d'un modèle social extrêmement généreux,
00:52financé grâce aux dividendes de la paix, eh bien ce monde est mort.
00:57Nous n'avons plus les dividendes de la paix dont nos parents avaient bénéficié, a dit Emmanuel Macron hier soir.
01:02C'est terminé.
01:04L'Europe ne peut plus se reposer comme elle l'a fait pendant 80 ans sur les Etats-Unis pour assurer sa sécurité.
01:10Et nous, Français, devons changer notre logiciel sur notre modèle social.
01:15Être lucide, a répété à plusieurs reprises le chef de l'État sur la situation du monde et de notre pays.
01:21Hier, Emmanuel Macron a prévenu.
01:23Il demandera un effort ponctuel à tous, comme François Bayrou d'ailleurs.
01:26Et ça, ça veut dire des arbitrages douloureux dans le prochain budget probablement.
01:30Ben oui, car la vérité, c'est que sauf à connaître une croissance très forte, on ne peut pas tout à la fois s'enorgueillir d'avoir la première armée en Europe.
01:39Nous avons la première armée en Europe en France.
01:41Et en même temps, être le pays le plus dépensier sur les dépenses sociales, avoir le plus faible reste à charge en matière de santé, travailler 200 heures de moins que la moyenne de nos voisins européens,
01:52partir plus tôt que tout le monde à la retraite avec les pensions les plus élevées, le tout avec des déficits qui ne cessent de s'aggraver depuis trois ans maintenant,
02:03et avec une croissance potentielle qui ne fait, elle, que baisser dans le même temps.
02:07Je rappelle qu'elle a été ramenée de 1,3 à 1% seulement dans le dernier budget. Cette équation ne fonctionne pas.
02:13Oui, ça fait du bien en le disant, effectivement. Mais Emmanuel Macron a quand même rappelé que les dépenses militaires ne devraient pas être financées par l'endettement, mais bien par la croissance, Raphaël.
02:21Oui, il a rappelé que notre indépendance militaire, je le cite encore une fois, est indissociable de notre indépendance financière.
02:28Il a raison Emmanuel Macron, sauf que nous perdons chaque année un peu plus de notre indépendance financière,
02:33avec une dette qui est passée depuis son élection de 99,2% du PIB à 114 points de PIB au premier trimestre 2025.
02:43Et comme il le fait toujours, Emmanuel Macron a promis de financer cet effort militaire par plus de croissance, plus d'activité, plus de production,
02:52comme il l'a déjà promis pour rétablir nos déficits par la croissance et l'emploi, toujours davantage que par la rigueur.
03:00Alors intellectuellement, il a raison le chef de l'État, si on avait le taux d'emploi de l'Allemagne, on n'aurait plus de déficit en France.
03:06Sauf que voilà, on ne l'a pas, le taux d'emploi de l'Allemagne, et 7 ans après son élection,
03:11et on affiche le pire déficit de la zone euro, et 1000 milliards de dettes en plus.
03:17Alors la croissance, c'est bien beau Sandra, mais comme les éoliennes, c'est une énergie intermittente,
03:22surtout en France, où l'on manque souvent de vent dans les voiles, faire le pari de la croissance pour rétablir les comptes,
03:30c'est un peu comme parier sur des panneaux solaires pour s'éclairer durant la nuit polaire au Groenland, c'est audacie.
03:37Donc vous nous dites qu'il va falloir changer finalement de logiciel si on veut s'en sortir.
03:42Bah oui Sandra, on n'a pas le choix, effectivement.
03:44Les retraites, c'est 400 milliards, les dépenses de santé qui sont en train de partir complètement dans le décor depuis le Covid,
03:50c'est plus de 200 milliards, la charge de la dette, elle, va passer de 67 à 108 milliards d'ici 2019,
03:56c'est 40 milliards de plus de charges de la dette qu'on va payer à nos créanciers chaque année.
04:02Alors dans tout ça, les 6,5 milliards d'accélération des dépenses militaires finalement ne pèsent pas grand-chose,
04:08et sont, j'ajoute, parfaitement indispensables, mais c'est 14 milliards de plus en deux ans pour arriver aux 64 milliards de dépenses
04:18quand il va falloir serrer la vis de partout, ça ne va pas être simple, la mission va être délicate pour François Bayrou,
04:24d'autant plus qu'après 2026, on sera encore loin du compte, je rappelle qu'il faudra au bas mot,
04:29100 milliards d'économies supplémentaires pour stopper la hausse de la dette.
04:35Résultat de la copie, demain, on en reparle après les annonces de François Bayrou.
04:38Évidemment qu'on y sera sur ces annonces. Merci beaucoup Raphaël Legendre.