Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • avant-hier
Sorcellerie : Vérité Historique et Fantaisie
La sorcellerie est un sujet complexe, abordé sous différents angles dans les textes.
Du point de vue de l'Islam :

Du point de vue historique, anthropologique et culturel ("Sorcellerie : Vérité Historique et Fantaisie") :
Le texte principal explore la sorcellerie en distinguant et en entrelaçant les notions de "vérité" (réalités historiques, sociales, culturelles) et de "fantaisie" (constructions imaginaires, stéréotypes).
1.
Définir la Sorcellerie : Pratique et Perception

La distinction entre magie et sorcellerie est souvent floue. Une distinction notable, surtout à partir du Moyen Âge, oppose la magie comme un "Art de commander aux forces du Mal" (associée au magicien, figure urbaine, initié) à la sorcellerie comme une tentative de commander ces forces (associée au sorcier, figure villageoise, apprenti). Au XVIIe siècle, on parlait de "Grand Sorcier" (magicien) et "Petit Sorcier" (berger, guérisseur).

Historiquement, avant sa diabolisation, la sorcellerie pouvait être associée à des fonctions potentiellement neutres ou bénéfiques, comme la guérison et la divination.

Les définitions ne sont pas universelles ; elles sont des construits sociaux reflétant les dynamiques de pouvoir et le contrôle sociétal. Les termes "magie" et "sorcellerie" sont devenus des outils de pouvoir social.

Le terme "sorcellerie" a souvent acquis une connotation péjorative, imposée par des groupes dominants, occultant la diversité des rôles. La "fantaisie" réside dans l'image monolithique du mal, tandis que la "vérité" englobe un spectre de pratiques et de rôles diabolisés tardivement.

L'archétype de la sorcière (vieille femme au nez crochu, pacte avec le diable, balai) est une construction culturelle, mélange de "fantaisie" (imagerie exagérée) et de "vérité" (reflet des peurs sociétales, angoisses liées au pouvoir féminin, réalité des persécutions). Cet archétype, souvent l'antagoniste dans les contes, s'est cristallisé à partir du XVIe siècle avec les traités de démonologie.
2.
Racines Historiques et Évolution des Croyances

La croyance en la sorcellerie remonte à l'Antiquité, avec des figures comme Circé. À cette époque, la magie existait sans cadre démonologique systématique. La "vérité" était l'existence de praticiens et de croyances en leurs pouvoirs ; la "fantaisie" ultérieure fut le récit d'une conspiration diabolique.

Le Moyen Âge européen marque la diabolisation progressive, réinterprétant les pratiques populaires et de guérison comme une influence démoniaque. Le concept du Sabbat comme parodie du Catholicisme est un exemple de "fantaisie" élaborée par les théologiens, qui pouvait rencontrer des "vérités" de révolte sociale. Ce processus graduel jeta les bases des persécutions.

Les grandes chasses aux sorcières (XVe-XVIIIe siècles) furent un phénomène de violence de masse (environ 50 000 à 60 000 exécutions, majorit

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Bienvenue, aujourd'hui on s'attaque à un sujet fascinant et complexe, la sorcellerie.
00:06On va essayer de voir ça sous plusieurs angles, avec des textes d'historiens, des travaux d'anthropologues
00:12et aussi ce qu'en dit par exemple la tradition islamique.
00:15Oui, bonjour. L'idée c'est vraiment de démêler ce qui est de l'ordre du vécu, des pratiques réelles
00:21et ce qui relève plus du fantasme de l'imaginaire collectif.
00:25Et il y a de quoi faire. Déjà, l'islam reconnaît le sire, la sorcellerie, mais attention, c'est pour la condamner très fermement.
00:33C'est vu comme une faute grave et la foi c'est la protection. C'est un point important.
00:38Tout à fait. La sorcellerie est toujours un peu à cheval entre ces réalités sociales, parfois très terre à terre,
00:44et puis des constructions imaginaires hyper puissantes qui peuvent avoir des conséquences bien réelles.
00:49Et en parlant de conséquences réelles, on peut difficilement éviter les grandes chasses aux sorcières en Europe.
00:54On parle du XVe au XVIIIe siècle, c'est ça ?
00:57Oui, voilà. Une période sombre. Les chiffres sont effarants. On estime entre 50 000 et 60 000 personnes exécutées.
01:0550 à 60 000, c'est énorme. Et surtout des femmes.
01:09Majoritairement des femmes, oui. C'est le résultat de plusieurs choses qui se croisent tragiquement.
01:14Il y a le contexte de l'époque, les guerres de religion, la réforme, la contre-réforme, les famines.
01:19Ça crée un climat d'angoisse terrible.
01:21On cherche des coupables, quoi.
01:22Exactement, des boucs émissaires. Et puis il y a cette construction idéologique, cette image de la sorcière comme alliée du diable.
01:30Des livres comme le Malleus Maleficarum, le marteau des sorcières, ont beaucoup aidé à diffuser cette idée.
01:35Ce livre, le Malleus, il a vraiment lancé le truc ou il a juste surfait sur la vague ?
01:39C'est plus complexe. Il n'a pas tout inventé, mais il a, disons, théorisé, donné une légitimité théologique et juridique à la persécution.
01:48Et surtout, il transpire la misogynie.
01:51Ah oui, on a.
01:52Ben oui, les femmes visées, c'était souvent celles qui sortaient un peu du cadre.
01:56Les veuves qui géraient leurs biens, les guérisseuses, les sages-femmes dont le savoir dérangeait.
02:01L'indépendance féminine faisait peur.
02:04D'accord.
02:05Ça, c'est la réalité historique, brutale.
02:07Mais l'image qu'on a tous en tête, la vieille, au nez crochu, le chaudron, le balai, elle sort d'où cette caricature ?
02:15Alors ça, c'est intéressant parce que c'est un agrégat.
02:17Ça puise dans des figures de folklore très anciens.
02:21On peut penser à Circé, à Baba Yaga.
02:23Des figures puissantes, un peu ambiguës déjà.
02:26Voilà. Mais l'image s'est vraiment figée et diffusée en masse avec l'imprimerie, les gravures des Sabahs, qui étaient souvent très spectaculaires, très fantasmées.
02:35Et après, la littérature, les contes et plus tard le cinéma, Disney, Harry Potter.
02:41Tout ça a recyclé et simplifié cette image à l'extrême.
02:45Et ça masque complètement la diversité des situations réelles, j'imagine ?
02:48Complètement. C'est un stéréotype puissant.
02:51Mais justement, si on sort de l'Europe, l'anthropologie nous montre des choses très différentes.
02:55Chez les Azandés, en Afrique centrale, par exemple.
02:58Oui, j'ai lu quelque chose là-dessus.
03:00C'est pas du tout le diable ou les pactes, c'est ça ?
03:02Pas du tout. Pour eux, la sorcellerie, le mango, c'est presque une substance physique qu'on a dans le corps, qu'on hérite.
03:08Parfois, on peut même être sorcier sans le savoir.
03:10Ah oui, quand même. Et ça sert à quoi alors dans leur vision du monde ?
03:13Ça sert à expliquer le malheur.
03:15Pas le comment technique, pourquoi le toit s'est effondré, mais pourquoi il s'est effondré sur ces personnes-là, à ce moment-là.
03:21C'est une logique pour expliquer l'infortune, la maladie, les accidents.
03:26Et c'est un système social pour gérer les tensions, avec des oracles, des rituels.
03:30C'est une sorte de système de causalité sociale, en fait.
03:33On peut le voir comme ça, oui. Une rationalité propre à leur culture.
03:37Sous le mot sorcellerie, on a des réalités hyper diverses.
03:42Et aujourd'hui, au XXIe siècle, ça ressemble à quoi ?
03:45Ben, c'est très éclaté. D'un côté, on a des mouvements comme la wicca, le néo-paganisme, qui réhabilitent complètement la figure de la sorcière.
03:53C'est vu comme une spiritualité positive, connectée à la nature.
03:56Et le féminisme aussi, non ? La sorcière comme symbole de résistance.
04:00Tout à fait.
04:00C'est devenu une figure très forte d'émancipation, de reprise de pouvoir face au patriarcat.
04:06C'est la sorcière réappropriée, revendiquée.
04:09Mais, et c'est crucial, il ne faut pas oublier l'autre face.
04:12Laquelle ?
04:13La persistance tragique des accusations de sorcellerie dans certaines parties du monde.
04:18En Afrique, en Asie, parfois même en Océanie.
04:21Des gens, souvent des femmes âgées, des enfants, sont encore accusés et victimes de violences terribles, de lynchages.
04:29Mais pourquoi ? Quelles sont les raisons aujourd'hui ?
04:31C'est souvent lié à des stress modernes.
04:34Des épidémies comme le sida, des conflits pour la terre, la misère économique.
04:40La sorcellerie redevient une explication facile et un moyen de désigner des boucs émissaires.
04:45Et puis, Internet joue aussi un rôle, pour le meilleur et pour le pire, en créant de nouvelles communautés, de nouveaux fantasmes, mais aussi en propageant parfois la haine.
04:54C'est fou, ce contraste.
04:56D'un côté, la réappropriation presque pop, et de l'autre, des violences archaïques qui persistent.
05:01Exactement. On a tout ça. La mémoire des persécutions en Europe, les systèmes de croyances qui ont leur logique propre dans d'autres cultures, les stéréotypes ultra-puissants de la pop culture, et puis ces réalités contemporaines très contrastées entre spiritualité, politique et violence.
05:19C'est vraiment un sujet où le fantasme et la réalité sont constamment en tension.
05:23Tout à fait. Et ça nous amène peut-être à une question pour réfléchir, non ?
05:28Quand on voit comment ces fantasmes, ces stéréotypes, ces peurs collectives, peuvent facilement masquer ou déformer des réalités humaines complexes, des logiques culturelles différentes,
05:40Comment on peut faire, nous, individuellement, collectivement, pour essayer de comprendre ces systèmes de croyances, qui nous paraissent peut-être irrationnels de l'extérieur, mais qui ont un sens profond, une réalité vécue pour des millions de gens ?
05:55Comment dépasser nos propres cadres pour comprendre l'autre sans le caricaturer ? C'est un vrai défi, je trouve.

Recommandations