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  • il y a 6 jours
Avec Amélie Oudéa-Castéra ministre des sports et des JO entre 2022 et 2024, présidente du Comité national olympique et sportif français au micro d'Amélie Perrier. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-vendredi-25-juillet-2025-1931489

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00:00Les anneaux sont revenus sur la tour Eiffel.
00:02Une manière de célébrer le premier anniversaire de ces Jeux Olympiques entrés dans l'histoire.
00:06Quand le cœur de Paris a battu au rythme des exploits, des médailles, des cérémonies spectaculaires d'ouverture et de clôture.
00:13Un an après les JO, qu'en gardons-nous ?
00:15Bonjour Amélie Oudea Castera.
00:17Vous avez été la ministre des Sports de ces Jeux.
00:20Aujourd'hui vous présidez le CNOSF, le Comité National Olympique et Sportifs Français.
00:24D'abord cette première question.
00:25Un an après, quelle image de ces Jeux vous gardez dans votre mémoire ?
00:29Ah, c'est pas facile de faire le tri.
00:31J'imagine qu'il y en a plein, mais une qui...
00:33Je crois qu'en termes de pure émotion sportive, ça reste quand même la remontée de Léon Marchand.
00:40Dans ce 200 mètres pape, les 50 derniers mètres contre le Hongrois Christophe Milak.
00:45C'est une émotion pure d'une telle intensité dans cet aréna à la Défense qui accueillait les épreuves de Natas.
00:50C'était dingue.
00:52Mais j'ai aussi en tête le sourire d'Aurélie Aubert, par exemple, qui nous a émues aux larmes.
00:56Et puis au-delà de ça, la cérémonie d'ouverture qui reste quand même un moment phénoménal.
01:00Demain, le Comité Olympique organise des célébrations sur différents sites des Jeux.
01:04Pourquoi fallait-il marquer cet anniversaire à ce point ?
01:07Il fallait retrouver cet esprit de la joie.
01:09En vie, oui. Et puis bon, il faut fêter des grands moments comme ça.
01:14Je crois que c'est vraiment un épisode durant lequel notre pays s'est prouvé qu'il était encore capable de faire des très grandes choses.
01:19C'est vraiment un été de fierté, de félicité.
01:22On a aujourd'hui des jeunes qui nous disent « c'est le plus bel été de ma vie ».
01:24Il y en a même qui se marient sur fond de l'ère parade des Jeux olympiques et paralympiques.
01:31Non, ça a été un été d'immense accomplissement avec, en plus, chacun qui a pu apporter sa partition.
01:37Et un pays qui a vraiment montré le meilleur de ce dont il est capable.
01:41Donc il fallait fêter ça. Il fallait célébrer ça.
01:43Et puis moi, je suis très contente qu'avec l'ensemble des parties prenantes de l'organisation,
01:47on ait des événements. On ait des événements en province.
01:49On ait des événements à Paris.
01:50On aura plusieurs séquences et puis la présence aussi de la nouvelle présidente du CIO,
01:56Kirstie Coventry, qui sera aux côtés de Thomas Barr pour toutes ses célébrations demain.
02:01Avec différentes étapes, il y aura un moment autour de la scène,
02:04la révélation du monument des champions.
02:05Le monument des champions, on va enfin voir à quoi il ressemble.
02:08Il va y avoir l'inno...
02:09Alors, il ne faut pas que je dévoile en amont, mais sur le cours Saint-Louis,
02:13on sera en capacité exactement de révéler ce concept en l'honneur de tous les médaillés du monde entier.
02:21Olympique et paralympique.
02:22On aura aussi une séquence autour des statues des femmes illustres, vous vous souvenez,
02:27qui avaient mis à l'honneur Simone de Beauvoir, Gisèle Halimi, Alice Millard,
02:33très grande dirigeante historique qui a poussé comme jamais le sport féminin.
02:37On aura aussi un temps d'échange qui va permettre de réunir tous les acteurs de la réussite des Jeux
02:44avec les volontaires qui ont été vraiment ce sourire des Jeux extraordinaires
02:48et dont je veux saluer à nouveau le dévouement, l'engagement pour la réussite de l'événement.
02:52Et puis, on aura ensuite un temps au Centre Aquatique Olympique
02:54qui fait partie des équipements en héritage les plus emblématiques
02:58que notre pays va conserver au cœur de la Seine-Saint-Denis.
03:01Et un moment aussi dans le parc Georges-Valbon avec toute une programmation de festivités
03:06avec les associations sportives, culturelles.
03:09Il y aura un concert et qui va se prolonger le soir aussi par un karaoké.
03:13Donc, on veut vraiment que la population aussi bénéficie de ce moment
03:16et que ce soit un moment de festivité.
03:18On entend la fête, on entend votre sourire ce matin.
03:20Mais vous publiez également ce matin dans Les Échos une tribune avec Marie-Amélie Le Fur
03:24où vous parlez d'un amer anniversaire.
03:27Vous n'avez pas que le sourire ce matin.
03:29Oui, exactement. Je crois que nos...
03:31Là, on parle ici des efforts budgétaires, c'est ça.
03:33Exactement.
03:34Annoncé par François Bayrou pour l'année prochaine.
03:36Il y a ce bel anniversaire qui se dessine.
03:38Il y a aussi en perspective la fête du sport qui sera ce premier grand événement le 14 septembre.
03:45On a en héritage beaucoup de choses, à la fois sur notre cadre de vie, les logements, les transports, les pistes cyclables,
03:54même d'un point de vue d'emploi, tous ces emplois, cette filière de la sécurité privée.
03:58Donc, il y a un très grand héritage sur le plan matériel.
04:02Ça, vous le revendiquez.
04:03Y compris dans le champ sportif.
04:05Mais aujourd'hui, vous dites que les sports sont abandonnés par le gouvernement de François Bayrou.
04:09En autre illustration de l'héritage, près de 6 000 équipements sportifs de proximité qui sont sortis de terre, par exemple.
04:16Le passeport qui a pu bénéficier à des familles modestes pour que les enfants se financent un club à hauteur de plusieurs millions.
04:22Le passeport, il est raboté aujourd'hui.
04:24Voilà, exactement.
04:25Il n'a plus bénéficier, on l'a entendu, aux enfants entre 6 et 13 ans.
04:28Ce ne sera que pour les ados de 14 à 17 ans.
04:29Et ça, on est aujourd'hui dans un moment qui est budgétairement extrêmement délicat pour le monde du sport.
04:37Tout le monde, bien sûr, dans le contexte qu'on connaît, doit faire des efforts.
04:41Et le sport fait sa part.
04:42Le sport aussi modernise ses modèles économiques.
04:45Mais aujourd'hui, la contribution, le taux d'effort qui est demandé au sport, il est excessif.
04:50Il y avait déjà eu une première baisse du budget en 2025 de 18%.
04:55En gestion 2025, on a rendu quasiment la moitié des crédits qui avaient été votés en loi de finances.
05:02Aucun secteur n'a connu une telle ponction.
05:04Et là, de nouveau, ce qui semble se dessiner pour 2026, c'est cette baisse que vous évoquez des 18%.
05:09C'est une baisse qui est disproportionnée, complètement.
05:13C'est une baisse qui est incompréhensible parce qu'elle est vraiment à rebours de l'héritage des Jeux,
05:17de la dynamique qui a été enclenchée, de tout ce qu'on porte sur la construction de la nation sportive.
05:23Elle est en plus contre-productive parce que le sport, c'est un investissement.
05:27Quand on investit un euro dans le sport, compte tenu de ses externalités positives sur l'éducation,
05:32sur la cohésion sociale, la santé, le bien-être,
05:35c'est 13 euros au global qui sont économisés pour la collectivité.
05:38Et en plus, quand on sait les masses qu'on engloutit dans la lutte contre l'obésité, la sédentarité,
05:45rien que le coût social de l'inactivité physique dans notre pays, c'est 160 milliards d'euros chaque année.
05:51Vous l'avez dit à François Bayrou, ça, pour essayer d'alléger ses efforts budgétaires.
05:53On porte tout ça, avec la ministre des Sports, nous échangeons beaucoup.
05:58Moi, j'ai demandé, audience, à Amélie de Montchalin,
06:02on veut continuer à porter ce combat parce que c'est en plus dangereux.
06:06Parce que quand on coupe les crédits du sport comme ça, ça l'asphyxie,
06:10alors même que ça ne résout rien à l'équation globale des finances publiques,
06:14puisque ça n'est que 0,10% du budget de l'État.
06:16Et puis, c'est dangereux, parce que c'est des clubs amateurs dans nos territoires qui vont mettre la clé sous la porte.
06:23C'est des emplois d'éducateurs sportifs qui ne vont pas être renouvelés.
06:26C'est des enfants qu'on ne va plus accueillir dans nos structures sportives, dans nos associations.
06:30C'est des athlètes, des hauts potentiels sportifs qu'on ne pourra plus accompagner dans les mêmes conditions.
06:35C'est des gymnases, c'est des piscines qu'on ne va plus construire.
06:38Donc, l'impact, moi, je tire vraiment la sonnette d'alarme.
06:42Justement, on a vu beaucoup de jeunes, beaucoup d'adultes qui sont inscrits à la rentrée dernière,
06:46juste après le JO dans les clubs.
06:48Les clubs, les assos disent aujourd'hui, nous, on n'a pas les moyens d'accueillir tout le monde.
06:51On n'a pas assez d'éducateurs sportifs.
06:53C'est pour ça qu'il faut aller jusqu'au bout de la dynamique qu'on a enclenchée sur les équipements.
06:58On avait annoncé 10 000 équipements.
07:00Il faut aller au bout de cette entreprise.
07:02Il en manque 4 000, donc.
07:02En plus de ce qu'on a fait sur les équipements emblématiques.
07:05On mentionnait le centre aquatique olympique.
07:07Il y a l'arène à la chapelle.
07:08Et il y a une petite vingtaine de bassins de natation qui ont été légués à la Seine-Saint-Denis.
07:14Donc, il y a un travail considérable qui a été fait.
07:17Il ne faut pas le laisser en plan, le laisser en l'air comme ça.
07:20Sinon, en effet, ces progressions de plus de 20% qu'on observe dans plusieurs fédérations,
07:25je pense à l'escrime, au tennis de table, au badminton, et même côté paralympique, à la boccia par exemple,
07:31il faut qu'on ait la capacité à accueillir ces personnes.
07:34Donc, nous, on peut mieux mutualiser.
07:35Les athlètes en disport, aujourd'hui, disent qu'on a été bien mis en valeur pendant ces Jeux paralympiques.
07:39Aujourd'hui, on n'a plus rien.
07:39On ne peut pas accueillir les enfants porteurs de handicap dans les clubs, dans les associations.
07:44La bonne nouvelle, c'est que côté athlètes et haute performance, les budgets n'ont pas été entamés.
07:49Mais aujourd'hui, les coupes budgétaires menacent très clairement le sport amateur,
07:54menacent ce tissu social que représentent nos associations sportives et qui est tellement précieux.
08:01En plus, à un moment où on parle de problèmes de santé mentale,
08:04où on sait qu'on a des enjeux de dépendance aux écrans,
08:07le sport recrée des centres d'intérêt et une capacité pour la jeunesse
08:11à se voir transmettre des valeurs qui sont capitales aujourd'hui.
08:15Justement, est-ce qu'on n'a pas trop dit que le sport ne devait pas être politique pendant ces JO ?
08:19Est-ce qu'on n'en mesure pas assez les enjeux sociétaux ?
08:23Je crois qu'il ne soit pas politisé, mais il est politique au sens où il est au cœur de la vie de la cité.
08:28Et le sport doit avoir une place plus centrale dans notre société.
08:32Il apporte de très nombreux bienfaits.
08:35Et c'est un tel vecteur.
08:36On l'a vu avec ces Jeux olympiques et paralympiques, finalement, regardons les deux dernières années.
08:40Il n'y a pas beaucoup de choses qui, comme le sport, nous ont apporté autant de bonheur
08:43et nous ont permis de faire nation par le sport.
08:46Et on remet ça en 2030.
08:48La France a eu les Jeux d'hiver dans les Alpes françaises.
08:52Est-ce qu'il y a des erreurs qu'on aurait commises à Paris pour les JO 2024
08:56qu'il ne faut pas reproduire pour 2030 ?
08:59Alors, sans doute, ça est là et on fera en sorte d'en tirer les leçons.
09:03Mais justement, c'est une confiance.
09:05Une confiance dans notre capacité à organiser des grands événements.
09:07Une confiance dans le fait que ça a des tas d'effets bénéfiques pour notre pays
09:12et que ça a des retombées économiques qui sont très positives.
09:16Moi, je rappelle qu'aujourd'hui, les évaluations montrent qu'à l'échelle de l'Île-de-France,
09:19l'impact des Jeux de Paris 2024, c'était entre 7,5 et 11 milliards d'euros
09:23sur la seule région Île-de-France.
09:24Donc, cet effet pour nos montagnes, pour penser la diversification touristique,
09:29l'avenir de nos massifs, le devenir de nos sports d'hiver,
09:32c'est des jeux qui vont nous aider en même temps qu'on aura une très forte exigence
09:35sur la durabilité et la responsabilité environnementale de l'événement.
09:39C'est un élément qui est clé du cahier des charges.
09:41La nouvelle patronne du CU, vous l'avez dit, c'est Kirstie Coventry.
09:44Elle sera demain à Paris.
09:46Parmi les dossiers sur son bureau, il y a la participation des athlètes russes.
09:50Ça va compter pour ces jeux d'hiver.
09:52Et nous sommes inquiets de ce qu'on voit, du retour d'un certain nombre de Russes
09:57qui ne présentent absolument pas les garanties nécessaires vis-à-vis du pouvoir politique russe
10:01dans le monde de l'escrime.
10:02On doit continuer l'exclusion notamment.
10:03Nous avons tiré là aussi la sonnette d'alarme en engageant les échanges
10:08avec nos homologues du côté du CIO.
10:10C'est un point qui est très important.
10:12On est mobilisés avec le président de la Fédération d'escrime sur ce sujet-là.
10:15Il est très important que le sport reste cet espace de rapprochement entre les peuples
10:21autour de valeurs universelles qui sont des valeurs de paix
10:24et qui ne peuvent en aucun cas drainer de l'exclusion ou drainer de la haine, de l'agressivité.
10:33Ce sera le mot de la fin.
10:34Merci beaucoup Abelie Oudéa Castera d'être venue ce matin à notre micro.
10:38Vous serez donc demain aux cérémonies d'anniversaire des JO de Paris
10:41en tant que présidente du CNOSF et ancienne ministre des Sports.
10:44Bonne journée à vous.

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