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  • 30/05/2025
🎙️Quel rapport les journalistes et producteurs de Radio France entretiennent-ils avec la langue française ?

Tanguy Pastureau, humoriste sur France Inter, revient, avec la liberté qu’on lui connaît, sur son rapport aux mots, matière première de son humour.

Une série de portraits proposée par le service de la médiation de Radio France. 📻

#LangueFrançaise #Journalisme #RadioFrance #Médiation #ServicePublic #radio

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Transcription
00:00Ce qui fait que du coup, peut-être que moi aussi, du coup je le disais.
00:10Alors pour moi, les messages des auditeurs sont extrêmement inspirants.
00:13C'est-à-dire que je vais parfois sur la page de la médiatrice pour voir un petit peu justement ce qui est dit.
00:17Pour moi, ce sont des retours directs en fait et on en manque en radio un petit peu finalement.
00:21C'est-à-dire qu'on est en studio avec nos copains, etc.
00:23Avec les gens qu'on connaît depuis des années, on déconne un peu pour moi en tout cas
00:25parce que mon but c'est d'essayer de faire rire.
00:28Mais on n'a pas de retour direct.
00:30Et là, ce sont des retours directs qui sont pour moi très précieux en l'occurrence.
00:38Évidemment que défendre la culture et la langue française sont des impératifs du service public en règle générale.
00:44Et moi, j'essaie de m'y atteler.
00:45Moi, j'avais un grand-père qui était professeur.
00:47Donc je sais qu'il y a pas mal de profs qui écoutent France Inter.
00:49Il n'y avait que ça bien sûr.
00:50Mais c'est vrai que moi, dès que je suis arrivé à Inter, franchement, j'ai fait d'autres radios avant.
00:53Et j'ai vu cette différence-là qui est que l'auditeur était exigeant, attaché à la langue française.
00:58Et ça, je l'ai senti très très vite.
00:59Donc oui, je trouve qu'il faut respecter ça et même s'en amuser un peu.
01:03Et troubler un petit peu parfois le jeu en justement s'amusant avec la langue.
01:07Il n'y a pas vraiment de tabou là-dessus.
01:09Alors, je ne m'interdis rien à l'antenne.
01:15Il n'y a pas de...
01:16Parfois, justement, je vais dire des choses qui sont un peu à l'inverse de ce que je dirais normalement.
01:20Juste pour justement créer un petit peu de la rupture et m'amuser avec cette langue.
01:25Donc non, il n'y a pas vraiment de règle établie.
01:27Je trouve que justement, quand on a un discours un peu...
01:29Comment dire ? Un peu figé.
01:31Parfois, un mot peut faire vriller le discours.
01:33Donc ça, c'est assez amusant.
01:34Même si c'est des choses qu'on n'entend pas forcément dans la bouche de la personne en question.
01:38Je trouve que justement, ça crée de la surprise.
01:43Alors, je peux avoir un tic de langage parfois qui est ce truc de langage parlé.
01:48On appuie la phrase en faisant un.
01:49Par exemple, je veux dire...
01:51Alors là, Emmanuel Macron, un.
01:52Et là, vous voyez, un.
01:53Et ça, on me le fait souvent remarquer en fait.
01:55Mais ce n'est pas vraiment un tic.
01:56C'est plus pour essayer d'attirer l'attention des gens du studio.
01:59D'essayer de poser le discours.
02:00J'essaie de lutter contre parce que justement, je ne veux pas avoir de choses qui reviennent comme ça dans mes chroniques et qui sont trop récurrentes.
02:08Mais non, j'essaie de ne pas avoir de tic.
02:14Alors, j'aime bien les mots à double sens, concupiscent, nictalope, ce genre de choses.
02:20Parce que les gens qui ne les connaissent pas imaginent qu'il y a beaucoup de vulgarité derrière ces choses-là.
02:24Alors que ça signifie toute autre chose.
02:26Mais le mot que je préfère de la langue française, c'est luxuriant.
02:29J'adore ce mot qui évoque une espèce de végétation totalement débridée, totalement dingue.
02:37J'imagine du verre, des buissons ardents, des choses formidables.
02:41Je ne sais pas, luxuriant.
02:42Il y a à la fois riant, il y a luxure, il y a luxe.
02:45Tout me plaît dans ce mot-là.
02:46Et je trouve qu'il résonne bien en plus.
02:48Alors, les anglicismes, moi, je ne les évite pas forcément.
02:54Il n'y a pas d'autre moyen d'exprimer qu'on est le week-end en disant qu'on est le week-end.
02:58Donc, de toute façon, c'est comme ça.
03:00Moi, je m'amuse aussi un petit peu avec.
03:02C'est-à-dire que, par exemple, un date, on peut dire que c'est un rendez-vous.
03:07Mais je trouve ça amusant dans une chronique d'exprimer les choses un petit peu comme les gens le font dans un sens.
03:12Même si ça ne me ressemble pas tellement à l'âge que j'ai, avec peut-être le parcours que j'ai.
03:16Je trouve justement, là aussi, que ça casse un peu le schéma existant en disant, tiens, là, Bruno Retailleau a fait un date, par exemple.
03:24Et je trouve que ce genre de petits mots qui est très employés par les gens aujourd'hui, il ne faut pas non plus s'en priver.
03:29Parce qu'il y a un côté amusant, finalement, à reprendre le langage d'aujourd'hui et s'amuser avec ces codes-là.
03:36Moi, j'ai mis du temps à repérer le fait que les gens le disaient.
03:40Je ne m'en étais pas réellement rendu compte.
03:43Ce qui fait que du coup, peut-être que moi aussi, du coup, je le disais.
03:46Dans mon spectacle, par exemple, il y a un moment où je dis du coup.
03:48Et j'ai cherché vraiment le moyen d'éviter cette formule-là, parce que je me disais, les gens vont le repérer.
03:52Et en fait, il n'y avait pas d'autre moyen réellement de le dire.
03:54De manière aussi simple, la phrase n'allait plus quand j'enlevais le du coup.
03:58Donc voilà, parfois, je les laisse et non, je trouve qu'on ne s'interdit rien.
04:02Moi, je m'amuse avec les genres, avec les frérots, avec les trucs qui ne me correspondent pas encore.
04:07Mais que les gens utilisent beaucoup.
04:11Donc voilà, j'aime bien ce genre de truc.
04:13Genre, en mode, frérot, wesh, tout ça.
04:16J'aime bien ces langages-là.
04:17Le mot radio, ça évoque ma passion d'enfance.
04:23Parce que moi, j'écoutais la radio depuis mes premiers jours, quasiment.
04:28Pour moi, qui ai grandi dans les années 90, c'était un peu le réseau social de l'époque.
04:32C'est-à-dire que les émissions de libre-antenne que les jeunes écoutaient.
04:34On se rendait compte qu'il y avait d'autres jeunes à l'autre bout de la France qui écoutaient la même chose que nous,
04:38qui avaient les mêmes problématiques.
04:40Donc pour moi, la radio, ça a été un lien social très fort.
04:42Et j'espère qu'elle le reste.
04:45Je pense qu'elle le reste.
04:47Mais voilà, c'est mon souhait.
04:49C'est-à-dire qu'on reste lié par la radio en quelque sorte, malgré nos différences.
04:55Oh là là, il y en a tellement.
04:57Si ce sont des souvenirs, pour France Inter, je parlerais de Macha Béranger,
05:02qui faisait La Nuit pendant longtemps, justement avec les auditeurs,
05:05qui avait une voix très, très particulière.
05:06J'ai beaucoup aimé aussi, il y a 20 ou 30 ans, Maurice sur Skyrock,
05:10qui est un animateur un peu spécial, qui envoyait beaucoup les gens balader comme ça,
05:15en disant « Non, toi, tu ne me plais pas, tu dégages, etc. »
05:16Il y avait un côté un peu rustre.
05:18Mais en fait, il fallait comprendre le personnage et rentrer dedans aussi.
05:21Moi, j'aime bien toutes ces voix.
05:22Bernard Poiret, avec qui j'ai travaillé pendant longtemps à RTL.
05:24Et puis, les voix ici, auxquelles on est habitué,
05:28celles de Claude Ascolovitch, par exemple, sur la revue de presse,
05:30ce sont des voix familières, en fait, qu'on entend tous les matins.
05:32Et on reconnaît ces gens à la voix, même si vraiment, physiquement, je ne vois pas ce qu'ils sont.
05:38Si j'étais dans un couloir, je sais qui sont ces personnes.
05:42Donc la base de la radio, c'est ça, c'est la voix.

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