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  • il y a 2 ans
Le 26 août 1955, Janet Marshall une institutrice anglaise, est retrouvée sans vie sur le bord d’un sentier de campagne en bordure d’Amiens.
Ce meurtre va devenir pour les enquêteurs un casse-tête... Les hommes de loi vont devoir mener avec le peu d’indices qu’ils ont en leur possession l’une des enquêtes les plus ardues d’après-guerre.

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Personnes
Transcription
00:00 Août 1955, une touriste anglaise apparemment sans histoire est retrouvée assassinée en Picardie.
00:06 Pas de mobile, très peu d'indices, les enquêteurs ont entre les mains un crime inexpliqué.
00:11 Il leur faut se tourner vers des techniques nouvelles.
00:13 Cinq mois d'enquêtes longues et difficiles seront nécessaires pour résoudre cet énigme.
00:19 L'affaire Marshall restera dans les annales de la police comme une des plus longues de l'après-guerre.
00:24 Mais surtout, elle marque le véritable début de la police scientifique avec l'utilisation du portrait robot.
00:30 Dimanche 28 août 1955, trois promeneurs font une macabre découverte.
00:42 Le long de ce chemin, un corps sans vie.
00:45 Celui d'une femme d'une trentaine d'années qui repose à quelques mètres d'un vélo.
00:50 - On a suivi le chemin, c'est en remontant le chemin qu'on a trouvé ça.
00:54 Henri Duhamel fut le premier à apercevoir le corps.
00:58 - Un petit sentier, on avait vu qu'il y avait quelque chose qui traînait là.
01:02 J'ai rentré dans ce trou, j'ai dit "where the where" parce qu'on avait vu la dame en allongée qui a été morte.
01:09 Cette découverte est le point de départ d'une laborieuse enquête policière.
01:16 Le lieu est reculé, nous sommes à 200 mètres des marées de la Somme, à 15 km d'Amiens, en bordure de 2 petits villages.
01:23 - Ça fait drôle quand même. Surtout quand on voit la dame allongée avec les grosses bêtes, les cartards qui rentrent dans le tour de nez, on se dit "elle est morte".
01:35 Aussitôt prévenus, les gendarmes constatent qu'il s'agit bien d'un meurtre.
01:42 Le corps de la jeune femme est couvert de blessures et des traces d'étranglement sont visibles autour de son cou.
01:48 Très vite, la nouvelle se répand dans les 2 villages bordant le chemin.
01:55 - La mort, de toute façon, fait peur. Et à un enfant, moi, j'avais très peur.
02:01 André Seuet avait 8 ans. Il a vu le déploiement des gendarmes.
02:04 - La nouvelle s'étant su, elle s'est répandue comme une traînée de poudre de maison à maison.
02:12 Et puis, moi, je me rappelle avoir vu des regroupements, les gens se regroupaient, ne savaient rien, mais se regroupaient et s'inventaient déjà un scénario.
02:22 L'endroit est méticuleusement fouillé. Seul indice découvert, un gourdin taché de sang retrouvé dans les buissons à quelques mètres du corps.
02:32 - Je suis en train de me faire un petit déjeuner.
02:34 - Tu veux que je te fasse un petit déjeuner ?
02:36 - Oui.
02:38 - Je veux que tu me fasses un petit déjeuner.
02:40 - Je veux que tu me fasses un petit déjeuner.
02:42 - Je veux que tu me fasses un petit déjeuner.
02:44 - Je veux que tu me fasses un petit déjeuner.
02:46 - Je veux que tu me fasses un petit déjeuner.
02:48 - Je veux que tu me fasses un petit déjeuner.
02:50 - Je veux que tu me fasses un petit déjeuner.
02:52 - Je veux que tu me fasses un petit déjeuner.
02:54 - Je veux que tu me fasses un petit déjeuner.
02:56 - Je veux que tu me fasses un petit déjeuner.
02:58 - Je veux que tu me fasses un petit déjeuner.
03:00 - Je veux que tu me fasses un petit déjeuner.
03:02 - Je veux que tu me fasses un petit déjeuner.
03:04 - Je veux que tu me fasses un petit déjeuner.
03:06 - Je veux que tu me fasses un petit déjeuner.
03:08 - Je veux que tu me fasses un petit déjeuner.
03:10 - Je veux que tu me fasses un petit déjeuner.
03:12 - Je veux que tu me fasses un petit déjeuner.
03:14 - Je veux que tu me fasses un petit déjeuner.
03:16 - Je veux que tu me fasses un petit déjeuner.
03:18 - Je veux que tu me fasses un petit déjeuner.
03:20 - Je veux que tu me fasses un petit déjeuner.
03:22 - C'est vraiment le grand événement.
03:24 Parce que dans un petit village, il y avait à l'époque à peine 500 habitants.
03:28 Les uns et les autres soupçonnaient peut-être Pierre, Paul ou Jacques
03:32 qui auraient été susceptibles de commettre un tel méfait.
03:36 - Le procureur Damien est saisi du dossier.
03:40 Une instruction est ouverte, les gendarmes passent la main à la police judiciaire.
03:44 C'est donc la brigade mobile de la PJ de Lille qui hérite de l'affaire.
03:48 La victime est rapidement identifiée.
03:56 Il s'agit de Janet Marshall, citoyenne britannique et jeune institutrice de Nottingham.
04:01 Dans cette soirée du 28 août, c'est tout ce que l'on sait de ce corps.
04:14 - Comme c'était les vacances, le corps a été transporté dans pré-au de l'école.
04:19 Et l'autopsie s'est pratiquée sous le regard de nombreux badauds
04:24 qui avaient réussi à se hisser près de la clôture, près du grillage
04:28 et qui n'en perdaient pas une louche.
04:30 Le lendemain de la découverte du corps, la presse publie les 1ers articles.
04:34 Et c'est le début d'un feuille de ton suivi des 2 côtés de la manche.
04:38 - Une affaire pareille, on a remarqué depuis 50 ans qu'il s'en est pas produit beaucoup depuis.
04:42 Jacques Béal est journaliste au courrier Picard.
04:45 - Le lieu où ça s'est passé est un lieu qui mène à l'Angleterre.
04:49 Elle allait vers le Touquet et ensuite vers l'Angleterre.
04:52 Donc il y a une grosse fréquentation des Anglais, des touristes anglais
04:55 qui passaient par la chaussette Iran-Court, par Amiens pour aller dans le sud de la France.
04:59 Donc tout de suite il y a eu ce lien entre à la fois un fait qui se passe dans un terroir
05:03 et en même temps une connotation internationale et anglaise, britannique.
05:07 Les plus grands quotidiens britanniques envoient très vite des dizaines d'envoyés spéciaux.
05:12 - Ils accompagnent évidemment ce fait divers d'un, comme souvent on peut le lire,
05:17 d'un côté de xénophobie un peu anti-française, sauvage.
05:21 Et là on était dans une contrée qu'ils pouvaient trouver sauvage.
05:24 Une contrée de marée, de terroir, de brume, d'humidité, d'accent Picard,
05:29 même d'un parler Picard qui n'est pas le parler français.
05:32 Et ils arrivent là un peu chez les Indiens.
05:36 Les enquêteurs vont reconstituer l'emploi du temps et le périple de Miss Marshall
05:41 depuis son arrivée en France un mois plus tôt jusqu'au lieu du crime.
05:45 Aucun élément particulier, aucun témoignage ne viennent apporter d'informations aux enquêteurs français.
05:52 En Angleterre, Scott Landyard se charge d'interroger la famille Marshall.
05:56 La mère de Janet ne viendra jamais en France et rien pour elle ne peut expliquer ce crime.
06:02 Le frère de Janet confirmera ce que tout le monde rapporte.
06:06 Janet Marshall était une fille sans histoire, sportive, passionnée de rencontres et de voyages.
06:11 - Quelqu'un qu'on aurait aimé croiser si on avait 20 ans.
06:16 - Il m'attendait effectivement, une Anglaise en bicyclette en 1955.
06:20 Certes elle est jeune, mais ce n'était pas chose fréquente.
06:23 Elle est étonnante cette jeune femme.
06:26 - J'ai 72 ans, je n'ai pas encore vu quelqu'un en vélo avec une route secours derrière, je n'ai pas le courant.
06:32 En Angleterre, Janet s'occupait d'enfants handicapés.
06:36 Elle était célibataire et on n'y connaissait aucun petit ami.
06:40 Arrivé par avion en France au mois de juillet 1955,
06:43 elle était partie de Toulouse pour entamer un périple à vélo de plus de 800 kilomètres.
06:48 Janet était une solitaire.
06:51 Le trajet qu'elle avait décidé de suivre était celui de nombreux touristes.
06:55 Roquemadour, la grotte de Lascaux, les châteaux de la Loire, Orléans, Fontainebleau, puis Amiens.
07:02 Ce jour du 26 août 1955 devait être le dernier de son voyage pour rejoindre le Touquet,
07:09 où une place à bord d'un avion avait été réservée.
07:12 Elle n'y arrivera jamais.
07:16 Le jour du jour
07:21 Comme on n'avait pas trouvé l'assassin, dans le village on disait "il est encore dans les marais".
07:33 Donc notre maison étant la deuxième maison avant les marais,
07:37 on se disait qu'un soir il aura faim et il va revenir.
07:40 Il va venir chez nous, il va taper à la porte ou même rentrer brusquement.
07:44 Et puis nous prendre en otage ou on sait pas.
07:49 Ça a alimenté encore l'angoisse de toutes et chacun.
07:52 Les gens étaient un peu terrorisés.
07:54 Dans les petits villages de la chaussée tirant cour et de Bélois-sur-Somme, c'est l'état de siège.
08:00 Les rues sont envahies par les journalistes, les policiers et les gendarmes.
08:04 Le meurtrier de Janet Marshall court toujours, la psychose s'installe dans la région.
08:10 Les gens avaient plutôt peur de rencontrer l'assassin.
08:15 Michel Fourny habitait la chaussée tirant cour.
08:18 On ne connaissait pas à vrai dire grand chose de cette tuerie.
08:23 Le maire de la chaussée tirant cour a fait un appel aux habitants
08:28 de bien vouloir à tel jour, à telle heure se réunir à la mairie.
08:34 Toute la population, hommes de la chaussée tirant cour et de Bélois-sur-Somme,
08:40 entre 30 et 50 ans, était convoquée pour être identifiés, s'identifier.
08:45 Donc ça créait un climat un peu de psychose en même temps.
08:48 J'ai oublié et je suis allé à la mairie de la commune de la chaussée,
08:53 au premier étage, pour raconter aux personnes qui étaient là
08:58 ce que je pensais du crime de Miss Marshall.
09:02 Pour les villageois, ce meurtre est un traumatisme
09:05 alimenté par les premières photos diffusées.
09:07 L'image d'une chaussure de la victime sera même publiée.
09:10 La rumeur enfle et tout le monde devient suspect.
09:13 La peur était dans le village et elle se transmettait de bouche à oreille,
09:18 de commerçant ambulant à client.
09:20 Donc ça n'a fait qu'alimenter encore la rumeur en disant
09:23 "ça peut être quelqu'un d'ici".
09:25 Comme c'est un endroit où allaient beaucoup de chasseurs, on dit "pourquoi pas un chasseur".
09:29 On avait vu le criminel à un endroit, on avait vu un autre,
09:32 on l'avait aperçu loin d'ici, on l'avait revu.
09:35 Les nouvelles s'amplifiaient et devenaient peut-être même un peu fausses.
09:40 Ça créait un climat de tension et de suspicion entre tous les habitants du village.
09:45 Les premiers à l'accuser c'était nous, vous étiez là.
09:48 Nous voulions savoir ce qu'on faisait là.
09:50 Pour avoir les histoires qu'on a eues après, les emmerdes, c'est qu'on veut le dire,
09:53 qu'on a eues après, on a dû laisser tomber ça,
09:55 on a dû partir et rien dire à personne.
09:57 Ça aurait été quelqu'un d'autre qui l'aurait retrouvé.
10:00 - Maman me disait "non, tu n'iras plus à la pêche,
10:03 parce que l'assassin est encore là, il va te prendre".
10:07 Et j'avais la pétoche.
10:10 Il y a l'angoisse, parce que tant qu'on ne trouvera pas l'assassin,
10:13 il pourra recommencer.
10:15 Quelques jours après la découverte du corps,
10:20 c'est une véritable armée qui occupe la chaussée tire-en-cours.
10:24 Le commissaire divisionnaire Chabot, patron de la police judiciaire de Lille,
10:28 ordonne le déploiement de 130 gendarmes pour effectuer une battue,
10:32 dans l'espoir de trouver des indices supplémentaires.
10:35 C'est l'opération ratissage.
10:38 - Ils font peur, ça provoque la peur de voir ces gens-là.
10:42 Ils se regroupent sur les trottoirs, il y en a énormément.
10:45 Et puis à ce coup, un coup de sifflet, un chef les appelle,
10:49 et là, ils se sont mis en randonnion,
10:51 et ils ont pris le marais dans toute sa largeur,
10:54 et ils ont ratissé depuis la chaussée tire-en-cours
10:57 en direction de Bélois-sur-Somme.
10:59 - La guerre, si on peut dire. Une espèce d'état de siège.
11:02 Une telle armada qui débarquait pour essayer de trouver des indices,
11:06 ça a vraiment marqué les gens.
11:08 J'ai pas habitué à voir ça, hein.
11:10 - Mais la battue est un échec.
11:15 Après une semaine d'enquête, le commissaire Chabot
11:17 dispose de 2 commissaires principaux,
11:19 d'une quinzaine d'enquêteurs de la PJ
11:21 et de 3 escadrons de gendarmes pour résoudre l'affaire Marshall.
11:25 A Paris, la Sûreté nationale lui donne carte blanche.
11:28 Interpol se charge de la liaison entre les polices françaises et anglaises.
11:34 Scotland Yard fouille en Angleterre les ports et les aéroports de la Manche.
11:40 Par voie de presse, des appels à témoins sont lancés.
11:44 On cherche des témoignages sur d'éventuels individus
11:47 repérés dans le sillage de Janet Marshall.
11:50 Jour après jour, les enquêteurs recueillent des descriptions
12:01 et un profil commence à apparaître.
12:03 L'agression a été réalisée par un homme solitaire,
12:08 de forte corpulence, qui n'a pas hésité à massacrer sa victime.
12:11 En 1955, les méthodes de signalement sont encore peu efficaces
12:14 et difficilement exploitables.
12:16 A cette époque, la police scientifique n'en est qu'à ses balbutiements.
12:20 L'investigation judiciaire a hérité des techniques vieillissantes
12:23 utilisées par les banlieues de la police.
12:25 La police a été en train de faire des recherches sur les témoins
12:28 et des témoins de la police.
12:30 La police a été en train de faire des recherches sur les témoins
12:33 et des témoins de la police.
12:35 La police a été en train de faire des recherches sur les témoins
12:38 et des témoins de la police.
12:41 L'investigation judiciaire a hérité des techniques vieillissantes
12:44 utilisées par les brigades du Tigre, basées sur les seules enquêtes de terrain.
12:47 L'alternative est donc de se plonger dans les archives policières,
12:50 des fiches poussiéreuses sur d'anciens condamnés.
12:53 Ces fiches signalétiques datent des années 1880.
12:56 Un certain Alphonse Bertillon invente alors l'anthropométrie.
12:59 La technique consiste à effectuer des relèvements de mesures osseuses
13:02 sur des condamnés.
13:04 Il faut chiffrer la taille, l'envergure, la largeur du buste
13:07 la longueur de l'auriculaire, les dimensions des pieds ou des oreilles.
13:10 En somme, décrire techniquement le corps d'un individu.
13:13 Toutes ces données seront reportées sur une fiche d'identité
13:16 qui permettra de reconnaître n'importe quel criminel en cas de récidive.
13:19 L'anthropométrie développée par Bertillon, ça consiste à classifier les conditions
13:22 de la vie de l'individu.
13:25 C'est-à-dire, les conditions de la vie de l'individu,
13:28 les conditions de la vie de l'individu,
13:31 les conditions de la vie de l'individu,
13:34 les conditions de la vie de l'individu.
13:37 Le commissaire Dièvre est le patron de l'identité judiciaire à Paris.
13:40 Pour ce faire, il développe son système de mesures osseuses
13:43 et il développe aussi la photographie standardisée face profil 3/4.
13:46 Chose qui n'existait pas à l'époque.
13:49 Les individus interpellés étaient photographiés
13:52 mais souvent dans des poses artistiques.
13:55 Couder une colonne d'orique en pied, en plan américain, en gros plan.
13:58 Et donc Bertillon dit, c'est totalement inacceptable.
14:01 Et donc Bertillon dit, c'est totalement inefficace.
14:04 Pour comparer, il faut que tout le monde soit pris en photo de la même manière,
14:07 Il faut que tout le monde soit pris en photo de la même manière,
14:10 à savoir à 3m50, dans le même cadre, assis sur la même chaise,
14:13 et de profil, et de face, et éventuellement de 3/4.
14:16 Il élabore aussi le portrait parlé, un signalement descriptif
14:19 avec des termes qui sont communs à toutes les descriptions
14:22 et utilisés par tous les policiers.
14:25 Alors ça ne marche pas très bien, c'est la limite.
14:28 C'est pas très efficace, et donc ce sont uniquement des fichiers manuels
14:31 et ce sont uniquement des fichiers locaux,
14:34 et il n'y a pas de centralisation nationale.
14:37 Ce qui rend la tâche des policiers extrêmement difficile.
14:40 En 1955, l'équipe du commissaire Chabot
14:45 utilise également les relevés d'empreintes digitales.
14:48 Le procédé existe depuis longtemps déjà,
14:51 mais comparer les fichiers d'empreintes et les traces reste une technique fastidieuse.
14:54 Dès leur première semaine d'investigation,
14:57 les policiers exigent que tous les hommes de 15 à 60 ans
15:00 habitant les villages de La Chaussée, Tirancourt et de Bélois-sur-Somme
15:03 viennent déposer leurs empreintes digitales.
15:06 Malheureusement, les comparaisons avec les traces retrouvées
15:09 sur le vélo de Janet Marshall
15:12 ne permettront pas de trouver le coupable.
15:15 - Elle a dû se débattre quand même pas mal, je suppose.
15:18 Pierre Pardouen vivait à Bélois-sur-Somme,
15:21 cet été-là.
15:24 - Je crois qu'il y avait pas mal de traces quand même de lutte.
15:27 Elle a dû se débattre, mais vous savez, un homme, c'est un homme quand même.
15:30 Il la suivait peut-être même depuis un petit moment,
15:33 puisqu'elle était en vélo.
15:36 Il la suivait, puis il s'est trouvé face à face à elle.
15:39 Est-ce qu'elle a été surprise?
15:42 Les 2 communes se demandaient qui était le coupable.
15:45 Et ils ont dit que c'était le coupable.
15:48 - Les 2 communes se demandaient
15:51 qui est-ce qui allait avoir le corps de Janet Marshall,
15:54 parce qu'il y avait la tête qui était sur la chaussée tire-en-cours
15:57 et le reste du corps était sur Bélois-sur-Somme.
16:00 Elle était couchée dans un fossé, si vous voulez,
16:03 et le fossé se partageait entre Bélois et la chaussée tire-en-cours.
16:06 Et pour finir, elle est partie à la chaussée tire-en-cours.
16:09 - Elle était de religion anglicane.
16:12 Et dans la religion anglicane,
16:15 on ne rapatrie pas forcément les corps quand la personne décède.
16:18 En principe, là où on meurt, on est enterré.
16:21 Une semaine après la découverte du corps,
16:28 tout le village de la chaussée tire-en-cours
16:31 se rend à l'enterrement de Janet Marshall.
16:34 Aucun membre de sa famille n'est présent.
16:37 Les villageois inument une inconnue
16:40 sous les objectifs de la presse internationale.
16:43 Un peu plus tôt,
16:46 une 2e autopsie avait été demandée
16:49 par le juge d'instruction de Trot.
16:52 Janet Marshall a-t-elle été violée?
16:55 La 1re autopsie n'avait pas été en mesure de répondre à cette question.
16:58 Et pour cause.
17:01 Les légistes ont eu à examiner un corps abîmé
17:04 qui, avant d'être découvert, est resté près des marais.
17:07 Une 2e autopsie,
17:10 les policiers appellent cela une contre-expertise.
17:13 Les journalistes anglais, un gros cafouillage.
17:16 Au plus fort de la pression médiatique,
17:23 la police pense enfin avoir trouvé son coupable.
17:26 Un vagabond des marais, Robert Payen.
17:29 L'homme est un marginal en cavale.
17:32 Il est recherché depuis plusieurs mois pour différents vols.
17:35 Il a déjà connu la prison et une photo de lui existe
17:38 dans les fichiers anthropométriques.
17:41 Les enquêteurs vont rapidement arrêter le fuyard,
17:44 un homme que les habitants surnomment le colosse des marais.
17:47 - Si on tenait un suspect, il y avait soulagement.
17:50 Parce que, bon, on allait pouvoir ressortir,
17:53 retourner à la pêche, donc c'était...
17:56 Bon, bah, tant mieux, hein?
17:59 - Mais le colosse des marais a un alibi solide
18:02 qu'il innocente aussitôt.
18:05 Il a été arrêté par la police,
18:08 mais il n'a pas été arrêté par la police.
18:11 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
18:14 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
18:17 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
18:20 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
18:23 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
18:26 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
18:29 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
18:32 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
18:35 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
18:38 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
18:41 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
18:44 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
18:47 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
18:50 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
18:53 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
18:56 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
18:59 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
19:02 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
19:05 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
19:08 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
19:11 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
19:14 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
19:17 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
19:20 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
19:23 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
19:26 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
19:29 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
19:32 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
19:35 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
19:38 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
19:41 Il a été arrêté par la police, mais il n'a pas été arrêté par la police.
19:44 Les éléments vont être rapidement mutés.
19:47 La presse anglaise se déchaîne sur l'incompétence des policiers.
19:54 Le Sunday Pictural détournera même le célèbre objet accuse
19:57 de l'affaire Dreyfus en français dans ses colonnes
20:00 pour fustiger la nullité de la poli-judiciaire française.
20:03 - Ça aurait été une picarde assassinée dans les mêmes conditions.
20:08 On en aurait bien sûr parlé, mais ça n'aurait pas eu cette répercussion.
20:12 - Ça a créé une tension et puis un climat de survoleté.
20:17 Ça a agacé les uns les autres, c'est évident.
20:20 En plus, excusez-moi, mais pour les gens, c'était une Anglaise.
20:23 Là, on était encore dans une mentalité vraiment d'un esprit de campagne.
20:31 C'est pas quelqu'un du coin, c'est une Anglaise,
20:34 donc les gens, après, disent "Oh, pas tout".
20:37 Face à ces attaques, le commissaire Chabot riposte
20:41 par des actions spectaculaires.
20:43 L'opération baptisée "Chronomètre" démarre sur la National 35 à Piquigny.
20:47 Les CRS Peignot et Dubois auraient aperçu Janet Marshall
20:51 quelques heures avant sa mort.
20:53 Ils vont donc refaire le trajet parcouru par la jeune femme
20:57 depuis Piquigny jusqu'au fameux chemin des brouhahs
21:00 où son corps a été retrouvé.
21:02 Des témoignages, il y en a tout le monde ou presque
21:06 a vu Janet, seule ou accompagnée,
21:08 mais les horaires ne sont pas concordants.
21:11 Un voyageur de l'express Paris-Boulogne
21:13 aurait même aperçu Miss Marshall au passage à niveau de Piquigny
21:16 alors que son train roulait à plus de 100 km/h.
21:19 Les jours passent et les inspecteurs n'ont rien de sérieux
21:35 à apporter sur le bureau du juge Dutrot.
21:37 L'enquête s'enlise.
21:40 D'abord, il reproche à la police que l'enquête ne va pas assez vite.
21:44 Il y avait une querelle, chacun tenait ses informations,
21:48 il n'y avait pas trop de coopération entre la gendarmerie et la police
21:52 parce que chacun voulait essayer de conclure l'affaire.
21:54 C'était too much, et d'autant que la police française
21:57 n'a bien sûr pas du tout démérité.
21:59 Ça agaçait les uns les autres, c'est évident.
22:02 Quand on a l'air de vous prendre pour des rigolos,
22:04 ça ne fait jamais plaisir à personne,
22:06 aussi bien la presse que les policiers.
22:09 Les perquisitions reprennent de plus belles
22:12 avec leur cortège de rumeurs.
22:14 On apprend ainsi que le corps aurait disparu du lieu du crime
22:17 3 heures après l'agression
22:19 et serait mystérieusement réapparu le surlendemain.
22:22 Les soupçons se tournent vers le châtelain et son garde-chasse.
22:31 Il y avait ce château près duquel on a découvert le corps.
22:35 Je ne sais pas s'il faut remonter à la résistance ou aux dénonciations,
22:39 mais il y avait quand même cette opposition
22:42 entre une classe ouvrière, une classe laborieuse, rurale,
22:45 et en même temps une dynastie.
22:47 Et il y avait des jalousies.
22:49 Et l'industriel saint qui a été entendu par les gendarmes et les policiers,
22:53 beaucoup se demandaient s'ils n'étaient pas,
22:55 quelque part, responsables.
22:57 En ce dimanche matin du 26 août 1955,
23:02 le châtelain et son garde-chasse prennent vers 8h30
23:06 le chemin des brouhahas menant au marais.
23:09 Selon les légistes, la mort de Janet Marshall
23:12 est survenue entre 9h30 et 10h,
23:14 soit à peine une heure après leur passage.
23:17 Peu avant midi, l'épouse du châtelain et une amie
23:22 prennent ce même chemin pour retrouver les deux hommes.
23:25 Madame Colin remarque alors un vélo abandonné
23:28 et vient même lire l'étiquette sur la roue de secours.
23:31 Elle continue son chemin et passe probablement
23:33 à un mètre du cadavre sans le voir.
23:36 - Voir sans voir, il fallait rentrer dans le buisson pour le voir.
23:40 C'est l'intuition d'avoir vu un passage et puis rentrer en dedans.
23:44 Une heure plus tard, le groupe fait le chemin inverse
23:50 accompagné d'un chien.
23:52 Selon le châtelain, l'animal n'a jamais marqué l'arrêt
23:55 ni rapporté aucune trouvaille.
23:57 Pour un chien de chasse, c'est étonnant.
24:01 Les policiers reconstitueront la balade
24:03 en déposant une tête de mouton à l'emplacement du corps de Janet.
24:07 Cette fois, le chien marquera l'arrêt et aboiera.
24:11 Deux conclusions possibles pour les enquêteurs.
24:13 Soit le corps n'était pas là à l'heure supposée de la mort,
24:16 soit le châtelain et ses gens ont vu le corps, mais n'ont rien dit.
24:19 Le châtelain est pourtant rapidement mis hors de cause.
24:22 Encore une piste qui ne mène à rien.
24:24 - Il aura vu quelqu'un, il aura brûlé le chien.
24:26 Automatique.
24:28 - On en parlait forcément, parce qu'il y avait du monde,
24:31 surtout autour du café.
24:33 Tout le monde venait voir.
24:35 On a entendu parler que c'était peut-être un tel ou un tel.
24:38 On a même parlé du château et tout ça,
24:40 mais enfin, tout ça, c'était des rumeurs.
24:42 - Ça permet aux gens, quelquefois, qui ont des vieilles rancunes,
24:45 de les mettre à exécution, si on peut dire,
24:48 notamment au niveau des gens qui étaient coureurs de jupons,
24:52 en disant, "Bien possible d'avoir fait ça."
24:55 C'est vrai, cet état d'esprit-là a existé.
24:59 - Plus le temps passe, plus l'affaire devient mystérieuse.
25:02 Pas de mobile, pas de meurtrier
25:04 et un scénario criminel de plus en plus opaque.
25:07 Les enquêteurs craignent qu'une omerta règne sur la commune.
25:10 Chabot est furieux. Il est sûr que l'assassin vient de la région.
25:13 - Tous les jours, tous les jours, on est les bras par la porte.
25:16 Par la force, le père, il nous a eu maire.
25:19 Parce qu'on était questionnés à la gendarmerie de Piquigny.
25:22 Alors après, le père a dit, "Une fois fini, tu n'iras plus.
25:25 "Si tu y vas, tu viendras avec moi."
25:27 - Avoue, ça peut être que toi. De toute façon, on t'a vu sur son vélo.
25:30 On t'a vu... On t'a vu. C'est toi, c'est sûr.
25:33 Qu'est-ce que tu faisais là, à cet endroit-là ?
25:36 - L'ambiance était très tendue, je pense,
25:39 parce qu'il y avait un certain climat de méfiance
25:42 vis-à-vis de cette police-là.
25:44 Les gens avaient un peu peur de ces policiers,
25:46 en disant, "Qu'est-ce qu'ils sont venus nous embêter ?"
25:49 Si les gens du village avaient su quelque chose,
25:51 ils auraient dénoncé, hein.
25:53 Ça, c'est à peu près sûr.
25:55 Parce que ça aurait été un soulagement pour tout le monde.
25:58 - L'affaire provoque chez les villageois un véritable traumatisme.
26:02 Bernadette n'a pas souhaité être filmée à visage découvert.
26:06 Elle avait 20 ans quand, un soir, en rentrant du travail,
26:09 elle découvre son mari entouré d'inspecteurs.
26:12 Il est considéré comme le suspect n°1.
26:14 Bernadette se souvient de la tension qui régnait
26:16 pendant l'interrogatoire et de l'impatience des inspecteurs
26:19 à faire avouer son mari.
26:22 - Quand je suis rentrée, saisie de voir tous des bonhommes
26:25 comme ça sur une table, je me demandais
26:27 qu'est-ce qui s'était passé.
26:29 C'était des policiers de ville assez haut placés, hein.
26:33 Oh, c'était bien 3, 3, 4, hein.
26:35 - Ça a duré combien de temps, l'interrogatoire ?
26:38 - Un bon 6 heures.
26:40 - Et ça a duré combien de temps encore, après,
26:42 quand vous étiez là ?
26:43 - Pour questionner ? Oh...
26:45 Bien 3, 4 heures.
26:47 Vous savez, ça fait un gros défi, hein.
26:49 C'est évident, vous savez.
26:51 Alors, des questions, ça m'y trahira.
26:54 - Même pas le temps d'en réfléchir pour répondre
26:56 que, patacrac, il y en a un autre à côté
26:58 qui posait la même question, mais à l'envers,
27:00 ça va pas être dit pareil.
27:02 Qu'est-ce que vous faisiez, par exemple, dans ce chemin-là ?
27:04 Alors lui, il a répondu,
27:06 "Bien, c'est mon chemin pour aller travailler."
27:08 Parce qu'il y avait une hutte dans le bas du sentier.
27:10 Je pensais que c'était sur lui qu'il n'a rien fait.
27:12 - Ben oui, hein.
27:14 Je souhaite jamais à personne de passer ces trucs-là.
27:16 - Non, vous n'avez rien à se reprocher.
27:18 On vous arrête sous le dos comme ça.
27:20 C'est dur, dur, hein.
27:22 C'est dur, dur.
27:24 - Faut se mettre à sa place, hein.
27:26 Quand vous rentrez chez...
27:28 Vous voyez que votre mari, il devient le suspect n°1,
27:30 ou presque.
27:32 Et c'est certain que ça fait drôle, quand même.
27:34 - Qu'il fallait trouver un assassin à Miss Marshall,
27:38 et puis c'était bien... Il fallait le trouver vite.
27:40 Et si on l'avait trouvé à la chaussette irancourte,
27:42 parmi les chasseurs, surtout,
27:44 ça n'aurait pas été plus mal.
27:46 - Comme ça n'aboutissait pas,
27:48 les Anglais étaient un peu sceptiques.
27:50 Il y avait l'air un petit peu de sous-estimer
27:52 la police française.
27:54 Donc il y avait un peu ce climat de rivalité,
27:56 puis de regarder les gens de haut en disant
27:58 "Vous êtes des petits, vous n'en sortirez pas".
28:00 Trois semaines se sont écoulées depuis le début de l'affaire.
28:05 Déjà 16 interpellations suivies de garde à vue
28:08 qui ne déboucheront sur aucune mise en examen.
28:11 À Paris, on s'impatiente.
28:13 Les voisins anglais mettent une pression énorme
28:15 sur les autorités françaises.
28:17 À la décharge de la police nationale, à cette époque,
28:19 la science n'est d'aucun secours
28:21 pour faire avancer l'enquête.
28:23 Aujourd'hui, grâce à l'ADN,
28:25 cette affaire aura été rapidement élucidée.
28:27 Alors Chabot va tout miser sur un homme
28:29 pour relancer l'enquête
28:31 et trouver une méthode pour enfin lever le mystère
28:33 qui entoure le meurtre de Janet Marshall.
28:44 Chabot fait alors appel à l'inspecteur Henri Van Hache,
28:47 surnommé par la presse "le maigret du Nord",
28:49 "la terreur de la pègre".
28:51 Il a envoyé des gars de la PJ de Nice me chercher en vacances
28:56 parce que, entre guillemets, comme on dit, ça merdait.
28:59 Tout de suite, Chabot m'a dit "Vous avez vu cette affaire,
29:06 ils nous ont pris pour des cons.
29:08 En ce moment, vous avez la baraka,
29:10 je vous fais rentrer,
29:12 et puis vous verrez".
29:14 Mais je dis "Mais monsieur Chabot,
29:16 déjà, j'ai raté le concours de commissaire l'année passée,
29:20 vous m'avez dit...
29:22 Vous pensez bien, Henri Van Hache,
29:24 avec une affaire comme ça,
29:26 avec le problème que ça pose avec les médias et compagnie,
29:29 mais réussissez-moi cette affaire
29:31 et vous n'aurez pas besoin d'aller au concours".
29:33 Pendant la Seconde Guerre mondiale,
29:39 Henri Van Hache traversait les rues de Lille
29:41 sous les bombardements en transportant des armes
29:43 pour les résistants sous le nez des chars allemands.
29:46 Lorsqu'il intègre la police judiciaire en 1946,
29:48 il hérite rapidement des affaires les plus compliquées
29:51 et se construit rapidement une réputation de dur à cuire.
29:54 Chabot en fait son joker.
29:56 Chabot, c'était le seigneur.
30:00 C'était un craque. J'avais sa confiance.
30:02 Il me regardait avec gentillesse, presque paternellement.
30:05 Et toujours, il me disait "Je vous fais confiance, Van Hache".
30:08 Alors j'ai dit "Bon, ben d'accord".
30:10 Je voulais de l'action, j'aimais travailler la nuit,
30:13 j'aimais bien la violence.
30:15 Je prends tout de suite le taureau par les cornes
30:17 et je deviens vite un espèce de chef d'attaque,
30:19 un gars qui mène le jeu, qui entraîne les autres.
30:21 Van Hache reprend l'enquête à zéro
30:25 et se concentre sur les faits, uniquement les indices.
30:28 Il laisse tomber le mobile,
30:30 persuadé que les autres flics font fausse route.
30:32 Il discute, il bouffe, après il mange bien,
30:36 il boive l'apéritif, il mange bien.
30:38 Et puis après, ça discute pendant une heure, deux heures,
30:41 sur de subtiles hypothèses.
30:45 Ils sont toujours en train de parler de mobile,
30:47 de ceci, de cela, qu'ils ont vu,
30:49 et que ça aurait dû se passer comme ça.
30:51 Moi, je vois rien du tout.
30:53 Moi, je vois un vélo abandonné,
30:55 je vois un cadavre,
30:57 et je dis "Il y a un auteur, c'est tout".
30:59 Moi, je barre, je m'en vais bosser sur le terrain.
31:01 Moi, je suis dans la merde, je suis dans les marées.
31:04 Voir où elle est passée, voir la route,
31:07 tourner autour, marcher longtemps,
31:09 m'imprégner du lieu, aller dans la hutte.
31:12 Van Asch exige de rencontrer
31:16 tous les habitants des communes concernées.
31:18 Il veut tout savoir sur chacun.
31:20 Pour cela, il applique sa méthode, l'intimidation.
31:23 Vous, vous êtes dans la culture, tout ça,
31:26 comment vous faites pour tuer une poule ?
31:28 On l'égorge, une poule de luce qui dit "Oh".
31:31 Je vais passer au cribe, là, tous.
31:33 Je les fais défiler, tous, je les connais, tous.
31:35 Qu'est-ce que vous foutez là ?
31:37 On allait voir la chambre des filles, nous, c'est tout.
31:39 Comme des jeunes, comme vous avez fait, vous-même.
31:42 Je leur disais "Comment tu fais l'amour avec ta femme, toi ?
31:44 Comment tu bandes quand t'es avec ta femme ?
31:47 T'aimes bien la prendre comme ça et comme ça ?"
31:49 Ouais, j'allais jusque-là.
31:51 Les mecs, ils ont regardé.
31:53 Mais j'avais besoin de savoir, j'avais besoin,
31:55 par la position de la fille, par un tas de trucs.
31:57 Je disais "Comment ça s'est passé ?
31:59 Peut-être que c'est un gars qui a un petit peu de sadisme.
32:01 Je veux connaître ces gens-là.
32:03 Ils vont faire sauter le masque.
32:05 Je vais leur arracher leur masque.
32:07 Je sais bien quelle est la nature humaine.
32:09 Et puis je me connais aussi.
32:11 Je sais quels sont nos fantasmes.
32:13 Il va cracher, il va se découvrir.
32:15 Je vais voir celui dont l'œil s'allume
32:25 quand on parle d'une fille qui a les jambes écartées
32:27 avec sa culotte en bas des jambes, voilà.
32:29 Et c'est ce que je fais.
32:31 Ça m'amène à rien, d'ailleurs.
32:33 Ça m'amène à rien.
32:35 Les gars sont là, sont des braves paysans.
32:37 J'ai éliminé aussi.
32:39 C'est pas un gars du coin.
32:41 Est-ce qu'il était avec elle ?
32:49 Non, d'après les premiers témoignages,
32:51 elle était seule avec d'autres.
32:53 Alors, qu'est-ce qu'il faisait ?
32:55 Eh bien, il y a la massue, le gourdin.
32:57 Il y a le collet, tour du cou.
32:59 C'était un gars des marais.
33:01 C'était un gars qui posait des collets.
33:03 C'était une espèce de vagabond.
33:05 Pour se déplacer,
33:07 il pique un vélo à l'occasion.
33:09 Il a pas seulement fait
33:11 la chaussée tire en cours.
33:13 Il a été en-dessous et au-delà
33:15 et toujours dans le même axe.
33:17 Paris, Abbeville.
33:19 C'est un type qui vient de l'extérieur
33:21 et qui a vécu à la chaussée tire en cours
33:23 peut-être quelques jours et qui a tué.
33:27 La chance va finir par sourire avant H.
33:29 Sur les centaines de dépositions du dossier,
33:31 il est intrigué par le témoignage de la factrice.
33:33 Il était à la croisée d'un chemin
33:37 et elle, la factrice, était en vélo.
33:39 Elle a filé et c'est après coup qu'elle a dit
33:41 "Mais ce type-là, je l'ai vu, il m'a fait peur."
33:43 Il avait une sale tête.
33:45 Il était buriné.
33:47 Il avait de ses rides, du nez au menton.
33:49 Et puis alors, sa main.
33:51 Sa main est stropiée.
33:53 Elle avait remarqué tous ces détails-là
33:55 parce qu'elle était un peu impressionnée
33:57 et puis apeurée par cet homme
33:59 qu'elle a rencontré plusieurs fois.
34:01 Ça s'est avéré d'une première importance.
34:03 La physionomie de l'homme se précise.
34:05 Il est inconnu dans la région,
34:07 porte le béret, une grande veste,
34:09 un pantalon sombre.
34:11 Et surtout, il souffre d'une amputation visible.
34:13 Il lui manque trois doigts
34:15 à la main gauche.
34:17 Van Asch tient enfin un signalement
34:19 mais il s'agit d'un portrait parlé
34:21 très fastidieux à expliquer
34:23 à toutes les personnes qui l'interrogent.
34:25 Il en parle au commissaire Chabot
34:27 qui a un éclair de génie.
34:29 Un de ceux qui vont s'inscrire dans l'histoire
34:31 de la police scientifique.
34:33 Il a dit "Mais il faudra que je vois Paris,
34:35 je vais le convoquer à mon bureau."
34:37 Et Paris, c'était le photographe,
34:39 c'était le chef du service anthropométrique
34:41 et photographique.
34:43 Il dit "Il y a des centaines de photos.
34:45 Il faut qu'ils me sortent des photos
34:47 dans lesquelles on voit
34:49 des visages assez burinés
34:51 de paysans.
34:53 Et alors on va voir."
34:55 Et puis l'idée lui vient, c'est lui,
34:57 de découper.
34:59 Il dit "Lui, il appelait ça le puzzle."
35:01 Il disait "La photo puzzle."
35:03 La photo puzzle,
35:05 aujourd'hui appelée le portrait robot.
35:07 Une vraie révolution.
35:09 La méthode est complexe.
35:11 Il faut disposer de plusieurs centaines de photographies
35:13 et les couper en trois bandes horizontales
35:15 interchangeables.
35:19 Le portrait chabot en est à son deuxième coup.
35:21 C'est dans 1952 à Lyon qu'il met au point
35:23 cette méthode et qu'il l'atteste avec succès
35:25 dans une autre affaire criminelle.
35:27 Sa technique a désormais un nom,
35:29 le portrait chabot.
35:31 Le FBI s'intéresse de près
35:33 à cette méthode française.
35:35 Les Américains seront les premiers à fabriquer
35:37 une mallette transportable d'échantillons photographiques.
35:39 La méthode reviendra en France
35:41 avec une nouvelle appellation plus technique,
35:43 le portrait chabot devient
35:45 le portrait robot.
35:47 Le succès ne passera jamais à la postérité.
35:49 Les Américains vont industrialiser
35:55 le procédé en réalisant des mallettes
35:57 appelées "identity kits".
35:59 Ces mallettes recèlent
36:01 près de 40 000 photographies
36:03 recoupant tous les types humains.
36:05 Près de 500 transparents permettent
36:07 de compiler trois parties du visage.
36:09 Le front et les cheveux,
36:11 les yeux et le nez,
36:13 puis le menton et la bouche.
36:15 Il y a aussi la possibilité d'ajouter des accessoires
36:17 comme des lunettes, des moustaches
36:19 ou encore un chapeau.
36:21 Grâce à cette technique,
36:23 le portrait robot de l'assassin présumé
36:25 de Janet Marshall est communiqué
36:27 à tous les journaux.
36:29 - Il y avait ce côté
36:31 d'une sorte de féliverre moderne.
36:33 La publication de cette photo robot
36:35 a été importante, elle a été diffusée partout
36:37 et c'est la première fois
36:39 que ça se faisait effectivement.
36:41 - Personne ne croyait
36:43 que ça aurait pu aboutir à quelque chose.
36:45 Parce que c'était tout à fait quelque chose de nouveau,
36:47 dont on n'avait jamais, nous,
36:49 entendu parler.
36:51 Et les gens disaient
36:53 "Oh, c'est du cinéma, c'est de la fantaisie".
36:55 - Il y avait une forme de suspicion aussi
36:57 qui s'établissait entre les uns et les autres
36:59 et puis le soulagement de se dire
37:01 qu'après tout, on ne ressemble pas
37:03 à ce que la presse présentait.
37:05 "Non, ce n'est pas un gars de chez nous,
37:07 ce n'était pas possible".
37:09 Il n'y avait aucun portrait qui ressemblait à ça
37:11 dans le village.
37:13 - Oui, les gens se sont dit "Les personnes dans ma famille
37:15 ne ressemblent de près ou de loin
37:17 à ce portrait-là".
37:19 Ça a permis d'alléger un petit peu l'atmosphère
37:21 qui était quand même très tendue.
37:23 Van Hache reprend la route
37:27 et diffuse des copies de ce portrait robot
37:29 dans tous les commissariats et postes de police.
37:31 Il espère que son meurtrier
37:33 sera reconnu par des collègues.
37:39 Le matin du 27 décembre 1955,
37:41 l'inspecteur Van Hache
37:43 a au bout du fil le chef de poste de Gany
37:45 en banlieue parisienne.
37:47 Celui-ci lui raconte un accident
37:49 de la circulation survenu entre une 4 chevaux
37:51 et un cyclomoteur
37:53 juste avant le meurtre de Miss Marshall.
37:55 Le cyclomotoriste s'était enfui.
37:57 Le conducteur de la voiture
37:59 avait juste eu le temps d'apercevoir
38:01 qu'il manquait trois doigts à la main gauche du fuyard.
38:03 Van Hache
38:07 demande alors, y avait-il un nom
38:09 sur la plaque du cyclomoteur ?
38:11 "Oui", répond le gendarme.
38:13 - Et sur cette plaque,
38:15 il est marqué Robert Avril,
38:17 simplement. Je pars au ministère de l'Intérieur,
38:19 je rentre,
38:21 je vais au sommier judiciaire,
38:23 et je dis à mon collègue Louvet,
38:25 "Lui, tu sais, il faut le faire,
38:27 mais c'est un faux nom,
38:29 c'est du bidon, on va rien trouver.
38:31 Si on va regarder quand même,
38:33 ah, ah, ah, ben il y le voit là, Avril Robert."
38:35 Je dis, "Sans blague."
38:37 Il dit, "Oui, et puis il a été condamné aux travaux français
38:39 pour viol."
38:41 Je dis, "Mon gars, ça y est, c'est ça,
38:43 c'est lui, tu peux être sûr, c'est lui."
38:45 Je dis, "On peut y aller maintenant."
38:47 Accompagné du dossier judiciaire
38:51 se trouvent deux photos face et profil.
38:53 La ressemblance avec le portrait robot est saisissante.
38:55 Van Hache possède
38:57 une photo et un nom, Robert Avril.
38:59 L'inspecteur va alors se rendre sur le dernier lieu
39:03 de résidence connu de Robert Avril,
39:05 la prison de Meaux.
39:07 - Le directeur me dit,
39:09 "Oui, Avril est sorti à telle époque,
39:11 ça correspond, il pouvait être dans le coin
39:13 de votre crime,
39:15 et il avait une copine
39:17 avec qui il entretenait
39:19 des relations épistolaires,
39:21 elle habitait le Trenlay."
39:23 Alors, effectivement, j'y vais.
39:25 Elle me dit, "Vous comprenez, monsieur,
39:27 les détenus font
39:29 paraître des petites annonces."
39:31 Et puis moi, j'ai écrit à cet homme,
39:33 mais elle dit, "Quand je l'ai vu,
39:35 il m'a pas plu du tout,
39:37 et puis il est reparti comme il est venu."
39:39 Mais elle dit, "Voilà, il m'a laissé
39:41 la carte de visite de sa soeur."
39:43 - Et sur cette carte de visite,
39:47 une adresse, Sucy-en-Brie,
39:49 à 40 km au sud de Paris.
39:59 - Et puis, surprise,
40:01 je vois une silhouette, je le vois
40:03 dans le fond du couloir, je le vois se rapprocher,
40:05 je le vois derrière la vitre.
40:07 Alors il ouvre la porte,
40:09 je regarde mon collègue,
40:11 et il comprend bien ce que je veux dire,
40:13 et lui, il saisit aussi, "C'est lui,
40:15 c'est celui qu'on cherche."
40:17 Il avait un faciès
40:25 qu'on nous donne en exemple souvent
40:27 comme une analogie du criminel nez.
40:29 Voilà, du criminel nez.
40:31 Les yeux,
40:33 les pommettes, la forme de la tête.
40:35 Je vois bien qu'il commence à se suer partout.
40:43 Je dis, "Ca, c'est bon,
40:45 mais attention, on sait que c'est un gars
40:47 qui a été condamné déjà aux travaux forcés,
40:49 c'est un gars qui n'avouera jamais.
40:51 Il faut arriver à le faire tomber
40:53 dans un piège,
40:55 dans une déclaration contradictoire,
40:57 et puis peut-être l'énerver,
40:59 l'irriter au point qu'il lâche quelque chose,
41:01 peut-être le bousculer un petit peu,
41:03 quoi qu'il apparaît,
41:05 parce qu'à l'époque,
41:07 quelques fois, on y allait, ça partait.
41:09 - Van Hache et Louvet
41:11 vont interroger Robert Avril toute la nuit.
41:13 Ils ont devant eux un dur,
41:15 un homme qui connaît les méthodes
41:17 d'intimidation de la garde à vue,
41:19 un homme incarcéré pour viol et agression
41:21 sur plusieurs femmes en 1944.
41:23 - Notre chance,
41:25 c'est peut-être notre expérience,
41:27 c'est notre certitude,
41:29 et puis lui, c'est peut-être
41:31 un être très frustre,
41:33 comme il le paraît physiquement.
41:35 Il s'avérera que non,
41:37 il est beaucoup plus intelligent que ça.
41:39 - Louvet perquisitionne et retourne la maison
41:41 jusqu'à trouver un collier de perles,
41:43 une montre et un appareil photo,
41:45 ainsi que des rustines anglaises
41:47 trouvées dans une poche de Robert Avril.
41:49 Toutes ces affaires appartenaient
41:51 à l'administration de la gendarmerie,
41:53 qui avait été en charge de la gendarmerie
41:55 à l'époque.
41:57 - Il a dit à la police,
41:59 "Vous savez, j'ai compris tout de suite.
42:01 "Vous savez que chaque jour,
42:03 "je regarde le journal,
42:05 "je savais que vous alliez arriver
42:07 "et que vous veniez pour ça."
42:09 Il dit, "Je sais, je sais."
42:11 - Van Hache et Louvet font transférer
42:13 le 7 janvier 1956 l'accusé à Amiens
42:15 pour une garde à vue qui va durer 40 heures.
42:17 Le juge Detroit et le commissaire Chabot
42:19 ont été arrêtés.
42:21 C'est le moment tant attendu par tous
42:23 depuis maintenant 5 mois.
42:25 La nouvelle de l'arrestation
42:31 va exalter les journalistes.
42:33 L'information fait la une
42:35 de tous les quotidiens.
42:37 À la Chaussée-Tir-en-Cours
42:39 et à Bellois-sur-Somme,
42:41 c'est le soulagement.
42:47 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
42:49 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
42:51 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
42:53 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
42:55 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
42:57 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
42:59 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
43:01 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
43:03 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
43:05 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
43:07 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
43:09 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
43:11 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
43:13 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
43:15 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
43:17 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
43:19 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
43:21 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
43:23 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
43:25 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
43:27 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
43:29 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
43:31 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
43:33 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
43:35 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
43:37 - C'est le jour de la mort de Robert Avril.
43:39 Il voulait juste la suivre et attendre le bon moment pour lui rafler ses biens.
43:45 L'occasion se présente quelques minutes après la rencontre, lorsqu'il voit la jeune femme prendre un sentier pour se mettre à l'abri des regards.
43:53 Il s'approche, puis au détour d'un virage, l'aperçoit dans les broussailles.
43:59 Il est très entreprenant, mais elle se met à crier.
44:05 Il perd alors la tête et ne pense qu'à la faire taire.
44:08 Il l'immobilise à l'aide d'une ficelle qui lui passe autour du cou.
44:12 Puis il déclare "J'ai assuré ma prise et j'ai serré progressivement, la maintenant au sol. J'ai serré jusqu'à ce qu'elle ne bouge plus."
44:22 Il se relève, la croyant simplement évanouie.
44:26 Il la traîne dans les taillis à quelques mètres du vélo.
44:29 Il ne sait plus ce qu'il fait.
44:31 Il lui enlève sa montre et son collier de perles, puis arrache le sac du porte-bagages et s'enfuit.
44:37 Dans la soirée du 26 août 1955, il est de retour à Sucy-en-Brie.
44:42 Le 8 janvier 1956 au matin, le juge d'instruction Detroit ordonne une reconstitution des faits à la chaussée Tire-en-Cours.
44:52 Toutes les reconstitutions se passaient dans un petit bois.
44:57 France Renaud était l'avocate de Robert Avril.
45:00 La police amenait l'accusé, les avocats étaient là.
45:04 Le public, naturellement, est toujours curieux dans ces cas-là.
45:09 Il y a toujours aux reconstitutions plein de monde. On les tient un petit peu à distance, naturellement.
45:14 Il y avait des autos d'ici jusqu'à là-bas.
45:17 Un monde fou.
45:19 C'est mon père qui connaissait bien le juge Detroit, qui lui a dit "Monsieur le juge, vous n'allez quand même pas rester à 500 mètres, on ne verra rien.
45:25 Faites-nous descendre un petit peu plus près."
45:27 Et c'est là qu'ils sont descendus pour s'approcher.
45:30 Et puis alors il y a un policier ou un greffier qui tient le rôle de la victime.
45:37 Et l'accusé doit répéter exactement les gestes qu'il avait.
45:42 Ça apporte souvent beaucoup.
45:45 Pour avoir une vue déjà précise.
45:49 Et selon les gestes, on peut voir s'il y a des possibles, pas possibles.
45:54 Parce qu'il ne faut pas imaginer.
45:57 Il faut avoir le tableau sous les yeux pour pouvoir en discuter.
46:02 Il avait l'air brave, je dirais même gentil.
46:06 C'est tout à fait surprenant par rapport à l'image qu'on s'était fait en le voyant,
46:12 le peu d'articles qu'on avait vu dans la presse, de photos où on voyait un monstre,
46:16 alors que là, ce n'était pas du tout le cas.
46:18 Il avait l'air d'un pauvre type, si on peut dire.
46:20 Mais pas du tout d'un sanguinaire ni d'un criminel.
46:24 Il n'inspirait ni la peur, ni l'antipathie.
46:30 Non, il était comme tout le monde.
46:33 Il était là très détendu, plaisantant même avec l'avocate.
46:39 Je ne sais pas s'il était bien conscient de ce qui lui arrivait.
46:42 Ah oui, c'était un marginal total.
46:45 Il appartenait à ce qu'on appelle aujourd'hui une famille défavorisée.
46:50 Au point de vue moral, il n'avait reçu aucune éducation.
46:54 Il n'avait vu que de mauvais exemples.
46:56 Il était asocial, en somme.
46:58 Depuis son arrestation, Robert Avril se comporte d'une façon déconcertante.
47:09 A chacune des questions qui lui sont posées, il donne une version différente
47:13 et s'embrouille dans les dates, les lieux et ses propres gestes.
47:16 L'homme a un passé chaotique.
47:19 Mais qui est Robert Avril ?
47:22 En 1919, Robert n'a que 6 ans quand, en jouant avec un détonateur oublié dans un champ,
47:29 l'objet explose dans sa main gauche, lui arrachant trois doigts.
47:33 Quelques mois plus tard, sa mère décède de la tuberculose,
47:37 puis son père se suicide alors que les gendarmes viennent l'arrêter pour viol.
47:42 Robert Avril est placé dans un orphelinat dont il s'échappera à l'adolescence.
47:46 Il va errer dans les champs, travaillant comme il le peut pour obtenir de quoi manger,
47:51 dormant n'importe où et vivant de rapine pour améliorer son ordinaire de vagabond.
47:56 Son infirmité de la main gauche ne lui facilite pas les choses avec les filles.
48:01 Robert Avril cultive la honte de son handicap.
48:05 Pendant la guerre, il commettra 4 viols dans le seul mois de juillet 1944.
48:10 Retrouvé à la libération, il sera jugé et condamné à 10 ans de travaux forcés.
48:15 Il n'en fera que 7 pour bonne conduite et retrouve la liberté en été 55,
48:21 au moment même où Janet Marshall commence en vélo une traversée touristique de la France.
48:26 Robert Avril sera jugé en 1958 et reconnu coupable du meurtre de Janet Marshall.
48:38 Il bénéficiera des circonstances atténuantes et sauvera sa tête.
48:43 Le jury populaire d'Amiens le condamne à perpétuité.
48:47 Le commissaire Chabot ne verra pas son invention porter son nom.
48:59 La technique utilisée par toutes les polices scientifiques de la planète
49:02 reste pour tout le monde celle du portrait robot.
49:12 Henri Van Hache ne deviendra jamais commissaire,
49:15 mais gardera ses illusions et sa fougue pour devenir l'inspecteur aux 400 arrestations.
49:20 Janet Marshall repose toujours à la chaussée tirant court.
49:30 Sa tombe est encore fleurie.
49:33 Cruel détail de l'histoire, sur la stèle, il est écrit
49:36 "Marshall Janet, jeune Anglaise de 30 ans, assassinée le 28 avril 1955, chemin des brouhahs,
49:42 8310 la chaussée tirant court".
49:45 Janet n'est pas morte un 28 avril 1955, mais un 28 août.
49:50 L'employé de mairie chargé de graver la plaque a confondu le mois d'août avec le mois d'avril.
49:55 Avril, le nom de l'assassin.
50:04 Le moment aux enquêteurs qui méritaient de passer à la postérité,
50:07 c'est l'assassin Robert Avril qui a laissé une trace éternelle,
50:11 son nom gravé dans la pierre.
50:14 Depuis les années 50, les techniques utilisées par la police scientifique ont fait d'énormes progrès.
50:20 Elles permettent dorénavant de résoudre plus rapidement les affaires
50:24 et de disculper grâce aux analyses ADN des innocents suspectés.

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23:25
À suivre