00:006h47, Raphaël, les députés s'apprêtent à voter cet après-midi la suspension de la réforme des retraites.
00:05Une hérésie selon beaucoup d'économistes et de patrons.
00:08Et c'est surtout une décision qui va avoir un coût et ça l'est.
00:10Une hérésie selon certains journalistes aussi, car ce vote, il faut le dire, est confondant de bêtises.
00:15Il n'y a pas d'autre mot.
00:18Quiconque jette un œil lucide sur la pyramide des âges en France sait que le problème n'est pas idéologique, il est démographique.
00:25Tous nos voisins ont reculé l'âge légal de départ à la retraite, l'Allemagne, l'Italie, la Suède, même l'Espagne socialiste de Pedro Sanchez.
00:33On est à 67 ans. Nous on fait quoi ? On fait marche arrière.
00:36Alors combien ?
00:37Alors à court terme, la facture c'est 2 milliards et demi d'euros.
00:403 à 400 millions d'euros l'année prochaine, 2 milliards l'année suivante, 2 milliards supplémentaires l'année suivante.
00:46Comment on finance tout ça ?
00:47Eh bien par une hausse de la CSG sur les revenus du patrimoine, près de 3 milliards prévélés sur votre épargne,
00:53votre assurance vie, vos loyers, 3 milliards, pour que 3,5 millions de Français nés entre 1965 et 1968
01:02puissent partir 3 mois plus tôt en retraite.
01:06Voilà le calcul, 3 mois de repos contre 3 milliards d'impôts.
01:10Je trouve ça un peu cher payé, non ?
01:12Le vrai problème n'est pas là.
01:14En réalité, il est un peu plus loin.
01:16Le plus grave, ce sont les effets à long terme de ce vote.
01:20Les conséquences invisibles qui toutes vont dans le même sens, c'est celui d'un appauvrissement généralisé des Français.
01:29Qu'est-ce que vous mettez dans le mot appauvrissement ?
01:31Il y a un triangle d'incompatibilité très bien résumé par l'ancien directeur de l'INSEE, Jean-Luc Tavernier,
01:38et l'ancien syndicaliste Jean-Marie Spet.
01:39C'était fin octobre dans les échos.
01:42On ne peut pas, à la fois, réduire les déficits, augmenter nos revenus et refuser d'allonger la durée du travail.
01:51C'est impossible.
01:51Il faut faire un choix entre ces trois décisions.
01:55En décidant de travailler moins, on a deux options.
01:57Soit on creuse le déficit et donc la dette, donc on s'appauvrit collectivement.
02:03Soit on compresse les salaires et là, on s'appauvrit individuellement.
02:07Dans les deux cas, la facture est la même.
02:10Ce sont les Français qui s'appauvrissent.
02:14Et c'est les abusibles.
02:15Notre niveau de vie stagne, notre croissance s'essouffle et notre PIB par habitant décroche.
02:23Pourtant, notre niveau de retraite est comparable à celui qui est versé dans les autres pays européens.
02:29Individuellement, le niveau des retraites est à peu près le même,
02:32mais nos dépenses, elles, sont supérieures de deux points de PIB à la moyenne européenne.
02:37Pourquoi ?
02:38Parce que notre PIB, notre croissance est plus petit et moins de travail, c'est moins de richesse.
02:44Voilà la réalité qu'on refuse de regarder en face.
02:48Dans ce club des pays riches, la France devient le pays pauvre.
02:52Un pays pauvre qui veut s'offrir un modèle social de riche.
02:56Alors, c'est très noble, mais ce n'est pas possible.
02:59Et cette illusion qu'une majorité de députés de la gauche ORN s'apprête à nourrir cet après-midi,
03:04c'est une illusion, pardon.
03:06Le problème, c'est qu'à force de confondre générosité et irresponsabilité,
03:09on finit toujours par payer l'addition.
03:11Et cette fois, elle ne sera pas pour l'État, elle sera pour nous.