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  • 20/05/2025
Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot dénonce "la violence aveugle et le blocage de l'aide humanitaire" à Gaza par le gouvernement israélien. "Qui sème la violence, récolte la violence", alerte-t-il.

Retrouvez « L'invité de 8h20 » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien

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00:00Le 7-10.
00:01Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères.
00:06Question réaction au 01 45 24 7000 et sur l'application de Radio France.
00:14Jean-Noël Barraud, bonjour.
00:15Bonjour.
00:15Et bienvenue à ce micro, beaucoup de questions à vous poser ce matin sur l'Ukraine,
00:20sur les élections en Europe, Roumanie, Pologne, sur le sommet Choose France
00:25et l'attractivité économique de notre pays.
00:28Mais d'abord, évidemment, le Proche-Orient où l'armée israélienne a durci ses opérations à Gaza,
00:34lançant l'opération terrestre chariot de Gédéon pour laquelle elle a rappelé des dizaines de milliers de réservistes.
00:42Benyamin Netanyahou annonce qu'Israël va prendre le contrôle de tout le territoire de la bande de Gaza
00:48et en même temps a annoncé accepter de laisser passer un minimum d'aide humanitaire.
00:55Comment décririez-vous la situation ce matin, à l'instant T ?
01:00Elle est insoutenable parce que la violence aveugle, le blocage de l'aide humanitaire par le gouvernement israélien,
01:06ont fait de Gaza un mouroir, pour ne pas dire un cimetière.
01:10Cela doit cesser parce que chacun s'en rend compte.
01:12C'est une atteinte profonde à la dignité de la personne humaine.
01:15C'est une violation absolue de toutes les règles du droit international.
01:19Et c'est contraire à la sécurité d'Israël, à laquelle la France est attachée,
01:24parce que qui sème la violence récolte la violence.
01:28Alors, les informations sont assez contradictoires.
01:30Hier, Benyamin Netanyahou semblait dire qu'il laissait entrer certains camions humanitaires dans la bande de Gaza.
01:39Est-ce le cas ? On parle de cinq camions qui sont rentrés.
01:41Qu'est-ce que vous pouvez nous dire ce matin, de ce point de vue-là, de la levée du blocus humanitaire ?
01:46C'est tout à fait insuffisant.
01:48Certes, ça fait bientôt trois mois que l'armée israélienne bloquait l'accès de toute aide humanitaire à Gaza.
01:55Si bien que les Gazaouis, les enfants de Gaza, étaient affamés, étaient assoiffés.
01:59Et que pour des raisons, notamment de politique intérieure,
02:02le gouvernement israélien a décidé de réouvrir, d'entrouvrir la porte.
02:05Mais c'est totalement insuffisant.
02:07Ça l'était déjà avant ce blocus.
02:09Lorsque nous sommes rendus avec le président de la République à El Harish,
02:13à 25 kilomètres de la bande de Gaza, du côté égyptien,
02:16où se trouvent les entrepôts des organisations humanitaires,
02:20nous avons vu du matériel français qui était bloqué à l'entrée de Gaza,
02:24y compris du matériel médical, comme des béquilles,
02:27parce qu'il comportait des pièces métalliques qui auraient pu être détournées à des fins militaires.
02:34Tout cela doit cesser, parce que je le disais, on ne peut pas se satisfaire,
02:38on ne peut pas détourner les yeux de la souffrance des Gazaouis.
02:41Il faut que cette aide soit immédiate, qu'elle soit massive et qu'elle soit sans aucune entrave.
02:46Tout cela doit cesser, dites-vous.
02:49Ça fait plusieurs jours que vous le répétez.
02:50Hier, la France, le Royaume-Uni et le Canada ont prévenu que des mesures concrètes seront prises
02:54si cette nouvelle offensive militaire continuait.
02:56Mais ça veut dire quoi, des mesures concrètes ?
03:00Nous avons, au niveau national, chaque fois que cela était opportun,
03:04pris des mesures, pris des sanctions.
03:06C'est notamment le cas des sanctions que nous avons prises à l'égard des colons extrémistes et violents
03:11qui, en Cisjordanie, par leur violence, hypothéquaient, menaçaient, menacent la continuité
03:19du territoire palestinien et donc la perspective même d'un État palestinien.
03:23Mais là, c'est quoi les mesures dont vous parlez ?
03:26Les Pays-Bas ont proposé le réexamen de l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël.
03:35Et en particulier, le réexamen du respect de son article 2,
03:39qui dit que chacune des deux parties, l'Europe et Israël, doit respecter les droits de l'homme.
03:45Nous avons soutenu cette initiative et j'appelle la Commission européenne à faire cet examen,
03:51à instruire cette demande et à montrer si, oui ou non, Israël respecte cet article,
03:57respecte ses obligations vis-à-vis des droits de l'homme.
04:02Donc la menace est de rompre ce traité ?
04:05La suite, une fois qu'il est établi qu'une violation est manifeste,
04:09c'est effectivement la possibilité de suspension éventuelle.
04:14Avec quel effet ?
04:15L'accord d'association, il comporte une dimension politique,
04:19il comporte aussi une dimension commerciale.
04:22Et donc, si je puis dire, ni Israël, ni l'Union européenne n'ont intérêt à mettre fin à cet accord.
04:27Mais enfin, les images qui nous reviennent de Gaza,
04:30la situation des civils, des femmes et des enfants,
04:32nous oblige aujourd'hui à avancer d'un cran supplémentaire,
04:37puisque jusqu'à présent, lorsque ces propositions avaient été faites,
04:41ça avait été le cas par l'Irlande et par l'Espagne il y a quelques années,
04:45nous avions plutôt adopté une position réservée,
04:49considérant qu'un tel réexamen n'aurait pas d'impact concret sur le terrain.
04:53Aujourd'hui, nous avons pris une position différente,
04:56et j'ai dit très clairement que j'y étais favorable.
04:58Benjamin Netanyahou vous a répondu dans la nuit,
05:00ces réactions de Paris, Londres ou du Canada sont un cadeau immense fait au Hamas.
05:03Vous répondez quoi ?
05:04Notre objectif, depuis le 7 octobre,
05:08pire massacre antisémite de notre histoire depuis la Shoah,
05:12c'est bien de désarmer le Hamas,
05:14c'est de libérer tous les otages qui sont encore retenus dans ces tunnels.
05:17Mais ce que nous voulons, c'est aussi la sécurité d'Israël.
05:21Et on ne peut pas laisser aux enfants de Gaza en héritage la violence et la haine.
05:26Et donc, il faut que tout cela cesse.
05:27Et c'est pourquoi nous sommes déterminés à reconnaître l'état de Palestine.
05:33Et j'y travaille activement, parce que nous voulons ainsi contribuer
05:35à une solution politique dans l'intérêt des Palestiniens,
05:38mais aussi de la sécurité d'Israël.
05:40Parce que ce que nous cherchons, en contrepartie, si je puis dire,
05:43de cette décision à forte portée symbolique,
05:46c'est le désarmement du Hamas, son exclusion de la bande de Gaza,
05:50et de toute forme de participation à l'avenir de la gouvernance de la Palestine.
05:54Ça n'est pas un symbole, la reconnaissance de l'état palestinien ?
05:58Ça peut l'être. Certains pays ont décidé de prendre cette décision de manière symbolique.
06:03Nous, parce que nous sommes la France, nous voulons en faire l'occasion
06:07de créer les conditions pour l'existence même de cet état,
06:11ce qui suppose une mobilisation de toutes les parties prenantes,
06:14l'autorité palestinienne, les pays arabes de la région,
06:17mais aussi le Hamas, qui doit désormais déposer les armes.
06:20En attendant, en février, Israël annonçait préparer un plan de départ volontaire,
06:25entre guillemets, des Palestiniens de la bande de Gaza.
06:29Israël et les Etats-Unis ont évoqué plusieurs états pour relocaliser,
06:36là encore, entre guillemets, les Palestiniens.
06:39Dernière en date, la Libye, avec laquelle les Etats-Unis seraient en négociation
06:44pour déplacer un million de Palestiniens en échange de milliards de dollars d'avoir,
06:49selon des révélations de la chaîne NBC vendredi.
06:53Est-ce sérieux ?
06:54Les Américains ont-ils vraiment proposé des milliards de dollars à la Libye
07:00pour accueillir un million de Gazaouis ?
07:02C'était à eux qu'il faut le demander,
07:04mais pour ce qui nous concerne, nous nous y opposerons de toutes nos forces,
07:07comme nous nous opposerons toujours à tout déplacement de population,
07:11à toute annexion, à toute colonisation,
07:14parce que c'est contraire aux grands principes
07:17que nous avons bâtis sur les ruines de la Deuxième Guerre mondiale
07:20et qui, s'ils n'ont pas empêché toutes les guerres,
07:23ont permis au monde de traverser huit décennies d'une relative stabilité.
07:29Celles et ceux qui, par ce type de proposition,
07:32veulent nous faire nous précipiter dans un monde instable, dangereux,
07:36où les guerres et les conflits se multiplient,
07:39où les civils sont pris à partie,
07:41nous leur opposerons toujours une virulente contestation.
07:50Oui, alors virulente contestation, on entend.
07:53Rien qui ne fasse trembler Benjamin Netanyahou,
07:56il l'a redit hier dans un message,
07:59il veut occuper tout le territoire de la bande de Gaza,
08:02le porte-parole de l'armée a aussi répété
08:04que ses forces opéreront avec le but de rester,
08:06précisant que l'armée israélienne était déployée pour disséquer toute la bande.
08:10Et, vous l'avez sûrement lu,
08:12le ministre des Finances, Bezalel Smortrich, disait
08:15« Les habitants vont aller au sud de la bande de Gaza
08:18et de là, ils partiront vers d'autres pays avec l'aide de Dieu.
08:21Nous détruisons tout ce qui reste à Gaza,
08:22car le monde ne fait rien pour nous arrêter. »
08:25Quand on sème la violence, on récolte la violence.
08:28Tout cela n'est pas dans l'intérêt d'Israël.
08:30Et je crois qu'il y a des voix,
08:31en Israël, mais aussi ailleurs, dans la communauté juive.
08:35On en a entendu certaines s'élever ces derniers jours en France,
08:38qui sont parfaitement conscients que l'attitude du gouvernement israélien
08:43hypothèque la sécurité à l'avenir du peuple israélien.
08:47Et je vois bien dans les déclarations que vous avez lues tout à l'heure
08:50que le Premier ministre israélien a quand même dû tenir compte
08:53de l'unanimité qui s'est formée dans la communauté internationale
08:56pour dénoncer son attitude sur le plan humanitaire.
09:00Je crois qu'en continuant, bien sûr, en continuant de dénoncer,
09:04de condamner cette attitude, tout en affirmant,
09:07sans faillir notre attachement à la sécurité d'Israël,
09:11eh bien nous faisons œuvre utile,
09:14parce que nous soutenons ces voix,
09:16qui en Israël et ailleurs,
09:18appellent le gouvernement israélien à la raison.
09:20Jean-Noël Barraud, comment jugez-vous le voyage de Donald Trump
09:24au Proche et au Moyen-Orient la semaine dernière ?
09:27Levé des sanctions contre la Syrie,
09:29louanges faites à l'Arabie Saoudite et aux Émirats Arabes Unis,
09:33le fait qu'il ne se soit pas arrêté non plus en Israël,
09:37y a-t-il selon vous un changement de doctrine diplomatique des États-Unis ?
09:42Est-ce que vous le diriez comme ça ?
09:44Voilà pourquoi il est si important de se placer toujours
09:48dans le respect du droit international.
09:50Parce qu'on n'est jamais définitivement le plus fort.
09:54On n'est jamais garanti, sûr et certain d'avoir la protection du plus fort.
09:59Et c'est pourquoi, dans l'intérêt d'Israël,
10:00il faut revenir au respect du droit international.
10:02Parce que vous l'avez dit,
10:03Donald Trump dans sa tournée n'a pas fait étape en Israël.
10:06Et je pense que cela s'est ressenti en Israël,
10:10et que s'il y a une protection durable pour le peuple israélien,
10:13c'est bien le droit international.
10:15Encore faut-il, bien sûr, pouvoir le respecter.
10:17Quant à cette tournée,
10:21elle a permis de renforcer des coopérations entre les États-Unis et certains pays du Golfe.
10:28Ce qui nous importe, c'est que nous avons vu les États-Unis
10:32cheminer dans la direction que nous avons prise,
10:35quelques mois avant eux,
10:36qui est celle d'un dialogue exigeant
10:38avec les autorités intérimaires de la Syrie.
10:41Ce qui est très important pour nous,
10:43parce qu'il était difficile d'obtenir des résultats
10:45si les États-Unis adoptaient une approche totalement divergente.
10:48Donc la levée des sanctions va dans le bon sens ?
10:51Elle va dans le bon sens,
10:52si en tout cas on est préoccupé par la résurgence de Daesh,
10:56du terrorisme islamiste en Syrie.
10:58Si l'on souhaite mettre fin à la dissémination des armes chimiques,
11:05si l'on veut que toutes les composantes de la société syrienne
11:08soient dûment représentées.
11:09Voilà nos objectifs.
11:10Et pour cela, il fallait que les sanctions soient levées
11:13de manière progressive, réversible, proportionnée.
11:15Et c'est sur cette voie que les États-Unis ont décidé de nous rejoindre.
11:19Encore une question sur Donald Trump.
11:22Rostandard, c'est Sylvain qui vous la pose.
11:24Bonjour et bienvenue.
11:26Oui, bonjour et merci de prendre mon appel.
11:29Donc voilà, oui, moi je voulais poser une question
11:30au ministre des Affaires étrangères
11:32concernant la question de Pierre Aski dans son édito
11:36juste avant l'interview.
11:38À savoir si c'était Donald Trump qui avait la clé
11:41de la résolution du conflit à Gaza.
11:43Donc moi, ça me tient un peu peur de me dire
11:47que ce serait Donald Trump qui pourrait avoir la clé
11:50de cette résolution, étant donné qu'il a pu dire
11:53qu'il souhaitait faire de Gaza la nouvelle Véran,
11:56déplacer les populations.
11:58Donc je pense qu'au niveau de la diplomatie,
12:01il faut taper sur la table vis-à-vis de Netanyahou,
12:05mais également vis-à-vis de Donald Trump.
12:07et on ne doit pas être à la botte de ces deux personnages,
12:12à savoir un autocrate, enfin deux autocrates.
12:14Bien compris.
12:15C'est complètement raciste.
12:17Bien compris, Sylvain.
12:18Merci pour cette question.
12:22A-t-il la clé de Donald Trump pour résoudre le conflit
12:26sur la bande de Gaza ?
12:28Question de Sylvain.
12:29Merci Sylvain.
12:30Je pense que ce que Pierre Aski voulait dire,
12:33c'est que Donald Trump a la capacité,
12:36grâce à ses relations justement avec les pays du Golfe
12:38et en particulier l'Arabie Saoudite,
12:40d'obtenir une forme d'accord entre les pays de la région
12:46qui assure durablement la paix et la stabilité.
12:50Comment est-ce que cela fonctionnerait ?
12:51Eh bien, en contrepartie de l'obtention par les Etats-Unis
12:57de la, je dirais, du cessez-le-feu
13:01et puis de la reconnaissance par Israël
13:02du droit des Palestiniens de disposer d'un État,
13:05les Etats-Unis obtiendraient de l'Arabie Saoudite
13:08la reconnaissance d'Israël.
13:12C'est ce qu'on appelle la logique des accords d'Abraham.
13:15Donc c'est vrai que Donald Trump a une clé
13:17de la résolution du conflit israélo-palestinien.
13:20Il n'a pas pu s'en servir lorsqu'il s'est déplacé là-bas
13:23parce que la guerre fait rage.
13:25Il était hors de question pour des pays comme l'Arabie Saoudite
13:27de pouvoir dire qu'ils allaient comme ça
13:29se normaliser leurs relations avec Israël.
13:33Mais je vais vous dire, on ne peut pas attendre
13:35que le gouvernement israélien fasse mouvement.
13:38On ne peut pas attendre non plus tous des Etats-Unis.
13:41Et c'est pourquoi nous travaillons
13:43pour que la décision que nous voulons prendre
13:45de reconnaissance de l'État de Palestine
13:47puisse entraîner tous les acteurs de la région
13:50à faire mouvement dans la direction
13:54de l'existence d'un État d'Israël.
13:56Parce que ce qui compte moins,
13:58ou ce qui compte plus encore que la reconnaissance,
14:00c'est l'existence d'un État de Palestine.
14:03L'Ukraine.
14:04La situation toujours aussi bloquée.
14:06Donald Trump a parlé hier à Vladimir Poutine
14:07pendant deux heures au téléphone.
14:09Discussion que Donald Trump qualifie d'excellente.
14:12Vladimir Poutine de franche et utile.
14:13Il s'est passé quelque chose hier ou rien de neuf ?
14:17Je crois que Vladimir Poutine continue à tenir son langage hypocrite.
14:24Et chacun a bien compris qu'il ira jusqu'au bout
14:27de sa guerre coloniale si nous n'y mettons pas un coup d'arrêt.
14:31Alors bien sûr, ce serait utile que les Etats-Unis
14:34tapent du poing sur la table.
14:35Que ce fameux paquet de sanctions
14:37que les sénateurs ont présentées puisse être adopté.
14:40Mais sans attendre les décisions américaines,
14:43prenons-nous en charge.
14:45Et dissuadons Vladimir Poutine de continuer cette guerre.
14:50Poussons Vladimir Poutine à mettre fin à son fantasme impérialiste
14:54en actant des sanctions qui soient véritablement dissuasives.
14:59Mais pardon Jean-Noël Barraud, on vous entend.
15:02On a vu les accélérations diplomatiques.
15:04Pour l'instant, il ne tremble pas.
15:06Il ne bouge pas.
15:07Vous avez l'impression que vous le faites scier même Vladimir Poutine ?
15:10Vous savez, je crois qu'on a réussi
15:12grâce à l'unité des Européens,
15:16grâce à la mobilisation des Américains également,
15:18à éviter que l'Ukraine ne s'effondre jusqu'à présent.
15:21Si l'on prend les 17 paquets de sanctions
15:25qui ont été adoptés au niveau européen,
15:27ça représente une perte sèche pour la Russie
15:30de 400 milliards d'euros,
15:32c'est-à-dire l'équivalent de 3 années d'efforts de guerre.
15:35Donc heureusement que nous avons su prendre toutes ces mesures.
15:37Mais de toute évidence, elles n'ont pas suffi à dissuader définitivement Vladimir Poutine.
15:43Et donc, il faut aller plus loin.
15:44Je salue le fait que la Commission européenne ait décidé de passer à l'échelon supérieur.
15:52Et je l'invite à présenter, je crois qu'elle le fera dans les prochains jours,
15:57un paquet qui sera véritablement dissuasif,
16:00qui permettra de dévitaliser, d'essouffler l'économie russe,
16:04et d'alourdir la facture pour Vladimir Poutine de cette guerre coloniale.
16:08Jean-Noël Barraud, on sort d'un gros week-end d'élections en Europe, en Roumanie.
16:12Le candidat centriste pro-européen a finalement remporté la présidentielle
16:17face au candidat ultra-nationaliste.
16:21Première question, soulagement face à l'international réactionnaire
16:26que dénonçait Emmanuel Macron.
16:28Et puis un mot aussi de ce que Pavel Durov, le fondateur de la messagerie Telegram,
16:33a dit.
16:34Il a accusé la France d'ingérence dans ses élections.
16:38Un gouvernement d'Europe de l'Ouest a approché Telegram,
16:41nous demandant de réduire au silence des voix conservatrices en Roumanie
16:45avant l'élection présidentielle d'aujourd'hui.
16:49Que lui répondez-vous donc sur les deux points ?
16:51Oui, d'abord cette victoire est une grande satisfaction
16:53parce que, rappelons-nous où se situe la Roumanie.
16:57La Roumanie est sur le flanc oriental, à l'est de l'Union Européenne,
17:01directement confrontée à la menace que représente aujourd'hui
17:04la Russie armée jusqu'aux dents de Vladimir Poutine.
17:08Et donc que le camp européen parvienne à surmonter toutes les difficultés
17:11que la Russie a voulu placer sur le chemin démocratique de la Roumanie,
17:18c'est une très grande satisfaction.
17:19Ensuite, sur Pavel Durov, nous avons nié toutes ces allégations
17:25qui sont totalement infondées.
17:26Mais je voudrais simplement rappeler une chose,
17:28c'est que si cette élection a eu lieu dimanche dernier,
17:31c'est parce que la précédente édition avait dû être annulée.
17:34Pourquoi ?
17:35Eh bien parce que les règles de financement des campagnes électorales
17:39avaient été massivement détournées par des acteurs russes
17:42pour déstabiliser l'élection la première fois.
17:45Et j'ai vu des responsables du Rassemblement national accuser leur propre pays,
17:50la France, d'ingérence étrangère,
17:52alors que ce sont ces mêmes responsables du Rassemblement national
17:55qui sont allés soutenir en Roumanie le candidat nationaliste et pro-russe.
17:59C'est l'hôpital qui se fout de la charité
18:01et c'est la démonstration une nouvelle fois
18:03que le Rassemblement national est le parti de l'étranger.
18:05Il nous reste très peu de minutes, cela fait six mois désormais
18:08que Boalem Sansal est dans les jôles algériennes.
18:10Bruno Retailleau a tenté la carte de la fermeté,
18:12vous vous avez tenté la carte de la concertation
18:15et il est toujours dans les jôles algériennes.
18:17Rien ne marche.
18:18Je suis très préoccupé par son état de santé.
18:22C'est un homme qui est âgé et qui est fragilisé.
18:26C'est pourquoi je souhaite que son procès en appel
18:29puisse être jugé au plus vite
18:31et si possible dans les prochains jours
18:33pour qu'à la suite de ce jugement
18:35un geste d'humanité, celui auquel nous avons appelé
18:38les autorités algériennes,
18:40puisse être pris à son égard.
18:42Je crois que c'est bien la moindre des choses.
18:44Il y a un an, trois ministères dont le vôtre
18:46ont commandé un rapport sur les frères musulmans
18:48et l'islamisme politique en France.
18:49Ce rapport a été remis à Bruno Retailleau.
18:51Le Figaro en révèle les grandes lignes ce matin.
18:53Il parle de réseaux tentaculaires, d'organisations secrètes,
18:56de quartiers islamisés.
18:57Il parle d'un vrai risque frériste en France.
18:59Votre réaction ?
19:00Je ne vais pas commenter un rapport
19:02qui n'a pas été publié,
19:03dont nous allons faire l'analyse détaillée.
19:07Il a été remis à Bruno Retailleau ?
19:09Il a été remis à mes services également,
19:11mais il n'a pas été publié
19:12et c'est pour des bonnes raisons.
19:14Nous allons l'étudier dans le détail.
19:16Il fait suite à un travail de longue haleine
19:19par un préfet, un diplomate,
19:21auquel je veux rendre hommage,
19:23qui vont nous permettre de repousser
19:25cette percée de l'islamisme radical
19:27dans notre pays qui s'en prend
19:28à la laïcité, pourtant clé de voûte
19:31de notre contrat social.
19:32Bruno Retailleau, votre collègue de l'intérieur
19:34qui a remporté largement son combat
19:36contre Laurent Wauquiez
19:37pour la présidence du parti LR.
19:40Ça en fait un candidat sérieux,
19:41crédit pour 2027 ?
19:43En tout cas, ça en fait un président
19:44pour les Républicains.
19:45La page est tournée et d'une certaine manière,
19:47ce qu'ont dit les militants
19:49des Républicains,
19:50c'est qu'ils validaient
19:52la participation des Républicains
19:55au gouvernement de François Bayrou.
19:56Non pas par adhésion à un projet commun,
19:59mais par sens des responsabilités.
20:01Parce que face à toutes les menaces
20:02qui sont devant nous,
20:03la guerre est à nos portes,
20:04la planète est en ébullition,
20:05et puis on le disait,
20:06jusqu'en Roumanie,
20:07la démocratie est prise d'assaut.
20:10Face à tout cela,
20:11il nous faut faire preuve de responsabilité,
20:13savoir travailler avec des formations politiques
20:16qu'on a parfois combattues.
20:17Le temps des grandes confrontations reviendra,
20:19ce sera 2027,
20:20mais c'est encore un peu loin.
20:21Pour terminer, un mot sur le grand événement
20:23qui aura lieu dans trois semaines à Nice,
20:25présidé par la France,
20:26le Sommet Mondial pour Sauver les Océans.
20:29Pourquoi ce moment va être absolument capital ?
20:31Capital, parce que les océans
20:33sont une réserve de biodiversité,
20:35un quart des espèces,
20:37et un puits de carbone.
20:38La moitié de l'oxygène que nous respirons
20:40dans ce studio, Léa Salamé,
20:42est produit par l'océan.
20:44Or, l'océan est aujourd'hui en danger,
20:47avec l'augmentation des températures,
20:5129 degrés le 15 août dernier,
20:53à la surface de la Méditerranée.
20:55Et la montée des eaux va menacer
20:56tous les territoires côtiers.
20:58C'est pourquoi cette troisième conférence
21:01des Nations Unies sur l'océan
21:02se tiendra à Nice.
21:03Elle a vocation à être, pour l'océan,
21:05l'équivalent de ce que l'accord de Paris,
21:07il y a dix ans, a été pour le climat
21:10et pour les émissions de gaz à effet de serre.
21:11Vous verrez, nous allons mobiliser
21:13la communauté internationale
21:14pour sauver l'océan,
21:15parce que c'est l'océan qui nous sauvera.
21:17Merci Jean-Noël Barraud,
21:18ministre de l'Europe et des Affaires étrangères.

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